Un vieux tube de Percy Sledge, du jazz de qualité. Un verre de vin sur le comptoir de bar en face de moi, j'attendais patiemment mon ami. Rares étaient les personnes que je considérais et avait déjà considéré comme mes amis, Léo en faisait partie. Nous nous étions connu il y a dix ans, peu après la mort de ma mère j'eu les services sociaux sur le dos. Je soupçonne d'ailleurs fortement l'horrible épouse de mon géniteur d'être à l'origine de cet acharnement. Mais enfin bref, le fait est que la protection de l'enfance c'était à l'époque mit en tête de me placer en famille d'accueil. J'avais encore ma grand-mère, mais à leurs yeux à cause de son grand âge et de son handicap elle n'était pas en mesure de prendre soins de moi comme il le fallait. Je m'opposais complètement à l'idée de la quitter, mais je n'avais pas pu échapper à la visite de leur foutue famille d'accueille. Cela faisait plus d'une demi-heure qu'on me traînait dans les couloirs recouverts de jouets d'une maison de banlieue remplie de gamins bruyants. Je tirais une gueule de deux mètres de long et dès que l'occasion c'était présenter je m'étais éclipser en vitesse. J'étais sortie dans le jardin pour prendre l'air, lâchant un énorme soupire et j'avais été surprise par ce garçon de mon âge un peu près. Il fumait sans visiblement aucune peur d'être vu, ce fut la première fois que je le rencontrais. Cinq ans plus tard, lorsque j'avais eu besoin de fuir Portland et changer de nom, c'est vers lui que je m'étais tourner. Il m'avait procuré des papiers, donner de quoi quitter l'Oregon et tout ça. Léo était la seule personne en qui j'avais encore une confiance aveugle en ce monde, mon ami réellement. Il finit par pousser la porte du bar et je l'accueillis à mes côtés avec un large sourire. Je basculais légèrement sur le côté pour lui mettre un petit coup d'épaule.

- T'es en retard. Des couches à changer ?

Je pris une gorgée de mon verre, amusée. Cela m'amusait toujours de voir où il en était dans sa vie, il avait vécu la misère mais s'en était sorti. Désormais il était papa, époux, heureux. Je l'enviais un peu.

Voilà que je retrouvais une autre vieille amie sur Miami. Alethea, c'était une de ces amies comme j'aime le plus la provenance : notre rebellion face aux services sociaux. On s'est rencontré quand moi aussi, on essayait de me placer à droite à gauche dans une famille d'accueil et que je faisais tout pour m'en tirer et retourner au foyer. Je ne voulais pas être placé, je refusais que qui que ce soit s'attache à moi. Je voulais vivre seul ma vie et comme je l'entendais. Puisqu'on m'avait abandonné, j'avais décidé de mener la vie qu'on avait choisi pour moi : seul. Dans ce jardin, j'avais croisé cette jeune fille qui, elle non plus, ne voulait pas de cette famille. Elle avait malheureusement perdu sa maman et ces con**rds ne voulaient pas la laisser avec sa grand mère. Révolté par cette histoire, comme de tout à cette époque de toute manière, j'avais tout fait pour aider Alethea à sortir de ça et à les faire abandonner : elle irait vivre avec sa grand mère un point c'est tout. Elle avait tout de suite adopté une grande confiance en moi et avait suivi tous mes plans à la lettre pour finalement s'en sortir cette fois-là. Quelques années plus tard, elle avait refait appel à moi pour lui avoir des papiers pour fuir Portland, ce que j'avais fais sans poser de questions. C'est comme ça avec Alethea, on se fait tellement confiance que c'est facile. ça a été évident tout de suite avec elle et ça l'est toujours.
Quand j'ai appris sa venue à Miami, évidemment on a repris contact tout de suite et c'est souvent qu'on se voit, qu'on s'échange des messages, qu'on partage des moments ensemble. Cette fois-ci, c'est au bar qu'elle m'avait invité à venir partager un petit temps après le boulot au casino. Depuis, j'en avais fais du chemin. Elle aussi, d'ailleurs. Enfin, je savais qu'elle était en cavale puisqu'elle n'avait pas son vrai nom ici ni qu'elle soit dans une ville qu'elle adorait - elle est plutôt température ambiante notre Alethea normalement. Je ne savais pas pourquoi elle ne voulait pas me le dire. Peut-être qu'un jour, elle craquerait.
Quand j'arrivais, elle était déjà présente.

coucou ! Non, j'étais au boulot à vrai dire! Jade est à la maison avec des copines... ça doit parler mode, shopping et déco autour de la piscine donc bon, je suis pas mal bien avec toi ici. fis-je en m'installant pour rire, commandant une boisson. bon et toi? tu m'attends là depuis 13heures? t'as eu cours avec les enfants? J'inscrirais les miens quand ils seront assez grands! fis-je alors en riant légèrement en trinquant ensuite avec mon amie une fois servi à mon tour. à toi ma chérie. alors, quoi de beau à me raconter? t'as pas encore fondu au soleil?