Cela faisait très longtemps que je traînais dans le milieu de la drogue. Sûrement un peu trop, d'ailleurs. Je risquais de me faire pincer ; cela arriverait sans doute un jour, mais le plus tard serait le mieux. Car j'étais un gros poisson dans la mare. Difficile à attraper, en somme. Si les flics parvenaient à m'arrêter... J'étais sacrément dans la merde. J'étais embourbé jusqu'au cou dans de sales histoires. En fouillant dans mon passé, les enquêteurs pourraient très facilement remonté jusqu'à Tijuana, ses nombreux cartels et même jusqu'à la mafia mexicaine, dont j'étais encore un membre actif à l'heure actuelle. En fait, présentement, j'avais deux gros patrons, ceux qui me fournissaient la drogue. D'un côté, il y avait la drogue en provenance du Mexique, qui venait elle-même d'un peu plus loin en Amérique du Sud (Colombie, généralement). J'allais la toucher à la frontière, une fois par mois. À chaque fois, je devais prendre beaucoup de précautions, car je prenais de très grosses quantités. Je ne me risquais jamais au Mexique directement ; cela aurait été comme signer mon arrêt de mort. Mon deuxième gros boss, c'était monsieur McKay, ou Seb pour les intimes. Ce gars-là cachait bien son jeu, mais il était aussi sacrément impliqué dans les affaires de drogue. Il dirigeait son réseau, d'une taille non-négligeable, d'une main de maître. Je le trouvais clean dans les affaires et je pouvais toucher une assez grosse marge de bénéfices, donc j'avais accepté de devenir son revendeur. Ce gars-là, il faisait rarement le sale boulot. C'était souvent moi ou d'autres de ses sbires qui se déplaçaient dans la rue. Mais récemment, j'avais entendu parler d'une fille. Elles étaient rares dans le milieu, du moins par ici. Aussi avais-je été intrigué. Et il se trouvait qu'elle était à la même soirée que moi ce soir. Je l'avais vu vendre discrètement à pas mal de monde. Elle était petite, fine et plutôt jolie. Mais avant tout, elle était sacrément défoncée et dansait comme une forcenée sur la piste de danse. Je m'approchais d'elle. « Eh, c'est toi la fille qui deale de la coke ? » Oui, j'étais un garçon direct. Je n'allais en passer par quatre chemins non plus ; je voulais savoir si j'avais à m'inquiéter d'elle ou non. « Puis-je savoir qui tu es ?» me demanda-t-elle alors en se tournant vers moi. Elle était très belle, je devais l'admettre. Un sourire se dessina sur mon visage. Elle était tellement pétée que j'aurais pu lui raconter n'importe quoi. « Quelqu'un qui te veut du bien » plaisantai-je. « Tu peux m'appeler George ». Je n'allais quand même lui donner mon vrai prénom. Des dealeurs se nommant Bellamy il n'y en avait pas trente-six. « J'veux toucher » prétendis-je. « Tu bosses pour qui ? McKay ? Quelqu'un d'autre ? ».

Ouais, je devais paraître sûrement impoli de m'adresser à elle de la sorte. Mais à vrai dire, je m'en fichais pas mal de ce qu'elle pouvait penser là. Je voulais juste savoir si cette fille représentait un danger pour moi, car on m'en avait pas mal parlé, ces derniers temps. Une nouvelle sur le marché, apparemment… Qui prenait de plus en plus d'ampleur. Mais je ne savais rien d'autre sur elle, mis à part sa tête. On m'avait montré une photo pour que je puisse la trouver. La raison de ma méfiance ? J'avais besoin d'argent. Pour cela, je me devais de rester un gros poisson, et il était hors de question que quelqu'un vienne me piquer ma place. Beaucoup de gens avaient besoin de cet argent, et j'étais prêt à tout pour que mes rentrées d'argent restent aussi grosses. Cette fille, je devais apprendre à la connaître pour qu'elle reste bien dans son coin. Peut-être que maintenant elle n'était pas dangereuse, mais qui sait ? On prenait vite goût à ce jeu dangereux. On voit que l'on peut se faire beaucoup d'argent très facilement, et un peu comme de l'alcool, on s'enivre de ce sentiment de puissance. C'était ce qui m'était arrivé, en tout cas. Au début, je n'aurais jamais cru ni voulu être aussi impliqué dans le réseau. Je lui demandais donc si je pouvais lui toucher de la coke. Juste pour goûter sa came, savoir si c'était de la bonne ou non. '' Et bien, George... La réponse est non. Je vend du plaisir, c'est tout. '' C'était quoi, cette nana, sans rire ? Elle refusait de me vendre ? Quel genre de dealer refusait de vendre ? Elle ne savait même pas si j'étais sérieux ou non. Et puis, c'était quoi cette phrase ? "Je vend du plaisir" ? C'était une prostituée ou quoi ? Ouah, elle était bizarre. Défoncée, certes, mais très étrange. Je lui demandais ensuite si elle connaissait McKay, qui était LE gros boisson à Miami. '' Qui es ce McKay? Ton père? ' Je laissais échapper un sourire. « Sérieux, tu connais pas McKay ? Et non, c'est pas mon père. Plutôt crever que d'appartenir à la famille de ce type ». Je la fixai. J'avais envie de la coke et je l'aurais. J'attrapais son bras. « Écoute, je veux de la coke. Tu me dis ton prix et je le paie. J'suis clean. On peut même faire un échange, si tu veux. J'te file de la beuh, du shit, de l'héro, n'importe. Mais je veux ta coke ».