L’appartement était niquel. Vraiment, tout était rangé et il n’y avait à présent, plus aucune goutte de sang. Ma mère et son père n’y verraient que du feu, c’était certain. Quant à moi, il fallait que je paraisse le plus naturel possible. Après toutes ces années, c’était presque devenu normal… J’avais appris à jouer un rôle, à mentir… aujourd’hui ne changeait pas tellement de d’habitude. « Il suffit de plus y penser. C’était rien de grave après tout. Une blague pourrie, c’est tout. » répétai-je une nouvelle fois, histoire que cela s’encre bien dans son cerveau.

En ce qui concernait la sieste, ça attendrait. Certes j’étais épuisé, mais j’avais fait pire, puis j’avais tout de même réussi à dormir un petit peu au foyer. Ma tête de déterrer ?! N’exagérons rien ! J’avais certes des cernes plus creusées que d’habitude, mais ça n’enlevait en rien mon charme naturel . « Beh elle est toute trouvée, j’ai bossé cette nuit et ils le savent. » Oui, j’avais prévenu pour qu’il ne prenne pas le vol arrivant à Miami à 8h. A la base, c’était pour me reposer mais avec toute cette histoire… ça n’avait pas été le cas.

Noël approchait à grand pas et le sapin n’était pas prêt. Ce qui allait bien entendu ne pas plaire à ma mère. J’aimais l’esprit de noël, mais quand on vit seul dans un appartement, on ne voit pas forcément l’utilité de tout décorer. « Non, je disais ça comme ça. » dis-je dans un léger sourire. J’étais de bonne humeur malgré le carnage que mon appartement avait vécu. Il fallait qu’elle en profite ! Reculant d’un pas, je ne pus m’empêcher d’affirmer que mon sapin était très moche. Ma mère allait l’adorer ! Je ris suite aux propos d’Abigail. En effet, c’était bien rare que l’on arrive à être d’accord.

« T’as dix minutes si tu veux pas qu’on soit en retard à l’aéroport ! » Bon avec un peu de chance, leur avion serait en retard. Bien attendu, on ne parti pas au bout de 10 minutes… Non, il nous fallu bien une vingtaine de minutes avant de monter dans ma voiture. Le trajet se fit dans un silence complet. Par chance, nous arrivâmes avant nos parents respectifs. Enfin, « avant » était un bien grand mot, puisqu’une seule petite minute s’écoula avant que nous vîmes arriver. Ma mère me serra fort dans ses bras et comme toujours mes sentiments étaient partagés. J’étais heureux de la retrouver mais… en même temps une petite voix me disait : si elle savait, elle serait bien déçue.

Ne plus y penser était une bonne solution. Efficace parfois… je connaissais bien cette technique. Depuis presque 9 ans, c’est ce que je tentais de me dire : Essaie d’oublier… ce n’était rien. Personne ne sera jamais au courant… Le truc c’est que comparé à ce cochon égorgé sur mon lit, c’était loin d’être rien et c’était rare les jours où je n’y pensais pas, surtout maintenant qu’elle était de retour dans ma vie. Vancouver aurait été une bien meilleure solution pour tout le monde… Elle, ne semblait pas tout à fait d’accord avec ma solution, ce qui se comprenait tout à fait…

J’étais fatigué et cela se lisait sur mon visage et je ne pensais pas que ma mère pourrait se douter de quoi que ce soit. J’avais travaillé toute la nuit, je n’avais qu’à dire que j’avais fini plus tard que prévu à cause d’un problème. C’était fréquent après tout ! « Et bien dis donc ! C’est ton jour de bonté à ce que je vois ! » riais-je. Je pense qu’elle se sentait autant dans la merde que moi. Pourtant clairement ce cochon égorgé, ce n’était pas son problème.

Nous avions fini le nettoyage et il était trop tard pour moi pour une sieste, du moins pour une sieste réparatrice. Je n’avais plus qu’à sortit le sapin de Noël. Ma mère serait ravie de le voir ici même s’il après l’avoir décoré, il se trouvait être très, TRES moche ! Ce fut l’occasion pour Abi’ de m’avouer qu’elle avait trouvé de quoi se loger. Je n’allais pas sauter littéralement de joie ici, ça serait déplacer, mais à l’intérieur c’est ce qu’il se passait. Un problème de moins à gérer. On ne serait plus obligé de se voir et je ne serais plus obligé de lui mentir en face. Parfait ! « Parfait ! Seule ou en colloc’ alors ? » demandais-je. Je savais qu’elle préférerait vivre seule, mais parfois, financièrement, la collocation est plus avantageuse !

Avant de partir, Abigail décida de prendre une douche. Dans d’autres circonstances, j’aurais pris un malin plaisir à couper l’eau chaude ou bien la lumière, mais vu l’aide qu’elle m’avait apporté, cela serait clairement déplacé. J’avais beau faire le con avec elle, j’avais des limites. Le chemin se fit dans un silence complet et nous arrivâmes juste à temps pour accueillir nos parents. Comme à son habitude ma mère me serra fort dans ses bras. Il faut dire qu’on ne s’était pas vu depuis le mois de mars… J’avais toujours une excuse pour ne pas revenir à New-York… Je saluai aussi mon beau-père avant qu’Abi’ ne fasse la petite fille modèle en demandant si le voyage c’était bien passé. « Ton père a dormi pendant les deux heures mais sinon ça va ! » plaisanta ma mère avant de reprendre « Et vous? Tout se passe bien ? » demanda-t-elle tout en me lançant un regard lourd de sens. « Si t’as question est : Vous ne vous êtes pas encore entretués ? Alors je peux répondre que non. J’attends demain soir que vous partiez pour découper son corps et le jeter dans l’océan ! Les poissons se régaleront, j’en suis sûr ! » Même si nous parlions de sa fille, mon beau-père se mit à rire. Il savait que je plaisantais et trouvait ça plutôt rigolo. Quant à ma mère, elle se concentra pour ne pas exploser de rire et me donna un tape sur l’épaule.

Malgré le carnage de mon appartement, il y avait une bonne nouvelle aujourd’hui ! Abigail avait trouvé un appartement et elle devait y emménager dans la semaine ! Nous n’aurions plus à nous supporter bien longtemps. De toute façon, on passait notre temps à s’éviter. Ce week-end, malheureusement, nous ne pourrions pas. Week-end en famille, répétait ma mère… « Personne ? Surement tes voisins qui laisseront leur poubelle devant leur palier. » me moquais-je gentiment.

C’est une bonne heure après que nous retrouvâmes nos parents à l’aéroport. Ils étaient contents de nous revoir et avait passé un agréable voyage, surtout pour certains. « Tu sais, il y a d’autres façon de tuer quelqu’un. » dis-je simplement alors qu’elle affirmait que je n’avais probablement pas d’assez bons couteaux pour la découper. Humour noir du jour, Bonjour ! Abigail annonça à nos parents qu’elle avait enfin trouver un appartement. « Crois-moi, lorsque tu rangeais à 9h du soir, tu te sentais vraiment chez toi alors que c’était chez moi ! » dis-je pour répondre à sa pique. Okay, nous avions fait une trêve ce matin et pour les parents, elle était censée continuer, mais je ne pouvais tout de même pas la laisser m’envoyer des piques ainsi, non ?

Le week-end fut plutôt calme et c’était tant mieux. Ma mère, en aparté, ne put s’empêcher de me faire la morale. Même si Abigaïl déménageait, je devais continuer à la surveiller et tout le tralala. Pour lui faire plaisir, je répondis que oui. En réalité, je ne pensais pas lui parler à moins d’y être obligé ! Bref c’était une bonne chose de faite et nous ne serions pas obligé de jouer à nouveau la comédie avant longtemps. Je ne savais pas si Abi’ compter faire Noël à New-York, mais pour ma part, je travaillais et le 31, je le passais toujours entre amis.

« Ca c’est plutôt bien passé ! » dis-je en faisant un dernière signe de la main à nos parents respectifs qui s’éloignaient au loin dans l’aéroport. Bien sûr passer du temps avec ma mère m’avait fait du bien, mais il y avait toujours une petite vois qui me disait : plus loin de toi elle est, mieux elle se trouve. Très maitre Yoda tout ça…

« Pète un coup, ça ira bien mieux après ! » dis-je simplement. Paraitre naturel : un jeu d’enfant pour moi mais ça relevait apparemment du défi pour elle ! Elle semblait stressée avant même que nos parents soient là. Okay, après ce qui venait de se passer, ça pouvait sembler normal… Personnellement j’essayais de ne pas trop y penser. Il y avait des choses bien plus graves dans la vie. La jeune femme avait aussi peur que ma couverture ne soit pas assez bonne. Oui j’étais fatigué et ce n’était pas seulement à cause de ce cochon égorgé sur mon lit. Non, le travail y était pour beaucoup, mais les parents ne remarqueraient rien, c’était certain !

Finalement ils arrivèrent et le week-end se déroula passablement. Ce n’était clairement pas le meilleur week-end de ma vie, mais j’avais vécu pire. « Genre ça ne t’a pas fait plaisir de voir ton père ? » demandais-je avant de rajouter. « Même si c’est énervant d’être fliqué, ils font ça pour la bonne cause. » dis-je simplement. Oui, ils se souciaient de notre bien-être. Enfin surtout de celui d’Abigail pour le coup. Avant de partir, nous eurent tous les deux droit à des recommandations. Génial… Bon, nous n’étions pas obligés de les suivre après tout. « Me manquer ? Tu m’excuses, mais j’en suis pas certain. » répliquais-je. Plus besoin de réfléchir à quand rentrer pour être sûr de ne pas la croiser. « C’est toi qui vas t’ennuyer sans moi plutôt ! » dis-je.