“Hope was layering awfully thin” Même s’il ne semble pas très enjoué à cette idée, Elias lui donne son accord, confirme qu’ils sont sur la même longueur d’onde concernant ce qui se passe entre eux et, étonnamment, Liam n’est pas du tout soulagé de réaliser que c’est aussi simple que ça de le convaincre. L’évidence le frappe alors de plein fouet, tandis qu’il observe le visage d’Elias : il est complètement foutu, dans la merde jusqu’au cou. Sa seule chance de ne pas finir exactement dans la même situation qu’il se trouvait quelques mois plus tôt avant de rompre avec Aiden, c’est de s’assurer que l’homme n’ait plus besoin de lui le plus rapidement possible. Rien de tel pour cela que de se lancer corps et âme dans la construction d’une nouvelle vie pour Elias et de le faire dès maintenant. Aussi, c’est sans chercher plus loin que Liam propose qu’ils se rendent à l’université dès maintenant, à la fois pour visiter, mais aussi pour se renseigner sérieusement sur une possible inscription. Un sourire lui échappe quand l’homme s’étonne de l’intérêt qu’il porte à son avenir et franchement, Liam ne sait pas tellement comment s’expliquer. Il n’a aucune idée de pourquoi ça le préoccupe autant, ne sait même pas si c’est vraiment le cas. “Ça ne me préoccupe pas,” lâche-t-il en se replaçant face au volant pour mettre le contact. “Mais on est là pour ça, non ? Parce que t’as besoin d’un petit coup de pouce pour sauter le pas.” Il déteste profondément cette idée, mais refuse de le montrer.

Il évite cependant d’y penser et saute sur l’occasion pour quitter le parking et faire enfin quelque chose dès qu’Elias accepte l’idée. Le temps de quitter le parking, Liam parvient même à se concentrer assez sur la route pour ne pas trop réfléchir. Il sait hélas que ça ne va pas durer et ce ne sont pas les bavardages d’une banalité affligeante d’Elias qui vont l’aider à rester concentré sur autre chose que le malaise de plus en plus pesant qu’il ressent vis-à-vis de toute cette situation. “Je fais un travail assez… compliqué à expliquer.” répond-t-il malgré tout, car même si ce n’est pas la question la plus profonde et la plus incroyable du monde, ça n’en reste pas moins un bon sujet pour s’offrir quelques minutes de répis. “Je suis ingénieur de recherche en physique appliquée, dans le domaine de l’énergie nucléaire, ce qui ne veut probablement rien dire pour la plupart des gens.” explique-t-il donc tandis qu’il se fraye un chemin au milieu du trafic de la ville, direction le campus de l’université de Miami. “En gros, je participe à des recherches dans l’espoir d’inventer de nouvelles manières de stocker et de transporter les déchets des centrales nucléaires, histoire de limiter les risques que des particules très dangereuses se retrouvent libérées dans la nature et puissent tuer des gens. Mais ça, c’est seulement ce que je fais ici à Miami, c’est un domaine tellement vaste, j’ai participé à plusieurs recherches très différentes ces dernières années.” Il évite de se montrer plus précis à ce sujet seulement parce qu’il sait qu’il va très vite entrer dans trop de détails et perdre complètement Elias en route. “La plupart était très intéressantes, mais sûrement un peu trop abstraites. Tu risques de t’endormir avant que j’ai le temps de t’expliquer vraiment en quoi elles consistent, alors on va s’éviter ça.” Même s’il pourrait parler de physique pendant des heures, il a compris depuis bien longtemps que ce n’est pas vraiment ce que veulent la plupart des gens.

“Et puis, on a un sujet bien plus important sur lequel se concentrer aujourd’hui : toi.” souligne-t-il pour vite changer de sujet, qu’Elias ne soit pas obligé de trouver une façon polie de le faire à sa place. “Au moins, tu sais que si tu as besoin d’aide pour tes cours de physique, de maths ou d’ingénierie, tu as un professionnel à portée de main. C’est une excellente nouvelle, tu ne crois pas ? Tu n’auras même pas à payer les cours particuliers. À part peut-être en nature.” A ces mots, il lance un regard à Elias du coin de l’oeil, curieux de voir si la plaisanterie sera bien acceptée, voire même si elle ne va pas se transformer en quelque chose de plus sérieux. C’est probablement un peu ridicule et pathétique, mais peu à peu Liam commence à se faire à l’idée que son destin est scellé. Quoi qu’il fasse maintenant, il y a de fortes chances qu’il devienne “l’autre homme” dans ce mariage, ne serait-ce que pour quelques semaines. Après tout, il n’a pas réussi à se débarrasser d’Elias, pas réussi à lui dire non, non plus. “Parle-moi un peu de la vie idéale selon Elias… Je ne connais même pas ton nom.” Tout ça est désespérant. Frustrant. Grisant.

 

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On était pas vraiment là pour m’aider à sauter le pas, mais je n’avais pas envie de le contre dire, à vrai dire j’étais plus intéressé par la réponse qu’il pouvait me faire de son métier qui était bel et bien complexe. Il était donc ingénieur dans la recherche en physique appliquée dans le nucléaire. Il travaillait sur des nouvelles façon de stocker les déchets pour en limiter les risques. Ça avait l’air bel et bien complexe et je comprenais un peu mieux pourquoi il avait autant de chose sur sa table quand il venait. Ça n’était pas quelque chose accessible à tous, mais c’était intéressant. C’était d’ailleurs dommage qu’il présume de mon endormissement face à ses explications. Il préférait s’intéresser à moi, tout en m’offrant son esprit pour m’aider en maths, en physique ou en ingénierie. C’était toujours bon à prendre, même si je doutais encore de ce que je pourrais faire dans l’état actuel des choses. Souriant sans que je puisse le contrôler à sa proposition de le rémunérer en nature, je murmurais, « J’ai presque envie d’être nul… », tournant la tête vers lui, il me demanda de lui parler de ma vie idéale selon moi. Il avait vraiment besoin de savoir tout ce que je pouvais penser non ? C’était un peu perturbant d’être autant le sujet de l’attention quand on en avait pas l’habitude.

« Kaneki… Elias Kaneki. » lui répondis-je quand il souligna ne pas connaitre mon nom. Nous étions définitivement en train de nous apprendre, de nous connaitre, comme ça pouvait-être réellement le cas à la genèse d’une relation. « Ça t’intéresse tant que ça de connaitre chacune de mes pensées ? » lui demandais-je sans me cacher, « J’ai pas vraiment l’habitude qu’on me pose des questions sur mon moi profond, mais ça je pense que tu l’avais deviné non ? », c’était une question réthorique, très clairement, mais elle était là pour lui dire la vérité encore une fois. Mentir à cet homme serait définitivement compliqué. « Une vie idéale serait sans doute une vie sans complication, sans mensonge, sans image à tenir pour faire plaisir à d’autres, mais ça tu t’en doute aussi. », j’étais pas certain d’avoir encore quelque chose à lui cacher, j’avais l’impression d’être seulement en train d’ouvrir une porte, mais que tout ce que j’avais à montré lui avait déjà été exposé.

« Et je suis pas sûr de m’endormir si tu m’expliquais tous les aspects de ton travail. Ok je comprendrais sans doute pas grand chose, et j’aurais beaucoup de question stupide, mais c’est pas tous les jours qu’on rencontre quelqu’un qui peut en parler autrement qu’en lisant une page Wikipédia. », soufflais-je dans un sourire, « Je te parle de l’évidence de ma vie si tu me parles de ton travail… C’est un bon deal non ? », et j’évitais de visiblement rentrer sur un terrain qu’il repoussait, à savoir lui. Je n’étais pas du genre à forcer les choses, mais lui il m’intriguait et j’avais beaucoup trop de question sur celui qu’il était.

“Hope was layering awfully thin” Elias est un artiste de l'euphémisme. En plus de son nom de famille, c’est une autre chose que Liam apprend au cours de cette conversation. Parce que pour le reste, ce qu’il dit être sa “vie idéale”, il n’y a effectivement rien de nouveau. C’est même tellement réchauffé que Liam ne peut s’empêcher de lever les yeux au ciel. Il commence à trouver vraiment insupportable que ce type soit aussi coincé et que ça lui plaise autant. Surtout que ça lui plaise autant, à vrai dire, mais ça personne n’a besoin de le savoir, même pas lui. “Sérieusement, Elias Kaneki,” lâche-t-il, exagérément exaspéré, “pourquoi est-ce que t’es tellement… toi ?” Il ne voit aucune autre manière de décrire ce qu’il voit. Il ne connaît aucune autre personne au monde qui soit comme Elias. “T’as vraiment besoin de commencer à faire des trucs stupides et drôles de toute urgence. C’est une question de vie ou de mort.” Le seul petit problème, c’est bien que ce soit à lui de guider l’homme sur la voie de la… vie ? Mais il a déjà consenti à ça, alors à quoi bon continuer de le déplorer ? Autant assumer et attendre que ça lui éclate en plein visage.

“Deuxièmement, sache que je te juge vraiment beaucoup de ne t’intéresser à rien d’autre que mon travail, parce que crois-moi, je suis bien plus que ça.” reprend-t-il, sur le même ton léger et détaché qu’il a de moins en moins besoin de forcer. Il s’amuse vraiment. Il passe vraiment un bon moment. Ça ne fait que quelques minutes, mais il est vraiment bien. Il n’a pas tellement l’impression qu’ils viennent de se rencontrer, plutôt qu’ils font ça tous les jours depuis toujours. C’est assez flippant, pour tout dire. “Mais bref, si ça te fait plaisir de m’écouter parler de mon boulot, ok. Cela dit, en échange, arrête deux minutes avec les concepts vagues et inutiles. On a déjà parlé de tout ça, je sais que tu rêves d’une vie simple et compagnie, ce n’est pas ce que je te demande. Je veux savoir ce que tu veux vraiment. Concrètement. Quel travail, combien d’enfants, comment tu voudrais appeler ton chat, de quelle couleur serait ta cravate préférée, je sais pas, surprends-moi ! Présente moi l’homme que tu seras quand j’en aurais terminé avec toi.”

Ok, c’est peut-être beaucoup plus simple à demander qu’à imaginer, mais il faut bien qu’ils aient une base, une image à reproduire s’ils veulent en finir un jour ou l’autre avec ce relooking de l’extrême. “Concernant mon travail, en fait ce que je fais en ce moment est plutôt… barbant, je te jure. Je passe des heures et des heures chaque semaine à faire des calculs et dessiner des plans de petites boîtes qui pourraient éventuellement contenir des déchets nucléaires et ensuite, on fabrique un prototype et on s’amuse à exposer notre petite boîte à toutes sortes de choses terribles pour voir ce qui se passe. L’idée, c’est de trouver le matériaux qui résiste le mieux, autant aux radiations qu’à des conditions climatiques extrêmes, au temps qui passe, etc… Histoire qu’il n’y ait pas une fuite terrible dans 100 ou 3 000 ans.” En fait, il doit bien admettre qu’il trouve tout ça plutôt amusant, c’est juste très différent de ce qu’il faisait quelques semaines en arrière. Bien plus concret, bien moins… scientifique aussi. C’est une chose à laquelle il évite soigneusement de penser. Regarder en arrière n’est pas le genre de Liam, ça ne doit pas le devenir. “Donc, hormis un diplôme d’architecture et pas de travail, qu’est-ce qui fera ta vie dans dix ans ? Si tu veux que je te parle des recherches que je faisais avant de venir m’installer ici, t’as plutôt intérêt à me donner du lourd.” relance-t-il et ça sonne sérieusement comme une menace, dommage qu’il soit en train de sourire comme un crétin.

 

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Répondre à pourquoi j’étais tellement moi était peut-être plus complexe qu’il n’y paraissait. Mais j’étais d’accord sur un point, je devais commencer à vivre, même si ça passait par faire des choses stupide. En revanche de la à dire qu’il s’agissait d’une question de vie ou de mort… On n’y étais quand même pas. Souriant de nouveau à sa réflexion sur mon intérêt à son travail, il commença à m’expliquer ce qu’il faisait, et notamment ces boites qu’ils devaient faire et tester pour savoir si elles résisteraient à à peu près tout ce qui pourrait arriver. J’avouais que je n’imaginais même pas un composant pouvant le faire, alors les testes pour assurer une sécurité dans le temps… J’avais encore plus de mal à les envisager. J’avais quelques question qu’il repoussa involontairement en me demandant ce que j’avais donc prévu dans l’avenir et par là il entendait ce qu’il avait dit un peu plus tôt, à savoir les enfants, le nom du chat, la couleur d’une cravate préféré, quoi que ce soit qui pourrait être moi quand il en aurait fini avec moi. Je devais répondre à tout ça sinon il ne parlerait jamais de ce qu’il avait fait avant. C’était moins simpliste que ce que j’avais pu proposer, mais c’était un deal qui m’allait parfaitement et dont je n’allais pas me priver. « Déjà comment vous pouvez faire des teste de résistance à plusieurs millénaire ? » demandais-je dans un premier temps. J’avais besoin de savoir, c’était sans doute idiot, mais j’avais besoin de comprendre cette mécanique là car c’était bien la moins probable de toute.

Maintenant ce qu’il en serait dans dix ans. Je n’avais aucune idée de si oui ou non j’aurais des enfants, jusqu’à présent je m’étais toujours dit que c’était pas pour moi, que je n’étais pas prêt et que je ne le serais jamais, mais je devais bien avouer qu’il y avait quelques petites choses qui m’attiraient lentement. J’avais des connaissances qui avaient des enfants, des voisins, je m’étais déjà retrouvé à devoir en garder et sans doute que l’âge jouait, mais lentement, ce qui n’était qu’une sensation devenait une idée. « J’aimerais être à San Francisco, retourner autant que possible au Japon et pas juste aux fêtes. Pour les enfants je sais pas vraiment, mais je crois que je serais bon pour raconter des histoires avant d’aller dormir ou pour calmer les pleures après un cauchemars. Mais ça serait deux enfants, je suis fils unique et un meilleur ami quand mes parents étaient impossible n’aurait pas été de trop je crois. » déclarais-je dans un rire un peu fade. « J’aimerais réellement partir de rien, soit d’un terrain ou je construirais ma maison, ou tu sais une vieille bâtisse complètement délabré qu’il faudrait rénover entièrement, le genre de maison qui fait ancienne vu de dehors, mais avec quelque chose de surprenant à l’intérieur. », mais il est évident que je voudrais construire ma vie, pas juste la vivre. « Je n’aurais pas de cravate préféré, n’y compte pas, j’accepte éventuellement d’avoir une chemise qui ne soit pas unie et blanche comme chemise préférée, mais rien de plus. » repris-je avec un réel sourire, avec amusement.

« Dans dix ans j’aurais construit quelque chose, et si c’est pas encore pour moi faute de temps, ça sera au moins pour un refuge, ou pour des orphelins. Mettre ses compétences aux services des autres, c’est déjà ce que je fais, mais mettre ce qu’on aime faire au services des autres ça serait une nouveauté, ma nouveauté en fait. », même si ça m’était difficile, je croyais au fait que l’on puisse allier celui qu’on était aux bien communs. J’avais juste besoin de temps pour l’appliquer et ne pas craindre pour les répercutions. « Et j’ai déjà un chien, enfin c’est celui de ma femme, mais j’adopterais un animal dans tout les cas, pour faire une bonne action, sauver une vie et pouvoir lui rappeler d’ou il vient quand il fera une connerie dans le salon. » pourquoi j’étais détendu à cette idée. Tout ça n’était qu’une hypothèse, qu’une possibilité, j’en étais tellement loin. « Je crois aussi que je me retiendrais plus. Tu sais avoir une envie et l’assouvir directement, que ce soit pas catholique ou une pulsion d’achat. Je m’en fous, mais y’a plein de chose que j’ai jamais faite par manque de temps et j’aimerais vraiment essayer. Genre la poterie, ça à l’air hyper simple, mais j’ai jamais fait, ou jouer d’un instrument, je suis juste un danseur moi, à la rigueur je sais faire quelques accords sur une guitare, mais j’aimerais apprendre le piano, ou j’aimerais reprendre le tir à l’arc, ça fait une éternité que j’en ai pas fait et à une époque je faisais des championnats, j’étais pas mauvais ! Mais j’aimerais bien reprendre. », quoi que cela serait assez compliqué avec les tremblements, mais en y pensant cinq minutes, il y avait beaucoup trop de chose inexploré que j’avais envie de faire. « Du coup tes recherches ?! Que je puisse passer à autre chose que ton travail ! » soufflais-je avec un sourire toujours aussi stupide.

“Hope was layering awfully thin” C’est presque inattendu, mais à force d’insister, Liam parvient enfin à tirer quelque chose de ce type. Il a même l’air d’avoir vraiment quelques rêves, une image plus ou moins précise de qui il voudrait être. C’est incroyable, n’est-ce pas ? Et pourtant, Liam savait qu’en forçant un peu, ça finirait par arriver. Personne ne peut passer sa vie sans jamais vouloir quelque chose, c’est tout le problème de l’humanité. Même ceux qui se refusent le droit de rêver ne peuvent s’en empêcher parfois. Elias ne fait pas exception et tandis qu’il conclut sur quelques détails forçant Liam à se mordre les joues pour ne pas sourire, ce dernier gare la voiture sur le parking de l’université. Il ne bouge pas tout de suite quand ils sont à l’arrêt, défait seulement sa ceinture pour se tourner légèrement vers l’homme. “Qu’est-ce que tu reproches aux cravates, exactement ?” demande-t-il, sourcil relevé. Ce n’est pas tellement ce qui l’intéresse le plus dans tout ce que vient de dire Elias, mais il évite soigneusement de se concentrer sur les détails positifs. Même s’il commence à se dire que le mieux à faire n’est peut-être pas là. Il est censé être égocentrique et aimer s’écouter parler, non ? Alors pourquoi est-ce qu’il ne passe pas son temps à monologuer sur lui-même, plutôt que d’apprendre à connaître ce type jusqu’à ce qu’il soit trop tard ?

“Pour les boîtes,” reprend-t-il donc, sans attendre, “on peut faire des simulations par ordinateur. Ce n’est pas entièrement fiable, bien sûr, mais les résultats sont aussi proches de la réalité qu’ils peuvent l’être.” explique-t-il, sans doute trop vaguement. Le problème, c’est bien qu’il n’a pas envie de parler de son travail avec Elias. Il ne sait pas ce qu’il veut, pas vraiment, seulement que ce n’est pas ça. “On y va ?” demande-t-il et, que l’homme soit d’accord ou non, il sort de la voiture et attend sagement sur le parking. L’université de Miami n’a pas grand chose à voir avec ce que connaît Liam et il doit bien avoir un petit côté snob, car quand il regarde les alentours, la grimace sur son visage n’indique rien de très positif. Il se souvient vaguement de la dernière liste établie par Forbes au sujet des meilleures universités du pays et, il a beau chercher pendant quelques secondes dans tous les recoins de sa mémoire, ne se souvient pas d’avoir vu une seule université de Floride dans cette liste. Pas dans le top trente, en tout cas. Cela dit, il a bien travaillé à Tulane pendant plusieurs années et ça aussi, c’est un peu la honte dans son monde… “L’an dernier,” lâche-t-il alors qu’il emboîte le pas à Elias pour commencer leur petite visite du campus, “J’ai travaillé au département de physique de l’université de Tulane, à la Nouvelle-Orléans. On faisait des recherches beaucoup plus abstraites sur les neutrons et leur comportement qui tient plus d’une onde que d’une particule. Et j’adorerais t’en parler pendant des heures, je t’assure, mais ça demande pas mal de connaissances poussées en physique des particules, physique quantique et en optique, aussi. Pour résumer, disons que le but est de mesurer précisément le temps de déplacement et de dégradation d’un neutron. Ça tient à la nanoseconde.”

Ils arrivent assez vite à une partie un peu plus fréquentée du campus, avec des étudiants à perte de vue, des flots de souvenirs aussi. “Alors, qu’est-ce que t’en dis ?” demande Liam en abandonnant son observation des lieux pour se tourner vers Elias, un grand sourire aux lèvres. “Est-ce que tu te vois venir ici tous les jours pour apprendre à construire des orphelinats ?” Lui semble très heureux en tout cas, même s’ils sont très loin des bâtiments en briques rouges des universités du Massachusetts. Il s’est toujours senti à sa place dans le monde universitaire, classé ou non. “À Harvard, ils conduisent des recherches sur les particules élémentaires. Quand j’aurais fini de jouer avec mes boîtes, j’ai envie d’aller faire mon doctorat dans ce département et travailler avec le Professeur Huth. Il a fait partie de l’équipe qui a découvert le Boson de Higgs, t’imagine ? Ce serait incroyable de pouvoir participer à ses recherches et peut-être découvrir une autre particule élémentaire.” La seule chose qui le retient encore, c’est de devoir retourner à Boston, information qu’il garde cependant pour lui, car il n’est pas encore décidé à raconter à Elias d’où il vient et qui il est réellement. “C’est bon, on a assez parlé de mon travail ? T’es prêt pour les questions plus intéressantes ?” demande-t-il pour vite noyer le poisson, tandis qu’il revient marcher près d’Elias.

 

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Les cravates et moi c’était définitivement une grande histoire d’amour, mais si ce n’est raconter un souvenir gênant… Je ne voyais aucune autre réponse qu’un sourire à faire. Autant se concentrer sur ces boites et les réponses qu’il pouvait apporter. J’avouais que les simulations par ordinateur me semblait toujours un peu trop incertaine et tellement dépendante d’une autre succession de donnée pour être fiable, mais si eux en faisait usage, je devais bien admettre qu’il y avait une part de justesse dans cette méthode. Ne disant donc rien face à mes doute, je me contentais de sortir pour le suivre et avancer dans ce campus toujours aussi irréel. Qu’est-ce que je foutais ici au juste ? Je comptais vraiment reprendre des études avec tout ce que ça impliqué ? J’avouais que ça donnait un peu le vertige, mais heureusement Liam était là pour m’occuper l’esprit en me racontant un peu comment était sa vie avant. Il avait travaillé à l’université de Tulane, à la Nouvelle Orléans et soyons honnête, là je ne comprenais pas vraiment ce quoi il était question, je n’avais en effet aucune connaissance nécéssaire pour comprendre les tenants et les aboutissants et je ne pouvais être que… Surpris qu’un cerveau puisse contenir autant d’informations. J’étais encore pensif quand il me demanda mon avis sur l’université, en profitant au passage pour se moquer de certains projets. « Te moques pas de mon orphelinat. », soufflais-je en regardant autour de moi.

Ça grouillait, mais encore une fois mon attention fut attiré par lui, par ses mots sur Harvard et ses projets futurs. Il y avait un petit côté fascinant à l’entendre parler physique ou tout simplement à l’entendre parler de quelque chose qui le passionné. M’arrêtant finalement devant lui, je levais une mains son visage dans un geste qui aurait pu trahir quelque chose, mais je me retient, sans trop savoir pourquoi, il me fascinait vraiment. « T’es fascinant quand tu parles de quelque chose qui t’intéresse tu le sais ? », demandais-je avant de reculer d’un pas pour reporter mon attention sur ce qu’il y avait autour de moi, « Et la dernière université que j’avais fréquenté c’était Harvard justement… Je préférais le style ancien de Cambridge déjà. » là c’était des cubes moderne entouré de palmier. Je n’aimais définitivement pas cette ville. « Et la dernière fois que j’ai entendu parler du Boson de Higgs c’était dans The Big Bang Theory. », mais qu’on soit honnête, entre Sheldon Cooper et Liam, c’était bel et bien Liam qui me donnait envie de l’écouter, ou de faire tout autre chose, mais je n’étais pas certains que ces pulsions viennent réellement d’un sujet de science. Passons.

« C’est un peu déstabilisant de se retrouver ici à passer trente ans. J’ai un peu l’impression d’avoir gâché ma vie.  », ce n’était pas une impression en soit, c’était le cas, mais être ici donnait vraiment ce sentiment d’échec. Si encore j’y étais pour donner des cours ou suivre des études supérieur, mais là… « Tu crois qu’il y a un programme de remise à niveau ? Or de question que je reste ici des années… Les étudiants ont l’air de faire un concours de celui qui aura le moins de tissus. », phrase de vieux ça, mais passons, il y avait un décalage et il était flagrant. Me tournant donc vers Liam, je repris dans un sourire, « C'est quoi la chose qui te semble impossible à réalisé et qui n'implique aucun crime ? », lui demandais-je dans un premier temps comme pour découvrir les limites de cet homme qui en semblait dépourvu, « Et t'étais quel type d'élèves ? Étrangement j'ai ma petite idée, mais j'ai besoin de l'entendre de ta bouche. » soufflais-je dans un rire, car premier de la classe ne semblait faire aucun doute. Gentil en revanche... Il devait être horrible pour les autres, agaçant, impossible à mettre en défaut.

“Hope was layering awfully thin” Elias n’a pas l’air particulièrement excité de se trouver là. C’est aussi décevant que compréhensible pour Liam. Il comprend mieux que personne les charmes de Cambridge et que ça puisse manquer, mais ça semble plutôt évident que le problème n’est pas là. “Tu sais que ce qui te fait croire que tu as raté ta vie, ce sont tes propres attentes complètement subjectives ?” demande-t-il sans cacher son exaspération. “Tu n’arrêtes pas de dire que ce que tu veux vraiment, c’est une vie simple sans personne pour te juger, alors pourquoi est-ce que tu passes ton temps à te juger toi-même ?” Il aurait encore un tas de choses à dire sur ce qu’il pense de tout ça, de la façon dont Elias semble voir la vie, mais il se retient. Non seulement parce que c’est facile à dire pour lui qui fait partie de ce monde auquel l’homme semble tellement vouloir appartenir, mais surtout qu’il n’a pas envie de montrer ses mauvais côtés tout de suite. “Bref, je ne sais pas s’ils ont des cours de remise à niveau, mais je suis sûr que tu t’en sortiras très bien.” Il force un sourire qu’il espère encourageant, pendant qu’il essaye de se convaincre de laisser tomber. Tout ça, ce ne sont pas ses affaires et il est le moins bien placé pour donner des leçons. Ça l’intrigue quand même pas mal de comprendre d’où Elias tient toutes ces grandes certitudes que la vie doit être d’une certaine façon et pas autrement.

Liam se promet de poser la question plus tard, quand le moment présent ne sera plus qu’un souvenir. Pour l’instant, c’est au tour d’Elias de lui poser des questions et la première est assez… surprenante. Un bref instant, le jeune homme lève ses yeux plissés sur le visage d’Elias, prêt à se lancer dans une longue réflexion pour découvrir ce qui lui semble le plus inatteignable. Mais c’est inutile, il connaît la réponse et il n’a même pas le temps de se demander si c’est une bonne idée ou non de la partager pour que les mots lui échappent tous seuls. “Trouver quelqu’un qui m’aimera réellement et tel que je suis.” Sa voix n’est guère plus forte qu’un murmure, pourtant il a l’impression d’avoir hurlé ça à qui veut l’entendre. Il baisse les yeux vers le sol, évitant soigneusement le regard d’Elias. “Je sais que ça sonne un peu niais, mais personne ne peut vivre seul du début à la fin. Ma vie est exactement telle que je l’ai toujours voulu, tout ce qui me manque c’est quelqu’un avec qui la partager.” s’explique-t-il, le ton un peu plus ferme. Quelqu’un qui soit à la hauteur de ses exigences, mais aussi de celles de sa famille et ça, il ne le dit pas. “Quelqu’un m’a dit un jour que je serais toujours seul parce que je refuse de changer pour laisser entrer les autres dans ma vie. Ça m’a pris un peu de temps, mais j’ai fini par réaliser que je ne veux pas changer pour plaire à quelqu’un. Je ne suis pas facile à vivre et j’ai une famille compliquée, une vie compliquée… Mais c’est moi, c’est comme ça. Et si je dois cacher une seule de ces choses pour qu’on m’aime alors… Ce n’est pas vraiment moi qu’on aimera. Personne ne mérite ça.”

Malgré ses justifications, Liam continue de se sentir un peu idiot. Il y a pourtant tellement peu de choses dont il puisse réellement parler à Elias et celle-ci est plutôt inoffensive à côté du reste, de tout ce qu’il doit cacher. Heureusement, la seconde question est beaucoup plus légère et le jeune homme est bien décidé à sauter dessus jusqu’à ce que tout ce qu’il vient de dire soit oublié. “Je n’étais pas l’insupportable petit premier de la classe toujours assis au premier rang, si c’est ce que tu crois.” lance-t-il d’abord pour récupérer un peu de son image de marque. “En fait j’étais plus le genre assis au dernier rang, à prendre tout le monde de haut et à agir comme si rien n’avait d’importance. J’avais de bonnes notes, mais je me souciais plus de ma vie sociale que de mes études.” Bien sûr, il ne dit pas qu’il a étudié dans les meilleures écoles privées de Boston, garde pour lui tout ce qui l’a propulsé à la tête de ce petit microcosme : son intelligence, certes, mais son argent et son nom surtout. “À la fac, c’était un peu différent. J’ai laissé tomber Harvard après un an, alors dans ma nouvelle école, j’ai fait de mon mieux pour être absolument irréprochable pour que mes parents ne me reprochent jamais de les avoir déçus ! Et vu que je suis toujours invité à Noël, j’imagine que j’ai réussi !” La tension de Liam s’est un peu apaisée à force de bavardages et il sourit sans se forcer quand il ose enfin regarder vers Elias. Sans rien dire, il attrape l’homme par la main et l’attire vers un morceau de pelouse vide au milieu d’une foule d’étudiants assis en petits groupes. Tout comme eux, Liam s'assoit au sol et dès qu’Elias est assis à côté de lui, il s’allonge et pose sa tête sur les genoux de l’homme qu’il observe attentivement. “Est-ce que tu veux t’inscrire ici ?” demande-t-il, très sérieusement. “Je peux postuler pour donner des cours de physique, si tu veux ! On pourra déjeuner ensemble, tu ne seras pas obligé de traîner avec des ados et puis… On pourra s’envoyer en l’air pendant mes heures de bureau.”

 

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J’étais pas le seul à me juger, mais j’étais sans doute celui qui me mettait le plus de pression. Je le savais, mais c’était si… Facile ? Je n’en savais rien et au final, je préférais profiter des questions qu’il me laissait lui poser pour éviter de trop y penser. Avec un peu de chance je pourrais lui rendre ce qu’il me donnait. Enfin du moins c’était le plan, car sa réponse n’avait rien de facile. Il voulait quelqu’un qui pourrait l’aimer réellement et ce comme il est. Il avait la vie qu’il voulait à l’exception d’une personne avec qui la partager. Je savais presque ce que c’était, pas d’avoir la vie qu’on veut, mais d’avoir personne avec qui avancer, avec qui partager. Il reprit en disant que quelqu’un lui avait dit qu’il serait toujours seul car il ne laisserait personne rentrer dans sa vie. C’était un peu cryptique, un peu vague, mais encore une fois, il me démontrait qu’un certain nombre de connard étaient rentré dans sa vie. Il était entier, avec ses complications, avec ses défauts aussi, mais il était entier. J’aurais aimé avoir cette assurant, avoir ces certitudes. J’aurais aimé être comme ça. Il avait bien plus de courage que moi dans cette vie.

En vient la deuxième réponse et à sa remarque sur le premier de la classe, j’eus un rire. C’était étonnant, mais je le voyais bien avec les meilleurs notes, ce qui n’était visiblement pas le cas. J’avais juste raison sur la deuxième partie, il était du genre agaçant. Il m’en révéla d’ailleurs un peu plus sur lui, sur le fait qu’il avait abandonné Harvard après un an, mais aussi qu’il avait su se montrer exemplaire quand il avait changé d’école pour n’avoir aucun reproche. La famille, sa famille n’était jamais bien loin non plus. « Tu étudiais quoi à Harvard ? » demandais-je alors qu’il m’entrainait sur l’herbe, m’asseyant à côté de lui avant qu’il ne s’allonge pour poser sa tête sur mes genoux. Presque aussitôt une des mes mains se posa sur son torse, cherchant presque à se rappeler des déliés de son corps… Du moins ce fut le cas jusqu’à ce qu’il ne pose une question, qu’il ne me demande si je voulais vraiment m’inscrire ici avant de faire une proposition qui dénotait complètement du sérieux de ces précédents mots. Mais soyons honnête, l’idée de l’avoir ici était presque rassurante et surtout, j’avais eu comme un pincement au coeur qui était des plus étranges. « Tu veux que je me tape mon professeur… C’est tentant. », commençais-je à répondre. Les yeux plongés dans les siens, je le regardais longuement, un peu trop même avant de reprendre, « Je veux aller de l’avant, donc même si tout ça m’effraie, je vais le faire. », j’avais jute aucune idée de comment irait les choses.

« Et… » commençais-je pas vraiment certain de ce que j’allais faire, mais de toute façon c’était trop tard, l’idée était là depuis trop longtemps, « Ce que ce quelqu’un a pu te dire… Je crois pas qu’une personne au monde soit en droit de te dire que la personne que tu es sera à jamais seule. Je suis assez mal placé pour parler, mais je sais que cette phrase c’était pas réellement pour ton bien, ça vient juste d’un pervers narcissique vexé de pas avoir su être la bonne personne. Alors ca sonne pas niais, du moins pas plus niais que moi qui veut être heureux et construire des orphelinats ! » concluais-je sur une note d’humour cherchant vraiment à faire passer tout ça pour quelque chose de moins lourd. Pourtant ca l’était pour moi. J’avais du mal avec l’idée que des gens puissent être malheureux, ou maltraité. Là… J’avais vu ça beaucoup trop souvent pour que je reste calme et serein. J’avais besoin de le défendre, à défaut de pouvoir réellement faire quelque chose pour lui. « On peut postuler comme ça pour donner des cours ? Faut pas des diplômes ? » demandais-je en relevant les yeux vers la foule devant moi, « Enfin des diplômes dans l’enseignement ou l’encadrement ? », j’avais l’impression de passer pour un con après ma petite tirade complètement ridicule, mais repasser à des questions qui me préoccupait moins était plus… Sain.

“Hope was layering awfully thin” Ils ont bien assez parlé de ce que Liam a fait de sa vie, non ? En tout cas, c’est ce que pense le premier concerné, ça et le fait qu’il a donné suffisamment de détails à son sujet pour se permettre de ne pas en offrir encore plus. Alors quand Elias s’interroge sur ce qu’il a étudié à Harvard, Liam souffle simplement : “L’anatomie masculine, principalement”, avec un grand sourire. Et on ne peut même pas l’accuser de mentir, c’est ce qu’il a fait, bien plus souvent qu’il n’allait en cours en tout cas. C’est sur cet aveu peu glorieux que Liam fait de son mieux pour changer de sujet, revenant tant bien que mal vers ce qui les a amenés ici en premier lieu : Elias et son avenir sur les bancs de la fac. Un air satisfait se peint sur son visage aussitôt que l’homme admet être tenté par l’idée de coucher avec son prof, mais ce n’est rien à côté du sourire qui l’illumine quand il admet qu’il va vraiment s’inscrire. “Ce sera juste un mauvais moment à passer. Et puis, je suis sûr que ça te plaira la vie d’étudiant. Ça implique beaucoup d’alcool, de fêtes et de sexe, d’après mon expérience !” Peut-être pas le genre de choses qu’Elias apprécie particulièrement, cela dit. Il n’a pas la tête d’un grand fêtard, ou peut-être est-ce tout simplement parce qu’il semble obsédé de ce qu’on peut penser de lui. Comment se lâcher et s’amuser quand on se sent éternellement observé ?

C’est une question que Liam se pose sérieusement, son regard rivé sur le visage de l’homme, quand ce dernier se met à souffler quelques mots fort… surprenants. Liam apprécie le geste, mais ne peut s’empêcher de penser qu’Elias dit ça simplement parce qu’il ne le connaît pas. Ou parce qu’il est perdu, peut-être. En tout cas, le jeune homme refuse de s’engager sur cette voie pour l’instant. Ce qui donne sans doute raison à Aiden, dans un sens : il s’entête à ne pas parler de lui, ou seulement de certaines choses aussi peu importantes que ses études ou son travail et même ça, ça lui fait peur. Son intelligence plaît peut-être au début, mais il est bien placé pour savoir que ça ne dure jamais. Il en va de même pour son caractère, son argent, sa famille. Au début, seulement au début et il n’a pas tellement envie que ce moment passe avec Elias. “C’est vrai que ce type avait de gros problèmes, lui aussi.” C’est tout ce que le jeune homme trouve à répondre, sans réel entrain et toujours un peu pensif. Sa conscience lui revient cependant pleinement lorsqu’Elias s’interroge sur la nécessité ou non d’avoir des diplômes pour enseigner à l’université. “Il faut au minimum un Master pour enseigner à la fac et j’en ai deux.” rétorque-t-il d’un ton peut-être un peu supérieur. Ok, il n’a pas envie qu’Elias se mette à le trouver insupportable tout de suite, mais son ego n’a pas pu se retenir. “Un doctorat, ce serait forcément mieux, mais il est hors de question que je sois diplômé de cette fac, ça ferait une énorme tâche sur mon CV. Et je ne suis pas encore prêt à quitter Miami, je commence tout juste à apprécier cette ville…”

De nouveau, il prend la main d’Elias dans la sienne, en grande partie pour fuir son regard, et obseve l’alliance à son doigt avec laquelle il se met à jouer en la faisant tourner. Il aimerait pouvoir l’arracher et la jeter au loin, faire comme si tout ce mariage n’existait pas et voir s’il y a un peu plus qu’un début entre eux. Sauf qu’il ne peut pas et ça le rend un peu dingue, fou de rage. Au point qu’après quelques secondes, il se redresse brusquement, lâche la main d’Elias, attrape son visage à la place et l’embrasse, comme s’il pouvait tout effacer d’un seul baiser. Malheureusement, quand il rouvre les yeux et s’éloigne, tout est exactement pareil : le monde autour d’eux, l’alliance au doigt d’Elias et le noeud dans la poitrine de Liam quand il croise son regard. Regard qu’il n’arrive pas à soutenir très longtemps. Ses lèvres effleurent celles de l’homme une dernière fois avant qu’il ne retrouve sa place sur ses genoux. “Pourquoi tu ne retournes pas vivre à San Francisco ?” demande-t-il, la question comme tombée de nul part. “Si ta femme est tout le temps en déplacement de toute façon, qu’est-ce que ça change ? Il doit bien y avoir des cafés qui embauchent dans cette ville et les universités sont bien meilleures.”

 

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Etrangement entre son étude du corps masculin et sa vision du monde étudiant, je n’avais aucune doute sur sa capacité à lui de s’amuser… Mais moi ? Ca me semblait presque impossible. Et puis j’avais d’autre chose à penser la maintenant. J’avais visiblement touché une corde sensible et j’avais bien fait de ne pas persévérer sur cette voie. La personne qui lui avait dit ça avait un gros problème, cet aveux n’avait rien d’étonnant, il ne faisait que confirmer ce que je pensais. Embrayant donc sur mon autre question, il m’assura qu’avec ses deux Master, il avait tous pour enseigner à la fac au vu du minimum. Ce mec avait vraiment deux Master ? Il semblait pourtant si… Jeune ? Il y avait de quoi complexé dans le fond, mais sa remarque sur cette fac et le fait qu’il me poussait à y aller me fit rire à la place. C’était raccord avec l’image que j’avais peu à peu de lui. J’allais d’ailleurs lui souligner ça quand il commença à jouer avec mon alliance avant de se redresser pour m’embrasser. C’était vraiment très compliqué de rester concentrer de ne pas s’enflammer à ce contact et c’était surtout tuant de sens. J’étais trop sensible, trop fragile dans ses mains pour ignorer son emprise et ma dépendance. J’en venais à vouloir réellement mettre toutes mon histoire avec Lucy dans un coin sans ménagement, mais ça ne me ressemblait pas. Je n’étais pas comme ça.

Pourtant je répondis à ses lèvres, me sentant même légèrement frustré lorsqu’il s’éloigna pour retrouver sa place et me demander pourquoi je ne retournais pas vivre à San Francisco vu que Lucy n’était jamais là et qu’il devait y avoir des cafés embauchant et de meilleures universités. « Il y a aussi mes parents. » soufflais-je dans un premier temps, « Je crois que pour les affronter, j’ai besoin d’être moi, de plus être… la mauvaise version de moi-même », d’avoir repris ma vie en main, d’avoir su affronter, et assumer qu’être malheureux n’était plus une option. J’avais besoin de temps pour leurs faire face et aussi étrange cela soit-il, il était aussi une bonne raison de rester là pour le moment. « Tu peux peut-être m’aider à apprécier un peu la ville en attendant. Qu’est-ce qu’il te plait ici ? » demandais-je alors que ma main se reposait sur lui et que je m’allongeais à mon tour sur l’herbe pour calmer un peu mes émotions.

Il ne restait plus que le bout de mes doigts pour le toucher et pourtant ça suffisait à rendre ce contact plus fort, plus brulant. « Si ce n’est le soleil et moi bien évidemment ! », déclarais-je avec une fausse arrogance qui était belle et bien là pour cacher le malaise de cette ville. « Quoi que moi je vais aller essayer d’avoir un diplôme dans une mauvaise université ! Je crois que ton véritable objectif c’est de me rendre moins parfait ! » au moins j’avais placé ma petite blague, mais le rire qui en suivi ne fut pas très long, ni très fort. « Si ce n’est quelqu’un qui t’aime toi, comme tu es, t’as pas autre chose d’irréalisable en tête que je pourrais essayer de régler dans cette journée ? » lui demandais-je en me redressant sur mes coudes. Je ne voulais pas qu’il pense à mal, mais mon idée était bien de le remercier, « J’aurais pu te proposer de manger des vrai Sushi vu qu’ici c’est impossible, mais ça implique un vol au Japon, ca risque de faire un peu précipité ! Mais je sais pas, tirer à l’arc, réparer un toit… Il y a bien quelque chose que je peux te faire faire et qui serait inédit pour toi ?! Et qui pourrait attendre qu’on aille prendre mon dossier d’inscription aussi. », le fixant, je voulais qu’aujourd’hui soit vraiment une bonne journée pour tout le monde et que ce mec ne soit plus qu’un lointain souvenir.