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 Second to the right, and straight on till morning. Feat. Sage

 :: Saison onze :: sujets et autres

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(#)Sujet: Second to the right, and straight on till morning. Feat. Sage  |   Mer 9 Déc - 17:17

Neverland
Never say goodbye because goodbye means going away and going away means forgetting.

Les murs ont tremblé, secoués par les rires et les chants nasillards de ceux qui entendaient célébrer la vie. Celle sur laquelle ils cracheraient sûrement demain mais cette vie qui, aussi si ce n'est même surtout, leur avait permis de tous se trouver. Eux qu'elle avait regardé d'un air attendri alors que, sans faire de bruit, elle s'était emparée des clés de la Porsche de Jay et s'était éclipsée. Ne s'arrêtant qu'une seconde sur le pas de cette demeure où il flottait comme le plus nostalgique des parfums. Certaines tignasses avaient poussé, d'autres s'étaient presque laissées dompter. Les corps avaient perdu leurs lignes enfantines pour se ciseler à cet âge adulte qu'ils avaient tous atteint quand bien même ils se refusaient encore si obstinément à l'admettre. Ils avaient grandi, mûri aussi.

Là, Jay racontait avec force détails sa première opération et les étoiles qui illuminaient son regard voulaient tout dire de sa passion. Deborah, feignait le dégoût et enchaînait sur ce prof avec qui elle ne cessait d'entrer en conflit. Il la trouvait insolente. Elle lui reprochait ses méthodes d'un autre temps. Tout cela sous les yeux de Mickey. Ceux qui débordaient toujours de cette chose qui ressemblait à s'y méprendre à de l'amour. Et Deeclan, lui qui était le plus âgé et le grand frère par excellence, surveillait la couvée d'un œil attendri et entre deux pages de son livre. Aislin sentit son cœur se réchauffer à cette scène rassurante. Comme l'un de ses plus beaux souvenirs.  Celui qui aurait pris la poussière mais qui, là et maintenant, s’extirpait doucement de son long et trop profond sommeil. Un souvenir qui reprenait couleurs et vie. Pas tout à fait cependant. Car à cette image d’Epinal il manquait un visage. Celui dont les traits s’esquissaient une fois encore dans l'esprit de celle qui avait alors tourné les talons et rejoint le bolide garé derrière la maison. Celui dans lequel elle ne monta pas, préférant finalement prendre la direction de la plage. Des escaliers qu'elle descendait lentement quand, dans un rire soupiré, deux enfants la bousculèrent. Ils s'étaient excusés de quelques mots et de leurs sourires espiègles puis ils s'étaient enfuis en courant vers la plage. A une autre époque. Sur un autre continent et sous une autre lune, cela aurait pu être eux. Cela avait été eux.

- Sage…

Son prénom qui, pour la toute première fois en cinq ans, franchissait la barrière de ses lèvres. Celles qui s’étiraient en un sourire qu'elle aurait sûrement maudit si elle en avait vu toute la tendresse. A ses tympans les échos alanguis de ce prénom qu'elle se détestait d'avoir ainsi eu la faiblesse de chuchoter. Comme une invocation païenne. Comme le sos jeté au vent d'un cœur qui n'en pouvait plus de grogner pour ne pas se laisser crever. Ses doigts qui se perdaient dans ce sable si fin où elle s'était laissée choir. A son poignet, les breloques de ses bracelets d'un côté et de l'autre un tatouage qui à lui seul hurlait incapacité de la jeune femme à oublier. Son refus, même, de laisser le temps lui arracher cela aussi. Lui parti qu'on lui accorde au moins la chaleur réconfortante de ces souvenirs. Ses genoux qu'elle ramenait maintenant à sa poitrine avant que d'y enfouir son visage.

- Tu me manques… Tellement…

Son regard qu'elle levait vers la lune. Ce croissant de lumière que, plus de soirs qu'elle ne put en compter, elle avait regardé. Quand elle échappait à la surveillance de sa mère, à la compassion parfois étouffante de ses amis et allait trouver refuge sur cette onde où, leur playlist déroulant en boucle dans ses oreilles et à califourchon sur sa planche, elle le cherchait. Dans ces souvenirs qui, comme ce soir, revenaient aiguillonner son cœur et son âme.  Dans les reflets opalescents de cette lune qu'ils aimaient à regarder ensemble avant. Et elle rit, là toute seule sur cette plage, alors qu'elle s'entendait murmurer cette phrase qu'elle adorait lui entendre dire

- Deuxième étoile à droite et tout droit jusqu'au matin.

Un soubresaut à l'organe en son sein chaud. Une larme qu'elle laissa rouler à sa joue et mourir à ses lèvres

- Pourquoi tu ne m'as pas emmenée ? Si tu voulais grandir alors nous aurions pu le faire ensemble ! Pourquoi tu m'as laissée ? Qu'ai-je fait pour mériter ça ?


Elle n'avait rien fait. Et Mickey le savait. Lui qui, s'inquiétant de la voir disparaître la veille d'une compétition, était parti à sa recherche. Sachant pertinemment qu'elle ne pourrait être que là. Peu importait le pays ou la ville ils étaient des enfants de l'onde. Des gosses qui, quand ils avaient besoin de solitude ou de paix, venaient la chercher au bord des flots. Et c'est en effet là qu'il l'avait trouvée. Au départ il avait voulu aller la trouver mais, quand elle avait prononcé son prénom, il avait reculé. Certain de ne pas être à sa place. Peu enclin, aussi, à la voir une nouvelle fois s'effondrer dans ses bras quand, comme il y avait cinq ans maintenant, il s'était fait funeste messager. Et aujourd'hui encore Mickey ne comprenait pas, ne comprenait rien ! Quelle mouche avait bien pu piquer Sage pour qu'il se tire ainsi ? Sans un mot, ni un appel à celle qui avait senti son monde s'écrouler.

Ash' ? Sage l'adorait ! Fallait être aveugle, sourd, con et lobotomisé pour pas le voir ! Et d'ailleurs, s'il lui avait demandé de veiller sur elle ces dernières années… Si chacune des insomnies de Sage et leurs alors si longues conversations en venaient toujours à demander, sans jamais vraiment oser le dire, de ses nouvelles c'est bien qu'il tenait encore à elle bon sang ! Alors, non, rien de tout cela n'avait de sens ! Et, lui, en avait plus qu'assez de voir ses deux amis malheureux chacun de leur côté ! Ils étaient des adultes, non ? Alors qu'ils agissent comme tels et se parlent ! Ça passera ou pas mais au moins, lui, ne sera plus coincé entre les deux. A ce jeu-là et les connaissant par cœur l'un et l'autre, c'est sur sa tête que cela allait finir par se retourner ! Ça, Mickey le sentait venir mais d'une force ! Son téléphone et sa voix qui feignit à la perfection la liesse quand, à l'autre bout du fil, son interlocuteur décrocha

- Hé mec ! Je suis en ville. Pour les series de demain. Un verre ça te dit ?

Évidemment Sage avait dit oui. Quelques minutes plus tard les deux amis d'enfance se retrouvaient dans un bar branché du centre ville. Quelques instants encore et Mickey invitait son pote à venir assister à la compétition. Quelques instants plus tard, enfin, Sage acceptait.

Mickey était satisfait. La journée du lendemain promettait d'être… infernale ou divine allez savoir ! Avec ces deux-là tout était possible !

~☆☆☆~

A l'horizon, le soleil n'était encore qu'un bien diffus et paresseux petit point encore paisiblement endormi dans les draps sombre d'une nuit agonisante. Bientôt il étirerait ses bras, fendrait de ses premiers feux un jour sur le point de commencer. Là-bas, au cœur de la ville, les honnêtes et si policés gens dormaient encore. Mais là, sur la plage la plus prisée des riders en tous genres, il y avait déjà foule. Les voitures se succédaient en un cortège chatoyant et bigarré. Sur les toits, à l'arrière ou sur les têtes des piétons les planches étaient partout. Et si entre les maillots et les combinaisons les cœurs semblaient encore partagés tous arboraient le même sourire impatient. Aujourd'hui se tenaient les dernières series avant une compétition hors du circuit traditionnel de la WSL mais qui promettait du beau spectacle. Celui où les figures emblématiques pour ne pas dire légendaires venaient se mêler et se confronter à ces pousses de champions. Ceux qui, demain, brillaient peut-être au firmament. Ambiance détendue et esprit bon enfant dans cette compétition ou le principal ennemi était surtout soi-même. D'ailleurs les véritables series ne commenceraient que demain. Aujourd'hui était comme une fête étrange où chacun pourrait s'offrir le plaisir de rider auprès des grands et des aspirants champions.

- Prête ?
- Comme si la question se posait seulement !

Avait répondu à Jay celle qui, sautant hors du bolide, ses lunettes de soleil sur la tête, laissait son regard embraser les horizons. Elle adorait ce moment où, le jour pas encore levé, les flammes des lampions illuminent une plage encore à l'heure de la fête et de ses excès. Sur l'eau ils étaient déjà quelques uns à avoir rejoint le line up et attendaient les monstres. Beaucoup avaient d'ailleurs opté pour leur gun présentant et sûrement à raison que les vagues seraient plus que bonnes. Le blondinet qui achevait de monter la fermeture de sa combi quand il rejoignait celle qui, déjà prête observait calmement ceux qui étaient pour beaucoup des amis de sessions mais qui, pour certains, seraient demain des rivaux.

- Mickey est parti super tôt, non ? Je ne l'ai même pas entendu râler sur la cafetière !
- Sans doute parce qu'il est pas rentré en fait.
- Monsieur découche ?
- Il m'a envoyé un texto pour dire qu'il passait la nuit sur le canapé d'un pote et qu'ils seraient là ce matin.
- Un pote ? Depuis quand Mickey a des potes à Miami ?
- Qu'est-ce que j en sais moi… Regarde dans l'eau il doit déjà barboter j'ai vu sa caisse de location en arrivant.

Aislin n'avait rien dit mais un frisson étrange était né à son échine alors qu'elle reportait son regard au loin. Il y avait tant de monde qu'il était difficile pour ne pas dire impossible de discerner qui que ce soit de son voisin de planche ! Elle riait en les imaginant tous en jolis petits palmipèdes matins quand le souffle lui manqua. D’un coup ! Si brusquement qu'elle crut recevoir un coup de poing au plexus. Son visage qui blêmissait alors que, noyée au milieu de toutes les autres, elle reconnaissait une silhouette. Ou, plus exactement une présence et un style. L'élégance des gestes, l'audace des figures… La fierté de sa tête quand il se redressait. Son souffle qui se précipitait tant qu'elle eut l'impression d'en manquer. Ses poings qui se serrèrent quand elle entendit Jay prononcer un nom. Un prénom plutôt.

- Sage ?
- On dirait bien…
- Ah bah putain ! Tu savais qu'il serait là ?
- A ton avis ?!

Avait littéralement vociféré celle qui, sans plus même être capable de réfléchir courrait jusqu'à cette eau dans laquelle elle les précipita sa planche et elle. Aislin avait mal. A ce cœur qu'elle aurait volontiers vomi tant elle le détestait de toujours tambouriner aussi fort pour lui. Lui qu'elle avait pleuré si fort qu'elle avait cru ses yeux taris à jamais. Erreur puisque, là et dans cette eau qui ne lui avait jamais parue aussi froide, Aislin pleurait. A chaudes et si grosses larmes que c'était à peine si elle voyait à plus d'un mètre devant elle. A ses tympans les rires étaient devenus ricanements et la journée qu'elle envisageait rêvée venait d'ors et déjà de virer au cauchemar.

- Ash ! Attends ! Ash !

Mickey avait bien tenté de l'interpeller, de l'appeler pour mieux la retenir. Mais la jeune femme ne voulait plus rien entendre. Elle était devenue sourde à tout ce qui n'était pas sa colère, sa fureur ! Elle était devenue aveugle à tout ce qui n'était pas sa rancœur. Ce qu'elle allait faire était contraire à tout ce qu'elle avait appris. Contraire à tout ce qu'il lui avait appris ! De toutes façons la vague qui s’annonçait était la leur. Aislin le sentait, le savait ! Cela faisait trois fois de suite que les big waves s'enchaînaient. Les plus sages s'abstiendraient, les plus aguerris avaient déjà sûrement pris les précédentes et ils ne prendraient pas le risque de charger à nouveau. Et, d’ailleurs, le line up se vidait. Ne laissant plus que lui. Lui dans le dos de qui elle se positionna. Avait-il senti sa présence ? Peut-être… Il s était retourné et, pendant une fraction de seconde, leurs regards s'étaient croisés pour mieux se fondre. Il était là… Il était là ! Devant eux elle arrivait. Sublime et puissante. De celles qu'ils adoraient dompter et embrasser. Ou, plutôt, qu'ils avaient adoré rider. Ensemble. Quand ils étaient amis, les meilleurs qui soient. Quand le singulier les faisait hurler de rire. Quand c'était ils et non lui et elle.

Avant.
Avant qu'il ne parte.
Avant qu'il ne gâche tout.
Avant qu'il ne les détruise, eux.
Sage avait fait un choix.
Aislin fit le sien.

Trois…
Deux…
Un…

Take off !

Et que le meilleur l'emporte !



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(#)Sujet: Re: Second to the right, and straight on till morning. Feat. Sage  |   Dim 13 Déc - 22:54

Sorry for now
After a while you may forget
But just in case the memories cross your mind
You couldn't know this when I left
Under the fire of your angry eyes
I never wanted to say goodbye


Encore un matin pour rider un peu. Sage avait cédé à l'idée de Mickey. Ils n'avaient pas vraiment dormi de la nuit. Pour une fois, Sage avait parlé. Beaucoup. Merde, il aurait jamais cru autant parler à son ami. Ils s'étaient endormis tôt sur le matin, vautrés sur le canapé de son studio aménagé chez son oncle, comme il leur était arrivé de le faire plus jeune, chez l'un ou l'autre, dans ce qu'ils appelaient tous à l'époque, le "vrac" ou le "tas"... L'aube les a réveillés et Mickey a insisté pour qu'ils aillent surfé, avant le début des cours - cours auxquels ils pouvaient très bien ne pas assister pour autant sans que ça pose problème. Sage aurait dû se méfier de l'enthousiasme de son ami un peu trop surfait.

Ils avaient mis leurs planches dans la voiture de Mickey et ils étaient allés surfer. Il y avait du monde sur la plage, mais Sage s'en moquait. Ils s'étaient mis à l'eau en blaguant, la fatigue de leur nuit blanche totalement envolée. Sage se moquait bien de l'affluence, de devoir attendre son tour. Il était étrangement calme et serein. Bercé par l'océan, le goût du sel sur les lèvres... En paix. Ouais, il était en paix dès lors qu'il était à l'eau ou sur sa bécane. Il regarda les autres se lancer sur les big waves, trois passèrent et les flots s'étaient un peu vidés. Seuls restaient quelques téméraires. Il le sentait, celle-ci était pour lui. Il sentit peser sur sa nuque un regard. Il se retourna et son coeur rata un battement quand il croisa le regard de la rousse. Il cligna des yeux pour faire disparaître le mirage, mais l'image subsista. Une fraction de seconde.

Elle était là. Elles étaient là. La mémoire musculaire prit le dessus. Pas le temps de niaiser. La vague est là et il est prêt. Il sent Aislin proche de lui, mais pour le moment, ils sont hors du temps, totalement hors du temps, hors de tout. Il ride et soudain, il a l'impression d'être revenu cinq ans en arrière, du moins dans sa tête. Poséidon doit veiller sur eux parce qu'ils sont là, magnifiques, puissants et invincibles. Comme s'ils étaient nés pour ça.

Et puis, le retour sur la terre ferme. Retour à leur condition de simples humains. Sage se rend compte que son coeur bat vite. Trop vite, même après avoir joué avec les vagues. Il la fixe, elle est si proche de lui, pourtant, il a l'impression qu'un immense fossé les sépare. Il voudrait lui parler mais les mots se coincent dans sa gorge, comme si une main invisible lui comprimait la trachée.

« Aislin... »

La claque explose dans ses tympans. Il ne s'y attendait pas vraiment et sa joue est cuisante. Il ne l'a pas volée. Il la mérite voir même il mérite pire que ça, mais quand il voit sa main se lever à nouveau, il la saisit avec douceur. Seulement. Il sait pas quoi dire d'autre.

« Je suis désolé... »

C'est presque un murmure qui lui échappe. Ils doivent un peu attirer l'attention, mais il s'en moque. Les mots se dérobent à sa volonté. Il re^lâche sa main et tant pis si elle lui en colle une autre. Il comprend mieux l'impatience de Mickey, la petite enflure. Il n'avait rien vu venir.

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(#)Sujet: Re: Second to the right, and straight on till morning. Feat. Sage  |   Lun 4 Jan - 16:13

Neverland
Never say goodbye because goodbye means going away and going away means forgetting.

La mémoire était une bénédiction quand elle ne venait pas du cœur. Quand, sur ces flots des plus mortels pour ceux qui n'y prenaient pas garde, l'illusion du bonheur présent ne s’effaçait pas, assassiné par la douleur d'un passé soudainement bien trop vivace. Lorsqu'elle l'avait aperçu, ses yeux étaient demeurés incertains mais pas son cœur. Lui avait su, bondi si fort en sa cage thoracique que la jeune femme avait bien cru que celle-ci n'y survivrait pas. Mais elle avait survécu, prolongeant un peu plus cet instant dont Aislin ne savait d'ailleurs plus dire s'il lui était délice ou supplice.  L'eau… cet élément dans lequel l'enfant d'avant-hier avait eu si peur de se noyer. L'onde… ces étendues immenses qu’hier seulement il lui apprenait à aimer. L'océan… ce royaume qui devenait aujourd'hui encore le leur quand dans un même élan et dans une harmonie que beaucoup leur envieraient, ils y jetaient leurs boards.

Leurs corps qui se dressaient en une si parfaite même seconde… Leurs mouvements qui se répondaient en un dialogue muet mais où le swell et ses déferlantes en étaient la meilleure des ponctuations. Rider sur une même vague était si bien déconseillé qu'interdit. Mais pas pour eux. Jamais pour eux qui avaient fait de leur vie… Leur vie… Celle qu'Aislin eut l'impression de retrouver alors que, les cheveux détrempés et collant à son visage, elle lui avait souri et en un réflexe trop ancré à ses chairs et à son cœur pour qu'elle l'oublie elle lui avait adressé le premier de ces signes qui n'appartenaient qu’à eux. Elle montait sur la lèvre et tentait son aerial et lui laissait le barrel. La figure était risquée, et les deux âmes sœurs se feraient sûrement sermonnés pour ce si mauvais exemple, mais si elle était réussie alors elle était de toute beauté. Réussie elle le serait, Aislin n'en avait pas même douté la plus infinitésimale seconde. Parce que c'était elle. Parce que c'était lui. Parce que c'était eux. Et que peu importait bien tous les mensonges qu'elle se racontait pour mieux le haïr Aislin savait que Sage n'aurait eu qu'un mot à dire pour qu'elle lui accorde de nouveau sa confiance. Un seul mot pour effacer cinq années de questions sans réponses. Cinq années où le doute et la culpabilité avaient été, plus encore que Mickey et leurs autres amis, ses plus fidèles compagnons. Cinq ans où elle avait cru tout faire pour l'oublier quand, elle réalisait à présent, n'avoir jamais que manqué de lui.

Mais la magie ne dure qu'un temps et déjà la vague se retirait, entraînant avec elle ces instants non pas volés au temps mais à une histoire sans doute bien trop lointaine pour être jamais rattrapée , réanimée. Alors qu'elle tirait sur son leash et récupérait sa planche le premier des regards de la rouquine fut pour celui qui, s'y étant préparé, l'attendait de pied ferme sur la plage. Tendant dans un mouvement brusque sa planche à Jay qui eut la sagesse de ne pas articuler le moindre mot Aislin avait ensuite couru vers celui qu'elle bousculait si bien de ses deux mains qu'il manqua de peu d'en tomber à la renverse.

- Tu savais… Tu savais et tu t'es bien gardé de me le dire ! Enfoiré !
- Evidemment que je ne t'ai rien dit ! Parce qu'aurais-tu fait si tu avais su hein ? Qu’aurais-tu fait Ash ?
- Très exactement ce que je vais faire maintenant : me casser !

Et elle allait d'ailleurs joindre le geste à la parole quand il avait de nouveau surgi devant elle. Sa peau ruisselante, ses cheveux collés à son front et à ses yeux… Ah ! Ses yeux… combien de fois s'était elle plue à s'y perdre, s'y noyer avec délice ? Combien de fois y avait-elle lu toutes ces choses, tous ces rêves qui lui avaient donné la force de continuer à avancer, la force de se relever ? Trop pour les compter. Trop pour les oublier aussi. Mais aujourd'hui Aislin ne savait plus les lire. Aujourd'hui elle aurait voulu …. Les lèvres de Sage qu'elle voit frémir. Il va parler. Non ! Qu'il se retienne, s'abstienne et se taise ! Mais il avait parlé. Enfoncé dans le cœur de la jeune femme la plus avérée des lames lorsqu'il la nomma. Son prénom sur ses lèvres … Que c'était encore cruellement trop doux !

- Non… non, non… Tu ne peux pas faire ça. T'as pas le droit Sage !

La colère. Celle qu'elle aurait aimé trouver mais qui lui faisait défaut. Aislin avait mal, tellement mal qu'elle ne trouvait plus ses mots, peinait à aligner seulement deux pensées. Alors elle l'avait giflé. Pour mieux lui hurler à la figure tout ce qu'elle ne saurait lui dire autrement. Elle l'avait giflé pour mieux tenter de ne pas verser ces larmes qu'elle pleura quand même l'émotion de le revoir étant bien trop forte. La main de Sage sur la sienne et elle qui, déjà, laissait leurs doigts se nouer. Des mots, encore, à sa bouche à lui et elle qui explosa en sanglots. Sa tête qui se secouait alors qu'elle sentait les larmes si bien rouler à ses joues qu'elle ne devait plus y voir à plus de deux mètres devant elle.

- Non, tu l'es pas ! Menteur ! Tu n'es qu'un menteur Sage ! Un putain de menteur !

Et elle l'avait repoussé lui aussi. Puis, sans plus rien écouter ni des uns ni des autres elle s'était précipitée vers ces flots dans lesquels elle plongeait de nouveau. Elle nageait sans même se préoccuper de ces surfeurs qui évoluaient autour d'elle et ne la voyaient certainement pas.

- Elle est folle ! Ils vont lui rentrer dedans ! C'est du suicide !

Mickey avait raison : c'était de la pure folie ! Jay se précipitait déjà vers les officiels pour tenter de faire stopper un instant les démonstrations. Il fallait empêcher les autres de choper leur vague ou Aislin allait finir par…

- Ash !

Mickey venait de hurler son regard pointé dans la direction où quelques secondes plus tôt se trouvait encore la tête de son amie. L endroit où, maintenant, il ne voyait plus rien. Il pestait tout bas, espérant la voir réapparaître mais rien. Aislin avait disparu.



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(#)Sujet: Re: Second to the right, and straight on till morning. Feat. Sage  |   Ven 8 Jan - 20:15
Voilà longtemps que Sage ne s'était pas aussi complet, aussi serein, même si après le ride viendraient les questions et le moment déplaisant.  Ce moment où il devrait affronter, confronter, Aislin. Il n'avait pas hâte, c'est vrai, de devoir assumer les conséquences de ses actes, les non-dits, le poids de ses erreurs. Aislin fut la première à toucher le sable. Sage la vit tendre sa planche à Jay avant de foncer sur Mickey. Il sortit à son tour et planta sa planche dans le sable. La claque lui fit moins mal que la colère d'Aislin. Elle n'avait pas besoin de parler pour qu'il comprenne. Elle avait raison. Il avait menti. Il n'avait pas vraiment eu le choix : Meredith ne laissait pas le choix. Il imposait. Comment un gamin aurait-il pu lutter ? C'était un rapport de force démesuré. Il s'était tu, la joue brûlante. La honte cuisante de son comportement visible sur son visage. Il avait essayé de la retenir mais elle s'était dégagée.
« Aislin, attend ! »
Mais la jeune femme ne l'avait pas écouté.  Elle avait foncé vers l'eau, sans écouter les cris de ses amis. C'était de la folie. C'était dangereux. Sage s'était figé, sans savoir comment réagir dans un premier temps. Le cri de Mickey lui ramena les pieds sur terre. Jay se précipita pour interpeler les organisateurs, mais ce ne serait pas suffisant, Sage le voyait maintenant.
Il fonça vers les flots, bien conscient d'agir de manière stupide mais qu'importe. Il se mit à l'eau sans hésiter, nageant en direction de la jeune femme. Il parvint à la rejoindre, manquant au passage d'être percuté par un rider qui l'insulta copieusement - même s'il n'entendit pas le détail des paroles. Il suffisait de les imagines. Il s'en battait royalement.
« Ash, putain ! »
L'inquiétude transparaissait quand même dans sa voix. Il la saisit à bras le corps pour la ramener vers la plage. Elle pouvait se débattre autant qu'elle le voulait ou même le frapper, il ne la lâcherait pas. Pas tant qu'elle serait loin de la terre ferme. Il la poussa vers le sable, légèrement, mais fermement, pas assez fort cependant pour la faire chuter, furieux.
« Tu ne peux pas faire ça Aislin ! »
Il était celui qui était censé faire les trucs stupides, d'eux deux. C'était lui qui foirait toujours tout de manière magistrale.
« Tu ne peux pas agir de manière inconsidérée ! De nous deux c'est toi le cerveau !»
Nous deux. Les mots étaient venus si facilement, mais il n'avait plus vraiment le droit de les dire. Mais c'était vrai. Elle était plus posée, plus raisonnable que lui. Bordel, il n'avait aucune envie d'attirer l'attention sur eux. Mais avec son action, c'était foutu. Ils allaient se faire remonter les brettelles par l'organisation, et probablement se faire rhabiller pour l'hiver aussi. Il repoussa ses cheveux en arrière. Il ouvrit la bouche pour prendre la parole avant de la refermer aussi sec. Non, mieux valait rester muet sur ce coup-là, avant d'aggraver son cas de manière irrémédiable.
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(#)Sujet: Re: Second to the right, and straight on till morning. Feat. Sage  |   Dim 10 Jan - 2:20

Neverland
Never say goodbye because goodbye means going away and going away means forgetting.

Ne pas l'écouter… Ne surtout pas le laisser les prononcer ces mots qu'elle n'avait que trop bien vu s’écrire à l'encre de ses yeux, s’ébruiter à la peau de ses lèvres… Non. Non ! La tête de la jeune femme s'était secouée plus frénétiquement encore que ne saurait jamais le faire celle d'une marionnette déglinguée. Et si le soleil de cette fraîche matinée de fin d'été était venu faire étinceler de leurs plus tristes feux des perles salines ce furent celles de ces larmes que la jeune surfeuse ne chercha pas même à retenir alors qu'elle plongeait, ondine désemparée, au cœur de ces flots bien trop fréquentés. Ces bras qu'elle lançait devant elle sans même se soucier de se les faire trancher par ces boards qui la frôlaient de bien trop près, ne parvenaient que de justesse à l'éviter. Ce corps vermoulu par une nuit trop courte et par une session bien trop intense. Son corps. Celui dont elle outrepassait les limites. Celui qu'elle aurait presque aimé voir renoncer, couler au fond des flots comme elle avait senti son cœur se noyer dans les déferlantes d'une histoire amère car inachevée. Crever pour ne plus éprouver. Crever pour ne plus penser. Crever pour…

- Dégage ! Putain dégage Sage ! Laisse-moi ! Tu n'as pas le droit ! Laisse…

Des mots qu’elle aurait aimé pouvoir hurler quand elle ne put que les murmurer, entre deux de ces gesticulations idiotes et vaines qui lui faisaient boire la tasse à chaque fois. Des mots qu'elle accompagnait de ces ruades guère plus malignes mais qui laissaient son sauveteur parfaitement indifférent. Elle le maudissait ! Elle le détestait ! Elle le haïssait tout autant qu'elle l'aimait. Elle l'aimait. Sans ces points de suspension qu'elle aurait aimés tant elle aurait pu s'y raccrocher comme à autant de ces doutes qu'elle se savait pourtant ne pas avoir. Elle l'aimait. Avec une force nouvelle qu'elle ne se connaissait pas et tremblait presque de se découvrir. Hier c'était une enfant qui avait pleuré la mort de son premier amour. Aujourd'hui… Elle l'aimait. Aujourd'hui c'était la femme qu'elle était devenue qui sentait son cœur tambouriner à son sein diaphane alors que, émergeant enfin de l'onde, elle sentit le sable sous ses pieds.

- Je fais ce que je veux ! Tu m'entends ?! Ce que je veux et quoique ce soit cela ne te regarde en rien !

La colère de la rouquine flamboyait plus encore que sa chevelure et tandis que, le souffle trop court et les jambes flageolantes, elle se retournait en direction de celui vers qui elle revenait au pas de charge et bousculait même d'une main à son épaule alors que les mots suivants qu'il prononça vinrent la gifler plus fortement qu'elle ne l'avait fait de sa main et sur sa joue à lui quelques minutes plus tôt .

- Nous deux ? Nous deux ?! Mais ça n'existe plus ça ! Comment oses-tu seulement parler de Nous deux ?! C'est un comble ! Tu as piétiné mon cœur, mes sentiments ! Tu as tout foutu en l'air ! Notre amitié ! Notre complicité ! Notre Histoire !

Un regard empli de foudres alors qu'elle reculait, s’emmêlait les pinceaux et tombait à la renverse dans un glapissement de surprise puis de douleur. Elle qui ne se redressait que pour mieux se mettre à genoux devant celui à qui elle demandait, implorait de ses grands yeux noyés

- Pourquoi tu as fait ça Sage ? Je t'aimais.

Une pause alors que Mickey et Jay se précipitaient vers eux et les couvrait de serviettes. Une pause alors que les officiels ventripotents se précipitaient à leur tour.

- Pourquoi tu me fais ça aujourd'hui Sage ? Tu veux terminer ce que tu as commencé ? Vas-y ! Détruis-moi ! Ce sera si facile pour toi !

Une larme. Celle versée par ce cœur qui se livrait.

- Je t'aime encore…

La tornade de ces jurés et sponsors qui furieux venaient leur passer un sermon que la surfeuse ne comprit pas, n'écouta pas même. Là, agenouillée dans le sable humide, perdue dans cette serviette avec laquelle Mickey tentait de la frictionner pour mieux la réchauffer. Là Aislin n'était plus qu'une enfant. La surfeuse venait de tout perdre. La saison était finie pour elle. Ses sponsors la lâcheraient sûrement dans l'heure suivante. Et sa fierté… elle n'en avait plus la moindre petite once. Elle l'avait regardé. Cette fois il n'y avait plus rien à détruire. A moins que…

- Explique moi… Parle-moi… Dis-moi aujourd'hui ce que tu n'as pas voulu me dire hier. S'il te plaît Sage… parle-moi… Je me doute que tu ne m'aimes plus mais… S’il-te-plait… Prouve-moi que je n'ai pas rêvé tout ça ! Nous nous sommes aimés… non ?

Sa tête qui se baissait et ses poings serrés qui frappaient le sable à s'en ouvrir et à faire perler son sang.

- Parle-moi… Pitié… Parle-moi...




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