Eleanore&
Spencer

Aujourd’hui, Miami était en fête, enfin façon de parler. Ce n’était pas un gigantesque évènement, mais cela restait tout de même un évènement qui plaisait à Spencer. Il allait pouvoir s’adonner à sa passion : la photographie. En effet, sur la plage devait se regrouper des professionnels du cerf-volant. Spencer ne savait même pas comment on appelait une personne pratiquant cette passion, mais il s’en fichait un peu. Ce qui l’intéressait lui, c’était de voir ces gigantesques formes volaient dans le ciel bleu de Miami. Cela donnerait de superbes clichés, il en était sûr ! Il avait enfilé une tenue adéquate et plutôt vacancière. Par sécurité, il préféra laisser son chier dans sa caravane. S’il y avait trop de monde, il ne pourrait pas à la fois prendre des photos et le surveiller.
Spencer se rendit à l’évènement tôt le matin pour voir l’installation de ces énormes cerfs-volants. Il n’était pas déçu ! Il venait chaque année et se régalait toujours autant, tel un enfant. Le jeune homme se félicita d’être venu si tôt. Il avait réussi à prendre ces géants du ciel en photo facilement. C’est vers 11h que les gens commencèrent à arriver. C’était surtout des couples avec des enfants. Des enfants totalement subjugués par ce qu’ils voyaient.

Spencer continua à se faufiler entre les passants et les professionnels pour prendre d’autres clichés. Il allait passer l’après-midi à tout trier, c’était certain. Il prit quelques clichés de petits amateurs qui essayaient de faire voler leur petit cerf-volant. Apparemment des passions étaient nées. Le vent qui soufflait était heureusement propice à ce genre d’activité. Le jeune homme venait de trouver un modèle parfait, mais il fallait maintenant trouver l’angle et c’est tout naturellement qu’appareil photo en main, il recula sans prêter attention à ce qui se trouvait derrière lui. Avant même qu’il ait pu prendre sa photo, il renversa un gobelet sur une passante. Et mince. Il se retourna rapidement, essayant de rattraper le gobelet, mais il n’était pas assez rapide et ce dernier s’esclaffa sur le sable chaud avec un bouquin. « Je suis vraiment désolé. » dit-il en se précipitant au sol pour ramasser le gobelet vide et le livre.

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Mon père m'a donné mon après-midi aujourd'hui, il est revenu à la librairie ce matin et m'a récompensé pour mon bon travail en son absence. J'ai bien essayé d'insister pour rester avec lui mais rien n'y a fait. Il est têtu comme pas possible et le pire c'est que je tiens ce trait de caractère de lui. Il m'énerve des fois mais que serais-je sans lui? Probablement pas grand chose, pour ne pas dire rien. C'est en soupirant que je franchis la porte de la boutique et je laisse alors mon père s'occuper des clients et de la mise en rayon.

Je réfléchis à ce que je pourrais bien faire et décide finalement d'aller à la plage pour bouquiner un peu. Sur la route, je passe par le Starbucks pour me prendre un bon thé et c'est parti direction la playa ! J'espère que je pourrais trouver un coin tranquille. A cette heure-ci ça va peut-être être un peu compliqué mais tant pis, si c'est trop bondé, j'irais ailleurs. C'est les yeux vissés sur mon bouquin que j'arrive en bord d'océan. What the ... Moi qui pensais être un peu tranquille, ça va être râpé. Je vois une foule amassée là et plein de cerfs-volants dans les airs. C'était peut-être de ça dont me parlait papa ce matin. Si seulement j'avais écouté. J'essayais de me frayer un chemin à travers tous les badauds quand ... Aie ! C'est moi qui suis rentrée dans quelqu'un ou c'est le quelqu'un qui m'a percuté ? Je ne savais même pas. La personne s'excuse et je me rends compte que mon gobelet est parterre ainsi que mon livre. Faut vraiment que j'arrête de lire en toute circonstance et arrêter d'être constamment dans la lune. Je n'ai pas le temps de bouger que l'homme ramasse ce qui est au sol. Merci ! Je suis vraiment désolée aussi je ne vous avais pas vu ... C'est quand il se redresse complètement que je remarque que je le connais. Je n'oublie pas de si tôt un visage, surtout s'il est passé dans ma librairie. Mais, je me souviens aussi très bien de notre échange et du fait qu'il ne voulait pas de mon aide, qu'il a plutôt pris pour de la pitié. Mon sourire se dissipe quelque peu et je m'apprête à repartir ne sachant pas vraiment quoi dire. Je passe la foule et vais me trouver un coin plus tranquille tout en observant ces géants du ciel virevolter avec habilité dans les airs.

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Spencer, comme souvent, avait décidé de passer son temps libre à photographier. Et aujourd’hui, il avait une belle occasion pour réaliser de beaux clichés. Sur la plage, tout un tas de professionnel s’activait pour faire voler des cerfs-volants. Mais attention, pas de vulgaires cerfs-volants qu’on pouvait trouver dans la supérette du coin pour satisfaire les enfants sur la plage, non, de vrais cerfs-volants gigantesques ! On pouvait même se demander comment ils arrivaient à rester en « lévitation » dans le ciel. Par chance, ce jour-là, le vent aidait ! Il y avait des cerfs-volants de toutes formes et de toutes couleurs ; du plus banal au plus atypique. Spencer se régalait de contempler un tel spectacle. De plus, en étant arrivé tôt, il avait pu assister à un autre spectacle, tout aussi intéressant. La mise en place des cerfs-volants. Cela avait pris énormément de temps. Chaque participant avait étalé dans un premier temps leur toile sur le sol. Même si vu d’en bas, on se doutait que les cerfs-volants étaient immenses, quand on les voyait dépliés sur le sol, ils semblaient bien plus imposants.

Spencer pris donc tout un tas de photos des cerfs-volants, des spécialistes et des amateurs. Il allait d’ailleurs prendre un de ces derniers en photos quand il recula et heurta quelqu’un. Sans le vouloir, il lui fit tomber son gobelet et son livre. Il ramassa le tout, tout en s’excusant. Il était parfois très maladroit. Il allait proposer à la personne en question de lui payer un autre verre, pour se faire pardonner. Mais ça, c’était avant de croiser le regard de cette fameuse personne. Il y avait tout un tas de personnes sur cette plage et pourtant… Visiblement, elle aussi la reconnu et aucun des deux n’a très envie de parler. Okay. Au final, c’était surement mieux. Au moins, ils n’avaient pas à aborder le malaise de leur dernière rencontre. Il allait tout de même à nouveau s’excuser, car c’était lui qui n’avait pas regardé et avait fait malencontreusement tomber son gobelet. Il n’en n’eut pas le temps. La jeune femme passe à côté de spencer et contourne la foule. « Euh… okay » se dit Spencer pour lui-même. Et alors qu’il se retourne de nouveau pour observer son mannequin du jour, il s’aperçoit que se dernier à filer. « Fais chier ! » Oui, il était déçu ! Comme à chaque fois qu’il loupait un cliché.

Néanmoins, il ne perd pas espoir et retourne dans la foule prendre quelques photos supplémentaires. C’est au bout d’un bonne demi-heure, fatigué par ses allers-retours au milieu de la foule qu’il décide de s’éloigner de tous ces gens pour s’assoir près de l’eau. Il adore entendre le bruit des vagues se briser sur le sable. Il en profite pour jeter un coup d’œil à ses photos du jour.

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Mon regard est fixé sur le ciel pendant un long moment. J'admire la grâce et les figures spectaculaires des cerfs volants quand quelque chose me distrait. Je ne saurais dire quoi mais mes yeux se posent sur le jeune homme croisé plus tôt, le même qui était venu à la librairie. Il est tout proche de l'eau et regarde son appareil photo. Je détourne le regard mais je reviens vite sur lui. Il m'a beaucoup intriguée l'autre jour, vexée aussi mais je ne suis pas rancunière pour un sou. J'essaye toujours de positiver et je passe rapidement à autre chose quand je vois que ça ne va pas. C'est dans cet état d'esprit que je me lève pour me diriger vers lui. Au fil de mes pas, je me demande bien comment je vais l'aborder et une fois devant lui je ... Je ne savais pas vraiment quoi dire tout à l'heure ... Mis à part que maintenant vous me devez un thé ? J'hausse les épaules avec un léger sourire sur les lèvres. Il me rend mon sourire et je me détends quelque peu. J'étais stressée par sa réaction, il aurait pu aussi bien fuir comme l'autre jour. Est-ce que je peux m'installer à côté de vous ? Il me répond et je prends place. Vous êtes venu pour prendre en photo la compétition de cerfs-volants ? J'en n'avais jamais vu autant avant aujourd'hui. C'est assez fascinant ! Avec ma maladresse légendaire je vous emmêlerai tout ça bien vite et je ferai tout foiré pour sûr ! C'était rien de le dire. Ça aurait été un carnage et je me serai fait virée ! Le vent y fait pour beaucoup mais je regarde depuis tout à l'heure l'habilité qu'ils ont tous à les manier ! Je manquerai cruellement de coordination pour faire ça ! Puis ne pas regarder mes pieds quand je me déplace, toujours regarder en l'air je ferai tomber tout le monde ! Je pense à voix haute, bien souvent, trop souvent peut-être ? Je me rends alors compte que je peux gêner mon voisin. Je parle beaucoup oui si ça vous dérange je peux me taire. Ou du moins essayer ... Je me mords la lèvre un peu avant de reprendre la parole. Est-ce que je peux regarder ? Je pointe du doigt son appareil encore allumé. Bavarde ET curieuse ! Le pauvre il n'allait pas se défaire de moi si facilement ce coup-ci ...

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Miami était une grande ville et normalement, il était rare de recroiser des inconnus. Pourtant, Spencer venait de retomber sur la seule personne qu’il n’avait pas envie de voir. Il ne connaissait pas vraiment cette femme et elle devait avoir des bons côtés, c’était certain. Cependant, leur dernière entrevue c’était plutôt mal passée et il n’avait pas besoin que tout lui rappelle qu’il ne savait pas lire ! En plus de ça, il avait loupé sa photo.

Après une bonne trentaine de minutes, le jeune homme décida de s’installer au bord de la mer afin de pouvoir examiner ses photos. Il en supprime quelques-unes qui n’ont aucun intérêt et mémorise le numéro de celle qu’il va modifier informatiquement. Autant en ce qui concerne les lettres, son cerveau lui fait défaut, autant pour les chiffres, il n’a aucun problème. Heureusement d’ailleurs, car il déjà compliqué de travailler sans savoir lire et écrire correctement ! C’est une voix qui le sort de sa réflexion. Il lève la tête pour voir son interlocutrice et est surpris. Il ne s’attendait pas à ce que la libraire, avec qui il avait été désagréable quelques semaines plus tôt et à qui il avait fait renverser sa boisson, vienne à sa rencontre. Elle n’a pas l’air en colère contre Spencer. Au contraire, elle prend même le temps de blaguer. Ce qui détend considérablement l’atmosphère. « J’en prends note. » dit-il dans un léger sourire. « Bien sûr, la plage est à tout le monde. » Et bien que ce soit une réalité, il apprécie le fait que la jeune femme lui demande la permission. Il espère simplement qu’elle n’est pas là par rapport à son dernier achat chez elle.

La jeune femme semble bavarde, tout le contraire de Spencer, mais ça ne le dérange pas. Il préfère écouter plutôt que de faire la conversation surtout quand il ne connait pas la personne. D’ailleurs Spencer n’a même pas le temps de répondre à sa question que la jeune femme reprend la parole. Ce qui lui arrache un sourire. « En effet, vous parlez beaucoup. » affirme-t-il. Bien que le mensonge soit chose aisée chez lui, il n’a aucun intérêt à mentir à ce moment-là. Néanmoins de peur de vexer la jeune femme, il rajoute « Mais ça ne me dérange pas. » Elle n’a pas l’air offusquée par cette révélation et demande même à voir ses photos. « Vous vous y connaissez ? » demande-t-il en lui tendant son appareil photo. Cela ne le gêne pas de montrer son travail. Au contraire, il apprécie connaitre les avis des gens. Puis la critique constructive fait toujours avancer, non ? Après bien évidemment, quand on ne s’y connait pas forcément, la critique est aisée. « Je… Je suis désolé pour la dernière fois. » dit-il finalement tout en regardant l’horizon. « Je préfère juste me débrouiller seul. » Ce n’était forcément la meilleure chose à faire, surtout dans ce cas-là, mais Spencer s’était toujours débrouillé seul et c’était devenu une habitude chez lui.