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 Is this called "opportunity" ? (05.05) ft. Zahra

 :: Saison douze - treize :: sujets et autres

Dean Hassani
Dean Hassani
Desigual

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- feat. & crédit : Phoom Naret Promphaopun
- anniversaire : 19/11/1994
- activité : Il a longtemps rencontré des difficultés, et le manque de motivation l'a conduit à s'engager très tôt dans l'armée. Aujourd'hui, il a l'honneur et la fierté de faire partie d'un bataillon des forces spéciales américaines. Au grand damne de ses parents adoptifs, il s'est même décidé à gagner du galon. .
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(#)Sujet: Is this called "opportunity" ? (05.05) ft. Zahra  |   Ven 30 Avr - 11:24
Dean était de retour de sa formation depuis vendredi, mais les heures passées auprès de ses parents s'étaient comptées sur les doigts d'une seule main. Étrange, me direz-vous, pour quelqu'un qui avait ressenti le besoin de se rapprocher des membres de sa famille, et qui avait fait vœu de passer permissions et congés sur Miami pour ce faire. D'autant plus que le mois du ramadan avait débuté depuis quelques semaines, et que c'était l'opportunité rêvée pour partager de bons moments familiaux et amicaux à la rupture du jeûne. Seulement voilà, deux mois avant, Dean avait décidé de donner réponse au mot de Saint Valentin révélé par Nightmare, dont l'émettrice n'avait été autre que Yaël. Des échanges malaisants avaient laissé place à l'envie de tenter l'aventure. Tous deux avaient décidé de mettre de côté leurs anciens déboires amoureux et de donner une chance à un nouvel horizon qu'ils espéraient moins sombres, moins douloureux.

Le soldat avait été enfermé à la base de Macdill pour espérer une promotion en tant que sous-officier des forces spéciales, mais avait eu la possibilité de contacter l'australienne par messages, appels et quelques visio. Ils n'avaient que très rarement quitté leur téléphone, soit pour raisons professionnelles, soit parce que l'endroit où était jeté Dean ne lui permettait pas d'obtenir un réseau assez conséquent pour garder le seul lien virtuel qui les liait. La difficulté résidait dans la distance, alors, pour pallier aux semaines compliquées qui les tenaient éloignés l'un de l'autre, Yaël n'eut aucune hésitation à lui proposer de passer ses vacances à son appartement, - ou tout du moins une bonne partie -. Une première pour le jeune homme qui n'avait jamais osé s'absenter du foyer de ses adoptants à Brickell une nuit entière. Pour autant, il accepta.

Il était conscient des concessions qui allaient lui être demandées, et de l'équilibre entre leurs deux cultures qu'il allait falloir trouver. Yaël était chrétienne, mais peu pratiquante, quant à lui, il avait toujours fait de son mieux pour correspondre à ce qu'on appelait communément « un bon musulman ». Bien entendu, il avait, comme beaucoup de ses compères, une interprétation des textes qui lui était propre, mais ça il ne devait des comptes qu'à Lui, et Lui seul, son unique Dieu. Heureusement, sa nouvelle copine le connaissait depuis assez longtemps pour accepter sa spiritualité et sa religion, tant et si bien qu'elle était volontaire à ne pas enfreindre trop de principes qui avaient construit l'homme qu'elle semblait apprécier de plus en plus. Ils connaissaient des hauts et des bas, mais c'était pour mieux se forger un avenir commun.

Pour autant, Dean avait décidé que c'était le moment qu'il fasse une réapparition chez ses adoptants, et leur consacre, à eux et à sa sœur âgée de deux ans de plus, un peu de son temps. Il avait quitté Yaël en lui promettant qu'il serait là à son retour du travail le lendemain, et qu'ils passeraient les prochains jours, les prochaines nuits, ensemble, sans exception. Il avait parcouru le chemin, tantôt à pieds, tantôt en métro, qui séparait l'endroit où il avait élu domicile cette fois-ci, à celui où il résidait habituellement. Quinze minutes plus tard, il avait retrouvé le quartier où il avait grandi, avec ces grands immeubles résidentiels, non loin du quartier des affaires où les riches vaquaient à de belles occupations ; un contraste qui avait toujours surpris, d'ailleurs. Il avait croisé quelques voisins du maghrib de vingt heures, lui rappelant qu'il était en retard.

Vingt heures vingt-huit, il sortit de l'ascenseur et se retrouva dans le couloir défraîchi qui menait à la porte de l'appartement des Hassani. Il n'eut pas besoin de sortir son trousseau de clés, car, en période de ramadan, et en pleine rupture du jeûne, il était rare que ses parents ferment la porte à double tour. Pourquoi ? Parce qu'ils avaient pour coutume d'accepter à leur table qui voudrait se joindre à eux ; le partage était un mot qui avait énormément de sens en cette période sainte. Il attrapa alors la poignée et l'enclencha. Le bruit ne sembla pas déranger les hôtes qui paraissaient se trouver dans une sérieuse conversation avec quelques invités. Pour autant, Dean n'hésita pas à s'annoncer dans la langue que ses parents lui avaient enseigné : le persan. Je suis rentré, lança-t-il en retirant ses chaussures.

Dans ce petit renfoncement, aucune vue, pas même partielle, ne donnait sur la pièce de vie. Le silence fut le premier à l'accueillir, et lorsqu'il pénétra dans la salle à manger, gai comme un enfant rentrant d'une semaine d'internat, son éclat se figea lorsqu'il découvrit les grands yeux surpris des Hassani. Il les observa furtivement avant de tourner son regard foncé sur les personnes qui faisaient face aux résidents principaux du logement, et il n'en crut pas ses pupilles. Là, devant eux, se trouvaient quelques membres des Khouri, et plus particulièrement Zahra qui, jadis, eut été la seule demoiselle à compter dans sa vie. Son sourire s'affaissa quelque peu, mais il n'en perdit pas la politesse. Alors en kurde, - langue que les membres de l'autre famille utilisait au quotidien -, il salua l'assemblée d'un « bonsoir » actif ; s'il avait su, peut-être aurait-il demandé la permission...

Il ne porta pas plus que ça ses yeux bridés sur la fille Khouri, mais il l'aurait reconnue entre mille malgré les quelques années qu'elle avait pris, - qu'ils avaient pris -. Soraya, sa sœur aînée, compatit dans le silence de mimiques gênées, entre autres. Quant à ses parents, ils auraient préféré lui éviter ces retrouvailles inespérées, mais ne montrèrent aucun soutien à leur fils adoptif ; après tout, cette rupture, il l'avait cherché en s'engageant à l'armée, pas vrai ? Je vais chercher les autres plats, décida maman Hassani de relancer le dîner. Laisse, coupa Dean, toujours en persan, je dois passer à la cuisine pour me laver les mains, - rituel d'hygiène et de purification -, je les apporte en même temps. Il s'excusa d'un hochement de tête et tourna les talons pour rejoindre la pièce adjacente.

Et, une fois qu'il eut rejoint l'évier, une seule expression sortit d'entre ses lèvres : fait chier !    

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LMLYD
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Sienna J. Scott
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(#)Sujet: Re: Is this called "opportunity" ? (05.05) ft. Zahra  |   Sam 15 Mai - 0:47
Is it called "opportunity"?
Medhi & Zahra
@Dean Hassani

Je ne travaille pas à l'hôpital ce soir. Mes parents m'avaient prévenu quelques semaines auparavant qu'on ferait une rupture de jeune chez les Hassani. En ce mois de Ramadan, il n'était pas rare que l'on s'invite les uns, les autres et cela durait depuis un long moment déjà. C'était même comme ça que j'avais rencontré Mehdi. J'ai encore un pincement au cœur en pensant à lui, même après tout ce temps et ce que j'ai fait. Je pense que je l'aurais encore longtemps. Mais là, on m'a rassuré, il ne devrait pas être là. Pas de gêne, pas de malaise. Je me prépare alors sereinement. Une tenue classique mais assez belle pour l'occasion, des petites ballerines assorties et mes cheveux ondulés tombant sur mes épaules . Depuis que je travaillais à l'hôpital, j'avais quitté le hijab. Ma famille ne m'avait pas forcé à le garder et ça m'allait bien comme ça. Une fois prête, je rejoignis les miens, en bas pour qu'on puisse partir. Je vis le regard de mon père et je fis signe que non. Je prends mon vélo ! Toujours ! Il se mit à rire et demanda au reste de la famille de monter en voitures. Pas moins de deux étaient nécessaires maintenant avec mes frères, leurs compagnes et mes deux neveux, Icham et Zayn. Des petits jumeaux de deux ans fils de mon frère aîné Hachim et Reina. Je les adore ces petits monstres. Ils nous en font voir de toutes les couleurs mais on les aime. Je les laisse partir alors que je sors mon vélo du garage. Je les rejoindrais par les petites rues et les chemins de traverse que je connais par cœur. C'est pour ça que je me déplace tout le temps comme ça on est plus libre qu'en voiture.

J'arrive quelques instants après mes parents devant l'immeuble où vivent nos amis. Ils m'attendent gentiment pour ne pas que j'entre seule. C'est donc ensemble que nous montons jusqu'à l'appartement des Hassani. Ma mère n'avait pas omis d'apporter quelque plats typiques de notre pays, la Syrie. Bien que je sois née ici, à Miami, je me sens Syrienne. Je parle kurde avec ma famille et anglais avec les autres. Je prends d'ailleurs volontiers un accent kurde quand je parle anglais. J'ai ce sang d'Orient dans mes veines et j'en suis fière. Je suis fière de mes origines. Comment pourrait-il en être autrement ?

Devant la porte, mon père frappe et une des sœurs de Mehdi vient nous ouvrir. Elle nous emmène directement dans le salon, nous saluons tout le monde dans un respect profond et mutuel. J'accompagne les femmes dans la cuisine et j'aide quand il le faut. Je suis rassurée de ne pas voir la famille Ramza. J'aurais été mal à l'aise de voir Ilyès. Celui à qui je suis promise. Rien que d'y penser j'en ai des frissons. Je n'en reviens toujours pas et j'essaye de me dire que ce n'est pas réel mais ... Ça sera lui mon futur et je ne le sais que trop bien. Je chasse cette pensée de mon esprit alors qu'on installe tout à table, dans la salle à manger. Je discute un peu avec la sœur aînée de mon ex copain. Ça me change vraiment les idées et je peux enfin me détendre. Cet instant fut cependant trop court quand j'entendis sa voix. C'est pas vrai on m'avait dit que ... Je reste bête quand je le vois devant moi. Il nous salue en kurde mais j'ai les lèvres scellées. Il ne devait pas être là. M'aurait-on menti ou ses parents ne savaient pas. Ils ont l'air surpris aussi alors j'en déduis qu'ils n'étaient pas au courant. J'essaye de me reprendre et mes yeux quittent son visage. Je sens mon cœur s'emballer plus que je ne le voudrais. Sa mère veut aller chercher le reste des plats mais il se dévoue pour y aller. Je le vois s'éloigner dans la cuisine. Ça serait trop d'aller le voir maintenant mais ... Je me lève et je le rejoins. Je reste dans l'entrebâillement de la porte. Je ne savais pas. On m'avait dit que tu ne serais pas là. Je ne voulais pas ... Si ça te dérange que je sois là, je peux aussi bien partir. Je ne veux pas de malaise et encore moins gâcher ta soirée. C'était sincère. S'il le souhaitait je pouvais partir. Il y aurait d'autres moments comme ça ce n'était pas grave. Ses moments à lui avec sa famille étaient plus rares et je ne voulais pas en entacher ne serait-ce qu'un seul.

ROGERS.
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Dean Hassani
Dean Hassani
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(#)Sujet: Re: Is this called "opportunity" ? (05.05) ft. Zahra  |   Lun 17 Mai - 15:10
Des tonnes de plateaux servant des mets délicieux se trouvaient devant ses yeux, mais ils ne semblaient pas lui donner de l'appétit. Dean ne les vit même pas. Sa première réaction, une fois seul, avait été de s'accrocher au bord d'un meuble et de laisser un juron quitter ses lèvres en un murmure. La présence des Khouri dans l'appartement de ses parents avaient été une surprise, car même si les deux familles s'étaient longtemps côtoyées, la rupture de leurs enfants aurait dû sonner le temps mort. Il n'en avait été rien, et ils paraissaient tous vaquer à leurs discussions comme si rien ne s'était jamais passé. Cette scène lui avait été douloureuse, autant que la souffrance qu'il avait enduré et ressenti des années durant à la suite de sa séparation avec Zahra.

Zahra, elle n'avait pas vraiment changé. Bien que l'âge gagné lui avait confié des traits plus mâtures, et lui avait affiné les démarcations du visage, elle n'avait perdu aucune des expressions qu'il lui avait connu. Ses cheveux étaient toujours ondulés, comme cette première fois où il avait eu l'occasion de les voir et les toucher dans un moment qui leur avait appartenu, et ses yeux perçaient tout ce qu'ils touchaient de leur bleu intense. D'ailleurs, d'un bleu intense, Yaël aussi en était dotée. Il s'agita subitement à la recherche de son téléphone portable. Il passa d'une poche à l'autre jusqu'à le sortir. Il tapota sur le clavier afin d'atteindre le prénom de sa copine dans le répertoire, et ouvrit un message. # [Tu ne devineras jamais qui est ici.] eut-il écrit, mais...

La voix de la Syrienne jaillit de l’entrebâillement de la porte, ce qui l'empêcha d'envoyer le SMS à l'interne en médecine. La tête tournée vers Zahra, il sortit : tu plaisantes, j'espère. Voyons, n'y pense même pas. On n'a plus quinze ans, je peux tout de même tenir ta présence ici. Entre temps, son pouce avait effacé chacun des mots qu'il avait noté, et il rangea son téléphone là où il l'avait trouvé . C'était sans doute mieux ainsi, de quoi préserver Yaël et lui éviter de s'inquiéter pour une chose aussi futile que... la présence de son ex chez ses parents, sur le point de dîner à la même table que lui. Et puis t'es invitée après tout, ça serait mal venu de te pousser à prendre la porte, n'est-ce pas,  lui adressa-t-il, un sourire gentillet sur les lèvres.

Je vois que vous avez encore fait fort cette année, détourna-t-il le sujet de conversation sur les diverses recettes qu'ils avaient apporté au domicile de ses adoptants. Il n'y avait plus de place disponible pour un plat supplémentaire. Les plans de travail étaient occupés, au même titre que le couvercle de la gazinière et le dessus du réfrigérateur. Je me lave les mains, et tu m'aides à réchauffer tout ça, demanda-t-il à l'unique fille de la famille Khouri. Elle était libre de refuser, bien entendu. Il alluma le jet de l'évier et utilisa le savon solide pour se frotter doigts et paumes. Je ne savais pas que tes parents continuaient à venir ici pendant le ramadan, avoua-t-il ; et peut-être en-dehors du mois saint aussi ? Il n'en serait presque pas surpris, après tout.

C'était une façon de savoir si les choses étaient restées les mêmes, ou si, à cause de la fin de leur relation, les visites avaient été moins nombreuses, voire quasi-inexistantes. Je pensais qu'ils auraient été en colère, ajouta-t-il sans en ajouter davantage. Il était vrai que leurs parents respectifs avaient fortement spéculé sur l'avenir du couple, et avaient déjà imaginé leur futur ponctué d'un mariage et de plusieurs enfants. Forcément, il n'en avait été rien, malgré le temps qu'ils avaient passé à s'aimer. De voir toutes ces années gâchées à cause de mon engagement dans l'armée, détailla-t-il sa pensée, tout en s'essuyant les mains. Il n'avait pas pris un ton méprisant, plutôt un de ceux que l'on qualifiait de compréhensif et d'empathique vis-à-vis des Khouri.

Tout ce qui touchait à la guerre était répulsif, parce que la guerre, comme exercée à l'universel, ne respectait aucunement le code inscrite dans le Coran. Tout type de personnes était tué, que ce soit des faibles, des femmes, des enfants. Le premier camp à avoir débuté les hostilités n'était jamais le même, que l'on se place d'un côté ou de l'autre du front, ce qui pouvait insinuer que les soldats américains étaient dans le faux, manipulés sans scrupule par le mécréant de l'histoire. Le métier de Dean donnait parfois mission à capturer et forcer la parole de manières peu légales, mais surtout à se retrouver face à des « frères et sœurs » de confession et à les assassiner sans hésitation. Alors oui, ça pouvait n'avoir rien de glorieux à leurs yeux.

Je suis heureux de voir que nos parents aient réussi à passer outre tout ça, fit-il, parce qu'à y réfléchir plus mûrement, il se serait senti coupable d'avoir brisé une aussi longue amitié. Tant que ça ne te dérange pas toi, bien sûr, reprit-il, parce qu'il ne voulait pas qu'elle se sente mal à l'aise de revoir ceux qui auraient pu devenir sa belle-famille à un moment donné de leur histoire. Il tapota la matière de l'évier de ses pulpes, ce qui laissa une légère sonorité briser le silence qui s'était installé puis il la pressa : allez, sinon ils vont nous incendier. Il plissa les yeux et mit en marche le four pour donner un coup de chaud à tous les plats qui contenaient de la viande halal. Cent quatre-vingt ou deux cent dix, tu penses, l'interrogea-t-il alors qu'il se trouvait devant le bouton.

La réponse obtenue, il programma le tout pour dix minutes. Tu peux mettre deux plats dans le micro-onde normalement, lui indiqua-t-il en poussant son menton vers le dit appareil, ils l'ont fait réparer, logiquement ça chauffe bien. Oui, parce qu'il avait été hors de question d'en acheter un nouveau, de l'argent inutilement jeté par les fenêtres comme le disait si bien maman Hassani. Elle avait toujours géré l'argent d'une main de maître pour éviter les fins de mois difficile, ce que connaissaient la plupart des familles nombreuses qui ne roulaient pas sur l'or. J'ai appris que tu étais devenue pharmacienne, décida-t-il de poursuivre la conversation ; ils en avaient pour un moment avant de chauffer la totalité des plateaux. Félicitations, s'exclama-t-il, en posant son arrière-train contre un meuble.

C'était ce que tu voulais faire si je ne dis pas de bêtise..., c'est cool, fut-il sincère.

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(#)Sujet: Re: Is this called "opportunity" ? (05.05) ft. Zahra  |   Mar 20 Juil - 1:24
Is it called "opportunity"?
Medhi & Zahra
@Dean Hassani

J'étais mal à l'aise à l'arrivée de Mehdi. Je ne pensais vraiment pas le trouver ici. Je ne connaissais plus les dates de ses permissions depuis un bail, depuis notre rupture, en fait. C'était "normal". Nous avions coupé les ponts, carrément. C'était mieux, le temps que nos cœurs cicatrisent quelque peu. Heureusement, dans tout ça, nos familles n'avaient pas fait la même chose. Elles étaient restées en contact et se voyaient toujours pour les occasions comme celles-ci. Nous n'avions pas tout perdu. C'était une chance.
Jusque là nous ne nous étions pas revus lui et moi mais ce soir les astres semblaient s'être accordés pour que l'on se retrouve. C'était sûrement le temps des aveux ou des adieux définitifs. Je ne savais pas encore quelle fin prendrait réellement notre histoire. Le glas de notre amour fut sonné par un coup de téléphone que je lui avais passé alors qu'il était au front. Ça avait été lâche, je l'avoue, mais en face, jamais je n'aurais eu ce "courage". J'aurais craqué devant son regard si expressif, devant ce visage que j'ai chéri tant de fois. J'aurais cédé face à tout l'amour qu'il avait pu me renvoyer. Ce soir je lui devais bien des explications alors quand je le vis s'éloigner en cuisine je ne pus pas résister à l'envie de le retrouver. Mais, avant de lui donner toutes les raisons qui m'ont poussé à cet acte irréversible, je lui demande si ma présence le dérange. Je ne supporterais pas qu'il ne profite pas des siens parce que je suis là. Poliment, il me répond par la négative. Invitée ou pas, tu as le droit de me dire que ma présence te dérange. Il n'y a jamais eu vraiment de gêne entre nous, alors je comprendrais mais je me sens un peu mieux, là. Enfin ça n'arrangeait en rien la situation mais de savoir qu'il pouvait tolérer ma présence m'apaisait un peu. Il aurait pu montrer des signes d'hostilité et je l'aurais accepté. J'apprécie le sourire qu'il m'offre et le lui rends. Mon cœur commence à reprendre un rythme normal quand il change de sujet. Oh ça tu connais nos mères. On ne risque pas de mourir de faim ! On pourrait même inviter tout l'immeuble je suis sûre qu'il y aurait encore des restes. J'exagérais un poil en disant mais je n'étais pas très loin de la vérité. Il me propose ensuite de l'aider à réchauffer tous les plats qui devaient l'être. J'acquiesce d'un signe de tête puis je le laisse se laver les mains. Pendant ce court laps de temps il reprend la parole. Si, ils ... Enfin nous venons toujours. Ça n'a rien changé. Notre rupture n'a pas changé les bonnes vieilles habitudes et ça me réconforte quelque peu. Je détourne mon regard de lui, j'avais jusque là les yeux rivés sur ses mains sans savoir pourquoi. Mes prunelles bleues s'assombrissent par une pointe de tristesse mais je la balaie vite quand j'entends sa voix de nouveau. Notre histoire ne les concernait pas vraiment. Ce qui s'est passé entre toi et moi, c'était entre toi et moi. Nous sommes seuls juges de cela. Ils ont plus été attristés en réalité qu'en colère. Nos parents avaient espéré une union heureuse, certes mais ils n'étaient pas intervenus en aucune manière que ce soit. Ils avaient accepté, c'est tout. J'en suis ravie aussi. Nous n'avons pas tout perdu. Je me rassure comme je peux en disant ça et non ça me réconforte plutôt que ça me dérange. J'étais là aussi sincère que possible. J'aurais vraiment été peinée si tout s'était arrêté à cause de nous, à cause de moi surtout. Je me perds un peu dans mes pensées quand sa voix me fait de nouveau revenir à la réalité. Il faut faire réchauffer tout ça sous peine d'entendre des cris d'impatience. Pour faire réchauffer, cent quatre vingt ça devrait aller. Pendant qu'il s'occupe du four, je mets deux plats dans le micro onde comme il me l'a indiqué. Pendant le temps que tout reprend un peu le chaud Mehdi poursuit la conversation. Tu es bien renseigné. Je viens de finir il y a à peine trois mois. C'était long mais ça en valait la peine. Il va même jusqu'à me féliciter. Je te remercie. Un sourire timide se dessine sur mes lèvres et je me sens légèrement rougir. C'est ma vocation oui et j'ai même poussé un peu plus loin. Je suis pharmacienne en milieu hospitalier. La plus longue filière. Je n'ai jamais fait les choses à moitié alors je suis allée au bout du bout comme on dit. Quand j'y pense ... J'aurais pu m'arrêter un peu plus tôt et ... Enfin bref, ça n'a plus d'importance. J'aurais pu être pharmacienne en carrière militaire, j'aurais peut être pu mieux le comprendre, demander à partir avec lui si c'était possible mais c'était bien trop tard maintenant. Nos voies s'étaient séparées pour de bon. Le bip du micro onde retentit et je vérifie la température avant de remettre le timer en route. Et toi ? As-tu pu évoluer ? A quel grade en es-tu maintenant ? J'étais curieuse de savoir mais je ne doutais pas qu'il avait continué à faire ses preuves et bien plus. Le bip sonne de nouveau et cette fois c'est bon je peux remettre d'autres plats à réchauffer. Quoiqu'il a pu se passer entre nous, je reste fière de toi et de ce que tu accomplis au quotidien. Je ne savais pas comment il prendrait cet aveu mais j'étais sincère. Même si tout était fini entre nous je ne pourrais avoir de cesse de lui souhaiter le meilleur. Il le méritait largement.

ROGERS.
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Dean Hassani
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(#)Sujet: Re: Is this called "opportunity" ? (05.05) ft. Zahra  |   Mar 20 Juil - 19:32
Une des différences qu'il y avait eu entre eux, et pas des moindres : ce goût pour les longues études. Dean avait tenté de proposer son dossier pour l'université de médecine, lui aussi, mais ce dernier avait été refusé, faute de régularité. Il n'avait pas été un mauvais élève, mais prenait peut-être moins au sérieux l'obtention de notes frôlant l'excellence, - ou n'en voyait pas l'utilité -. Il s'était aussi laissé aller à la distraction, et il avait des amis qui s'en chargeaient plutôt bien, à tel point qu'il profitait pleinement des sorties dans le quartier, sur deux ou quatre roues, et révisait quelques jours avant l'examen trimestriel. Il n'avait rien d'un gars stupide, il avait juste été un gamin aux préoccupations moins sérieuses. Aujourd'hui, il savait pertinemment qu'il n'avait fait que tenter de suivre les pas de Zahra.

Ça avait toujours été le cas, d'ailleurs, et ce depuis qu'ils s'étaient connus. L'asiatique n'avait jamais eu de mal à tirer un trait sur certaines habitudes de sa vie pour elle, afin de passer le plus de moments possibles en sa compagnie. Ils avaient toujours semblé plus apaisés lorsqu'ils avaient l'autre en visu, et n'avaient que deux questions en tête lorsqu'ils étaient séparés : où est-il/elle, que fait-il/elle ? Lâcher ses camarades, il l'avait fait à plusieurs reprises, que ce soit pour l'attendre devant son établissement scolaire, à la fin des cours, ou pour la rejoindre à l'endroit où elle avait décidé de se rendre. Finalement, peu adepte du téléphone à l'époque, Dean ne se servait de ce dernier que pour être certain de ne jamais louper une occasion de retrouver sa brune, quitte parfois à mettre de côté un devoir ou deux.

Il sourit, et lui assura : en milieu hospitalier, c'est très bien. Elle n'avait aucun regret à avoir, et c'était ce que les mots de celui qui fut autrefois son copain lui suggéraient de penser aussi. Ses parents devaient être fiers d'elle, et elle pouvait se lever chaque jour avec le même entrain, la même motivation ; il connaissait ce sentiment, Dean. J'ai pu passer plusieurs permis, fit-il, voiture, moto, camion, bateau, la liste pouvait encore s'allonger par sa simple volonté, et je viens de passer sous-off'. Tu peux m'appeler Sergent Hassani maintenant. S'il n'avait été qu'un militaire de rang jusqu'alors, aujourd'hui, il se sentait prêt à encadrer une dizaine d'hommes, et il ne comptait pas s'arrêter en si bon chemin. Adjudant, pourquoi pas major, puis il cédera sa place, comme tout force spéciale trop âgé pour le terrain, pour former les prochains.

Il n'était pas peu fier de lui, il en avait parcouru du chemin depuis la fin du lycée, mais il restait fidèle à lui-même : humble. Alors, lorsque Zahra prit la parole pour le féliciter, et plus encore, il resta un moment stoïque, à la regarder, sans savoir que répondre à tant de fierté exprimée. Il laissa un rire franc s'échapper de ses lèvres, au bout de quelques secondes, puis articula, gêné : t'es pas obligée ; obligée de lui dire à quel point il avait gagné de rangs dans son estime, obligée d'être gentille dans ses paroles, - parce qu'il fallait bien avouer que c'était pour ça qu'ils s'étaient quittés -. Il n'avait pas réussi à voir qu'elle l'avait laissé libre de s'épanouir dans un domaine qui le représentait bien, au dépens de toutes ces émotions qui l'avaient submergée de mois en mois, d'année en année.

La peur du hors-contrôle, l'angoisse du danger, il ne les avait pas décelés dans ses yeux. Dean avait été aveuglé par sa carrière, et n'avait juré qu'à travers elle, oubliant qu'une femme se sentait terrifiée à l'autre bout du monde. Sa formation l'avait rendu moins empathique, de façon à créer un recul naturel face à la détresse qu'il rencontrerait, et il n'avait alors jamais pu imaginer que Zahra puisse se trouver dans une situation de faiblesse en pensant à lui. Où est-il, que fait-il ; ces fameuses questions, qu'ils avaient eu pour habitude de se poser, étaient à présent accompagnées d'un goût amer. Le ciel pouvait leur tomber sur la tête à tout moment, et pourtant le militaire ne s'en était jamais soucié plus que ça. Il n'avait pas su la rassurer, bien trop téméraire pour se dire qu'il pouvait y laisser sa vie.

Un silence s'était imposé dans leur échange, et le sous-officier avait baissé le regard sur le parquet usé, toujours bras croisés, priant pour entendre la sonnerie d'un des appareils mis en fonction. Intérieurement, il chercha de quoi combler le vide, parce qu'il avait peur que cette pause - bien trop longue - puisse laisser une brèche ouverte à une conversation plus centrée sur eux, sur ce qu'ils avaient été. Il avait eu l'intention d'aller lui parler, afin de lui dire ce qu'il avait ressenti après ce coup de téléphone, ce que cette rupture avait laissé comme blessure durant tout ce temps, et où il en était rendu à présent. Il avait cette volonté de lui parler ouvertement, même s'il n'en avait jamais eu l'habitude. Et, pour ça, il aurait aimé pouvoir s'y préparer avant, au moins pouvoir simuler un face à face.

Le four l'appela ; ouf. Il mit les gants de sécurité pour éviter de se brûler, et ouvrit la porte pour sortir le premier plat réchauffé. A toute vitesse, parce qu'usé, ils n'étaient plus aussi performants. Il en glissa un autre, et les mêmes minutes interminables vinrent inonder la cuisine. Ça serait possible qu'on se revoie, demanda-t-il ; et là, ça pouvait signifier tout et n'importe quoi. Ça serait cool qu'on puisse parler, ajouta-t-il, ailleurs qu'ici, et pas pendant une rupture de jeûne, ça serait mieux. Un sourire en coin s'accrocha à ses lèvres, sans grande conviction malgré tout. T'as toujours le même numéro ou t'as changé entre temps, l'interrogea-t-il, enfin, vaudrait mieux que tu me le repasses de toute façon, si t'es d'accord ; parce qu'il l'avait certainement effacé, depuis.

Et puis, après ça : on devrait commencer à embarquer les plats un à un avant que ça ne refroidisse. Il n'avait pas tort, sur ce coup-ci. Tiens, prends celui-là, je vais m'charger des deux autres, proposa-t-il, te brûle pas. C'était préférable, effectivement. Ils avaient à disposition des chiffons qui feraient l'affaire. Phalanges protégées, Dean plaça ces dernières sur le bord des porcelaines et se mit en route, passant devant Zahra : chaud devant. Au même moment, lorsqu'il quitta la cuisine pour rejoindre la pièce de vie, il entendit sa mère avancer : […] préparer le mariage de Zahra. Dès lors que ces mots atteignirent ses tympans, il sentit une faiblesse se propager dans ses bras, et ses doigts commencèrent à lâcher les plats. Il les retint de justesse, comme il le put, mais un peu de ce qu'ils contenaient se versa sur le sol dans un « splash ».

Ils portèrent tous leur regard vers lui, et il s'excusa aussitôt, tout d'un coup plus pâle. Il tenta cependant de reprendre le contrôle. C'est rien, rassura-t-il les Hassani ainsi que leurs invités, un coup de mou, misa-t-il sur la fatigue, mais j'ai sauvé le principal. Il sourit, ou plutôt se força à sourire, instant où Soraya, son aînée de deux ans, vint à son secours : il s'est blessé aux côtes pendant la formation, donc forcément. Oui, forcément... Il acquiesça et prévint Zahra : fais attention à ne pas glisser, avant de passer au-dessus de la nourriture étalée à terre, et déposa le reste avec plus de sûreté sur la table. Il n'avait pas rêvé, la fille Khouri allait vraiment se marier ?  

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Sienna J. Scott
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(#)Sujet: Re: Is this called "opportunity" ? (05.05) ft. Zahra  |   Jeu 12 Aoû - 1:49
Is it called "opportunity"?
Medhi & Zahra
@Dean Hassani

La conversation se fluidifie quelque peu laissant ma gêne de côté pour le moment. On prend des nouvelles l'un de l'autre. Il me demande pour mes études et en retour je m'informe de sa carrière. Sergent Hassani !! Rien que ça ! Il pouvait être fier de lui. Ce qui était bien dans ce domaine c'était la montée en grade, la reconnaissance de ses pairs et je ne doutais pas qu'il rendait fiers ses compagnons d'armes ainsi que ses supérieurs. Il était né pour ça. Je lui souris tout en lui disant que je reste, malgré mes appréhensions, admirative de son parcours. Je sais que je ne suis pas obligée mais c'est sincère. J'avais envie de le dire maintenant si ça te gêne, je ne dirais plus rien là dessus. Peut-être que ça le mettait mal à l'aise et loin de moi l'idée de le mettre dans l'embarras. Je tairais mes pensées.

Je détourne mon regard et un silence se fait bientôt pesant. Je regarde le micro-onde et attends patiemment que le minuteur s'arrête. Une fois que c'est fait, je sors les plats et en enfourne d'autres. Je relance les timer et je patiente encore. Mehdi reprend la parole le premier. Il voudrait qu'on se revoit en dehors de ce repas de famille. Dans un moment plus propice à la discussion ou aux révélations. Oui, ça serait bien. J'esquisse un sourire avant qu'il ne me demande si j'ai changé de numéro de téléphone. Je fais un signe de tête négatif. Nos numéros se sont perdus de toute façon depuis le temps alors j'enregistre son prénom en contact et lui tends pour qu'il inscrive son numéro. Une fois ceci fait je lui envoie un sms pour qu'il ait le mien en retour. Tu me diras quand tu voudras enfin quand tu seras de retour d'une de tes prochaines missions. Moi, je ne bouge pas d'ici. Un autre sourire se forme sur mes lèvres et il est maintenant temps d'apporter les plats déjà réchauffés. J'en saisis un pas trop lourd et nous voilà partis pour la salle à manger. Mehdi passe devant moi les mains bien chargées et à peine après avoir franchi la porte de la cuisine nous entendons clairement sa mère parler de mon mariage. J'espérais que Mehdi ne l'avait pas entendu mais c'était peine perdue, je crois. C'est pas vrai ... J'aurais préféré le lui révéler moi-même, justement lors de nos prochaines discussions. Je rage limite intérieurement quand je vois les plats devant moi chanceler. De la nourriture tombe au sol et je me demande ce qui vient de se passer. Jihane semble dire que Mehdi s'est blessé lors de sa formation, peut-être qu'il a porté trop lourd. Il me dit de faire attention et j'esquive la tâche au sol avant d'aller poser mon plat sur la grande table.

Ma mère se lève pour venir nettoyer mais Je vais le faire, restes là-bas, t'inquiètes pas. Je retourne dans la cuisine pour prendre de quoi nettoyer mais avant ça je me pose deux secondes devant l'évier. Merde ! Je n'aime pas jurer mais là pour une boulette, c'était une bien belle. Je me passe les mains sur mon visage avant de souffler un bon coup pour me ressaisir. Je me retourne et je vois Mehdi me regarder. T'as entendu ? Question rhétorique, bien sûr qu'il a entendu ! J'aurais préféré que tu ne l'apprennes pas comme ça mais ... J'hausse les épaules, le regard triste. Enfin je ... C'est pas le moment hein ? On a dit qu'on se reverrait pour parler, on verra ça plus tard. La tristesse ne quitte pas mon regard et je cherche de quoi nettoyer mais je ne trouve pas et je me sens trembler. C'est pas bon signe. Les larmes ne sont en général pas loin derrière. Je serre les dents et inspire à fond. C'est où que vous rangez les ... pour nettoyer ? J'en perds mes mots. Je donnerai n'importe quoi pour retourner quelques instants en arrière avant que cette phrase ne sorte de la bouche de sa mère et surtout devant lui. Je me demande vraiment comment il va réagir quand il apprendra que c'est à son cousin que je suis promise.

ROGERS.
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Dean Hassani
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(#)Sujet: Re: Is this called "opportunity" ? (05.05) ft. Zahra  |   Sam 14 Aoû - 13:33
Ça s'était bousculé un peu autour de lui. Il avait eu l'impression que le monde s'était accéléré quand lui tournait au ralenti. Une détresse bien étrange qui lui avait donné un semblant de mal de terre. Ils s'étaient disputés le nettoyage en un temps record, avant même qu'il ne puisse se proposer à le faire. Ses traits étaient toujours affaissés malgré un sourire qui se voulait sincère. Il avait essayé de feindre l'indifférence, la surdité, mais il était loin d'être un menteur hors-pair. Ce n'était, de toute façon, pas dans ses habitudes. Et si on lui avait demandé de décrire ses premiers ressentis quant à la nouvelle fraîchement tombée comme un cheveu sur la soute, il n'aurait pu, de toute évidence, pas le faire. Il avait relevé la tête sur l'assemblée une fois s'être assuré que les plats posés tenaient en équilibre au bout de la table, puis avait tourné la tête dans la direction de Zahra, mais cette dernière avait déjà trouver le temps de disparaître dans la cuisine.

En plus de devoir ramasser la nourriture étalée à terre, des plats restaient à apporter, alors il décida de faire demi-tour, sans attendre, dans la pièce voisine. La flaque esquivée, et l'encadrement passé, il découvrit la fille Khouri, empreinte d'un air désabusé, posée tristement face à un évier peu compatissant. Dean resta sagement en retrait, peut-être un peu trop discret puisqu'elle mit quelques secondes avant de reprendre ses esprits ; ou tout du moins, d'essayer de les retrouver, et de remarquer sa présence. La question rhétorique de Zahra ne reçut aucune réponse, il se contenta de rester muet, de façon à ne pas sortir la moindre bêtise. Tout comme il n'avait pas su juger ses émotions de l'instant, il ne sut pas plus ce qui était à souhaiter d'usage. La féliciter, il n'en avait pas vraiment envie. Demander des explications, ça ne lui traversa pas plus l'esprit. Il se sentit tout simplement vide, à la différence des yeux embrumés de sa vis-à-vis.

Il savait ce que cela signifiait, il ne la connaissait que trop bien. D'ordinaire, il aurait tout fait pour lui éviter un flot de larmes. Il aurait usé de sa carte humoristique légendaire, ou l'aurait simplement enlacée, à l'abri des regards, pour faire cesser toute submersion négative. Mais ils n'étaient plus ensemble, pas même amis. Elle était promise en mariage à un homme, et il avait réservé son cœur à une autre. Tous deux avaient pour responsabilité de garder au vert la dignité de ces autres qui partageaient leur vie, et Dean respectait bien trop Zahra pour lui voler son honneur et un engagement heureux. Se retrouver dans la même pièce, en tête-à-tête, alors qu'ils avaient vécu une histoire longue et intense, compromettait déjà lourdement à la confiance que leur avait accordé leur partenaire respectif. Heureusement, ils pouvaient expliquer ça par le côté serviable de leur personnalité, ce qui n'était pas le cas d'un câlin improvisé.

Il ne bougea pas, et préféra rester témoin de cette montée de tristesse, tout en agissant comme s'il n'avait absolument rien remarqué ; les années passées loin l'un de l'autre pouvaient toujours faire croire qu'il n'était plus aussi réceptif aux signaux physiques de la jolie syrienne. Passer un grade ne m'exempte pas des corvées, dit-il enfin, j'ai pas vraiment besoin qu'une femme le fasse pour moi. Il avait utilisé un ton un peu trop sévère pour cette dernière partie de phrase, mais il ne l'avait pas fait exprès. Enfin, son inconscient probablement. Il marquait ainsi sa totale indépendance, par rapport à sa famille, à sa culture, à sa religion, et à elle aussi. Si les hommes de sa communauté trouvaient aberrant d'être positionné sur quelques tâches ménagères, si sa culture gardait une place de maître au machisme, et s'il avait pu adorer imaginer la brune aux petits soins pour lui une fois unis par, ce qu'on appelle, des liens sacrés, ce n'était plus le cas pour lui.

Tu ferais mieux de rejoindre la table, et rompre le jeûne comme il se doit. T'es invitée en tant qu'amie de la famille, ce soir, après tout, lui rappela-t-il en s'avançant vers le meuble où les produits d'entretien étaient mis à disposition des adultes, et tenus à l'écart des enfants gardés par le couple Hassani. Il supposa ainsi qu'elle ne faisait plus partie intégrante de son cercle privé, et qu'elle n'avait pas à se plier en quatre pour rendre service. T'es plus obligée de te mettre à genoux pour ramasser mes conneries, la dédouana-t-il de tout ce qui avait fait d'eux un couple par le passé. Ils avaient eu pour habitude de s'entraider, de partager, mais cela s'était terminé à la minute même où elle avait décidé d'en finir une bonne fois pour toute avec lui, et de tirer une croix définitive sur tous les projets qui leur restaient encore à réaliser. Un mariage traditionnel, un grand appartement, et beaucoup d'enfants ; ça avait longtemps été leur rêve jadis.

Prends ça, leva-t-il le menton sur l'un des plats, afin qu'elle ne quitte pas la cuisine les mains vides, et sème le doute dans les deux familles, et va t'asseoir, s'il te plaît ; c'était sans doute mieux pour tout le monde. D'ailleurs, ces mots furent les derniers qu'il lui adressa de toute la soirée. Lorsqu'il eut terminé de nettoyer le sol et d'apporter les plats, il resta silencieusement assis, à remplir son assiette en fonction de son appétit. Il esquiva les moments où il aurait pu se retrouver de nouveau seul avec Zahra, jusqu'à leur départ. A présent en possession du numéro de téléphone de son ex-copine, il savait que cette rencontre improvisée ne fut pas vaine, et qu'il reprendrait contact avec elle, tôt ou tard.

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Is this called "opportunity" ? (05.05) ft. Zahra

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