Depuis que j'avais eu cette mauvaise expérience dans la secte, beaucoup de choses avaient changé pour moi. Je ne travaillais pas encore à temps plein, je voyais encore ma psychologue et je ne prenais pas d'affaires sérieuses. Ils insistaient pour que je reprenne la vie "normale" vraiment petit à petit et que je me concentre sur moi. Sauf que comme Sibbie reprenait petit à petit le pas sur la nana que j'étais devenue dans la secte, ça commençait un peu à me fatiguer. Alors, quand je commence à être saoulée de quelque chose, moi, je fais ma rebelle. Déjà qu'en temps habituel les règles et moi ça fait dix huit, alors là... Je commençais à vraiment réclamer de récupérer mon job normal. Ils ont l'habitude de mes petites humeurs, alors ils me tiennent tête jusqu'au dernier jour prescrit de base où je pourrais reprendre ma vie.

Je fais du coup les trucs relous qui demandent pas trop de cervelle. Les contrôles de voitures en ville, les parkings, les stationnements, les surveillances dans les musées, à la mairie, les tours de garde tranquilles où y'a rarement grabuges. Le truc que je déteste, quoi. Enfin, ça m'allait jusque là disons parce que c'était calme, mais j'avais petit à petit besoin de retrouver la fougue de mon travail. Là, on m'avait envoyé faire le tour de la ville pour mettre les amendes pour stationnement. J'arrivais à l'université. Les jeunes dans ces trucs-là, c'est vraiment les pires. Ils se pensent invincibles et que les flics viendront pas là. Sauf que j'm'ennuie et que j'suis arrivée là, moi. Puis j'me dis que je pourrais plus facilement trouver de quoi me divertir ici qu'au supermarché avec les p'tits vieux qui prennent deux places. Et hop, une voiture mal garée. Génial. Avec un sourire, je décide de juste sortir mon carnet d'amendes et de crocheter la serrure passager. Je m'installais tranquillement dans la voiture, dans ma tenue de flic (enfin je l'ai retouchée en plus stylé quand même, rebelle dans l'âme), le bloc d'amende et mon stylo sur la planche du pare brise avant, je regardais une série sur mon téléphone en attendant que l'étudiant(e) se pointe pour revenir à sa voiture et me tombe dessus. J'm'ennuie, j'l'ai dis, et tous les moyens sont bons pour m'occuper.

Ah bah enfin. fis-je alors que je tombais sur l'étudiante rousse (et canon d'ailleurs) qui revenait à sa voiture avec ses affaires. Bon c'est soit tu m'amènes en ville et tu me paies un café avec viennoiserie - oui je suis un cliché - soit tu paies cette amende fis-je, prenant le bloc note pour lui montrer en jouant avec de droite à gauche, un grand sourire au visage. alors?

@Sibbie De Ayala

Doucement mais surement s'installe la routine atypique d'étudiante que je mène. Vous en connaissez beaucoup des filles de vingt ans, obligées de jongler entre les cours, la crèche, les travaux de groupe, les révisions jusqu'à pas d'heure, les rendez-vous chez le pédiatre... ? En tout cas, jusqu'à preuve du contraire, je dois être l'une des rares de l'université dans ce cas. Ce serait tellement plus pratique si l'administration autorisait l'ouverture d'une crèche dans l'établissement. Sauf que bon, en théorie, nous sommes supposés faire nos études, travailler, étudier, encore et encore. Pas vraiment donner la vie. Alors il a fallu que je m'adapte à cette nouvelle vie, et plus les semaines passent, plus je me sens à l'aise. Cela vient aussi du fait que Sapphire est de plus en plus sage. Terminées les nuits d'horreur, à presque pas dormir pour s'occuper de ce petit monstre aux yeux d'ange. Nous nous comprenions de mieux en mieux, et la voir grandir était un véritable délice. Presque trois mois se sont écoulés depuis que je me suis installée dans cet appartement, pas très loin de celui de mon frère. Ce lieu devenait notre petit cocon à ma princesse et moi. Sapphire a une très jolie chambre, merci tonton Gabou pour les travaux, et a même son petit coin aménagé dans le salon pour pouvoir jouer tout en restant pas très loin de moi. Il est vrai que les soirées se ressemblaient presques toutes, à savoir on rentre à la maison vers dix-huit heures, on prend le bain, parfois ensemble, puis on va dans le salon, chacune tentant de développer ses connaissances. Un jour on devrait inverser les rôles. Elle révise, et moi je m'allonge sur son tapis d'éveil.

C'est pour cela que je suis plutôt de bonne humeur aujourd'hui. Les cours se sont bien passés, j'ai eu les encouragements de l'un de mes enseignants. Ayant terminé ses cours plus tôt, Jihane était déjà rentrée chez elle. D'habitude, il est fréquent que nous fassions la route ensemble, vu que l'on habite juste à côté. Je salue quelques connaissances, et voilà que je retourne vers ma voiture, garée à l'endroit habituel. Pourtant, en arrivant à son niveau, je constate qu'il y a une personne à l'intérieur. C'est une blague ? Prise de panique, je me rapproche rapidement, cherchant à comprendre ce qui est en train de se passer. Bizarrement, je constate que c'est une policière à l'intérieur du véhicule. Clairement, il y a un truc qui ne va pas. J'ouvre la portière pour m'installer côté conducteur. Je n'ai même pas le temps de lui demander ce qu'elle fait là que la représentante des forces de l'ordre me fait une drôle de proposition. Un café ou une amende. La police de Miami fait toujours ce genre de choses ? Mes yeux s'écarquillent, et voilà que mes mains commencent à trembler. La situation me mettait plutôt mal à l'aise. Vous n'allez pas me menacer avec votre arme de service au moins ? C'est au tour de mon front d'être attaqué par des perles de sueur. Heureusement que je suis passé aux toilettes avant de partir, sinon j'aurais probablement tout laché dans la voiture. Je dois aller chercher ma fille à la crèche, on peut s'arrêter en chemin pour prendre des cafés à emporter, non ? Pitié, faites que cette femme soit une vraie policière, gentille et douce, et qu'elle ne tentera pas de m'étrangler dans les prochaines secondes...

J'en avais marre de faire ce travail de sous-merde. C'est bien pour ceux qui veulent être flic mais qui ont peur d'en mourir, des idiots quoi. Ils savent que je déteste ça, ils se réjouissent même de pouvoir administrativement m'obliger à le faire le temps encore possible. je sais très bien qu'ils font ça par vengeance, histoire de me faire payer toutes mes conneries. N'empêche qu'à côté de ça, j'ai été la seule nana à oser aller dans une mission pareille. Ils s'étaient tous recroquevillés à l'annonce de cette mission. Moi, non. j'étais allé et j'en payais le prix. Enfin, ils vont pas balayer toutes mes lubies avec une seule grosse mission. Ils sont heureux de mon travail, de ma dévotion, mais ils savent que j'suis une grande malade et que j'obéis qu'à mon seul jugement. Puis, je suis sûre à ce qu'ils s'attendent que je fasse n'importe quoi aussi dans ces tâches-là. Ou alors ils se diront quand je commencerai mon bordel que je suis guérie et ils me laisseront retourner en mission? J'en sais rien. Trop de psychologie inversée pour moi.

Je décidais donc de m'arrêter à la prochaine voiture mal garée que je verrais. Et bingo, je crochetais la serrure et j'attendais sagement au siège passager quand une jeune femme - très jolie d'ailleurs, rentra dans sa voiture, pas très rassurée. Elle posait des questions et semblait avoir peur. peur? Peur de moi, vraiment? Je fronçais les sourcils en la regardant, moi qui était la plus relax de la planète. wowowo alors déjà je m'attendais pas à tomber sur une maman à la sortie d'une université, j'avoue. Et oui la police fait ça, moi. fis-je en montrant mon insigne. Je m'appelle Sibbie. Pour expliquer en gros, je suis plutôt mission genre braquage, viol, du lourd quoi. sauf que ma dernière mission m'a un peu traumat' et du coup depuis quelques semaines j'suis descendue à aligner des bagnoles dans la rue et j'dois te dire : j'en ai un peu marre et j'avais envie de causer à quelqu'un de normal. lui fis-je alors pour lui expliquer et tenter de la mettre à l'aise même si pour ça j'suis pas la meilleure, surtout habillée en "flic". Je lui donnais un petit coup amical d'épaule. Bon après, si la menace au gun est ton truc, on peut s'arranger. fis-je sur le ton de la taquinerie, même si j'dirais pas non avec elle, encore une fois pour tenter de la détendre. et j'suis pas cruelle. donc on à qu'à prendre ce café et aller au parc avec ta fille, et on oublie pour ce stationnement pas très réglo? lui proposais-je alors en la regardant. et relaaax j'suis hyper cool c'est les fringues là qui font flipper mais si tu me voyais en citoyenne ce serait carrément autre chose. j'suis le genre à enflammer les pistes de danse et me faire pote avec tout le monde alors respire, j'suis pas là pour te faire chier mais tant qu'à faire autant apprendre à se connaître? j'suis grave rentre dedans quand même hein, c'est clair que là, Sibbie est bien back.

@Sibbie de Ayala

Je ne sais pas ce qui est le plus angoissant finalement. Le fait que la police de Miami a dans ses rangs des employés ayant un sérieux problème, ou le fait de me retrouver avec une policière ayant un sérieux problème dans ma voiture qui veut juste passer du bon temps, s'amuser, faire passer le temps. Il a fallu que ça tombe sur moi. Normalement, à cette heure ci de la journée, je prends vite ma voiture, je file rapidement chercher Sapphire, on rentre, on prend le bain, on va dans le salon pour vaquer à nos occupations le temps du repas, on mange et on va dormir. Voilà le réel emploi du temps que je dois suivre scrupuleusement chaque jour à partir de la sortie de l'université. Il y a quelque chose de plutôt touchant dans son histoire, et ce malgré le côté flippant de la situation. Au moins, cela a le mérite de m'enlever le stress qui tentait de me dévorer. Ok, le temps est plutôt agréable, allons chercher Sapphire et des cafés. Dans cet ordre si cela ne te dérange pas. Je boucle ma ceinture, mais je n'ose pas demander à ma passagère de le faire. Après tout, c'est elle la justice non ? Il ne devrait rien lui arriver en cas de contrôle. Remarque, à elle non, mais à ceux qui vont contrôler le véhicule... Bizarrement, je visualise assez facilement la scène potentielle, et c'est peut-être pour cela qu'un petit sourire commence à se dessiner sur mon visage. Allez, en route.

Etant très mal à l'aise, je préfère ne pas engager la conversation. Si Sibbie veut me parler, ce n'est pas un souci. Et je lui répondrai sans problème. Mais là, tout de suite, la seule chose que je désire, c'est vite arriver à la crèche pour récupérer ma fille. Ce qui est chose faite assez rapidement, le trafic étant particulièrement calme en cette fin d'après-midi. J'en ai pas pour longtemps, je me dépêche. Une dizaine de minutes se sont écoulées, et me voici de nouveau devant ma voiture, alors que la policière est toujours là. Pendant un instant j'ai cru qu'elle allait partir, étant déjà lassée d'être là. Mais non, elle persévère dans son idée de rester avec nous. J'espère au moins qu'elle ne va pas vouloir s'incruster à l'appartement après la virée au parc... Mes mains attachent la ceinture du siège de Sapphire, puis je regagne l'avant du véhicule. Sapphire, je te présente Sibbie, c'est une amie policière de maman. Je ne savais pas trop comment formuler ma phrase, et même si ma fille n'aura absolument aucun souvenir de cette fin de journée, je me disais que ça pouvait la rassurer de savoir que la personne avec nous dans la voiture est quelqu'un que je connais bien. Il ne manque que les cafés, c'est parti ! Au départ si réticente, si apeurée, je constate maintenant que Sibbie n'a rien d'une personne méchante. Elle est carrément bizarre, c'est clair, mais je ne sais pas pour quelle obscure raison je commence à me faire à l'idée que oui, ça pourrait être sympa de passer du temps avec elle. Ma langue a du mal à se délier complètement, et c'est arrivées devant un Starbucks que je stoppe la voiture. J'y vais. Sapphire, je te confie Sibbie. Tu surveilles qu'elle ne fasse pas de bêtises hein ? Dans un petit regard provocateur, je verrouille mon véhicule pour aller acheter de quoi étancher la soif et l'appétit de la policière. Me revoilà. Sapphire, ça te dit d'aller au parc avec Sibbie et moi ? Oui ? Super, on y va. Je tend le gobelet à ma passagère ou était mentionné dessus "bad cops". Je souris, et lui montre avec fierté le mien où on pouvait lire les mots "good cops". Désolé, héhé.

J'avais décidé d'embêter cette jeune femme en ce milieu d'après-midi. Je m'ennuyais, clairement, et j'avais cherché une occupation avec elle. Je n'aurais jamais deviné qu'elle avait une petite fille qui l'attendait. Jamais. Bon, soit, je m'adaptais à toutes les situations. N'empêche que fallait vraiment le faire. J'en avais marre d'avoir cette espèce de malédiction de la maternité qui me suivait partout. Oui, je venais de perdre un enfant, que je ne voulais pas, qu'on m'avait forcé d'avoir mais qu'on m'avait aussi mentalement manipulé pour que je finisse par le vouloir. C'était compliqué comme processus mental et c'était le truc avec lequel j'avais le plus de mal à ce retour à la réalité.

Tout le monde se fichait bien de ça. Ou en tout cas, n'était pas au courant. Le propre père du gosse ne s'était pas du tout inquiété de savoir ce qu'il s'était passé. Il avait vu un test positif, pourtant, mais niet. Je n'avais plus aucune nouvelle d'Alec depuis que j'avais réussi à détruire cette stupide secte. Je l'avais perdu en rentrant, de toute façon, donc c'était tout. Mais je lui en voulais énormément pour ça. J'avais l'impression d'avoir été arnaquée, quelque part. J'avais fais ça "pour lui" et "avec lui" pour qu'à la seconde où on avait réussi à nos fins, je n'existais plus. Autant tout le reste, la psychiatre avait bien réussi à travailler dessus, redevenir la moi sans limite, la nana qui n'a peur de rien, qui a le sang chaud, la vraie Sibbie, autant cette rage amer et ce deuil de l'enfant perdu, pas du tout. J'estimais qu'à partir du moment où la dite personne s'en fichait, mes collègues s'en fichiaient, à quoi bon penser que je puisse être importante? La seule personne à m'accorder un peu d'intérêt était Arlo, mon cousin. Bref, je pensais à tout ça pendant qu'elle allait chercher sa fille. Je ne voulais pas qu'elle me voit être dans la lune.

Elle revenait en me présentant comme une amie. Bon, elle n'avait pas l'âge de se souvenir de grand chose ou de se poser trop de questions mais elle voulait rassurer sa petite et c'était touchant. J'avais un mini sourire en entendant qu'elle ne parlait pas d'une flic tarée, car c'est comme ça qu'elle devait me voir, finalement. Je me mordais l'intérieur de la joue alors qu'elle conduisait vers le Starbucks à présent. enchanté Sapphire enchaînais-je alors. Elle allait maintenant chercher les cafés et elle me confiait à sa fille. Je lui fis une grimace. C'était rigolo, comme façon de détourner une phrase enfantine pour moi. Pendant qu'elle était à l'intérieur, je me retournais pour tenter de faire rire la petite. j'y arrivais assez facilement, ce qui m'attendrissait. C'était pas pour m'aider, ça non plus. Sa petite était vraiment adorable. Quand elle revenait, elle parlait du parc à sa fille et me donnait mon café. L'inscription dessus me fit rire. Ok, pas mal, j'aime bien lui fis-je alors en souriant sincèrement. C'était drôle. tiens gare-toi ici s'il te plaît lui fis-je alors en lui indiquant une place libre au bord du parc. parfait lui fis-je alors en sortant de la voiture. Pendant qu'elle sortait la poussette de sa voiture j'ouvrais celle devant la sienne, qui était en fait la mienne. Je jetais ma veste de flic, mon insigne et mon pantalon pour garder un legging/débardeur, je prenais un pull de mon coffre plus féminin et cool qu'être en flic. Je fermais avec mon café à la main et je me retournais vers Jasmine, prête avec sa fille. c'est mieux comme ça, non? lui fis-je alors en me montrant en "civil". bon, j'sais faire mieux, j't'avoue. Mais tu m'aurais jamais crue flic si j'avais été habillée comme ça, si? bon déjà c'était difficile de le croire vu mon attitude mais bref. On entrait dans le parc toutes les deux avec la poussette. j'suis désolée de t'avoir forcé la main. j'aurais pas dû. c'est un peu compliqué en ce moment. enfin on s'en fout. tu peux compter sur moi su tu as besoin d'une flic, pour n'importe quoi. lui fis-je alors sincèrement, buvant mon café. tu as une petite fille adorable en tout cas. Elle m'a même sourit tout à l'heure lui racontais-je alors en souriant, regardant sa petite dans la poussette. C'est qui qui va plus vite? Sapphire ou Sibbie? Je regardais Jasmine, prête à courir, mais c'est Jasmine qui devait courir pour la rattraper puisque la petite était en poussette. Je riais alors à la tête de Jasmine. La policière se laissait évidemment dépasser par Jasmine quand elle s'encourageait à le faire pour sa fille. Waaa trop rapide pour moi taquinais-je alors en souriant. Tu fais des études pour quoi? lui demandais-je alors en parlant du fait qu'elle est en études et que je l'avais trouvé là. Je voulais faire la conversation, histoire qu'elle oublie un peu que j'suis tarée. On marchait tranquillement dans le parc avec nos cafés et la petite qui regardait autour d'elle. Je jetais pas mal de coup d'oeil sur la petite.

@Sibbie de Ayala

Finalement, cette Sibbie est bien plus agréable que ce à quoi je m'imaginais. Il faut dire que la première impression qu'elle m'a donné n'était pas forcément la meilleure. Comment se douter une seule seconde que la personne qui force la serrure de votre voiture, qui plus est en uniforme de police, soit quelqu'un de plutôt sympatique ? Chaque seconde qui passe est une fraction de positif supplémentaire pour cette femme. Le sourire dessiné sur mon visage contraste fortement avec l'état de détresse dans lequel j'étais il y a tout juste une bonne trentaine de minutes. Oui mais voilà, parfois la vie décide de casser notre routine, nous fait sortir de notre zone de confort. Même s'il est vrai que je n'étais toujours pas à l'aise, et pour cause, la timidité n'aide vraiment pas, je peux me satisfaire de réussir à faire des phrases un peu plus complexes que des simples oui et non. Et c'est déjà une victoire. Le caractère de mon interlocutrice y est pour beaucoup également. Elle n'a que faire des règles, du qu'en dira-t-on et toutes ces choses qu'elle doit estimer superficielles. L'approbation de ma petite taquinerie sur les gobelets participe à cette sorte de mise en confiance que je recherche avant de me sentir complètement libre de pouvoir dire ou faire n'importe quoi. Parfois cela prend quelques heures, parfois quelques années. Là, j'dois avouer que j'ai l'impression que tout peut aller très vite avec cette femme.

Quelques rues plus loin, à très grande proximité du parc ou nous devons aller, je me gare juste derrière une voiture. Apparement celle de ma passagère. Il ne lui faut que quelques minutes pour se changer, pile le temps pour moi de sortir les affaires de la petite et l'installer dans sa poussette. En relevant la tête, je m'aperçois qu'effectivement, Sibbie n'est pas DU TOUT la même habillée en civil. J'avoue, jamais j'y aurai cru. Remarque, même en tenue j'ai du mal. Deuxième vanne en quelques minutes, j'vous le dis que je commence à me sentir à l'aise. En entrant dans le parc, à peine quelques secondes s'écoulent avant que la blonde me présente ses excuses. Elle enchaine en précisant que pour tout et n'importe quoi, si j'ai besoin des forces de l'ordre, elle sera là. Merci, c'est vraiment très gentil de ta part. Mais t'es pas obligée hein, on se connait à peine... Voici une façon pour moi d'essayer de remettre les choses dans leur contexte. Je ne sais pas réellement à qui j'ai à faire. Cette Sibbie est possiblement débordante de bonnes intentions, tout comme elle peut être ce genre de harceleuse que l'on voit dans les séries tv. Elle va commencer par m'épier en secret, puis faire de moi sa chose avant de me tuer. Mes envies de scénarios s'envolent lorsqu'elle complimente Sapphire. Bam, en plein dans le point faible. J'ai beau lutter pour rester de marbre, ses jolies paroles viennent de me toucher en plein coeur. Oui, j'ai de la chance de l'avoir. Elle est parfaite. J'ai à peine le temps de la remercier à nouveau que là voilà en train de courir dans l'allée, organisant une sorte de course improvisée. Devant tant d'enthousiasme, mes jambes allongent quelques foulées, juste ce qu'il faut pour finir à la première place. Tout en restant méfiante, sait-on jamais, j'apprécie sa compagnie. Je fais des études de sociologie. L'être humain me fascine. Je lui explique rapidement qu'il y a encore quelques mois, j'étais à Londres pour ma première année d'études mais que venir à Miami m'a été imposé pour ne pas sombrer dans la folie. Sans entrer dans les détails, je mentionne rapidement la grossesse non désirée, ainsi que le soutien de mon frère Gabriel dans cette épreuve. Mais bon, petit à petit je trouve mon rythme avec la petite, et je ne regrette absolument pas ce choix. L'obsession de Sibbie pour Sapphire commence à me faire cogiter. Pourquoi la regarde-t-elle autant ? Pourquoi tant d'intérêt ? Lorsque c'est notre chair, cela peut se comprendre, mais le nouveau né d'une inconnue ? Je tente une question un peu détournée, pour ne pas paraitre bizarre. Et toi alors ? Il y a quelqu'un dans ta vie ? Un homme peut-être ? Ou un animal de compagnie, genre un lapin ?

J'étais allée embêter cette pauvre Jasmine dès sa sortie de l'université. J'ai pas tellement froid aux yeux alors j'étais allé jusqu'à vandaliser sa voiture pour lui marchander un tour avec un café. Je m'en voulais déjà, et la grande cause de cette culpabilité passait sûrement par le fait qu'elle avait un enfant. Après ce qui venait de m'arriver, je devais tomber sur quelqu'un qui a un tout jeune bébé à s'occuper et seule en plus apparemment. Le destin m'en voulait clairement. J'étais bien perturbée par la présence de ce bouchon d'amour et je me laissais pas mal distraire. Comme quoi, ce que m'a fait vivre la secte avait toujours un impact. Peut-être ne pouvais-je rien faire contre tout ça, peut-être étais-je touchée dans la moelle.

Dans tous les cas, je tentais de rester moi et de garder une dynamique. Je lui proposais donc de se garer à un endroit précis et je finissais par lui montrer que ce n'était pas par hasard : j'étais garée juste devant. Je prenais mes affaires dans la voiture pour me changer et retirer ce "costume" de flic devant elle, qu'elle sache à quoi je pouvais vraiment ressembler, même si ce n'était pas mon meilleur outfit. Sa réflexion me fit rire. J'avais l'impression que petit à petit, Jasmine se déridait avec moi. Peut-être que mon côté fonce dedans avait du bon, finalement. Elle avait de moins en moins peur que je sois une psychopathe, sûrement. Je me sentais aussi moins coupable de ce fait, car elle me faisait moins penser que je la dérangeais. tu t'es vue dernièrement? Déjà on t'a jamais dit que ta couleur de cheveux n'était pas légale? J'suis flic, tu devrais me croire répliquais-je alors, je la taquinais bien évidemment. Jamais je ne lui parlerais comme ça sérieusement. A quelqu'un que je n'aime pas, je pourrais lancer les pires joutes. Mais quelqu'un que j'apprécie n'aura que des vannes de ma part. Surtout que j'adorais sa couleur de cheveux, soit dit en passant. Je continuais en lui disant que si elle avait besoin de force de l'ordre j'étais là. Elle semblait gênée en disant qu'on se connaissait à peine. Je levais les épaules. j'ai pas besoin de passer des jours avec quelqu'un pour comprendre si la personne mérite ma protection ou pas lâchais-je alors sans hésiter avec le plus naturel. Je le pensais. Jasmine semblait être une fille très bien et en plus je m'en voulais de lui avoir fait subir tout ça, lui avoir fait subir mes humeurs en somme. Je la félicitais sur la petite qu'elle avait avec elle. Je la trouvais vraiment adorable. Elle me répondait avoir de la chance de l'avoir avant que je ne la fasse courir dans l'allée du parc avec la poussette dans une semi-course. Puis je finissais par vouloir en savoir plus sur elle et je lui demandais quelle études elle menait. Elle me racontait alors qu'elle faisait de la sociologie et que l'être humain la fascine. Je souris, l'écoutant me raconter un peu son parcours jusqu'ici et le soutien de son frère. Elle ne regrettait pas de l'avoir garder car elle avait réussi à lier le tout. Je souriais sincèrement. Si tu veux du cas social j'en ai plein le commissariat déconnais-je d'abord en riant légèrement. tu as été vachement courageuse pour elle. Elle a une super maman, on peut pas dire le contraire. Et un super tonton, aussi, il t'a bien aidé, chapeau à lui. J'imaginais si j'avais pas perdu le gamin, Arlo aurait été mon "frère" qu'elle avait eu dans cette histoire. Je me mordais la lèvre à cette pensée que je chassais rapidement alors qu'elle me posait une question à son tour. J'avais démarré les hostilités, elle avait le droit d'avoir quelques informations sur moi. Qu'avais-je à cacher, de toute façon? Pas grand chose, ma vie ne contient rien de fou. Je ris à sa question, d'ailleurs. Oh, non non, juste un cousin comme animal de compagnie mais il est bien dressé. fis-je alors en riant, expliquant que nous étions en coloc' depuis que j'étais arrivée de Mexico. j'suis pas le genre à m'attacher à un port, ni un en particulier, d'ailleurs... ça m'étonne que tu ne l'ai pas remarqué, je te déshabille du regard depuis quelques minutes sous-entendant que je mangeais aussi bien de la moule que du concombre et intégrant une petite vanne bien placée mais sincère dans le fond sur le fait qu'elle me plaise. Mais bon, ce n'était pas pour entamer une vraie drague, je ne voulais pas en ajouter une couche sur le mal-être que j'avais pu lui causer depuis le coup de la voiture. donc pas d'animal non plus. je plains toute personne voulant s'attacher à moi, alors je ferais pas ça à une pauvre bête! déconnais-je alors qu'en soit, ça me trottait pas mal en ce moment. j'suis plus souvent dehors que chez moi, à bosser ou à profiter je lui apprenais sur mes passe-temps, en passant. Je ne suis pas tellement du genre casanière. dans ma dernière mission j'ai tenté le coup du "être en couple" et ça m'a pas trop réussi ajoutais-je sur le sujet en parlant un peu de ma mission en secte sans trop en dire non plus. et du coup? pas d'hommes à Miami qui serait digne d'être l'homme et le papa de cette irrésistible petite fille? demandais-je alors. Elle avait parlé du type avec qui ce n'était pas voulu mais il y avait peut-être quelqu'un ici. Je suis bien placée pour savoir que cette ville est pleine de surprises. Puis si belle jeune femme avec un bébé, ça plaisait à pas mal de types.

Deux chiens qui se battaient arrivaient en courant vers nous et vers la poussette. J'eue le réflexe de me mettre devant cette dernière en cherchant les propriétaires du regard, puisqu'ils devaient être en toute logique en train de les poursuivre. Les deux chiens étaient sans laisse. Je me prenais le flanc d'un des chiens en pleine jambe, où si je n'y avais pas été ça aurait été la poussette. à qui sont ces chiens? fis-je alors en préparant mon insigne sous mon pull. rappelez-les fis-je alors de ma voix de lieutenant De Ayala en montrant mon insigne à l'un des maîtres. Le deuxième arrivait et semblait plus compliqué à appeler le chien. C'était donc celui-là qui posait problème. où est sa laisse? nous sommes dans un parc, monsieur, si vous ne savez pas tenir votre chien, la laisse est obligatoire. Il y a des enfants ici. fis-je en mentionnant surtout la poussette derrière moi. C'est moi que votre chien s'est pris, pas la petite et sa maman, que se serait-il passé dans le cas contraire? Je vous le demande? fis-je en le forçant à le remettre en laisse et en prenant ses papiers. L'autre citoyen semblait content de mon intervention et attachait tout de même son chien sans que je lui demande. Attendez-vous à un courrier, ça vous apprendra peut-être à 1. dresser le chien 2. l'attacher et 3. faire attention à ce qui vous entoure. un chien qui ne revient pas à l'ordre quand on l'appelle c'est une amende. Et encore, il avait de la chance que j'ai été entre le chien et la poussette. Bonne soirée à tous les deux. déclarais-je alors sans faire attendre plus longtemps Jasmine, j'avançais avec mon café pour indiquer que j'en avais fini là. J'attendais qu'on s'éloigne pour lui lancer : tu vois, tu as besoin de moi. fis-je alors en riant légèrement, étant beaucoup plus légère que mon ton avec les hommes.

@Sibbie de Ayala

Comme elle est curieuse, cette sensation de me voir me faire imposer quelque chose sans que cela ne me déplaise pour autant. La peur et le stress qui guidaient mes réponses au départ se sont peu à peu volatilisés pour laisser place à la vraie moi. Celle qui n'est pas une meneuse, ni un leader, et pour qui chaque prise de décision peut s'avérer être d'un temps quasi biblique. Alors rencontrer par le plus grand des hasards, ou par le destin, question de point de vue, une femme aussi inspirante que Sibbie tombe à pic. J'accepte sa protection, j'accepte ses confidences, j'accepte son énorme coup de gueule face aux deux canidés prêts à en découdre devant la poussette de Sapphire... Et tout cela sans avoir la sensation que la suite deviendra un fardeau. Toute ma vie a été guidée de la sorte, par des hommes et des femmes que j'ai suivi aveuglément. Car chacun d'eux avait un petit truc qui me poussait à les suivre. Parfois un caractère que j'enviais. Parfois une beauté que je ne pouvais pas ignorer. Alors, pourquoi mon insconscient me pousse à suivre Sibbie maintenant ? Cette femme m'a fichu une peur bleue à la sortie de l'université, et voilà que maintenant je sens son magnétisme agir sur moi...

Dans les réponses qu'elle m'apporte, je suis parfois surprise, parfois non. Comme lorsque Sibbie me dit qu'il y a des fous plein le commissariat. On est aux USA, forcément qu'il y a des fous partout. Alors derrière les barreaux d'une cellule de garde à vue, ça parait tout à fait logique. La surprise, c'est lorsqu'à peu d'intervalle, elle me confie être attirée autant par les hommes que par les femmes, et que j'aurais du le remarquer vu que la policière me déshabille du regard depuis plusieurs minutes. Tu fais vraiment ça ? J'ai rien remarqué... Puis vient le moment de ses questions. Avec un sens du timing qui peut porter à confusion, vu la teneur de ces propos il y a quelques instants. Pour l'instant non, personne. Il y a bien un mec avec qui ça se passe plutôt bien, mais je crois qu'il est encore plus timide que moi. Un peu gênée, j'ai envie de lui faire une confidence. C'est l'occasion de tester le lâcher prise. Puis-je faire confiance à Sibbie ? On verra comment je me sens après lui avoir lâché ce petit dossier. En revanche, j'ai déjà embrassé une fille il y a quelques semaines. Pour la première fois de ma vie. Mais bon, on était complètement ivres, la folie de la soirée qu'on venait de passer nous a poussé à le faire. Mes pensées me renvoient à ce baiser, qui au final m'avait gêné, mais pas parce qu'il venait d'une personne du même genre. Plutôt car cet acte aurait pu avoir des conséquences sur ma relation avec Rose. Mais attention hein, interdiction de me forcer à boire pour abuser de moi, sinon j'appelle la police. Je ris de ma propre blague, car après tout, on n'est jamais mieux servi que par soi-même. La police sera déjà là remarque, tu devras te menotter toi-même. Oh non, ça y est. Je crois que je me sens suffisament à l'aise pour me transformer en moulin à paroles, et qui mouline dès fois des choses qui n'ont aucun sens...

Fort heureusement pour moi, ou pas d'ailleurs, notre conversation est stoppée nette par ces deux chiens venus se chamailler juste devant nous. Sibbie met son corps en opposition au chien, et à raison car elle se fait tamponner la jambe de manière assez violente. Sans elle, ça aurait été Sapphire qui se serait pris le coup en plein visage. La scène se déroule très vite, me plongeant dans un état de panique total, et c'est à cet instant que le lieutenant sort de sa boite, insigne au vent, voix autoritaire. En quelques secondes, elle remet à leur place les deux propriétaires des animaux, l'un des deux se voyait même infliger une potentielle amende. Une fois le calme revenu, je sens que mon corps tout entier tremble, probablement à cause de cette montée de stress et d'adrénaline. En tout cas, lorsqu'elle doit jouer au policier, Sibbie le fait très bien. Et alors qu'elle est dos à moi, toujours devant la poussette, je me jette littéralement dans son dos pour l'étreindre. Pour la remercier d'une part, mais aussi pour faire s'envoler tout le stress ressenti. Merci, merci, merci. Sans toi Sapphire aurait pu se faire très mal. Je la relâche, déchargée de toute cette énergie négative, mais en me demandant tout de même si l'étreinte en public était vraiment obligatoire. Euh, désolé pour ça, j'voulais pas t'embarasser. Mais t'as quand même sauvé ma fille, alors je t'en suis reconnaissante.

Un coup d'oeil rapide sur mon téléphone me permet de voir que le temps s'est écoulé à une vitesse vertigineuse. Suis-je prête à laisser Sibbie repartir chez elle maintenant, surtout après ce qu'il vient de se passer ? Rien n'est moins sûr. Il commence à se faire tard, il va falloir que je rentre. Tu veux bien rester manger à l'appartement ? Et puis il y a le bain de Sapphire à faire, je suis certaine que tu te débrouilleras comme une chef, héhé. Sibbie étant d'accord, nous nous mettons en route pour aller vers mon appartement. Faisant preuve d'une intelligence bien supérieure à la mienne, la policère avait eu la jugeotte de prendre sa propre voiture. Il ne nous faut que peu de temps pour arriver à destination. Une fois les voitures garées à proximité de l'immeuble, je prends toutes les affaires de Sapphire puis j'ouvre la voie vers la porte de mon appartement. Voilà, c'est juste ici. Bon, c'est un peu le bazar, je n'avais pas prévu de recevoir quelqu'un ce soir. A vrai dire, ce n'était pas un champ de ruines non plus. Mais on pouvait constater qu'il y avait de la vie dans cette maison, avec une table non débarassée du petit déjeuner du matin, des jouets en vrac un peu partout... Rien de bien effrayant en soi. Allez, je te fais visiter rapidement. Rapidement est le mot tout à fait adapté. Une pièce principale avec cuisine ouverte, un petit couloir qui dessert les wc, la salle de bains, et la chambre commune. Pour le moment, je n'avais pas d'autre choix que de dormir avec Sapphire. Ce qui n'était pas vraiment dérangeant, de toute façon je suis la seule à m'en occuper. Tout en retournant dans la pièce principale, je propose à Sibbie de se mettre à l'aise. Veste, chaussures, tout doit être retiré. C'est mon invité après tout, il faut qu'elle se sente bien. Je vais donner le bain à Sapphire, fais comme chez toi en attendant. Tu peux même venir dans la salle de bains avec moi, si tu ne veux pas rester toute seule ici.

Au final, Jasmine finissait par être à l'aise à mes côtés. Je m'étais vite rendue compte que j'avais peut-être abusé avec ma façon de la "rencontrer". j'aurais aimé l'avoir fait autrement maintenant que j'apprenais à la connaître. Elle avait eu peur sur le début, sans doute, elle avait espéré se débarasser rapidement de moi. Mais, à l'étape du café, elle avait osé une petite blague qui avait un peu attendri l'atmosphère. petit à petit, j'arrivais à en savoir plus sur elle sans avoir besoin de la menacer avec une amende. J'avais d'ailleurs dis adieu à ma tenue de flic quand nous étions arrivées au parc toutes les trois. L'arrivée de sa petite aussi avait dû moi me faire redescendre. Tout ce soucis que je me fais en ce moment sur la volonté ou non d'être maman un jour se mettait encore une fois sous mon nez, alors que je cherchais à me changer les idées. y'a un moment où j'avais du mal à ne pas me dire que le destin me riait bien au nez.

Je lui annonçais plutôt rapidement, vu qu'elle venait de me demander, de quel pain je mangeais. Je ne lui cachais pas que je la trouvais jolie, au passage. Elle n'avait pas remarqué que je l'avais maté de haut en bas depuis qu'on s'était rencontré. je ris devant sa candeur, elle était décidément trop adorable. Elle me parlait d'un mec avec qui ça passait bien mais qui restait plus timide qu'elle. Je levais un sourcil. ah plus timide que toi? waaa ça accrocherait pas du tout avec moi. fis-je en sous-entendant que j'avais déjà eu du mal à la faire "péter un coup" comme on dit. Bon, j'avais pas été très douce faut dire. Mais elle était pas hyper pas timide non plus, quoi. Donc le mec en question devait pas être très ouvert. Puis, elle m'avouait un baiser échangé avec une pote pendant une soirée arrosée. Je relevais un sourcil mais de manière plutôt étonnée dans l'autre sens. Puis elle me fit une vanne pour me dire qu'il ne faudrait pas du coup tenter de l'alcooliser pour avoir un baiser. Je claquais des doigts genre "mince". tu as anticipé mes plans fis-je alors avec humour. moi j'suis pas contre être menottée mais laisse l'alcool continuer son effet une fois fait. fis-je alors avec malice, sous-entendant qu'elle pourrait faire ce qu'elle voulait de moi si j'étais menottée. je restais sur le ton de l'humour évidemment malgré que je ne lui dirais pas non. elle a de la chance cette copine en tout cas lui fis-je alors, au risque d'être lourde, parlant du baiser qu'elle avait eu avec cette fille. bon après, on a presque toues fait ça, même les hétéros 100%. La question c'eeest : as-tu aimé plus que tu n'aurais dû? Enfin, tu n'es pas obligée de me répondre hein c'est intime comme question. Mais quand même, j'espère que tu te l'aies posée. finis-je alors comme un conseil de daronne pourri.

La scène d'après passait vite, je repassais en mode flic pour deux maîtres de chien indisciplinés. Un des chiens aurait pu foncer sur la poussette de Sapphire si je ne m'étais pas mise entre deux par réflexes. j'avais dû faire une scène de boulot devant Jasmine avant de me retourner vers elle pour m'excuser mais pour aussi souligner qu'elle avait besoin de moi. Elle me prenait dans les bras. Ok, ça m'avait surpris mais en même temps en tant que maman je pouvais comprendre. non non t'excuses pas, c'était inattendu mais je comprends. On aurait passé une sale fin de journée si ce chien vous était rentré dedans. lui fis-je alors en sous-entendant un passage à l'hôpital et l'appel des pompiers. Un bébé qui tombe d'une poussette ça doit pas être jojo. Jasmine avait simplement eu une réaction de maman, un instinct maternel qui avait été de remercier la personne qui avait évité une cata à son enfant. Je ne pouvais que comprendre, surtout dans l'état dans lequel je suis en ce moment.

Elle se mit à regarder son téléphone et à voir l'heure passer. ça y'est, elle se débarrassait de moi d'une manière ou d'une autre. A ma grande surprise, ce n'était pas le cas. Elle m'invitait plutôt à manger chez elle et à faire le bain de Sapphire. Oh heu oui, d'accord. Je te suis en voiture. J'aurais pu faire un truc fun et t'escorter mais, on fera ça plus tard. Assez d'actions de flics pour la journée fis-je alors avec un signe de main genre "stop" en riant légèrement. par contre pour le bain me fait pas trop confiance, j'aurais trop peur lui fis-je avant de monter dans ma voiture. Je la suivais chez elle. Elle me prévenait pour le "bazar", comme beaucoup de gens font par respect mais c'est jamais trop le bazar et à part que de voir qu'elle vivait, rien de bien grave. Avec une enfant et seule, ça ne devait pas être évident, on ne voulait pas qu'elle soit une sorte de Bree Vandecamp. Elle me fit gentillement visiter. je l'écoutais attentivement. Elle me montrait qu'elle dormait avec sa petite. Le co-dodo, beaucoup de parents le faisaient de nos jours. Ce serait peut-être plus embêtant quand elle voudrait avoir une vie privée, par contre. Je pensais à ça direct, moi la grande frivole. Elle m'aidait à me mettre à l'aise, j'enlevais veste et chaussure à l'entrée. c'est adorable. ce n'est pas tant le bazar, tu vis ici c'est seule avec une enfant, c'est tout à fait acceptable dans ce contexte. je suis déjà intervenue dans des habitations biiiiien pires que ça avec les violences conjugales ou enfantines, j'en voyais des choses. Là, on en était très loin. Elle élevait très bien sa fille avec ses moyens. je vais poser une question, tu n'es pas obligée de répondre encore une fois mais.. tu n'as pas de problèmes pour justement ta vie privée? je ne dis pas que tu ne devrais pas dormir avec ta fille au contraire je trouve ça très sain mais... enfin ça doit être une nana qui n'a pas d'enfants qui pense ça! fis-je alors gênée d'avoir penser ça, je ne voulais pas qu'elle le prenne mal. Elle me proposait de faire comme je voulais. Je décidais de la suivre dans la salle de bain, mais avant je sortais évidemment une vanne : je t'ai dis que j'étais bi et tu m'invites à voir ta fille nue dans le bain? outch déconnais-je bien évidemment sur la route de la salle de bain. Elle faisait couler l'eau, faisait attention à la température, elle amusait sa fille, c'était adorable. Je sortais mon téléphone. je commande ce soir, je paie. tu m'invites déjà et tu m'as payé un café, c'est mon tour. prenais-je en excuse alors en sortant mon téléphone, m'asseyant près de la baignoire, les regardant toutes les deux en souriant. Puis, une fois la commande faite sur Uber, je vins prendre les jouets pour jouer avec elles dans le bain. On riait bien, je me retrouvais avec de la mousse sur le nez et dans les cheveux. eeeeh c'est toi qui prends le bain fripouille pas nous! fis-je alors en riant. tu as une chanson pour se laver? mon papa m'en chantait toujours une quand j'étais petite pour m'apprendre, bon elle est petite mais ça m'y fait pensé. C'était en espagnol donc elle comprendra rien à celle de papa. j'avais toujours eu des soucis avec ma mère. Il y a encore pas longtemps, je vivais limite avec mon père au Mexique. C'était l'amour de ma vie. Depuis que j'avais ce soucis de maternité ou pas, j'y pensais beaucoup. Il me manquait. Je perdais quelques secondes d'attentions à cause de cette pensée puis je regardais à nouveau Jasmine en souriant. Bon, prête pour une soirée tee-shirt mouillé? fis-je en lui lançant un peu d'eau sur elle, avant de rire. Oui, quand j'ai une pensée trop sérieuse, il faut que je la transforme en blague. Parfois, ça me menait à des situations pas trop mal, genre là.

@Sibbie de Ayala

Quand même, est-ce que tout cela est une bonne idée ? J'veux dire, inviter la personne qui a braqué ma voiture ? Cette même personne qui a très certainement une arme à feu quelque part dans ses affaires, peut-être même sur elle actuellement ? Toujours cette même personne qui, depuis qu'elle a levé le voile sur sa sexualité, n'a de cesse de me poser des questions pour le moins intimes ? Cette petite voix, probablement ma consience, ou mon subconscient, peu importe, n'a toujours pas disparue, et ce, malgré le fait que ses paroles ont un écho de moins en moins puissant. Lorsque le doute m'habite, je sors de mes pensées, et j'observe la scène qui est en train de se passer. Deux femmes, un bébé, une baignoire et des éclats de rire. Sapphir semble m'avoir conféré une sorte d'immunité aux yeux de Sibbie. Et j'ai l'intime conviction qu'il ne se passera absolument rien de répréhensible d'ici à ce qu'elle parte de l'appartement. Je ne sais pas si c'est une bonne idée, je porte un t-shirt blanc et aucun sous-vêtement en dessous... Ayant pris mon air très sérieux, je laisse s'installer un léger silence gênantavant de partir dans un éclat de rire. Tu devrais voir ta tête ! Bien sûr que je porte un soutien-gorge, mais ne mouille pas trop mon t-shirt sinon tu risques de le voir accidentellement. En le disant, je me rends compte que mes propos pourraient être interprêtés comme de la provocation. Il n'en était rien. Cela n'en est pas à partir du moment où celui qui a prononcé cette phrase n'a aucun doute sur son orientation sexuelle. Ce qui est mon cas. Pour l'instant, à part peut-être mon frère un soir où il devait garder Sapphire, aucun homme, ni femme, n'a dormi dans ce lit avec moi. Si jamais cela doit arriver un jour, bah on avisera hein.

Après un moment très sympathique, c'est l'heure de sortir du bain pour la petite princesse. Mes gestes sont de plus en plus précis, de plus en plus routiniers. Instinctivement, je sais où est la serviette de bain, comment enrouler Sapphire dedans, comment la porter jusqu'à la table à langer. La symphonie s'exécute avec son chef d'orchestre, laissant son public spectateur de la partition jouée. Petite astuce de jeune maman, ne jamais tarder à mettre une couche au bébé, car ça peut arriver en sortie de bain que la demoiselle ne souhaite pas se contenir. Clairement, j'avais appris de mes échecs. Cette situation, j'ai du la vivre deux fois avant de me dire que quand même, fallait être bien plus rapide que ça pour la langer. En deux trois mouvements, Sapphire est en pyjama, prête pour manger. Ce soir c'est purée de carottes pour la princesse ! Et nous, on mange quoi du coup ? Nous nous redirigeons vers le salon où j'installe ma fille dans sa chaise haute. Tout en gardant un oeil sur elle(s), je réchauffe son repas avant de revenir m'installer en face de sa chaise. Deuxième astuce, travaille tes réflexes. Car on est pas à l'abri d'un crachat de purée. Par chance, Sapphire a décidé de mettre de la bonne volonté ce soir, et le repas se passe sans heurts. L'occasion pour moi de revenir sur une question de Sibbie que j'avais préféré esquiver un peu plus tôt. Tu sais, tout à l'heure au parc tu m'as demandé si j'avais aimé ce baiser fait à une autre femme. Très honnêtement, je ne sais pas quoi répondre. Ce n'était pas un désir de ma part vu que c'est mon amie qui m'a embrassée. Je n'ai pas trouvé ça désagréable. A la limite, surprenant. Mais de là à me dire qu'en fait, je suis bisexuelle depuis tout ce temps, je ne crois pas. Notre conversation est interrompue par le bruit de l'interphone. On dirait que le repas des adultes est arrivé. Et alors que Sibbie va lui ouvrir, j'en profite pour aller coucher Sapphire. Après un gros calin avec Maman, c'est l'heure du dodo. Une balade et une journée chez l'assistante maternelle, ça fait beaucoup pour un si petit être. Je ferme presque complètement la porte pour la protéger du bruit, et me revoilà dans le salon. La petite est couchée, tu peux aller lui faire un petit bisou si tu veux. Wow, carrément, je lui propose d'aller embrasser ma fille. Ma conscience s'est éteinte pour le reste de la soirée.

Son refus me surprend un peu, sans que je pousse l'investigation plus loin. Après tout, ça peut très bien être un refus de politesse comme ça peut être un refus lié à un traumatisme quelconque. Je ne connais pas encore Sibbie assez bien pour me faire une rapide idée sur la question. En même temps, passer cinq heures avec quelqu'un permet-il de la connaitre suffisamment ? Pas sûr. Voilà, il n'y a plus que toi et moi maintenant. Venant tout juste d'enlever mon costume de mère, c'est le costume de femme qui se dévoile. Et la femme que je suis est de plus en plus intriguée par les penchants frivoles de Sibbie. Ses questions, réflexions et actions sur ma vie privée ont pour effet d'allumer des petits fusibles dans mon esprit dont j'ignorais l'existence. Je peux te demander quelque chose ? Depuis quand tu sais que tu es attirée par les hommes et les femmes ? Et aussi, c'est comment de coucher avec une femme ? Ne souhaitant pas qu'elle prenne ma question pour une proposition implicite, je m'empresse de compléter ma réponse. Attention hein, je dis pas que je veux essayer, j'en ai d'ailleurs pas du tout envie. C'est la curiosité qui parle. Et un infime soupçon d'envie aussi peut-être non ?