Je racontais à mon meilleur ami pour la femme que je venais de rencontrer. Ce dernier décelait rapidement ce que je cachais derrière tout ça. En même temps, je ne pouvais pas tellement le cacher. Je ne comprenais même pas qu'elle même ne l'est pas encore vu. Rien qu'à la regarder je savais que je me trahissais. Mais je m'étais fais une raison. Elle avait un homme dans sa vie. Je préférais l'aimer en secret, après tout ça me ramenait moins de soucis. Je savais où l'amour pouvait me mener et je n'avais pas vraiment envie de revivre ça, finalement - ou alors je me disais ça par déni.

Je le taquinais, après avoir prévenu pour la soirée catch, on sortait les tapas de partout, les bières et autres boissons dans la salle et ça s'animait. Je continuais de l'embêter avec le fait d'avoir quelqu'un dans sa vie. Je ne savais pas pourquoi mais j'étais persuadé qu'il pourrait être tout à fait heureux en compagnie de quelqu'un. Il fallait juste trouver la bonne personne. Celle qui comprendrait ses absences, celle qui n'aurait pas envie d'être trop dans le sérieux, celle qui le ferait rire et qui ne le ferait pas s'en vouloir de ne pas être là si souvent que ça. Je faisais l'erreur de lui donner mon exemple. Au début, il le prenait à la rigolade en me demandant pourquoi je disais ça. Je levais les mains innocemment. on sait jamais, que tu t'empêches rien, tu sais que c'est possible fis-je alors en attrapant des verres que j'essuyais machinalement. Mais c'était trop tard, le sujet était lancé. Il me demandait plus de détails, des détails qu'il n'avait jamais eu simplement parce que je n'en avais jamais parlé. j'évitais toujours ce sujet. Mais c'était mon ami, je me devais de lui dire ce genre de choses. C'était la base de tout et je savais que je pouvais lui faire confiance. Nous n'étions pas entouré de près, la télé couvrait nos voix après tout. Je pourrais lui dire avant que du monde se ramène. Je posais mon verre, je faisais le tour du bar pour venir à ses côtés profiter du match avec les boissons et la bouffe que je nous avais servi. en fait, personne ne connaît cette histoire. lui fis-je alors maintenant que j'étais plus proche de lui et que j'étais dans un contexte plus amical. c'était mon amour de jeunesse. Elle savait que je voulais être militaire, j'veux dire j'l'ai dans le sang depuis la naissance. Elle était prête à ça. Dans les premières années, c'était fou. Quand j'étais en permission je passais des journées incroyables. On s'est marié, et au bout de 5 ans est né une petite fille... lui fis-je alors en mangeant entre deux. Il fallait que je pense aux mots et pas au fond. Sauf qu'elle a été diagnostiquée malade à la naissance... Je partais en mission la boule au ventre mais la petite voulait que papa sauve le monde... Mais ma femme m'en voulait de la laisser seule gérer ça la plupart du temps. Quand j'étais de perm' je dormais avec ma fille, je la regardais dormir toute la nuit, je passais tout mon temps avec elle. ça nous a complètement éloigné avec ma femme. lui fis-je alors. puis quand elle a finit à l'hôpital, sur la fin, j'ai découvert qu'elle avait une liaison. Enfin, elle n'a pas cherché à me le cacher à ce moment-là. C'était clair. Et elle voulait le divorce. Je l'ai supplié d'attendre, de ne pas faire subir ça à notre fille qui... qui a finit par nous quitter. Je marquais un petit temps ou je buvais dans ma bière histoire de ravaler mes mots. C'était la première fois que je donnais tant de détails à voix haute. elle n'a pas attendu une journée pour me mettre les papiers sous le nez. J'ai enterré ma fille sans une main à tenir. Et puis j'ai pris ma retraite et j'ai fui ici. J'ai décidé d'ouvrir un bar familial, de retaper des bagnoles. De m'occuper l'esprit, de faire mon deuil seul mais... sans souvenirs qui me rattraperaient. Je lui ai tout cédé. Histoire d'être tranquille. Et voilà. fis-je alors avant de prendre une grande inspiration et de soupirer. Comme je disais, pas tellement un bon exemple. Tu vas fuir devant les relations maintenant que tu sais tout ça. je préférais lancer tout de suite une pique de rigolade pour rester dans le factuel et laisser la boule qui semblait revenir m'envahir au profond de mon être.

Andrès me racontait que la femme qu’il venait de rencontrer était fiancée et que son mec était en prison. C’était pas de bol et c’était la merde mais ça, tout dépend de combien de temps il va passer en taule. S’il sort bientôt vaut mieux rien tenter au risque de se faire casser les dents. Même si ça venait à arriver, je serais là pour l’aider et le défendre, un pote c’est fait pour ça.

Il me charriait en me disant que même en étant à l’armée, il n’était pas impossible de concilier vie privée et vie professionnelle et ça je le savais très bien, c’est juste que je ne suis pas fait pour être avec quelqu’un, pour vivre avec quelqu’un, pour être attaché à quelqu’un. Je lui demandais pourquoi il me disait tout ça, même si au fond j’avais la réponse. Entre lui et mon pote Ryan, ils veulent tous me caser alors que je ne demande rien. « On sait jamais, que tu t’empêches rien, tu sais que c’est possible. » dit-il en attrapant des verres qu’il essuyait comme pour s’occuper, comme pour essayer d’esquiver un sujet.
- Ouais j’sais que c’est possible… pour les autres… et puis qu’est-ce que ça peut bien faire que j’sois célibataire ? Au moins pas d’attaches, pas d’emmerdes. Répondis-je en riant légèrement avant de boire une nouvelle gorgée de ma bière. Je lui demandais ensuite pourquoi il ne parlait jamais de ses anciennes histoires et si ça s'était mal terminé. Il m’expliqua alors son histoire et je l’écoutais attentivement et wow je ne m’y attendais pas du tout, enfin peut-être pour une certaine partie parce que quand on est militaire, c’est souvent ce qui arrive que ça soit d’un côté comme de l’autre. Les militaires ont la réputation d’être des coureurs de jupons mais les femmes de militaires ne sont pas toutes des saintes non plus et c’est peut-être aussi pour ça que je me plais dans mon célibat. Par contre, l'histoire de sa fille me fit de la peine et je venais alors poser une main compatissante sur son épaule. Maintenant, je comprends mieux pourquoi il n’en parle jamais, trop de mauvais souvenirs et de souffrance. « Comme je disais, pas tellement un bon exemple. Tu vas fuir devant les relations maintenant que tu sais tout ça. » dit-il alors en riant légèrement.
- Je suis vraiment désolé pour toi mon pote… enfin surtout pour ta fille… Et pour ce qui est de ton ex, elle ne te méritait pas ! T’es trop bon comme gars. Dis-je alors,
- Et je fuyais déjà avant alors… mais disons que ça me conforte dans l’idée de rester célibataire et de profiter de la vie. Ajoutais-je alors en riant.