Daryl & Lily-Anne

L’éclaircie vient après la pluie.

J’étais retourné en Alabama pour une semaine afin de passer du temps avec mes parents que je ne voyais plus tellement depuis que j’avais commencé mes études de médecine ! Avec la mort de Max en 2001, notre relation ne s’était pas plus améliorée.  J’avais même pris encore plus de recul avec eux, coupant presque les ponts. Ce n’avait pas été voulut, mais en m’enfermant sur moi-même j’avais laissé toutes les personnes de ma vie s’éloigner. Même si cela faisait presque quinze ans maintenant que ce drame était survenu dans ma vie, je n’avais pas réussis à recréer une relation de parents/fille proches. J’avais fait des efforts au fil des années mais mon travail m’empêchait de m’impliquer come je l’aurais souhaité auprès d’eux. J’aurais pu revenir habiter dans ma ville natale pour y installer mon cabinet, mais j’avais besoin de mon espace, de ma vie à moi.

Cette semaine auprès de ma famille m’avait fait le plus grand bien. Comme on ne se voyait que très rarement, ma mère adoré être aux petits soins le temps de ma venue. Je n’avais le droit de rien faire mis à part prendre du bon temps ! C’était tellement agréable de se faire bichonner de temps en temps. Une semaine cela passait vraiment trop rapidement, mais je ne pouvais abandonner mon travail que je chérissais tant plus longtemps.  

Je rentrais sereinement, tranquillement et joyeusement, lorsque tout ces sentiments se transformèrent en de l’exaspération, de l’énervement et voire même de la colère. Sur la route pluvieuse ma voiture était tombée en panne, mon portable était déchargé et comme pour en rajouter une couche,  il n’y avait personne sur les routes à cette heure-ci de la nuit. Il avait fallut qu’à Miami, la ville du soleil, il pleuve juste le jour où je me retrouvais dans une galère pas possible de voiture ! Le bon dieu voulait-il me punir de ce moment tant agréable que j’avais pris ? Je n’avais pas envie de passer la nuit au bord de cette route déserte alors je décidai de marcher jusqu’à croiser quelqu’un. Ma petite robe légère était plus que trempée et mes cheveux collaient à mon visage dans un désordre inacceptable. Je n’imaginais même pas mon maquillage qui devait couler à flot.

Soudain, à mon grand soulagement, je vis des phares illuminé la route face à moi. Un bruit de moteur se fit entendre. Ce n’était pas une voiture. Je reconnu le moteur d’un gros deux roues. Je me positionnai au milieu de la route, pas trop quand même non plus, et fit de grands signes au chauffeur.

« Stop ! Arrêtez-vous s’il vous plaît ! »

Voyant la moto continuer à rouler à la même vitesse constante, mon cœur se serra. M’avait-il vu ? M’avait-il pas vu ? J’avais bien l’impression qu’il ne me voyait pas face à lui sur la route. Oh non j’allais me faire renverser par une putain de moto ! Mes jambes étaient comme paralysée. Je savais que je devais dégagez vite fait de la route mais je n’arrivais pas à faire un mouvement.

« Oh merde … ! »

Par réflexe je ferma les yeux et attendis le choc avec le véhicule …
 

Daryl & Lily-Anne

L’éclaircie vient après la pluie.

J'ouvris les yeux doucement en entendant la voix tonitruante du conducteur un peu fâché, non pas un peu fâché, plutôt assez en colère ! J’avais entendu l’homme tomber à terre avec sa moto ce qui était normal qu’il soit dans cet état. J’avais faillit me faire renverser, nous blesser tout les deux en restant planter au milieu de la route.

-Putain mais ça va pas ! T'es suicidaire? Tu veux en finir avec ta vie tu peux pas te pendre comme tous les gens normaux bordel ! J’ai faillis bousiller ma bécane à cause de tes conneries

J’étais totalement confuse et je n’avais aucune excuse qui pourrait justifier mon comportement. J’avais juste eu un moment d’absence, de confusion. La pluie ne cessait pas, au contraire, maintenant j’avais l’impression que c’était encore pire. Peut-être parce que je commençais à avoir froid toute mouillée comme j’étais.

« Je suis désolée, ma voiture est tombée en panne un peu plus loin sur la route … » je lui montrai du bout de doigt la direction dans laquelle j’avais laissé ma voiture. «Personne ne passe à cette heure ci j’ai l’impression alors j’ai tenté le tout pour le tout. »

J’avais d’ailleurs peut-être risqué un peu trop le tout pour le tout. La prochaine fois je réfléchirais à deux fois avant de me jeter sous les roues d’une moto ou d’un autre véhicule. Là il ne m’était rien arrivé ni au conducteur mais ca aurait pu.

« Je suis navrée, j’espère qu’il y a eu plus de peur que de mal, vous voulez que je vous aide avec votre moto ? »

Il n’avait pas beaucoup l’air d’apprécier que je veuille l’aider, certainement toujours en colère contre moi. C’était un grand homme assez baraqué et moi une jeune femme pas très musclée. Je devais avouer que dans la nuit, sans personne à des kilomètres à la ronde, j’avais un petit peur dans le fond de cet inconnu. On disait qu’on ne devait pas juger sur le physique, mais je devais avouer qu’il n’avait pas un physique très rassurant… Je gardais donc mes distances avec lui juste au cas où sa colère s’abattrait sur moi.

Daryl & Lily-Anne

L’éclaircie vient après la pluie.

Mes excuses n’arrivait pas à arranger la situation et le faite que je lui propose poliment de l’aider avec sa moto non plus apparemment. Je ne savais que faire pour me faire pardonner de mon comportement exagéré. Il releva ses cheveux en arrière qui avaient glissés le long de son visage avec la pluie. Le motard s’approcha de moi. Je m’efforçai de ne pas reculer d’un pas car il aurait pu le prendre mal et cela n’aurait pas joué en ma faveur.

« Je serais bien allé voir ta voiture mais sous cette pluie et dans le noir ça sert à rien, j'y verrais keudal ! »

Je le vis enlever sa veste et me la tendre. Je le regardai un peu surprise et étonnée par son geste. Il devait avoir vu que je commençais à avoir un peu froid avec seulement ma petite robe sur le dos. Il souffla d’exaspération et je me dis qu’il valait mieux que je prenne sa veste qu’il me proposait si gentiment. Elle était beaucoup trop large et pas du tout dans mon style mais peu importe je m’en contenterais. En plus elle était toute chaude !

« Merci c’est vraiment gentil, vous n’auriez pas dû », lui dis-je avec un sourire.

Finalement je sentais que je pouvais avoir confiance en cet inconnu à l’air un peu rebelle et hors-norme. Je n’avais pas l’habitude de trainer avec des gens un peu … différent ? Disons que mon entourage était composé de blouses blanches impeccable, de coupes de cheveux soigneuses et de visages parfaitement maquillé, ce qui n’était pas mon cas actuellement je devais dire. J’étais plutôt tout le contraire et demain j’aurais surement une grosse pneumonie si je restais plus longtemps sous ce temps de chien.

L’homme ramassa sa moto qui était toujours à terre et grimpa dessus. Allait-il me laisser ici seule alors qu’il venait de me prêter sa veste ? Quand même ce serait … un peu méchant de sa part. Je savais qu’il était en colère mais de là à me laisser dans la galère ? Contre toute attente il m’ordonna de grimper avec lui.

« Allez monte la crevette si on reste là tu vas chopper la mort !!! On viendra voir ta bagnole demain ! »

D’accord, il était sérieusement sérieux là ? Il voulait que je monte sur sa moto ? Dans cette tenue ? Avec ce temps ? Voyant que je ne m’exécutai pas l’homme me pressa. Il était sérieux.

« Euh … je ne suis pas tellement dans la bonne tenue. »

Le regard qu’il me lança me fit comprendre que je n’étais pas tellement en position de parlementer. En plus il n’avait même pas de casque ! Je n’étais jamais monté sur un deux roues de toute ma vie, à part un vélo. Je n’étais pas vraiment certaine de contrôler ce que je m’apprêtais à faire. Je m’approchai prudemment de l’homme à la moto.

« Serait-ce trop vous demandez de me donnez un coup de main ? »

J’étais un peu gêné de l’embêter comme ca. J’allais surement passer pour une jeune femme sans cervelle et un peu cruche incapable de monter sur une moto. Quelle image pitoyable de moi cela donnait. Même moi je commençais à m’auto-exaspérée.

« Je m’appelle Lily-Anne au faite. »
 

Daryl & Lily-Anne

L’éclaircie vient après la pluie.

Après un effort considérable de ma part pour monter sur l’engin je me présenta simplement avec mon prénom. L’homme fit de même. Il s’appelait Daryl. Au moins son prénom lui collait bien à la peau devais-je reconnaitre. Il m’expliqua ensuite comment me comporter lorsque nous roulerions sur la route. Quand il allait vers la droite je me penchais vers la droite et inversement. Cela me paraissait simple, mais je ne savais pourquoi quelque chose me disait qu’une fois la machine lancée ce serait une tout autre paire de manche !

Je me serrai à lui, certainement un peu plus fort que je ne l’aurais voulut, mais j’avais tellement peur de tomber … Je n’avais jamais été de ces filles dont le petit ami venait les chercher sur un deux roues pour faire le mur où je ne sais quoi d’autre. Non moi tout ce que j’avais connu c’était une bonne voiture bien confortable sécurisé par un habitacle et une ceinture de sécurité.

« ça vaa !? Va falloir que tu m'indiques la route à suivre parce que la je sais pas où je vais ! »

Sa question me demandant comment ca allait était totalement stupide, mais bon il ne pouvait pas le savoir ca. Bien sûr que non ca n’allait pas ! J’étais en pleine nuit de pluie sur une moto avec un inconnu qui m’avait dit avoir vu ma petite culotte sous ma robe ! Bon cet homme allait me ramener chez moi alors disons que …

« Ca pourrait aller mieux », avouais-je. « J’habite dans le sud de la ville, dans les immeubles juste en face de la mer. Prenez la direction du centre ville et je vous indiquerais ensuite. »

Je me rendis soudainement compte que je hurlais  peut-être un peu trop fort. J’étais derrière certes, mais ces oreilles étaient proches de ma bouche alors je n’avais pas besoin de lever la voix aussi haute. Cependant avec cette pluie battante je n’arrivais tellement à entendre ce que je disais. Le bruit du moteur de la moto et le peu de vent glissant sur nous n’arrangeais rien.

Nous n’étions qu’à une petite dizaine de minutes du centre. Une fois arrivé là-bas je lui indiqua la route à prendre. La pluie avait un peu diminuée, il était tant ! Nous arrivâmes assez rapidement en bas de chez moi.

« Voilà c’est là », dis-je simplement.

Daryl  m’aida à descendre de sa moto et je le remerciai poliment. J’étais enfin arrivée chez moi après toutes ces péripéties. J’étais comme soulagée que la journée se finisse. Demain je devais aller de bonne heure au boulot et là maintenant je n’avais qu’une hâte rentrer dans mon appartement, prendre une bonne douche et me mettre au lit devant un bon film dans ma couette bien chaude ! Je tendis la veste que m’avait prêtée mon sauveur de la soirée. Je l’observai quelque secondes. J’étais bien égoïste de vouloir rentrer directement au chaud alors que lui aussi était trempé de la tête au pied ! Il m’avait quand même aidé je lui devais bien quelque chose.

- Vous voulez peut-être prendre une douche et café ou bien seulement un café ?

Je pointai du doigt la porte d’entrée de mon immeuble pour lui signifier que je l’invitai à rentrer chez moi.