« D’accord, d’accord», trancha la jeune neuropsychiatre, excédée.

La consternation et l’épuisement se peignirent sur le visage de la jeune fille. Elle passa sa main dans ses cheveux blonds et poussa un soupir désespéré. Elle sentit une main se poser sur son épaule et afficha un sourire doux, mais sincère et réel tandis qu’elle se retournait pour faire face à celui qui était, envers et contre tous, son meilleur ami. Le cheveux brun de ce dernier étaient en bataille, ce qui valut un commentaire faussement désobligeante de l’enseignante. Elle se laissa tomber dans son fauteuil en expliquant à cet ami qu’on l’attendait à une réunion, mais qu’on pouvait toujours rêver pour l’y voir. Naya détestait, et encore c’était un euphémisme, les réunions et ne s’y rendaient jamais. Pourquoi cette fois aurait-elle fait exception à la règle ? Elle ne supportait tout bonnement pas les regards des autres, alors le Doyen pouvait toujours espérer, rien n’y ferait, elle n’y serait pas. Elle enfouit sa tête dans sa main avant de pousser un énième soupir. Son ami vient près d'elle et la serra dans ses bras, apaisant un instant la nervosité extrême de la jeune femme qui se laissa aller à cette étreinte. « Je n'irais pas», lança-t-elle davantage déterminée. Rien ne pourrait donc la faire changer d'avis. Sa présence n'était pas indispensable, elle comptait bien leur en faire prendre conscience.

Mais peu à peu, elle se sentit comprimée. Ses pensées tournaient en boucle et elle entendait distinctement une voix lui murmurée que ça ne servait à rien de fuir, qu'elle serait obligée de se présenter à cette réunion, chose qui ne lui tentait point. Ainsi, l'air semblait saturée de son agitation et irrespirable. De ce fait, le besoin d'une air ne serait-ce qu'un tout petit peu plus pur se faisait de plus en plus urgent, de plus en plus pressant, puisqu'elle étouffait de plus en plus dans cette pièce qui avait, pourtant, des odeurs imprégnées familières. Elle prit un document regroupant des copies à corriger et le début d’un cours concernant des études sur le cerveau d’un neurotypique en différence avec celui d’une personne aux anomalies neurologiques. Son cartable de cuir brun sur l’épaule, elle sortit d’un pas vif, sans dire au revoir à cet ami. Si elle s'était retournée, elle aurait vu le visage empreint d'une inquiétude certaine de son meilleur ami, mais elle ne s'était pas retournée, descendant avec une rapidité extrême les escaliers, puisqu'elle refusait catégoriquement de prendre l'ascenseur. Elle parcourut les couloirs jusqu'à la sortie, franchit les portes et laissa l'air frais entrer d'un coup dans ses poumons, pour l'apaiser d'avantage. Elle le respira profondément, se délectant de cet air n'était pas empreint de sa nervosité et son anxiété, mais chargé en différents effluves, pour la plupart agréable.

Le vent frappa alors brusquement le visage de l’adulte qui eut un mince sourire, appréciant cette « caresse » . Néanmoins, les passages des piétons la rendirent rapidement mal-à-l’aise, de telle sorte qu’elle sortit son lecteur de cassette pour écouter sa musique. Les notes de piano et de violon à fond, elle put enfin se mettre à marcher pour trouver un endroit pour s’installer et commencer à travailler sérieusement, à faire ses recherches. Bien entendu, elle avait son ordinateur portable avec elle, ses copies à corriger et bien d’autres choses encore, pour lui permettre de travailler. Naya s’arrêta devant le Starbuck et ne put s’empêcher de se dire qu’un café - chose qu’elle ne prenait pas en général - ne pourrait pas lui faire de tord en cette début d’après-midi. Elle entra donc sans attendre et se commanda un café sans lait et sans sucre. Elle alla s’installer sur une table sur la terrasse lorsqu’elle l’eut en main. Elle sortit son ordinateur portable, étala ses papiers, et laissa la musique envahir son champ auditif pour ne plus prêter attention aux alentours, seulement à ce qu’elle faisait. Des mains expertes, qui traçaient des traits, surlignaient, biffaient, et d’autres choses encore, les copies des élèves de son cours, marquant des notes, et tapant sur l’ordinateur, prenant en parallèles, préparant la présentation visuelle.  Elle ne vit donc pas le visage connu d’une pédiatre avec qui elle avait travaillé sur un projet alliant neuroscience et pédiatrie. Naya se concentrait uniquement sur la correction des travaux et la conception d’un cours.