Daryl & Lily-Anne

L’éclaircie vient après la pluie.

Daryl accepta mon invitation à prendre une douche et un café en signe de compensation. J’habitais au troisième étage de l’immeuble au numéro 306. Mon appartement avait la vue parfaite sur la mer. Je n’allais pas dire que je n’avais pas dépensé un bon tas de dollars pour acheter cet appartement. Je ne regrettais pas mon investissement tellement je m’y sentais bien dedans. J’avais refait les peintures à ma façon et décoré avec goût les moindres recoins.

Je frottai mes pieds sur le paillasson à l’entrée. Nous étions trempés et l’eau qui était sur nous tomba sur le sol à chaque pas que nous faisions. Demain je devrais faire le ménage … Oui j’étais une maniaque du ménage et de l’ordre, j’étais médecin après tout. Tout mon cursus scolaire avait était basé sur l’hygiène et l’organisation méticuleuse. Je vis Daryl prendre mon diffuseur d’ambiance dans la main avec un air intrigué. Je voulus lui dire de reposer cela car cela m’insupportais que l’on dérange mes affaires mais je me retins, poussant juste un petit souffle inaudible. J’étais polie je n’allais pas l’embêter avec mes tocs et autres manies maintenant.

Il enleva sa veste puis son t-shirt l’air de rien tout en regardant le tableau qui était fixé au mur de mon salon. Euh … Il aurait peut-être pu attendre d’être dans la salle de bain avant de se déshabiller non ? C’est pas qu’un corps d’homme me dérangeais plus que ca, j’en avais vu beaucoup d’autres, mais tout de même …


«  ça a du couté du blé ce truc, non!? »

Je haussai les épaules. Ce tableau je n’en connaissais pas du tout la valeur. C’était un tableau que j’avais gagné lors d’un gala/loto où j’avais été invitée. Je n’avais jamais pensé le faire estimé. Peut-être valait-il beaucoup plus que sa beauté artistique le laissait penser.

« On dirait un chien qui est tombé dans de la peinture et qui a trainé son cul sur toute la toile. »

Sa réflexion fut tellement surprenant que je ne pu m’empêcher de rire. C’est vrai qu’il n’était pas digne d’un Monet mais il n’était pas si moche que ca, enfin je le croyais.

« Je ne voulais pas le jeter alors au lieu de le laisser trainer dans un coin je l’ai accroché, mais c’est vrai qu’il y a beaucoup mieux comme peinture. Après je travaille avec des enfants alors je ne trouve pas ca si laid, c’est enfantin je dirais. »

Et c’était vrai. A chaque fois que je regardais ce mélange de peinture et de couleurs qui n’avait ni queue ni tête, j’avais l’impression que deux ou trois enfants avaient juste eu envie d’étaler de la peinture ici ou là sans savoir quoi faire. Je tendis la main en direction de l’homme pour lui prendre ses affaires qui faisaient couler de l’eau sur mon sol.

« Je vais les mettre à sécher, donne-les moi. Par contre il n’y a pas d’homme qui vit dans cette appartement alors je n’ai pas un très large choix de vêtement à te prêter. Suis-moi. », lui dis-je. « Au faite je te tutoie, j’espère que ca ne te dérange pas ? »

J’avais pris légèrement les devants avec le tutoiement, mais il avait fait de même alors je ne pensais pas que ca le gênerait plus que ca. Et puis le vouvoiement c’est bon pour le professionnel, pas entre gens trempés de la tête aux pieds ! Je l’emmenai à la salle de bain.

« Voilà une serviette, question gel douche tu ne pourras sentir que la fille si tu veux et je vais t’apporter le plus large de mes t-shirt ainsi qu'un pantalon. Tu as de la chance je suis une assez grande femme ! »

Je mesurais un mètre soixante quinze alors je devrais bien pouvoir lui trouver quelque chose qui ne lui arriverait pas au nombril ni en haut des cuisses dans mes placards. Je le laissai dans la salle de bain et en profitai pour me changer. J'enfilai un jogging, me passa un coup de brosse dans les cheveux et apporta ensuite discrètement des affaires à Daryl. Cela fait, j'allais dans la cuisine préparer du café.

Daryl & Lily-Anne

L’éclaircie vient après la pluie.

Pendant que Daryl était sous la douche je préparai du café afin de nous réchauffer après cette mauvaise soirée pluvieuse. J’ouvris la porte de mon frigo en regardant ce que je pouvais bien y trouver. Je soupirai de désespoir. Mon frigo était quasiment vide. Il me restait un peu de fromage et des yaourts ainsi que deux malheureux œufs. Je prenais souvent des repas déjà préparer car je n’avais pas souvent le temps, ni l’envie de cuisiner après une rude journée de boulot. Et puis, faire la cuisine pour une seule personne c’était assez triste, surtout que je n’étais pas la reine des bons petits plats. J’avais pensé prendre des cours de cuisine puis l’idée m’était vite passée. Je refermai la porte du frigo et m’accola au plan de travail où se trouvait la cafetière. J’étais épuisée. Je fermai les yeux quelques instants. J’entendis l’eau de la douche se couper et la porte de la salle de bain s’ouvrir.

« T'es sérieuse ? J'peux  pas mettre ça ! »

Je soupirai. Daryl était devant moi en serviette avec dans les mains les vêtements que je lui avais gentiment posé dans la salle de bain. J’haussai les épaules et me décollai du plan de travail pour m’approcher de l’homme.

« C’est tout ce que j’ai pu trouver de plus grand et de plus masculin dans mes affaires je suis désolée. Tes habits sont trempés tu ne peux pas les remettre tu risques d’attraper la crève. »

Je tendis la main pour récupérer les affaires dont il ne voulait pas. J’espérais qu’il allait dire qu’il n’allait pas rester en serviette le temps que ses affaires soient sèches. J’été beaucoup plus à l’aise avec des inconnus lorsqu’ils étaient habillés chez moi qu’à moitié nu comme des vers. Daryl se ravisa à moitié.

« Le t-shirt à la rigueur, file moi mes affaires j’vais les mettre sur le radiateur »

Je récupérai le pantalon et montra d’un signe de la main les vêtements que j’avais mis à sécher devant le feu de cheminée électrique dans le salon. Cette cheminée avait mon coup de cœur supplémentaire avec la vue sur mer. J’avais toujours rêvé avoir une cheminée où on pouvait se prélasser tranquillement les nuits d’hiver. Bon ce n’en était pas un vrai mais c’était déjà pas mal ! Et puis je ne me serais pas vu monter du bois jusque chez moi tout les je ne sais combien de temps.

« J’ai déjà pris les devants. Tu pourras les récupérer d’ici un petit quart d’heure je pense. »

Je posai le pantalon dans un coin de la cuisine afin de me débarrasser les mains pour ainsi pouvoir sortir des tasses pour servir le café. Lorsque je me retournai vers Daryl, celui-ci avait mit le t-shirt. Bon il était un peu moulant mais c’était pas trop trop petit. J’essayai de retenir un petit sourire tout de même.

« Il te va à ravir ! Café ? »

J’espérais qu’il ne prenne pas trop mal ma petite taquinerie. C’était pas méchant, mais le voir, lui un si grand homme baraqué, dans un t-shirt de femme qui moulait les formes, c’était rigolo. Je lui tendis une tasse de café et lui proposai de s’assoir à sur une des chaises présente.

« Je fais mon café bien noir, ca m’aide à supporter les cris et pleurs des petits malade à mon cabinet, je suis pédiatre, alors si tu veux du lait ou bien du sucre n’hésite pas. »

Daryl & Lily-Anne

L’éclaircie vient après la pluie.

Daryl me confia qu’il ne supportais pas les cris lorsque je lui expliquait la raison de mon café si fort. Ma potion magique qui m’aidait à tenir toute la journée en forme et même jusqu’à l’heure de me coucher des fois ! Le ventre de mon invité se mit à se tortiller de faim. Je ne relevai pas car je n’avais malheureusement pas grand-chose à lui proposer pour manger. Pourvu qu’il ne me demande un petit quelque chose à grignoter. Je bu une gorgée de mon café délicatement de sorte à bien sentir l’arôme envahir mon corps. Daryl refusa le sucre que je proposai pour couper le café mais, malheureusement pour moi, me demanda à manger. Je levais les yeux de ma tasse et lui fit une petite moue désolée.

« Je n’ai qu’un bout de fromage et des œufs dans mon frigo, pas des trucs très nourrissants… »

Et comme je ne savais pas très bien cuisiner cela m’arrangeait plutôt bien devais-je avouer. Je ne voulais pas qu’on m’embraque pour tentative de meurtre d’ici quelques heures. Je mangeais ce que je cuisiner dans les rares fois où je m’y essayais, mais il était hors de question que d’autres mangent mes plats. D’ici une dizaine d’années quand j’aurais une grande maison, un chien, deux chats, quelques poules, trois marmots avec un gentil mari et que je serais devenue LA femme au foyer parfaite ! J’en riais intérieurement, moi femme au foyer ? Jamais !

Daryl me dit ensuite que demain il se déplacerait voir ma voiture que j’avais laissé au bord de la grande route. J’espérais que ce n’était rien de bien grave car j’étais une fille du genre pire citadine mais du genre proute-proute. Oui je fais de l’autodérision sur mes petites manies que je ne voulais pas changer, comme : le fait que je n’emprunte jamais les transports en communs (trop sales, trop bruyants, mon espace vitale se voyait être restreinte) ou bien le faite que je ne marchais jamais pour aller au travail (car souvent en petits talons et pas de basket, j’étais une femme raffinée). Puis il me demanda où était les wc avec sa manière bien à lui.

« Merci c’est très gentil. Mais je ne voudrais pas déranger, je peux appeler une dépanneuse et un garagiste pour qu’il voit ca. », dis-je tout en me levant. J’avais bien assez abusé de sa gentillesse en me faisant ramener. « Suis-moi pour les toilettes. »

Je l’emmenai jusqu’au toilettes qui se trouvaient près de la salle de bain puis je retournai au salon finir ma tasse de café avant qu’elle ne soit trop froide. Comme Daryl ne revenait pas, je profitais pour regarder si son pantalon avait séché. En prenant celui-ci, de la poche tomba une carte pliée en carte. Peut-être était-il nouveau en ville et qu’il avait encore besoin d’un plan pour s’y retrouver. Je l’ouvris curieuse. Ce n’était qu’un plan, je ne faisais rien de mal. Sur ce plan il y avait plusieurs petits cercles avec des quelques indications dont je ne comprenais pas le sens. Des emplacements de maisons apparemment. Mais que faisait-il avec cela ? Je l’entendis sortir des toilettes et je glissai bien vite le papier où il se trouvait avant de tomber.

« Ton pantalon est presque sec », dis-je en me retournant vers l’homme qui venant d’entrer dans le salon.

Je me demandais ce que pouvais bien être ce papier, à quoi pouvait-il lui servir ? Peut-être était-ce un cambrioleur ? Oh non mon appartement pourrait le faire revenir. Il avait été très intrigué par les quelques babioles ici et là qui décorait les pièces et surtout par le tableau accroché au mur. Son comportement pouvait s’expliquer par cela.

« Encore du café ? » demandais-je l’air de rien. « Sinon tu habites dans le coin ou tu es nouveau par ici peut-être. Je sais que pas mal de gens arrivent en ville en ce moment, la saison qui veut ca ! »

Peut-être était-il tout simplement un touriste à la recherche d’une maison à vendre ou à loué et ces petits cercles qui étaient mis sur la carte correspondait à des endroits où les maisons lui semblaient intéressantes. Il ne fallait pas juger sur les apparences. Ce n’était pas parce que son physique était atypique que je devais me faire des frayeurs …

Daryl & Lily-Anne

L’éclaircie vient après la pluie.

L’esprit envahit d’hypothèses farfelues concernant la carte que j’avais trouvée dans sa poche, je préférais essayer de me concentrer sur autre chose. Je me faisais surement des frayeurs pour rien. Je proposai une autre tasse de café à Daryl qui accepta. Cependant je souhaitais en savoir d’avantage sur lui et demandai s’il habitait dans le coin ou bien s’il était nouveau à Miami. Il me répondit que non, il habitait dans un appart à l’extérieur de la ville. Sa réponse avait l’air d’être sincère, mais cela n’apportait pas d’explication à mes questions. Il ajouta rapidement aussi qu’il ne restait pas très longtemps au même endroit. Alors peut-être qu’il recherchait un autre endroit où se logeait et que j’étais juste une fille super tordue !

Daryl bu son café en me fixant. Je baissai les yeux sur ma tasse et bu d’une traite le mien contrairement à tout à l’heure. Je toussotai un peu par le liquide qui me brula la gorge. J’aurais dû prendre mon temps ! Il sortit un paquet de cigarette et avant que je ne puisse protester l’alluma et m’en proposa une.

« Tu peux m’éteindre ca s’il te plaît, je ne fume pas et on ne fume pas dans cet appart’. »

J’avais était peut-être un peu direct certes, mais moi et le tabac nous étions loin d’être meilleurs amis. J’étais médecin et je me battais auprès des parents de mes petits bouts pour leur faire comprendre les effets néfastes pour leur santé et celle de leurs petits en pleine croissance ! Je tolérais que quelqu’un fume à l’extérieur de chez moi mais dans mon appartement il en était hors de question. Daryl pris un air renfrogné mais s’exécuta. Encore heureux sinon je l’aurais mit dehors à coup de pieds dans le cul et peu importe qu’il fasse dix kilos de plus que moi ! Celui-ci me demanda ensuite ce que je faisais dans la vie à part m’occuper de petits.

« Pas grand-chose, mon travail prends une grande partie de ma vie. J’aime aller à la salle de sport m’entrainer. Mais sinon, j’aime aussi flâner à la plage ou dans les boutiques. »

Je lui retournai la question mais il fut coupé dans sa réponse par quelqu’un qui venait de sonner à ma porte. Je regardais l’heure. Il était presque une heure du matin, qui cela pouvait-il bien être ? En même temps mon portable était déchargé alors sin on avait voulut me joindre la personne n’avait pas réussis. Je me levai et ouvrit la porte.

« Salut Lily... Je... désolé, il est tard, mais j'ai pas pu résister devant notre gâteau... »

Hayden semblait gêné de venir ici à l’improviste et aussi tardivement. Elle me montra le gâteau qu’elle tenait dans les mains. Je remarquai qu’elle avait aussi ramené un DVD et du pop-corn. J’étais vraiment ravie de la voir sur le pas de ma porte. Cela me rappelais le passé, quand nous allions frapper chez l’une ou chez l’autre n’importe quand et pour n’importe quoi.

« Entre Hayden je suis très contente de te voir, aller reste pas planter là ! »

Je lui pris un de ces poignets pour l’insister à rentrer. Elle n’avait pas à être mal à l’aise de débarquer comme ca.  En plus de cela, j’étais un peu plus rassurée qu’elle soit là alors que je commençai à me faire des films dans ma tête sur Daryl. S’il était vraiment tordu au moins Hayden me protégerait ! D’ailleurs celui-ci faisait je ne sais quoi dans mon salon et cela interpella ma meilleure amie.

« Je ne savais pas que tu n'étais pas seule, excuse moi. J'avais pensé, enfin, laisse tomber, je repasserais un autre jour, j'aurais du te mettre un message. », Me dit-elle un peu plus mal à l’aise. « Arrêtes Hay’ il n’y a personne dans ce salon qui n’est plus important que ta présence ici alors je t’en prie reste. »

Je lui fis une petite moue comme je savais si bien lui faire pour qu’elle craque et reste avec moi. Elle m’offrit un sourire sincère qui me réchauffait le cœur. Je retrouvais ma meilleure amie et cela me faisait tant de bien ! Je lui pris le gâteau et le Dvd pour qu’elle soit moins chargée. Mon amie me prit mon bras et me dit :

« Désolé, j'avais pensé faire comme avant, rattraper un peu nous deux... j'avais besoin de … »

Hayden s’arrêta net dans sa phrase et son visage changea en un instant. J’entendis du bruit derrière moi. Je me retournai pour voir ce qui avait tant troublée mon ami. Daryl s’était approché de nous surement curieux de voir ce qu’il se passait sur le pas de ma porte.

« Tain d'merde... »

Je ne comprenais pas ce qu’il se passait. Hayden connaissait Daryl peut-être ? Mais le ton qu’elle venait de prendre pour jurer ne me disait rien de bon. Oh non, est-ce que je m’étais fourrée réellement dans une merde bien profonde en invitant Daryl chez moi ?

« Hayden c’est Daryl, il m’a ramené chez moi cette nuit car ma voiture est tombée en panne. Est-ce que vous vous connaissez ? »