what did you expect?

Cela faisait plusieurs fois que le jeu se faisait. Depuis ce fameux jour où nous nous étions rencontré, nous avions fait connaissance et depuis, pas une occasion ne ratait pour aller voir l'un l'autre. Tandis qu'elle venait au garage pour une raison sans queue ni tête, moi je trouvais des prétextes pour aller la voir dans son magasin, où elle était styliste professionnelle. On avait dû se le faire bien trois fois maintenant et c'était devenu un véritable jeu entre nous. La première fois, je suis venu pour une tenue idéale qui montrerait à Nessie qu'elle peut me refaire confiance, que j'étais sur pieds et prêt à me faire pardonner. Etrangement, vu mon côté plutôt réservé et solitaire, elle avait réussi à m'extirper mon métier et le garage en question de mes propos. Depuis, rien ne nous arrêtait.

Je ne vivais pourtant pas sous une pluie d'argent, mais je venais souvent acheter des trucs dans sa boutique. Je me disais que ça renflouait sa côte auprès de ses supérieurs, ou bien que ça faisait de son job quelque chose de supérieur aux autres. Bon, je me donnais sûrement des excuses au final. Quiconque aurait deviner que je me laissais prendre au jeu. Elle venait au garage, je venais au magasin. Là, j'étais venu avec l'idée d'acheter une nouvelle veste en cuir parfaite. Je lui demanderais conseils, bien entendu. Mon caractère faisait que je ne me rendais pas compte de ce que ce jeu pouvait vouloir dire, inconsciemment. Je ne me rendais de compte de rien dans ces cas-là. C'était un peu comme si mon esprit me l'interdisait, comme si je n'avais pas le droit d'imaginer les choses en grand.

Enfin bon, quoiqu'il en soit, j'entrais dans sa boutique à présent. J'étais même passé prendre deux cafés chez Starbucks en passant, priant pour que ce soit bien son préféré, que j'avais bien entendu. En arrivant à la boutique, j'apprenais qu'elle n'était pas encore arrivée. Le gars le moins discret au monde, c'est-à-dire moi, attendit assis au bord de la fontaine en face du magasin qu'elle arrive. Je buvais mon café, en regardant dans le vide. Je m'interdisais même de me poser les bonnes questions sur ma venue ici. Enfin, je sentais une présence au dessus de moi et j'étais sûr que c'était elle. Je levais la tête et me levais par réflexe pour l'accueillir. « Hey Nana! Je t'ai pris un café mais.. je pense qu'il est froid maintenant... Je suis venu pour acheter une veste en cuir, je voulais la meilleure conseillère. » ajoutais-je pour me donner une excuse mais bon, nous faisions ça depuis quelques temps, elle savait à quoi s'en tenir. Je lui adressais un sourire en biais, pleins d'arrières pensées.

what did you expect?

Il a des personnes comme ça avec qui ça colle tout de suite. Ce fut le cas avec Alayna, qui devint plus rapidement ma "Nana" ensuite. Je venais à son boulot avec un café qu'elle aimait, enfin c'est ce que je pensais en tout cas et j'espérais ne pas me tromper. Évidemment, elle n'était pas là tout de suite mais allait arriver dans les prochaines minutes. Je sortais de la boutique et m'assis devant la fontaine sirotant mon café en l'attendant. Enfin, elle apparut. Comme d'habitude, elle était splendide et je ne pouvais qu'afficher un grand sourire sur les lèvres. Elle vint me faire un bisous sur le joue et je lui donnais son café. « En même temps il n'y a qu'à te regarder, c'est évident. » ajoutais-je sur mon propos de meilleure conseillère. Elle envoyait vraiment de la tartine comme ça. Elle m'époustouflait par moment, et c'était le cas à présent. J'oubliais souvent qui j'étais avec elle. Je n'étais plus le gars misérable qui a abandonné sa petite soeur et qui est encore dans le domaine de la drogue. J'étais l'Enaël du futur, celui qui cherche à ce que les gens voient qu'il a du potentiel et qu'il prend soin de lui.

Nous posions nos cafés en arrivant et elle me sortait déjà des modèles avant de me proposer de passer plus de temps avec elle. Je souris. « Tu crois vraiment que je pourrais me passer de ta compagnie? » dis-je alors en levant un sourcil avant de sourire calmement. Elle me rendait vachement calme, c'était ça en fait. Mon côté violent restait un peu à l'écart. Elle ouvrait un peu ma carapace. Puis, avec énergie, elle posa sa main sur mon épaule et me demandait conseil. Je n'avais pas vraiment l'habitude qu'on ait besoin de moi, surtout ces dernières années. Elle me flattait. « beaucoup de goûts? Tu as besoin d'argent ou quoi? » dis-je pour rire, bien évidemment. J'étais juste modeste au possible et je n'avais surtout pas l'habitude de ça. Je prenais ses croquis des mains quand elle me les tendit et je regardais ça. « C'est toi qui a beaucoup de goûts, et de talents! Que veux-tu que j'ai à redire de ça? Il manque plus que de les matérialiser et le défilé! Tu pourrais peut-être faire des croquis pour toute saison, afin qu'on voit l'entièreté de ton talent. » dis-je en souriant. Une idée me vint à l'esprit. « Tu crois que tu pourrais faire une collection pour mécanicien? Genre le truc bien viril et que les femmes vont s'arracher.. » dis-je avec humour en même temps en levant les sourcils à maintes reprises puis je ris. « Je déconne mais ça pourrait être vachement artistique! » ajoutais-je.

J'allais voir les vestes en cuir. « J'ai vraiment besoin de toi sur ce coup là. J'ai pas envie que ça fasse motard tu sais mais en même temps j'aimerais bien qu'on croit qu'elle a été faite pour moi qu'elle montre ma personnalité, j'compte beaucoup la porter. » lui avouais-je en en essayant une ou deux en parlant. Puis je la regardais, je la dévisageais doucement. « Une femme avec une veste en cuir d'homme ça doit faire péter le standing en fait. » dis-je pour la taquiner. J'étais comme ça avec elle, elle avait l'habitude maintenant. J'avais l'impression de pouvoir tout voir en la regardant.

what did you expect?

Elle me proposait de passer davantage de temps que pour une veste en cuir avec elle. Sans hésitations, j'acceptais. En réalité, je ne suis pas ce genre de mec qui aime passer du temps, beaucoup de temps avec quelqu'un. Ce n'est pas que je n'aime pas ça, c'est que je n'ai pas confiance en moi. Je sais que je peux péter un câble n'importe quand, que je suis instable. Pourtant, je n'hésite pas avec elle. Je ne sais pas pourquoi, je sais qu'elle saura me contrôler à ma place. Je sais qu'avec elle, je n'aurais jamais aucun sentiment de violence. Être mon ami(e) était chose très rare. En général, je suis quelqu'un de très froid de très réservé et elle a pu voir cet homme là mais rapidement elle avait su me faire décrocher un sourire. Avec un visage aussi adorable, ce n'était pas follement compliqué faut dire. « Je pense que je ne viendrais pas aussi souvent si j'avais mieux à faire, Nana. » lui dis-je en souriant, histoire de la réconforter. J'avais vraiment envie de passer du temps avec elle et j'aimerais bien qu'elle cesse d'en douter. Je voulais qu'elle se rende compte qu'elle était une de ces personnes rares à qui j'étais attaché. Qu'elle était même unique à mes yeux. Je n'en faisais pas trop parce que je le répète, je suis quelqu'un qui a une boîte secrète bien enfouie et qui ne l'ouvre jamais, sauf pour ma petite soeur.

Elle me demandait son avis sur des croquis qu'elle avait réalisé. Je savais que c'était une très bonne styliste et qu'elle avait du talent. Je n'en avais jamais douté une seconde d'ailleurs. Je lui dis qu'elle pourrait en faire pour toutes les saisons tellement elle avait réussi celle-là et que je savais qu'elle ferait malheur du coup. « Je suis sûr que tu le décrocheras avec ça. Mmmh par contre pour l'équipe on verra ça plus tard hein, j'ai pas l'intention de me lancer dans la mode, c'est ton truc ça. » dis-je en riant légèrement. Je lui rendais ses croquis, que je tenais avec soin dans mes grandes mains de mécano. Ensuite, je lui donnais mon idée de collection virile pour les mécanos, je partais un peu dans mon trip. Évidemment, madame la grande artiste me suivait sans attendre dans le délire. Je ris et posais doucement une main sur sa joue quand elle avait fini. Je levais un sourcil, amusé. « Je rigolais, tu sais. » dis-je avant de me reculer en souriant. Elle me lança une vanne en tirant légèrement la langue, je ris encore. « Je suis plutôt intelligent, merci beaucoup ça me touche. » dis-je ironiquement avec humour, faisant la même tête qu'elle.

Je faisais un peu comme je voulais, dans cette boutique. En même temps, elle avait l'habitude de ma présence et savait que j'étais quelqu'un de soigneux, je n'irais pas faire n'importe quoi pour qu'elle ramasse mes bêtises derrière. Elle me donnait les critères de la veste qui m'irait à l'idéal. Je souris sincèrement en entendant sa description. Elle me cernait bien, c'était touchant de voir quelqu'un qui me connaissait et me comprenait si bien. Je la regardais un instant avant de sortir une énième blague, que je pensais quand même évidemment mais ça, c'était autre chose. Elle passa sa main dans ses cheveux, je souris. A sa réponse, je fis une fausse tête outrée. « haaan tu veux me déshabiller? Tu sais pourtant que j'suis pudique! » dis-je pour rire. Quoique l'imaginer porter ma chemise.. bref. Elle me ramena sur Terre en me parlant de la veste que j'essayais maintenant. Elle me dit qu'elle m'allait, et quand elle dit ça, c'est qu'elle me va vraiment bien. « Je crois que mon choix est fait alors! » conclus-je. Je rangeais la veste choisie avec soin alors qu'elle me parlait encore de défilés. J'allumais mon regard charmeur et coquin avec humour, levant un sourcil et m'avançant vers elle. Je ris d'un coup à sa seconde réflexion. « Il faut savoir, juste pour toi et pour des groupies, j'accepte pas les deux. » lui dis-je. Elle me donna un coup de hanche, je ris. « Tu vas finir par te casser un os en faisant ça tout le temps! » l'amusais-je faisant référence à toutes les fois où elle le fait. « J'suis sûr que tu as un bleu d'ailleurs! » ajoutais-je pour rire. « Puis, je ne fais rien sans avoir en retour... Et les groupies c'est pas trop mon truc, je ne fais pas ça avec, pour n'importe qui. » dis-je plus sérieusement, enfin si l'on peut dire ça, en levant un sourcil, avec un air vicieux et amusé. Je la regardais encore, proche d'elle. Je touchais une de ses mèches de cheveux puis je reprenais avec humour, afin de reprendre moi-même mes esprits : « Je t'imagine bien au volant de ta voiture avec une chemise d'homme, les cheveux en bataille, tu ferais fureur. » Je ramenais un peu tout à elle parce que je n'aimais pas qu'on parle de moi, surtout qu'elle me mettait en valeur. Inconsciemment, je ne pensais pas mériter de compliments même sur mon physique. Alors qu'elle, je pourrais passer la journée à lui en faire. Néanmoins, je prenais un air amusé pour que ça ait l'air de faire parti de notre jeu, en en pensant plus de la moitié. Je la regardais encore, je fronçais les sourcils : « Et puis je pense t'avoir déjà dis que je n'étais pas une poupée Barbie! » ajoutais-je finalement en faisant semblant de bouder, faisant quelque pas en arrière reprenant mon café en bouche. Je me demandais d'un coup comment elle réagirait le jour où elle verrait l'Enaël violent, sur-protecteur, rebelle que j'étais dans le fond..

what did you expect?

Tous les deux, nous pouvions parler de tout et de n'importe quoi. Même si pour le moment nous nous en étions tenu de nous voir dans le contexte du travail, nous partions souvent en vrille et nous nous retrouvions à parler de quelque chose qui n'avait aucun rapport. C'était ce qu'il se passait maintenant, de la situation à juste essayer une veste en cuir nous en étions arrivé à quelque chose de plus.. intime qui relevait de l'habillement. Je me sentais vraiment différent avec elle. Il suffisait que je la vois pour qu'Enaël change. En un simple coup d'oeil, elle pouvait me faire passer de la colère à la tendresse. Cela n'était pas encore arrivé, mais j'étais persuadé qu'elle pourrait le faire. Comme seule ma petite soeur peut le faire..

Elle me proposait de passer les barrières de nos habitudes et de faire autre chose dans la journée, ensemble. J'étais assez sceptique à cette idée mais je ne lui en faisais pas part, je voulais me surpasser pour une fois. En effet, n'importe quand je pouvais passer en mode colère et violent. Néanmoins, vu le contrôle que j'ai là rien qu'en me sentant près d'elle, je me disais que ça valait bien le risque. J'allais faire un pas en avant en faisant cela. Elle ne s'en rendait pas du tout compte mais moi oui, c'était très important pour moi.

Néanmoins, je restais très peu à l'aise dans certaines situations avec elle, parce que je ne comprenais pas moi-même. Je ne suis pas quelqu'un qui montre ses sentiments mais en plus je ne les comprends pas. Comment m'exprimer sur ça du coup? Je changeais de sujet souvent et ça tombait bien parce qu'elle aussi. Je prenais la veste, je la reposais. Elle me parlait à nouveau des défilés et de la place qu'elle voulait que j'y prenne. Cela m'amusait et je me prêtais à son jeu. Je l'écoutais, je la regardais, elle et ses grands yeux vert pétillants. Je ne pouvais pas m'arrêter de sourire. « Vu comme ça je veux bien... et puis ça t'aidera sûrement, et si c'est ça alors d'accord pourquoi pas. » lui répondis-je. C'est vrai que j'avais peur de faire un peu mannequin parce que j'étais très loin de ce délire là, je voulais juste l'aider. J'allais prendre sa joue dans ma main, j'aimais ça mais, je ne fis pas durer le contact, histoire de ne pas trop perdre la boule devant elle, qu'elle ne le remarque. « Eh bien si j'ai de la suite dans mes idées, c'est que je suis intelligent! » conclus-je en riant alors. J'aimais bien ses remarques un peu générales. Cela me faisait rire, et c'était même mignon.

Elle me cernait bien avec les vêtements. Bon en même temps, elle est styliste c'est un peu son job. Mais bon, ça avait encore le don de m'étonner. Je choisissais donc la veste en cuir idéale, avec son approbation. Je la rangeais d'un côté, pour ne pas la perdre de vue. Je reprenais la discussion avec elle. Elle se prêtait au jeu, j'aimais ça. L'image d'elle qu'elle décrivait à l'instant avec le délire de la chemise eut le don de me perturber un peu. Je fronçais très légèrement les sourcils histoire qu'elle ne remarque pas mais, j'essayais de garder mes idées en place et de ne pas imaginer en effet. « Toute la stylistes est là, je lui donne l'exemple d'une chemise et hop, elle me fait toute la tenue! » J'essayais de changer le sujet d'un cran, histoire de ne pas perdre mes esprits.

Nous rigolions un coup à propos de nos différences corporelles. Elle me donnait toujours ce coup de hanche, mais elle montra qu'elle n'avait pas de bleus. Je riais alors. Puis, nous revenions sur le sujet du défilé alors que je lui dis que je voulais quelque chose en retour. Je fis mine de réfléchir un moment « Mmmh pourquoi pas un défilé en retour ou bien... on verra sur place écoute. » dis-je ensuite en plissant les yeux, la main sous le menton comme si je réfléchissais à comment guérir le cancer. Le sujet d'après me déstabilisait un peu. Elle me parlait de l'image que je lui avais donné d'elle dans une voiture en chemise d'homme et me décrivit cela comme un lendemain de nuit avec un homme. Là, j'étais sans expression. J'en avais fais des nuits avec des femmes mais les lendemains.. Je ne connaissais pas. « Selon les clichés, ça doit être ça. » dis-je assez rapidement histoire de clore ce sujet car je n'étais pas à l'aise avec celui-ci.

« Bon bah écoute je serais ton Ken. » ajoutais-je en changeant de sujet. Un homme entra dans la boutique et fonça sur Alayna, la laissant juste le temps de tourner la tête pour voir où je regardais. Elle s'éloigna deux minutes pour renseigner le monsieur, je la laissais faire son job. Après tout, on était sur son lieu de travail. C'était normal qu'elle prenne les clients avant moi. Je l'attendais patiemment en regardant ses croquis jusqu'à ce que je remarque que le jeune homme haussait le ton sur Alayna, qui répondait très calmement quant à elle, mais lui devenait hautain, agressif. Il ne me fallut pas deux secondes pour intervenir. Je me mis entre eux et fit reculer l'homme. J'avais changer de visage, totalement. J'étais furieux. « Tu vas baisser d'un ton c'est pas ta bonne t'as compris? Tu lui dois le respect. C'est facile de s'en prendre à une femme hein. » Je devenais l'Enaël violent, coléreux. ça y'est, il était devant elle. Il essaya de prendre le dessus mais je le poussais pour qu'il sorte. « Dégage et reviens pas, t'as compris? » J'essayais de rester quand même discret, histoire de ne pas éloigner de clientèle autre. Néanmoins, je faisais fuir l'homme, même s'il essayait de garder sa virilité pour lui.

what did you expect?

Passer plus de temps avec quelqu'un, ça me fait peur en général. Pourtant, quand Alayna me le proposait, ce n'était pas la même chose. Je ne refusais pas. En fait, je pense que j'ai l'habitude de pouvoir parler de n'importe quoi avec elle, alors je n'ai pas peur de faire de faux pas. Je la connais assez et elle me connait assez. Elle n'a jamais vu Enaël en colère mais je n'ai pas peur de ça. Je ne sais pas, je me sens comme anesthésié à ses côtés, comme si rien ne pouvait arriver. Rien ne pouvait lui arriver ni m'arriver quand nous étions ensemble. Je ne savais pas l'expliquer, c'était ainsi. J'acceptais donc.

Nous étions tous les deux là, avec des croquis en main, à discuter d'un projet. Elle voulait de moi comme "assistant" disons, afin de paufiner ses oeuvres, de les perfectionner. Elle voulait mon avis. Elle cherchait les excuses possibles pour que je le fasse pour elle, ce qui me touchait. Je ris et je la regardais intensément. « Mais oui je vais le faire pour toi arrête de déballer tes excuses. » dis-je pour rire en répondant à son énième justification concernant la matière du vêtement que je sentirais sur moi. D'ailleurs, je ne voulais pas le faire pour quelqu'un d'autre qu'elle. Ainsi quand elle me parlait de ces autres filles pour qui ça n'aurait pas été gênant, je refusais par contre. Elle ne savait pas combien ce n'était pas facile de m'avoir déjà à la base, alors elles toutes..

Elle était vraiment trop mignonne. Et puis, on se taquinait souvent comme ça c'était notre truc un peu. On se connaissait, on s'anticipait, on se complétait. D'ailleurs, c'est comme ça que l'une et l'autre nous changions de sujet quand ça devenait un peu trop pour nous. Jamais nous n'allions insister quand l'un changeait de sujet, jamais. Nous n'étions pas dupes évidemment mais, on ne cherchait jamais la petite bête mais trouvions toujours de quoi parler. Je suis certain que j'aurais même pu avoir une discussion magnifique à propos de la pluie avec elle, j'étais sûr qu'un jour nous aurions cette conversation sans se dire "mais putin on parle de la météo là".

La conversation sur la chemise était d'ailleurs un peu limite. J'aimais bien voir son avis sur la chose et la façon dont on se cherchait à ce propos. Elle me décrit une tenue parfaite avec une chemise, et à défaut de ne pas perdre la tête en l'imaginant ainsi, je répondais un peu à côté en félicitant son talent à trouver une tenue en un rien de temps. Entre deux, elle me donna un coup de hanche, ce qui eut comme cadeau de m'enlever un peu ces idées de la tête mais elles revinrent assez vite car la conversation n'était pas finie. D'un certain côté, je n'avais pas vraiment envie qu'elle finisse ainsi. Je voulais qu'elle défile pour moi en retour, et elle accepta, avec un sourire en coin qui me fit aussi sourire. « C'est noté.. » dis-je d'un souffle restant dans le truc du "mystérieux, vicieux, amusé", un sourcil en l'air, sourire en coin. Mais, le retour de la chemise fit mouche. Sa seconde phrase me fit perdre un peu le sourire, je me râclais la gorge et je ne répondais pas à ça. Non, je n'imaginais pas du tout une nana se lever du lit avec ma chemise. Pas du tout, parce que je ne comptais pas partager mon lit, ou ma chemise, ou ma vie avec quelqu'un d'autre. Mais ça, elle ne le savait pas, je ne pouvais pas lui en vouloir. Je détournais un peu le regard pour ne pas qu'elle croit avoir fait une bourde en prenant mon café, me disant qu'elle viendrait vite à autre chose qui me ferait oublier cette idée. Et enfin, elle parla de son défilé et je me disais refuser d'être sa Barbie, mais elle me voyait plus en Ken. Je n'allais pas la contredire. Sa petite phrase murmurée me fit sourire. C'était adorable.

Mais je n'eus pas le temps de répondre, un homme entra dans la boutique. Alayna alla vers lui alors que la boutique était normalement fermée. Elle faisait très bien son boulot et allait le conseiller. Néanmoins, alors que je la laissais faire son job tranquillement, c'est le gars en face d'elle qui ne resta pas tranquille. J'ouvrais grands les oreilles, afin de m'apercevoir qu'il haussait le ton sur ma belle rousse, et je tournais l'oeil pour me rendre compte enfin qu'il lui tenait le bras. Elle ne pouvait rien faire, mais moi en un rien de temps je m'interposais entre l'homme et la jeune femme, l'envoyant paitre chez sa mère. Voilà, c'était fait, elle voyait l'Enaël violent et incontrôlable face à des situations telles que celle-ci. J'avais tout de même tenter un minimum de me contrôler pour ne pas lui faire de tord vis-à-vis de la clientèle. Maintenant qu'il était parti, je me tenais là, debout, immobile, j'essayais de me calmer, chose qui me prend beaucoup de temps habituellement. Mes traits avaient dû se métamorphoser pour être durs, je serrais les poings, je serrais la mâchoire, mon regard était vide de colère. Elle approcha, je tentais de ne pas bouger. Elle attrapa mon regard. Le sien était doux, reconnaissant, émerveillé même je dirais. Cela me calma un tout petit peu, mais ce n'était pas suffisant. Tout était silencieux à présent. Elle leva la main droite, je ne bougeais pas. Elle la posa sur ma joue gauche qu'elle caressa doucement et elle m'adresse un sourire un peu coincé, furtif. Je fermais les yeux un moment, par peur de ce qu'elle voyait à présent. Elle posa son front contre le mien. J'ouvrais les yeux, elle descendait sa main le long de mon épaule pour aller la déposer sur la mienne. Sa délicate et douce main à laquelle je ne ferais jamais de mal, calma mon poing et mes doigts se lièrent aux siens naturellement. Elle baissa le regard pendant ce temps avant de le relever vers moi. Je me calmais doucement, je me relâchais de partout. Je la regardais puis finalement, je lui adressais un petit sourire. C'était déjà fou, il ne fallait pas m'en demander plus. Je soupirais doucement. Il fallait bien dire quelque chose maintenant. Je relevais la tête, me séparant doucement de son front, refermant les yeux pour me remettre les idées en place. Puis je rouvrais les yeux pour utiliser ma deuxième main et caresser sa joue, et des mèches de ses beaux cheveux. « Je suis désolé.. » trouvais-je à murmurer. Je ne pouvais pas croire qu'elle venait de rencontrer l'homme violent et incontrôlable que j'étais. Enfin, en quelques minutes elle avait réussi à me calmer, chose dingue. Puis, doucement, je vins prendre son visage et je tirais tendrement sur sa main pour qu'elle se rapproche à nouveau de moi, je la serrais doucement dans mes bras maintenant, sa tête se nichant parfaitement dans mon cou. « Et merci de.. ne pas avoir fui. » continuais-je à dire comme un souffle. J'avais peur qu'elle me voit autrement à présent, comme un mec qu'elle ne peut pas contrôler et qui pourrait finir à tuer un mec devant elle parce qu'il l'aurait trop cherché. Parce que je l'avais déjà fais, et que j'avais peur de moi. C'était ça, moi-même j'avais peur de moi, alors comment accepter que d'autres n'aient pas peur? C'était une chose normale, je ne lui en voudrais pas.