Déjà près de six semaines que j’avais mes traitements d’ergothérapie avec Adèle et c’était le jour et la nuit.  Je me déplaçais tout de même assez bien et maintenant que ma jambe était totalement guéri j’aurais ma prothèse sous peu  J’avais fait beaucoup de progrès et deux jours plus tôt, j’avais enfin proposé à Adèle de venir manger avec moi, du moins je lui avais proposé de venir souper chez moi où j’avais l’intention de cuisiner pour elle.  Dès que j’avais eu sa réponse et je l’avais questionné sur ses goûts et sur ses allergies, mais dans l’ensemble, elle me laissait carte blanche.  J’avais demandé à mes colocs s’ils pouvaient me laisser un peu d’intimité pour une partie de la soirée car je comptais impressionner une fille, du moins j’allais essayer.

Bref, j’avais une bonne journée devant moi lorsque mon réveil avait sonné ce matin.  Après avoir déjeuné, j’étais passé chez mon prothésiste car ma prothèse était enfin prête, mais surtout, ma jambe était prête et guérie pour que je puisse mettre finalement ma prothèse temporaire de côté.   Puis, je devais passer à l’épicerie pour acheter ce qui me manquait pour faire mes recettes.  Je comptais faire un repas principal copieux et un dessert léger et rafraichissant.  

J’avais préparé le tout, le dessert reposait au frigo et le repas principal était au four.  Il y avait une première heure de cuisson puis je n’aurai qu’à rajouter quelques ingrédients avant d’enfourner pour un autre quinze minutes lorsqu’Adèle serait là.  J’en profitai donc pour aller prendre une bonne douche, j’avais taillé ma barbe, j’avais mis un peu de parfum, mais rien de trop fort ni d’exagéré.  J’avais mis un jeans et un t-shirt blanc avant de m’installer sur le canapé pour l’attendre.

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J'appréciais beaucoup Nolan, depuis la première fois qu'il était venu en thérapie, le courant passait entre nous. Malgré tout, quand il m'avait proposé de souper avec lui, j'avais été surprise. Hésitant à accepter, je l'avais rappelé dans la soirée pour lui confirmer que je viendrais. Habituellement, je tentais de m'abstenir de créer des liens avec mes patients, ça allait à l'encontre de mes valeurs professionnelles. Dans ce cas, je parvenais mal à faire la part des choses. Tous les deux, nous partagions beaucoup de points communs et j'appréciais beaucoup le jeune soldat.

Pour ce souper, j'avais fait le tour de mon placard. Je devais trouver l'habillement parfait. Il fallait que ma robe ne soit ni trop séduisante, ni trop prude. Je devais rester professionnelle tout en ayant envie de lui plaire sans pour autant lui laisser croire que j'étais une fille facile.  Finalement, j'avais opté pour toute autre chose qu'une robe, soi-disant, je quittai le port vêtu d'un simple chemisier bourgogne et d'un jeans.

Arrivant face à la porte de l'appartement, mon regard s’était posé un instant sur Yoko. Lui aussi était sur son 36, il avait passé l'après-midi chez la toiletteuse à se faire pomponner comme un roi. L'important, c'est surtout qu'il sentait bon et qu'il ne perdrait pas tout son poil dans l'appartement de Nolan.

"Prêt?"

Demandais-je à Yoko histoire d'évacuer une once de nervosité. En guise de réponse, la brave bête se leva, heureux, il agitait son gros derrière d'un côté et de l'autre, impatient qu'on lui ouvre la porte. Soufflant un coup, replaçant ma chemise, m'assurant d'être présentable une dernière fois, mes jointures vinrent toquer 3 coups sur le bois de le porte. Ça y était! Plus Nolan se rapprochait, plus je voyais Yoko frétiller d'impatience, à l'entente du bruit de loquet, le golden fourra même son nez dans le coin de la porte, prêt à rentrer et saluer son bon ami. Je dû le retenir de toutes mes forces pour qu'il ne saute pas sur Nolan lorsqu'il ouvrit la porte. D'un petit coup, je l'avais ramené à l'ordre.

"Désolée... il avait hâte de te voir!"

Avais-je dis, un sourire légèrement embarrassée et gênée à la fois, j'entrais dans l'appartement. Tout était bien rangé, propre et ça sentait merveilleusement bon. En ce qui concernait mon hôte, je n'avais rien à redire, il portait avec simplicité, un t-shirt blanc et pantalon de jeans bleu qui lui allait à merveille. D'autant plus, il avait pris le temps de se raser de près et sentait bon la Cologne.  

"J'ai apporté un vin, j'espère qu'il sera aussi bon que la bouteille est jolie..."

Poursuivais-je, lui tendant une bouteille de rosé pétillant que j'avais choisi à l'arraché en finissant de travailler quelques heures plus tôt. Il accompagnerait parfaitement un dessert avec ces arômes fruités et son gout légèrement sucré. J'espérais surtout qu'il aimait le vin et qu'il ne prenait pas des anti-douleurs ou quelques médicaments qui pourraient l'empêcher d'en boire.

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J'aimais bien la présence d’Adèle. Elle était réconfortante, admirable et séduisante. On avait tous deux un parcours de vie plus ou moins différent, mais semblable à la fois. On avait perdu quelques choses et on s’était battu pour récupérer un peu d’autonomie. Bref, nous avions tous deux des points communs et des projets de vie communs, nous étions rendus à un moment de notre vie où l’on souhaitait se caser et fonder notre propre famille. Elle me plaisait, nul doute là-dessus, il restait à savoir si la jeune femme était du même avis que moi. J’avais vu comment elle m’avait regardé ce jour-là alors que je retirais mon t-shirt pour le faire sécher sur son voilier.

J’étais assis sur le canapé et je l’attendais, elle n’était pas en retard, mais j’étais simplement nerveux. La soirée se passerait bien, je me demandais simplement si elle allait aimer ce que j’avais cuisiné pour elle. Je pianotai ma cuisse avec mes doigts pour tenir mon esprit un peu occupé tout en regardant un peu autour de moi pour m’assurer que tout était parfait. Puis, j’avais légèrement sursauté alors qu’on cognait finalement à la porte. Je soufflai un peu avant de me lever et me dirigeai vers la porte.

J’avais regardé mon visage dans la glace près de l’entrée m’assurant que je n’avais rien de travers puis j’avais ouvert la porte aussitôt gentiment attaqué par Yoko qui se faisait aller la queue de tous les côtés. Il semblait pas mal content de me voir. J’avais gratifié Adèle d’un large sourire venant lui faire la bise avant de caresser la tête de Yoko.

"Ce n’est pas grave. Tu es très belle!"

Je la débarrassai ensuite de la bouteille de vin qu’elle avait apporté et j’allai la déposer sur la table. On avait encore quelques minutes à attendre pour que je puisse sortir le plat du four pour mettre les derniers ingrédients et remettre au four pour un dernier quinze minutes. D’ailleurs la minuterie du four avait sonné, je m’étais trompé sur les quelques minutes, le temps avait passé plus vite que je ne le pensais.

"Merci pour le vin, donne-moi quelques instants, je mets ce qui manque sur le repas et je le remets au four. J’espère que tu aimes le fromage.."

J’avais pensé acheter un petit truc pour Yoko, j’avais pris quelques friandises pour chien et avant de me laver les mains, j’avais appelé Yoko et lui avait donné une deux petites friandises. Puis, j’avais lavé mes mains pour ensuite prendre les mitaines et sortir le plat du four. J’y avais rajouté ce qui manquait. Ça sentait déjà drôlement bon, je déposai en dernier les morceaux de brie en laissant la croûte sur le dessus. Puis j’enfournai de nouveau avant de me tourner vers elle.

"Je suis content que tu sois venue"

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"Merci, toi aussi... pas belle, mais tu es beau aussi..."

Répondis-je maladroitement, souriante, à la fois ravie, flattée et gênée par le compliment. Avec la nervosité de me perdre dans mes mots, j'avais inconsciemment signé le mot beau. Comme Yoko, je le suivis jusqu'à la cuisine. Le chien cherchait la sonnerie qu'il avait entendu, le croyant simplement enthousiaste de visiter les lieux, je détachai sa laisse. De suite, il m'indiqua avec sa truffe le comptoir sur lequel le minuteur reposait. Toutefois, quand il vit les biscuits dans les mains du soldat, il s'asseyait impatiemment en le fixant intensément.

"Je crois que tu as réussi à le charmer... L'estomac, c'est son gros point faible! "

Les yeux du Golden Retriever brillaient autant que les étoiles dans le ciel. Du bout des lèvres, Yoko attrapa puis ne fit qu'une bouchée des biscuits. Il se recula seulement pour laisser Nolan ouvrir le four, le regardant faire avec grande attention,  la tête en angle sur le côté, tout ça sentait incroyablement bon. Curieuse, je m'approchais de l'épaule de Nolan pour voir ce qu'il faisait.

"Disons que je suis un peu comme Yoko, j'aime tout...! C'est une recette que tu as inventé?"

Je lui laissai la place pour cuisiner son plat et m'appuyai la hanche sur le comptoir. Je n'avais même pas gouté et je savais déjà que nous allions nous régaler.  L'appartement embaumait d'arôme savoureuse. Ça m'amusait de le voir au fourneaux, même que j'aimais ça.  Chez moi, c'était d'avantage ma mère qui cuisinait et en général, mes anciennes fréquentations ne possédaient aucun talent culinaire. Bientôt, il se retournait pour me faire face m'avouant être ravi de ma présence. Tout sourire, je lui répondis.

"J'en avais envie... Je peux t'aider avec quelques choses peut-être?"

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"C’est bien que tu précises que je sois beau et non belle..."

Avais-je dit avec un petit rire, je la sentais nerveuse, et je l’avais même vu faire un geste, ça devait être le mot beau en langage des signes. L’air qu’avait pris Yoko lorsque j’avais sorti les biscuits pour lui, me fit rire. Il m’avait regardé l’air de dire : tu me les donnes mon vieux ou quoi? Il n’en avait fait qu’une bouchée et je lui avais caressé sa grosse bouille après avoir remis le plat au four.

"Amis pour la vie hein Yoko?! "

Lorsqu’Adèle s’approcha pour regarder par-dessus mon épaule pour voir ce que je lui avais préparé, je m’Étais retourné vers elle lui ouvrant un peu la porte du four que je venais de fermer pour lui montrer. Je m’étais assuré de la regarder pour qu’elle puisse me comprendre.

"Je n’ai pas inventé, je suis allé dans les alpes française quand j’étais ado et j’avais adoré ce plat, j’ai fait une recherche en ligne et je l’ai retrouvé. T’inquiète pas, j’ai déjà fait la recette dans le passé. Tu veux boire quelque chose ou tu veux commencer le vin…"

J’avais refermé la porte du four et mis la minuterie pour une petit quinze minutes supplémentaires. J’avais ensuite sorti deux coupes pour le vin que je posai sur le comptoir. Je fus content de savoir qu’elle avait envie d’être ici. J’étais tout sourire moi aussi.

"Je suis content que tu aies envie d’être. Je ne t’ai jamais dit, mais tu me plaies beaucoup."

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Il m'apprit qu'à l'adolescence, il avait eut la chance de visiter les alpes Française. D'ailleurs, c'est de la qu'il avait connu la recette du repas qu'il nous servirait ce soir. J'avouais qu'à 26 ans, je n'avais pas eu la chance de voyager énormément. En général, j'avais visité plusieurs villes du sud, aux États-Unis, au Mexique ou en Amérique Latine. Mes parents préféraient les forfaits tout comprit au soleil aux voyage culturel ou historique. Ce soir, je gouterais pour la première fois à un plat typiquement Français si on excluait les classiques bien connu par les américains.

"Je ne m'inquiètes pas, ça sent délicieusement bon! J'ai hâte d'y gouter!"

À bord de mon voilier, j'avais une petite cuisine. Toutefois, je ne me permettais pas souvent d'y faire des repas au four. C'était moins compliqué de me faire des salades, des sandwichs ou n'importe quoi qui ne demandait pas une cuisson. Je n'étais pas non plus une cuisinière à tout casser mais j'adorais faire mes propres biscuits et desserts. Je le regardais sortir les coupes alors qu'il me demandait par quoi je souhaitais commencer. J'eu un petit haussement d'épaule.

"Pourquoi pas le vin?"

Répondis-je tout simplement, c'est ce qu'il me donnait l'impression d'avoir envie et en plus, c'est aussi ce qui me tentait. Je le laissai ouvrir la bouteille et verser le breuvage pourpré. Au moment où je pris mon vers, Nolan joua franc jeux en m'avouant qu'il éprouvait une attirance à mon égard. Je ne sus me retenir de sourire, c'était réciproque, il me plaisait aussi. Je n'avais pas l'habitude qu'on soit aussi direct mais ça me charmait de voir à quel point il avait de l'assurance. Peut-être que ce qui me retenait était le fait qu'il était un de mes patients, mais je n'arrivais pas à lui dire aussi directement.

"Dans ce cas... on peut porter un toast... à ce premier rendez-vous?"

Osais-je, comme quoi, ce soir, nous n'étions plus seulement que des amis qui partageraient un repas. Je le trouvais séduisant, tout comme je lui plaisais... c'était donc nécessairement un rencard non?

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Lorsqu’elle accepta pour le vin, je sortis l’ouvre-bouteille du tiroir et m’occupai de débouché le tout. Je versai ensuite le vin dans les deux coupes n’en mettant pas trop d’un coup pour qu’elle puisse y goûter et aussi car je ne souhaitais pas qu’elle pense que je voulais la saouler. Je voulais tout simplement qu’on passe une bonne soirée tous les deux. Je lui avais ensuite tendu la coupe et j’avais pris la mienne.

"À ce premier rendez-vous puisse-t-il en engendrer d’autres!"

J’étais venu cogner doucement ma coupe contre la sienne offrant un charmant sourire à la jeune femme qui but une gorgée en même temps que moi. Je n’avais pas l’habitude d’être aussi direct avec une femme, mais Adèle, elle ne me semblait pas être n’importe quelle femme et j’avais envie de voir où tout ça pourrait nous mener tous les deux.

"J’ai reçu ma nouvelle prothèse! JE suis allé la chercher ce matin."

J’avais déposé ma coupe et je m’étais penché pour remonter un peu mon pantalon pour qu’elle puisse voir ma nouvelle acquisition. Depuis le temps qu’on l’attendait. Je me sentais confortable. Certes, pour les longues marches, je laissais ma canne pas trop loin car j’avais encore un peu à faire pour être au top ^^. Puis, je l’avais rebaissé pour finalement me redresser. La table était mise et il ne restait qu’à tamiser la lumière du lustre lorsqu’on serait assis pour manger.

"Je voudrais aussi porter un toast à toi qui m’a aidé à marcher de nouveau. Sans toi, la motivation n’aurait pas été la même!"

J’avais levé de nouveau ma coupe dans sa direction. J’étais vraiment content d’être là avec elle.

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Prenant la coupe qu'il me donnait, nous avions trinqué l'officialisation de ce premier rendez-vous. Puis, je goutai à notre breuvage. J'étais loin d'être une experte en vin, en fait, je faisais à peine la différence entre chacun d'eux. Celui-ci était légèrement amer, son goût relevé et peut-être même légèrement épicé lui conférait des caractéristiques particulières. Ce n’était pas mauvais! J'y trempai mes lèvres une seconde froides, histoire de confirmer si j'appréciais ou non le gout. Ça allait, probablement que l'accord vin et plat le bonifieraient encore plus.

Il posa sa coupe et je l'imitai. Il me rappela qu'aujourd'hui, il avait reçu sa nouvelle prothèse et de suite, il se pencha pour me la montrer. Je fis un pas en arrière, pour avoir un meilleur angle. C'était un bon modèle et il serait beaucoup plus confortable. Je sentais que nos rendez-vous professionnels se feraient de plus en plus rares. Déjà, nous n'avions plus beaucoup de travail à faire ensemble. Il se débrouillait très bien, il n'éprouvait plus de difficulté pour exécuter des tâches quotidiennes et son seul défi restant était l'endurance de longue marche. J'allais lui dire à quel point il avait progressé quand il me surprise en me disant que j'avais été une source de motivation importante pour sa réhabilitation. Ça me gênait et en même temps, je souriais.

"Tu as tout fait par toi-même... mais si tu y tiens!"

Je fis comme lui, riant un peu, je soulevai ma coupe pour trinquer à nouveau.

"J'aime penser que parfois, perdre quelque chose peut être un signe de chance... c'est une des façons qu'à la vie de nous mettre sur le bon chemin?"

Finis-je par dire avant de porter le verre à mes lèvres. Dans mon cas, perdre l'audition m'avait menée à un métier que j'adorais, mais non seulement, cela m'avait donné la chance de croiser des individus extraordinaires et de percevoir la vie d'une manière différente. De son côté, la perte de sa jambe avait fait se croiser nos routes.

Bientôt, nous nous installions à la table, je prenais la place qu'il m'indiquait et souriais à voir tous les efforts qu'il mettait pour rendre la soirée plus que parfaite. Avant d'aller chercher les plats, il gradua l'éclairage ne plongeant dans une atmosphère plus détendue. D'ici, je pouvais le regarder préparer nos assiettes. Pouvait-il être encore plus parfait? Et puis, les fesses qu'il avait ... bref!!

"Est-ce que tu as mis de la musique?"

Finis-je par demander, non, je ne l'entendrais pas si c'était le cas, par contre, j'aimais qu'on fasse comme si de rien n’était et ce n'était pas parce que je ne pouvais pas l'apprécier, qu'il devait s'en priver. Puis, ça ne l'empêchait nullement de me décrire ce qu'il entendait ou de m'expliquer les raisons pour lesquelles il avait choisi ce disque et pas un autre.

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J’étais parfaitement conscient que si j’en étais à ce niveau maintenant, c’est parce que j’étais orgueilleux et que je m’étais entêté à marcher plus souvent qu’autrement. J’avais travaillé fort, fait tous les exercices qu’elle me disait de faire depuis notre déjeuner sur son voilier, je m’étais mis en tête de l’impressionner et de progresser. Je ne voulais plus être son patient, je voulais être plus que ça. Si elle n’était pas intéressée, on aurait pu rester amis, mais j’étais heureux que ce soir soit un premier rencart. Elle accepta finalement de trinquer et j’avais cogné ma coupe à la sienne avant de boire une dernière gorgée.

"On était dû pour se rencontrer toi et moi! C’est un mal pour un bien que j’aie perdu ma jambe."

Je le pensais vraiment car si je ne l’avais pas perdu, je ne serais pas ici aujourd’hui, je serais probablement encore là bas, ou peut-être même mort.

"Installe-toi à table, j’arrive bientôt avec les assiettes. "

La minuterie du four criait de nouveau et j’avais tout fermé avant de sortir le plat. Je servis deux portions moyennes, c’était quand même assez nourrissant comme repas alors je n’avais pas voulu en mettre trop, si on en voulait d’autre, on pouvait toujours venir piger à nouveau dans le plat.

J’avais posé l’assiette devant elle et je m’étais installé devant elle en posant l’assiette à ma place. Je lui avais souri et j’avais fini par répondre à sa question. J’avais mis un petit fond de musique, rien de bien extravagant en fait car je savais qu’elle ne pouvait pas l’entendre, mais c’était toujours bon d’avoir un petit fond. C’était un des nombreux canaux à la télé qui diffusaient de la musique toute la journée. Ce poste là diffusait du classique de type musique de chambre. Je n’avais pas su quoi mettre et disons que je m’étais juste trouvé ridicule à essayer de trouver de la bonne musique à mettre.

"J’ai mis un poste à la télé qui diffuse de la musique. Là c’est un peu de classique bien soft. Piano violon, pas de parole. Je ne l’ai pas mis bien fort, c’est juste pour faire un petit fond, mais je préfère entendre ta voix. "

J’entamai le repas en prenant une première bouchée, j’attendais de voir sa réaction, voir surtout si elle aimerait le goût.

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Installée à la table, je regardai la bougie qui brûlait, je ne vis pas qu'il me parla, me disant qu'il arrivait avec les assiettes. Puis, il sortait les plats du four et préparait le tout. Je ne pouvais pas m'empêcher de tremper le bout de mon doigt dans la cire, c'était un petit jeu que j'adorais. J'aimais la texture et la façon de se solidifier instantanément de la cire. Je roulai une petite boule puis la replongeait dans paraffine fondue. Je fis un sourire à Nolan quand il arriva avec les assiettes et me retira de la table pour le laisser les poser devant nous. Les arômes me donnaient l'eau à la bouche me rappelant que mon dernier repas remontée a déjà plusieurs heures. Même Yoko se pointa le bout du nez pour renifler de plus près.

"Yoko, non, tapis!"

Avais-je ordonné en pointant le tapis de la cuisine, chez moi, je partageais souvent une petite partie de mon repas avec mon gros imbécile de chien. Toutefois, ce soir, il devrait attendre. Piteux, me brisant le cœur, il s'en alla, tournant 2 ou 3 fois sur lui même avant de se choir bruyamment sur le sol. Je devinais à son regard qu'il devait avoir gémi, il voulait que je le prenne en pitié, mais ça n'arriverait pas.

Nolan m'avoua avoir choisi une musique d'ambiance. Avec la description qu'il m'en fit, je m'imaginais une mélodie douce des années 1600, je me souvenais encore de l'air de certaines compositions de Mozart que j'avais entendu dans le passé. J'eux une petite quinte de rire lorsqu'il m'avouait préféré entendre la voix. C'était un peu ringard comme méthode de drague tout en étant adorable.

"J'aimerais bien pouvoir en dire autant de la tienne!"

Avais-je dit tout sourire me moquant gentiment de lui.

"Bon appétit!"

Finis-je par dire amusée portant une première bouchée de fromage, de lardon et de pomme de terre à ma bouche. C'était à la fois salé et crémeux avec une touche acidulée apportée par un élément sucré que je n'arrivais pas à identifier.

"Mise à part que tu es... un excellent cuisinier, qu'est-ce qui pourrait me donner envie de te demander un autre rendez-vous?"

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