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 you're the only light i've ever known (joana)

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(#)Sujet: you're the only light i've ever known (joana)  |   Ven 12 Juin - 16:07
we're both fighting just to stay, to stay alive, a fragile state of mind that i can't quite survive. without a doubt, i need your help, i know you've heard me ask before, but come on girl i need to tell you now, i know what i've done wrong. the only way out of here is the way i've avoided for all my life, there's so many things i wanna say but there's too many things still in the way, i'm lost please help me find my place, you're the only one please lead me out of the dark.

∆∆∆

J'étais absolument exténué. Fatigué de tout. Je n'avais plus aucune motivation pour quoi que ce soit. Chaque réveil annonçait le début d'une journée qui serait sans surprise, longue et difficile ; une nouvelle journée où j'allais devoir me battre. Et me battre contre quoi, contre qui ? Contre moi. Contre tous mes remords. Contre mes petits soucis mentaux. Ces derniers temps, tout avait empiré. Je sortais tout juste d'une phase où ç'avait été mieux. Mais toute bonne période est suivie d'une mauvaise ; c'est la même chose qu'en économie, où la théorie de Keynes dit que chaque période de croissance économique est suivie d'une période de crise. Voilà que j'en arrivais à comparer ma vie à une opinion économique. Magnifique. Et puis il y avait eu cet horrible meurtre, sur la plage. Juste sous nos yeux. Même si je ne connaissais pas la victime, j'avais été quelque peu... marqué. Je ne savais pas pourquoi cela m'affectait autant. Mais je n'arrêtais pas d'y penser, de me dire que cette fille, Lory, était quelques minutes avant bien vivante, riant peut-être. Et quelques instants plus tard, pouf, elle n'était plus. La vie est une chose bien étrange, quand on y pense. Vous pouvez être parfaitement heureux, et il suffit d'un évènement pour que tout bascule. En vérité, je n'avais pas été confronté à la mort depuis la mort de June. J'avais l'impression que tout s'accumulait, en ce moment. Le viol d'Alysse dont j'étais le seul au courant, l'hospitalisation de Nessa (par ma faute), Lemon qui se faisait de plus en plus alarmante quant à l'état de santé de ma mère, Hannah qui était potentiellement enceinte (et encore une fois, j'étais le seul au courant)... J'avais l'impression d'avoir tout sur les épaules. Un poids que je ne supportais plus. J'allais bientôt m'écrouler, si cela continuait. Parfois, j'avais l'impression qu'il y avait tellement de cruauté dans ce monde que ça en devenait oppressant. Des meurtriers, des violeurs, ce genre de personnes. Maintenant, cela me touchait, vu que mon entourage était concerné. Moi-même, j'étais un monstre. C'était comme une mélodie dans ma tête. T'es un monstre, t'es horrible, t'es cruel, t'es égoïste. Une énumération consternante de tout ce qui me définissait. J'avais causé bien trop de soucis à tout le monde et je ne savais absolument pas comment réparer mes erreurs.

On était samedi, et je n'avais pas dormi de la nuit. Je n'avais même plus l'envie de sortir, même plus l'envie de ramener des filles à l'appart. Même plus envie que Blake me taquine à ce sujet. Plus l'envie de rien. Enfin, si, envie profonde de revoir June. Mais envie impossible, quoi que. Je restais encore tout stupéfait de la séance avec Edward, où j'avais pu avoir une conversation avec elle. Je me regardais rapidement dans le miroir ; cinquante nuances de cernes sous mes yeux. Bon, au moins, je n'avais pas perdu mon auto-dérision. Mieux valait en rire qu'en pleurer, non ? J'étais assis dans le canapé, et j'entendais les ronflements de Blake depuis le salon. Quel doux bruit, je vous jure. Et puis, on sonna. Je me demandais un instant qui cela pouvait-il être, parce qu'un samedi matin, généralement, on attend personne. Je me levais, lentement, et ouvris la porte, m'attendant à tomber sur Alysse ou Hannah. Ou Aloysia, puisque Blake et elle semblaient s'être rabibochés. Or, ce n'était pas ça du tout. Mon sang se glaça, littéralement. Joana. Elle était là, debout, me fixant de ses grands yeux noirs. Oh, bordel. J'avais envie de me retourner et de claquer la porte. Et de m'enfuir de nouveau. Je ne voulais pas la voir, tout simplement parce que j'étais trop honteux. Je me sentais tellement con. Profondément et foncièrement stupide. Encore une personne à qui j'avais fait du mal. Une personne qui faisait partie d'un passé que je voulais oublier. Joana, j'aurais préféré ne pas l'oublier. Cette fille, je l'avais aimé. J'ignorais si ç'avait été réellement réciproque, mais je l'avais aimé, oui. Son regard semblait me transpercer de part en part et je supportais mal cela. Qu'est-ce qu'elle devenait ? On avait tous les deux tout perdu, cette nuit-là. Comment allait-elle ? Je n'avais même pas pris la peine de lui donner de mes nouvelles. Mais quel abruti je faisais. Figé, absolument mal à l'aise, je restais planté là, dans l'entrée, ne sachant pas quelle réaction avoir.

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(#)Sujet: Re: you're the only light i've ever known (joana)  |   Sam 13 Juin - 14:02
You're the only light I've ever known
Charlie & Joana
If you must mourn, don't do it alone. If you must leave, leave as though fire burns under your feet. If you must speak, speak every word as though it were unique. If you must die, sweetheart, die knowing your life was my life's best part ▬ Keaton Henson

La nuit avait été longue, très longue. Les cachets que prenait Joana pour le sommeil avait mit beaucoup de temps à faire leur effet. Et elle n'avait pas arrêté de réfléchir et d'élaborer différents scenarii dans sa tête. Et à chaque fois, elle imaginait le pire. Qu'il lui claque la porte au nez. Qu'il refuse tout simplement d'ouvrir. Ou qu'il lui dise de but en blanc qu'elle devait partir et qu'il ne voulait plus jamais la revoir. Elle en avait la boule dans la gorge. Ses cachets avaient finalement fait effet et elle avait réussi à se reposer quelques heures, même si son sommeil avait été assez agité.

Au réveil, rien n'avait changé et Joana n'avait pas l'impression de s'être vraiment reposée. Mais maintenant la fatigue et la lassitude était devenue des sentiment ordinaires, presque banales. Joana vivait tout au ralenti, se laissant porter par le mouvement des autres parce que, de toute façon, plus rien ne la faisait avancer à présent. Elle était restée au point mort. Tout changeait, évoluait. Sauf elle. Tout ce qu'elle avait avant s'était écroulé d'un seul coup. Et maintenant ? Joana devait vivre avec tout ça sur la conscience, mais seule. Il ne lui restait qu'un appartement vide. Plus rien ne la retenait à Washington. Son père, elle était allé le voir une fois, juste une. Mais elle ne pouvait plus. C'était trop dur à supporter. Joana avait donc tout quitté pour venir ici, à Miami. Elle ne savait pas si elle y resterait longtemps. Tout dépendrait de Charlie. Tout avait toujours dépendu de Charlie. Et maintenant, aujourd'hui, il fallait qu'elle se lance.

Elle avait longuement parlé avec Hannah le jour de son arrivée et la jeune femme lui avait un peu parlé de l'état de Charlie après qu'il les ait tous quitté pour se rendre à Miami. Joana ne fut pas surprise d'apprendre que ça allait toujours aussi mal pour lui même s'il essayait de tout faire pour le cacher. Vivre avec cette souffrance, cette perte, c'était quasi-insurmontable. Seul le temps pourrait changer les choses, et encore...

Elle s'était rongée les ongles jusqu'au sang avant de se décider et de quitter son nouvel appartement pour rendre visite à Charlie. Devant sa porte, Joana avait hésité, faisant les cent pas sans se décider. Comment allait-il réagir ? Comment elle, aussi, réagirait quand elle se retrouverait face à lui ? Elle prit d'un seul coup sa décision et sonna. Elle inspira puis expira en attendant que la porte s'ouvre. Elle ne pouvait pas détourner son regard de lui. Joana avait l'impression que ça faisait déjà des années qu'elle ne l'avait pas vu.

Tout d'un coup, elle ne savait plus quoi dire. Pourtant, elle y avait longuement réfléchie. Mais là...plus rien ne voulait sortir. Elle n'arrivait plus à réfléchir et les battements de son cœur s'étaient accélérés. Sauf que Charlie non plus ne parlait pas. Et ils ne pouvaient pas rester là à se regarder dans le blanc des yeux sans rien dire. Enfin si, elle pourrait, mais ce n'était pas le but de sa visite. Joana ouvrit la bouche, la referma puis se lança. « Je peux entrer ? » demanda t-elle. « Si non, je peux repasser à un autre moment.. » ajouta t-elle rapidement. Sauf qu'elle ne devait pas lui laisser cette possibilité, il fallait qu'elle se reprenne. « Non en fait, il vaut mieux que tout soit mis au clair maintenant. Alors... soit tu me laisses entrer...soit tu refuses et je ne reviendrais plus te déranger. » Mais pourquoi elle avait dit ça ?! Elle savait très bien qu'elle n'en serait pas capable. Du moins, elle prendrait sur elle-même si elle pensait que c'était mieux pour Charlie qu'il ne la revoit pas, qu'il ne lui reparle plus. Ça, peut-être qu'elle en serait capable en fait, pour lui...


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(#)Sujet: Re: you're the only light i've ever known (joana)  |   Lun 15 Juin - 16:36
we're both fighting just to stay, to stay alive, a fragile state of mind that i can't quite survive. without a doubt, i need your help, i know you've heard me ask before, but come on girl i need to tell you now, i know what i've done wrong. the only way out of here is the way i've avoided for all my life, there's so many things i wanna say but there's too many things still in the way, i'm lost please help me find my place, you're the only one please lead me out of the dark.

∆∆∆

Joana était la dernière personne que je m'attendais à voir ici. Et c'était à la fois celle que j'avais le plus et le moins envie de voir. Je devais admettre qu'elle me manquait terriblement. Parce que j'avais été super heureux avec elle. Elle m'avait rendu... différent, oui. Nous aurions pu bâtir quelque chose de beau et de grand, ensemble, j'en avais la conviction. Mais c'était trop tard. Joana faisait parti d'un passé que je me battais pour oublier. Parce qu'il me faisait trop mal. J'aurais voulu que mon esprit comporte un bouton "effacer". J'aurais tout effacé de mon passé, absolument tout, pour pouvoir souffler un instant. La souffrance, au début, ça vous écrase la poitrine. Ça vous étouffe. Le paradoxe, c'était que Joana était la seule personne qui avait le pouvoir de me faire respirer. Mais encore une fois, c'était trop tard. Tout avait changé. À commencer par moi : je n'étais plus le même. Et j'avais peur, au fond, qu'elle soit déçue de moi et qu'elle ne m'apprécie plus autant. De toute façon, elle devait d'hors et déjà me détester. Ne l'avais-je pas abandonnée comme un lâche, alors qu'elle avait besoin de soutien ? Cette nuit-là, elle aussi avait tout perdu. Son père était tout ce qui lui restait, et j'imaginais bien qu'elle devait se sentir presque aussi coupable que lui. Je me rappelais encore très bien du moment où j'étais arrivé sur les lieux du drame. Il y avait d'un côté les amis de June qui pleuraient, et son corps était recouvert de la fameuse bâche blanche réservée aux victimes. Le père de Jo' était hystérique, littéralement. Lorsqu'il me vit, les policiers eurent besoin d'intervenir. Je me rappelais encore de ses cris : "Pardonne-moi, pardonne-moi". Comment pouvais-je le pardonner ? Il m'avait pris toute ma vie, ce jour-là. Rien n'était plus pareil. Il m'avait pris June, oui. Mais il m'avait pris toute ma joie, mon bonheur, et aussi celui de sa propre fille.

Le savoir en prison ne me permettait même pas de faire mon deuil. Il était encore nourri, logé, chauffé, il pouvait regarder la télévision et recevoir des visites. J'étais bien conscient que la vie carcérale n'était pas marrante, mais pourquoi lui était-il encore en vie alors que June ne l'était pas ? Il ne méritait pas la peine de mort, pour sûr, mais... le sort me semblait injuste. Le coupable était toujours le moins puni. En regardant Joana, plantée devant moi, tous ces souvenirs me revinrent en mémoire. Cette fille représentait tout une époque où j'avais été heureux. Et je détestais être confronté à cela, maintenant que ma vie d'avant avait fichu le camp. Je ne pouvais la regarder sans voir le visage de son père. C'était une douleur terrible, là, au fond de moi. C'était peut-être égoïste mais j'aurais tant aimé lui claquer la porte au nez. Ne plus la voir, jamais. Mais cela aurait été si douloureux. C'était un peu comme choisir entre deux souffrances : l'avoir auprès de moi mais devoir sans cesse me retrouver avec les fantômes du passé, ou souffrir de son absence mais vivre en essayant d'oublier l'autrefois. J'avais opté pour la deuxième option, lorsque je l'avais abandonné, mais je m'étais bien vite rendu compte que son absence ne m'aidait pas à tourner la page. « Je peux entrer ? Si non, je peux repasser à un autre moment.. » Je clignai des yeux, abasourdi. C'était comme un rêve, de la voir ici. Je n'eus pas le temps de dire quoi que ce soit qu'elle répondit pour moi.  « Non en fait, il vaut mieux que tout soit mis au clair maintenant. Alors... soit tu me laisses entrer...soit tu refuses et je ne reviendrais plus te déranger. » Elle avait l'air décidée. Refuser de la laisser entrer, maintenant qu'elle était ici ? En la savant à Miami, je n'aurais jamais eu la force de ne plus la revoir. « Entre, alors » dis-je simplement en ouvrant la porte.

J'allais m'asseoir à la table de la cuisine et m'asseyais, l'invitant à faire de même. Elle n'avait physiquement pas changé : les mêmes grands yeux noirs, ceux-là même qui savaient faire chavirer mon coeur, la même expression douce et calme, le même regard intelligent. Mais mentalement ? Moi aussi, j'étais le même, extérieurement. Mais à l'intérieur, tout était différent. Je ne savais absolument pas quoi lui dire. Je me sentais à la fois en colère (pour une raison que j'ignorais), vaguement triste et très honteux. Je sortis mon paquet de cigarette et m'en allumai une. « Pourquoi t'es venue ici ? » lui demandai-je finalement. Mon ton était plus abrupt que je ne l'aurais voulu. « Ça fait deux mois que je me bats pour me reconstruire, pour oublier toute cette merde, et puis tu te pointes et tu ruines tout. J'peux pas te voir sans repenser à cette nuit-là ». Bon d'accord, j'étais carrément sec. Purée. Elle allait me détester, c'était sûr. J'avais tellement changé. « Ecoute, je ne dis pas ça sans raisons, vraiment, je suis malade et... j'ai besoin d'aide ». Je me sentais pathétique. En la regardant, tous mes sentiments revenaient au grand galop, et ça m'effrayait.
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(#)Sujet: Re: you're the only light i've ever known (joana)  |   Mar 23 Juin - 23:20
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Charlie & Joana
If you must mourn, don't do it alone. If you must leave, leave as though fire burns under your feet. If you must speak, speak every word as though it were unique. If you must die, sweetheart, die knowing your life was my life's best part ▬ Keaton Henson

De tous les scénarios que Joana avait pu imaginer, très peu prévoyaient que Charlie lui ouvre la porte. Or, ce fut le cas. Et dans le très peu de scénarios restants, elle pouvait à présent éliminer tous ceux qui le montrait en train de lui claquer la porte au nez. C'était plutôt encourageant, stressant mais encourageant. Les battements de son cœur étaient un peu trop précipités et elle avait beaucoup de mal à se calmer et ainsi reprendre son sang-froid. Et l'accueil de Charlie n'était pas pour la rassurer. Elle s'était rapidement reprise en lui disant clairement qu'il avait le choix entre la laisser entrer ou ne plus jamais la revoir.

Ce n'était pas qu'elle souhaitait le mettre au pied du mur mais elle voulait tout mettre à plat avec lui dès le début. Joana le laissait donc choisir. Soit elle entrait et ils pourraient enfin discuter et s'expliquer, soit il refusait et ils pouvaient se dire adieu, comme si elle n'était jamais venue à Miami pour essayer de mettre tout au clair et, peut-être, arranger les choses. Elle expira l'air contenue quand il lui dit qu'elle pouvait entrer dans l'appartement alors qu'elle ne s'était même pas rendu compte qu'elle retenait son souffle. Il y avait donc encore un peu d'espoir. Quand il était parti comme ça, sans rien dire à personne, ça avait été un enfer pour tout le monde. Ça y ressemblait déjà un peu avant mais tout avait empiré. Joana n'avait pas revu les parents et la sœur de Charlie, elle ne pouvait pas après ce qui était arrivé.

Durant le premier mois, elle avait adopté la technique de l'hibernation et avait tout simplement refusé de quitter son appartement. Elle passait le plus clair de son temps à fixer son plafond sans rien faire. Joana avait l'impression qu'elle ne pourrait pas se relever, du moins pas toute seule. Elle avait l'impression que quelqu'un avait appuyé sur le bouton off et qu'elle ne pourrait pas redémarrer d'elle-même. Sauf qu'elle était seule et qu'elle n'avait pas le courage nécessaire. Pas maintenant. C'était trop tôt. Joana se disait donc « Demain, je me lèverai. Demain, j'affronterai tout ça. » Sauf que demain arrivait trop vite et qu'elle ne s'en sentait toujours pas capable. Alors, elle repoussait. Encore et encore. Des membres de sa famille étaient venus la voir. Sauf que la plupart s'inquiétait plus pour son père. Joana n'était toujours pas allé le voir, pas le courage... Ils essayaient de la faire se lever, pour son père disaient-ils, pour qu'il n'affronte pas tout ça sans être sûr que sa fille allait bien, parce que sinon il ne tiendrait pas le coup en prison. Personne n'y comprenait rien. Ils essayaient tant bien que mal de la faire manger et boire. Elle avait mis un mois. Un mois pour réaliser qu'elle ne pouvait pas continuer à végéter comme ça sans rien faire. Sans même prévoir quoique ce soit, un matin, elle était sortie de chez elle et était allée rendre visite à son père.

Joana suivit Charlie dans l'appartement après avoir refermé la porte derrière elle. Elle parcourut un peu les différentes pièces des yeux avant de rejoindre Charlie et de s'asseoir en face de lui alors qu'il allumait une cigarette. Ça faisait longtemps... « Pourquoi t'es venue ici ? Ça fait deux mois que je me bats pour me reconstruire, pour oublier toute cette merde, et puis tu te pointes et tu ruines tout. J'peux pas te voir sans repenser à cette nuit-là. ». Ça c'était douloureux. Mais elle devait rester forte même si elle voulait s'enfuir à cet instant. Parce qu'elle lui faisait du mal en étant là et qu'elle ne le voulait pas. Il lui faisait presque se demander pourquoi elle était venue alors qu'elle était sûre qu'elle avait fait le bon choix quelques instants auparavant. « Je ne suis pas là pour t'enfoncer plus Charlie. Mais j'en avais besoin, j'avais besoin de venir te voir. Et je pensais que tu pourrais en avoir besoin aussi. Peut-être que j'ai pensé mal, peut-être que ce n'était pas une si bonne idée que ça, mais je regrette pas d'être là parce que je pense qu'on doit faire face à tout ça pour que la souffrance diminue. ». Elle tentait de rester calme mais ferme. « Je suis justement là pour essayer d'aider. Parce que je n'ai pas eu une période facile moi aussi, surtout que tu es parti comme ça en nous laissant tous en plan... Ça a été ta décision, et tu n'as demandé l'avis de personne. Maintenant laisse-moi prendre la mienne et choisir de t'aider. » Elle ne savait pas comment elle pourrait l'aider à aller mieux mais elle le devait. Elle tenait beaucoup trop à lui pour le laisser dépérir. [b]« Je t'aiderai par n'importe quel moyen Charlie, ne me fuis pas encore une fois... »


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(#)Sujet: Re: you're the only light i've ever known (joana)  |   Lun 29 Juin - 0:25
we're both fighting just to stay, to stay alive, a fragile state of mind that i can't quite survive. without a doubt, i need your help, i know you've heard me ask before, but come on girl i need to tell you now, i know what i've done wrong. the only way out of here is the way i've avoided for all my life, there's so many things i wanna say but there's too many things still in the way, i'm lost please help me find my place, you're the only one please lead me out of the dark.

∆∆∆

La vérité, c'était que la revoir ici m'effrayait. Ouais, je devais l'admettre, j'avais envie de me barrer en courant et de m'enfermer dans ma chambre. Mon manque de maturité me consternait, mais j'avais vraiment du mal à faire face à mes soucis. Dans n'importe quelle situation, même celle-ci. Je n'étais pas un courageux, et les problèmes, généralement, je les fuyais. Parce que je détestais en avoir, parce que je ne savais pas comment réagir, parce que j'avais peur de tout foutre en l'air… J'étais un sale idiot et j'avais déjà fait beaucoup de mal à Joana. Alors oui, mes paroles semblaient dures. Plus dures que je ne l'aurais souhaité, d'ailleurs. Mon ton était assez froid et honnêtement, je me sentais mal pour elle. J'étais con de réagir comme ça, mais je ne savais absolument pas que faire d'autre. J'étais tellement partagé ! Mon coeur balançait. Joana avait fait plein de kilomètres pour me voir, et devait avoir plaqué sa vie rien que pour me retrouver. Moi, et pas un autre. J'ignorais même si elle avait eu le temps de se trouver un appartement. Et dans toute mon imbécilité, tout ce que je trouvais à répondre c'était de l'envoyer chier. Bravo, Charlie, belle preuve de maturité. Je m'énervais tout seul, mais c'était comme si quelque chose en moi m'empêchait de me comporter gentiment avec elle. Elle me rappelait tellement de choses, des souvenirs si heureux… Moi qui m'était battu, depuis mon arrivée à Miami, pour oublier mon passé, elle menaçait de tout compromettre. Je ne pouvais honnêtement pas dire que je m'étais remis, loin de là, mais j'avais peur de sombrer. Parce que rien ne serait jamais plus comme avant, entre nous. C'était trop tard. Son père était un assassin et ma soeur, la victime. Alors évidemment, nous n'avions rien demandé tous les deux. Nous étions des victimes collatérales. Ce jour-là, nous avions perdu absolument tout. Et sa vie n'avait pas du être facile, après l'emprisonnement de son père. Bordel, je m'étais comporté comme un bel égoïste. Je n'avais pensé qu'à moi ces derniers temps, qu'à mes petites fesses et à mes états d'âmes. Comme si il n'y avait eu que moi qui avait souffert de cette histoire. Et j'en avais rajouté une couche en m'enfuyant ainsi de Washington. En faisant cela, j'avais fait souffrir mes parents, mais aussi Joana.

Pourtant, cette fille, il n'y a pas si longtemps, c'était celle que j'aimais le plus sur terre. J'avais pas été amoureux, mais… Ç'avait pas été loin. Tous ces bons moments que nous avions passé ensemble me revenaient brutalement en tête, maintenant qu'elle se trouvait en face de moi. Et c'était horriblement douloureux de mesurer l'écart entre ma vie d'avant et ma vie maintenant. Le pire, c'est que ce changement, je le devais à son père, à son meurtrier de père. J'avais tant de haine, de rancoeur et de tristesse en moi que parfois, j'avais l'impression que je devenais fou. Je ne savais même pas si je devais haïr ou non son géniteur. Parce qu'au fond je savais que ce n'était pas un assassin, il était soul ce soir là, et ça aurait pu être n'importe qui. Moi le premier. Et je savais aussi qu'il avait regretté son acte dès le moment où la voiture s'était approchée de June. Mais je repensais encore à son corps sans vie, là, allongé sur le bitume, à cette bâche blanche couverte de son sang. June n'était plus là alors qu'elle était innocente, tandis que le coupable vivait encore. Il respirait, mangeait, regardait la télé. Dans quelques années, il allait sortir et pourrait reprendre une vie normale. June n'aurait plus jamais cette chance. C'était tellement… douloureux de revivre tout ça. J'aurais aimé que Joana ne frappe jamais à ma porte, et pourtant, c'était la personne qui me manquait le plus sur terre. « Je ne suis pas là pour t'enfoncer plus Charlie. Mais j'en avais besoin, j'avais besoin de venir te voir. Et je pensais que tu pourrais en avoir besoin aussi. Peut-être que j'ai pensé mal, peut-être que ce n'était pas une si bonne idée que ça, mais je regrette pas d'être là parce que je pense qu'on doit faire face à tout ça pour que la souffrance diminue. » Il me paraissait presque impossible que la souffrance puisse diminuer. Tout s'empirait, chez moi. Chaque évènement prenait une ampleur démesurée. Tout m'atteignait, je prenais tout trop à coeur. Je m'étais mis en tête d'aider la veuve et l'orphelin. Je voulais sauver Nessa, et aider Alysse, et réconcilier Aloysia et Blake, et soutenir Cassidy même si je ne la portais pas spécialement dans mon coeur, et être là pour Hannah… Je ne savais même pas pourquoi je faisais tout cela, pourquoi j'étais toujours en train d'aider tout le monde avec leurs soucis alors que je n'étais même pas capable de m'occuper des miens. Peut-être qu'en m'occupant des autres j'espérais oublier mes problèmes. « Je suis justement là pour essayer d'aider. Parce que je n'ai pas eu une période facile moi aussi, surtout que tu es parti comme ça en nous laissant tous en plan... Ça a été ta décision, et tu n'as demandé l'avis de personne. Maintenant laisse-moi prendre la mienne et choisir de t'aider. » Un sourire ironique se dessina sur mon visage. « Si t'es venue ici pour me faire culpabiliser, te fatigue pas. Lemon fait ça parfaitement bien. Elle est à plus de deux milles bornes de là et elle sait me faire chier mieux que personne. Alors ouais, j'ai complètement merdé, j'ai pété les plombs et j'me suis cassé. J'suis désolé. Mais c'est comme ça. Personne avait besoin de moi là-bas » répondis-je un peu violemment. J'étais au bout du rouleau, j'étais crevé et mes nerfs étaient à vifs, alors mes réactions étaient un peu brutales. Ces derniers temps, je m'étais quand même mis à penser que peut-être je me trompais sur ce dernier point. Et si… Si on avait eu besoin de moi, à Washington ? Est-ce que mes parents auraient eu besoin du soutien de leur fils dépressif, au bord du gouffre psychologiquement ? Ne leur aurais-je pas simplement fait plus de peine encore ? Et Joana… ? Si je ne pouvais la voir autrement que la fille du meurtrier de June, elle ne pouvait peut-être me voir que comme le frère de la victime de son père. « Je t'aiderai par n'importe quel moyen Charlie, ne me fuis pas encore une fois... » Je la scrutais pendant un long moment. Elle m'avait terriblement manqué. Ce n'était pas le genre de fille sur laquelle vous pouviez vous retourner dans la rue, mais je la trouvais magnifique. Aussi bien physiquement que mentalement. Elle respirait l'intelligence et la bonté. Quel genre de copain aurais-je fait, si nous avions, par le plus grand des hasards, fini par sortir ensemble ? « Tu m'as manqué. Vraiment » commençai-je doucement en baissant les yeux. Toute sorte de sentiments m'envahissaient. « J'suis une peine perdue. Joana, s'il te plaît, oublie-moi, j'crois que ça vaut mieux pour tout le monde. T'es jeune et intelligente, t'as un avenir devant toi. Tu peux devenir quelqu'un de vraiment génial ! T'occupes pas de moi, gâche pas ta chance de devenir quelqu'un pour un type comme moi. Moi j'veux bien t'aider. Mais ne m'aide pas. Ça ne servirait à rien ».
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(#)Sujet: Re: you're the only light i've ever known (joana)  |   Lun 13 Juil - 14:44
You're the only light i've ever known

If you must mourn, don't do it alone. If you must leave, leave as though fire burns under your feet. If you must speak, speak every word as though it were unique. If you must die, sweetheart, die knowing your life was my life's best part Δ  Keaton Henson.

La première étape était passée. J'étais entrée. Et maintenant ? Je n'avais pas vraiment envisagé l'après. Comment est-ce que ça allait se passer ? C'était comme s'il avait entrebâillé une porte, me laissant m'exprimer, nous laissant nous expliquer, mais, qu'à tout moment, il pouvait la refermer pour ne plus jamais me revoir. Et je me retrouverais dans le noir à nouveau. Assise face à lui, une table nous séparant, je me disais que c'était lui qui avait le contrôle sur tout ça, que je n'avais pas mon mot à dire. Que s'il ne voulait plus jamais me revoir, je partirais. Parce que c'était ce qu'il désirait, parce que ce serait moins douloureux pour lui, parce que je l'aiderais en partant. Même si ça devait être douloureux pour moi, ça n'avait pas d'importance. J'étais venue pour lui, pour l'aider. Si ma présence lui était inutile, à quoi bon rester ? Toutes ces pensées auraient pu me paraître ridicule à une époque. C'était ridicule, je m'en rendais compte mais c'était la vérité, et ça je l'admettais. C'était ce que je ressentais, même si c'était stupide et niais. On est tous stupide et niais à un moment de notre vie, même si on refuse de l'admettre. Il me restait encore un ridicule espoir, l'espoir qu'il ne referme pas cette fichue porte. Que je ne me retrouverais pas à nouveau seule, sans lui. C'était pathétique tout ça, j'étais pathétique de toute façon...

J'essayais de mettre tout ça au clair dans ma tête et à voix haute, lui expliquant pourquoi j'étais là. Tout ce que je voulais, c'était l'aider, alléger un peu la charge de la peine. Peut-être que l'on pourrait porter tout ça à deux plutôt que séparément. Ce serait plus simple. Son départ était une erreur selon moi. Il ne devait pas s'éloigner des personnes avec qui il pouvait partager sa peine et qui pouvaient le comprendre. Il avait choisi de se couper de tout et de tout le monde sauf que le passé ressurgissait toujours à un moment ou à un autre. On ne pouvait pas couper les liens totalement. Il faudrait qu'il fasse face à tout ça un jour et je ne voulais pas qu'il soit seul. « Si t'es venue ici pour me faire culpabiliser, te fatigue pas. Lemon fait ça parfaitement bien. Elle est à plus de deux milles bornes de là et elle sait me faire chier mieux que personne. Alors ouais, j'ai complètement merdé, j'ai pété les plombs et j'me suis cassé. J'suis désolé. Mais c'est comme ça. Personne avait besoin de moi là-bas »

Je fronçais les sourcils à l'entente de sa réponse. Il ne pouvait pas dire ça et surtout pas de cette façon. C'était comme si nous n'avions plus aucune importance, ceux qu'il avait abandonné à Washington. « Personne n'avait besoin de toi là-bas ? Tu plaisantes là ? Je comptais pas te faire de reproches parce que je me disais que tu devais suffisamment culpabiliser mais en fait...tu t'en fous... ? » Ça me faisait mal. Je voulais qu'il démente. « Tu m'as manqué. Vraiment. » Mon cœur fit un bond mais je ne sentais vraiment pas la fin de cette discussion. J'étais encore une fois pathétique et je détestais ça. Pourquoi est-ce qu'il fallait que je ressente toutes ces choses ? Ça aurait tellement simple de ne plus rien ressentir, de retourner à un état léthargique. Ras le bol de se laisser emporter par ses propres émotions. « Tu m'as manqué aussi... » chuchotais-je.

Il était temps de me ressaisir sauf que toutes ses paroles m'agaçaient plus qu'autre chose. Il abandonnait d'avance, Charlie ne voulait même pas essayer. « J'suis une peine perdue. Joana, s'il te plaît, oublie-moi, j'crois que ça vaut mieux pour tout le monde. T'es jeune et intelligente, t'as un avenir devant toi. Tu peux devenir quelqu'un de vraiment génial ! T'occupes pas de moi, gâche pas ta chance de devenir quelqu'un pour un type comme moi. Moi j'veux bien t'aider. Mais ne m'aide pas. Ça ne servirait à rien. » Je secouais la tête en plissant les yeux. Il ne pouvait pas me demander ça. « Tu te rends compte de ce que tu me demandes ? C'est hors de question Charlie ! Je n'ai pas fait tous ces kilomètres pour que tu me dises que je ne peux rien faire pour toi. » répondis-je dans un faux rire. « Et tu crois que ça m'aide, moi, de te voir dans cet état ? On était ami Charlie, et, en zappant tout ce qui s'est passé, je te considère toujours comme mon ami alors c'est comme si tu me demandais de t'abandonner. Et j'en suis pas capable. La seule raison qui ferait que je laisse tomber, c'est que tu me dises que tu ne supportes pas que je sois là et que tu me demandes de partir. Mais j'espère que tu le feras pas. » C'était dit, clair. La balle était toujours dans son camp. « Alors, Miami, tu te plais un minimum ici ? » demandais-je par curiosité. 
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(#)Sujet: Re: you're the only light i've ever known (joana)  |   Lun 20 Juil - 10:12
we're both fighting just to stay, to stay alive, a fragile state of mind that i can't quite survive. without a doubt, i need your help, i know you've heard me ask before, but come on girl i need to tell you now, i know what i've done wrong. the only way out of here is the way i've avoided for all my life, there's so many things i wanna say but there's too many things still in the way, i'm lost please help me find my place, you're the only one please lead me out of the dark.

∆∆∆

La scène semblait irréelle. Joana, chez moi. Ma Joana, si tenté que ce fut encore elle qui se tenait devant moi. Tant de choses s'étaient passées ; l'eau avait coulé sous les ponts. Qu'est-ce qui me disait que tout cela ne l'avait pas changée ? Moi-même, je n'étais pas ressorti indemne de tous ses évènements. Peut-être que nous ne entendrions plus jamais. Que nos caractères et nos ambitions avaient été modifiés et que désormais, plus rien ne rapprochait. Cette idée me fit frissonner. Je tentais de mettre des barrières entre elle et moi, mais paradoxalement j'aurais été bien attristé d'y parvenir. Parce que je ne pouvais rien contre Joana, malgré tous mes efforts pour la tenir à distance. Je l'avais laissé rentrée, j'avais (presque) abandonné mon ton froid… J'aurais dû la détester, elle et son père, eux qui m'avaient tout pris. Et pourtant, je ne pouvais résister à cet espèce de torrent de sentiments qui m'arrachait les tripes quand elle était là. Ça, ça n'avait pas changé. De mon côté, du moins. Quant à elle, elle devait me détester. Ne m'étais-je pas comporté en parfait petit connard égoïste ? Toute cette situation me mettait mal à l'aise. La chose la plus préférable aurait été que nous continuions notre vie chacun de notre côté, comme si rien n'était arrivé entre nous. J'avais essayé de m'en persuader au début, mais ç'avait été une tâche bien trop ardue. Je pouvais faire ce que je voulais, ça ne changerait rien. Ah, quelle horrible impression avais-je alors de me trouver être le héros d'une tragédie. Un amour impossible, entre la victime et le meurtrier. Et qui finissait toujours par la mort d'un personnage. Bon, j'espérais que je me trompais sur ce point. Joana était là et sa seule présence suffisait à renverser les barrières que j'avais cherché à mettre entre nous. Merde, j'étais si faible que ça ? Ça ne m'allait pas de jouer les méchants garçons. Mais je ne pouvais m'empêcher d'éprouver du ressentiment à son égard, à l'égard du passé auquel elle avait appartenu. Elle était là et elle essayait de me remuer les fesses, de me sortir de la merde dans laquelle je m'étais mis seul. D'ailleurs, comment savait-elle que j'avais des soucis ? Sûrement Hannah, pensais-je. J'oubliais souvent qu'elle se connaissait. « Personne n'avait besoin de toi là-bas ? Tu plaisantes là ? Je comptais pas te faire de reproches parce que je me disais que tu devais suffisamment culpabiliser mais en fait...tu t'en fous... ? » me dit-elle, agacée. J'avais oublié à quel point cette fille n'avait pas sa langue dans sa poche. Bien sûr que je culpabilisais assez, et je crois bien c'était même cela qui m'avait fait quitter Washington aussi précipitamment. Le fait de ne plus pouvoir regarder mes parents en face, parce que, fait que peu connaissait, je devais aller chercher June ce soir là et je n'y étais pas allé. Si son père avait tué June, on pouvait dire que j'étais un peu son complice. « Tu crois que je m'en fous ? Tu crois que ça ne m'a pas fait mal de laisser tout derrière moi ? Mon père, ma mère… ? Toi ? Je l'ai fait, c'était sûrement une erreur mais sur le coup, c'était la seule chose qu'il me paraissait juste de faire » répliquais-je. J'avais été tellement bouleversée immédiatement après la mort de June, je n'avais pas voulu que mes parents voient le désastre que j'étais devenu. Perdre un enfant fut dur pour eux, mais en perdre deux…

Je me calmai un peu. Je n'avais pas spécialement envie de me prendre la tête avec Joana au sujet de mon départ, parce que de toute manière elle était plus intelligente que moi et, mine de rien, elle avait raison. Je n'aurais pas dû partir comme cela, mais ce qui était fait était fait et maintenant, il suffisait juste que nous réussissions à nous reconstruire. Je lui avouais ensuite qu'elle m'avait manqué. Et ça, c'était sûrement la chose la plus sincère que j'aie pu dire dans notre conversation. Ma pauvre Joana… Quel enfer la vie avait-elle pu être après l'emprisonnement de son père ? Catégorisée comme la fille du coupable, personne n'avait du se soucier d'elle. Je réalisais soudainement à quel point j'avais merdé. Je l'avais laissé, elle… Et maintenant, je la repoussais. Qu'est-ce qui tournait pas rond, chez moi ? Pourquoi je donnais tant pour aider Nessa, que je connaissais depuis très peu de temps, et pourquoi je laissais Joana seule ? Peut-être était-ce encore la culpabilité qui m'empêchait de revenir totalement vers elle. « Tu m'as manqué aussi... » chuchota-t-elle. Cela me fit sourire. Combien aurais-je aimé revenir dans le passé, au moment où tout allait bien.. Je lui disais ensuite que je ne valais pas la peine qu'elle se batte pour moi, qu'elle fiche en l'air sa vie ou ses études pour moi. En revanche, si je pouvais l'aider, je voulais le faire. Me rattraper, peut-être. Mais Joana ne l'entendait pas de cette oreille. « Tu te rends compte de ce que tu me demandes ? C'est hors de question Charlie ! Je n'ai pas fait tous ces kilomètres pour que tu me dises que je ne peux rien faire pour toi. » Du grand Joana. Cette fille était sûrement la plus têtue et la plus déterminée qu'il m'avait été donné de connaître. Quand elle avait quelque chose en tête, elle ne s'en détournait jamais et elle parvenait toujours à ses fins, généralement. « Eh ! Je t'ai pas demandé de venir non plus ! » m'exclamai-je. Elle n'allait quand même pas m'accuser de sa venue. « Et tu crois que ça m'aide, moi, de te voir dans cet état ? On était ami Charlie, et, en zappant tout ce qui s'est passé, je te considère toujours comme mon ami alors c'est comme si tu me demandais de t'abandonner. Et j'en suis pas capable. La seule raison qui ferait que je laisse tomber, c'est que tu me dises que tu ne supportes pas que je sois là et que tu me demandes de partir. Mais j'espère que tu le feras pas. » Ses paroles m'adoucirent légèrement. J'étais content de savoir qu'elle me considérait toujours comme son ami, malgré tout ce que j'avais pu lui faire subir. Mais, pour ma défense, j'avais des circonstances atténuantes. Cela ne justifiait quand même pas entièrement mes actes, j'en avais conscience. À ce moment précis, je me sentais vraiment, mais alors vraiment très con. Je l'avais fait souffrir et c'était elle qui revenait vers moi pour m'aider. J'avais l'impression d'être minuscule devant sa grandeur d'âme. Joana était une personne bien meilleure et bien plus forte que moi, il n'y avait pas de doute. « Je vais être honnête avec toi, ta présence ici ne m'apporte pas que de la joie. Elle me rappelle tellement de choses… Des choses que j'avais voulu oublier en fuyant Washington. Mais que tu sois là ou pas ne change rien au fait que je ne pourrais jamais oublier tout ce qu'on a pu vivre » dis-je. « Je ne pourrais pas mettre des barrières entre nous éternellement, de toute façon. C'est au-dessus de mes forces ». Au moins, c'était dit. La fuir et essayer de la chasser de mes souvenirs comme je l'avais fait m'avait épuisé et peut-être qu'il était temps de me laisser un peu de répit. « Alors, Miami, tu te plais un minimum ici ? » me demanda-t-elle. Je haussais les épaules. « C'est une ville comme une autre. C'est toujours mieux que Washington »… Et les fantômes qui y vivaient, songeais-je. Je me raclais la gorge. Il y avait une chose que je me demandais depuis longtemps et Joana était la mieux habilitée à répondre à cela, mais j'ignorais si elle le prendrait bien ou même si c'était le bon moment. « Est-ce que… Est-ce que ton père va bien ? J'espère qu'ils ne le traitent pas trop durement… » Malgré tout, je ne parvenais pas à détester complètement son paternel. Parce qu'il avait commis une erreur ce jour-là, mais ce n'était pas un assassin. Je le connaissais, c'était un homme comme les autres. Ç'aurait parfaitement pu être moi, dans cette voiture. Enfin, cela n'enlevait rien au fait qu'il avait tué June. « Désolé, je n'aurais pas du demander ça », m'excusai-je rapidement.
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(#)Sujet: Re: you're the only light i've ever known (joana)  |   Lun 27 Juil - 22:29
You're the only light i've ever known

If you must mourn, don't do it alone. If you must leave, leave as though fire burns under your feet. If you must speak, speak every word as though it were unique. If you must die, sweetheart, die knowing your life was my life's best part Δ  Keaton Henson.

Un mois plus tôt, je n'aurais pas été capable de me retrouver ici. Il m'avait fallu du temps et une longue réflexion pour que je décide enfin de reprendre le contrôle de ma vie et partir à Miami pour voir Charlie. Ça n'avait pas été simple, surtout que j'avais moi aussi tout abandonné derrière moi, pas que j'avais grand chose à Washington non plus. Mon père était au courant, je l'avais prévenu lors de ma dernière visite. Et j'avais réuni assez d'argent, pour le moment. Il allait tout de même falloir que je trouve un emploi si je voulais rester à Miami et pouvoir payer le loyer. La colocation aidait beaucoup mais ça ne suffirait pas pendant très longtemps.

Je ne savais pas si j'allais regretter d'être venue. Je serai heureuse de le revoir mais je ne voulais pas me rendre compte que tout avait changé entre nous. Sauf que c'était obligatoire, rien ne serait plus jamais comme avant. Et c'est pour ça que tous ses mots me faisaient mal. Charlie semblait si froid, il donnait l'impression que tout ça ne lui faisait rien. La façon dont il parlait des reproches de sa sœur..., comme s'il s'en foutait. Et je ne voulais pas y croire. « Tu crois que je m'en fous ? Tu crois que ça ne m'a pas fait mal de laisser tout derrière moi ? Mon père, ma mère… ? Toi ? Je l'ai fait, c'était sûrement une erreur mais sur le coup, c'était la seule chose qu'il me paraissait juste de faire. »

« Tu t'exprimes enfin... C'est rassurant. J'avais vraiment commencé à me dire que tout ça n'avait plus aucune importance pour toi. Je voulais pas y croire bien sûr mais c'est le genre de pensées qui  se contrôlent pas. Des pensées parasites qui sont juste présentes pour te faire douter de tout ce dont tu pouvais être certaine. Et je n'arrivais pas à m'en débarrasser. J'ai cru que tu étais parti sans aucun remord et cette pensée m'a rongé pendant longtemps... »

Elle me rongeait toujours... Ces pensées se faufilaient dans mon esprit pour me faire perdre pied et il fallait avouer que la résistance s’effritait peu à peu. Je refusais, je refusais, encore et encore mais ça s'infiltrait dans ma tête. Il s'en foutait. De ses parents, de moi. Il était parti parce que nous n'avions plus aucune importance. Il ne reviendrait jamais puisque de toute façon, nous faisions parti du passé. Son ton et ses mots me faisaient me poser des questions. Charlie m'avoua que je lui avais manqué et ça me faisait tellement du bien d'entendre ça. Ses mots me rassuraient en quelque sorte. J'avais bien fait de venir...enfin c'était ce que je pensais jusqu'à ce qu'il me dise que je ne pouvais rien faire pour lui. Selon lui, j'étais incapable de l'aider parce qu'il n'en valait pas la peine. Et je n'allais très certainement pas le laisser dire ça.  « Eh ! Je t'ai pas demandé de venir non plus ! »

« Je sais que tu m'as rien demandé, je suis venue parce que je le voulais ! Et je ne veux pas que ce soit pour rien. Tout ce que je veux c'est qu'on mette tout au clair Charlie. Et de pouvoir me dire que, si on ne doit plus se revoir, j'aurais tout fait pour essayer d'arranger les choses. »

Je ne voulais pas lâcher l'affaire, parce qu'il ne le méritait pas. Il fallait que je sois là pour lui. Sauf si ça empirait les choses... Je ne le voulais pas et j'étais capable de partir, même si ça me faisait souffrir, pour qu'il aille mieux.

« Je vais être honnête avec toi, ta présence ici ne m'apporte pas que de la joie. Elle me rappelle tellement de choses… Des choses que j'avais voulu oublier en fuyant Washington. Mais que tu sois là ou pas ne change rien au fait que je ne pourrais jamais oublier tout ce qu'on a pu vivre »

« Je m'en doutais... Mais...je voulais quand même croire que ma présence apporterait plus de bien que de mal. »

J'avais envie de lui prendre la main et de la presser, de lui prouver que j'étais bien là et que tout ce que je voulais c'était le soutenir, l'aider à surmonter cette épreuve. Mais tout ce que je faisais c'était le regarder dans les yeux et tenter de lui faire comprendre que je ne reculerai pas.  « Est-ce que… Est-ce que ton père va bien ? J'espère qu'ils ne le traitent pas trop durement… »

Je ne m'attendais pas du tout à cette question de sa part. Ça me semblait plutôt être un sujet tabou. Pendant quelques secondes, je le fixais, me demandant s'il venait vraiment de me demander des nouvelles de mon père. «  Désolé, je n'aurais pas du demander ça. »

Je réagissais enfin parce que je trouvais que c'était déjà un pas de sa part que de vouloir en savoir plus sur la santé de mon père.

« Euh eh bien...Il allait plutôt bien la dernière fois que je l'ai vu, il ne m'a pas raconté grand chose, je pense qu'il ne voulait pas m'effrayer alors.. »

Je n'étais pas souvent allé le voir. Il le regrettait d'ailleurs mais j'avais toujours du mal à m'y faire. Mes visites étaient courtes et on parlait peu, enfin je parlais peu.

Et là non plus, je ne savais plus quoi dire. Qu'allait-il se passer maintenant ? Parce que tout n'allait pas rentrer dans l'ordre, et surtout pas maintenant. Un mec sortit alors d'une des pièces, les yeux dans le vague et les cheveux en bataille, nous regardant avant de grogner et de faire demi-tour.  J'ouvrais la bouche avant de la refermer, ne voulant rien savoir.    
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(#)Sujet: Re: you're the only light i've ever known (joana)  |   Lun 10 Aoû - 16:18
we're both fighting just to stay, to stay alive, a fragile state of mind that i can't quite survive. without a doubt, i need your help, i know you've heard me ask before, but come on girl i need to tell you now, i know what i've done wrong. the only way out of here is the way i've avoided for all my life, there's so many things i wanna say but there's too many things still in the way, i'm lost please help me find my place, you're the only one please lead me out of the dark.

∆∆∆

Joana pouvait me dire ce qu'elle voulait. Elle pouvait me dire que j'étais un égoïste, que j'avais agis comme un lâche, que j'en étais un, que je ne valais pas mieux qu'une merde de chien. Oui, elle avait parfaitement le droit de me balancer ça au visage et je l'aurais parfaitement accepté et compris, tout simplement car j'étais d'accord avec ces accusations. Je le pensais moi aussi. C'était ce que j'étais, ou du moins, j'avais agi comme tel et je devais en assumer les conséquences. Même si c'était dur, je devais accepter le fait d'entendre Joana me dire tout cela. En revanche, elle n'avait pas le droit de dire que je m'en fichais. Ça me mettait hors de moi. Parce que c'était absolument faux. Je ne me fichais pas de tout cela, et ça m'agaçait de voir que Joana pouvait douter de cela. Elle était l'une des personnes qui me connaissait le mieux, elle aurait dû savoir que j'étais du genre à prendre justement les choses trop à coeur. Elle aurait du savoir que tout me touchait beaucoup trop, que chaque évènement avait sur moi l'effet d'un séisme. Pourquoi ne le savait-elle pas ? Est-ce que j'avais changé à ce point ? Je n'étais plus le gamin immature et insouciant qu'elle avait connu. Peut-être était-ce ce Charlie là qu'elle appréciait, et non plus celui que j'étais devenu ? Bah. J'étais comme cela désormais. Et non, je ne me fichais pas de tout le mal que j'avais fait en partant. J'en étais bien conscient et tout cela me rongeait. « Tu t'exprimes enfin... C'est rassurant. J'avais vraiment commencé à me dire que tout ça n'avait plus aucune importance pour toi. Je voulais pas y croire bien sûr mais c'est le genre de pensées qui se contrôlent pas. Des pensées parasites qui sont juste présentes pour te faire douter de tout ce dont tu pouvais être certaine. Et je n'arrivais pas à m'en débarrasser. J'ai cru que tu étais parti sans aucun remord et cette pensée m'a rongé pendant longtemps... » Des pensées parasites… Joana avait mis le mot juste sur ce qui me tourmentait depuis quelques temps déjà. Je n'étais pas d'accord avec ce qu'elle disait, mais elle avait eu raison de penser cela. Je n'avais donné aucune nouvelle, aussi, comment aurait-elle pu penser autrement ? « J'ai eu des remords. Dès l'instant où je suis parti, et ils ne m'ont pas quitté depuis. J'ai toujours regretté mon acte, et pourtant, si c'était à refaire… » Je le referais, pensai-je pour moi-même. Je lui rappelais ensuite que je ne lui avais pas demandé de venir, car elle semblait me reprocher qu'elle ait fait tous ces kilomètres pour me trouver dans cet état. Elle n'allait quand même pas me mettre ça aussi sur le dos, j'y étais pour rien. « Je sais que tu m'as rien demandé, je suis venue parce que je le voulais ! Et je ne veux pas que ce soit pour rien. Tout ce que je veux c'est qu'on mette tout au clair Charlie. Et de pouvoir me dire que, si on ne doit plus se revoir, j'aurais tout fait pour essayer d'arranger les choses. » Au moins, c'était clair… Je devais faire un choix. Accepter de la laisser revenir dans ma vie ou non. Après tout, qu'est-ce que cela changerait si elle revenait ? Elle m'avait apporté beaucoup de bonheur, avant. Et si j'arrêtais de culpabiliser pour tout et rien et que j'acceptais son aide ? Que j'acceptais d'être enfin un peu heureux ? Merde, je le méritais comme tout le monde. Joana était peut-être la lumière au bout du tunnel.

« Je m'en doutais... Mais...je voulais quand même croire que ma présence apporterait plus de bien que de mal. » me répondit-elle en me regardant droit dans les yeux quand je lui confiais mes sentiments par rapport à son retour. C'était tellement, tellement compliqué. Comme si je n'avais pas assez de choses à gérer dans ma vie. Tout s'embrouillait dans ma tête et j'avais parfois l'impression que je compliquais moi-même les choses, que tout aurait pu être simple si je le voulais. Mais j'étais comme ça, j'avais tendance à tout repousser loin de moi parce que j'estimais ne plus rien mériter et j'en souffrais comme un malade par la suite. Mais Joana était revenue, elle ne semblait pas m'en vouloir plus que cela. C'était une chance à saisir, je ne pouvais pas la laisser encore une fois. Je ne m'en remettrais pas. Me dire que j'avais laissé passer l'opportunité de relier avec Joana, de réparer l'une de mes conneries… Non, clairement, la meilleure chose à faire était de l'accepter dans ma vie. Que l'on fasse front à deux et que l'on avance ensemble. Après tout, elle était la plus à même de comprendre ce que je ressentais et moi de même. « Je pense que cela se vérifiera sur le long terme. Je l'espère » chuchotai-je avec un demi sourire. Bien évidemment, rien ne serait simple. Sa venue allait raviver beaucoup de souvenirs chez moi et elle serait sûrement perturbée par celui que j'étais devenu. Mais on pourrait l'affronter. Je le sentais. J'osais l'espérer. Je lui demandais ensuite des nouvelles de son père, avant de me rendre compte que c'était sûrement déplacé. Je ne savais pas ce qu'elle pouvait ressentir à son égard. De la colère et de la déception, de la honte même peut-être, c'était sûr. Mais c'était son père, celui qui l'avait élevée et de plus, un homme bon. Il avait juste eu le malheur de commettre une erreur. Une terrible erreur, mais il payait pour sa faute. « Euh eh bien...Il allait plutôt bien la dernière fois que je l'ai vu, il ne m'a pas raconté grand chose, je pense qu'il ne voulait pas m'effrayer alors.. » Joana semblait vouloir rester vague. Ou alors peut-être n'était-elle même pas au courant de l'état de son père. Il ne fallait pas exclure l'éventualité qu'elle ne lui rende pas souvent visite. « Je suis vraiment… pas désolé, mais… contrarié pour lui. Il aurait pu… enfin, ça n'aurait pas dû être lui, ce jour-là. Ce n'est pas un meurtrier » commençai-je. « Je ne lui en veux pas, si ça peut t'aider. Du moins, pas personnellement ». J'allais continuer dans ma lancée, me disant que j'aiderais peut-être Joana en lui racontant cela, quand Blake entra brusquement dans la chambre. Pas vraiment vêtu, en plus. Il avait les cheveux en bataille, l'air encore endormi, et grogna en voyant Joana. Il fit rapidement demi-tour et repartit aussi vite qu'il était venu. Joana me regarda d'un air vaguement étonnée. « Oh, non, ce n'est pas ce que tu crois ! C'est mon colocataire, il est un peu à l'ouest, le matin. Et pas franchement élégant non plus. Mais c'est un chic type. Un ami, hein » précisai-je rapidement avec qu'elle ne se fasse des idées. « Heu… Tu as quelqu'un dans ta vie, en ce moment ? Pour te soutenir ou… ».
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(#)Sujet: Re: you're the only light i've ever known (joana)  |   Ven 14 Aoû - 23:44
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If you must mourn, don't do it alone. If you must leave, leave as though fire burns under your feet. If you must speak, speak every word as though it were unique. If you must die, sweetheart, die knowing your life was my life's best part Δ  Keaton Henson.

   Je savais que je n'aurais pas dû penser tout ça de Charlie. Mais il y avait toutes ses idées qui m'avaient fait sombrer et me sentir seule, abandonnée. Elles m'avaient plongé dans une longue introspective de moi-même, de ma vie, de tous les gens qui m'entouraient. Elles m'avaient fait douter de tout ce que je pensais sûr. Même si j'essayais de les rejeter, elles revenaient en bloc et s'insinuaient dans ma tête, me faisant me poser des questions auxquelles je refusais de répondre parce que c'était trop douloureux. Douter pour tout, tout remettre en question, c'était épuisant et ça commençait peu à peu à me ronger. Je ne savais plus quoi croire, quoi penser. J'étais dans le flou total et pour se relever après ça... ça n'était pas simple. J'avais beau être là, à essayer de faire face à Charlie du mieux que je pouvais, tous mes doutes me rongeaient encore. Je lui expliquais tout ça parce qu'il fallait qu'il sache, qu'il comprenne par où j'étais passée. Lui aussi, tout ça devait le miner. Et même encore plus que pour moi. « J'ai eu des remords. Dès l'instant où je suis parti, et ils ne m'ont pas quitté depuis. J'ai toujours regretté mon acte, et pourtant, si c'était à refaire… »

J'avais la gorge nouée à ce qu'il disait mais je hochais la tête, comprenant où il voulait en venir. Enfin, j'essayais du moins parce que je ne pouvais pas et je ne pourrais très certainement jamais comprendre totalement ce qui lui était passé par la tête. Se mettre à la place d'une personne n'était pas être la personne en question.

Je n'étais pas venue à Miami pour lui faire encore plus de mal. Et personne ne m'avait demandé de venir non, surtout pas lui. Je n'avais pas l'intention de le faire souffrir par ma simple présence. Tout ce que je souhaitais c'était l'aider. Et être auprès de lui. Il m'avait manqué malgré toutes mes interrogations. Je m'étais demandé une bonne centaine de fois si c'était une bonne idée. Il m'arrivait alors de me trouver des excuses pour venir, ou au contraire ne montrer aucun signe de vie. J'y avait longuement réfléchie avant de quitter tout ce que je connaissais pour m'aventurer dans l'inconnu et arriver ici. S'il le fallait je partirai. Ça ferait mal mais je ne pourrais avoir aucun remord parce que j'aurais essayé. Je lui laissais le choix, c'était à lui de décider, à lui de voir s'il était préférable que je reste ou que je parte, si j'étais plus un boulet qui le ferait encore plus plonger ou si j'étais capable de le soutenir. « Je pense que cela se vérifiera sur le long terme. Je l'espère ». Je ne pouvais pas m'empêcher de sourire, parce qu'il m'acceptait ici, il m'acceptait à nouveau dans sa vie. Pour le moment, j'allais plutôt employer le mot « tolérer » dans ma tête pour éviter de me faire trop d'illusions, mais c'était déjà un bon point.

- Je l'espère aussi.

Il me demanda ensuite comment ça se passait pour mon père en prison. Ça m'étonnait vraiment qu'il me demande. Je me disais qu'il le détestait, qu'il ne voudrait pas entendre parler de lui. C'était le meurtrier de sa sœur. « Je suis vraiment… pas désolé, mais… contrarié pour lui. Il aurait pu… enfin, ça n'aurait pas dû être lui, ce jour-là. Ce n'est pas un meurtrier.  Je ne lui en veux pas, si ça peut t'aider. Du moins, pas personnellement. »

- Je...je lui dirai, la prochaine fois que j'irai le voir... Je suis pas sûr que ça l'aide énormément parce que... Je lui parlerai.

Mon père n'était pas dans sa grande forme psychologiquement parlant, même s'il aimait me le faire croire, ou plutôt me le cacher. Mais ce n'était pas compliqué à constater. Ça ne l'aiderait pas de savoir tout ça parce que tout ce qui le rongeait avait déjà prit le dessus. Et je me rendais compte que de couper le lien entre nous deux ne l'aidait certainement pas sauf qu'il fallait que je fasse encore un travail sur moi-même pour que ce soit possible.

Un jeune homme sortant d'une des chambres me détourna de tout ça quelques secondes alors qu'il semblait se poser des questions sur ce qui se passait. Finalement, il dû abandonner car il repartit comme il était venu. J'étais encore un peu surprise de cette apparition soudaine et je voulais pas trop me poser de question. « Oh, non, ce n'est pas ce que tu crois ! C'est mon colocataire, il est un peu à l'ouest, le matin. Et pas franchement élégant non plus. Mais c'est un chic type. Un ami, hein » J'étais en quelque sorte rassurée d'entendre ça.

Oh d'accord ! J'ai trouvé une colocataire moi aussi, c'est vrai que c'est plus simple et plus pratique comme système.

Il me demanda ensuite si j'avais quelqu'un auprès de moi pour me soutenir. Ces derniers mois ayant été plutôt longs et intenses en réflexion.

- Mmh non pas vraiment.. Je suis toujours plutôt un loup solitaire, je...me débrouille bien toute seule.. Enfin j'essaye. Et toi ? J'ai croisé Hannah, je sais que vous avez gardé contact tous les deux, mais..il y a d'autres personnes ? Plus proches ?   
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