Je me réveillai avec la porte d’entrée qui claquait. Je regardai l’heure sur mon téléphone. 2h24 du matin. Ça ne faisait qu’une heure que je dormais. Qu’est-ce que ma sœur avait à claquer la porte comme ça?! Je me passai une main sur le visage et ouvris à nouveau les yeux. Monsieur Dorian était endormi près de moi, torse nu. Nous nous étions bien amuses hier soir. Disons que je ne pouvais pas dire qu’Eric Dorian était plus qu’une fréquentation. Et même, nous savions tous les deux que ce n’était rien de sérieux, et nous n’espérions pas finir ensemble. Tout d’un coup, ma sœur frappa comme une déchaînée dans ma porte et avant même que j’ai le temps de me lever du lit, elle entra. Je m’assis précipitamment en me couvrant du drap.

« Non mais c’est quoi ton problème! Sors! »

Je lui lançai mon oreiller et elle l’esquiva avant de refermer la porte. Mon amant de la soirée s’était lui aussi réveillé et il se mit immédiatement à s’habiller. Je fis de même et m’excusai auprès d’Eric avant qu’il parte. Je sortis ensuite de ma chambre et compris tout de suite pourquoi ma sœur était énervée. J’avais laissé l’appartement en désordre. N’empêche, elle réagissait beaucoup plus fort qu’habituellement. Et plus je m’approchais de ma sœur, plus je voyais qu’elle n’était pas dans son état normal. Je la connaissais tellement bien, qu’il n’était pas trop difficile de deviner que quelque chose s’était passé. Et ce ne devait pas être à propos de notre mère, car l’hôpital était censé m’avertir en même temps qu’elle. Est-ce qu’elle avait les yeux rouges? Avait-elle pleuré?!!

« Je sais que tu es énervée, mais ne me dit pas que c’est à cause que je n’ai pas fait le ménage! Qu’est-ce qui se passe? »

Assise dans le taxi, je regardais par la fenêtre en retenant mes larmes. J’avais les mains posées sur mes cuisses et je priais pour ne pas fondre en sanglot dans le taxi. Le chauffeur se poserait bien des questions et ce n’était pas particulière une situation que je voulais vivre. J’avais laissé dans l’enveloppe 1000$, et j’avais mis le restant de l’argent dans mon portemonnaie. Je pouvais bien me garder de l’argent pour tout ce que je venais d’endurer. Une fois devant chez moi, je payai et m’empressai de sortir du taxi, comme si aller dehors allait arranger quelque chose. Le vent me fit un bien fou… et la solitude déclencha aussitôt mes larmes. Je me laissai tomber en pleurer dans l’herbe devant chez moi. J’avais mal partout… mais ce qui me faisait le plus se passait tout à l’intérieur de moi. Je n’arrivais pas à croire que j’avais réellement fait ça… mais c’était pourtant bien vrai. C’est au bout de quelques minutes, après m’être sensiblement calmée, que j’entrai dans la maison. À peine avais-je ouvert la porte que je fis face avec un désordre monumental. Je claquai la porte derrière moi en prenant même pas la peine de la barrer. Je me dirigeai à toute vitesse vers la chambre de ma sœur où je cognai. Pas de réponse, j’entrai.

« JE VAIS TE TUER CLARKE! »

Je fis face à face avec son petit corps nu et la présence d’un homme, pas plus habillé qu’elle dans son lit. Misère! Je fermai la porte en évitant au passage de me faire attaquer par un oreiller. Je me rendis à la cuisine, les bras croisés dans l’attente que ma sœur reviennent vers  moi. C’est le jeune homme qui passa le premier devant moi, je ne le regardai même pas mais ce dernier me souhaita quand même timidement une bonne nuit avant de sortir de l’appartement. Ma très charmante sœur apparut finalement devant moi. Elle posa des questions à mon sujet. J’avais si mauvaise mine? C’était fort probablement mais je n’allais très certainement pas en parler avec elle, ni avec personne d’ailleurs. Je me passai une main dans les cheveux nerveusement.

« Il se passe que je suis plus capable d’endurer tout ça! C’est ça qui se passe! On a à peine 2 ans de différence et j’ai l’impression qu’on en a 20! Tu vas arrêter un jour de te comporter comme une gamine? J’ai besoin de toi, moi et je suis la seule à se bouger le cul ici! »  

Je fouillai dans mon sac à main et déposa une enveloppe avec 1000$ à l’intérieur sur la table entre nous deux. Je la poussai vers ma sœur en prenant appui sur la table. Je fermai les yeux quelques secondes, ne voulant pas me remémorer tout ce qui s’était passé pour que je puisse toucher cette somme d’argent. Lorsque j’ouvris les yeux, Clarke tenait l’argent dans ses mains et me fixait avec de gros yeux.

« On a de quoi payer le loyer pour le mois. C’est certainement pas toi qui aurait été en mesure de faire ça hein! »

Je me tournai alors, trainant les pieds jusqu’au frigidaire pour me servir un verre de jus d’orange et me faire des toasts au beurre d’arachide. L’effet de la drogue s’estompait et je commençais à avoir ridiculement trop faim. J’ouvris le tiroir d’ustensile puis soupirai en remarquant qu’il était vide. Je le fermai assez fortement en regardant ma sœur qui n’avait pas bougé.

« On n’est même pas foutu d’avoir un couteau de propre! Je suis jamais à la maison, ça te dérange pas de vivre dans une porcherie toi? Et dire que tu invites des gens en plus alors que la maison est à l’envers comme ça. T’as pas honte? » dis-je en faisant référence au jeune homme que j’avais vu tout nu dans son lit.

Moi, je n’invitais jamais personne ici. Les seules personnes qui étaient au courant du statut financier de ma famille étaient India, ma meilleure amie… du moins… ancienne. Et Hayden, mon meilleur ami d’enfance. Ryan mon ex, tout comme Nathaniel ignorait le tout et n’avaient jamais mis les pieds ici. À voir l’allure de l’appartement, surtout dans un tel désordre, on pouvait comprendre pourquoi.

Ma soeur répliqua qu'elle n'était plus capable d'endurer tout cela. Le ménage non fait, le peu d'aide que je fournissais et mon immaturité quoi. Oui, je n'avais que 2 ans de moins qu'elle, comme elle me le rappelait si bien, mais j'étais loin d'être comme elle. Je gardai le silence, puisque de toute façon je savais qu'elle réussirait à avoir raison à la fin. Ma soeur fouilla alors dans son sac à main et en sorti une enveloppe qu'elle déposa sur la table. Je m'en emparai tandis que ma soeur fermais les yeux un instant. Je fus plutôt choquée en découvrant autant d'argent comptant. Nous avions des problèmes financiers depuis un bon moment alors je ne voyais vraiment pas d'où venait ce montant vertigineux.

« On a de quoi payer le loyer pour le mois. C’est certainement pas toi qui aurait été en mesure de faire ça hein! »

« Tu as commencé à vendre de la drogue ou quoi?!! »

Je savais très bien que ce n'était pas de l'argent venant d'une source très fiable, en coupure du genre. Ma chère grande soeur toujours à son affaire, toujours parfaite... Qu'avait-elle fait pour obtenir cette enveloppe? Je doutais fort qu'elle se soit réellement mis à vendre de la drogue. Ce n'était pas trop son genre. Au contraire, tout le monde dans la famille se serait attendu à ce que ce soit moi qui fasse ce genre de chose. Mais non! Ma soeur devait avoir gagné un concours ou quelque chose dans le même style. Cette dernière alla à la cuisine pour se préparer à manger, mais elle se tourna vite vers moi, encore en colère.

« On n’est même pas foutu d’avoir un couteau de propre! Je suis jamais à la maison, ça te dérange pas de vivre dans une porcherie toi? Et dire que tu invites des gens en plus alors que la maison est à l’envers comme ça. T’as pas honte? »

« Aucunement... Mais je sais bien que toi, tu n'oserais jamais détruire la belle façade que tu t'es construite en invitant tes "amis" ici. Peut-être qu'ils ne t'aimeraient plus en sachant que tu es pauvre! » finis-je avec un ton faussement choquée.

Comme si être riche changerait notre personnalité ou notre caractère! Bon, peut-être un peu, mais n'empêche. Je n'étais pas du genre à me faire passer pour quelqu'un que je n'étais pas, contrairement à ma soeur. L'argent avait beau aider à atteindre le bonheur, être pauvre n'était pas une honte. Et puis nous n'étions pas à la rue tout de même! Mes amis n'avaient qu'à m'apprécier comme j'étais, ou à partir. Voilà ma mentalité. Mon téléphone vibra dans ma poche et je regardai le message texte. Bizarre. Sebastian McKay? Qu'est-ce qui c'était passé avec ce type? Étant perplexe, je décidai de poser la question.

« Comment c'était avec Sebastian McKay, Rose? »

Je savais qui était ce McKay de nom seulement, mais je ne savais rien sur lui mis à part qu'il était propriétaire d'un club. J'y étais déjà allée, malgré le fait que je n'étais pas encore majeure. En entendant le nom que je venais de prononcer, ma soeur se retourna d'un coup vers moi, surprise. Ses yeux me regardèrent un instant, puis ils se posèrent sur mon téléphone que je tenais toujours à la main. Je voyais bien qu'aucune réponse ne venait de la part de ma soeur, et je commençais à craindre le pire. Et si ça avait rapport avec cette enveloppe d'argent qui était tellement louche?

« Alors?! »

« Arrête de dire n’importe quoi! Ce n’est juste pas important que le monde soit au courant. Je ne veux pas qu’on me prenne en pitié. »

J’avais le pire orgueil de tous les temps et je n’allais quand même pas l’avouer, mais elle avait raison. Je tenais à garder une belle image et j’aimais bien savoir que les gens pensaient que j’étais issu d’une famille riche que la plupart des gens dans cette ville. Mon père était riche, il était un grand cardiologue bien connu à Miami. Mais mon père n’existait tout simplement plus à mes yeux. Je ne voulais plus de lui dans ma vie au moment où il avait décidé de faire sa vie ailleurs. J’avais tourné les talons pour nettoyer au moins un couteau. Je n’avais pas la force de faire le ménage à l’instant, demain j’allais devoir m’y attaquer et je comptais bien infliger le tout à ma sœur aussi. Je commençai à beurrer mes toasts maintenant prêts mais m’arrêtai bien rapidement à ce qu’elle venait de me dire concernant Sebastian McKay. Mais d’où est-ce qu’elle sortait ça? Je tournai la tête dans sa direction, elle attendait toujours une réponse de ma part.

« Mais qu’est-ce que tu racontes? »

Elle tourna son téléphone vers moi et je m’approchai rapidement pour lui prendre des mains et lire le SMS de cette conne de Nightmare. Je le supprimai aussitôt en lui redonnant bien rapidement pour retourner chercher mon semblant de repas. Je m’installai à la table, je n’en revenais pas que ma sœur ait reçu ce SMS et elle devait bien attendre que je lui donne plus d’explications. Je fis comme si de rien n’était, haussant simplement les épaules alors que cette dernière me regardait toujours.

« Tu ne vas pas commencer à croire tout ce que dit cette conne de Nightmare Clarke. Tu sais bien qu’elle dit souvent n’importe quoi! » Je regardai ma sœur dans les yeux, cette dernière ne semblait pas convaincu. « Je suis allée boire un verre avec des amies à son club, il m’a vu… il m’a offert à boire, ça s’arrête là. C’est facile d’inventer des histoires avec un petit rien! »

Je croquais dans mon toast aussitôt. Tout ça venait de clairement me couper l’appétit. Nightmare disait souvent n'importe quoi, mais il disait vrai aussi. Comme tout ce qu'elle avait rapporté sur Nate et moi. C'était frustrant d'ignorer d'où elle pouvait tout savoir ça! C'était même vraiment flippant. Je me levai en vitesse, j’avais encore du mal à tenir en place avec la cocaïne dans mon système et pourtant! je me sentais vidée d'énergie. Je me servis un verre de lait et retournai sur ma chaise.

« Tout à l’heure en se levant, on fait le ménage. Et si je dois t’attacher à l’aspirateur pour que tu le fasses, je le ferai. Tu le sais. »

Aussi bien changer de sujet et parler des choses importantes.

« Tu ne vas pas commencer à croire tout ce que dit cette conne de Nightmare Clarke. Tu sais bien qu’elle dit souvent n’importe quoi! Je suis allée boire un verre avec des amies à son club, il m’a vu… il m’a offert à boire, ça s’arrête là. C’est facile d’inventer des histoires avec un petit rien! »

Je ne dis rien, me contentant de la regarder perplexe. Je ne savais pas trop si je devais la croire. En même temps, elle avait raison sur un point; Il ne fallait pas croire tout ce que Nightmare disait. N'empêche, il y avait plusieurs questions qui restaient sans réponses, malgré ses explications. Ma soeur croqua dans son toast /Tiens nous à Mtl on dit UNE toast! / tandis que j'allais m'asseoir sur le comptoir de la cuisine, en prenant soin de déplacer une assiette sale au passage. Oui, il fallait vraiment faire le ménage. Mais disons que j'avais été un peu trop occupée avec mon invité dans la soirée pour y penser.

« Tout à l’heure en se levant, on fait le ménage. Et si je dois t’attacher à l’aspirateur pour que tu le fasses, je le ferai. Tu le sais. »

« Subtil changement de sujet...  »

En même temps, il était vrai que je n'avais pas posé davantage de questions. Je ne savais pas trop si je devais croire ma soeur ou pas. Après tout, il était vrai que ce n'était pas du tout son genre de coucher avec un inconnu comme cela. D'autant plus un inconnu avec un si mauvaise réputation. Et être payée pour le faire? Je ne crois pas! Ça je savais bien que c'était impossible puisque ma soeur était bien trop fière pour le faire. Pour ce qui était du reste de l'histoire, et bien elle pouvait faire ce qu'elle voulait avec son corps de toute façon. Ça ne me concernait pas et elle était majeure.

« T'inquiète je vais t'aider à faire le ménage, mais avant, je veux juste savoir comment tu as eu tout cet argent. Après tout, nous savons toutes les deux que je suis une pro pour me sortir des ennuis alors si tu as besoin, je peux t'aider. »

Je doutais que ma soeur soit réellement dans le trouble, mais on ne savait jamais. De plus, c'était une façon pour moi d'essayer de savoir d'où venait cet argent. Je connaissais Lexie et elle n'était pas du genre à se confier sur tout et n'importe quoi. Surtout à sa petite soeur irresponsable. J'aurais cru qu'en revenant de son voyage, surtout vu la situation avec notre mère, elle m'aurait fait un peu plus confiance. Ce n'était pas vraiment le cas. En même temps, je savais que je n'avais rien fait pour aider notre relation, au contraire. Quand Rose était partie à Londres, je l'avais vu comme un abandon, et gagner son respect et sa confiance n'était plus du tout dans mes priorités. Ma soeur pouvait bien penser ce qu'elle voulait de moi.

« Tu n'as pas vendu un de tes organes au moins? Parce que je t'avertie, si c'est le cas, tu t'es fait avoir. Tu aurais pu faire bien plus d'argent que tu en as là! » dis-je avec un petit sourire moqueur.

Elle m’énervait car en plus de ne pas m’écouter quand je lui parlais, elle remarquait mon changement de sujet. Je n’avais tout simplement pas envie de parler de ce qui s’était passé avec Sébastian, encore moins d’en parler avec ma petite sœur… En gros, je ne voulais tout simplement plus y penser. C’était fait, c’était fait… maintenant je voulais passer à autre chose car c’était un mauvais souvenir. J’avais levé les yeux au ciel comme seule réponse puis croquai dans MA toast à nouveau.  (Nous aussi on dit ça, je ne sais pas pourquoi je l’ai mise au masculin haha) Clarke répondit FINALEMENT à mes petites menaces… mais bien réelles quand même. Je n’allais pas me taper tout le ménage seule, j’étais beaucoup trop épuisée pour faire ça. Je le savais d’avance, même si je n’avais pas encore dormi. Il n’y avait rien de plus chiant que de faire du ménage, spécialement quand ce n’était pas mon propre bordel. Je devais avoir que quelques trucs qui trainaient à moi, rien de plus.

« J’ai pas d’ennuis! » répondis-je simplement, d’une manière plus froide qu’il ne le fallait.

Du moins, pas d’ennuis qui la concernait. Je ne faisais pas ça pour être volontairement méchante, tout ce que je faisais depuis que j’étais jeune, je le faisais pour que ma sœur soit bien. Même si elle, elle ne le voyait peut-être pas ainsi. Jamais au grand jamais, ma mère ou moi nous lui avions demandé d’aider financièrement. Ma mère ne voulait pas de mon aide non plus,  mais je ne lui avais pas donné le choix… Et ça nous avait bien aidés au final. Elle avait arrêté de riposter après un certain temps et elle avait accepté mon argent. Puis, mini Anderson se mit à parler d’organe et j’avais relevé la tête vers lui, l’air complètement découragé.

« Wow! T’es un vrai petit clown ce soir toi! »

Je n’étais pas vraiment dans le « mood » de faire ma comique, ce n’était vraiment pas le temps. Je me penchai pour tirer l’enveloppe d’argent vers moi. J’allais la garder avec moi et la cacher jusqu’à ce qu’on allait en avoir de besoin. On ne vivait pas dans le quartier le plus sur non plus donc valait mieux ne pas prendre de chance.

« Non en fait, je t’ai vendu à une bande d’asiatiques qui vont passer te prendre dans quelques heures à peine. Je pense qu’ils ont besoin d’une petite esclave blanche pour travailler dans la contrebande de faux sac à main et portefeuilles de marque ou peut-être que c’est pour un transfert de drogue jusqu’en chine, ils vont surement t’en mettre dans le cul. »

J’avais fait une petite grimace. J’avais déjà terminé ce que je mangeais et j’avais encore faim!!! C’est pourquoi j’allai porter mon assiette sur le dessus de la pille qu’on avait déjà avant. Je me penchai pour fouiller dans le frigo pour finalement croquer dans une pomme en m’accotant contre le comptoir de la cuisine. Ma sœur s’était assise à la table de la salle à manger, pas très loin d’où j’étais. Une silence s’était installé entre nous.

« Ça te tente pas d’essayer une relation sérieuse pour une fois? Tu vaux mieux que tous ces gars!  Il n’est même pas beau en plus ton Eric et il jouit comme une fille. » Clarke me fit de gros yeux. « QUOI? Les murs sont en papier ici et nos chambres sont collées… tu pensais quoi? »

Ma soeur me fit comprendre à sa manière qu'elle ne me trouvait pas vraiment drôle. En même temps, il était rare qu'elle était d'humeur à entendre mes blagues et de mon côté, même dans une situation plutôt dramatique, je ne pouvais pas rester sérieuse. On faisait une belle paire toutes les deux! Presque de parfaits opposés. Lexie tira l'enveloppe d'argent sur la table vers elle pour la prendre. Je savais bien que je ne toucherais pas un seul dollar de cet argent. En même temps, je pouvais me débrouiller pour payer mes dépenses même si je ne travaillais pas. Et puis je n'étais pas une voleuse! C'était l'argent de ma soeur, elle faisait ce qu'elle voulait avec.

« Non en fait, je t’ai vendu à une bande d’asiatiques qui vont passer te prendre dans quelques heures à peine. Je pense qu’ils ont besoin d’une petite esclave blanche pour travailler dans la contrebande de faux sac à main et portefeuilles de marque ou peut-être que c’est pour un transfert de drogue jusqu’en Chine, ils vont surement t’en mettre dans le cul. »

« Ha ha ha. »

J'étais toujours assise sur le comptoir et je regardais ma soeur qui s’empiffrait. Elle semblait avoir bien faim. Je commençais à avoir faim moi aussi à vrai dire. Faire du "sport" ça donnait faim! Et par sport je voulais dire sexe. Je n'étais pas partie courir au beau milieu de la nuit quand même. Un silence s'était installé entre Rose et moi. Pas malaisant, mais quand même un peu long. Qu'est-ce qu'on disait à sa soeur en plein milieu de la nuit dans une situation aussi étrange?

« Ça te tente pas d’essayer une relation sérieuse pour une fois? Tu vaux mieux que tous ces gars!  Il n’est même pas beau en plus ton Eric et il jouit comme une fille. QUOI? Les murs sont en papier ici et nos chambres sont collées… tu pensais quoi? »

« Que tu ne serais pas à la maison! Et puis comment tu veux que je sache que c'est mal insonorisé, tu ne ramènes jamais personne à la maison. »

Je n'avais clairement pas fait exprès pour que ma soeur entende tout! C'était un peu gênant, mais en même temps j'assumais complètement mes actes. Et puis Eric n'était pas si mal, non mais! On s'entendait bien et il était agréable à regarder. Je n'en demandais pas plus.

« Sérieusement, tu me vois vraiment dans une relation sérieuse? Moi? Je suis difficile à vivre et je n'arrive pas à endurer qui que ce soit très longtemps. Si tu trouves quelqu'un qui pourrait me tolérer plus d'un mois je suis partante, mais bonne chance dans tes recherches! »

Lexie avait déjà essayé de me présenter des mecs, mais ils étaient tous partis en courant. Je n'arrivais pas à m'engager et je faisais des conneries. Et à 20 ans, ça commençait à moins bien passer. C'était maintenant considéré comme de l'immaturité. Pff! N'importe quoi! Je n'étais pas majeure, j'étais célibataire, étudiante et sans emploi! Aussi bien profiter de ma liberté maintenant!

« Mais toi tu n'es pas dans une relation plutôt compliquée? C'est peut-être moi qui devrait te donner des conseils! » dis-je avec un sourire en coin.