« Oh mon dieu! Livy ma chérie tu es su-blime ! C’est la robe qu’il te faut » Ma mère venait littéralement de sauter du fauteuil sur lequel elle assise jusqu’à présent pour me rejoindre face au miroir
« Regarde comme cette coupe droite met en valeur ta taille, sans parler de ce bustier … » Je reste figée ne sachant quoi dire face à ce déferlement d’enthousiasme. Je cherche dans le miroir cette demoiselle ‘sublime’ dont ma mère semble être si fière mais je ne parviens pas à la voir. Dans ce miroir, il n’y a que cette fille fatiguée au visage crispé et aux joues légèrement rougies. Les lèvres pincées, elle semble sur le point d’éclater de rire ou d’éclater en sanglots. Le regard de ma mère se repose à nouveau sur elle :
« Magnifique n’es-ce pas Livy ? » J’aimerais répondre mais les mots ne parviennent pas à franchir la barrière de mes lèvres. Loin de se laisser démonter par mon absence de réponse qu’elle décide d’interpréter comme un excès d’émotion, elle se met en quête d’une nouvelle forme de soutien aen sondant ma future belle-mère «
Amalia, qu’en pensez-vous ? » « Charmante… elle est tout à fait charmante, même si je dois reconnaître que je préférais l’essai numéro quatre. C’est bien la robe numéro quatre ? Celle avec le gros nœud en satin. J’aimerais qu’elle la réessaye. En attendant, Joanna, puis-je vous demander une nouvelle coupe de champagne merci … J’ai terriblement soif. » L’enthousiasme de ma mère semble s’être soudainement quelque peu voilé. Elle fait signe à son tour à la vendeuse, lui demandant deux coupes de champagne supplémentaires.
« La quatre mm..oui, elle n’était pas trop mal… quoi qu’un brin extravagante si vous voulez mon avis. N’est-ce pas Livy ? Mais cette robe-là, elle est absolument divine. Nous ferons ajuster la traîne bien entendu. Joanna, combien mesure la traîne sur ce modèle ? » « Elle pourra mesurer jusqu'à 2 mètres 30, Mrs Winthrop. » « La traîne de Kate Middleton mesurait au moins 2 mètres 70 … » La vendeuse me jette un regard furtif et inquiet qu’elle cache rapidement derrière un sourire commercial. Je décide soudain d’interrompre la gêne, en me tournant vers mon amie Lizzie. Assise entre ma mère et ma belle-mère, elle demeurait silencieuse ayant certainement eu peur d’être mêlée au ‘choc des titans’ qui s’opérait sous ses yeux.
« Lizzie … qu’est-ce tu en penses ? » demandais-je d’une voix presque suppliante. Lizzie était ma meilleure amie, ma sœur de cœur et son avis aujourd’hui m’importait plus que tout.
« Je… Livy, tu es magnifique et toutes les robes que tu as essayées te vont à ravir. Mais il faut que tu aies un véritable coup de cœur… Il faut que tu trouves LA robe qui te plaira ...» « Et qui plaira à Aidan aussi… Joanna, es-ce que vous pourriez laisser la bouteille s’il-vous-plait » « ….alors si cette robe n’est pas ton coup de cœur, ce n’est pas grave. On peut en essayer une autre … » « Sweetheart, c’est la septième robe que ma fille essaye et elle est absolument parfaite ! Livy chérie, je ne cherche en aucun cas à te brusquer d’accord ? Si tu veux en essayer une huitième, alors fais-le. Je veux juste que tu gardes en tête que le mariage et dans moins de deux semaines et qu’il faut choisir vite pour procéder aux modifications nécessaires. » Je devine que derrière son sourire de façade, ma mère est au bord de la crise de nerf. Ce mariage était une occasion pour elle de montrer au monde entier ses talents d’organisatrice hors-pair.
« Maman, je n’ai pas oublié, c’est moi qui me marie et …je pense que cette robe est vraiment belle mais il me reste encore deux robes à essayer, et c’est ce que je vais faire. Lizzie, tu veux bien venir m’aider à me changer ? »Je m’étais rendu à l’arrière-salle talonnée par ma meilleure amie Lizzie. Joanna, la vendeuse avait consentie à nous laisser essayer les dernières robes seules. De son côté, la jeune commerciale continuait à servir des coupes de champagne à ma mère et ma belle-mère qui s’abreuvaient allègrement. Je m’avance devant un nouveau miroir pour regarder à nouveau cette robe qui faisait l’objet de l’idolâtrie de ma mère…mais mon regard s’embue.
« Je n’arrive plus à respirer… » avouai-je à mon propre reflet tandis que Lizzie s’approchait rapidement de moi pour défaire mon corset, qu’elle pensait être la cause de mon asphyxie.
« C’est vrai que c’est un peu serré tout ça, tu veux que je rappelle Joanna pour t’aider ? » Je n’entends sa question que d’une demie-oreille mais je perçois l’inquiétude dans sa voix. J’ai l’impression d’être à des années lumières, ma vision de la pièce se brouille comme si quelqu’un avait soudainement tamisé la lumière. Je m’assois sur un large pouf installé derrière moi.
« Livy…ça va ? Tu veux boire quelque chose ? » Je lève finalement les yeux pour les poser sur Lizzie qui commençait franchement à se demander s’il ne valait mieux pas appeler du renfort.
« Je n’ai pas soif, je suis juste…fatiguée… J’ai l’impression de suffoquer, je n’en peux… » Mon amie s’agenouille devant moi, elle prend mes mains dans les siennes et les serre doucement
« Je reconnais que la journée a été éprouvante. Rien ne nous oblige à essayer ces robes. Et contrairement à ce que pense ta mère, rien ne t’oblige à choisir aujourd’hui. On peut revenir demain… ou après-dem…. » « Je ne peux pas me marier… » murmurais-je d’une voix brisée, l’obligeant à s’interrompre. Lizzy écarquilla ses grands yeux noirs, mais sembla refuser de céder à la panique tout de suite :
« qu’es-ce que tu racontes enfin… Olivia, c’est normal d’être angoissée, tu ne vas pas remettre en question tout ton mariage pour une histoire de robe… » « ça n’a rien à voir avec la robe. » « Alors qu’es-ce qui se passe ? » Lizzie me regardait d’un air suppliant.
« En réalité, ça fait plusieurs semaines que cette histoire de mariage m’épuise. J’en suis venue à me demander si je le faisais vraiment pour moi, parce que j’en ai réellement envie ou plutôt pour ne pas décevoir les autres … » « Et donc … ? » « …. Je ne suis pas prête à me marier. Je n’en ai pas envie. Ça n’a jamais été dans mes projets immédiats… La cérémonie, les médias, des invités que je ne connais même pas » «
Okay stop, arrête toi deux minutes Olivia, d’accord ? Tu vas prendre une proofonde innspiratiooon… Tu vas te détendre. On oublie tout. La robe de mariée, cette histoire de mariage de l’année, les invités, les parents…On oublie. Ne pense qu’à Aidan… d’accord ? » Je ferme les yeux, et les larmes que je retiens me brûlent les paupières. Je m’execute, je pense à Aidan et à son regard doux, à sa joie lorsque j’ai accepté de devenir sa femme…
« Aidan et toi êtes fous l’un de l’autre… Ce mariage sera l’accomplissement de votre amour. » « Je ne peux pas… » « Olivia ressaisis toi, tu ne peux pas parler de tout abandonner à deux semaines. Je t’ai connu plus forte que ça, plus déterminée… » J’essuie mes larmes calmement… Je demeure silencieuse un long moment, pendant lequel j’ai l’air de peser le pour et le contre. Lizzie, elle reste interdite. Soudain, elle me voit me lever doucement et me diriger vers mon sac à main. J’en sors un billet que je lui tends sans un mot
« Qu’es-ce que … Olivia ! C’est un aller simple pour Miami ? » « Je pars demain… » « Mais alors, t’avais déjà tout prévu ! Et moi je suis là, à essayer de te persuader de ne pas ruiner TON mariage. Je passe TOUTE l’après-midi à te regarder essayer des robes alors que tu t’en vas ?? » « Je n’avais encore décidé de rien… » « Oui bien-sûr, tu t’es pris un billet d’avion comme ça…pour le fun » « J’ai voulu voir ce que ça faisait. Je me suis dit que peut-être en essayant une robe, mes doutes s’envoleraient… Mais je suis sûre à présent que ce mariage n’est pas pour moi… » « Je te trouve vachement égoïste. Tu parles comme si cette histoire n’impactait que toi. Et Aidan, tu y penses ? » « Je comptais lui parler, je n’allais pas partir comme une voleuse… » « Comme c’est honorable de ta part de le prévenir avant de partir, deux semaines avant le mariage. C’est vraiment classe ! » « Je lui ferais encore plus de mal en restant… crois-moi » Lizzie me regarde d’un air sombre. Elle est profondément déçue par mon comportement et je ne peux que la comprendre. Elle s’approche de moi et alors que je m’attends à une nouvelle vague de reproches, elle me prend dans ses bras. C’est ce moment que choisi la vendeuse pour arriver et s’exclamer avec émotion :
« Alors ça y’est… cette fois c'est la bonne ? »