Marianne avait eu peur, et comme à chaque fois qu'elle avait peur elle se montrait agressive. Cela ne durerait qu'un temps cependant, et elle finirait par s'excuser. Mais pas pour le moment. Pour le moment, elle était furieuse. Elle cria donc sur le chauffard qui avait failli la tuer, et qui lui avait fait lâcher son croquis qui gisait maintenant par terre, dans une flaque d'eau. Il était foutu. L'homme sortit de sa voiture, et immédiatement Marianne se sentit toute petite et frêle. Il était grand, baraqué, et loin d'être laid... Mais il avait un air agressif et des yeux glacials, qui la fixaient et l'intimidait. L'inconnu était aussi remonté qu'elle, et lui passa également un savon. Malgré son expression intimidante, Marianne ne rompit pas le contact visuel avec le chauffard, qui avait des yeux très beaux malgré leur manque de chaleur. Elle croisa les bras dans un réflexe défensif. Il n'avait pas l'air commode, mais elle ne se laisserait pas faire pour autant. " J'ai jeté un coup d'oeil avant de traverser, mais vous êtes arrivés tellement vite que j'étais déjà sur la route lorsque vous êtes apparu ! Et en plus mon dessin est foutu ! " C'était ça qui la chagrinait le plus. Elle avait passé une après-midi à dessiner le parc, et y avait même incorporé son frère, décédé depuis quatre ans désormais. Le fait qu'elle n'ai pas mangé de la journée se fit soudain sentir, Marianne commençant à avoir la tête qui tournait. Elle se pencha pour ramasser la serpillière qu'était désormais son croquis, et chancela en se relevant. La jeune femme semblait avoir oublié qu'on ne pouvait pas se nourrir exclusivement de thé.