La soirée que j'avais vécu quelques jours auparavant avait marqué mon esprit. Ce genre d’événement laisse une marque indélébile dans nos vies, et j'étais consciente qu'il me faudrait du temps avant de passer outre. Pour la première fois de ma vie, j'avais eu la sensation que j'allais y rester. La tempête avait fait de nombreuses victimes et le souvenir des cris et des pleurs me revenaient parfois en tête sans que je ne le veuille. Tout ça avait été terriblement effrayant, et ça l'était encore souvent. Je n'avais cependant pas été la seule concernée, j'avais eu peur de perdre des personnes auxquelles je tenais, comme Leyla...Je pouvais m'estimer heureuse que d'un point de vue général, mes amis ou connaissances s'en étaient sortit sans trop de séquelles. Cette soirée était désormais derrière moi, et je m'efforçais de reprendre ma vie le plus naturellement possible. J'avais eu l'occasion de croiser William durant la soirée, ce dernier s'était assuré de mon état entre deux "patients", mais je n'avais pas eu de nouvelle de sa part depuis ce soir-là. Il faut dire que si cette soirée avait été témoin d'un bouleversement climatique, les échanges que j'avais pu avoir avec ma soeur et William m'avaient permis d'apprendre certaines choses dont je me serai bien passé. J'avais flirté avec l'ex de ma soeur sans même le savoir. Une situation qui me mettait dans une position inconfortable une fois de plus, d'autant que je ne parvenais pas à savoir si William ne s'était tout simplement pas servi de moi pour provoquer Leyla. Et j'avais clairement besoin d'en parler avec lui. Parce que bien que je n'avais pas passé la nuit avec lui, je m'étais laissé aller dans ce début de relation dans lequel j'avais misé quelques espoirs. De plus, j'avais cru comprendre que William était un ami à Nate. Je ne savais pas à quel point ils étaient proches, je devais m'assurer que mon rapprochement avec l'agent de police ne risquait pas d'ajouter des complications supplémentaires à notre rapprochement. Je m'étais finalement décidé à envoyer un message à William afin de lui donner rendez-vous au port. Cet endroit avait un effet apaisant sur moi, et ce début de soirée me permettait de m'y retrouver seule. Quelques promeneurs à l’horizon, mais la plupart de la foule était concentrée dans le centre ville. Mes bras appuyés sur le mur en brique, j'observe les bateaux amarrés face à moi. Il y a un léger vent qui s’abat sur mon visage, projetant mes cheveux en arrière. Je suis pensive. Je sais que mon échange avec William risque de m'amener à une douloureuse vérité : Une histoire impossible. Et ça, c'était frustrant. Pour une fois qu'un homme était parvenu à me donner cette envie de changer de comportement et de me laisser aller, il me semblait insaisissable. J'aurai tellement aimé profité de la soirée à en apprendre plus sur lui, à partager un moment complice comme l'autre soir, à me blottir contre lui afin de me laisser enivrer par son parfum et la douceur de ses lèvres... Mais je crains que tout ça soit derrière nous maintenant, même si je ne perds pas l'espoir. Je suis tellement distraite que je ne le vois pas s'approcher et c'est le son de sa voix qui m'extirpe finalement de toutes mes pensées. "Salut" lui adressais-je d'une voix plutôt calme en me redressant. J’éprouve un sentiment de bonheur en observant son visage, mais parallèlement, il y a une certaine désillusion. Je ne sais pas trop comment me comporter, voilà pourquoi je n'ai aucun geste à son égard. J’éprouve le besoin de garder mes distances avant de connaître la vérité sur le couple qu'il a formé auparavant avec ma soeur...

Durant les dernières semaines, c’était hallucinant tout ce qui s’était passé dans ma vie. Et pourtant, moi qui avais l’habitude d’avoir ma petite routine bien tranquille. Je n’avais pas arrêté une seule seconde. En commençant par mon voyage à Las-Vegas avec Nathaniel, Alexie et Leyla. Puis ensuite en apprenant la mort de la mère de Lys et ensuite, mon besoin de l’accompagner pendant un petit moment en Afrique pour essayer de lui changer les idées et de remettre ces derniers en place. Il y avait eu ensuite cette fête au beau milieu des bois qui s’était tourné en enfer avec la tempête et tout. J’étais encore secoué par les événements et j’avais besoin de reprendre sur moi un peu. Ça devait faire quelques jours que je sortais à peine de chez moi. J’avais eu de la chance de n’avoir pas eu de grandes blessures, ce n’est pas tout le monde qui avait eu cette chance. La plus grande blessure que j’avais, restait dans ma tête. J’avais du mal à fermer l’œil et je savais que c’était signe que je devais prendre du temps pour moi, pour penser… pour méditer et pour me remettre en forme après avoir tant couru à gauche et à droite. Ce fut un SMS d’Elisha qui me fit sortir de chez moi pour la première fois. Elisha était une fille incroyable et je savais que je lui devais bien des explications. J’avais su dernièrement qu’elle était la sœur de mon ex petite-amie Leyla et ça… disons que ça nous plaçais dans une situation assez particulière. C’est pile à l’heure donnée que je m’étais rendu aux ports de Miami. C’est après avoir lâché un petit regard autour de moi que je perçu la belle photographe plus loin. Plus je m’approchai d’elle, plus mon cœur battait fort, je ne comprenais pas trop ce qui se passait c’était probablement le stress de la revoir après tout ce qui s’était passé.

« Salut Elisha. » J’enfonçai mes mains dans les poches de mon jeans en soutenant son regard quelques secondes. Et pourtant, du peu que j’avais plus profité de son contact, je tournai la tête pour regarder devant moi. Elle m’intimidait. Elle m’avait toujours intimidé avec sa grande beauté mais là, c’était autre chose… on avait appris des choses l’un sur l’autre qui avait un peu refroidit notre complicité. J’avais détourné le regard un bref instant pour regarder Elisha dans le but de prendre de ses nouvelles.  « Comment tu vas? » Et oui, c’était plus qu’une question qu’on pouvait poser juste comme ça, à la légère. Je voulais savoir comment elle allait depuis cette nuit à la fête, cette nuit de tempête qui avait été un vrai cauchemar pour tout le monde qui avait été présent sur place. Ce qu’on avait vécu là-bas, ce n’était pas rien et je tentais de ne pas trop y penser… car ça me donnait encore des frissons dans le dos. D’avoir tenu mon ami dans mes bras alors qu’il était en train de mourir, c’était une image qu’on n’oubliait pas facilement. Heureusement Jordan était toujours en vie, je ne savais pas comment c’était possible mais l’important restait que c’était bien vrai. Je m’étais accoté contre la rambarde de bois pour regarder un peu l’étendu d’eau devant nous. C’était calme, c’était plaisant de s’y retrouver même à cette heure de la journée. Les gens autour étaient beaucoup trop ancrés dans leur quotidien pour faire attention à la beauté du paysage que Miami nous offrait du port. Moi-même, je ne m’étais jamais arrêté à le contempler et je m’en trouvais bien stupide.  Je me redressai au bout d’un moment pour regarder la femme tout aussi magnifique que l’océan devant nous. Je n’en pouvais plus de ce petit malaise qu’il y avait entre nous et je me doutais bien que c’était la même chose pour elle, sinon elle ne m’aurait pas demandé de venir la rejoindre ici. Elle avait envie de parler, et moi aussi. On avait besoin de mettre au point certaines choses. « Écoute… je sais à quoi tu penses… et je sais aussi pourquoi on est là. La dernière chose que je veux c’est que tu penses que je suis le parfait trou de cul. J’ai bien vu la manière dont tu t’es mise à me regarder l’autre soir. Je sais qu’à partir de maintenant, ma parole vaut ce que tu veux bien lui donner mais je te jure que j’ignorais que tu étais la sœur de Leyla. » J’osais espérer qu’elle puisse voir à travers mes yeux à quel point je me sentais mal dans tout ça et puis qu’elle puisse comprendre que j’étais honnête envers elle. Il n’y avait jamais été question de lui cacher quoi que ce soit.

Je pensais réellement qu'en débarquant dans cette ville je m'offrais une vie plus posée, vraiment. J'avais cette chance de pouvoir recommencer une nouvelle vie, auprès de nouvelles personnes, tous les éléments étaient là pour que ça fonctionne. Je n'avais pas de gens auxquels devoir rendre de comptes, pas d'inquiétude à avoir sur la manière dont les gens pouvaient me voir, pas d'attitude à justifier auprès de ces derniers... C'est en tout cas l'idée que je m'étais faite. Mais accoudée sur la rambarde, je réalisais que tout ça n'était qu'un leurre. J'avais beau chercher à fuir qui j'étais ou même ce que je ressentais, je resterai toujours la femme que je pensais avoir laissé à New-York. Les problèmes me poursuivraient où que j'aille, et encore une fois j'étais parvenue à me mettre dans une situation inconfortable. Mes parents avaient entendu parler de la tempête auquel la ville de Miami avait été confronter, ils avaient bien évidemment chercher à me joindre, sans succès. J'avais longuement hésité à les contacter. Depuis mon départ de NY, j'avais laissé un grand vide s'installer entre nous, mon rapprochement avec Leyla y était bien évidemment pour quelque chose, et je parvenais à les tenir hors de ma portée avec une certaine aisance, il faut l'avouer. Cependant, j'étais dans un état d'esprit assez confus et je ne parvenais pas à être en paix avec moi-même. J'avais finalement composer leur numéro sur mon téléphone, et m'étais prêté au jeu de la parfaite petite fille. J'entendais cette voix féminine qui me posait mille et une question sur mon état, et je parvenais à peine à en placer une. Son débit de parole à la minute était totalement hallucinant, et je comprenais qu'elle ne m'accordait que peu d'interêt. La seule qui pouvait avoir de l'importance à ses yeux était de savoir quand est ce que j'allais rentrer. Il m'était impensable d'y songer. Ma vie à Miami avait beau être compliquée, je ne la regrettais en rien. Voilà pourquoi je m'étais empressée de dévier la discussion sur un autre sujet et prétextait un autre appel en voyant l'insistance dont elle faisait preuve. Ce coup de fil avait été des plus déstabilisant, des plus hypocrites aussi, d'autant que j'avais eu le sentiment de trahir Leyla sans comprendre vraiment pourquoi.
En parlant de trahison, il y en a une qui elle avait effectivement lieu d'être, mon attitude envers William. Certes, je n'étais pas au courant, mais comment me sentir bien alors que j'avais appris que ce dernier était l'ex de ma petite soeur? J'avais donc envoyé un message à William, espérant qu'il accepterait de me retrouver sur le port. Une discussion s'imposait, et celle-ci risquait d'être compliqué pour la suite des événements. C'était dur, parce que je l’appréciais, vraiment. Il avait ce je ne sais quoi qui le rendait si particulier à mes yeux. On ne se connaissait pas tant que ça, c'est vrai, mais j'avais toujours cette envie d'être auprès de lui et d'apprendre à la connaître d'avantage. Il parvenait à me faire ressentir des choses que je m'étais efforcée de pas éprouver depuis si longtemps. J'en avais une nœud à l'estomac rien qu'à y penser. Rien avait été calculé, enfin normalement, le destin nous avait forcé à nous rencontrer à deux reprises, et désormais, le passé nous mettait des bâtons dans les roues pour le futur. J'avais longtemps pensé aux issues possibles, aucune ne me convenait vraiment. Et encore à cet instant précis, je ne parvenais pas à avoir les idées claires sur ce que je devais faire ou dire...
La voix de William m'avait cependant à ramener à la réalité. « Salut Elisha. » . On ne s'était encore rien dit qu'une distance semblait s'être déjà installée entre nous. Nos regards se croisèrent l'espace d'un instant, et tout semblait avoir changé. Je le sentais. Il détourna le regard sur l’horizon, me poussant à en faire de même alors que je prenais une grande inspiration discètement. « Comment tu vas? » Me lança t-il. La réponse était plutôt partagée. Entre les événements passés, les révélations, la discussion que j'avais eu avec ma mère, c'était difficile de dire que je me sentais bien... Mais j'étais en vie. Ne devais-je pas m'estimer heureuse sur ce point? "On va dire que j'ai pas trop à me plaindre". Un fin sourire vint clôturer cette réponse afin de me montrer rassurante. Je n'avais pas forcement besoin d'en dire plus sur mon état, il était en mesure de comprendre ce que je pouvais ressentir puisqu'il avait vécu la même chose. "Et toi?" M'inquiétais-je. Je savais qu'il avait été pas mal sollicité durant la soirée. Son état physique et son statut professionnel lui avait permis de pouvoir venir en aide à ceux qui en avaient le plus besoin. Je détournais à mon tour le regard sur les différents bateaux amarés tout en me mordillant discrètement la lèvre. Enfaites, je voulais simplement apprécier cet instant de silence avec William, parce que je savais que ce qui allait suivre allait changer définitivement la simplicité qui nous caractérisait lorsque nous étions ensemble. Peut être que William était un manipulateur, comme j'en avais si souvent rencontré par le passer. Je ne parvenais pas à me convaincre que c'était le cas, mais je devais voir les choses en face, tout ça était extrêmement troublant et il y avait des éléments qui me poussaient à remettre en doute sa sincérité. J’espérais ne pas m'être trompé à son égard. En attendant d'être fixé, je voulais savourer sa présence à mes côtés sans avoir à penser à tout ce que ça allait engendrer comme conséquence. Mais je savais qu'aucun de nous pouvait rester dans le déni plus longtemps. Le bel interne fût le premier à briser le silence alors que je lui accordais finalement toute mon attention.« Écoute… je sais à quoi tu penses… et je sais aussi pourquoi on est là. La dernière chose que je veux c’est que tu penses que je suis le parfait trou de cul. J’ai bien vu la manière dont tu t’es mise à me regarder l’autre soir. Je sais qu’à partir de maintenant, ma parole vaut ce que tu veux bien lui donner mais je te jure que j’ignorais que tu étais la sœur de Leyla. » Je jauge la moindre de ses réactions, comme si le moindre battement de cil parviendrait à me fixer sur son authenticité. Mais je n'en ai pas besoin, j'ai déjà un avis bien arrêté sur le sujet, et ses propos n'ont fait que le confirmer. Je lui fais confiance, je ne sais pas si j'ai raison de le faire, mais c'est plus fort que moi. Je ne parviens pas à croire une seconde que tout ça ait pu être pré-médité, bien que j'y ai tout de même songé. "Je te crois" lançais-je avec conviction, je me tourne d’avantage vers lui alors que ma main reste agrippée sur la rambarde en bois. "J'aurai préféré que tu me dises qu'effectivement tu t'étais servi de moi, ça aurait sûrement facilité bien des choses". Je souris jaune. Penser qu'il était un sale type aurait été la bonne alternative au finale, j'aurai eu une bonne raison pour l'oublier, mais non, c'était simplement un concours de circonstance. "William je t'apprécie...", mon regard se fige dans le sien sans que je ne puisse le contrôler. "...Vraiment. Et je réalise que malgré que je suis au courant pour ta relation avec Leyla, je ne parviens pas à te sortir de mon esprit. Ce qui est clairement déstabilisant, parce que c'est loin d'être juste". Je savais que ce semblant d'histoire pourrait clairement détruire ma relation avec Leyla, et je me sentais pourtant capable de le faire, c'était complètement fou. Dans ce moment de confidence, je fus prise d'un moment d'hésitation alors que je sentais que j'allais continuer sur ma lancée. " Étant donné qu'on a décidé d'être sincère l'un envers l'autre, je pense que tu as le droit de savoir ce qui va suivre...". Mon cœur s’accélère dans ma poitrine. Je sais que je ne peux plus faire marche arrière. Comme si tout n'était pas assez compliqué entre nous, je suis sûr le point de lui avouer un autre élément qui n'est pas négligeable...Nate. J'étais parvenue à obtenir des informations concernant leur lien auprès de Leyla, sans que cela n’éveille aucun doute chez la jeune femme, et j'avais eu la mauvaise surprise d'apprendre que ces deux-là étaient meilleurs amis, des inséparables! Bien que ce que je faisais de mon corps ne regardait que moi, je pense qu'il était nécessaire qu'il sache ce qui s'était passé entre moi et son meilleur ami, il était en droit de savoir, bien que ça risquait de me porter préjudice une fois de plus. " En arrivant à Miami, j'ai fais la connaissance d'un homme. Je cherchais Leyla, et lui la connaissait. Je me suis rapprochée de lui. On s'est laissé aller à quelques confidences... Et j'ai finalement passé la nuit avec lui. Aucune promesse, ca s'est terminé aussi vite que ça a commencé." Tentais-je de me justifier pour dédramatiser les choses. " Il se trouve que cet homme fait aussi parti de nos connaissances communes." Repris-je en faisant une légère moue. J'ai l'impression de voir un léger sourire amusé sur ses lèvres alors qu'il semble douter de mes propos. La gorge nouée, je parviens cependant à ajouter après quelques secondes "C'est Nathaniel".

Elisha me croyait, elle me croyait et ça m’enlevait un poids énorme sur les épaules. Je faisais des erreurs, je me plaçais pas toujours dans les situations les plus évidentes, même malgré moi, mais je n’étais pas un salaud, je ne voulais pas faire de mal aux autres volontairement. Je n’étais pas du genre à voir les femmes comme des objets comme plusieurs hommes de nos jours avaient le don de le faire. J’avais un grand respect pour ces dernières et le fait qu’Elisha puisse penser du mal de moi, je ne voulais pas. J’avais envie de bien paraître pour elle, je m’étais donné le but de lui montrer que ce n’était pas tous les hommes qui étaient des salauds, des salauds comme son ex petit-ami. Cette dernière aurait préféré que je me sois servie d’elle comme ça, elle aurait pu me détester, ça lui aurait facilité les choses. Le fait qu’elle me dise qu’elle m’avait dans la tête, eh bien… ça me faisait une fleur car quelque part, elle était en train de me dire que je lui plaisais. Et pourtant… j’avais toujours ce mal être en moi. Rien n’état pour autant arranger car il y avait toujours Leyla dans cette histoire qui ne savait rien et avec qui j’avais couché à Vegas. Nous n’en avions pas reparlé jusqu’à maintenant et je me disais bien que c’était qu’une histoire de voyage pour elle, je respectais ça.

La conversation n’en resta pas là. Elisha m’informa que je devais savoir autre chose. C’était donc pas tout? Je n’en avais pas assez sur les épaules. Qu’est-ce qu’elle avait d’autre à me dire? Elle commençait à me stresser. J’avais donc froncé les sourcils en attendant la suite mais ce n’était pas assez rapide pour moi. J’avais peut-être l’air de la brusquer, ce n’était pas ce que je voulais, mais c’était plus fort que moi. « Qu’est-ce qui se passe Elisha? » Elle se mit à me parler d’un mec, un mec qu’elle avait rencontré à son arrivé ici. Je l’écoutais attentivement alors qu’elle me racontait les grandes lignes de leur rencontre. Puis, elle m’avoua que cette personne était l’une de nos connaissances communes, mon cerveau roulait à vive allure pour essayer de mettre un visage sur tout ça. Et au moment où je compris à l’intérieur de moi-même que c’était probablement Nathaniel, elle me confirma que c’était bien lui sans que je lui demande le premier. « C’est une blague? » Je la fixai dans les yeux en attendant une quelconque réponse de sa part. J’avais beau espérer je savais très bien que c’était la vérité, elle ne ferait pas une plaisanterie concernant tout ça. Son silence voulait tout dire et j’étais littéralement dépassé par les évènements. J’avais serré la mâchoire avant de laisser sortir un : « Bordel… c’est pas vrai. » bien sentis. Je donnai un coup de pied sur la rambarde de bois devant moi. J’avais le besoin d’extérioriser cette colère, cette frustration que j’avais à ce moment envers la situation. Je ne pouvais pas réellement en vouloir à Elisha, elle ne savait pas. Nathaniel non plus mais en même temps, j’avais vraiment des amis beaucoup trop coureurs!

Je poussai un long soupir qui voulait en dire long sur comment je pouvais me sentir.  « C’EST ÉNERVANT! Il se tape tout le monde. Ce n’est pas la première fois que ça arrive et c’est peut-être stupide… mais on a une règle entre amis… pour éviter de laisser des filles s’interposer entre nous, pour éviter des disputes quoi! On ne voit pas les mêmes filles… et je pense que c’est bien normal. Donc voilà… » Le donc voilà, je ne savais pas trop ce qu’il voulait dire… mais ça ne sonnait pas très bien en soi. Nathaniel était passé avant moi et techniquement, je respectais toujours ça… mais là, je n’en avais pas du tout envie. J’allais devoir avoir une discussion avec lui parce qu’il avait Alexie maintenant… et je savais qu’il n’avait pas vu Elisha pour envisager quelque chose de sérieux avec elle alors que moi, je ne voyais pas la jeune femme comme un vulgaire coup d’un soir. Je me passai une main dans les cheveux avant de tourner la tête vers la photographe, lâchant un petit rire. C’était pas un rire d’amusement, ce n’était pas drôle… j’étais plutôt exaspéré par la tournure de la situation. « Visiblement, il n’aura rien de facile. » Et pourtant, j’avais eu l’impression que tout était simple avec elle, pour une fois dans ma vie et pourtant, ce n’était qu’une façade.

J'étais complètement perdue. J'avais ce don de me mettre dans des situations compliquées, et celle-ci n'échappait pas à la règle. Ma rencontre avec William avait été étonnante, bien que celle-ci était loin d'être destinée à se prolonger, les événements en avaient décidé autrement. Je m'étais finalement blessée, et c'est lors de mon passage à l’hôpital que j'avais pu croiser de nouveau son visage. Je n'accordais pas forcément une grande importance au physique, mais William avait ce truc qui me charmée au plus au point. La profondeur de son regard, son magnifique sourire... Il me déstabilisait. J’appréciais sa manière de marcher, l'air sérieux qu'il pouvait prendre parfois. Cela faisait si longtemps que je n'avais pas ressentit cela face à un homme. Il me donnait envie d'aller plus loin, je voulais savourer d'autre moment en sa compagnie, je voulais découvrir ses mauvaises habitudes, me blottir contre lui, humer son parfum... Je suppose que c'était la raison pour laquelle j'étais déçu de la situation. J’éprouvais un sentiment d'injustice en sachant que je n'aurai pas le droit de profiter de tout cela juste parce que ma soeur avait fait sa connaissance avant moi. Je devais pourtant être raisonnable, parce que je savais quels risques tout cela pouvaient engendrer s'il avait encore de l'importance pour Leyla. Étais-je prête à tirer un trait sur la relation que je construisais petit à petit avec la jeune femme uniquement parce qu'un homme me plaisait? Je n'en savais rien. J’espérais que le temps parviendrait à affiner mon choix, mais lorsque j'avais croisé son regard, les doutes étaient réapparu. Ce n'est pas comme si je parvenais à ressentir autant de chose envers un homme. La seule fois que ça m'était arrivée, c'était pour ma première histoire d'amour alors que j'avais atteins la majorité. Il m'avait fourni une explication, qui était appréciable, bien que j'aurai préféré qu'il soit en réalité un de ces salauds, ça m'aurait aidé à tirer un trait sur cette histoire sans me retourner. Non, enfaites j'aurai même préfère qu'il me dise que tout ça n'était qu'un leurre, que Leyla ne soit pas son ex et que je m'étais faites des idées. Mais ce n'était pas le cas, et en plus de ça, il y avait une autre ombre au tableau, Nate...

Je n'avais vraiment pas envie d'en parler. J'estimais que tout ça me regardait, et puis peut être que tout ça ne se saurait jamais... Mais je voulais être sincère, parce qu'il méritait cela de moi, et que si je voulais qu'il y ait un avenir pour nous, il était en mesure de savoir que son ex avait déjà été plus intime avec moi. Je tentais de trouver les bons mots et la douceur pour m'exprimer, sachant que ces derniers avaient toujours de l'impact sur les émotions que ca pouvait engendrer. Je ne voulais pas lui lancer cette bombe sans avoir pris des précautions auparavant. Il semblait d'ailleurs perdre patience face aux explications que je souhaitais lui fournir. Ce que je pouvais comprendre, je faisais durer le suspense, mais pour mieux le protéger et surtout pour donner une image moins négative de moi.« C’est une blague? » Je me pince les lèvres et me contente d'un silence en guise de réponse, ce dernier se chargeant de lui fournir une réponse.« Bordel… c’est pas vrai. » Je regarde douloureusement vers l'horizon alors que je soupire en réalisant la situation. William semble autant dépassé que moi pour les événements et perds quelque peu le contrôle alors qu'il tape contre la rambarde. Je jette un coup d'oeil à ce dernier afin de mesurer la colère qui l'anime.« C’EST ÉNERVANT! Il se tape tout le monde. Ce n’est pas la première fois que ça arrive et c’est peut-être stupide… mais on a une règle entre amis… pour éviter de laisser des filles s’interposer entre nous, pour éviter des disputes quoi! On ne voit pas les mêmes filles… et je pense que c’est bien normal. Donc voilà… » Je hoche la tête pour acquiescer alors que la déception est l’émotion qui caractérise mon état d'esprit. Avec Leyla c'était déjà compliqué, mais là... Avec ce qu'il venait d'avouer, combien de chance nous restait t-il? Il lâche un rire nerveux alors que je tente de lui sourire afin de garder la face.« Visiblement, il n’aura rien de facile. » Je réponds en soupirant "J'en ai bien peur." J'aurai tant aimé que les choses extérieurs ne viennent pas perturber cette relation. Mais il fallait être réaliste, tout était contre nous. Et c'était terriblement, injuste. Je m'étais de nouveau appuyée sur la rambarde alors que mon regard s'était perdu un instant dans l'eau. "Qu'est qu'on va faire?" Lui demandais-je avant de tourner le visage vers lui.

Elle avait beau m’avoir « averti » j’étais tout de même sous le choc d’apprendre qu’Elisha avait couché avec Nathaniel. Et pourtant! Je connaissais mon meilleur ami, c’était un vrai coureur de jupon avant qu’il ne décide de se mettre en « exclusivité » avec Alexie. Et même encore, je n’y croyais pas une seule seconde. C’était une question de temps avant qu’il se tourne vers une autre, bien malgré lui. Je l’aimais Nate, mais il ne l’avait pas du tout avec les filles et pourtant, elles tombaient toutes dans ses bras. J’étais déçu de constater qu’Elisha avait tombé dans le panneau aussi. Je voyais le genre de fille qu’il embobinait la plupart du temps et ce n’était tellement pas le genre de la jeune femme devant moi. J’avais beau avoir beaucoup d’affection pour Nate, pour la peine, j’étais en colère contre lui. Il ne pouvait pas savoir… et c’était avant moi mais bon, nous avions des règles… et j’en fis part à Elisha après m’être un peu énervé après la pauvre rambarde devant moi. J’étais complètement désespéré, je soupirai en disant qu’il n’y avait rien de facile, lâchant même un petit rire nerveux. Ça n’avait rien de drôle mais c’était une réaction normale dans une situation qui nous dépassait complètement.

Elisha me demanda ce qu’on allait faire maintenant, je restai là… à ne pas bouger en fixant devant moi. Je me pinçai les lèvres, les sourcils froncés vers l’horizon. Puis, au bout de quelques secondes de silence, je me raclai la gorge. « Honnêtement? Je n’en ai pas la moindre idée… » Je n’allais pas faire semblant, je l’ignorais. Moi qui aimais toujours être en contrôle de la situation. J’aimais prendre les choses en main, m’assurer que tout soit ok… que tout le monde soit bien et pourtant là… ça m’échappais. J’allais d’abord devoir parler avec Nathaniel et ensuite, avouer à Leyla ce qui se passait réellement car elle pensait toujours que sa sœur était qu’une simple connaissance pour moi alors que ce n’était pas totalement le cas. Je savais que j’allais lui faire de la peine… et je n’aimais pas ça du tout. « Je suis un peu dépassé par les évènements pour arriver à penser correctement. » Je tournai la tête vers elle pour la première fois depuis un bon moment déjà. Je soutenais son regard qui semblait tout aussi découragé que le mien. Je soupirai, me redressant pour me gratter l’arrière de la nuque. C’était peut-être un peu contradictoire ce que je m’apprêtais de faire, mais j’y pouvais rien, c’était plus fort que moi. « Pour l’instant, j’ai juste envie de faire ça. » Je m’approchai rapidement d’elle, prit son visage à deux mains pour poser mes lèvres sur les siennes. J’en avais envie, je ne cherchais pas à comprendre ce qui me poussait à faire ça… je le faisais uniquement. C’était peut-être aussi pour me donner le courage d’affronter ce qui allait en suivre. C’était peut-être aussi le dernier dont j’aurais le droit, je ne savais pas où ça allait nous mener et ça m’inquiétais parce que je tenais tout de même à la jeune femme bien que je la connaissais encore si peu.

Mon rapprochement avec William avait été soudain pour moi. J'avais été prise surprise de constater que je parvenais à lui accorder plus d'attention qu'à mon habitude. Ses mots me touchaient, il dégageait tant de sincérité que j'arrivais à baisser peu à peu la garde en sa compagnie. Tout ce qu'il avait pu me confier avait également son importance dans la vision que j'avais de lui. Il semblait différent des autres. Il avait des idées bien précises sur la vie, et avait du respect pour la gente féminine. C'est sûrement ce qui m'avait poussé à me laisser aller contre lui. Il était envoutant, et rassurant. Je ne vais pas dire que j'étais au point de me projeter sur le long terme avec lui, mais il me donnait envie d'y croire. J'avais pour une fois depuis bien longtemps, envie de me laisser aller sans rien contrôler, ce qui ne m'était pas arrivé depuis plus de 6ans. Mais je m'étais peut être un peu trop fait d'idée. Les récents événements n'allaient pas nous aider à mener à bien cette relation qui avait plus d'importance que les autres à mes yeux. On était piégé dans une spirale dans laquelle je devais redouter ressortir seule. L’évocation de mon aventure avec son meilleur ami semblait ne pas le laisser indifférent. Une petite partie de moi appréciait d'ailleurs ce mécontentement, c'est que je devais avoir un peu d'importance pour lui. D'autre part, j'aurai aimé ne jamais avoir à évoquer cette partie de jambe en l'air. Ca en disait long sur ma personne, et j'avais peur de décevoir William face à cette attitude de fille face que j'avais pour habitude d'adopter. J'avais effectivement confié mon manque de croyance en l'amour, mais je n'avais pas pour autant avoué me contenter d'histoire d'un soir. C'était trop... Dégradant! Et avouer un truc pareil à un homme tel que le bel interne m'aurait certainement donné l'impression de n'être qu'une traînée. Il avait fallu que je me retrouve face à un homme si parfait sur tous les points pour le réaliser. Tout ça était si grotesque! On se plaisait, et c'était les autres qui étaient entrain de ruiner les chances pour moi de vivre enfin une histoire avec un homme. C'était pas juste.
Il n'y avait pas grand chose à dire, tout était contre nous, nous en étions conscient, et je me doutais que ça risquait de changer bien des choses entre nous. Je voulais juste avoir son point de vue sur le sujet. J'étais pour ma part incapable de prendre une décision, sachant que cette dernière ne me conviendrait pas, peu importe le choix que je ferai.« Honnêtement? Je n’en ai pas la moindre idée… ». Je comprends, bien que j'aurai aimé qu'il me dise qu'il était prêt à prendre ce risque avec moi. Je devais cependant me résonner, et prendre en considération ma sœur, que je prenais le risque de perdre si je me lançais dans cette relation avec William. Est ce que je devais lui en parler d'ailleurs? Nos rapports avaient été si compliqué, devoir lui avouer que j'avais un coup de cœur pour son ex risquait de remettre en question tout ce qu'on était parvenu à construire ensemble.« Je suis un peu dépassé par les évènements pour arriver à penser correctement. » Je soupire, c'était mon cas également, et pourtant, j'avais beaucoup réfléchis à la question depuis la soirée au château. On dit qu'avec le temps on y coit plus clair, j'étais pour ma part complètement dans le flou, surtout maintenant que William se trouvait à côté de moi, je réalisais à quel point il me plaisait, bien que ça me tuait rien qu'à y penser. Nous étions dans une situation similaire, et nous étions les mieux placé pour nous comprendre. Je tentais de garder une certaine distance avec lui, parce que ça semblait normal de le faire. Mon regard croisa cependant le sien, et je me retrouvais l'instant d'après animée par des sentiments assez fort. Malgré que tout ce qui passait, j'étais encore littéralement sous son charme. Et qu'est ce que c'était déstabilisant! Je pense qu'il en était de même pour lui, je pouvais percevoir dans son regard que je lui plaisais.« Pour l’instant, j’ai juste envie de faire ça. » Je le supplie du regard sans même m'en rendre compte. Ce n'est pas volontaire de ma part, j'ai juste cette attitude charmeuse que je parviens pas à cacher. Il prend sans plus attendre mon visage entre ses mains alors que ses lèvres viennent se poser contre les miennes. Je lutte de toute mes forces pour m'en empêcher, mais j'en suis incapable, et je rends ce baiser un peu plus langoureux en me laissant aller à des mouvements plus évocateur. Je sais qu'on n'en a pas le droit, mais je savoure ce baiser comme si il pouvait s'agir du dernier, et je suis forcée de constater que malgré ce qui nous arrive, cette alchimie entre nous reste toujours aussi forte. Je suis enivré par ses lèvres, par l'odeur de sa peau. Des gens passent près de nous et nous observe, je n'y prête aucune attention, je m'en fous complètement à vrai dire. J'aimerai que ce moment ne s'arrête jamais.

J’avais les idées mélangées. J’étais incapable de penser correctement. C’était comme s’il y avait d’énormes bombes qui avait éclatées tout autour de moi et que je n’avais pas la possibilité de pouvoir tout remettre en place. Je perdais complètement le contrôle dans cette situation et ça m’énervais beaucoup. J’étais toujours le gars qui voulait toujours bien faire avec les filles. Je tenais à ce qu’elles se sentent bien… à ce qu’elles ne manquent de rien. C’était important, quand je tenais à une fille, qu’elles se sentent belles, désirées et spéciale et voilà que mon petit jeu de « lover » se retournait contre moi. Deux sœurs!!!! Je me trouvais con de ne pas avoir posé la question plus tôt car j’avais bien remarqués qu’elles avaient le même nom de famille. En même temps, plusieurs gens portaient le même nom et ça deviendrait bien chien d’essayer de toujours faire des liens entre elles.

Ça avait été plus fort que moi, je m’étais approché pour embrasser Elisha. Qu’est-ce que ça voulait dire exactement? Est-ce que je faisais ça uniquement pour me donner du courage? Probablement pas… La jeune femme m’attirait énormément et j’avais agis. Ça ne servait à rien d’essayer de trouver des explications à mes actes. Encore moins dans la situation dans laquelle je me trouvais. Elisha répondait à mon baiser, mes mains s’étaient glissées au niveau de ses hanches pour la coller tout contre moi. Nos lèvres se pressaient l’un contre l’autre. L’échange en soi était délicieux malgré son arrière-gout d’au revoir. Est-ce que la situation allait se résulter de simplement couper les ponts entre nous? Ça serait dommage mais pour l’instant, le futur restait tout à fait inconnu.

C’est au bout d’un bon et long moment que nous nous décollâmes doucement. J’avais glissé mes lèvres jusqu’à son front pour y déposer un baiser puis couper entièrement notre proximité. C’était beaucoup trop dangereux de rester ainsi. J’avais l’impression que je pourrais perdre le contrôle trop facilement. « Je pense qu’on devrait en parler à Leyla tout d’abord. On tient beaucoup à elle toutes les deux et la pire chose à faire ça serait de lui cacher encore plus longtemps. En tout cas… moi je dois absolument lui dire. » Je vivais avec ce truc sur la conscience depuis la fête qui avait mal tourné. Depuis que j’avais su qu’elles étaient sœurs en fait. À Vegas, je m’étais complètement laissé aller avec mon ex petite-amie. L’ambiance avait été propice aussi à tout ça je ne m’en cachais pas. Du moins, je m’en cachais vis-à-vis Elisha et ce n’était pas correct de ma part. Surtout qu’elle venait tout juste d’être honnête envers moi par rapport à Nathaniel. « Et je dois te dire quelque chose moi aussi. » Je pris une grande respiration pour finalement pousser un long soupire. Je ne devais pas trop y penser car j’allais complètement me dégonfler. « J’ai été à Las-Vegas quelques jours avant la fête avec Nathaniel, Alexie et Leyla. Et j’ai couché avec Leyla là-bas… » J’avais juste envie de me cacher derrière un bateau plus loin ou juste de partir en courant tellement je me sentais petit et complètement nul dans cette situation.

Dans quel situation me retrouvais-je une fois de plus... C'était la première fois que je prenais le temps de m’intéresser à un homme, vraiment. En général, j'étais plutôt du genre à éviter ce genre de chose, mais pas avec lui. Comme si je n'en avais jamais assez, comme si j'étais toujours en attente lorsque ça le concernait. C'était particulier, mais je parvenais à surmonter mes peurs. Malheureusement, les choses ne jouaient pas en mon sens. Je venais d'apprendre toutes ces choses le concernant, et je savais que ça rendrait nos rapports compliqués, pour ne pas dire impossible. Est ce que ça en valait la chandelle? J'en sais foutre rien, ce que je sais, c'est que je me suis posée la question de nombreuse fois, et que je ne suis jamais parvenue à obtenir la même réponse à chaque fois. C'est vrai, il était l'ex de ma soeur, mais j'essayais de me dire que si aujourd’hui ils étaient séparés, c'est qu'il y avait une raison, et que plus rien ne se passait entre eux. Ca me permettait d'avoir la conscience tranquille en tout cas. Peut être que leur histoire n'avait pas été aussi sérieuse que ça, et qu'on aurait son approbation. Tout serait tellement si simple, même si ça me paraissait assez irréel étant donné le lien fort qui semblait les unir. Je voyais que tout ça m'était également William dans une situation délicate, d'autant plus que je venais de lui apprendre que son meilleur ami avait eu l'occasion de goûter à mon corps lors d'une soirée précédente. C'était gênant, mais au point où on en était, autant jouer cartes sur table. Je m'attendais à ce qu'il me laisse en plan, ce qui aurait été légitime de sa part après tout, mais non. Il se contenta de perdre son calme le temps de quelques secondes, pour ensuite rire de cette situation grotesque à laquelle nous étions confrontés. C'était effectivement pathétique, insensé, tellement improbable... ce qui le fût d'avantage fût ce baiser qui suivit.

Un échange assez langoureux et sans remord de ma part. J'oubliais de penser, savourant ces lèvres auxquelles je m'habituais peu à peu pour mon plus grand plaisir. On était peut être insouciant, mais il était peut être encore temps d'en profiter avant que la réalité ne nous rattrape. Nous nous prenions au jeu sous le regard des passants interloqués par cette démonstration d'affection soudaine, ça m'était complètement égal, et je n'y prêtais même pas attention d'ailleurs. Le moment avait un certain charme, nous étions bercés par cette douce brise qui venait balayer nos visages alors que nous nous trouvions sur ce port de plaisance. Un baiser plus langoureux, plus fort, peut être parce qu'il avait ce goût d'adieu, comme si ça pouvait être le dernier. La fin de ce baiser me fait soupirer doucement. Pourquoi avais-je cette impression que je ne pourrais plus me montrer si proche de lui. Je sens ses lèvres venir se poser sur le haut de ma tête alors que je ferme les yeux le temps de quelques secondes. Chacun reprend sa place de son côté, comme si c'était définitivement plus adapté, je passe nerveusement une main sur mon front avant d'oser affronter de nouveau son regard. Je viens d'embrasser pour la troisième fois l'ex de ma soeur, et cette fois je n'ai pas l'excuse de ne pas savoir ce qu'il représentait pour elle. Comme si ma relation avec elle n'était déjà pas assez compliqué, il fallait que j'y ajoute ma touche personnelle, rendant notre relation familiale encore plus tumultueuse.« Je pense qu’on devrait en parler à Leyla tout d’abord. On tient beaucoup à elle toutes les deux et la pire chose à faire ça serait de lui cacher encore plus longtemps. En tout cas… moi je dois absolument lui dire. » Je me pince les lèvres, mon dieu qu'est ce qui m'attendait. J'étais pour la franchise, mais là c'était clairement suicidaire de mon côté. J'avais eu tant de mal à créer un lien avec elle, je venais de tout gâcher, j'allais la perdre, c'était une certitude. Bien que je ne parvenais pas à mesurer l'étendu des dégâts que ca allait provoquer. " Tu penses pas que ça serait à moi plutôt de le lui dire?" Enfaites, je n'en savais rien, j'avais beau avoir ce lien du sang avec Leyla, nous n'étions pas pour autant submergé par une grande complicité. Peut être parce que le temps devait faire son travail. Je me voyais pourtant mal débarqué, avec un sourire sur les lèvres. 'Au faites j'ai embrassé ton ex, et je t'avouerai qu'il me plait bien'. Non, définitivement pas! Une question me taraude cependant l'esprit. "C'était sérieux entre vous?". Je me devais de savoir, peut être pour chercher à me rassurer. Peut être que s'ils étaient plus amis qu'amant, elle se réjouirait pour nous, bien que les chances étaient faibles.

« Et je dois te dire quelque chose moi aussi. » Je fronce les sourcils sans le vouloir. Je venais de lancer une bombe quelques instants auparavant, et il prenait la même direction. Qu'est ce qui pouvait y avoir, ENCORE? « J’ai été à Las-Vegas quelques jours avant la fête avec Nathaniel, Alexie et Leyla. Et j’ai couché avec Leyla là-bas… » J’écarquille les yeux, bien évidement surprise par une telle révélation. Je m'attendais clairement à tout sauf à ça. Je laisse échapper une sorte de rictus nerveux. J'étais en plein rêve, c'était pas possible. "Je vois.." Lâchais-je en souriant faussement. Enfaites, je n'avais pas du tout envie de sourire, mais pas du tout, tout ca était tellement pas croyable que je ne pouvais pas réaliser la situation. Il avait couché avec ma sœur après notre rendez-vous. " Tout s'explique un peu mieux maintenant..". Leur complicité lors de l’événement... J'étais clairement l'intrus de ce trio. Ma place n'était pas là, de toute façon je perdais d'avance la bataille! Comment pouvais-je lutter face à ce couple qu'il avait formé avec ma soeur? Je ne devais que représenter une fille quelconque, alors qu'elle s'était réellement faite une place dans son cœur. Je soupire, ayant rapidement délaissé ce sourire niais pour un air déçu et perplexe à la fois, alors que mon poing vient frapper machinalement le montant de la rambarde. Mon regard se perd un instant sur l’horizon alors que je ne parviens pas à ajouter quoique ce soit. Que pouvais-je dire de plus? 'Oh cool, j'suis contente pour vous, vous avez passé une bonne nuit?'. J'avais perdu, et j'avais beau dire ce que je voulais, je resterai celle qui paierait le prix cher de ce rapprochement avec le beau jeune homme.