Début d’une belle histoire
Le 8 avril 1992, le temps à New York était plutôt pas mal… L’hiver était définitivement derrière et le printemps commençait à s’installer. Au beau milieu de la nuit, ma mère a commencé à avoir des contractions et a simplement dit à mon père « Chéri, je crois que le bébé va arriver ». Voilà comment ils se sont retrouvés à 3h du matin à l’hôpital, prêts à m’accueillir. Il était 11h14 lorsque la sage-femme m’a déposé sur le ventre de ma mère. Ma vie en tant qu’Abigail Carter pouvait officiellement commencer.

Je n’avais pas une vie de château comme on peut dire, mais j’avais ce qu’il me fallait pour vivre. Un toit au-dessus de ma tête, des parents aimants et présents pour moi, même si papa travaillait sur des chantiers à longueur de journée et maman secrétaire dans un cabinet vétérinaire quelques jours par semaine pour que nous puissions vivre.
J’ai commencé l’école et très rapidement, les enseignants se sont aperçus que j’avais de la facilité et que je m’intégrais normalement. Ma vie de grande sœur a commencé lorsque j’ai eu 7 ans. Maman m’annonça qu’un nouveau bébé allait venir dans la famille. « J’espère que ce sera une petite sœur, parce qu’un frère, ça pourrait me taper ». Quelques mois plus tard, j’allais rendre visite à ma petite sœur, Jasmine. J’étais la petite fille la plus heureuse au monde. Lorsque j’ai pu la tenir dans mes bras, je lui murmurais à l’oreille « Je te protégerais aussi longtemps que je serai en vie, promis soeurette ! »

Le temps passe
Les années passèrent, nous grandissions ensemble, même si parfois on se disputait pour nos jouets préférés. La vie était belle, je devenais une petite fille maligne, intelligente et qui aimait faire du vélo., Jusqu’à ce fameux 5 septembre…

J’avais alors 12 ans, Jasmine 6 ans… Nous rentions de l’école et en entrant dans la maison, j’aperçus maman allongée sur le sol du salon. Je pris le téléphone pour avertir papa qui me dit d’appeler les secours immédiatement, ce que je fis. Après plus de 2 jours où nous sommes restés avec maman à l’hôpital, le verdict était tombé… Cancer du sein en phase terminale, il ne lui restait plus que quelques jours à vivre. En effet, moins d’une semaine après, maman s’envola vers les étoiles me disant simplement « C’est toi la femme de la maison maintenant ! Prends soin de papa et de Jasmine, je compte sur toi, je t’aime » puis elle s’en alla, sereine.

Il faut continuer à vivre
Après que mes larmes aient roulées pendant quelques jours, j’ai pris mon courage à deux mains et dit à papa et Jasmine « Maintenant, c’est nous 3 contre le reste du monde ! Pour maman ». Mon père sourit de voir sa fille aussi forte. Je commençais à faire les tâches ménagères que je pouvais faire, aidait Jasmine à se préparer, à faire ses devoirs, bref, une vraie petite maman. Après environ 2 ans de vie en tant que célibataire, j’essayais de convaincre papa qu’il avait le droit d’aimer à nouveau et surtout d’être heureux.

J’avais bien remarqué qu’il regardait une femme en particulier différemment, la maman d’un garçon avec qui j’étais en cours. Avant que nos parents ne se connaissent, il m’avait invité au cinéma, Gabriel. J’avais refusé parce que ça me paraissait bizarre de sortir avec le fils de la femme qui plaisait à papa. Alors qu’il avait un petit quelque chose en plus des autres garçons.

Finalement, on a aidé le destin et nos parents se sont rencontrés et sont tombés amoureux. Me voilà avec ce beau Gabriel comme frère. Et peut-être pour cacher ce que je ressentais vraiment, j’ai commencé à l’embêter. Au final on se faisait la misère, normal dans une fratrie me direz-vous, mais je crois qu’on a même été un peu loin parfois, surtout dans nos mots.

Je poursuivis mon cursus scolaire et au lycée, j’ai eu tous les honneurs. Quand je suis partie à l’université en lettre, Gabriel est parti à Miami. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé qu’il me manquait… J’ai même regretté de lui avoir fait la misère durant plusieurs années.

Entrée dans la vie active
Durant mes années à la fac, j’ai rencontré un jeune homme avec qui j’ai vécu une petite histoire d’amour, mais je ne voulais pas m’attacher. Pourquoi ? Je ne sais pas, peut-être par crainte de vivre ce qu’avait vécu mon père…

J’ai fini mes études et suis devenue interprète en langue des signes. Il était important pour moi de pouvoir aider les malentendants dans toutes sorte de situation. Depuis, je suis mes clients que ce soit au tribunal, dans des entretiens, bref un peu partout.
J’ai finalement eu une opportunité de travail à Miami et j’ai accepté, après en avoir parler avec papa. Je ne voulais pas le laisser sans enfant, mais il m’a fait comprendre qu’il était temps pour moi de prendre mon envol et de penser à moi avant de penser à lui.

Me voilà donc quitter la grisaille de New York pour le soleil de Miami !