J'avais depuis longtemps cette envie d'ouvrir ma galerie. Un rêve que j'avais réalisé grâce à l'aide de mes parents à New-York. Rêve que j'avais du abandonner alors que j'avais pris la décision de quitter la ville. Fermer la galerie avait été un coup dur pour moi, malgré que celle-ci n'avait pas vu le jour grâce à mon énorme potentiel. Non, c'était plutôt grâce à l’énorme compte en banque de mes chers parents. Tout avait été plutôt facile pour moi. Je m'étais contenté de réaliser des œuvres, et mon père s'était arrangé pour signer les chèques des prestataires et ramener du beau monde pour mon ouverture. Tout s'était bien passé, et j'étais parvenu à me faire pas mal d'argent en peu de temps grâce au bouche à oreille. Mon départ de New-York avait cependant cassé mon succès naissant. Il y avait peu de chance qu'on veuille me retrouver à Miami afin de profiter de nouveau de mon art. C'était donc un retour à la case départ. A la seule différence c'est que je devais désormais me battre pour obtenir l'argent et le succès. Ce qui n'était pas gagné. Heureusement, les nombreuses photos que j'avais effectué jusqu'à présent avaient été apprécié, et mon patron m'avait fait part de nombreux investisseurs susceptibles de participer à mon projet. Une aubaine. En attendant, je pouvais toujours commencer par trouver les locaux pour exposer mes photos. J'étais passé à plusieurs reprises devant cet endroit qui donnait en plein dans le centre ville. Idéalement située dans une des rues piétonnes. J'avais étudié les possibilités qui s'offraient à moi financièrement. Il n'y avait pas de quoi acheter un hôtel, mais mon tableau d'amortissement était plutôt correct et laissait paraître un bon présage pour l'avenir. J'avais déjà prit le temps de contacter le proprio qui avait accepté de me recevoir. Il semblait plutôt réceptif, bien qu'il ne portait pas plus d’intérêt que ça à ma proposition. C'est sûr, il devait y avoir du monde sur cette vente, et ce n'était pas mon charmant sourire qui allait le convaincre de me choisir moi. Je me montrais cependant très intéressée et déployait pas mal d’énergie à lui courir après afin de marquer son esprit. Heureusement pour moi, il ne m'envoyait jamais balader. Je montais les quelques marches et poussait avec délicatesse la porte vitrée. La lumière qui entrait dans la pièce rendait l'endroit tout simplement magique, malgré qu'il était vide. Je parvenais à me projeter avec aisance dans ce dernier. J'entendis la voix du proprio, Mr Hunt. "Oui, bien sûr... Il pourrait être libre rapidement. Mais j'ai quelqu'un de très intéressée également dessus, ah bein justement la voilà..." lança le proprio alors que je pouvais ne voir que lui. Un sourire se glissa sur mes lèvres, sourire qui vint rapidement s'effacer alors que son interlocuteur apparut dans la pièce. "Elisha, je vous présente Nathan, un potentiel acheteur" reprit -il avec un rire qui ne me donnait pas du tout envie de participer. J'apprenais à cet instant précis que ce lieu allait être une sorte de course entre moi et celui qui me menait la vie dure... Mon regard ne quitta pas un instant Nathan. Des souvenirs me revenaient rapidement en mémoire, et je n'étais pas d'humeur à supporter ses remarques aujourd'hui, pas dans le cadre professionnel. Il souriait, un sourire victorieux, et il y avait de quoi, il connaissait ma situation. "Bon, et bien je vais vous laisser faire connaissance, ne vous battez pas hein,je dois passer quelques coups de fil. N’hésitez pas à revisiter les lieux ensemble si vous le souhaitez" Le vieil homme s’éloigne, téléphone entre les mains alors que je garde ce sourire niais en le suivant du regard. L'instant d'après j’agrippe le bras de Nathan avec un regard menaçant. "Oublie ça tout de suite!". C’était l'occasion pour moi de redémarrer une carrière professionnelle, l'endroit était à porter de main niveau prix, et je savais d'avance que Nathan allait prendre un malin plaisir à me détourner de l'affaire. "Je sais que ce lieu tu peux avoir n'importe quel endroit, n'importe où, n'importe quand. Pour moi, c'est le seul possible." Étais je entrain de le supplier? Dieu que non! Je réalisais d'ailleurs que ma main se trouvait toujours sur son bras et m'empressais de la retirer avec une certaine vivacité. J'avais payé cher mon rapprochement physique de l'autre soir, j'étais décidé à garder mes distances désormais. Il tenait encore en quelques sortes mon destin entre ses mains, et c'était loin d'être une bonne chose, j'en étais malheureusement consciente.

Mon rêve était sur le point de s'accomplir, il était à porter de main, et je me prenais à rêver de nouveau à ce rêve fou d'ouvrir ma galerie. L'endroit était parfait et je parvenait à m'y projeter avec une certaine facilité. J'avais déjà des idée de travaux que je voulais y faire, et comment j'allais m'organiser pour y parvenir. Le problème principal et pas des moindres restait cependant l'aspect financier. J’espérais que la chance soit de mon côté. Je savais être convaincante, j'avais ce petit côté capricieuse qui me permettait d'en rajouter des tonnes, après, ça passait ou pas! Mais la plupart du temps, j'étais satisfaite de ce que je faisais. C'en était de même avec ce local mis en vente! Je n'avais sûrement pas le profil idéal pour pouvoir intéresser le propriétaire, mais je tentais par tout les moyens de me démarquer des autres, quitte à être un peu trop présente dans sa vie dernièrement. En entendant la voix du vieil homme, je comprend qu'il n'est pas seul. Je ne suis pas déstabiliser pour autant. Je sais intimider l'adversaire si nécessaire. Mon aisance disparait subitement en m'apercevant que ce dernier n'est autre que cet homme qui prend un malin plaisir à me pourrir la vie! Manquait plus que ça!
Mon sourire sonne faux soudainement et je me surprends à tirer aux maximum mes traits afin de ne pas en changer. Le propriétaire est un homme simple et drôle, je veux continuer à faire bonne impression auprès de lui afin de m'attirer ses faveurs, bien que ça me demande un effort surhumain!« Ravis de vous connaitre mademoiselle Elisha. » Je parviens à esquisser un sourire plus enjoué cette fois. Je sais ce qu'il lui passe par la tête, enfin j'en ai l'impression. Il s'amuse de cette situation, il apprécie que je sois cette femme qui vais devoir le confronter, et j'avoue que j'ai soudainement envie de rire. Le destin s'acharnait sur notre sort, et j'avais un candidat de taille, je ne pouvais pas le nier! C'est d'ailleurs ce qui m'effrayait, Nathan serait bien capable de me passer devant sans remord, peu importe que l'on se connaissait et qu'il savait que j'avais du mal à joindre les deux bouts depuis que j'avais quitté mes chers parents. "Moi de même... Nathan, c'est ça?" Fis-je mine de réfléchir, comme si j'aurai pu oublier son prénom. Le propriétaire lui ne se doute de rien alors que je me livre à une bataille de regard avec le beau brun. Monsieur Hunt décide finalement de nous laisser, ayant l'intention de passer des coups de fil. Il n'a pas définitivement pas peur que ces murs soient recouverts de trace de sang avec nous deux dans cette même pièce. J'attends que le vieil homme soit hors de contrôle pour agripper Nathan sans plus attendre.« Calme tes ardeurs, je suis pas en manque de ton corps.. qui est très à mon goût. » .Je relâche rapidement son bras, réalisant que ce contact est déjà trop déplacé quand on connait nos antécédents."Joues pas à ça avec moi tu veux". Lançais-je en haussant les sourcils.

« Je peux pas cette fois.. Quoi que le bonus de te prendre, ce que tu souhaites le plus, me plait.. Encore plus. » Je souris faussement. " Je l'ai bien compris ça! Dis le moi le jour où tu aura changé de passe temps et que tu auras décidé de ne plus traîner dans mes pattes...". Je tente cependant de me reprendre, je dois le faire changer d'avis, et mener une bataille comme celle de l'autre fois au bar n'arrangera pas nos affaire. « Je peux, je le dois vraiment… Me supplies-tu dis-moi Elisha, c'est tellement jouissif surtout de ta part. » Mon sourire s’élargit alors que je souffre rien qu'à l'idée de savoir la joie que ça peut lui procurer. " Me force pas à le faire". C'était déjà bien assez humiliant comme ça. Il éprouve le désir de se rapprocher de moi, remarquant que je m'appliquais à garder cette zone de sécurité entre nous. C'était nécessaire au vu des événements de notre dernier échange. Je n'étais pas saoule cette fois, et je ne lui laisserai pas l'occasion de profiter de moi sans que je ne le veuille. Il insiste pourtant et exécute un pas vers moi alors que ses lèvres s'approchent de mon oreille.« Dis-toi une chose.. Ma chère Elisha. Que je serais toujours là, pour m’amuser à te piquer ce que tu as besoin de plus.. Vu ce que tu peux t offrir.. Ou appeler papa.. Ou maman. » Je bouillonne, malgré un léger sourire apparent. "T'oserai pas." Répondis-je en plantant mon regard dans le sien. Il pouvait effectivement me faire toutes les misères du monde, je ne parvenais pas à me faire à l'idée qu'un jour il saisisse son foutu téléphone pour me détruire auprès de mes parents. C'était inconcevable, pourtant, je doutais à cet instant précis alors que je l'interrogeais du regard pour connaître ses intentions. "Ce ne sont que des menaces" ajoutais-je. Je l’espérais en tout cas! Il savait à quel point mes parents étaient mon point faible, et que si il prenait le risque d'y toucher, il me condamnait d'avance auprès de cette famille.

Pourquoi avait t-il fallu que mon chemin croise de nouveau le sien... Tout était déjà assez compliqué dans ma vie, je n'avais pas besoin de l'aide de Nathan pour la rendre insupportable. Il l'était! C'est drôle, nous avions été si proches lors de cette soirée que nous avions partagé, et depuis, nous agissions comme deux personnes incapable de se supporter plus de deux minutes, de se retrouver dans la même pièce, de respirer le même air, ca paraissait impossible, pourtant c'était ce exactement ce qu'il se passait. Qu'est ce qui nous était arrivé pour que nous en arrivions là? Je ne sais pas, ce que je sais, c'est qu'aucun de nous ne baisse jamais les armes, sachant que l'autre en profiterai pour l'abattre une fois le dos tourné. C'était bien triste, mais c'était ainsi. Nous ne serions jamais amis, et jamais nous nous ferions confiance, il fallait se faire une raison! Je parvenais à l’éloigner de ma vie, malgré qu'il avait débarqué à Miami, et qu'il ne cessait de me menacer, je parvenais à passer outre tout ça. Mais pas là. Ma vie professionnelle était si catastrophique, j'avais besoin de passer à autre chose, de me lancer dans ce projet qui me tenait à coeur. Je savais d'avance les concessions que ca demanderaient, je devrais trimer pour parvenir à réussir, mais je suppose que c'était le prix à payer pour enfin faire quelque chose que j'aime. L'argent semblait être le seul point qui jouait clairement en ma défaveur. Je venais d'une famille plutôt aisée, je n'avais manqué de rien, jamais. Mais depuis que j'avais décidé de quitter New-York, et mes parents au passage, je m'étais retrouvé à devoir m'assumer seule, à subvenir à mes besoins, payer un loyer... Ca me laissait peu de possibilité pour épargner, surtout avec ce simple salaire de barmaid débutante, mais bon.

« Moi qui te pensais tellement intrépide, téméraire dans tes choix. » Je hausse les sourcils, l' air sérieux, essayant de garder cette confiance qui me caractérise. "Je le suis! Je suis juste réaliste aussi!"Lachais-je sans dévier son regard.« Arrête de vouloir jouer les grandes… Tu n’as pas encore le cran nécessaire pour y arriver.. Tu choisis toujours la facilité à la difficulté. » Je soupire, agacée. "Et d'où? Donne moi les faits, parce que là j'vois pas!" Je m’éloigne, préférant éviter tout contact avec celui-ci. Mais lui ne semble pas du même avis, et me force même à l'observer alors que sa main vient se glisser sous mon menton. Je dégage celle-ci d'un revers de main plutôt brusque. Je venais pour une fois de lui avouer que je n'étais pas en mesure de me battre. Je n'avais pas les armes nécessaires pour pouvoir lutter, mon jolis minois ne suffirait pas.« Justement, c’est ce que je veux Elisha… Voir ce que tu peux faire. » J’écarquille les yeux, et me mordille finalement la lèvre nerveusement. Je m'attends au pire, et je sais que j'ai raison d'y penser. "Et qu'est ce que tu as en tête cette fois?" Demandais-je alors que mes bras viennent se croiser devant ma poitrine. « Tu devrais faire attention à ce qui t’entoure. » Je l'observe faire son petit manège habituel alors que mes sourcils se froncent. J'attends qu'il poursuive, je sais très bien que s'il a quelque chose à m'avouer, je n'aurai pas besoin de le forcer pour qu'il le fasse.« Aurais-tu oublié ? Que ce soir là où je t’ai baisé. J’avais posé une caméra chez toi. » Mes jambes ont une envie soudaine de fléchir. Ma bouche s’entrouvre légèrement, surprise par ces propos. Cette soirée avait été tellement arrosée que les souvenirs que j'en ai sont moindres, surtout que maintenant, ca remonte à un petit moment déjà. Mon cœur bats à tout rompre dans ma poitrine alors que lui semble triompher, avec ce sourire mon coeur et ces brefs applaudissements. "Tu bluffes!" Enfaites, j'esperais clairement que c'était le cas. Il ne s'agissait plus de sa parole contre la mienne là, et je savais très bien les conséquences que tout ca pourrait avoir sur ma vie, rien que d'y penser, j'avais envie de m’écrouler sur le sol.« Alors tu veux toujours que j’appelle tes parents ?». Aucun son ne parvient à sortir de ma bouche. J'essaie de remettre de l'ordre dans mon esprit, mais c'est trop brouillon. Cette camera ne me dit rien, et j'espère que j'ai raison d'en douter. Une voix féminine nous coupe, alors que je profite que Nathan passe devant moi pour détendre mes traits de visage, et laisser la déception et la confusion y prendre place. Je me tourne finalement vers Nathan, tentant de dissimuler mes incertitudes alors que celui-ci ignore presque la jeune femme qui est venu s'assurer que tout allait bien.« Alors Eli, es-tu prête à vraiment perdre cette galerie ? » Je l'observe, incredule alors qu'il s'approche de moi. Je n'ai jamais peur de jouer, mais je sais que cette fois, ca sera bien plus lourd de conséquences sur ma vie actuelle.Il se trouve à proximité de moi, alors que le problème ne se trouve plus là. Je perds mes moyens un peu plus à chaque seconde, j'essaie de me convaincre qu'il se joue de moi, mais il semble si sûr de lui que je réfléchis clairement à cette vidéo qu'il pourrait avoir de nous.« Prête à jouer ton avenir ? » Je me pince les lèvres dans un faux sourire alors que sa main vient saisir une de mes mèches de cheveux.« J’adore ton parfum. » Mon regard se relève dans le sien, alors que j'ai la sensation pendant un instant que son regard a changé. Ouais, c'est exactement la sensation que j'ai. Il me désire, là tout de suite, c'est exactement le regard qu'il m'a adressé avant notre premier baiser à New-york. L'atmosphère prend un tournant différent.« Même si je pouvais te laisser… Je risque ma place. ». Je soupire lourdement, et l'observe reprendre cette attitude détachée et froide. Il s’éloigne, j'en profite pour me passer une main sur le visage, bien décidé à me ressaisir. "Dis moi ce que t'attends de moi pour que tu sois prêt à abandonner...".Je l'observe, alors qu'il me tourne le dos pour contempler l'une des œuvres accrochées sur le mur.« Non… Rien est une simple menace avec moi. » J'ai perdu ma répartie légendaire. Cette histoire de sextape vient clairement de m’assommer, et tout semble prendre un autre tournant. Je perds, j'ai perdu! La seule chance qu'il me reste soit qu'il me mente, et qu'il ne détienne plus cette bande vidéo, mais j'en ai aucune certitude. Mon silence ne passe pas inaperçu, lorsque lui s'arrête de parler, plus aucune bruit ne vient trouver celui-ci.« Tu es très calme princesse. » Je m'approche finalement de lui, me glissant à ses côtés en observant cette même toile. "j'veux une preuve... j'veux m'assurer que ce n'est pas un mensonge, et que cette vidéo existe."