Tu sais quoi? Tu ne comprends vraiment rien. A part attiser mon contrôle de moi-même là tu fais pas grand chose d'autre. J'étais "différent" parce que je savais que tu me dirais des choses comme ça, je savais que tu me prendrais la tête et que tu ne comprendrais pas. Je préférais ne pas parler du tout, parce que je savais qu'on en finirait là. Comme quoi, j'devrais être dans les médiums moi je gagnerais bien ma vie. Tout ce qu'elle me disait là me fatiguait bien trop. Je ne savais même plus quoi dire pour lui faire comprendre ce que je pensais. J'allais sous la douche, parce que j'en avais marre, voilà. J'allais prendre un peu d'eau sur la tronche, j'allais me reprendre un calmant, j'allais taper un peu sur le mur, j'allais dans le silence un petit moment. Et en effet, ça me faisait du bien. Je ressortais de là avec les idées un peu plus claires qu'auparavant.

Je l'écoutais me dire ce qu'elle avait à dire. Evidemment, cela parlait toujours de la même chose. Elle ne lâchait pas l'affaire. Mais en réalité, c'est la fin qui me mit la puce à l'oreille. Je fronçais les sourcils alors qu'elle s'effondrait contre le mur. Alayna? ça va? demandais-je en me baissant et posant ma main sur sa joue. Je la forçais à relever le visage vers moi. Je prenais une voix douce et calme parce que là étrangement, je n'étais plus du tout énervé. Ok c'est bon j'ai compris ce que tu voulais dire. Oui ma soeur est au beau milieu de ma vie, parce qu'elle l'est depuis sa naissance. J'ai pris soin d'elle depuis son premier cri son premier souffle et c'est comme ça. Elle est dans ma vie depuis toujours et là j'essaie de la récupérer alors peut-être que je fais des choses stupides mais c'est comme ça. Tu m'as pris avec mes défauts, bah tu m'as pris avec ça. Je respecte ce que tu penses de ça, mais sache que je ne suis pas assez con non plus pour mourir comme ça. dis-je avec un léger rire. Je savais très bien qu'ils ne me tueraient pas, j'suis pas suicidaire non plus. Mais j'ai juste préféré me prendre la balle que ce soit Nessa qui se la prenne dans son état, voilà. C'est ma petite soeur et oui, je fais des concessions et des choses avec et pour elle que je ne ferais pas avec tout le monde, mais je suis comme ça. Tu m'as pris avec l'étiquette "fera toujours tout pour ses frères et soeurs" et je suis vraiment désolé si ça ne te plaît pas.. Mais il faut que tu le saches parce que ça ne changera pas. Tu as changé ma façon de voir une partie de la vie, c'est à dire les relations avec les autres que ma famille, tu as montré que je pouvais être doux, attentif aux besoin de quelqu'un d'autre, romantique même mais ça, tu ne le changeras pas, je suis désolé d'avance, mais il faut que tu le comprennes, je ne peux pas changer cette partie de moi. lui dis-je alors, remettant une de ses mèches en place. On est tous les deux des personnes têtus et caractérielles. Quand on a quelque chose dans la tête, rien ne nous le retira je sais bien de ton côté comme du mien. C'est pas facile pour nous.. d'être nous Je nous montrais à deux, cette relation que tous les deux nous avions du mal à penser possible, accessible. Alors si tu veux prendre un peu de temps pour y réfléchir, pour repenser à deux fois à être avec un mec qui ferait tout pour sa petite soeur alors.. je ne t'en empêche pas.. parce que moi non plus, je ne supporterais pas longtemps qu'on me le reproche ainsi.. Je ne peux pas essayer de construire quelque chose sur une base de.. rien puisque je ne sais même pas encore clairement ce que c'est et que c'est bien trop compliqué.. avec quelqu'un qui ne peut pas comprendre que mes frères et soeurs passent avant tout ça. Je préfère qu'on soit sincère l'un envers l'autre là maintenant, alors je profite qu'on soit un peu plus calme pour en discuter.. Sache que je ne souhaite pas te perdre non plus, malgré tout, et que j'ai beaucoup aimé notre petite escapade loin de tout ça mais.. c'est ça notre réalité et au bout d'un moment, faut qu'on lui fasse face.. lui soufflais-je alors, là, en face d'elle, accroupi.

En réalité, ce qui l'avait vraiment touchée apparaissait au grand jour. C'était ce que Nessa avait dit, sur le ton de l'humour d'ailleurs, qui l'avait déplu. Bon c'est vrai que dis comme ça, sorti de son contexte, ça avait pu avoir l'air d'être une remarque d'une grande méchanceté. Pourtant, ça ne l'était pas du tout. Je fronçais les sourcils, car je ne comprenais pas qu'elle n'avait pas compris que c'était pour rire. Elle m'en voulait aussi de lui avoir céder cette phrase, ne pas l'avoir commentée, démentie. Elle parlait de ma mère qui l'aurait accepté, qui voulait mon bonheur, je ne pu m'échapper un petit rire. Elle ne connaissait pas ma mère, ça se voyait. Nessa elle-même n'avait pas dû lui en parler. Nous ne sommes pas du tout proche de nos parents, nous les haïssons même, c'est dans les premiers de nos gênes. Elle qualifiait ça de raciste, ce qui me fit encore sortir un rire. C'était vraiment limite idiot, comme réaction. Je la regardais, essayant de me contenir pour ne pas qu'elle le prenne mal. Elle ne pouvait pas savoir pour notre mère. Mais par contre, pour le fait qu'elle ait pris de cette manière ce que Nessa avait dit, oui clairement, je trouvais cela idiot. Je ne trouverais sûrement pas tout de suite d'ailleurs quoi répondre à ça, tellement c'était risible. Non mais Alayna, elle disait ça pour rire.. dis-je d'abord en souriant en coin. Oui je passe de la colère au rire, mais je suis un Tate. Chez les Tates on est tous blonds, même nos tantes les plus éloignées je crois qu'elles sont blondes, c'est pour ça qu'elle disait ça, c'est une blague de famille, c'est une blague privé, on se comprends quoi c'est la famille tu vois? Je ne sais même pas comment t'expliquer mieux ça. dis-je en souriant, regardant ailleurs.
Je prenais un air plus posé pour lui expliquer pour ma mère, ensuite, car c'était un sujet sérieux. Mes parents on les déteste, Alayna. Ma mère quoiqu'elle dise je m'en balance elle existe pas à mes yeux. Y'a que mes soeurs et mes frères, tu saisis? lui dis-je très sincèrement. Cette partie là, elle ne la savait pas donc je n'allais pas lui reprocher. Maintenant, elle savait, elle n'aurait plus besoin de mentionner ma mère, du coup.
Elle parlait de notre colocation. Et c'est vrai quand j'y pense, que c'est peut-être une des choses qui fait qu'on va droit dans le mur, d'une certaine manière. J'y pensais rapidement. C'est vrai que, de me dire qu'elle était avec moi, dans cet appartement qu'à la base je dédiais à ma famille, c'était peut-être trop. Peut-être que finalement ça voulait dire que ça n'allait pas. Qu'on "vivait" presque ensemble et pour des gens qui ne savent même pas ce que c'est d'aimer, autant ne pas imaginer cette situation. Si nous voulions avoir les moyens que ça marche, peut-être que c'était une des solutions. J'hochais la tête. Peut-être que ça ne nous aide pas d'être constamment "proche" physiquement dirons-nous. Peut-être que c'est une solution pour reprendre le droit chemin. Néanmoins, je ne te mets pas à la porte. Si tu n'as nul part où aller, reste. Je n'ai pas non plus envie de te perdre, mais peut-être qu'être comme ça dans les mêmes pièces à vivre à nous bouffer le quotidien comme ça, ça ne nous aide pas. Déjà qu'on est pas aidé en étant nous-même alors.. Oui, peut-être que ce sera mieux comme ça. dis-je très sincèrement. Si je voulais avoir une chance d'avancer et de savoir ce que c'était d'être vraiment amoureux et de vouloir vraiment passer son quotidien avec elle, il fallait peut-être que je vive l'éloignement, chose que je n'avais pas. Peut-être qu'être loin l'un de l'autre, ça nous rapprochera. En attendant, je suis déçu que tu aies pris ce qu'a dit Nessa au pied de la lettre.. Tu n'aurais pas dû, ça nous aurait peut-être évité.. tout ça. Je ne pensais vraiment pas que tu le prendrais mal si tu l'entendais. Il est évident que c'était pour rire. Enfin c'est pas grave je.. je te laisse faire ce que tu voudras pour la suite. Je l'embrassais sur le front. Je prenais mon téléphone pour appeler mon patron du garage, pour le prévenir que j'étais rentré et que je pouvais revenir travailler le lendemain.