Les cours me tuaient, ces derniers temps. Le fait était que, ayant miraculeusement validé (de justesse, certes) ma première année, je m'étais dit qu'il était temps de travailler. Mes résultats de la première année avaient été dans l'ensemble assez catastrophiques et inégaux. J'en avais tellement, mais tellement bavé. Déjà, il y avait évidemment eu la barrière de la langue au début —je parlais alors un anglais correct mais les termes pointus de psychologie m'échappaient complètement. Mais je m'étais accroché, j'avais fait des efforts, et j'en étais là désormais. Je n'arrêtais pas depuis la rentrée. Je ne savais peut-être pas où ce diplôme allait me mener, mais en tout cas, j'étais déterminé à l'obtenir. La période d'examens venait tout juste de se finir, et honnêtement, j'étais soulagé. J'avais passé ces dernières semaines la tête dans les bouquins, jour et nuit. Je trouvais ces études extrêmement ardues, surtout pour moi qui galérais toujours à comprendre certaines tournures. Je m'étais complètement plongé dans le travail, peut-être pour oublier tout le reste justement. Et finalement, j'avais l'impression que mes efforts avaient payés. Je pensais avoir plutôt bien réussi mes examens, ce qui serait une première.

Mon dernier examen, celui de psychophysiologie, avait eu lieu la veille ; et dès aujourd'hui, j'étais de retour l'université. Aucune pause n'avait été ménagée. En arrivant dans la salle, j'eus la surprise de constater que nos places nous étaient attribuées. Étrange. Nous étions dans une salle normale, non dans l'amphi, et les tables avaient été séparées de sorte à ce que nous puissions travailler en groupe. Je n'avais jamais réellement fait de travail en binôme, mais à vrai dire, cela ne me tentait pas vraiment. Je m'assis donc à ma place et jetai un rapide coup d'oeil au nom de mon voisin, qui était en fait une voisine. Tasha. Ce nom ne me disait pas grand chose. Les étudiants commencèrent à s'installer, et bientôt, ma voisine s'assit à mes côtés. Je tournai la tête. C'était Tasha, la Tasha ! Je n'avais pas du tout fait le rapprochement quand j'ai vu son nom —d'ailleurs, je ne me souvenais plus qu'elle s'appelait comme ça. J'eus un mouvement de surprise, mais je fus coupé par le professeur avant de pouvoir lui demander ce qu'elle fichait là. « La direction a mis en place un nouveau programme basé sur l'échange et l'entraide, un programme qui, je l'espère, sera bénéfique pour chaque parti. Cette semaine, les deuxièmes années seront mélangés avec des étudiants ayant un nombre d'années d'études supérieures. Vous allez devoir travailler en équipe pour produire une mini-thèse que vous soutiendrez la semaine prochaine. Les sujets sont sur la table. Ce projet éducatif a... » Je n'écoutai plus, et me tournai vers Tasha, assez étonné. Cette fille m'était assez indifférente, mais à vrai dire, je n'étais jamais très à l'aise quand je rencontrais par hasard d'anciennes conquêtes. Surtout que j'étais à peu près certain que Tasha ne me portait pas dans son coeur. Et nous allions devoir travailler ensemble toute cette semaine ! Magnifique. « Bon... » commençai-je en soupirant. « Fallait vraiment qu'on tombe ensemble. Y'avait une trentaine d'étudiants, et non, il a fallu qu'on tombe l'un sur l'autre ». Mon ton était glacial. Je ne voulais pas paraître spécialement désagréable, mais disons simplement que je n'avais pas envie d'être agréable. Je retournai la feuille de sujet. « Quel est l'intérêt pour les parents de suivre une psychothérapie en complément de celle de leur enfant... » marmonnai-je à voix haute. Le sujet ne m'inspirait pas des masses.

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