Des vacances, quelques jours loin de Miami, loin de tout. J’en avais grandement besoin. Cette année avait été des plus merdiques et mouvementées. Le cyclone qui s’était abattu sur la ville, ma rupture avec Leyla, avoir mis Hannah enceinte, la venue d’une sœur dont je ne connaissais pas l’existence, ma relation avec Nessa, l’avoir également mis enceinte, et depuis peu, avoir rompu avec elle et j’en passais ! Ma vie n’était pas de tout repos. Je suppose que je ne devais m’en prendre qu’à moi-même. De ce fait, afin de prendre un peu de recul sur tout ce que je pouvais avoir en tête, j’avais décidé de partir en compagnie de Noah dans la ville de Macon, en Georgie là ou la neige tombait contrairement à Miami. Je ne savais décidément pas ce que j’étais venue foutre dans une ville si contraire à Londres. J’adorais l’Angleterre, je trouvais que son côté pluvieux faisait son charme, sa réputation. Même si elle était quelque peu erronée, il nous arrivait de connaitre également le soleil et la chaleur. En tout cas, ce n’est pas ce qui manquait dans l’État de Floride. Voilà plus de deux ans que je résidais en ces lieux, et pourtant, je n’étais toujours pas complètement habituer au climat.

Quoi qu'il en soit, je comptais bien célébrer la nouvelle année dans le froid et le calme. J’allais profiter des pistes de ski ainsi que du décor de la montagne que j’appréciais énormément malgré les apparences. Nous avions pris la route de nuit à bord de ma Chevrolet camaro. Nous nous étions partagé le volant à mi-chemin, les huit heures de trajet se firent tranquillement, nous nous étions contenté de discuter, d’écouter du rap tout en fumant des joints et de dormir un peu, chacun son tour, évidemment. Une fois arrivé à destination, le propriétaire nous avertissait immédiatement que suite à un manque de place, les personnes ayant demandé un chalet seul, se retrouvaient regroupées. « Génial. » laissais-je échapper tout en reprenant la route jusqu’au chalet en question. Toutefois, ce n’est pas un simple chalet que nous découvrions mais plutôt un château ! Plus sérieusement, ce dernier était immense. Une fois sortie de la voiture, je ne pouvais qu’admirer ce que je trouvais devant moi, c’était comme regarder une carte postale. « Ça en jette. » Lançais-je sourire en coin tout en tournant mon regard vers mon meilleur pote. Je balançais ensuite mon sac derrière mon épaule puis me dirigeait vers la porte d’entrée, y passait la clé dans la serrure avant de tourner celle-ci. J’entrais donc le premier à l’intérieur du chalet et m’avançais doucement au milieu de la pièce, sifflant tout regardant ce qu’il se trouvait autour de moi. « Putain ! Ils ont pas lésiné sur les moyens. » Je constatais également que nous étions les premiers arriver. Tant mieux, j’allais pouvoir visiter tranquillement les lieux. « Mec, j'sais pas toi, mais si déjà on est les premiers à débarquer, moi j’vais réserver ma chambre. » Je disparaissais dans les escaliers, puis allais ouvrir une à une les portes qui se trouvaient sur mon chemin à l’étage. J’avais compté six chambres, et deux salles de bains. Je prenais évidemment la chambre avec le plus grand lit, comme si j’allais me gêner. Je déposais mon sac ce dernier, puis redescendais en bas. J'y découvrais le salon, puis la cuisine avant d'ouvrir la baie vitré qui menait à la terrasse. Je lâchais un petit cri d'étonnement. « Han ! Bro ! Y’a un putain de jacuzzi ! »

J'ignorais si passer le nouvel an à Macon était une bonne idée, en vérité. J'avais cru, au départ, que m'éloigner un peu de Miami et de tous mes problèmes me serait bénéfique, d'autant plus que ma mère avait accepté de garder Charlotte pendant quelques jours. J'avais énormément de chance de l'avoir, elle et mes soeurs, honnêtement. Sans elle, je ne m'en sortirais pas. Ma mère ayant eu six enfants se débrouillait beaucoup mieux que moi avec les bébés. Mais depuis mon inscription, il y avait eu mes soucis avec Hannah, le fait qu'elle ait embrassé Enaël et puis son accouchement... Tout avait été chamboulé. J'étais sans cesse énervé, et je craignais que cela gâche mes vacances. Enfin... J'arrivais au chalet après plusieurs heures de route et les propriétaires vinrent directement m'informer, alors que je sortais mes affaire du coffre, que j'avais été regroupé avec d'autres personnes seules à cause d'un manque de chalets. Génial. Parce que je devais encore en plus me coltiner des gens dont j'ignorais l'identité ? Manquait plus que ça. Je me calais contre la portière de ma voiture —je n'avais même pas le permis et le moteur fumait de temps à autre— et fumai une cigarette. J'étais très énervé. En plus, il faisait extrêmement froid. J'avais passé toute ma vie au Mexique et je n'étais pas franchement habitué au climat montagnard. D'ailleurs, je n'avais jamais posé un pied sur un ski et j'espérai ne pas avoir à le faire. En soupirant, je me dirigeai vers la porte d'entrée.

Je découvris à l'intérieur du salon quatre garçons qui ne m'étaient pas tous inconnus. Il y avait un brun que je ne connaissais pas mais qui était plutôt mignon. Il y avait aussi Noah, que je connaissais seulement de vue, et Wayne. Super. Il fallait évidemment que je tombe dans le même chalet que le type qui avait mis enceinte ma copine ! Nous ne nous étions pas reparlé depuis l'annonce de cette grossesse, et même si j'avais accepté cette situation, cela me faisait bizarre de revoir Wayne. C'était le père de Carter et je devais admettre que j'avais peur que cela ne nuise à ma relation avec Hannah. Elle avait un enfant avec Wayne et pas avec moi... Enfin. Je posai mes affaires dans l'entrée et rejoignis les autres. Je serrai la main de tous, y compris de Wayne comme si de rien n'était et me servis une bière comme les autres dans le frigo. « A la votre. Vous vous appelez ? » demanda celui dont j'ignorais l'identité. Il était définitivement très mignon. « Moi c'est Bellamy » lâchai-je un peu brutalement. Mon accent trahissait mes origines. Mi-anglais, mi-hispanique, un étrange mélange. Je me dirigeai ensuite vers la porte fenêtre, l'ouvris, et déclarai, avant de sortir : « J'vais m'en rouler un. Si quelqu'un est chaud... J'paye ma tournée ».

C'était plus fort que moi. Je ne pouvais pas m'empêcher de tirer plus ou moins la gueule. Et ça n'était même pas la faute de Wayne. J'avais juste... trop de soucis en même temps. D'habitude, je m'en foutais, me disait que ça passait avec le temps. Mais là, tout se cumulait. Mes ennuis avec Cassidy, l'espèce de tromperie d'Hannah, la naissance du petit, et enfin cette histoire de texto... Bref, ma relation avec Hannah était au plus mal et je devais admettre que ça me sapait toute mon énergie. J'avais juste envie de me poser en terrasse avec un petit joint, et de passer la journée là. Je n'avais jamais vu de montagne de ma vie et pourtant je ne ressentais aucunement l'envie de bouger mon cul. Je détestais être comme ça. Quand j'étais énervé, ou plutôt ronchon —oui, ronchon était exactement le mot qui correspondant—, rien ne pouvait me faire changer d'état d'esprit. La présence de Wayne ne changeait pas grand chose. Je n'étais pas en colère contre lui, c'était simplement un peu gênant de se retrouver avec le père de l'enfant de ma copine dans la même pièce. Enfin, c'était pas le moment de discuter. Peut-être plus tard. Je me contentais de serrer la main de tous et de répondre de façon égale quand on me demanda mon prénom. Bizarrement, l'inconnu (enfin, Orel), le complimenta : « sympa comme prénom, c'est original ». Je levai un sourcil interrogateur. Il me souriait. Vraiment mignon, y'avait pas à dire. Mais aimait-il les hommes aussi, ç'aurait été dur à dire.

N'ayant pas vraiment l'envie de me socialiser, je déclarai que j'allais m'enfumer un peu dehors, mais que tout le monde était le bienvenu. Orel fut de suite partant. Alors que je sortais par la porte fenêtre, je l'entendis qui déclarait : : « Je sens qu'on va bien s'entendre ». J'allais m'installer sur un fauteuil, près de l'énorme poêle qui chauffait la terrasse. Je ne savais pas si Noah et Wayne allait venir, mais de toute façon, je m'en fichais. Je n'avais rien contre Wayne, mais j'ignorais s'il savait cela. J'étais juste... chafouin, oui, c'était le mot. Je sortis mon sachet, mes feuilles et mon tabac, puis commençai mon oeuvre. Orel vint s'assoir non loin de moi, et Wayne et Noah vinrent peu après. « Ils ont pas lésiner sur les moyens en tout cas. » déclara mon nouvel "ami". Je ne répondis rien. Ce n'était pas trop mon genre de parler quand il n'y avait justement rien à dire. Je trouvais que ce gigantesque poêle était assez représentatif desdits "moyens". Je sentais néanmoins le regard d'Orel sur moi, et cela me mettait presque mal à l'aise, pour une raison que j'ignorais. Alors que je léchai ma feuille doucement, il continua à parler. « Alors, vous faites quoi dans la vie ? Vous avez l'air de tous bien vous connaître, j'ai l'air con à côté » Un rire cynique faillit m'échapper. Se connaître bien, oui, on pouvait dire cela... C'était surtout ma copine que Wayne connaissait très intimement, surtout. Cette pensée me fit sourire, mais j'essayai de ne rien montrer. « Étudiant, psycho » fis-je d'un ton neutre tandis que j'allumai le joint. Je tirai quelques taff avant de continuer. « T'inquiète pas, on se connait pas tant que ça au final » dis-je du même ton. Y'avait aucun sous-entendu derrière ma phrase. C'était la pure vérité : je n'avais jamais parlé à Noah de ma vie ; quant à Wayne, cela faisait des mois que nous ne nous étions pas adressés la parole. « Il est bien chargé » précisai-je en passant le joint à Orel.

J’étais persuadé que malgré la présence de Bellamy, j’allais passer un bon séjour dans cette ville. Quand bien même si ça restait tendu entre nous, j’avais confiance. Le chalet était assez grand, nous n’aurions pas de mal à nous éviter. Et puis de toute manière, je n’allais pas rester à l’intérieur toutes mes journées. Je n’étais pas là pour ça. Même si je comptais bien profiter de ce magnifique jacuzzi. En compagnie de quelques ravissantes demoiselles, ça serait encore mieux. Mais je n’avais pas peur pour ça. Je ne doutais pas de mes talents de prédateurs. Elles tombaient toutes dans mes filets tôt ou tard. Le nouvel an n’allait que faciliter ma tâche. L’alcool allait couler à flots, ainsi que la drogue. Rien que le fait d’être dealer attirait le bétail, alors j’espérais que toutes les chances allaient être de me côté. Cependant, je ne parlais pas trop vite pour autant. La roue avait une fâcheuse tendance à tourner, et ce n’était pas en ma faveur la plupart du temps.

Orel rejoignit immédiatement Bellamy tandis que Noah m’annonçait que tout allait bien se passer tout en me tapotant l’épaule. Il était bien évidemment au courant de toute cette histoire avec Hannah et Bellamy, même s’il ne le connaissait pas vraiment. « J’en doute pas. » ajoutais-je simplement. Je buvais une gorgée de ma bière. « Allez viens.. » Je m’ordonnais, nonchalamment. « Ouais. » répliquais-je après la remarque de Noah tout en rejoignant les mecs. Bellamy s’afférait déjà à faire son joint, et je m’asseyais suivis de mon meilleur pote. Je posais ma bière sur la table basse face à nous, puis farfouillais dans mes poches afin de me rouler également un stick de beuh. Je n’allais assurément pas accepter l’offre du jeune homme concernant « sa tournée ». Je me roulais rapidement un carton lorsqu’Orel pris la parole. J’acquiesçais tout en lâchant un petit « hm hm » approbateur. Je levais mes yeux et remarquais que ce dernier scrutait attentivement le jeune papa. Pour autant, je ne l’ouvris pas et me contentais d’observer tout en roulant mon stick. « Alors, vous faites quoi dans la vie ? Vous avez l'air de tous bien vous connaître, j'ai l'air con à côté » Je tassais mon bedo tout en levant à nouveau mon regard vers ce mec. Il avait rapidement cerné que Bellamy et moi-même avions un passé en commun. Il était observateur. J’écoutais attentivement la réponse de mon ancien pote. Au moins, j’étais fixé. Et j’étais bien content qu’à ce niveau, il était comme moi. Nos vies privées et spécialement nos petites histoires ne regardaient personne. « J’suis tatoueur et j’possède un garage avec le gros tas, la. » balançais-je en désignant d'un coup de tête Noah. J'allumais ensuite mon joint. Je passais ce dernier à Noah au bout de la troisième taffe. Enfin, je me redressais pour prendre ma bière, et y boire une gorgée.