Il pensait réellement exciter Derek en lui racontant tout cela : lui-même avait pris beaucoup de plaisir à le faire, et pas du tout comme le milliardaire l’entendait. Ce genre de cours était très professionnel au contraire : s’il avait enlevé sa chemise et avait montré uniquement son torse nu, c’était le bout du monde ! Jamais il n’avait eu à enlever ses autres vêtements ou se prêter à un jeu malsain, bien au contraire : les débuts avaient même uniquement consisté à parler. Parler pour comprendre comment faire monter l’excitation, quels instruments utiliser, quelles musiques étaient les plus conseillées, et comment pimenter le tout. Il s’y était beaucoup amusé et avait même fait quelques rencontres sympathiques, mais le tout dans une ambiance bon enfant…
A des lieux de ce que Derek imaginait et lui confia, d’une voix sourde de jalousie. Son visage s’était fermé et il avait même repoussé son assiette, ce qui était plutôt mauvais signe. Aussitôt sur le qui-vive, ne comprenant pas où était le problème, Thompson le regarda avec stupéfaction, cherchant à comprendre ce qu’il se passait.
« D’anciennes amies…. ? » murmura Thompson en écho, ayant du mal à faire la relation.
Et comme si cela ne suffisait pas, le milliardaire enchaîna en disant qu’il ne voulait surtout pas le voir danser pour lui ! Alors que cela faisait trois semaines que Thompson avait tout préparé pour cette soirée unique de la Saint-Valentin, voilà que le principal concerné refusait son cadeau ??? Du moins une partie de son cadeau, mais c’était elle qui faisait tout et… Bon sang, il s’était démené, pensant réellement lui faire plaisir ! Où était donc le mal à vouloir se perfectionner pour son homme ?
Cela dit, c’était encore rattrapable : Thompson allait s’expliquer, lui faire comprendre qu’il se faisait des illusions et que jamais il ne s’était ‘trémoussé’ devant d’autres personnes, quand le milliardaire eut les mots de trop. Ceux qui rabaissèrent Thompson au rang d’assisté et de parasite… Ceux qui lui rappelèrent qu’il utilisait l’argent d’un autre parce qu’il était incapable de s’assumer lui-même.
Mais pire que cela, ce fut soudain comme si Derek était en train de dire que c’était lui, et lui seul, qui tenait les cordons de la bourse ! Alors quoi ? Thompson devait-il demander son avis à Monsieur avant de prendre quelques pièces dans la trésorerie ? Etait-il dépendant à ce point, pire qu’un enfant que son père grondait ?
L’humiliation était telle qu’il baissa la tête, devenant rouge pivoine.
Il eut soudain la vision atroce, mais presque réaliste, de la pute qui attendait son client dans sa chambre d’hôtel, entretenue comme une poupée mais n’étant qu’un jouet parmi d’autre… Pour une Saint-Valentin, c’était réussi.
Et quand il prit la parole, ce fut d’une voix terriblement froide mais étrangement posée :
« Soyons clairs : je n’en ai jamais fait à l’époque parce que mes clientes étaient uniquement des dames qui n’attendaient pas ce genre de service. Tu as été le seul homme et je ne crois pas t’en avoir jamais fait. Ensuite, non, je ne suis pas en relation avec d’anciennes « amies » pour la simple et bonne raison que je n’avais quasiment pas d’amis à l’époque et que je n’ai aucune nouvelle d’eux. Je ne me suis jamais déshabillé, juste ma chemise, parce qu’il s’agissait de cours théoriques, très professionnels et encadrés. Rien de malsain, sale ou dégoûtant : je sais quand même faire attention à ça, mais encore une fois j’admire ta confiance en moi. Mais c’est enregistré : je ne danserai pas pour toi. Ni ce soir, ni jamais. »
Il reposa sa serviette sur la table à côté de son assiette et se releva, avant de toiser Derek, posant sur lui un regard empli d’une colère froide :
« Enfin je suis désolé d’avoir utilisé ton argent « comme bon me semblait ». Je croyais encore être un homme libre, adulte et responsable, et je croyais que cet argent, tu me l’avais donné sans exiger de compte-rendu détaillé par la suite. Encore une fois, je me suis trompé à ton égard. Alors c’est bien simple Derek : moi je comptais passer une soirée de la Saint-Valentin en amoureux, te faire plaisir en dansant devant toi et en t’offrant une belle soirée, mais visiblement, tout ce que tu cherches, c’est une pute capable de t’obéir et de se comporter de façon respectable. Tu iras donc la chercher là où tu m’as trouvé, et tu iras te faire foutre avec elle. »
Il n’avait absolument pas haussé le ton, pas un seul instant : il fallait croire que cette fois-ci, il était réellement blessé.
Il s’écarta de la table pour se rendre dans l’entrée de la suite d’un pas pressé, prit sa veste sur le porte-manteau qu’il ne prit même pas la peine d’enfiler avant de se ruer dehors en claquant la porte, bien décidé à passer cette soirée de la Saint-Valentin loin de cet abruti de Derek !