J'attendais de ma soeur de la compréhension, du soutien. Je pensais qu'elle serait la seule de mes frères et soeurs à comprendre, en réalité. Je savais que Nessa hurlerait quand elle le saurait, que déjà la première étape de "j'ai une copine" serait compliqué à passer, alors le "elle est enceinte" je n'arrivais même pas à l'imaginer. Avec Dani, ça avait été plus simple dans mon esprit de l'imaginer, d'où le fait que c'est à elle que je me propose de lui dire en premier. J'avais réellement pensé qu'elle serait à l'écoute. Au lieu de cela, j'étais assez déçu. En effet, elle prenait tout de suite la situation mal et me demandait si je connaissais les capotes, chose qui me fit sortir de mes gonds. J'ai toujours été comme ça faut dire, je ne supporte pas qu'on me reproche quelque chose que j'ai fais car j'ai toujours l'impression de faire tout ce qu'il faut. Je suis très têtu, tout comme elle, alors forcément qu'elle m'envoie un reproche en pleine poire, ça ne passe pas bien tout de suite. Je lui réponds du tac au tac et sans peser mes mots, en bon Tate que je suis. J'aurais bien pu quitter le café mais je ne voulais pas faire de "buzz" et surtout l'avis de ma soeur était très important pour moi, tout de même, et je voulais qu'on finisse par trouver un terrain d'entente. Je ne réussirais pas à sortir d'ici sans cela. Bien que je pris la défense de Maëva parce qu'elle le méritait et que c'était plus fort que moi, si je le dis à ma petite soeur maintenant c'est pour qu'elle le comprenne. Alors, elle finit par me dire que c'est simplement parce qu'elle ne veut pas me voir souffrir, se renfermant comme une huitre, bras autour d'elle. Je souris alors tout à coup. J'étais soulagé de comprendre qu'elle n'était pas complètement contre l'idée que j'ai Maëva dans ma vie, quand même. « je sais mais.. de toute façon.. toute vie connaît sa fin tu sais.. je dois t'avouer que je préfère ne pas y penser. » lui soufflais-je. C'est vrai que la mort de Maëva était une chose qui m'était juste impensable et pourtant.. possible. Mais je préférais profiter jour après jour d'elle sans me priver en gâchant rien qu'une minute à imaginer cette chose horrible. « je vis au jour le jour avec elle, j'essaie de ne pas imaginer demain. Je la force à se reposer, à manger correctement, je fais tout ce que je peux pour qu'elle s'en sorte. Je garde espoir, parce qu'il y en a. » lui avouais-je ensuite alors avec un petit sourire. Je savais que c'est ce qu'elle voulait entendre, sans me le demander. « Au pire, vous êtes là, non? » soufflais-je la regardant, soutenant son regard.

Ma petite soeur s'inquiète pour moi, quoi de plus normal. Je viens de lui annoncer que j'avais une petite amie, qu'elle avait le cancer, qu'elle était enceinte et en avait perdu un sur les deux. Normal qu'elle s'inquiète. Elle ne voulait pas me ramasser à la petite cuillère, elle ne voulait pas me voir souffrir. Il n'y a rien de plus légitime que ça. Je souriais. Nous étions très possessif tous et pourtant, nous faisions des efforts. J'acceptais qu'elle veuille déménager, avoir un chez elle, loin de moi, comme Levi et Nessa. Je prenais sur moi, car mon rêve aurait été qu'on soit tous réunis. D'une certaine manière, Dani me certifiait que nous l'étions et que je n'avais pas fais tout ça en vain et.. ça me confortait un peu. Puis elle me dit avoir quelque chose à me dire, avec toutes ces confessions. De toute façon, je soutenais que ma petite soeur pouvait tout me dire. Je sais que souvent j'ai des réactions un peu.. Tate mais tout de même. Elle me parlait d'un mystérieux numéro qui la suit depuis quelques temps, qu'elle pensait que c'était Ricardo qui la harcelait mais maintenat elle n'en est plus si sûre. Même si elle a changé de numéro depuis, elle pensait que c'était maman. Je me relevais doucement, fronçant les sourcils. « Pourquoi Maman chercherait à te joindre? » dis-je alors sur le coup. C'est vrai ça, elle n'avait jamais cherché à savoir comment on allait depuis que les services sociaux étaient venus nous chercher, ni avant d'ailleurs. Je n'avais jamais eu de mère à proprement dit, ni de père. C'était la même pour chacun de mes frères et soeurs. « Et si c'est elle, tu ferais quoi? Elle n'a jamais été là pour nous Daniella, et ça depuis notre premier cri.. Je ne vois pas pourquoi elle voudrait être présente aujourd'hui. Ou alors c'est parce qu'elle a besoin d'argent, ou d'un truc en tout cas. De nous pourrir la vie, peut-être que ça lui manque.. » soufflais-je. Si j'avais peur d'être père aujourd'hui, c'est bien à cause d'elle en partie. J'avais peur que mon enfant ait des aussi mauvais parents que je pouvais avoir eu. Même si bon fallait vraiment pousser, c'était une vraie compétition. Mais je sais au fond de moi que jamais je ne pardonnerais ni à ma mère ni à mon père ce qu'ils m'ont fait subir, je sais que jamais ils ne m'atteindront. « Je ne veux pas qu'elle arrive à t'atteindre, encore. Toi ou Nessa ou Levi d'ailleurs. Alors si c'est elle, ne te laisse pas avoir. » lui dis-je. « Et si tu as besoin de moi pour faire quoique ce soit ou n'importe quoi, tu sais que je suis là. » J'étais très reconnaissant pour Dani de m'avoir écouté et surtout compris malgré tout aujourd'hui.