Nous jouions tous les deux sans se soucier du reste. Pendant un moment, je m'étais même sentie renaître de très loin, cette sensation qu'une vague de la "vraie moi" était revenue. J'avais cette flamme qui commençait à battre tous le champ de mine qui s'était installait au plus profond de moi, tout doucement. Même si c'était infime et je le sentais, c'était quand même là et mon dieu que ça faisait du bien. Même si mon cou se rappelait à moi au même moment, comme si il voulait rappeler que la douleur était quand même bien là et repousser du terrain contre la vraie Louise, je ne le laissais pas faire et continuais ce jeu, avec Jason. Même si ça semblait un moment banal, justement c'est ça qui me faisait du bien. Nous étions là sans tensions, sans peurs, sans tabous. Avec Jason, j'avais l'impression que la Louise habituelle voulait se battre pour venir à lui, parce qu'avec lui elle n'avait pas peur d'être elle. Elle ne se cachait derrière rien, elle n'avait peur de rien. Alors nous continuions le jeu malgré tout. Le mime d'après était un peu complexe et je ne trouvais pas tout de suite, malgré les multiples essais de Jason, qui me firent limite rire en fait tellement il voulait que je trouve. Quelques minutes plus tard, je trouvais enfin après avoir dis un bon tas de bêtises. Voilà c'était ça, passer du bon temps avec quelqu'un, avec des choses aussi bêtes soient-elles qu'un Time's Up ridicule pour passer du temps ensemble, sans prises de tête. C'était ça qui me faisait du bien. Mais vint un moment où mon ventre se rappelait à moi, que la bonne odeur venant de la cuisine appelait. En même temps Jason proposa d'aller manger, ce qui tombait très bien. « oui bonne idée » dis-je caressant doucement ce ventre qui me rappelait à l'ordre et qui était un peu gênant. Je ne mangeais pas vraiment ces temps-ci, faut dire. Alors mon cerveau avec cette bonne odeur évidemment, il sautait sur l'occasion. Nous allions sur le bar américain et je servais la bonne cuisine que nous avions fait encore tous les deux que nous allions déguster à présent. Comme quoi, ce n'est pas si difficile de passer du bon temps avec quelqu'un de toutes les façons possibles. Je prenais la première bouchée et c'était vraiment délicieux, mon ventre me remerciait. Ce silence était bienvenue, car je me régalais. Sans réfléchir, je relevais une de mes manches qui fit apparaitre un de mes bleus au bras. Vite, je rebaissais cette dernière alors que Jason prit la parole. Je ne relevais pas ma fourchette à ma bouche tant qu'il parlait, parce qu'il faudrait peut-être que je réponde. Mais après avoir entendu ce qu'il venait de dire, je me mis à penser que j'aurais préféré qu'il ne dise rien. Je regardais ailleurs, sortant mon regard du sien d'un coup. Je posais ma fourchette pour faire rejoindre mes mains, regardant dans le vide. Puis je repris ma fourchette en me rendant compte de ma réaction physique à la chose qui traduisait mon ressenti. Alors quoi? Il regrettait son geste? Moi qui pensait que, comme la dernière fois et première fois où il l'avait fait, nous n'en parlerions pas, que ça se passerait bien, qu'on mettrait ça de côté sans pour autant l'effacer parce que l'un comme l'autre ce n'était pas une chose qu'on puisse regretter, même s'il était censé être en couple. Cela resterait entre nous, bien scellé, ainsi que nos échanges si naturels et.. tout ce qui faisait qu'on était "nous" en fait. Là, j'avais l'impression que tout cela volait en éclat et je me mettais à repousser cette boule qui se créait dans ma poitrine, regardant mon assiette. Sans que je m'en rende compte, une larme coula dans cette dernière. Je levais ma main libre sur ce dernier oeil, humide, que j'essuyais et je clignais des yeux pour ne pas laisser une copine la suivre. Il fallait que je parle, que je dissimule tout ça. « je ne pensais pas qu'on en parlerait.. » soufflais-je alors sans pour autant le regarder parce que là, je n'en avais pas la force. « Je commençais un peu à sentir que la vraie Louise revenait là ce soir avec toi et je.. je me rend compte que c'est moi qui devrait m'excuser pour ça. » dis-je essayant d'affronter son regard, mais à peine les yeux posés sur les siens cette boule dans ma poitrine revenait en force et par réflexe je posais ma fourchette, me levait, tournant la regard tout ça à la fois. « je suis désolé je reviens » dis-je très rapidement allant me réfugier dans ma salle de bain, les larmes coulant. Je me laissais tomber contre le mur de ma salle de bain, retirant ce qu'il y avait autour de mon cou qui me faisait mal à présent. Je levais le regard vers le miroir qui était malgré moi face à moi et je lançais mon écharpe sur ce dernier miroir, me détestant encore une fois face à ma propre vue, je me mettais de côté, mes genoux contre moi-même, malgré la douleur des bleus qui faisaient surface, je les supportais, comme si je le méritais, comme si je méritais d'avoir mal après tout. Les larmes coulaient et elles avaient besoin de couler en silence. Je sentais la douleur reprendre du terrain. J'attrapais ma serviette de bain, la seule chose qui était à portée de main pour essuyer mon visage, il fallait que j'arrête ce cirque. Je m'étais encore laissé porter, laissé avoir par cette chose bête que je pourrais ressentir. Que ce soit avec Noah ou avec Jason, ça revenait toujours au même, j'avais mal. je ramenais mes jambes en les croisant et j'entourais mon ventre de mes bras, me penchant en avant comme pour faire partir cette douleur dans le ventre et pouvoir me relever plus forte mais j'avais du mal. Néanmoins, il le fallait car la raison de tout ça était dans ma cuisine et il fallait que je l'affronte. Au final, c'était la mauvaise partie de la vraie Louise qui faisait surface à présent, celle qui est impénétrable, après même que ce soit Jason qui ait réussi à la mettre de côté. Je me relevais, passant encore ma serviette sur mon visage, retouchant rapidement mon fond de teint et ramenant mon écharpe autour de mon cou, sans me regarder dans le miroir et je ressortais de la salle de bain. Je prenais mon assiette parce que, je n'avais plus faim et je mettais son contenu dans un bac en plastique pour le mettre au frigo. « je comprendrais si tu voulais.. partir, après ça. Il ne faudrait pas que je te cause des ennuis pour.. enfin pour rien. » dis-je alors aussi neutre que je le pouvais. Car en s'excusant, c'était bien la preuve qu'après tout tout ça, c'était rien, et vain. Qu'il fallait l'excuser et l'oublier. Alors soit.

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J'étais parti dans la salle de bain, ne pouvant plus tenir son regard. Sa phrase avait été de trop. En général, j'aurais cru qu'on en parlerait pas du tout. Qu'on garderait ça en secret, entre nous, et que tout continuait comme si de rien était. Faut dire que le sentiment de retrouver la vraie Louise tout au fond du fond de moi-même m'avait donné l'espoir qu'il serait celui qui arriverait à ce résultat, cette chose que je n'avais pas ressenti depuis l'agression. Mais au moment où il avait prononcé cette phrase, tout avait été balayé d'un seul coup. J'avais été obligée d'aller me cacher dans la salle de bain, pour faire passer ce sentiment d'horreur qui m'avait subitement prise de tout mon long. J'en étais ressortie, après m'être essuyée le visage et un peu arrangée histoire que ça ne se voit pas trop - même s'il avait dû aisément deviner mais tant pis - et je redevenais la jeune femme qui lui avait ouvert la porte. Je débarrassais mon assiette, lui disant qu'il pouvait partir s'il le voulait, que je comprenais. Là, il se rejetait la faute que je me lançais si rapidement. Je levais doucement le regard vers lui, même si j'avais toujours aussi peur de l'affronter. Mais là, il avait l'air vraiment désolé. Je l'écoutais attentivement. Il me disait que c'était plus fort que lui, quand j'étais là près de lui. Il voulait en parler, finalement, alors parlons-en. Ce n'est pas du tout mon truc de discuter de choses pareilles, mais en général c'était plus simple avec Jason. D'une certaine manière, c'est lui qui m'avait appris à le faire, à oser. Lui baissait les yeux, c'était son tour. Il tricotait ses doigts en me disant qu'il avait envie de m'embrasser. Je m'appuyais contre le meuble de cuisine, ayant du mal à croire ce que je venais d'entendre. Je fronçais légèrement les sourcils, ayant peur de comprendre la chose. Il me dit qu'il avait envie de me donner cette tendresse, cette douceur, de tout me donner, parce que je le mériterais. Sur le coup, je bus un peu ses paroles. Cela me réconfortait, me réchauffait même. Mais la phrase d'ensuite me fis complètement changer d'avis. Ne dis pas ça soufflais-je alors parlant de ce qu'il venait de sous entendre en disant qu'il voulait rester fidèle le temps qu'il serait en couple, ce qui sous-entendait donc qu'il ne le serait plus bientôt. Je le regardais bien dans les yeux, j'étais sincère sur mes paroles, vraiment. Jason tu es quelqu'un de réfléchi, de sincère, tu viens de m'en donner la preuve. Si tu es avec elle ce n'est sûrement pas pour pouvoir être aussi futile que ça ensuite, ce n'est pas possible, ce n'est pas toi. dis-je alors, malgré moi. J'ai toujours vu Jason comme quelqu'un de très sincère, de réfléchi dans ses actes. S'il a décidé de se mettre en couple avec elle, c'est qu'il est amoureux d'elle, que ce n'est pas une femme comme les autres. Et... malgré toute l'envie que j'ai à croire ce que tu dis et ce que tu sous-entends sûrement malgré toi.. je ne peux pas te laisser faire ça. Je ne mérite pas ça et surtout elle ne le mérite pas.. Après.. si ça ne va plus avec elle que.. je ne sais pas moi.. soit. Mais je ne veux pas être responsable de ça. lui soufflais-je alors. Si tu es avec elle c'est parce qu'elle mérite un mec comme toi.. et même si je l'envie beaucoup à t'avoir.. je ne penserais pas une seconde à la faire souffrir en essayant de.. de t'avoir pour moi. lui avouais-je alors. Il voulait en parler, alors qu'on en parle, là, je vidais mon sac à vrai dire. C'était étonnant, venant de moi. Mais la perte soudaine de cette petite flamme de Louise devait en être pour beaucoup. Ensuite.. si on est parti pour être vraiment sincère sache que j'aurais très envie que tout ça soit.. disons réel. J'ai aussi souvent envie de t'embrasser, d'être avec toi, j'adore être avec toi je me sens.. j'ai l'impression que je peux être moi avec toi que tu ne vas pas m'abandonner et pourtant je.. je ne peux pas. Alors voilà pourquoi c'est moi qui suis désolée. conclus-je alors, sans le lâcher du regard un seul instant. C'est un peu comme si j'étais maudite, à vrai dire. lâchais-je finalement baissant le regard, me redressant à l'aide de mes mains contre le meuble derrière moi. Mais je ne t'en veux pas.. je ne t'en voudrais jamais. dis-je allant vers le salon. Bon alors, je t'avais promis une chanson, non? exclamais-je, changeant totalement de sujet.

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Je chantais, ma guitare contre moi. Je chantais pour lui, lui qui me regardait juste près de moi, qui avait l'air de tout oublier tout à coup de tout ce qui avait pu se passer jusque maintenant, comme si nous étions ailleurs, sur une autre planète, loin de tout, comme si rien de ce qui nous entourait n'existait. Pourtant moi, essayant de me concentrer au maximum sur ma chanson, je repensais à tout ça, je n'arrivais pas vraiment à fuir tout ça. Je chantais aussi pour moi, pour me faire du bien, pour tenter justement d'oublier, de tourner la page, d'avancer en somme. Pourtant, rien y faisait. Même si par moments je parvenais à me dire que nous étions là tous les deux bien installés et que ce moment était quand même magique après tout, la réalité me rattrapait. J'essaie de me retrouver, ces derniers temps, de mettre les choses au clair. Je l'avais fais avec Noah, d'ailleurs les images repassaient en boucle dans mon esprit. Je le revoyais distant avec moi, essayant de vouloir me convaincre que je devais me sentir en sécurité avec lui alors qu'il n'en était rien. J'entendais ses mots me disant d'avancer sans lui, qu'il ne parviendrait pas à me donner ce qu'il me fallait, qu'il préférait me voir ailleurs, même si ça devait lui faire mal que de me voir souffrir à ses côtés. Tout à coup il avait été proche, et là je m'étais sentie en sécurité. Pourtant, s'il y a quelqu'un avec qui je ne cesse de me sentir forte c'est bien avec celui qui était en ce moment même à mes côtés, et qui pourtant ne voulait pas plus de moi que Noah. Je pensais alors à un tas de choses en même temps, m'embrouillant l'esprit, j'arrêtais de chanter tout à coup, sans m'en rendre compte. Je le regardais, sans savoir quoi dire. Je ne pouvais pas reprendre, il s'était aussi aperçu que je m'étais arrêtée de chanter. Désolé soufflais-je alors. Je lui souris doucement, baissant mon regard vers le bas. Je serrais mes lèvres, caressant ma guitare. Je n'avais plus envie de chanter. Je repensais à une phrase qu'il avait dit plus tôt, et qui me trottait vraiment vraiment. Il disait lui falloir du temps, et en même temps que si tout allait bien dans son couple il ne m'aurait jamais regardé comme il le faisait. En gros, tout ça n'était pas vraiment réel, dans le sens où il n'était pas vrai. Si ça existait, c'était juste parce qu'avec sa copine ça n'allait pas. Chose que je pouvais aisément comprendre, mais difficilement accepter. Je croisais l'heure en regardant ailleurs, remarquant qu'il était tard déjà dans la nuit. Je.. enfin tu devrais rentrer, non? lui soufflais-je osant retrouver son regard, qui me faisait un peu mal désormais. Merci d'avoir été là ça.. ça m'a fait du bien. c'était vrai.. et faux à la fois. Mais bon, il fallait quand même le dire parce qu'il me faisait toujours énormément de bien, je me sentais plus forte à ces côtés quoiqu'il en soit. Je me rendais compte que je le mettais un peu à la porte à présent. enfin si tu veux rester tu peux, c'est qu'il est tard et que.. tu as sûrement des tas de choses à faire demain. lui soufflais-je alors m'arrachant un petit sourire pour lui. Je préférais que tu restes, je ne veux pas te mettre à la porte. ajoutais-je. Je ne voulais pas qu'il croit que je voulais qu'il s'en aille. Je suis comme ça, bien qu'on me fasse du mal je ne veux pas m'en passer.

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