La proposition de Daniel m'étonna grandement, mais la surprise était égale à la joie que son offre me procurait. Je vivais seule, et je n'avais plus aucun soutien autour de moi. Sebastian m'avait lâché, comme je m'y étais attendue ; Lily-Anne et Violette avait coupé les ponts avec moi depuis que j'avais annoncé que Derek était le père de l'enfant. Quant au reste... Disons que je m'étais rendue compte de ce que valait mon amitié aux yeux des gens. Pas que cela me fasse souffrir, au contraire. Ces gens, qui prétendaient être mes amis, ne l'était pas du tout en vérité, et j'étais contente de savoir que désormais je n'aurais plus besoin de faire le moindre effort pour eux. Néanmoins, se retrouver seule du jour au lendemain me faisait un drôle d'effet. Maintenant, il n'y aurait plus que moi face au reste du monde. La phrase tournait dans mon esprit toutes les nuits où le sommeil ne me trouvait pas. Moi et ce gosse. Parfois, l'angoisse me retournait les tripes. Qu'est-ce que j'allais faire ? L'unique argent que je possédais était celui de ma richissime famille, celui de mon père. Père qui allait me couper les vivres quand il apprendrait que j'avais un gosse. J'avais bien évidemment soigneusement évité de lui dire. Plus tard il le découvrirait, mieux ce serait ; mais je n'ignorais pas que ce n'était qu'une question de temps. Je n'étais qu'étudiante, je n'avais aucun travail ; et qu'aurais-je pu faire, avec un enfant à ma charge ? Les problèmes se dessinaient à l'horizon. Il y avait bien Derek, mais... La pension qu'il me donnerait ne suffirait pas à tout. La proposition de Daniel tombait alors vraiment bien. J'étais touchée venant de lui. Je n'aurais jamais cru qu'il m'aiderait de la sorte. C'était la première vraie conversation que nous avions et j'étais surprise de le découvrir aussi impliqué dans mes soucis. « Peut-être que je vais avoir envie de te tuer au bout de 3 jours, mais tu sais, je ne suis pas ici très souvent, alors, installe-toi confortablement dans la chambre d'amis le temps de faire de l'ordre dans ta vie. Et quand bébé sera là, on veillera à ce qu'il ne manque de rien. » me dit-elle. Je souris, sincèrement touchée. « Tu t'installes quand tu veux. J'aviserai mon père de ta présence. Ça ne le gênera vraiment pas. Il n'est jamais là de toute façon. ».

- Daniel, je ne sais pas comment te remercier... Je m'occuperais de la maison, c'est pas grand chose, mais c'est le moins que je puisse faire. De toute façon, je risque d'être coincée ici pendant un bon bout de temps, dis-je avec un petit sourire triste. J'allais devoir m'occuper de l'enfant pendant un certain temps, et ce malgré le fait que je voulais continuer mes études.

L'idée d'habiter ici, avec Daniel, me soulageait vraiment. Néanmoins, je n'étais pas dupe. J'étais quasiment certaine que notre relation ne serait plus la même. Qui voudrait d'une mère ? Surtout que je n'avais pas l'impression que Daniel aime les enfants. Il ne me verrait jamais plus de la même manière. Dans un sens, cela m'attristait. J'avais toujours adoré nos parties de jambes en l'air... Mais bon. Peut-être que cela nous permettrait, en contre partie, de construire une véritable amitié. Et de l'amitié, ces temps-ci, je n'étais pas du genre à en refuser. « Par contre, ne compte pas sur moi pour être présent à l'accouchement. C'est pas trop mon truc et je ne tiens pas à être traumatisé pour le reste de ma vie. » dit-il en riant légèrement. Mon sourire s'agrandit. Daniel m'avait enlevé un sacré poids et j'aurais pu rire d'absolument n'importe quoi tant j'étais soulagée.

- Oh, t'en fais pas ! Si c'était possible, j'aurais aimé ne pas être là à mon propre accouchement ! Rien que d'imaginer, ça me donne la nausée, plaisantai-je.

Je ramassai mon sac que j'avais posé à mes pieds et me rapprochai un peu de Daniel, un sourire sur le bout des lèvres.

- Bon, il faut que je me sauve, j'ai rendez-vous avec le médecin. Mais, en tout cas... Vraiment, merci Daniel, merci d'être là. Je te revaudrais ça, un jour, je sais pas comment, mais je serais là en cas de besoin. Merci beaucoup. On se voit bientôt ?

Je déposai doucement un baiser sur sa joue, serrant sa main une dernière fois, puis sortis de la demeure qui serait bientôt la mienne aussi, pour quelques temps. Je ne revenais pas de ce qui venait de se passer, et je devais admettre que j'en étais toute chamboulée.

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