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 your hesitation speaks to me (blake)

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(#)Sujet: your hesitation speaks to me (blake)  |   Jeu 28 Jan - 23:14

 

your hesitation speaks to me louder than million words
 



Il fallait vraiment que Blake et moi ayons une discussion. Ça ne pouvait plus continuer ainsi ; la situation en devenait risible. Cela faisait des semaines que nous nous évitions, que nous faisions exprès de ne pas nous croiser dans l'appartement, ni à l'extérieur d'ailleurs. Je n'avais aucune idée de ce qu'il devenait, et je n'apprenais que ses faits et gestes par l'intermédiaire d'Aloysia. C'était d'ailleurs cette dernière qui m'avait apprise être enceinte de lui. Il ne m'avait même pas mis au courant d'une chose aussi importante. Dans un sens, je ne pouvais pas réellement le blâmer de se montrer distant vis à vis de moi. Je le comprenais, en un sens. Il avait dû être un peu... brusqué de me trouver dans cet état-là, en cette malheureuse nuit de septembre où j'avais voulu mettre fin à mes jours. Et je savais bien que Blake avait sa façon à lui de réagir face aux choses de la vie. Il fuyait, tout simplement, et c'était précisément ce qu'il avait fait avec moi. Il m'avait fui, évité, ignoré, même pendant la soirée de Nightmare où je m'étais trouvé en face de lui. Je trouvais ça un peu fort, quand même. Je pouvais passer l'éponge sur beaucoup de choses ; je pouvais comprendre le fait qu'il ne soit pas venu me rendre visite à l'hôpital et qu'il soit en colère contre moi, oui, je l'acceptais même. Mais la situation avait trop dégénéré et il fallait que l'on mette les choses au clair. On était amis —j'aurais même été jusqu'à dire qu'il était mon meilleur ami— et colocataires, et pourtant, cela faisait des semaines que l'on ne s'était pas échangé un mot. Alors j'avais décidé de m'asseoir sur le canapé du salon et d'attendre que Blake pointe le bout de son nez. Il ne pouvait pas rester dehors ou dans sa chambre pour l'éternité, sans quoi il allait finir par mourir de faim ou je ne sais quoi. Je le connaissais ; je savais qu'il ne viendrait pas vers moi le premier. Cela ne lui ressemblait pas. Il fallait que j'aille le chercher, et ce n'était pas une partie de plaisir. J'avais envie que l'on s'explique mais je n'étais pas pour autant prêt à discuter de ce qu'il s'était passé cette nuit-là. Et puis, je craignais sa réaction. Il pouvait réagir de façon assez brutale quand quelque chose ne lui plaisait pas. J'aurais juste voulu qu'il sache que je n'étais pas vraiment en colère contre lui et que je voulais juste que l'on passe à autre chose, que l'on passe l'éponge sur tout cela. J'étais prêt à lui pardonner son absence de ces derniers mois. Après tout, j'avais moi aussi ma part de responsabilité dans cette affaire. Je ne pouvais même pas imaginer ce qu'il avait dû ressentir en me voyant là, allongé à moitié mort sur le canapé. Je ne lui avais jamais parlé de la gravité de ma situation, tout simplement car je n'en n'étais pas au courant moi-même, et il avait dû prendre cela comme une claque dans la gueule. Peut-être qu'au fond, sa colère était un moyen de montrer qu'il tenait à moi ? Je n'en savais rien.

Cela faisait bien une heure et demie que j'attendais et je commençais à m'assoupir quand des bruits de pas me réveillèrent soudainement. C'était Blake qui venait de rentrer dans l'appartement, et qui semblait assez surpris de me voir l'attendre sur le pied de guerre. Je me levais rapidement et lui fit face. Il ne pouvait pas fuir. « Salut » fis-je doucement. Nous nous jaugeâmes mutuellement sans dire un mot, et en le regardant ainsi, une colère sourde monta en moi. Merde, j'avais été là pour lui dans ces mauvais jours et lui ne l'avait pas été. Quand même, est-ce que j'étais complètement responsable de ce qui m'était arrivé ? J'avais envie de mourir, ne pouvait-il pas comprendre cela ? « Il faut qu'on ait une discussion. Vraiment » fis-je d'un ton qui ne laissait apercevoir aucune autre possibilité. Alors que j'allais m'asseoir sur le canapé en espérant qu'il me suive, je lançai : « Et mes félicitations au futur papa, au fait » lançai-je d'un ton sec.
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(#)Sujet: Re: your hesitation speaks to me (blake)  |   Ven 5 Fév - 11:55
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Merde.
Merde, merde et re-merde. Des heures après avoir appris la nouvelle, j’en revenais toujours pas. Des jumeaux. On allait avoir des jumeaux. Des jumeaux. Un garçon et une fille. Des jumeaux ?! C’était dingue ! Ouais. Un bébé encore… c’était déjà assez difficile à assimiler… J’avais pris le temps nécessaire. Et je m’y étais fait. A peu près. Mais deux ?! Comment j’allais faire ?! Est-ce que je pourrai m’occuper de deux enfants ? Est-ce que j’en serais réellement capable ?! Le stress était monté d’un seul coup. La solution, enfin plutôt le remède dont j’avais eu besoin immédiatement après avoir appris tout ça, m’était venu directement. J’étais allé boire. Un. Deux. Trois verres. Il fallait bien faire passer la nouvelle. Et c’était compliqué. Malheureusement, ça n’avait rien arrangé et j’étais reparti à peu près dans le même état que j’étais venu. Inquiet. Et pourtant…je me souvenais aussi très bien de ce que j’avais ressenti quand j’avais fait face à l’écran de l’échographie, ne comprenant absolument rien à ce que je voyais, mais appréciant tout de même le moment. Ces gosses, ce seraient les miens en partie. L’inquiétude avait totalement disparu à ce moment-là, remplacée par une sorte de satisfaction et de fierté mélangées que je n’arrivais pas à comprendre encore. Merde. J’avais sérieusement besoin de me poser et de réfléchir à tout ça. Mais pas maintenant.

A peine arrivé, je vis Charlie se lever en me saluant. Oh oh. Depuis le temps qu’on s’évitait même en vivant dans le même appartement, je m’attendais pas à le retrouver là à attendre que je rentre. Enfin si, peut-être que j’aurais dû m’y attendre. Après tout, il fallait bien qu’on l’ait un jour cette discussion. Le plus tard avait toujours été le mieux pour moi, mais on ne pouvait pas toujours tout repousser, ça je l’avais appris à mes dépens. Je soupirais avant de refermer la porte derrière moi.

- Salut, soufflais-je à contrecœur.

Il confirma alors mes soupçons, c’est-à-dire qu’il était bien là à m’attendre pour qu’on ait cette discussion que je redoutais. J’allais demander un supplément de temps parce que j’étais pas en état, pas du tout prêt à avoir ce type de discussion maintenant. Repousser toujours l’échéance, c’était bien mon truc. Mais ce qu’il ajouta me retint de parler. « Et mes félicitations au futur papa, au fait. » Ce n’était pas les paroles en elles-mêmes qui me posaient problème mais bien le ton qu’il venait d’employer.

- Je crois que c’est pas à toi de me reprocher de ne rien t’avoir dit, répondis-je aussi sèchement. Je suis pas le seul à cacher des trucs aux autres dans cette pièce.

Je voulais pas dire ça, je voulais pas que ça se passe comme ça. Mais ça avait besoin de sortir. Je l’avais quand même retrouvé à moitié mort, comment est-ce qu’on voulait que je réagisse à ça ?! Je vivais avec lui et j’avais été incapable de voir quoique ce soit.

- Putain Charlie, tu sais pas à quel point j’ai eu la trouille ! J'ai cru que t’étais déjà mort quand je t’ai retrouvé !

     
acidbrain
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(#)Sujet: Re: your hesitation speaks to me (blake)  |   Sam 13 Fév - 12:27

 

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C'était peut-être pas très stratégique de l'agresser comme ça d'entrée de jeu. Mais je ne savais pas comment réagir autrement. J'étais assez énervé contre lui et, sentiment plus étrange encore, j'étais amer. Je n'étais pas vraiment du genre rancunier, mais là, oui, j'éprouvais une certaine amertume, de la rancune à son égard. Je l'appréciais toujours, et je mentirais si je disais que notre relation d'avant ne me manquait pas, mais... Je sais pas. En le voyant là devant moi, pour la première fois depuis des lustres, j'avais juste envie de lui sauter à la gorge. J'étais bien conscient que je n'avais pas le bon comportement, mais bon... J'arrivais pas à passer outre. Je savais que lui aussi avait dû souffrir, ou du moins ç'avait dû le perturber, et puis il avait eu ses histoires avec Aloysia. C'était pas tant le fait qu'il ne soit pas venu me voir à l'hôpital, c'était plus son comportement vis à vis de moi lors de la soirée de Nightmare qui ne restait en travers de la gorge. Est-ce qu'il pouvait vraiment me blâmer pour ce que j'avais fait ? Il pensait peut-être que je ne m'en voulais pas assez, il voulait en rajouter une couche éventuellement ? Je n'y comprenais rien. J'avais beau avoir l'impression de le connaître, au fond Blake restait quelqu'un de très imprévisible et de difficilement cernable. Blake me lança un regard noir après que je lui ai adressé mes félicitions de façon sèche, alors qu'il ne semblait pas forcément fermé au dialogue quand il m'avait vu au milieu du salon. Je n'aurais peut-être pas dû l'agresser, mais bon... N'étais-je pas en droit de le faire ? « Je crois que c’est pas à toi de me reprocher de ne rien t’avoir dit. Je suis pas le seul à cacher des trucs aux autres dans cette pièce. » répliqua-t-il d'un ton presque plus sec que le mien. Ah, donc il me blâmait vraiment pour cela ? À croire que ç'avait été un plaisir pour moi !

- Attends, tu comptes vraiment me reprocher ça ? Alors quoi, tu pensais que j'allais débarquer dans ta piaule et te dire : "Attention, Blake, ton coloc est un putain de suicidaire, tu risques de le retrouver raide mort un beau matin" ? Tu crois que j'étais au courant de ce que j'allais faire ? Avant que les médecins ne me le disent, j'étais même pas conscient de ce que j'avais fait.

Je me repris un peu. Le sujet de ma tentative de suicide était encore assez douloureux et je partais très vite en sucette quand il s'agissait d'en parler.

- Peut-être que tu aurais su tout ça si tu étais venu me voir. Peut-être qu'on aurait pu s'expliquer avant que les choses ne finissent comme ça.

Je n'aimais pas m'adresser à lui de cette manière, mais c'était peut-être la seule façon de le faire réagir. Qu'il arrête de fuir et qu'il me fasse face. Peut-être que c'était comme ça que j'aurais dû agir, et depuis le début. L'agresser, le provoquer, pour qu'il arrête de partir. Je l'ignorais. « Putain Charlie, tu sais pas à quel point j’ai eu la trouille ! J'ai cru que t’étais déjà mort quand je t’ai retrouvé ! » reprit Blake d'un ton plus doux. Je me tus, ne sachant trop quoi dire. Je m'étais peut-être montré trop dur avec lui... Ou peut-être pas. Je n'en savais rien. J'aurais dû me mettre à sa place. Qu'est-ce que j'aurais fait si je trouvais mon colocataire presque mort en rentrant chez moi ? J'aurais pété un plomb, pour sûr. Mais Blake et moi n'avions foncièrement pas le même caractère, aussi la comparaison était impossible. Je pris une grande respiration histoire de me calmer.

- Je... Excuse-moi, j'aurais pas dû m'emporter comme ça. Mais si ça n'a pas été facile pour toi, n'imagine pas que ça l'a été de mon côté. Je m'en suis voulu pendant des semaines, des mois même, je m'en suis voulu que tu aies eu à subir ça, mais... Je ne m'attendais pas à ce que tu sois si distant avec moi.

Je repris une grande respiration. Je n'aimais vraiment pas parler de tout cela mais on ne pouvait plus reporter cette discussion indéfiniment.

- J'avais besoin de mes amis, vu que côté famille c'est plus vraiment ça, j'avais besoin que... commençai-je, ne sachant pas vraiment comment formuler tout cela. Nous n'étions pas très habitués aux effusions d'amour, Blake et moi. J'aurais bien aimé que tu sois là pour moi, quoi. Enfin, je sais que je suis en tort et je ne t'en veux pas vraiment, mais bon... Regarde où on est maintenant.
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(#)Sujet: Re: your hesitation speaks to me (blake)  |   Lun 22 Fév - 14:44
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  Cette discussion partait mal. Après plusieurs mois à nous éviter, nous n’avions pas trouvé mieux que de commencer cette conversation par des reproches. Le pire était que je souhaitais que ça s’arrange entre nous. Je n’avais rien fait pour, certes. Mais je n’aimais pas que l’on s’évite l’un et l’autre sans cesse. Sauf que c’était mal parti pour changer.

A peine arrivé, j’avais eu le droit à un reproche. Je n’avais pas dit à Charlie que j’avais accepté d’être le géniteur de l’enfant – ou plutôt, maintenant, des enfants - d’Aloysia. On ne s’était pas parlé depuis la fête de Nightmare, j’allais pas aller vers lui pour lui dire « Hey je vais être papa, ciao » et me barrer ensuite pour faire comme si de rien était. De toute façon, je n’étais pas le seul à ne pas tout dire à l’autre. Moi aussi j’avais le droit de lui reprocher son silence après tout ! « Attends, tu comptes vraiment me reprocher ça ? Alors quoi, tu pensais que j'allais débarquer dans ta piaule et te dire : "Attention, Blake, ton coloc est un putain de suicidaire, tu risques de le retrouver raide mort un beau matin" ? Tu crois que j'étais au courant de ce que j'allais faire ? Avant que les médecins ne me le disent, j'étais même pas conscient de ce que j'avais fait. »

- T’aurais au moins pu me parler de tes problèmes Charlie ! Je sais qu'on se dit pas tout mais là...c'était important !

Parce que c’était là que résidait toute la difficulté… On passait notre temps à éviter les sujets importants. On apprenait tout ce qui pouvait se passer d’important dans la vie de l’autre par le biais de nos amis ou de notre famille. Là, c’était ma mère qui m’avait appris pour le décès de la mère de Charlie. Alors qu’on vivait sous le même toit ! Ça avait été un choc, une surprise pour moi quand je l’avais cru à moitié mort dans notre salon, je ne m’y attendais pas. Lui non plus selon ses dires. Mais lui il savait qu’avec tout ce qu’il avait perdu, ça n’irait pas. Moi je n’en avais même pas conscience, n’étant au courant que de la moitié des choses, et encore. Et c’était ça qui me rendait malade. J’aurais dû savoir, j’aurais dû comprendre, j’aurais dû voir. Et au lieu de ça, j’avais été mis sur le fait alors qu’il était au bord du gouffre. Ça me faisait me sentir responsable, et c’est ce qui m’avait poussé à ne pas venir le voir quand il était à l’hôpital et à ne pas lui parler pendant tout ce temps. « Peut-être que tu aurais su tout ça si tu étais venu me voir. Peut-être qu'on aurait pu s'expliquer avant que les choses ne finissent comme ça ».

- Venir pour quoi ?! Me rendre compte que je suis le pire ami et le pire coloc qui existe ?! Parce que c’est ce que je suis. J’aurais dû voir que quelque chose n’allait pas. Alors…Ça n’aurait rien changé que je vienne à l’hôpital et cette discussion ne changera certainement rien non plus. J’aurais dû être là dès le début. Là, c’est comme si je t’avais laissé te démerder tout seul. Je me sens responsable et ça peut pas changer.

Est-ce que je méritais tous ses reproches ? Certainement oui. Mais je pouvais pas arrêter de m’en vouloir. Et je pouvais pas non plus oublier le moment où je l’avais vu gisant au sol dans notre salon. Comme je venais de lui dire, je l’avais cru déjà mort à ce moment-là. Ça m’avait limite fait péter un plomb. Même après m’être rendu compte qu’il était toujours en vie et que les médecins s’occuperaient de lui, j’avais pas arrêté d’angoisser. Sauf que même si j’étais inquiet, il y avait toujours cette part de fierté bafouée car je n’avais rien vu venir. « Je... Excuse-moi, j'aurais pas dû m'emporter comme ça. Mais si ça n'a pas été facile pour toi, n'imagine pas que ça l'a été de mon côté. Je m'en suis voulu pendant des semaines, des mois même, je m'en suis voulu que tu aies eu à subir ça, mais... Je ne m'attendais pas à ce que tu sois si distant avec moi. »

- Je pouvais pas assumer tout ça….

« J'avais besoin de mes amis, vu que côté famille c'est plus vraiment ça, j'avais besoin que... J'aurais bien aimé que tu sois là pour moi, quoi. Enfin, je sais que je suis en tort et je ne t'en veux pas vraiment, mais bon... Regarde où on est maintenant. » Je baissais les yeux et allais m’asseoir dans le canapé en soupirant.

- J’aurais dû être là ouais… Je sais que j’ai pas géré et que ça va être compliqué maintenant mais… J’aimerais que ça s’arrange. Sauf que je pense que c’est pas possible si on ne fait pas l’effort de se parler. Et on sait très bien qu’on n’est pas doué pour ça.

S’ouvrir l’un à l’autre était compliqué. On évitait toujours les sujets qui pouvaient être importants. A part maintenant.

- Quelque part…est-ce qu’on se connait vraiment ? On n’a jamais pris la peine de se parler sérieusement. Je sais même pas comment tu gères les choses en ce moment…

   
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(#)Sujet: Re: your hesitation speaks to me (blake)  |   Lun 28 Mar - 13:43

 

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Honnêtement, ça me faisait tout drôle de me retrouver nez à nez avec Blake. Je n'étais pas très ) l'aise. Une tonne de sentiments se mélangeaient en moi. De la colère contre lui, mais aussi contre moi ; du chagrin aussi, de voir à quel point nous en étions arrivés ; et puis quand même de la joie de le revoir. Blake... Il comptait pour moi, même si je ne lui avais jamais dit. Nous ne nous disions jamais ces choses-là, mais j'espérais qu'il le savait quand même. Ou peut-être pas, en fait. J'essayais de me mettre à sa place, de m'imaginer quelle aurait été ma réaction si c'était moi qui l'avait retrouvé à moitié mort dans le canapé ce soir-là. J'aurais pété un câble. Je savais que je ne pouvais pas lui en vouloir d'être en colère contre moi, mais... Merde, il avait pas été là. Il s'était cassé, parce que c'est ce que faisait Blake Harmon à chaque fois que les choses se compliquaient. Sur mon lit d'hôpital, seul, j'avais parfaitement compris ce qu'avait ressenti Aloysia après son accident, abandonnée par Blake. Mon cas n'était peut-être pas aussi grave, mais je m'étais senti tellement... seul. J'aurais pensé qu'il viendrait, me demanderait des explications. J'avais été stupide de croire qu'il serait là pour moi après tous ces mensonges, ces choses que je ne lui avais jamais dites. Au fond, tout était de ma faute, comme toujours. Comment est-ce que je pouvais le blâmer de ne pas être venu...? C'était de ma faute, entièrement de la mienne. J'avais envie de me gifler, j'avais envie d'hurler que je n'étais qu'un abruti. Je fus pris d'une brusque envie de fuir, de m'enfermer dans ma chambre et de ne plus jamais en sortir. Régler ses problèmes s'avérait toujours plus compliqué que prévu. Le ton montait entre Blake et moi. J'avais l'impression qu'il me reprochait d'avoir tenté de mettre fin à mes jours, comme si c'était quelque chose qui me réjouissait particulièrement. Je me sentais agressé, seul, incompris. Je savais que mon trouble paranoïde amplifiait les choses, mais ma colère ne fit qu'augmenter. J'étais très clairement sur la défensive. C'était ce qui rendait le trouble extrêmement vicieux : j'en avais conscience, mais ne pouvais rien y changer. « T’aurais au moins pu me parler de tes problèmes Charlie ! Je sais qu'on se dit pas tout mais là...c'était important ! »

- Depuis quand c'est important ? Depuis quand je suis important, franchement ? Mes problèmes importent très peu, dis-je d'un ton mauvais.

Je savais que j'aurais pu lui parler de mes problèmes, mais... Je ne sais pas. Blake avait ses propres problèmes, et pas des moindres, aussi n'avais-je pas voulu l'importuner avec les miens. Je ne voulais que ça, dans la vie : faire mon petit bonhomme de chemin sans déranger personne. Mais ça n'avait pas fonctionné, pas du tout. J'étais une bombe, une bombe à retardement qui ferait des dégâts en explosant. Je ne voulais pas que ça arrive. Jamais je n'avais voulu blesser quiconque. J'avais merdé. Je baissai la tête et me calmai un peu. J'allais dans la mauvaise direction. Tout ça ne rimait à rien. Peut-être qu'il avait raison. Peut-être que j'aurais dû en parler à quelqu'un, me confier vraiment. Depuis le début, je faisais fausse route. J'avais tout d'abord refusé de prendre mon traitement, puis j'y étais devenu accro ; je n'avais jamais voulu mettre les pieds chez mon psychothérapeute. J'avais fait ce qu'il y avait de pire : tout refouler en moi. J'avais cru que c'était la bonne solution, qu'à force de me répéter que j'allais bien, je finirais par y croire et aller véritablement mieux. Et si... peut-être que les autres étaient la solution ? J'avais bien vu comment la présence de Joana avait réussi à m'aider. J'étais complètement perdu. Qui était vraiment en tort, ici ? Je ne savais plus quoi penser. Je lui dis qu'il aurait mieux fait de venir me voir à l'hôpital, me parler, ce qui nous aurait évité d'en finir là. « Venir pour quoi ?! Me rendre compte que je suis le pire ami et le pire coloc qui existe ?! Parce que c’est ce que je suis. J’aurais dû voir que quelque chose n’allait pas. Alors…Ça n’aurait rien changé que je vienne à l’hôpital et cette discussion ne changera certainement rien non plus. J’aurais dû être là dès le début. Là, c’est comme si je t’avais laissé te démerder tout seul. Je me sens responsable et ça peut pas changer. » Je restais coi. J'étais touché par ses paroles, vraiment. C'était sûrement l'une des premières fois que Blake me parlait de cette manière. Je le sentais très sincère et... même un peu ému. C'était étrange de le voir ainsi mais... cela me calma instantanément. Je ne pouvais pas continuer de le blâmer comme ça, il le faisait très bien tout seul.

- Dis pas ça, Blake. Comment tu aurais pu voir quelque chose, hein ? Comment tu aurais pu savoir ? Je passais mon temps à cacher tout ça, à toi et à tous les autres... Le seul qui aurait pu m'empêcher de faire ce que j'ai fait, c'était moi. T'aurais rien pu faire.

Et ça, pour le coup, c'était entièrement vrai. On dit souvent qu'il faut toucher le fond pour pouvoir remonter à la surface ; et bien, c'était vrai. Ma tentative de suicide avait été comme un électro-choc pour moi. J'avais frôlé la mort de très près ce soir-là, et cela m'avait en quelque sorte réveillé de la torpeur dans laquelle je m'étais plongé. C'était étrange de dire cela, mais heureusement que ça m'était arrivé. Sans cela, je serais sûrement dans un piètre état à l'heure actuelle. Les choses se calmèrent. Je repris la parole et m'excusai de lui avoir parlé sur ce ton. J'avais pas voulu le blesser ou le faire culpabiliser plus qu'il ne le faisait déjà, mais... ces choses avaient eu besoin de sortir. J'essayai de lui expliquer calmement que j'avais eu besoin de lui mais qu'il n'avait pas été là. Je ne voulais pas enfoncer le couteau dans la plaie, loin de là. Mais mes psys m'avaient toujours dit que le dialogue était important, donc... peut-être que nous parler nous ferait du bien. « J’aurais dû être là ouais… Je sais que j’ai pas géré et que ça va être compliqué maintenant mais… J’aimerais que ça s’arrange. Sauf que je pense que c’est pas possible si on ne fait pas l’effort de se parler. Et on sait très bien qu’on n’est pas doué pour ça. »

- Je suis d'accord, dis-je en avalant ma salive.

Nous n'étions effectivement pas très doué pour le dialogue. Au fond, j'étais convaincu que Blake et moi nous ressemblions énormément. Je me plaignais souvent avec Aloysia de cette manie qu'il avait de fuir les problèmes, mais j'étais exactement pareil. J'adoptais la technique de l'autruche quand les choses tournaient mal. Il était temps que les choses changent entre nous. « Quelque part…est-ce qu’on se connait vraiment ? On n’a jamais pris la peine de se parler sérieusement. Je sais même pas comment tu gères les choses en ce moment… »

- Je ne les gère pas, dis-je en haussant les épaules. Je repris après une courte pause. J'avais toujours du mal à parler de cela. Je suis sous une tonne de médocs, pour traiter des choses dont je ne comprends même pas la signification, et le pire dans tout ça c'est que je n'ose plus rien prendre. La moindre pilule me fait peur, maintenant.

Je repris un peu mon souffle. Cette situation était étrange, mais dans un sens, ça faisait du bien d'expliquer cela à Blake.

- Les psys appellent ça dépression avec trouble paranoïde et trouble anxieux. Je sais même pas ce que ça veut dire. Tout ce que je sais, c'est que j'ai peur. Sans arrêt, tout le temps, pour la moindre chose. J'ai peur des gens dans la rue et de leurs regards, j'ai peur que quelque chose n'arrive à quelqu'un. J'ai peur que quelque chose m'arrive, aussi. C'est compliqué.

Un petit sourire se dessina sur mon visage. J'avais dit cela très rapidement, sans vraiment prendre conscience de ce que je disais. Blake ne m'avait jamais vu comme cela. C'était un peu comme si je me mettais à nu.

- Et toi, comment tu gères les choses...? J'imagine que ça ne doit pas être facile pour Blake Harmon d'apprendre qu'il va être père.
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(#)Sujet: Re: your hesitation speaks to me (blake)  |   Mer 20 Avr - 23:10


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Je n’étais pas l’ami parfait. Loin de là. Je ne me confiais pas, je parlais très peu de moi-même et je gardais trop souvent mes distances. Même si Charlie et moi vivions ensemble, cette distance avait été maintenue. Et des deux côtés. Je ne parlais pas de ma vie privée, de ce que je pouvais ressentir, et il en faisait de même. Sauf que ça avait dépassé la limite cette fois. Son problème avait été plus grave, tellement grave qu’il avait voulu en finir. « Depuis quand c'est important ? Depuis quand je suis important, franchement ? Mes problèmes importent très peu. » me répondit Charlie quand je me plaignais qu’il ne m’ait pas parlé de ses problèmes. Ses problèmes importent très peu ?! Il osait réellement dire ça. J’écarquillais les yeux face à cette réponse.

- Comment tu peux penser ça ? Bien sûr que t’es important Charlie. Mais merde…Comment tu peux… T’es important.

Qu’il puisse penser le contraire m’énervait. Mais je m’en voulais de n’avoir jamais rien fait pour lui montrer qu’il était important pour moi. Je n’arrivais pas à m’exprimer correctement là-dessus parce qu’exprimer ce que je ressentais pouvait être parfois très compliqué et que j’avais énormément de mal à mettre les mots dessus. J’avais du mal à m’ouvrir. Alors je tentais de lui expliquer pourquoi je n’étais pas venu le voir à l’hôpital, pourquoi j’avais toujours refusé de lui parler depuis tout ce temps. Je voulais juste lui expliquer que j’avais l’impression d’être un mauvais ami, que j’avais certainement préféré fermer les yeux plutôt que de voir qu’il allait mal. J’avais voulu me barricader, parce que, tant que je ne lui parlais pas je n’aurais pas à faire face à cette culpabilité. Et c’était maintenant qu’il fallait que tout sorte, c’était maintenant qu’on devait tout mettre à plat. « Dis pas ça, Blake. Comment tu aurais pu voir quelque chose, hein ? Comment tu aurais pu savoir ? Je passais mon temps à cacher tout ça, à toi et à tous les autres... Le seul qui aurait pu m'empêcher de faire ce que j'ai fait, c'était moi. T'aurais rien pu faire. »

- Ça change rien. J’aurais au moins pu essayer de m’intéresser. Mais je l’ai pas fait.

Et je n’étais pas non plus allé lui rendre visite à l’hôpital. Ce qui prouvait à nouveau combien j’étais un ami merdique. J’avais refusé, pour ma fierté personnelle, d’aller voir comment allait un de mes amis les plus proches. Sur le coup, ça m’avait semblé juste, j’avais été blessé alors je ne voulais faire aucun effort. Mais là…je me rendais compte d’à quel point c’était stupide et égoïste de ma part. Sauf que c’était trop tard à présent. On ne pouvait pas effacer de longs mois de silence en claquant des doigts. Et même si tout s’arrangeait maintenant, rien ne changerait. Parce que nous n’étions pas doué pour nous confier, pour parler de nous-même.

Tout pourrait donc recommencer. La distance, le silence, la fuite. Je ne voulais pas de ça, et lui non plus certainement mais ça arriverait si on ne mettait pas tout à plat et qu’on réussissait à se parler des sujets importants.

Toute cette histoire me faisait pas mal m’interroger. A ne se dire que la moitié des choses, est-ce que ça voulait dire que l’on ne se connaissait pas réellement ? Nous ne connaissions que ce que l’autre voulait bien nous dire après tout. Je raccordais cette idée à ce qui se déroulait maintenant, lui disant que je ne savais même pas comment il géré les choses depuis sa sortie de l’hôpital. « Je ne les gère pas. Je suis sous une tonne de médocs, pour traiter des choses dont je ne comprends même pas la signification, et le pire dans tout ça c'est que je n'ose plus rien prendre. La moindre pilule me fait peur, maintenant. Les psys appellent ça dépression avec trouble paranoïde et trouble anxieux. Je sais même pas ce que ça veut dire. Tout ce que je sais, c'est que j'ai peur. Sans arrêt, tout le temps, pour la moindre chose. J'ai peur des gens dans la rue et de leurs regards, j'ai peur que quelque chose n'arrive à quelqu'un. J'ai peur que quelque chose m'arrive, aussi. C'est compliqué.

- Franchement, si je pouvais faire quoique ce soit pour t’aider, je le ferai. Je… Je suis désolé.

Je savais même pas pour quoi je m’excusais exactement mais je ne savais pas quoi dire d’autre. Je me sentais impuissant face à cette situation.

- Je suis là si tu as besoin de parler.

Il me retourna la question, me parlant de la grossesse d’Aloysia. Et toi, comment tu gères les choses...? J'imagine que ça ne doit pas être facile pour Blake Harmon d'apprendre qu'il va être père. C’est vrai que c’était assez difficile de m’imaginer père, rien que pour moi. Il s’était exprimé alors c’était à mon tour maintenant.

- Je m’y suis préparé mais j’avoue que ça fout la trouille… Je sais pas si je vais pouvoir gérer tout ça, si je vais pouvoir m’en occuper. J’ai peur de fuir à nouveau même si j’en ai aucune envie. Je veux aider Aloysia mais je me demande…je me demande si j’en suis capable. C’est rien comparé à ce que tu vis toi, mes peurs sont stupides je m’en rends compte. Je vais juste devoir m’y habituer. »

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(#)Sujet: Re: your hesitation speaks to me (blake)  |   Mer 4 Mai - 19:30

 

your hesitation speaks to me louder than million words
 



Je m'en voulais un peu, maintenant que nous nous étions tous les deux calmés, d'avoir agressé Blake au début de notre conversation. Plus le temps passait, et plus je devenais susceptible et impulsif. Ces deux défauts faisaient rarement bon ménage. Il était certain que Blake avait eu ses torts dans l'affaire. Je m'étais largement senti abandonné pendant mon hospitalisation. Pas un signe de vie, rien... J'aurais parfaitement compris qu'il ne vienne pas si au moins il avait pris la peine de m'expliquer. Mais non, il avait simplement pris la fuite, occupé à je ne sais quoi faire en compagnie d'Emily... Il m'avait laissé en plan, sans un mot, alors que bon, c'était mon colocataire, et probablement mon meilleur ami. Forcément, je ne l'avais pas très bien vécu. À ce moment là, j'avais besoin de tout le soutien nécessaire. Je m'étais longtemps torturé les méninges pour deviner les raisons de son silence. Qu'est-ce qui avait pu motiver sa fuite ? Peut-être avait-il pris peur, peut-être l'avais-je déçu... Les raisons étaient multiples et tenaient toutes plus ou moins la route. Au bout d'un certain temps, j'avais fini par arrêter de chercher et accepter le simple fait qu'il était parti, parce que c'est ce que Blake Harmon fait. Aloysia avait été complètement d'accord avec moi sur ce point. Malgré tout cela, je me rendais aujourd'hui compte que j'avais également une part de responsabilité, et pas des moindres. Je m'attendais naïvement à ce que Blake vienne me soutenir alors que celui-ci ignorait tout de mes problèmes. C'était idiot, quand j'y repensais. Et sacrément égoïste, aussi. J'aurais dû lui parler. Vraiment. Je n'avais pas arrêté de me dire que ce n'était pas de ma faute si je ne parvenais pas à lui dire, et pourtant, si. S'il avait été au courant de tout depuis le début, les choses auraient été différentes. Radicalement différente. Je me rendais maintenant compte que je m'étais comporté comme un gamin imbécile. Et honnêtement, ça me la foutait mal de ne m'en rendre compte que maintenant. Blake me fit donc justement remarquer que j'aurais pu lui parler de tout cela, bien que le dialogue n'ait jamais été notre fort. Nous étions tous les deux assez renfermés. J'essayais de lui expliquer que je n'avais pas voulu l'embêter avec mes problèmes insignifiants, et pour le coup, je le pensais vraiment. Tout ce que je souhaitais était de tracer mon chemin sans déranger personne, mais plus je faisais cela, plus je blessais mes proches. « Comment tu peux penser ça ? Bien sûr que t’es important Charlie. Mais merde…Comment tu peux… T’es important. » Me dit-il. En vérité, ses paroles me touchèrent véritablement. Peu m'avait dit ça, et pourtant, c'est exactement ce que j'avais besoin d'entendre. Que je représentais quelque chose pour quelques individus.

- Merci.

C'était la seule chose que je parvins à dire tant toutes les autres paroles me semblaient déplacées. J'étais sincèrement touché par ses mots. Blake me parla enfin de ses sentiments vis-à-vis de mon suicide raté. Et je me sentis encore plus mal. Il se sentait réellement coupable, et plus émouvante encore, il me le disait. Blake s'exprimait finalement. Comment aurais-je pu lui en vouloir plus longtemps après un tel mea culpa ? Il s'en voulait de n'avoir rien vu. La réponse à mon questionnement me parut dès lors évidente : s'il n'était pas venu, c'était simplement parce qu'il avait honte. J'essayai de le rassurer, de lui dire qu'il n'aurait de toute façon jamais pu voir quelque chose. Je passais mon temps, à cette époque, à cacher ma maladie aux autres. J'étais si déterminé à me détruire que rien ni personne n'aurait pu me détourner de mon but. S'il y avait bien une chose pour laquelle je ne lui en voudrais jamais, c'était de me pas avoir remarqué mon état. « Ça change rien. J’aurais au moins pu essayer de m’intéresser. Mais je l’ai pas fait. »

- Mais même en t'y intéressant de très peu, ça n'aurait rien changé, Blake, crois-moi. Personne ne pouvait rien pour moi, à cette époque.

Blake n'avait pas l'air très convaincu. Une chose étrange se produisit ensuite, nous prîmes une décision. Celle de nous parler, de dialoguer. C'était nouveau, vraiment. Blake et moi nous ressemblions plus que nous n'aurions voulu l'admettre. Les vraies conversations, celles qui portaient sur des sujets profonds, ça n'était pas pour nous. Elles me mettaient mal à l'aise, et j'avais du mal à les aborder. C'était pareil pour lui. Mais nous ne pouvions plus continuer dans ce mutisme, parce qu'au fond, nous nous apprécions énormément. Je le savais. Il n'avait pas besoin de le dire, et j'espérais que cette entente était réciproque. On voulait que les choses fonctionnent. Et le seul moyen était que nous nous parlions. Blake me demanda donc comment j'allais. Honnêtement, c'était une question compliquée. Comment est-ce que j'allais ? Je n'aurais pas pu le dire. J'allais, et c'était déjà pas mal. Je tentai cependant de lui expliquer relativement brièvement que ce n'était pas la joie, et c'était un grand pas pour moi. Je n'aimais pas parler de ma maladie. En parler était comme la rendre vivante, lui donner une importance alors que je ne voulais que l'oublier. Mais bon, je ne pouvais plus faire l'autruche, que ce soit par rapport à Blake ou à la maladie. J'avais été dans le déni pendant trop longtemps. « Franchement, si je pouvais faire quoique ce soit pour t’aider, je le ferai. Je… Je suis désolé. »

- Il n'y a pas grand chose à faire à part... être là, je dirais, dis-je avec un sourire. Mais si tu veux, je suis sûr que me masser les pieds et t'occuper de la vaisselle tous les jours m'aideraient grandement, plaisantai-je.

Je plaisantais, évidemment, mais je devais avouer que je n'aurais pas dit non ! « Je suis là si tu as besoin de parler. »

- Merci, vraiment. Ça me touche, fis-je d'un ton sincère.

Je lui demandais ensuite comme lui allait. Ça ne devait pas être facile pour lui de se préparer à être père. Je crois que c'était sa pire phobie, parce qu'un enfant représente quand même la plus lourde responsabilité qui soit, et j'avais compris depuis longtemps qu'il détestait ça. « Je m’y suis préparé mais j’avoue que ça fout la trouille… Je sais pas si je vais pouvoir gérer tout ça, si je vais pouvoir m’en occuper. J’ai peur de fuir à nouveau même si j’en ai aucune envie. Je veux aider Aloysia mais je me demande…je me demande si j’en suis capable. C’est rien comparé à ce que tu vis toi, mes peurs sont stupides je m’en rends compte. Je vais juste devoir m’y habituer. » C'était tellement étrange de l'entendre dire ça ! Cela me fit sourire.

- C'est normal d'avoir peur de ça ! Franchement, tu tiens le coup, je trouve. Si j'étais à ta place, je me serais déjà enfui à l'autre bout du pays, dis-je en souriant.

Ça m'avait fait un choc quand Aloysia m'avait annoncé sa grossesse, mais plus encore quand elle m'avait annoncé l'identité du père. J'avais même cru à une farce, pendant un instant.

- Je suis sûr que tu vas pouvoir gérer. Et puis c'est pas comme si tu devais faire face à ça tout seul. Il y a Aloysia, et puis il y a nous, moi, Alysse... même si évidemment on ne peut pas se mettre à votre place, mais on sera là pour te soutenir après tes nuits blanches ! Ris-je. D'ailleurs... Ça en est où avec Aloysia ?
C O D E © W H A T S E R N A M E .

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(#)Sujet: Re: your hesitation speaks to me (blake)  |   Ven 13 Mai - 19:23


Your hesitation speaks to me


Je me sentais coupable tout simplement. Coupable de n’avoir rien vu. Coupable de ne pas avoir agis. Coupable d’avoir attendu tout ce temps avant d’exprimer enfin tout ce que j’avais pu ressentir après la tentative de suicide de Charlie. J’étais blessé qu’il ne m’ait rien dit non plus de son côté. On était ami de longues dates, on partageait le même appartement et pourtant je n’avais rien su de tous ses problèmes. Je savais très bien que j’avais une part de responsabilité mais il n’empêche que ma fierté en avait pris un sacré coup ce soir-là, quand je l’avais retrouvé à moitié mort dans notre appartement. Je l’avais d’ailleurs cru mort. Et ça m’avait fait mal, énormément mal. Et Charlie n’avait pas semblé comprendre ça au départ, comme si je n’étais pas attaché à lui. Je ne lui avais jamais dit mais pour moi, ça me semblait clair. A croire que non.

Il avait beau essayé de me convaincre que je n’aurais rien pu faire pour l’aider, que je n’aurais même rien pu voir, je n’en démordais pas. Aucune de ses paroles ne me retireraient ma culpabilité. Mais son « à cette époque » me rassurait. Ça voulait dire que maintenant c’était différent, je pouvais l’aider, je pouvais le soutenir. Et je le voulais vraiment, même si je ne savais pas comment et que j’étais très certainement pas doué pour ça. Si j’avais assez de volonté, je pourrais me débrouiller.

Parce qu’il fallait bien tenter le dialogue après une longue période de silence, je lui fis part de mon envie de l’aider. Je ne voulais pas qu’il replonge, pas encore. Surtout si cette fois je pouvais faire quelque chose pour lui. Pour lui, la solution était que je sois là. Je hochais la tête avant qu’il n’ajoute une remarque qui me fit rire. Lui masser les pieds et faire la vaisselle tous les jours. Là il se foutait clairement de moi !

- Beh oui, et pourquoi pas faire le ménage dans tout l’appart, t’aider à t’habiller…te donner la becquée même pendant qu’on y est après tout ! Tu peux toujours rêver ! répondis-je en souriant. Mais…comme je suis futur papa et que je risque de bien galérer parce que ce n’est quand même pas rien, je te permets de faire des efforts de ce genre avec moi. Je le mériterais bien, dis-je avec un grand sourire. En parlant de ça…, je veux pas t’imposer les petits alors je peux comprendre si tu veux que je déménage ou quoi…si tu veux te trouver un autre coloc.

Tout allait changer dans nos vies et je pouvais clairement pas imposer ça à Charlie qui n’avait pas demandé à avoir d’enfants. Si on continuait à partager cet appartement, ça voudrait dire qu’il allait falloir changer nos habitudes et pas mal nous adapter.

Le sujet dériva justement vers ma future paternité, que j’avais beaucoup de mal à assimiler même si je l’avais choisi. Et je n’avais même pas prit cette décision sur un coup de tête, non j’y avait bien réfléchi avant. Sauf que plus ça a approchait, plus j’angoissais. Et apprendre qu’il s’agissait de jumeaux ne m’aidait absolument pas. J’avais la trouille, et j’avais peur que cette angoisse me fasse fuir à nouveau. Je ne voulais pas abandonner Aloysia et les enfants, je ne voulais abandonner personne mais je savais d’avance que j’en étais capable.

- Je peux encore m’enfuir… je serais capable de le faire, et c’est ça le pire. J’ai voulu changer tout ça, j’ai voulu essayer de m’améliorer et de virer ce défaut mais je suis pas sûr d’y arriver. Je sais qu’Aloysia sera présente et que vous aussi mais…j’ai peur d’être un mauvais père. Je suis franchement pas bien placer pour élever des gosses. J’ai l’impression d’en être encore un parfois ! Et puis, je ne peux pas faire que de compter sur vous, je dois apprendre à me débrouiller seul, je peux pas dépendre d’Aloysia et être toujours là à lui demander des conseils, à lui poser tout un tas de questions sur ce que je dois faire. J’ai pas envie d’être comme ça.

Ça me faisait bizarre de m’exprimer comme ça sur ce sujet, mais ça me soulageait aussi. Charlie me demanda alors où ça en était avec Aloysia. Je ne savais pas trop quoi répondre à ça.

- Eh bien, étant donné que je me suis barré comme un lâche en plein milieu de sa grossesse et que je suis revenu, comme d’hab, en essayant de me faire pardonner, on va dire que je me fais discret et que j’essaye de l’aider au mieux pour montrer que je peux me rattraper. Je fais que ça j’ai l’impression. Mais si je pars à nouveau, je suis pas sûr qu’elle me le pardonne. Je tiens à elle mais…faut toujours que je fasse une connerie, dis-je en haussant les épaules. Toi, du côté des filles – ou mecs – du nouveau ? demandais-je avec un sourire. J’imagine que ça doit pas être simple si tu…si tu as du mal à sortir.

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