Sentant que ce n'était pas la grande forme pour mon amie qui manquait de verser quelques larmes face au décès de Nate. Je décidais de lui changer les idées en lui proposant de sortir, mais voilà qu'elle m'annonçait qu'elle n'était pas sûre qu'elle ait encore le droit d'aller se balader dans le petit jardin, chose que je pouvais comprendre au vue de son état. Toutefois, comme on dit, qui ne tente rien, n'a rien alors je quittais la chambre un instant pour capter l'attention d'une infirmière et lui demandait si éventuellement mon amie pouvait avoir une autorisation de sortie, mêle ne serait-ce qu'un petit quart d'heure. Elle contactait alors le médecin qui s'occupait d'elle qui finit par accepter, cependant, vis à vis de tous les petits problèmes qu'elle avait, elle n'avait pas le droit de sortir bien longtemps compte tenu de sa position assise sur le fauteuil. Là n'était pas le problème, du moment qu'elle allait prendre un petit peu l'air, qu'elle quittait cette chambre entourait de quatre murs blancs, je pense que c'est tout ce qui l'importait. C'est alors que je revins à ses côtés, dans un premier temps, je faisais un mine pas très folichonne pour lui faire croire que ma demande avait été refusée, mais très vite, je lui apprenais qu'elle avait le droit de sortir, à condition de ne pas y rester deux heures. Visiblement, elle semblait tout aussi surprise que moi, sinon plus que moi, étant pratiquement sûre que l'on allait me refuser ma demande, et pourtant, ça avait été accepté, et j'étais vraiment content de pouvoir la faire sortir un peu. Cela lui permettrait de s'oxygéner, et de se changer les idées. En plus, par chance, il faisait un soleil ravissant, et en arrivant, j'avais pu voir le petit jardin qui semblait vraiment très mignon. Si tu savais, je lui ai même laissé mon numéro pour qu'elle accepte, surenchéris-je d'un air tout bonnement amusé. A ce moment-même, deux infirmiers firent leur entrée dans la chambre, l'un poussant le fauteuil, et l'autre s'approchant de mon amie. Je souriais à Geane, tandis que ces derniers procédaient au transfert. Cependant, les cris de douleurs de mon amie me firent perdre mon sourire l'espace d'un instant. Et quand elle fut enfin sur le fauteuil, nous remercions les infirmiers qui quittèrent la chambre pour aller vaguer à leurs occupations. Ca va, tu n'as pas trop mal ? Si tu ne te sens pas d'y aller, on peut toujours rappeler les infirmiers, lui dis-je alors employant un ton doux et rassurant. Je n'avais pas envie qu'elle sorte et qu'elle passe le quart d'heure le plus long de toute sa vie à souffrir le martyre. Ce n'était pas mon but, tout ce que je voulais, c'est qu'elle profite un petit peu du soleil. Visiblement, elle semblait déterminée puisqu'elle me demandait son gilet. Je ne bronchais pas, puis attrapais ce dernier pour le lui donner. Je l'aidais furtivement à l'enfiler, puis c'était parti pour la balade. Elle essayait de se déplacer seule, alors, même si j'avais envie de l'aider, je la laissais faire, ne voulant pas qu'elle pense que je la considérais comme une handicapée ou que je la prenais par pitié. Cependant, elle finit par me demander de l'aide. Kiki à votre service, lâchais-je sur un ton plaisantin m'approchant d'elle et prenant les poignets du fauteuil roulant en main pour quitter la chambre. On roulait tranquillement dans le couloir, jusqu'à l'ascenseur où j'appuyais sur le bouton attendant patiemment l'arrivée de ce dernier. Quand les portes s'ouvrirent, Geane me posait une question qui en un rien de temps me retournait l'estomac. Disons que j'étais un peu perdu de ce côté là ces derniers temps, du coup c'était compliqué pour moi de parler de ça. On rentrait à l'intérieur et je me décalais contre une paroi pour me retrouver à ses côtés et la voir. Mmh, c'est compliqué. J'étais avec une fille, Chloé. Mais... En arrivant ici, je me suis mis à chercher une coloc', parce que je suis en période d'essais dans un studio de mannequinat, mais dans l'hypothèse où je ne conviendrais pas, je me verrais dans l'obligation de me trouver un petit job et pas sûr que les finances soient suffisantes pour gérer un loyer tout seul, sauf que j'ai répondu à une annonce, et quand je me suis rendue à l'appart' pour faire la visite, je me suis retrouvé face à ma première petite amie... La seule dont je sois réellement tomber amoureux, et que je n'ai jamais réussi à oublier... Je te dis pas le choc, lâchais-je tandis que les portes s'ouvraient, et que nous nous dirigions vers le petit jardin où on se trouvait une petite place tranquille sous un arbre où il y avait également un petit banc sur lequel je pouvais prendre place.

claude gueuse

Passer du temps avec Geane me faisait du bien, même si nous avions évoqué un sujet sensible pour la demoiselle, nous avions réussi à passer outre de part l'idée que j'avais eu de lui faire faire une petite excursion dans le jardin de l'hôpital. Bon, je n'étais pas vraiment sûr de moi sur ce coup là, mais finalement comme on dit qui ne tente rien n'a rien, et finalement, j'avais eu toutes les raisons de le faire. Les infirmiers se chargèrent de la prendre en charge pour l'installer confortablement sur le fauteuil roulant. Une fois chose faite, c'était à mon tour de gérer la chose. Bon, ce n'était pas la première fois que je conduisais ce genre de chose puisque ma mère ayant souvent séjourné à l'hôpital, et n'ayant pas le droit de marcher à cause de tous les cachets qu'elle pouvait s'enquiller, elle n'était pas en mesure de tenir debout. Nous quittions alors la chambre pour nous diriger vers l'ascenseur où nous montions rapidement à l'intérieur. Un bon coup de chance. C'est alors qu'elle en vint à me demander ce qu'il en était de ma situation à moi. Oula. C'était tout sauf ce qu'il fallait me demander, sauf que la pauvre ne pouvait pas savoir. Je ne savais même pas par où commencer tant mon histoire était bien trop compliquée mais surtout irréelle. Qui aurait cru que je me serai retrouvé face à mon premier amour le jour où je me suis rendu à l'appart voir ma future colocataire. Même pour moi ça avait été un choc. C'était tellement improbable. D'ailleurs Geane semblait tout aussi surprise que moi, et il y avait de quoi l'être. Et en toute bonne fille qui se respecte, elle se mit à me poser toute une série de questions auxquelles je n'avais pas envie de répondre, enfin, le genre de questions que j'évitais de me poser. Pourquoi vous les filles, trouvez toujours les questions pièges ? demandais-je en riant tandis que l'ascenseur ouvrait ses porte pour nous laisser sortir. N'ayant pas envie de parler de ce genre de choses dans les couloirs, j'attendais d"être à l'extérieur pour poursuivre mon histoire qui ne regardait personne, et puis je n'étais pas vraiment du genre à parler ouvertement de mes histoires comme ça. C'était déjà un grand pas que je me confie à Geane. Disons que au début, ça n'a pas été évident. Son fumier de père lui a monté la tête contre moi, c'est pour ça que du jour au lendemain je n'ai plus eu de nouvelles d'elle. En fait, il n'a jamais été pour notre relation, tu t'imagines la fille riche avec le pauvre petit fils du maçon du coin, c'est la risée, avec la mère complètement dépressive, au fond du seau, on imagine pas que je pourrais être quelqu'un de bien, non, son père ma catalogué à l'instant même où il m'a vu. Pour lui ce n'était même pas envisageable, du coup un matin il est venu chez moi avec un gros chèque m'obligeant à m'éloigner de Cody, sauf que tu parles son chèque, je lui ai déchiré au nez, et je lui ai soufflé les morceaux du chèque en plein visage, seulement voilà ce con a été dire à sa fille que je l'avais pris, du coup elle l'a cru... Du coup quand on s'est retrouvé nez à nez à l'appart, elle m'a fermé la porte au visage, sauf que j'ai insisté, et j'ai fini par lui dire ouvertement la vérité sur toute cette histoire, depuis c'est ... étrange entre nous. On s'est embrassé. On a failli passé à l'acte, mais... Elle est fiancée au mec qu'elle a quitté à l'époque pour moi, et moi, j'ai Chloé. Seulement, j'ai jamais réussi à vraiment tomber amoureux de cette fille. Ca fait deux ans, j'ai essayé, j'ai tout fais, mais j'ai jamais oublié Cody. J'avais honte de me confier comme ça à Geane. C'était horrible. Cela faisait deux ans que j'étais avec une fille dont je n'étais pas amoureux. Elle qui était une fille allait sans oute me trouver horrible. Peut-être changerait-elle même d'opinion sur mon compte. Elle aurait toutes les raisons de le faire j'étais un con. J'étais un con car je l'avais même trompé en embrassant Cody. Ayant des valeurs et des principes, pour moi, embrasser une autre fille que ma présupposée petite amie, c'était trompé. Donc voilà. Mais en même temps, Cody était la fille dont j'avais été fou amoureux et dont je l'étais toujours, je m'en étais rendu compte au fil du temps en vivant avec elle. J'avais beau essayé de l'éviter, l'appartement n'était pas bien grand, et donc nous nous croisions suffisamment pour faire renaître de ses cendres tout ce que j'avais pu éprouver pour elle auparavant. Je sais que c'est honteux, tu peux le dire, lâchais-je comme pour lui couper l'herbe sous les pieds. Mais je pensais vraiment que je finirais par tomber amoureux de Chloé. Elle est vraiment adorable tu sais, je l'apprécie beaucoup, mais quand on a véritablement quelqu'un dans la peau, je crois qu'il est vraiment difficile de remplacer cette personne, assurais-je alors à Geane. En fait, je crois qu'à cet instant même, j'avais besoin qu'elle soit honnête avec moi, mais qu'également elle me donne des conseils.