Je crois avoir toujours vu cet océan, cette plage. J'ai toujours vu Miami telle qu'elle était, une ville de strass et de paillettes attirant les touristes avec panache, offrant des allures de carte postale. J'ai toujours goûté à cette eau salée de mes pieds nus, la chaleur du sable chaud, l'effervescence de cette ville aux allures divines, riches, pleine de promesse. Moi j'y vois la désillusion, la légende dit "Tout l'monde est heureux à Miami !" Mon cul ouais. J'suis l'archétype de la fille blasée. Et pourtant, il n'en a pas toujours été ainsi. J'ai été heureuse autrefois, quand rien ne semblait pouvoir m'atteindre, quand je pensais que nous serions ensemble pour toujours, eux et moi. La vérité c'est qu'j'suis une dégonflée. Vivre, ouais, mais avec parcimonie comme on dit. Fait chier tout ça.

Quand j'étais petite, mes parents m'ont toujours encouragée à aider mon prochain, non pas par solidarité envers les êtres humains, mais uniquement parce qu'ils avaient pitié. Ils avaient pitié des pauvres, ils avaient pitié des femmes qui n'avaient pas d'enfants, perdaient un enfant, ou qui n'arrivaient pas à s'occuper d'un enfant. Ils avaient pitié de mes camarades de maternelle qui coloriaient autour du dessin et pas dedans, ils avaient pitié de la maîtresse, des professeurs, qui, selon eux, enseignaient car ces gens là n'avaient pas le moindre talent, ni la moindre ambition. En gros, ceux qui ne sont personne, deviendront profs.  Moi, j'ai eu la vie parfaite d'une enfant riche et parfaite. Petite princesse aux robes colorées hors de prix, instituteur à la maison pour les devoirs afin de surveiller mes lacunes. Un poney dans le jardin que j'ai certainement approcher une seule fois dans ma vie d'enfant. Une chambre où j'aurais pu me perdre à maintes reprises si une femme de ménage ne passait pas ses journées à ramasser le merdier que je me plaisais à foutre dès l'heure du levé.

Collège de bourgeois coincé du cul, où le pire que nous puissions faire était de fumer dans les toilettes. Vie paisible, monotone, qui tue le rythme. A l'intérieur, je sentais gronder ce besoin d'aventure, de rire. Une bête sauvage qui tentait de briser ses maillons afin de pouvoir se libérer de toute contrainte étique. J'me suis fait chier, et ces années ont eu le don de me doter d'un caractère explosif, comme si je souhaitais rattraper toutes ces années de freinage de ma personnalité.

Mais quand je me penche sur mes années lycées, et c'est ces années là dont je suis nostalgique, j'me dis, que c'est du gâchis qu'elles se soient arrêtées. Les plus belles, en toute franchise. Pendant l'été, j'ai pété une gueulante, j'avais demandé un lycée publique à la con, et j'ai bien dit à la con, afin de pouvoir me socialiser avec les gens qui me paraissaient bien plus vivants. Mes parents en avaient été outrés, mais avaient finalement accepté, et c'était là, que j'avais rencontré les autres. Olivia, la rouquine adorable, Xavier, le beau brun ténébreux, et Maxence. Putain d'Maxence. On s'est retrouvés tout les quatre à se côtoyer de manière intensive comme si plus personne d'autre ne comptait. Les trois mousquetaires, en plus de l'autre clampin mais tout aussi important. Les années ont passé à vitesse grand V et j'ai pas vu la fin arriver. N'empêche que même si nos chemins se sont séparés niveau scolarité, nous, on a pas changé, on fait tous parti du même noyau. Amitié increvable. Mais bizarrement c'est vers là que tout a basculé, et que tout est devenu de la merde. Olivia est tombée enceinte. De Xavier. Mais le lui a caché. Elle me l'a dit, mais au lieu d'aller voir le premier intéressé, elle s'est mariée à Maxence. Et moi, j'ai rien fait. Alors que Maxence putain, je suis tombée amoureuse de sa tronche depuis un bout de temps, et qu'à chaque fois que je les vois ensemble, j'ai envie de gerber. Et Xavier. J'vais même pas en parler. Et Olivia, qui se retrouve avec ce petit bout de chou que j'aime tant.

"Fait chier." Les pieds enfoncés dans le sable, mon cul prenant racine sur un tronc d'arbre, je tire la dernière latte de ma cigarette avant de la jeter au loin. Je me lève, il est temps que j'y retourne. Après une soirée bien arrosée et dans ma robe pailleté, il est temps de retourner à l'hôpital.
DERRIÈRE L'ÉCRAN.
Prénom et âge ▽ Myu 23 ans
D'où viens-tu? ▽ France au Sud du Sud
Où avez-vous connu le forum? ▽ Par Olivia !
As-tu envoyé deux terribles secrets sur ton personnage par message privé à Nightmare? C'est obligatoire. ▽ Oui
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