Alexie & Geane

C'est à mon avis ce qu'il y a plus dur dans le deuil: découvrir ce qu'une relation aurait pu vous apporter si seulement vous aviez été capable de lui donner toute sa dimension.

J’avais attendu d’être en fauteuil roulant et de pouvoir bouger pour contacter Alexie. Je voulais lui donner les affaires d’Hayden ainsi que tout l’argent dont j’avais hérité à son décès. J’avais voulu en donner la moitié à son frère mais il avait quitté la ville depuis un moment. Tout allait donc revenir à sa meilleure amie. Je ne la connaissais pas, je ne l’avais jamais vu en fait. Je sais juste qu’elle ne m’appréciait pas à cause de toutes ces histoires et j’étais persuadée qu’elle m’en voulait.. Qu'elle me reprochait le décès du jeune homme.

On s’était donné rendez-vous au parc dans l’après-midi. Je m’étais donc préparé, j’avais enfilé mon manteau d’automne et ma mère m’avait accompagné au parc parce qu’en bonne maman poule qu’elle était, elle avait refusé que je m’y rende seule en fauteuil. Elle avait donc prit la décision d’aller jouer avec Riley au parc pour enfant en attendant que je termine avec la jeune femme. J’avais l’impression d’avoir dix ans. Un gros cartons sur les genoux, une enveloppe dans la poche, j’attendis cinq ou dix minutes avant qu’une jolie rousse, assez sûre d’elle ne se plante au milieu du parc en regardant autour d’elle. Elle ne devait pas se douter que je viendrai la rejoindre en fauteuil roulant. Alexie ? Demandai-je en roulant doucement vers elle, gardant une distance raisonnable. Bonjour, je suis Geane. Dis-je en la regardant sans la fixer. J’étais assez mal à l’aise, je n’avais pas envie de m’éterniser ici.  Je voyais ma mère m’observer au loin et je dois dire que c’était encore pire. Je.. Voilà.. Je n’ai rien gardé.. Repris-je en tendant le carton dans sa direction. Je suis désolée..  Je ne savais pas vraiment pourquoi je m’excusais réellement mais je me sentais très mal. Je.. Je ne sais pas si tu as gardé contact avec son frère mais je n’ai pas  réussis à le joindre.. je ne sais même pas s’il est encore en ville en fait.. Conclus-je en tendant par la suite l’enveloppe contenant un beau chèque et quelques billets que m’avais laissé Hayden avant de partir en mission.

Alexie & Geane

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Une chance que c’était pour Hayden cette fameuse rencontre parce qu’il faut dire que ça me prenait tout mon petit change pour aller rencontrer Geane dans un parc aujourd’hui. Limite, j’aurais eu envie de lui dire de déposer des choses devant chez moi mais au final, peut-être que j’avais envie de lui dire quelques trucs. Va savoir… j’allais bien voir comment les choses allaient se passer. J’étais arrêtée me chercher un café dans un Starbucks par trop loin avant de marcher tranquillement dans le parc, regardant de gauche à droite si j’allais la reconnaître, cette jeune femme que je ne portais pas dans mon coeur depuis longtemps. Non mais… elle devait être tout un phénomène pour s’envoyer volontairement ce cinglé de McKay d’abord. Puis, mon prénom sortie de la bouche d’une jeune femme en fauteuil roulant qui s’approchait de moi. Je fus surprise, mais je me contentai de me figer, regardant la brunette qui s’arrêtait devant moi. Je l’avais remarqué plus tôt au loin mais je m’y étais pas arrêté vraiment à me poser des questions. Disons que j’avais juste pas osé regarder l’handicapé de la place, mais visiblement, c'était bien elle. Ma curiosité légendaire avait envie de lui demander ce qui s’était passé mais au final, pourquoi? Ça ne me regardait pas et je voyais ça comme un simple retour du karma. Bon, c’était un peu méchant de penser ainsi mais cette femme ne m’avait jamais donné de bonnes raisons de l’apprécier, c’était ainsi.


Cette dernière se présenta à moi comme si j’ignorais tout d’elle. Si elle savait! J’avais hoché positivement la tête, l’air un peu détaché, je lui répondis uniquement : « Oui, je sais… » Parce que bon, elle s’attendait à quoi? À ce que je lui fasse un câlin? Que je gambade dans le parc en poussant son petit fauteuil roulant? Non merci, c’était pas dans mes plans de me montrer chaleureuse à son égard. Cette dernière m’affirma qu’elle n’avait rien gardé de ce qu’elle comptait me donner aujourd’hui. J’ignorais d’ailleurs de quoi il s’agissait mais elle était désolée… je fronçai les sourcils. « Tu es désolée pour quoi? » Pour sa mort? Elle n’y était pour rien… pour l’emprise qu’elle avait eu sur lui par contre, ça… c’était une autre chose mais quelque chose me disait qu’elle ne voyait pas ça mal, elle. Comme si c’était normal d’épouser quelqu’un qu’on aime pas juste dans le but de cacher sa vraie relation avec une débile mental. « Je m’occupe de Sacha, t’as plus besoin de te mêler de la vie d’Hayden maintenant, c’est bon, je crois que tu en as assez fait. » Et il fallait bien qu’il soit mort pour que tout ce merdier avec elle s’arrête. Je pris un instant pour ouvrir l’enveloppe qu’elle me tendait d’abord, tout en fronçant les sourcils, je regardai le chèque et mes yeux s’écarquillèrent aussitôt. Tout cet argent? « T’es certaine que c’est à moi que ça doit aller tout ça? T’as contacté ses parents? Parce que c’est beaucoup là… je comprends pas. T’as beau avoir été sa fausse femme, je crois pas que c’est comme ça que ça doit se passer. » Est-ce qu’Hayden lui avait déjà glissé un mot comme quoi il voulait que ça me revienne ou c’était sa décision à elle? Parce que encore là… ce n’était pas de ses affaires de prendre ce genre de décision. « Quoi que c’est pas surprenant, t’es du genre à penser que tout t’es permis, non? » Oui, c’était gratuit mais j’avais tellement de haine envers elle qu’il fallait que ça sorte un peu.

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J’étais remplie d’appréhension. Je redoutais un peu ma rencontre avec elle et pour cause. Le premier mot qu’elle me sortit fut aussi froid que la glace. Je sentais déjà que ça n’allait pas se passer comme je l’aurai voulu.. J’en avais gros sur la patate, je voulais juste en finir avec tout ça, était-ce trop demander ? Comme souvent ces derniers temps, je m’étais excuser. Pour quoi ? Je ne sais pas, juste une habitude je suppose, j’avais perdu toute confiance en moi. Tu es désolée pour quoi ? Me questionna la rousse. Je laissai un soupire s’échapper de ma bouche avant diriger mon regard vers mon fils afin d’ignorer sa question. Que pouvais-je lui répondre après tout ? Je lui remis les affaires l’air de rien, en parlant dans un même temps du frère de mon défunt mari. Je n’avais pas pu le contacter pour lui donner ces affaires directement. Je n’avais rien eu a ajouter d’autre que la jeune femme reprit la parole froidement. Je m’occupe de Sacha, t’as plus besoin de te mêler de la vie d’Hayden maintenant, c’est bon, je crois que tu en as assez fait. Je m’étais mordu la lèvre avant de me passer la main dans les cheveux tandis que celle-ci regardait le contenu de l’enveloppe dans lequel se trouvait l’intégralité de l’argent d’Hayden. C’était un peu la dernière étape avant la liberté, la dernière étape avant que je puisse quitter ce parc et que je puisse rentrer avec mon fils. Lorsque je relevai les yeux vers elle, celle-ci semblait plutôt surprise. T’es certaine que c’est à moi que ça doit aller tout ça? T’as contacté ses parents? Parce que c’est beaucoup là… je comprends pas. T’as beau avoir été sa fausse femme, je crois pas que c’est comme ça que ça doit se passer. Quoi que c’est pas surprenant, t’es du genre à penser que tout t’es permis, non? J’avais pris sur moi jusque là mais sa remarque avait été le coup de grâce. Je ne pouvais plus me retenir, il fallait que ça sorte. Arrête deux minutes tu veux bien ?! Tu ne me connais pas, tu n’as pas le droit de me juger comme ça. Si tu tiens à tout rendre à ses parents, grand bien te fasse, fait ta béat si ça peut te faire plaisir. Il y a des tas de chose qui font que je ne retournerai jamais voir son père. Je marquai une pause pour respirer avant de montrer mon doigt pour lui dire que je n’avais pas terminé ce que j’avais à lui dire. Tu sais, je connais Hayden depuis des années, ça a été mon premier amour. Je l’ai aimé vraiment fort. Tu peux croire ce que tu veux, je tenais à lui autant qu’à la prunelle de mes yeux Alexie. Alors non je n’étais pas sa petite-amie, ni sa meilleure amie d’ailleurs mais on était très proche et on aurait fait n’importe quoi l’un pour l’autre.  Je te demande pas de comprendre notre relation, ni même ce qu’il s’est passé puisque même moi je suis pas foutue de comprendre tout ça. Mais je veux que tu saches que chaque jour depuis qu’on est venu m’annoncer dans ma chambre d’hôpital qu’Hayden était mort, je m’en veux et je souffre aussi, comme toi. J’ai perdu un ami, un frère et bien plus que ça. J’avais envie de pleurer parce qu’il me manquait tous les jours et c’était toujours compliqué de parler de lui. Je tournai la tête sur la droite machinalement quand je vis un petit bonhomme avec une fleur courir en ma direction. C’était Riley et ma mère au loin n’avait pas osé le suivre à cause de ma conversation avec la jeune femme. Fleu mama ! Lança le petit bout en souriant de manière vraiment adorable. Je pris la fleur et lui embrassai le front. Merci mon cœur. Hm.. Elle sent bon ! Dis-je en humant les pétales. Il émit un petit rire avant de se retourner pour courir en direction de sa grand-mère qui ne nous observait plus. Le petit bonhomme se prit les pieds dans une pierre et tomba au sol avant de se mettre à pleurer. Merde ! Susurrai-je en cherchant ma mère du regard. Je me mis à rouler vers lui veillant à rester à une petite distance pour ne pas l’écraser. Je n’avais encore jamais eu à faire à ce genre de situation et je dois avouer que je me sentais plutôt impuissante sachant que je ne pouvais pas me lever et encore moins m’accroupir sous peine de pas pouvoir me relever. Je cherchai toujours ma mère, jusqu’à ce que je la vois au loin près d’un arbre, trop occupée par sa conversation téléphonique. Merde, merde, merde.

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Je n’avais pas pu faire autrement que de lui dire ce que je pensais d’elle. Maintenant qu’Hayden était plus là, je n’avais plus de raison de la fermer d’autant plus qu’il avait passé les derniers instants de sa vie mariée avec une femme alors qu’il en aimait une autre. Il avait mit sa vie sur pause pour elle et elle, elle avait accepté ça dans son propre intérêt, car comme ça… tout allait mieux pour ELLE. « J'appellerai ses parents, c’est bon… » Elle me fit arrêter en faisant signe de son doigt. Je soupirai pour la laisser continuer son petit monologue où elle vantait son amour pour mon meilleur ami. Elle pensait quoi là? Que j’allais changer ma façon de pensée et lui dire que je m'excusais? Je savais qu’ils avaient déjà été ensemble… mais ça n’avait plus de raison d’être maintenant. « Je comprends ta peine mais je ne comprendrai jamais ce que vous avez fait. Hayden était avec toi alors qu’il en aimait une autre, il a mit sa vie sur pause pour toi… et là, il est mort sans avoir vécu ce qu’il voulait vivre Geane. il avait un grand coeur, un trop grand coeur et il ne mérite pas ce qui s’est passé. » Ni sa mort, ni même d’avoir eu à se mettre dans une fausse relation.

L’arrivé de son fils calma un peu le jeu. Je voulais pas non plus m’énerver contre un enfant qui venait tout adorablement offrir une fleur à sa maman. Toutefois, le petit bout se tourna pour faire quelque pas plus loin et tomba avant de s'effondrer en larme. Je m’approchai instinctivement de lui en même temps que sa mère qui n’allait pas bien car elle ne pouvait pas l’aider. « Ça va aller. » dis-je pour calmer Geane parce que je pouvais bien comprendre la panique. D’autant plus qu’elle était pas trop en mesure d’aider son petit bout. Je me penchai pour m’occuper de tout ça en plaçant mon enveloppe sur mon bras.  J’étais pas une sans coeur non plus. Je ne portais pas la jeune femme dans mon coeur mais j’aimais beaucoup trop les enfants. Même si c’était le gosse d’un mec que je trouvais tout simplement dégueulasse. Il n’y était pour rien le pauvre petit! On ne choisissait pas sa famille, j’étais la première victime de tout ça avec mon père de merde. « Ça va bonhomme? Où est-ce que tu as mal? » Le petit, avec les yeux pleins de larme me montra l’intérieur de ses mains. Oui, c’était un peu éraflé mais rien de très sérieux. D’ici quelques heures, il n’allait même plus s’en souvenir. « Hop debout. » dis-je en prenant ses petits bras pour le remettre sur pieds. « Moi je sais quoi faire pour que ça ne fasse plus bobo. » Le petit me regarda avec ses gros yeux tout tristes. Je le pris dans mes bras pour l’approcher de sa maman. « Je crois qu’on aurait besoin ici de bisous magiques. » dis-je à l’intention de Geane tout en penchant son fils vers elle pour qu’elle dépose des baisers sur ses petites mains. Le petit avait arrêté de pleurer, je le reposai au sol. « Plus de peur que de mal. »

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La conversation avec Alexie était quelque peu houleuse. Je savais qu’elle ne m’aimait pas et ça, je ne pourrais décidément jamais rien y faire. Je comprends ta peine mais je ne comprendrai jamais ce que vous avez fait. Hayden était avec toi alors qu’il en aimait une autre, il a mit sa vie sur pause pour toi… et là, il est mort sans avoir vécu ce qu’il voulait vivre Geane. il avait un grand coeur, un trop grand coeur et il ne mérite pas ce qui s’est passé. Déclara-t-elle encore sur un ton de reproche. C’est bon je crois que j’ai compris Alexie. Je t’ai déjà dis que je m’en voulais, si j’avais les moyens de revenir en arrière, je le ferai. J’avais soupiré en balayant le paysage des yeux derrière elle. Je n’avais pas envie de me justifier puisque je savais que dans tous les cas elle ne comprendrait pas mais il fallait quand même que j’essaie. Cette mascarade n’a pas duré très longtemps, ça n’a été l’histoire que de quelques semaines avant notre retour, dès qu’on est revenu ici, j’ai voulu tout arrêter parce qu’on savait tout les deux que rien de tout ça n’était réel et je savais qu’il aimait quelqu’un d’autre. Je nous voyais pas continuer comme ça.. Il a refusé, alors j’ai quitté son appartement afin qu’il fasse quand même ce qu’il veut. Personnellement, je n’avais rien à y gagner, je voulais seulement qu’il vive sa vie. Je marquai une légère pause et reprit la parole de plus belle. Puis après de nombreuses discussions et toute une histoire avec son père, il a été appelé en mission et il n’est pas revenu. C’était juste après une de nos disputes, on a été dur l’un envers l’autre et c’est les derniers souvenirs que j’aurai de lui. J’ai sa mort sur ma conscience Alexie alors s’il-te-plait, cesse de me faire des reproches, je t’assure je suis capable de le faire seule. Je la regardai un instant avant d’être prise au dépourvu par Riley. Il me donna la fleur qu’il venait de cueillir et reparti dans la direction opposée avant de tomber par terre. Je me précipitai vers lui, un peu frustrée d’être coincé dans ce fauteuil. La jolie rousse prit place à coté de mon fils et me regarda pour me rassurer en me murmurant un ça va aller. Je la regardais faire sans broncher. Elle discuta un peu avec lui et ce dernier lui montra ses mains en pleurnichant. Après l’avoir mit debout, la jeune femme prit le petit bonhomme dans ses bras et le pencha vers moi. Moi je sais quoi faire pour que ça ne fasse plus bobo. Je crois qu’on aurait besoin ici de bisous magiques. J’avais fais un petit sourire et j’avais embrassé ses deux mains avant de finalement déposer un baiser sur mon front. Riley s’était alors arrêté de pleurer et avait regardé ses mains comme si elles avaient vraiment été soignées. Alexie reposa mon fils au sol et conclu. Plus de peur que de mal. Merci.. Lançai-je avant de soupirer de soulagement. J’avoue que je n’ai jamais eu à faire à ce genre de situation seule… Me contentai-je de répondre tout en fixant Riley quand je sentis des mains se poser sur mes épaules. Ca va ma chérie.. ? J’ai vu que ton amie avait ramassé Riley.. Je suis désolée, je l’ai surveillé le temps qu’il aille vers toi mais j’ai pas vu qu’il était tombé. Déclara-t-elle en se penchant vers mon fils pour lui embrasser la joue. Il va bien.. Donne le moi. Dis-je en tendant les bras. On va rentrer, je vais nettoyer ses mains et lui donner son goûter. Je fis un léger sourire et regarda la jolie rousse. Bonne continuation à toi et merci encore pour Riley. Lançai-je en l’installant correctement sur mes genoux.