Aujourd'hui il faisait pas vraiment beau et j'avais pas grand chose à faire. Ces derniers jours ont pas été faciles, beaucoup de choses se bousculaient dans ma tête. Entre ce que j'avais fais avec Léo, la dispute avec Hannah, ces choses bizarres avec Khloé, le mec mystérieux de ma petite soeur, je ne savais plus où mettre de la tête. Aujourd'hui, j'avais décidé de faire table rase et de ne voir personne, d'aller dans un endroit où on me trouverait pas - enfin pas sans réfléchir une heure ou deux. En effet, j'adore dessiner comme peu de gens le savent et même si j'avais pas eu de grandes études pour apprendre le dessin et l'art en général, j'aimais flâner dans la galerie d'art de temps à autres. J'avais reçu la brochure pour la récente exposition. Comme il ne fait pas très beau et chaud, ce serait parfait d'aller là-bas, voir de belles oeuvres avec une climatisation et pas trop de monde. Un jean, un tee shirt blanc et ma veste, j'étais parti les clés de la voiture en main. Je me garais au parking et sortais vers la porte d'entrée. Je prenais ma place, souriant à l'hôtesse poliment. J'étais serein, calme pour une fois. En général, l'art ça apaise pas mal, c'est magique. J'entrais pour commencer la visite, la brochure en main. La façon dont ils avaient fait ça était très intéressante et je m'arrêtais de longs moments sur chaque oeuvre. Je tournais la tête vers l'autre bout de la pièce, vers une oeuvre dont ils faisaient référence sur celle face à moi quand je vis une jeune femme se lever et faire tomber quelque chose. Elle ne semblait pas le remarquer alors je me précipitais pour le ramasser et poser tendrement ma main sur le bras de la jeune femme, pour ne pas lui faire peur. « excusez-moi, vous avez fait tomber ça » dis-je alors qu'elle se retournait. Son visage était très agréable, chose qui m'arracha un sourire soudain. « je ne voudrais pas en faire de trop mais vous me faites penser à l'oeuvre là-bas » dis-je mentionnant une oeuvre qui ne représentait pas forcément un visage ou quoique ce soit mais qui m'avait juste inspiré de la douceur, de la tranquilité comme ce que son visage m'inspirait là tout de suite. Je lui souris. J'en avais peut-être fait trop, finalement, je plissais un peu les yeux. C'était trop tard, de toute façon.

J’étais de retour chez ma mère depuis trois jours maintenant. Ça n’avait pas été facile de faire mon sac et de quitter la maison dans laquelle j’habitais depuis maintenant quelques années. Tout ça sonnait comme une séparation entre Colton et moi mais je savais que c’était un mal nécessaire pour mieux se retrouver par la suite. Je ne voulais plus être ce fardeau difficile à porter. Je ne voulais plus qu’il me voit pleurer pendant des jours et des jours sans arrêt. Je n’étais pas d’une bonne compagnie et il ne méritait pas à m’endurer de la sorte. Je voulais que lorsqu’on se voit, on passe du bon temps ensemble, loin des problèmes, loins des pleurs… juste du bonheur. Naturellement, j’avais apporté Eliott avec moi car bon, mon mari avait déjà trois enfants et je savais que je serais incapable de me départir de mon petit bonhomme trop longtemps.

Eliott à la garderie, c’était une belle journée pour moi et je ne voulais certainement pas la passer dans les quatres murs de ma chambre. J’avais donc décidé de prendre soin de moi et de sortir de la maison. Ne pouvant pas faire d’activité trop demandante, j’avais décidé de me rendre à la galerie d’art pas trop loin de chez moi. Étant une ancienne étudiante en art, il me faisait toujours grand plaisir de renouer avec cet amour que j’y portais. Déambuler devant les toiles, découvrir de nouveaux talents, essayer d’en comprendre l'interprétation… c’était magique!

Je passai quelques minutes à fixer une toile aux couleurs scintillantes. J’avais rarement vu quelques choses d’aussi magnifique et honnêtement, même malgré son prix exorbitant, j’avais envie de l’acheter. Je me disais toutefois que j’allais y penser en continuant de marcher à travers la galerie. Je me levai donc afin de continuer mon petit chemin avant qu’on ne m’arrête d’une main à mon bras. Je me tournai pour faire face à face avec un charmant jeune homme qui me tendait mon carte de crédit que j’avais malencontreusement échappé au sol. « Oh wow merci! Ça m’évite beaucoup de problème du coup. » Dont devoir en commander une autre et peut-être même risquer qu’on me fraude. Je lui souris, rangeant de nouveau ma carte dans la poche arrière de mon jeans ne voulant pas traîner de sac à main avec moi.

La conversation avec mon sauveur ne s’arrêta pas simplement à cette banalité Bien au contraire, monsieur je-sors-tout-juste-d’un-magazine-de-mode me parla d’une toile vers laquelle je me tournai. Il s’agissait en plein de cette dont j’avais des vues. Le commentaire m’arracha bien rapidement un sourire. « Eh bien, je vais prendre ça comme un très beau compliment puisqu’il s’avère que c’est probablement mon oeuvre préféré de l’exposition. » Je lui offris mon plus beau sourire, et puis… se faire comparer à une oeuvre d’art en soi, il y avait pire! « Je suis quand même curieuse de savoir en quoi je vous penser à ce tableau. » Parce que bon, à moins qu’il ait dit ça sans vraiment y penser, quelque chose me disait qu’il y avait bien une raison qui se cachait derrière tout ça. « Oh...et j’ai pas soixante-dix ans et demi, je crois qu’on peut laisser faire les vouvoiements… à moins que ça t’importe réellement de se parler comme des personnes âgés? » lâchais-je en riant quelque peu.

Cela faisait du bien de marcher tranquillement dans les allées de la galerie d'art de temps à autres. Bon, bien souvent, je me demandais pourquoi avait-il fallu que je tombe sur la famille que j'avais eu et que je n'avais jamais eu l'occasion de faire d'études artistiques, car j'aurais vraiment aimé comprendre tout ça avec des mots techniques, avec des connaissances précises. Là, j'étais comme un enfant devant les beautés du monde. A se promener, ressentant des trucs sans comprendre vraiment. Je trouvais ça quand même fou que des couleurs puissent me toucher alors que je n'arrive même pas à comprendre quand une personne en chair et en os me fait ressentir des choses. Enfin, c'est peut-être pour ça que je me retrouvais bien au milieu de tout ça, j'essayais sans doute d'adapter ça à ce que je peux ressentir parfois et que je ne comprends pas, surtout ces derniers temps.

Je pensais à tout cela alors qu'une jeune femme, non loin de là, fit tomber sa carte de crédit. Je ne réfléchissais pas une seconde pour accourir la récupérer et le lui rendre, avant que quelqu'un de mal attentionné le lui vole. Elle me remerciait et j'y répondais pas un sourire. En effet, perdre sa carte de crédit ça a beaucoup de conséquences dont beaucoup de temps perdu dans des papiers. Elle la rangeait dans son jean, faute d'avoir un sac. En même temps, dans une galerie d'art, c'était pas génial de traîner un sac. Après ça, je lui confiais que son visage me faisait penser à une autre oeuvre non loin de là. Je regrettais aussi vite mes mots. J'avais peur qu'elle ne les interprète pas bien, j'étais pas ce genre de gars à chercher l'excuse pour un rapprochement quoi. C'était sorti tout seul. Il est vrai que son visage m'inspirait beaucoup de choses. Elle semblait douce et je sais pas.. c'était ce que j'avais ressenti devant l'oeuvre que je lui avais confié. Je fronçais un peu les sourcils, mécontent de moi mais, elle ne réagissait pas mal finalement. Au contraire, elle me confiait que c'était une de ses oeuvres préférées de l'expo et me demandait pourquoi. Du coup, je lâchais un sourire. Oh génial! Oh je sais pas votre visage il.. enfin vous dégagez une certaine sérénité, une douceur même je dirais que j'ai ressenti devant ce tableau là aussi. Les couleurs sont douces, elles représentent pas forcément quelque chose de précis mais elles font.. je sais pas une espèce de sécurité soudaine, comme si rien pouvait arriver. dis-je plissant les yeux, cherchant mes mots. Comme je disais, je n'ai pas la technique pour parler d'art, ni les mots. Elle proposait de se tutoyer avec une petite blague comme quoi on était pas des vieux. Je me mis à rire un peu nerveusement, elle avait pas tort, elle avait probablement mon âge d'ailleurs. ah bon soixante neuf ans alors? dis-je pointant mon doigt vers elle comme pour deviner son âge avant de rire doucement. non tu as raison désolé on a probablement le même âge.. à une ou deux années près. continuais-je alors avec le même humour. je suis chad me présentais-je alors. et je suis désolé je n'ai pas du tout les mots techniques pour tout ça je.. je suis comme un enfant dans une galerie d'art quoi ça m'intéresse vraiment mais.. j'ai jamais appris quoi. j'ai toujours dessiné mais ça a toujours été un secret. lui confiais-je un peu, comme si je devais m'excuser de tout ça. toi par contre tu sembles bien t'y connaître, je suis jaloux plaisantais-je alors regardant autour de nous.

J’avais beaucoup chance d’être tombée sur ce petit sauveur de carte de crédit, très charmant d’ailleurs. Je l’avais aussitôt remercié car il m’évitait du coup de beaucoup de problème. Puis, la conversation prit aussitôt une tournure assez intrigante puisque ce dernier me compara à un tableau que j'affectionnais particulièrement. Aussitôt, je le questionnai à ce sujet, cherchant en comprendre où il voulait en venir. En l’entendant se justifier, mon sourire s’élargit car ça avait quelque chose de flatteur.« Eh bien… merci, je trouve ça bien gentil! » Il avait pire comme première impression. « Cette toile est mon coup de coeur jusqu’à maintenant en plus! » Et ça, il l’ignorait jusqu’à maintenant donc je trouvais le tout  particulièrement drôle. Le jeune homme entra un peu dans ma blague concernant notre âge - ma foi - vachement exagéré. Je ris en secouant positivement de la tête. « Ouais, mais on dit souvent que je fais à peine 62 ans… » Un petit clin d’oeil puis je me présentai à mon tour. « Chad? J’ai connu un Chad à mon adolescence… mais il avait une passion inexpliquée pour les timbres et il avait un ami imaginaire jusqu’à ses 17 ans… Disons que tu me fais une meilleure impression sur le prénom. » Je tendis ma main vers la sienne pour la serrer. « Enchantée, moi c’est Sky! » Après tout, c’était ça l’essentiel, non?

Puis, Chad se mit à s’excuser pour sa manière un peu maladroite de s’expliquer concernant l’art. Je secouai aussitôt la tête. « Faut pas… en fait, je crois pas qu’on peut réellement s’y connaître en art. Bon, c’est sur que niveau théorique, connaître les oeuvres et tout… ça se peut mais au niveau de l’appréciation de l’art en tant que tel… c’est libre et tout le monde peut en faire sa propre interprétation de la chose et je crois que c’est ce qui est beau avec tout ça… c’est que l’art se réinvente tellement qu’on ne peut jamais affirmer connaître tout. » Oh que je pouvais me perdre rapidement dans cette conversation. Je me perdis d’ailleurs dans son regard l’espace d’un moment, allant même jusqu’à lâcher un petit rire en secouant la tête. Je ne voulais pas avoir l’air de la fille trop intense non plus. Je me raclai donc la gorge, penchant la tête un peu sur le côté en fronçant le nez. « J’ai étudié en histoire de l’art et j’aime bien barbouiller sur des toiles de temps en temps… mais t’inquiètes pour la peine… je suis autant une enfant que toi ici. » En fait, je me sentais ici comme un enfant dans un parc d’attraction. En plus, l’exposition était tout simplement magnifique. Je l’invitai à continuer un peu notre promenade à travers la galerie. C’était sympa un peu de compagnie. « Pourquoi garder ta passion en secret exactement? Si tu aimes ça… je crois que tu devrais aller de l’avant. » On ne savait jamais où ça pouvait le mener. Bon, je ne connaissais pas le jeune homme mais j’étais une fille de nature passionnée et donc, c’était surtout ça me guidait dans la vie principalement. Je savais toutefois que ce n’était pas le cas de tout le monde.

C'était un peu mon jardin secret dans lequel j'étais en ce moment même. Savoir que je me balade dans un musée parfois seul à beuguer devant des toiles d'artistes contemporains n'était pas une chose connue de tous mes amis. Pourtant, c'était bien une chose que je faisais de temps à autre. J'étais tombé là sur une charmante jeune femme avec qui s'engageait naturellement la conversation, sans artifices. Je lui parlais d'une toile plus loin, puis je lui avouais certaines choses. Je lui disais surtout que je ne connaissais pas le jargon pour ces choses-là, que j'étais un gosse dans un supermarché ici. Je ne faisais que regarder avec le peu que je savais tout ce qui m'entourait comme un vrai gamin. Quand je mentionnais la toile plus loin, j'étais heureux de comprendre qu'elle l'adorait aussi. Je souriais. C'est quand même fou comme un mélange de couleur peut faire varier les ressentis, et aussi comme ça m'aide aussi à faire le point, moi qui suis si handicapé de ce niveau-là. Je riais alors qu'elle entrait dans le petit jeu de l'âge. Je faisais une tête étrange quand elle me parlait de l'autre Chad qu'elle avait connu. Je riais à la fin, lui serrant doucement la main. Oui il vaudrait mieux que tu oublies tout ça.. enchanté Sky. dis-je avec le sourire, présentations faites. Je levais mon doigt à mon menton, comme pour réfléchir. rassure-toi.. je n'ai pas d'ami imaginaire. un chien, tout au plus. dis-je alors sérieusement avant de rire.

Après cela, on parlait de l'art en lui-même. Elle me disait qu'elle non plus ne s'y connaissait pas tant que ça, que finalement l'art n'avait pas de réelles et strictes interprétations. Je souris, hochant la tête, tout à fait d'accord avec elle. Il n'y avait rien d'autre à rajouter, elle avait tout dit. Je me contentais de sourire et de continuer à l'écouter. Elle me fascinait.. d'une certaine manière. Elle avait une belle façon de voir les choses. Elle m'apprenait qu'elle barbouillait de temps en temps. Tu as donc une meilleure maîtrise que moi, quand même. C'est cool que tu en fasses aussi, ça doit faire du bien parfois de juste.. jeter des trucs sur une toile. Enfin je dis ça je fais pareil avec un crayon.. mais en général c'est l'arracher et le jeter à la poubelle qui me fait du bien dis-je alors en riant doucement. Tu fais quoi en général? de l'abstrait? ou plus des scènes..? demandais-je alors, curieux. On continuait la balade, parfois on s'arrêtait de parler pour admirer des toiles. Elle était curieuse, elle aussi. Oh heu.. on va dire que je n'ai pas eu une enfance qui m'a permis de me concentrer là dessus.. j'ai du mettre ça de côté et depuis.. je me suis construit en gardant ça secret, on va dire. lui avouais-je, tournant mon regard vers elle, une petite moue. Je regardais la toile face à nous. J'ai l'impression qu'elle me donne une grosse baffe celle-là, tu vois. Genre si c'était quelqu'un elle me.. enfin j'aurais envie de m'excuser dis-je alors avec un petit sourire face à ce qu'on avait devant nous. C'était agréable de pouvoir en parler, finalement. et toi? ça te fait quoi? demandais-je alors, curieux encore une fois. Je m'asseyais sur le banc face à l'oeuvre.

Je pouvais bien dire que Chad était une superbe rencontre à première vue. C’était rare maintenant de se faire aborder d’une manière aussi naturelle, juste comme ça, sans grande raison. Le jeune homme aurait très bien pu s’en tenir à simplement me donner ma carte et partir par la suite - ce qui aurait été tout à fait gentil de sa part aussi. Mais non, il avait préféré engager une conversation et pour la peine, j’avais eu envie de la prolonger. « Un chien? C’est tout à fait acceptable! » dis-je en serrant sa main à mon tour. Pas qu’un ami imaginaire ne l’était pas… ce l’était quand on était mignon et qu’on avait 4 ans, mais quand on est rendu à 20 ans, c’est juste… épeurant.

Puis notre discussion désira un peu sur l’art en général, sur notre vision de la chance et sur notre expérience concernant le domaine. Chad avait beau dire que j’étais plus expérimenté que lui, je ne me considérais pas comme telle. J’étais qu’une simple amatrice curieuse, disons-le ainsi. « Oh, t’as pas idée. Lancer de la peinture avec la musique au maximum, t’as pas idée comme c’est défoulant! » Et disons que je le faisais assez souvent dernièrement, avec tout ce que je vivais! « Un peu de tout je te dirais. J’aime aussi beaucoup aussi les portraits mais ça… généralement je les garde pour moi. C’est toujours un peu gênant de montrer à quelqu’un une peinture de lui. J’ai peur que le monde se trouve laid et me dise : non mais franchement, c’est vraiment comme ça que tu me vois? » dis-je en riant. « Tu vois un peu le genre… » Le genre de situation assez malaisante.  Je trouvais ça dommage d’entendre qu’il n’avait jamais pu profiter de sa passion à son plein potentiel. J’étais certaine qu’il avait du talent et de garder â dans la noirceur sans en faire profiter les autres...eh bien, c’était son choix mais c’était assez triste. Je me contentai de hocher la tête. « Je peux comprendre… c’est pas le cas de tout le monde par contre. .» L’art en soi était souvent sous-estimé. Oui, c’était pas une milieu facile, mais c’était pas impossible non plus.

Nous avons continué notre chemin au même rythme que notre conversation : bien doucement avant de s’arrêter et de prendre place sur un petit banc devant une nouvelle toile dont mon compagnon en fit un commentaire aussitôt pendant que je le contemplais toujours. « Je trouve qu'elle dégage une certaine vulnérabilité. J’adore les couleurs choisies, c’est vraiment intéressant. Elle parle beaucoup… » J’avais tourné la tête pour croiser le regard - un peu trop bleu et trop beau - de Chad. Je fus déstabilisée un instant, reprenant sur moi en lui souriant simplement. « Sinon.. à part griffonner sur du papier et sauver les cartes bancaires des jeunes femmes dans les galeries d’arts… tu as d’autres occupations? » Bon oui, la conversation allait au-delà de ce qu’elle était depuis le départ : l’art. Mais bon, le jeune homme m’intriguait et semblait fort bien sympathique. Il me donnait envie de continuer cette conversation et le découvrir d’avantage.

J'avais du mal à me souvenir du comment et pourquoi je m'étais retrouvé à me balader dans une galerie d'art avec une inconnue. Enfin plus si inconnue que ça d'ailleurs. On faisait connaissance à travers les oeuvres. C'est vrai ça, jamais personne n'avait su que j'aimais me balader ici, griffonner sur des bouts de papiers au crayons de bois, et voilà qu'en moins de vingt minutes cette jolie et jeune femme savait déjà tout. Ce n'était pas tellement mon genre de déballer ma vie si facilement mais il avait fallu que je mentionne la raison de ma venue ici. Les gens qui n'aiment pas l'art et qui se promènent dans des galeries d'art.. ça peut vite faire pervers. Il avait fallu que je vende la mèche avant même qu'elle me connaisse sous un autre angle. Je ne regrettais pourtant pas qu'elle le sache. Cela me faisait limite du bien, de l'avoir dit à quelqu'un, d'en parler, de discuter de ça. Je ressentais énormément de choses face à ces oeuvres et j'avais toujours été intrigué par ce qui se passait à l'intérieur de moi. Je n'ai déjà pas pour habitude de ressentir quelque chose dans la vie de tous les jours, alors devant une toile encore moins. C'était pourtant plus simple de mettre des mots à l'oral, d'écouter un autre avis. ça m'aidait d'une certaine manière. Je la regardais alors qu'elle me disait que se défouler sur une toile ça faisait un bien fou. Je plissais un peu les yeux. Je l'imaginais mal se défouler, être énervée et agitée. Elle avait un visage tellement doux, apaisant, ça avait cet effet là sur moi en tout cas et je l'imaginais difficilement dans cet état là. Mais évidemment qu'elle pouvait l'être, elle avait l'air d'une poupée mais ne l'était pas. Heureusement d'ailleurs, elle serait bien moins intéressante. Comme pour ces peintures, j'avais envie d'en savoir plus sur elle. J'avais l'impression de pouvoir la connaître avec tout ça. Je voulais saisir cette chance, sans réfléchir du pourquoi, je saisissais le moment. Elle me parlait alors de portraits et me racontait du côté gênant de la chose. Je partageais son rire, elle avait raison. Je vois! j'aimerais bien moi pourtant savoir comment on peut me voir, même si c'est laid enfin, la laideur dans l'art.. dis-je en roulant des yeux genre intello qui veut pas lancer le débat avant de rire légèrement. Je sais que quand je dessine un visage, quelqu'un, je mets forcément une intention, le dessin va être ce que moi je vois dans la chose plus que ce qu'elle est vraiment pour n'importe quel miroir. lui confiais-je alors, très sérieusement. Tout ça pour dire que je comprenais ce qu'elle voulais dire avec les portraits. Je lui confiais la raison pour laquelle peu de gens savaient pour mon petit faible pour l'art. Heureusement que ce n'est pas le cas de tout le monde sinon on aurait aucune galerie d'art et on vivrait pas dans le même monde plaisantais-je alors, la regardant. Elle m'intriguait tout à coup. Puis je tournais la tête vers une oeuvre qui me fit un coup. Je m'asseyais et elle en faisait de même. Je lui confiais ce que j'avais face à cette oeuvre. Vulnérabilité, c'était ça. Elle avait mis un mot sur ce qui m'avait interpellé. Je suis quelqu'un de protecteur et face à ce tableau j'avais eu une espèce de.. force d'empathie, comme si je voulais aider, être là. Je regardais alors Sky, qui tourna à son tour la tête. Je m'arrachais un petit sourire face à cet échange. Il y eut un petit silence avant qu'elle en fasse de même et qu'elle prenne la parole. Pas désagréable, comme silence. Je levais les sourcils, prenant un air intéressé et étonné à la fois. Je ramenais la main sous mon menton, pour le gratter doucement. Hmm non ce sont mes deux occupations principales j'y consacre mes journées, même que le vigil est mon coloc il s'appelle David il est très sympa. dis-je avant de perdre mon sérieux et de rire doucement, évidemment je la faisais marcher, c'était par humour. Non en fait je suis un peu déçu que tu ne me reconnaisse pas ce visage est limite 24/24h sur une chaîne de télé. dis-je faussement vexé avant de re-sourire à nouveau, frottant mes mains. Je suis animateur sur une chaîne de télé sportive. Et comme je suis une sorte de puce hyperactive je suis coach dans la salle de sport de la ville. lui apprenais-je d'une voix posée et de manière sérieuse, avec un sourire. Je prends soin de ma petite soeur aussi, c'est un boulot à plein temps depuis sa naissance. ajoutais-je comme si c'était un secret, avec le sourire. Je levais les épaules doucement avant de retourner la question : et toi à part écouter Metallica en lançant des pots de peinture sur les toiles tu as d'autres facettes cachées? demandais-je alors lui donnant un mini coup d'épaule amicale, ne lâchant pas ce sourire que j'avais maintenant adopté. Tu accepterais que je te paie un thé en sortant d'ici, qu'on puisse continuer cette conversation tranquillement? Je t'inviterais bien chez moi mais David n'aime pas les inconnues chez nous alors.. proposais-je ensuite avec humour, me rendant compte que l'exposition arrivait à sa toute fin.

Je ne répondis rien à son questionnement concernant le fait qu’il se demandait bien à quoi il ressemblerait en dessin. Je n’en pensais pas moins, cependant. Disons que le mec pouvait être beau n’importe où, n’importe comment, dans n’importe quelle situation. J’étais certaine d’ailleurs qu’il était un beau modèle à peindre et à photographier. En pensant à ça, je décidai de le questionner davantage à son sujet, question de cerner un peu à qui j’avais affaire. Chad me semblait être un homme rempli de surprise. Lorsqu’il me parla du fait qu’il passait à la télé. J’écarquillai les yeux, c’était quoi les chances que je tombe également sur une personnalité publique alors que mon mari en était un aussi. Bon, Colton jouait dans une série depuis 10 ans maintenant, une série que je ne regardais pas à l’époque et donc, je n’étais pas au courant. Encore une fois là… bien que son visage était magnifique, je ne le reconnaissais pas. « Oh désolée...honte à moi. » dis-je en riant à sa petite remarque « Houlà! Tu te tiens en forme et c’est le cas de le dire… » Bon, j’avais cru remarquer par sa musculature. Disons que ça donnait envie de zapper et de tomber sur la chaîne sur laquelle il jouait.

En me parlant de sa soeur, je compris qu’il était un homme de famille, enfin.. il me semblait bien et c’était définitivement une valeur qu’on partageait. « Facettes cachées? Eh bien oui mais ça serait un peu nul de tout te les dire maintenant, non? » dis-je en souriant. En fait, j’allais pas foutre en l’air l’atmosphère en disant que j’avais le cancer non plus. Et puis, ça pouvait sembler horrible mais lui dire immédiatement que j’étais mariée, eh bien j’avais peur qu’il ne me donne plus cette attention que j'appréciais. D’autant plus que je n’avais plus mon alliance à cause de la chimiothérapie qui faisait enfler mes doigts. BREF. « Je suis propriétaire d’un studio photo au centre ville, ça m’occupe beaucoup en plus de travailler pour ma mère. » Mais pour l’instant, je ne faisais plus rien de tout ça.

Je fus surprise que notre conversation se termina par une invitation à la continuer autour d’un bon thé. Je le regardai m’expliquer qu’il m'inviterais bien chez lui mais que son coloc’ David n’apprécierait probablement pas. Ça m’allait bien l’endroit public puisque bon, je le connaissais pas encore très bien ce beau Chad. « Eh bien, oui… ça me ferait bien plaisir d’aller boire le thé. Merci de l’invitation. J’ai une petite fringale en plus donc, un deux en un! » C’était particulier en fait de se faire inviter ainsi. Je me demandais bien ce qu’il avait derrière la tête mais il ne semblait pas avoir d’arrières pensées et la conversation s’était bien déroulée, pas de commentaires déplacés, rien. « Par contre, avant… il y a quelque chose que j’aimerais faire. » dis-je en me levant de notre banc tout en jetant un coup d’oeil à mon nouvel ami qui me questionnait du regard. Je lui sourit en haussant les sourcils. « La toile de tout à l’heure, celle avec laquelle tu m’as comparé… eh bien, j’avais en tête de l’acheter et notre conversation n’a fait que confirmer mon envie. » Après tout, il était débarqué de nul part pour me faire de bons commentaires sur cette dernières alors pourquoi pas? C’était une folie parce que niveau prix, elle ne devait pas être donné mais j’avais bien en tête de me faire plaisir désormais… donc au diable les dépenses! J’en avais les moyens de toute façon. Je ne savais pas encore où j’allais la mettre mais j’allais assurément lui trouver une place de choix où elle serait à sa juste valeur. « Par contre, je risque d’avoir besoin d’aide pour le transport jusqu’à ma voiture. » dis-je en le regardant se lever à son tour. Disons que mes petits bras n’allaient peut-être pas être aptes vu la grandeur… alors que les siens, eh bien disons qu’ils avaient toutes les compétences pour transporter bien des choses d’après moi!

Elle voulait en savoir plus sur moi, maintenant. Depuis tout à l'heure, on parlait d'art sans parler d'autre chose, c'est vrai. Je voulais en savoir plus sur elle aussi mais, j'étais tellement du genre maladroit que je ne préférais pas me mettre sur ce terrain-là seul. Elle m'intriguait vachement, elle m'inspirait aussi surtout énormément. Faut dire que rencontrer quelqu'un dans une galerie d'art, c'est souvent dans un état d'inspiration, pour moi en tout cas. Je lui racontais deux trois trucs sur moi, en mettant un trait d'humour sur le fait que j'étais animateur sportif à la télé, boudant faussement qu'elle ne m'ait pas reconnu. Elle s'excusait. Non mais je déconne, t'inquiètes pas, heureusement que tu m'as pas reconnu genre "han mais c'est pas vrai c'est toooi" dis-je avant de rire doucement quand même, on restait dans la galerie. Elle faisait une remarque sur ma forme physique et je regardais mes bras genre "je sais pas de quoi tu parles" avant de rire. Je levais le doigt : y'a une raison pour ça, mais ça attendra plus tard dis-je alors en souriant. Je lui retournais la question et comme moi, elle installait du suspens sur sa personnalité. Je ris doucement. Tu as raison c'est cool le suspens puis.. je découvrirais bien des choses par moi-même aussi dis-je alors avec un petit sourire. C'est vrai que si je lui racontais toute ma vie, ma personnalité, mes problèmes, ce serait pas drôle. Surtout qu'elle prendrait sûrement la fuite tout de suite. Je préférais lui proposer un thé. Un studio photo? Intéressant! Et du coup tu fais quoi pour ta mère? Oui le mot maman n'est pas dans mon lexique mais ça.. elle sait pas encore non plus, ça viendra peut-être plus vite que ce que je ne croyais. Elle aimait mon idée de thé, ça me faisait plaisir. Elle avait même faim, ce qui tombait à pic. Parfait dis-je alors, satisfait. Alors que j'allais vers la sortie, elle m'arrêtait pour me dire qu'elle voulait faire un truc avant ça. Je me retournais, étonné, j'attendais la suite. Elle m'annonçait qu'elle voulait acheter la toile qui m'avait fait penser à elle, plus tôt. J’acquiesçais. Très bonne idée dis-je tout d'abord. C'est comme si j'étais venu du ciel alors que tu l'admirais en envoyant pleins de compliments juste pour répondre à ton doute : oui, achète le Sky. Je suis assez flatté dis-je levant mes épaules genre grande star et je riais doucement. Cette toile irait très bien avec son environnement, j'en étais sûr, puisqu'elle me faisait tant penser à elle de base. Elle ajoutait qu'elle aurait besoin d'aide dans le transport. Je décidais de jouer le jeu. Ah bah oui! C'est pas des petits bras comme les tiens qui vont réussir à amener ce tableau chez toi en un morceau.. il faudrait des bras forts, un homme quoi un vrai. Je me retournais pour partir à cette recherche. Mais où en trouver un? dis-je déconnant, évidemment. Puis ayant regardé partout je levais les mains au ciel. Bon bah je crois qu'on trouvera pas un autre.. va falloir que je me dévoue.. tu dois être déçue les femmes aiment bien les mecs supers musclés qui les aident et tout.. dis-je remontant mes manches genre j'ai jamais fais ça de ma vie avant de sourire. Puis je m'arrêtais net, un air amusé au visage. Ah non non non je vois clair dans ton petit jeu! Tu veux me kidnapper chez toi! Parce qu'après l'avoir mis dans la voiture c'est bien mais faut l'amener à la maison.. et l'accrocher.. ouai ouai je vois clair dans ton petit jeu dis-je le doigt vers elle, riant, alors qu'on allait vers l'organisateur de l'expo pour procéder au paiement de la toile. Une fois fait, je l'aidais évidemment avec plaisir à l'installer avec précaution dans sa voiture, une fois emballé. BON. Je mérite mon thé là avant de faire le voyage vers sa nouvelle maison. dis-je alors en riant doucement. On marchait, puisque le salon était juste en face de la galerie et de sa voiture du coup. Je lui ouvrais la porte et la suivais au pas. Je la laissais choisir ce qu'elle allait boire et manger et j'annonçais ma propre commande pour payer le tout. Un minimum quoi. En prenant le plateau de la commande moi-même pour amener le tout à une table choisie par Sky, je souris en disant avec l'imitation d'une nana il est musclé et en plus galant ohlala dis-je avant de rire doucement. Je reprenais mon sérieux, prenant mon thé en main. Bon donc on disait heu oui. la mère pour qui tu bosses. et du coup tu es proche de ta mère? demandais-je alors. ça m'intriguait ces choses-là, à vrai dire. Je ne comprenais pas. A part avoir une soeur, moi, y'a pas grand chose humaine que je comprends. Du coup si je résume faut que tu me montres une oeuvre que tu fais là sur du Metallica, et une séance photo. oui oui je veux voir ça. dis-je alors en souriant. Je te ferais UN dessin si tu me montres ça un jour. lui promettais-je alors. Lui montrer un dessin, je préférais pas. En faire un de ce qu'elle voudra en live pourquoi pas, au pire des cas. ça m'intrigue ta relation mère/fille parce que disons que.. je suis proche de ma soeur mais on déteste nos parents.. donc en général quand je connais quelqu'un proche d'un de ses parents j'essaie toujours de comprendre parce que.. enfin c'est souvent quelque chose qui reste à vie quoi. surtout dans le quotidien. parce que bon, j'ai des amis qui ont des enfants et rien que ça souvent je les regarde comme des extra-terrestres parce que la relation parentale et moi c'est carrément de l'alien. j'aimerais bien comprendre un jour, on sait jamais que ça m'arrive. dis-je alors avec confidence mais en souriant quand même, riant doucement parfois. C'était sincère ce que je disais mais à mon habitude j'ai du mal à me confier, à m'ouvrir, même si je le faisais quand même pas mal facilement avec une jeune femme que je connaissais depuis à peine deux heures. Je la regardais manger sa pâtisserie, avec un sourire en coin. ça a l'air super bon dis moi plaisantais-je alors.

« Ma mère est directrice marketing pour une grande compagnie qui oeuvre dans le domaine de la mode donc je suis une peu son assistante, on fait équipe et elle me montre le métier avant que je ne prenne sa place d’ici quelques années. » C’était super intéressant, mais ça demandait beaucoup d’effort et d’énergie que je n’avais plus présentement avec les traitements de chimio. Ce fut le temps de prendre cette énorme décision d’acheter la fameuse toile qui avait su capter mon attention et qui d’autant plus, avait été notre premier sujet de conversation à Chad et moi. Son commentaire à ce sujet m’arracha d’ailleurs un sourire. « Voilà! T’as été la confirmation de mon doute! » Simplement. si je m'achetais, je ne pouvais pas la transporter toute seule et donc… je lui demandai un peu d’aide. Son petit jeu de chercher un mec apte à pouvoir m’aider alors que lui eh bien… il avait foutrement le potentiel pour le faire me fit rire. Ça faisait longtemps d’ailleurs que quelqu’un ne m’avait pas mit de bonne humeur ainsi, ça faisait du bien. « Un peu déçue ouais… mais je vais faire avec ce que j’ai! » dis-je en entrant dans ses blagues avant de lever les mains en l’air. « Je suis innocente! Promis! C’est plutôt toi qui s’imagine des scénarios et s’émoustille! » Voir que je venais de dire à à un semi-inconnu et pourtant, j’avais l’impression que je pouvais être à l’aise avec lui… et qu’il allait prendre le tout en riant. Ce fut le cas.

Je payai puis, ce fut le transport jusqu’à ma voiture. Disons que ça avait été un achat assez important, heureusement que niveau financier, je n’avais pas à m’inquiéter. Nous marchâmes jusqu’à l’autre côté de la rue question de prendre place après avoir commandé notre thé ainsi que pour ma part, une part de gâteau qui semblait tout droit sortir des cieux! Bien que j’avais voulu payer pour nous deux, c’est Chad qui avait gagné sur la petite guerre, malheureusement. Mais bon, c’était gentil de sa part et je m'empresserai de le remercier : c’était la moindre des choses. « Musclé, galant… et très humble… ouais… » ajoutais-je avec un peu d’ironie dans la voix. J’apportai mon thé à mes lèvres, me contentai simplement de souffler un peu dessus car il était beaucoup trop bouillant pour me risquer à n’en prendre une gorgée. Puis, le sujet de ma mère refit surface. « Hum...de plus en plus… » Mais ça n'avait pas toujours été le cas. Depuis que je suis tombée ma malade, on dirait que ça avait déclenchée quelque chose chez ma mère puisque autrefois, c’était son travail avant tout, et même avant sa famille! Chose que j’avais encore aujourd’hui beaucoup de mal à lui pardonner parce que je réalisais, étant mère maintenant, que ça ne faisait pas et que les enfants en venaient à beaucoup souffrir de cette absence maternelle… même indirectement. Par chance, j’avais eu un père présent et aimant… qu’elle avait trompé avec un de ses collègues. Chad me fit sortir de mes pensées en me disant que j’allais devoir lui montrer ce dont j’étais capable, en échange d’un dessin de sa part. « J’accepte! » Je trouvais que ça pouvait être intéressant de montrer nos talents, d’échanger là-dessus et d’avoir un opinion de l’autre. Surtout que j’étais bien curieuse de voir le potentiel du bel homme en face de moi.

Tout en le regardant, je pris une gorgée de mon café, écoutant attentivement ce qu’il me disait sur la raison parents/enfants. Il ne semblait pas avoir eu l’enfance la plus facile. Je pouvais pas dire que de mon côté c’est la même chose… mais disons que les choses auraient pu se passer autrement que ça aurait été très bien aussi. « Je pense que en fait, en vieillissant, on apprend de cette relation qu’on a et qu’on a eu avec ses parents et lorsque c’est notre tour d’avoir un enfant… on sait ce qu’on veut reproduire et ce qu’on veut améliorer. Je suis pas d’accord avec le fait que si on a pas eu des bons parents, on sera automatiquement médiocre à notre tour, même que… je pense que c’est ce qui fait des encore meilleurs parents. » Je haussai les épaules, c’était un peu ma vision de la chose, ça pouvait faire peur avoir des enfants… j'avais été la première apeurée car j’avais longtemps songé à me faire avorter mais maintenant, je ne regrettais absolument rien. « Ensuite… faut pas que tu penses que ma relation avec ma mère a toujours été bonne. Elle est de mieux en mieux mais elle n’est pas parfaite. Ma mère a toujours eu la fâcheuse habitude de faire passer son travail avant sa famille. Mon père était beaucoup plus présent mais son métier d’avocat lui demandait quand même beaucoup de temps même s’il essayait le plus possible d’apporter du travail à la maison, de s’occuper de mon frère et moi et une fois couchés, il continuait le boulot. Par contre, j’étais le plus clair de mon temps chez mes grands-parents… Je peux pas dire que j’ai nécessairement eu un vide… mais des fois je me dis que j’aurais aimé moi aussi, avoir une maman aimante et attentionnée. » Pourtant, ma mère était inspirante… c’était une grande femme d’affaire, elle était belle et douée dans son domaine, question vie professionnelle j'aspirais à lui ressembler, mais au niveau de son rôle maternel, je passais mon tour!

Je soutenai le regard de Chad un instant avant de baisser ce dernier pour prendre une bouchée de ma part de gâteau au chocolat. C’était délicieux et juste assez sucré. Ce dernier semblait trouver que ma pâtisserie était plu que appétissante. Je secouai positivement la tête aussitôt. « Un vrai délice! Ouvre la bouche! » Je lui souris en apportant ma fourchette jusqu’à sa bouche. Je ne le connais pas, mais je ne suis pas du genre à avoir le dédain facilement… d’autant plus quand c’est un gars aussi beau et puis bon, il a l’air propre donc j’ai aucun soucis à partager un peu les germes. « Alors? » demandais-je en prenant à mon tour une autre bouchée. J’étais certaine que mon avis sur le sujet allait être partagée… à voir son visage en tout cas, ça semblait être le cas. « Sinon… tu en veux à tes parents… je suppose que c’est un peu personnel mais… est-ce que tu viens d’ici ou bien justement… c’est un peu à cause de tout ça que t’es à Miami maintenant? »