Depuis quelques temps, je pouvais avouer être complétement perdu. Plus les jours passaient, plus c'était compliqué. Je ne savais pas ce que je devais faire, ce que j'étais censé faire. C'était comme être face à pleins de chemins différents, sans panneaux, sans carte routière. J'avais besoin d'un guide, c'était ce que je devais accepter maintenant. Depuis Noël, je n'avais pas revu ma petite soeur. Nous avions passé un fabuleux Noël tous les deux, je ne pouvais pas le nier. On s'était retrouvé et ça avait fait du bien. Même si je me cachais souvent pour contacter Sky, je ne lui avais pourtant jamais révélé son existence. Faut dire que déjà, je me doutais que ça finirait mal et que ma petite soeur m'aurait empêché de continuer. Et si je l'avais fais? Si j'avais tout stoppé? Je ne souffrirais pas, aujourd'hui. Pourtant, c'est comme si j'avais voulu en arriver là. Comme si j'avais voulu ressentir ce truc affreux qu'est ce qu'on appelle avoir "le coeur brisé". Faut dire, n'ayant jamais autant aimé une femme de ma vie, je ne l'avais jamais ressenti. Peut-être que je voulais avoir un aperçu, et c'était réussi. Cela faisait plus mal que ce que j'avais pas imaginé, d'ailleurs. Je m'étais longtemps retenu, caché la vérité, avant d'en arriver là. On était quand même passé à l'acte, ce fameux soir de nouvel an, avant qu'elle ne vienne me dire toute la vérité.
Oui, j'étais amoureux (et encore le mot est faible) d'une jeune femme mariée. J'avais pourtant vu son fils, je m'étais posé des questions, j'avais tourné les conversations pour savoir, je nous avais mis dans des situations qui auraient pu l'embarrasser au vu de sa situation mais jamais avant cette fameuse nuit elle n'était venu me l'avouer. Maintenant, je savais. Je me levais complètement vide de tout, après une nuit blanche intense. Il fallait que j'aille parler à ma soeur, savoir ce qu'elle en pensait. Là, j'avais tiré toutes mes cartes. Pourtant, je savais qu'elle m'engueulerait, je la connaissais par coeur. Pourtant encore une fois, je me jetais dans la gueule du loup. je sonnais chez elle en fin de matinée, après l'avoir prévenu par sms de ma venue dix minutes auparavant, le déjeuner avec moi. « coucou princesse » dis-je l'embrassant sur le front, entrant chez elle, posant ce que j'amenais pour le déjeuner sur la table. « comment tu vas? » commençais-je d'abord. Bah oui, même si j'étais pas dans un état génial, je préférais d'abord connaître son état actuel à elle, car ça m'importait plus.

C'est vrai que je n'avais pas donné de nouvelles à ma petite soeur depuis qu'on était revenu de New York. Je m'en voulais beaucoup, car j'étais vite ailleurs avec toutes ces histoires. Maintenant que c'était "réglé" je comptais bien me rattraper et aller la voir, savoir comment elle allait et passer du temps avec elle. Depuis tout petit, c'est ce qui m'importe le plus dans la vie et cette mésaventure en dehors de ma vie familiale a peut-être eu lieu pour me rappeler que le plus important reste ma petite soeur. Je savais comment elle réagirait face à toute mon histoire, car elle n'en aurait pas fait parti. Jamais pendant cette relation elle n'aura été mise au courant. Je me doutais qu'elle m'en voudrait de ne pas l'avoir mise dans la confidence, surtout après que j'ai appris pour elle et cet autre gars par inadvertance et que je l'ai moi-même boudé quelque peu. Quoiqu'il en soit, j'avais besoin d'elle maintenant et j'avais surtout besoin de prendre soin d'elle plus que n'importe quoi d'autre. Elle est la seule personne dont je sois sûr de l'amour qu'elle me porte de toute façon.

J'avais alors apporté de quoi déjeuner, histoire de ne pas m'incruster les mains vides et je toquais chez elle. Elle m'ouvrait rapidement et je l'embrassais sur le front, à mon habitude. Limite parfois j'avais l'impression qu'elle le tendait tellement elle savait ce que j'allais faire avant tout. J'entrais sans attendre sa permission - j'en avais pas besoin - et je posais le sac sur sa table avant de me retourner vers elle. Sa remarque me fit sourire - même si je souffrais du fait de ne pas lui avoir parlé depuis un certain moment. « oui je sais et je suis désolé.. je vais t'expliquer pourquoi j'ai eu la tête ailleurs.. je sais déjà ce que tu vas dire alors assieds-toi tu vas en avoir besoin » plaisantais-je alors en lui lançant un clin d'oeil, l'invitant à table. Je savais à peu près où elle rangeait sa vaisselle alors je préparais le déjeuner à table moi-même alors qu'elle s'asseyait. Je lui servais de quoi boire. « je vais bien, ne t'inquiètes pas. » commençais-je d'abord en mettant le contenu du déjeuner que j'avais apporté dans nos assiettes. « il y a quelques mois, j'ai fais une rencontre un peu inattendue. C'était au musée. Oui au musée, te moques pas. On a commencé à parler là-bas parce qu'elle avait fait tomber un truc par terre bref.. cliché de merde comme situation.. et puis à partir de là on s'est beaucoup parlé, vu, on est allé boire des verres, des cafés, on est allé au cinéma, on a passé du temps ensemble tu vois.. alors oui comme ça tu pourrais me dire "c'est pas vrai Chad ça y'est enfin!" oui je pensais aussi mais.. je savais que quelque chose clochait je ne sais pas pourquoi. » je faisais une pause, m'asseyant près d'elle, levant mon verre à mes lèvres avant de reprendre mon récit. « je n'ai jamais rien tenté, du coup. jamais. Je savais que je ne pouvais pas. Un jour je l'ai croisé par hasard à la plage et j'ai rencontré.. son fils. Alors je me suis dis évidemment il doit avoir un père celui-là mais malgré mes questions elle passait toujours à côté alors.. je ne savais pas quoi penser tu vois. je commençais à me rendre compte de ce qui se passait en moi par rapport à elle et je sais pas je.. c'était tellement nouveau pour moi tout ça que.. je me suis laissé aller. » dis-je avant de déglutir un peu. Je la regardais, un mini sourire forcé aux lèvres. Je n'aimais pas cette partie de l'histoire, la fin. « pendant notre trip à New York tu te demandais à qui j'envoyais tant de photos et de textos.. c'était à elle.. et.. à nouvel an quand nous sommes rentrés je l'ai rejoins à sa fête de famille.. elle m'a fait entré il y avait toute sa famille mais je sais pas je me suis senti à l'aise on a bu on a dansé comme des fous et puis.. elle m'a proposé de dormir avec elle et.. ce qui devait se passer se produisit. Je l'ai embrassé dehors alors qu'elle avait chaud et dans sa chambre.. enfin voilà. » dis-je alors en regardant Dani, arrivant au pire de l'histoire. « le lendemain je me suis réveillé seul. Elle m'avait déposé un mot en me disant qu'elle m'appelerait mais qu'elle avait du partir s'occuper de son fils. Alors j'ai attendu son appel toute la journée et jamais.. jamais elle n'a appelé. A 3heures du matin j'ai perdu patience et quelqu'un a toqué à ma porte, c'était elle. Elle venait me dire que.. elle venait me dire ce que j'avais toujours su. qu'elle avait quelqu'un. un mari. et qu'on ne pouvait plus.. se voir. » dis-je baissant les yeux, car je ne voulais pas que ma soeur y voit la tristesse qu'ils contenaient. Je prenais une légère pause. « je sais ce que tu penses Dani je le savais j'aurais jamais du.. j'aurais du tout de suite stoppé l'affaire et éviter toutes ces blessures mais.. je ne pouvais pas tu sais elle est.. enfin si tu la voyais.. c'est impossible de.. mais maintenant.. maintenant je sais qu'on est maudit, princesse. Je pense vraiment qu'on est maudit. » dis-je alors voulant apporter un peu d'humour, levant les yeux, lui souriant, prenant une fourchette du plat en me forçant.

Tout était loin d'être simple, dans la vie. Dans la mienne peut-être en particulier. Je suis Chad Tate, le type qui n'a jamais connu le vrai amour. Le type qui a eu une enfance désastreuse, illuminée par l'existence de sa petite soeur Dani. Il n'a jamais eu de modèle de couple très aimant, sur lequel il aurait pu s'appuyer, apprendre à connaître le sentiment d'amour. Le seul amour qu'il ne connaisse vraiment et pour le coup très bien, c'était celui qu'il portait pour sa soeur. C'était moi, ça. Un bon petit résumé bien fourni et bien pourri. C'était ce que j'étais. Et pourtant, récemment, j'étais réellement tombé amoureux. Mais l'expression tomber sur le coup était pas mal, car ça faisait bien mal comme choc. Par dessus tout, moi qui ne confiais jamais de chose très personnelles à ma petite soeur, j'étais là à table avec elle à lui en faire part. Bon, c'était tardivement car elle arrivait à la fin de l'histoire, mais je lui faisait part quand même de tout cela. Je ne sais pas pourquoi, mais j'avais besoin d'en parler. En dehors de tous, c'était à Dani que je faisais le plus confiance. A vrai dire, je détestais ressentir cela car je me sentais faible. Sky pouvait faire ce qu'elle voulait de moi. Je suis pourtant un mec indépendant et qui s'attache très peu mais là, elle avait tapé fort. J'en parlais à Dani, de A à Z, craignant sa réaction. Sur la fin, elle me prenait la main en partageant ma petite note d'humour sur ce lit de désastre. « je sais bien qu'on ne peut pas tout contrôler.. mais je ne sais vraiment pas quoi faire. je sais que tu ne supportes pas quelqu'un qui puisse me toucher ainsi mais ne la juge pas s'il te plaît. si elle arrive à m'atteindre comme ça, tu te doutes que c'est parce qu'elle est quand même géniale. » lui dis-je alors avec un petit sourire, levant sa main à mes lèvres pour lui faire un bisous et la reposer sur la table doucement, reprendre possession de ma main pour manger. « ton frère est vraiment paumé, c'est officiel. lui qui a toujours une solution à tout. » dis-je en lui lançant un clin d'oeil. C'est vrai que depuis que nous étions petit, je trouvais tout un tas de stratagème pour nous sortir de situation fantasque. « je me souviendrais vraiment toujours de nos après-midi à traîner dans New York rien qu'à deux, sans parents, mais tout le monde pensait qu'on en avait, on les aurait rendu fou ces flics !» Je mangeais puis je la regardais. « et toi ça va depuis.. enfin tu sais. hm ? tu penses que.. que c'est foutu? » lui demandais-je alors. Je savais qu'elle serais étonnée de ma question. Je suis plus du genre à insulter ce Glenn plutôt qu'à m'y intéresser. Pourtant, dans mon état actuel, je n'ai pas tellement envie de me prendre la tête avec Dani. Sur ce coup-là, j'avais quelques armes pour la comprendre.

Ma soeur était la personne la plus importante à mes yeux. Je prenais soin d'elle plus que de moi-même depuis qu'elle était née, et c'était normal qu'elle passe avant toute chose. Ce serait toujours le cas. Si nos parents n'en ont pas vraiment été, des parents, ça a renforcé notre lien pour ce qu'il est aujourd'hui. Tous les deux nous avions traversé des choses très fortes, ensemble, sans jamais faillir. Je lui faisais confiance en tous points, et je serais toujours là pour elle, elle le savait très bien et je le savais très bien. C'était une évidence. C'est comme ça que les Tate fonctionnent. Alors, quand je lui raconte pour ma petite histoire d'amour naissante et catastrophique, je le fais en voulant son avis. Evidemment, ma petite soeur déteste quiconque me fait du mal. C'est donc normal qu'elle commence par dire qu'elle n'apprécie pas Sky. Je la comprends, même si je n'aime pas entendre ça sur elle. Pourtant, je ne peux pas me fâcher sur Dani : je l'aurais fais quelques années auparavant mais j'avais appris à me contrôler et à relativiser maintenant. Pourtant, ça me gratter l'oreille quand même et une grimace se laissa apparaître. « Dani.. s'il te plaît.. ne dis pas ça. je sais pas je.. j'aime pas que tu dises ça sur elle.. tu n'as pas tort, en même temps.. mais je ne sais pas je.. je ne peux pas me dire ça et entendre dire ça, je ne veux pas m'énerver contre toi alors je préfère te le dire comme ça.. » lui dis-je alors tout de suite. J'aurais mille raisons d'en vouloir et de détester Sky, pourtant j'en étais incapable, même si j'essayais. J'avais un coeur qui battait soudainement pour elle et qui ne pouvait pas lui tourner le dos. je demandais alors, pour penser et parler d'autre chose, la situation amoureuse de ma soeur, à son tour. Je savais qu'il y avait eu des dérapages et qu'elle avait eu peur de le perdre. Même si je ne savais pas encore si je l'appréciais ou pas, celui-là, je voulais que ma soeur soit heureuse quand même. Je souriais à ce qu'elle disait. « alors saisis-la, cette chance, si tu l'aimes vraiment comme tu le sembles. s'il t'en donne une, c'est qu'il doit tenir à toi de son côté, sincèrement. » lui dis-je alors, finissant mon assiette. Je me levais pour ranger. « comme ça, quand ça ira vraiment mieux entre vous je pourrais décider si je l'apprécie ou non. » lui dis-je alors avec humour, lui lançant un clin d'oeil.

J'étais venu me confier à ma petite soeur. Ce n'était pas dans mes habitudes, puisqu'en général on ne se confiait pas ces choses-là. Tous les deux, on est possessifs comme pas possibles alors savoir que quelqu'un d'autre peut entrer dans la vie de notre prochain ça pouvait nous rendre fou. pourtant, lui faisait confiance comme à personne d'autre j'avais besoin de tout lui raconter. Je savais que ça ne lui ferait pas une bonne impression, Dani n'aimerait pas quelqu'un qui me fait souffrir. pourtant, je lui en faisais ce portrait. Je ne pouvais pas faire autrement, c'était la triste réalité. Je devais lui raconter les choses comme elles étaient, et malheureusement c'était dans la souffrance que cela se faisait. même si je voulais faire semblant de toute façon je me trahissais rapidement alors ce n'en valait pas la peine. Elle en parlait mal, du coup, et je n'aimais pas ça. Tout de suite, je lui demandais de calmer son ton, de ne pas dire ça, car je ne voulais pas m'énerver sur elle ni lui en vouloir. Elle acceptait, comprenant bien qu'elle n'y pourrait pas grand chose de toute manière. « merci » lui dis-je alors que je me levais pour tout nettoyer. Peut-être par réflexe nerveux après notre discussion, je ne sais pas. Je n'aimais vraiment pas qu'on parle mal de Sky, malgré le mal qu'elle me faisait. Je lui retournais la question alors. C'était étrange de lui parler ainsi, je n'aimais pas non plus son Glenn juste parce qu'il avait une place dans sa vie. Mais je venais de lui demander de ne pas le faire avec Sky alors je ne pouvais pas le faire non plus. Il fallait que je fasse un effort. Au fond, je ne voulais pas empêcher ma soeur d'être heureuse. Elle me disait avoir de nouveau une chance et je lui disais de foncer et que, peut-être j'aurais la chance de l'apprécier un jour. Elle me disait d'abord qu'elle pouvait ranger. « je me suis incrusté c'est la moindre des choses que je range ! on se fait un film? glace ou pop corn? » lui demandais-je alors. je me tournais vers elle quand elle me dressait un portrait de son glenn. « bah dis donc tu as itnérêt à le récupérer ton mec parfait là » dis-je en riant, me moquant d'elle gentillement. Je lui lançais le torchon à la figure en riant. Je reprenais un peu de mon sérieux. « mais t'inquiètes soeurette, tu seras toujours la première dans la top list, la première que je ferais toujours chier avec mon caractère de merde, même si je rencontre vraiment quelqu'un comme toi. » lui dis-je alors.