Running from the law

ft. Clarke Anderson & Emma F. Wood

Je continuais à marcher vers chez moi quand j'entendis les pas d'Emma derrière moi. Tiens donc, la petite princesse acceptait mon aide finalement. Il allait falloir que je marque mon calendrier! Elle soupira et accéléra le pas pour finalement arriver à ma hauteur. Je me tournai vers elle. Je voyais déjà dans son expression qu'elle essayait de prendre un petit air supérieur. Comme pour dire qu'elle n'avait pas vraiment besoin de mon aide, mais qu'elle l'acceptait tout de même. Probablement que j'aurais eu la même réaction, mais bon c'était un détail. Et avoir une certaine fierté n'était pas un défaut selon moi.

- Je vais voir ça comme si tu m’en devait une. Et puis, t’es un peu moins énervante quand t’es gelée, je vais en profiter.

- Ouais ouais, c'est ça. Tu me remercieras plus tard.

Nous continuâmes à marcher, en silence. Ne pas parler avec elle ne me gênait pas vraiment. Malgré ce qu'elle pouvait penser, je ne parlais que lorsque j'avais quelque chose à dire. Bon, j'avais toujours quelque chose à dire en fait, mais à cette heure, j'étais fatiguée. Peut-être qu'elle avait raison, j'étais moins énervante gelée. J'étais beaucoup plus calme en tout cas quand venait la fin du party. Nous étions déjà à 10 minutes de chez moi, et j'avais vraiment hâte de retrouver mon lit.

- Tu fais combien de pipe par semaine pour être aux études et pouvoir te payer un condo au juste? C’est quand même un upgrade assez intense que t’as fait là avec où tu vivais avant…

- Aucune. Mon simple charme a suffit, dis-je avec un sourire en coin.

Elle n'avait pas besoin de savoir comment j'avais obtenu ce condo. En fait, elle n'avait pas besoin de savoir quoi que ce soit sur moi. Elle en savait déjà bien assez, et ce qu'elle ignorait, elle l'inventait dans sa tête, avec tous ses préjugés sur moi. En même temps, j'imagine que nous vivions vraiment dans deux mondes complètements différents. Oui elle était née dans une famille de riche, mais elle était aussi maintenant dans le monde des adultes, avec une vraie job et tout. Et moi j'étais encore aux études. N'empêche, ce soir, je crois que personne n'aurait pu voir la différence entre elle et moi.

- Tu te rends compte qu'en réalité, on sait rien l'une sur l'autre. On fait juste croire en des idées préconçues complètement cliché parce qu'on est trop bitch pour se soucier de l'autre.

C'était vrai tout ça! Je n'avais pas dis cela parce que j'avais envie de la connaître. Je ne m'attendais pas à ce qu'on devienne amies et qu'on se fasse des tresses. J'avais juste eu envie de dire tout haut la vérité. Après tout, nous le savions toutes les deux. Et malgré cela, nous nous étions retrouvés presque toute la soirée ensemble, par un drôle d'hasard, et rien n'avait changé. Nous gardions nos idées préconçues, parce que c'était plus facile j'imagine.

- Tu penseras à ça quand tu seras de retour dans ton château... princesse, dis-je en riant.

Comme quoi j'allais continuer à l'appeler princesse! Nous marchâmes encore deux minutes avant d'arriver devant chez moi. Lorsque je m'arrêtai devant le condo, Emma en fit de même. Elle semblait encore se demander comment je pouvais être propriétaire d'un condo. Personnellement, je ne voyais pas en quoi c'était si étonnant. Oui, il s'agissait d'un beau condo récent, mais ce n'était tout de même pas un manoir. Pour tout ce qu'elle savait, j'aurais pu hériter d'un gros montant, ou alors économiser depuis que j'étais jeune. Ça se pouvait... Même si ce n'était pas la réalité.

- Bon, c'est ici que je m'arrête. J'imagine que tu vas pouvoir te débrouiller avec Google maps pour la suite. De toute façon, j'ai fait ma part. Si tu te fais poignarder ici, ça voudra dire que tu l'as cherché.

Running from the law

ft. Clarke Anderson & Emma F. Wood

« Aucune. Mon simple charme a suffit. »
« C’est ça!  Je te crois autant que si tu me disais que t’as réussis à te faire des amis avec ta belle personnalité. » répondis-je, bien ironiquement.

JE continuais à penser qu’elle avait fait son fric d’une manière bien louche… voir même que quelqu’un lui avait payé et ce quelqu’un là… ça m’étonnerait pas qu’il ait 76 ans et demi et quelques cancers dans le corps. Bon après, si ça levait encore bien et qu’on avait une bonne imagination, j’imagine qu’on pouvait bien ouvrir les cuisses en échange d’un condo. Du moins, quand on était pauvre comme Anderson. On continua un peu notre chemin dans le silence avant que le jeune femme ne le rompre.

« Tu te rends compte qu'en réalité, on sait rien l'une sur l'autre. On fait juste croire en des idées préconçues complètement cliché parce qu'on est trop bitch pour se soucier de l'autre. »

Je ris parce que bon, elle avait pas tort. Simplement, j’étais pas le genre de personne à vouloir apprendre à connaître n’importe qui pour n’importe quoi. J’avais une certaine capacité à pouvoir apprécier un nombre de personne et j’aimais pas ça… l’attachement. C’était beaucoup trop d’implication et les trucs qui reliait aux émotions, c’était pas trop mon truc.

« Tu penseras à ça quand tu seras de retour dans ton château... princesse. »
« Ouais bah tu sais, tu m’as jamais vraiment donner de bonnes raisons de vouloir vraiment te connaître, encore moins quand tu me surnomme comme ça, petite condition modeste. »

Et en revanche, moi aussi. Je préférais être désagréable, c’était plus facile. Et puis, ce que je pouvais détester quand on me parlait continuellement d’argent!!!! C’était pas parce que je venais d'une famille de riche que c’était réellement important pour moi. Du moins, pas autant que certaines personnes comme Clarke le pensaient. Je me disais qu’elle était juste jalouse parce qu’elle avait été élevé pour une misère. Au bout d’un moment, nous arrêtâmes devant un immeuble assez moderne, je compris que c’était chez elle.

« Bon, c'est ici que je m'arrête. J'imagine que tu vas pouvoir te débrouiller avec Google maps pour la suite. De toute façon, j'ai fait ma part. Si tu te fais poignarder ici, ça voudra dire que tu l'as cherché. »
« Tant pis pour toi, je devrais m’en sortir. »

Je regardai un peu autour de moi comme pour analyser le quartier. C’était sympa, assez calme surtout. Probablement un endroit de personnes âgées sur le point de crever et de petite famille aux enfants criards. Je préférais vivre au centre-ville, il y avait toujours de l’ambiance là-bas… et là je parle pas d’une bande de gamin qui hurle en courant après un ballon ou madame Longpré qui tombe dans l’escalier en voulant arroser ses fleurs. Quoi qu’il en soit, ça avait l’air bien chez elle, je relevai d’ailleurs le regard pour analyser le tout et en baissant ce dernier, je croisai le regard de la jeune femme devant moi.

« Attention, si tu me regarde trop longtemps tu vas peut-être penser à considérer m’apprécier. » lâchais-je en tout ironie avant de la tirer d’un coup vers moi par le t-shirt et plaquer aussitôt mes lèvres contre les siennes.

Elle avait de foutues lèvres charnues et invitantes. Elle avait l’air d’embrasser comme une déesse et c’était bien le cas. Au bout d’un bref instant, je la repoussai un peu en riant.

« C’était juste au cas où je crève ce soir et que ton envie de moi reste à tout jamais inassouvi. » dis-je en faisant quelques pas vers l’arrière tout en soutenant son regard, un petit sourire sur le coin des lèvres.

Elle pouvait dire ce qu’elle voulait : elle m’avait pas repoussé donc clairement, elle me détestais pas tant que ça finalement. En fait, elle voulait surement et c’était un peu de la frustration vis à vis ça qui faisait en sorte qu’elle était si souvent déplaisante. J’enfonçai mes mains dans les poches de mon petit manteau avant de lever les sourcils puis tourner les talons pour continuer mon chemin sur le trottoir.

« Ciao Anderson! »