Je ne savais pas quoi faire, je venais d'arriver à Miami depuis quelques jours et j'hésitais à retourner à New York. Bon faut dire que j'étais quand même dans le plus bel hôtel de la ville et que je n'avais pas encore eu la chance de le croiser. Je sais, je suis énervante de toujours penser à Aaron. Mais je m'étais jurée de le revoir, de lui dire ces quatre vérités. Ce qui me choquait le plus dans cette histoire était que je n'avais pas bu jusqu'à oublier son nom (et le mien au passage). Bon j'avais recommencé à fumer plus que de raison, chose que je n'avais pas fait depuis mes premiers examens à la fac. Comme quoi l'amour rend les gens idiots.
Personne ne savait la véritable raison de mon arrivée en ville, pour ma famille, j'avais besoin de me changer les idées en faisant mes preuves en tant qu'avocate (enfin ma mère ne m'a pas adressée la parole depuis la cérémonie). Pour mes amis (si je peux les appeler ainsi), j'avais simplement besoin de changer d'air et de l'oublier. Or, je n'arrivais pas à l'oublier.
Puis je repensais à ma famille, me demandant comment ils avaient digéré l'humiliation publique dont j'avais été la victime. Tout New York devait être au courant et leur honneur a dû en prendre un sacré coup. En parlant de famille, j'avais presque oublié que j'avais mes cousins en ville. C'est sans m'en rendre compte, en travaillant sur un dossier de divorce que j'envoyais un message à mon cousin. Ulrich était bien le seul à qui je pouvais parler sans que toute la famille soit au courant. Malheureusement pour lui, ses parents le prenait pour un paria depuis qu'il avait eu un enfant hors mariage. Oui je sais ma famille est très étrange. Une fois le message envoyé, je pris un long bain chaud pour essayer de me détendre. Puis je sortis de la baignoire pour essayer d'enfiler un truc correct (dans mon état il n'y avait qu'un vieux jeans et un sweat beaucoup trop mis).
Je regardais toujours cette alliance qui n'avait toujours pas quitté mon doigt. J'hésitais à la retirer tout de suite mais j'entendis quelqu'un frapper à la porte. Je me dirigeais donc vers celle-ci pour ouvrir à mon cousin. Il s'excusa de son retard, chose que je n'avais pas remarqué avant qu'il me le dise. Je le regardais, il n'avait pas changé depuis le temps, son bras m'inquiétais sur le coup. Mais bon, il m'en parlerait que s'il le voulait. C'est un peu un code entre nous, le j'en parle si j'en ai envie mais tu n'en parles à personne. Ce n'est pas pour rien que je l'adorais autant.

"Ne t'inquiète pas je n'avais même pas remarqué."

C'est la seule chose que je glissais avec un léger sourire aux lèvres. Il était venu seul, son fils devait sûrement être avec son frère ou une babysitter. Je le pris dans mes bras car l'espace d'un instant j'en ai ressenti le besoin.

"Tu m'as tellement manqué...Comment tu vas? Et ton petit garçon il va bien?"


Je pris une seconde de pause, lui faisant signe de s'asseoir.

"Désolée si je t'ai fait paniqué avec le message mais j'avais besoin de te parler.... Aaron m'a larguée....et que je suis en ville pour le retrouver."
   

J'avais l'impression que je devenais folle, que je errais dans la ville sans but précis. Il était sûrement à l'autre bout de la planète à cette heure ci, mais je sentais que je devais rester ici. Puis plus rien ne m'attendait à New York, j'avais vidé l'appartement et rendu les clefs. Je ne pouvais plus dormir une nuit de plus là bas. Mes amis? Ils se moquent de moi à présent. Arya ou la pauvre fille qui s'est faite larguée comme une chaussette le jour de son mariage. Le boulot? Non, pour eux je ne suis que la fille de mon père. Et être l'ombre de quelqu'un m'est insupportable surtout aujourd'hui. Au moins, si je ne trouvais pas mon cher ex je pouvais refaire une vie ici. Personne ne connaît Arya Stanford à moins d'être de la ville ou un avocat rêvant de gloire. Puis, ici les seules personnes que je connaissais m'appréciaient. Je pensais à mon cousin, lui au moins ne me fera jamais un sale coup de ce genre.

Je passais mon temps à trier mes dossiers, à classer les affaires selon leurs importances. Puis je devais aussi préparer mes plaidoiries pour ces audiences. Je ne savais même pas si j'étais en était de pouvoir plaider. D'où le fait que j'avais besoin de vider mon sac avant de me remettre au boulot. Ou tout simplement de redevenir une personne normale. Une belle jeune femme qui croquait la vie à pleine dent. Puis mon charmant cousin débarqua. Lui non plus ne semblait pas aller très bien. Je pris quand même le soin de lui sourire malgré mes traits beaucoup trop usés. Lui aussi ne semblait pas aller aussi bien, mais il m'en parlerait après le connaissant. A croire que nos parents avaient pour règle principale : Apprend à cacher tes sentiments mon enfants, les gens de notre milieu sont des requins. En tout cas je le ressentais bien en ce moment. S'il m'aimait moi je l'aimais cent fois plus et le prendre dans mes bras me faisait un bien inimaginable.

"Moi aussi cousin et même beaucoup plus que toi. Au moins toi tu me regardes encore dans les yeux. "

Je disais ça avec un petit rire mais j'étais sincère, même mon propre frère n'arrivait pas à me fixer dans les yeux depuis ce fameux jour. Je le laissais passer son appel tranquillement sur le balcon de ma suite pendant que je rangeais les affaires qui trainait sur la table. Je pris alors un soda dans le frigo que je posais sur la table au cas où il voulait boire. Puis vint le moment où je tentais de lui dire les choses calmement et il posait les deux questions que j'attendais. Pourquoi je faisais cela et si je l'aimais encore. Je m'asseyais sur une chaise en reprenant une énième cigarette de mon paquet. Je l'allumais et inhalais la fumée délicatement.

"Tu viens de me poser les deux questions qui m'empêche de dormir. Disons que j'ai besoin d'explications. Aaron m'a un peu lâchée le jour de notre mariage. Tu imagines, moi dans une robe blanche avec mon futur mari qui fuit lorsque j'avance vers l'autel. Et tu connais mes parents, ils sont un peu comme les tiens... Ils ne supporteraient pas l'idée que leur petite fille chérie fuit pour retrouver son ex... je pense que c'est le bon terme. Et si je l'aime encore? Une partie de moi a envie de lui mettre mon poing dans la figure, une autre de le supplier de revenir. De lui demander ce que j'ai fait de mal et de reprendre notre relation. Mais c'est pas sain. Tu dois me prendre pour une folle? Maman le pense puisque je n'ai toujours pas retiré mon alliance. Donc oui j'aime encore Aaron Maintenant je me retrouve dans un hôtel de Miami à gérer des dossiers avec une cigarette à la main alors que j'avais arrêté depuis au moins 5 ans."


Je disais ça tout en éclatant en sanglots. Ma cigarette rejoignit les autres dans le cendrier. J'avais même pas le courage de regarder mon cousin dans les yeux, je fixais juste la bague qui ornait mon annulaire. Je trouvais enfin le courage de le regarder en séchant mes larmes.

"Dis moi que je ne suis pas folle Ulrich, dis moi que j'ai raison de vouloir le revoir?"

 

Cet hôtel me rendait dingue, ma vie d'avant me manquait mais je ne pouvais plus faire marche arrière. Au moins mon cousin était tout de suite venu à mon secours, un vrai héros ce Ulrich. C'est vrai que c'est l'un des seuls membres de ma famille qui comprend le fait de se trouver rejeté du jour au lendemain. J'avais proposé de l'accueillir chez moi à la naissance du petit mais il a préféré partir ce que je ne comprenais pas avant aujourd'hui. Puis Miami était plutôt sympathique comme ville lorsqu'on voulait refaire sa vie. Le revoir me faisait du bien, on avait bien grandi tous les deux. On était différent mais il y a des choses qui ne changent pas, le fait que ce soit mon confident par exemple. Il paru surpris de la réaction de mes parents, et moi donc.

"Ma mère a arrêté de me parler, dès qu'on se retrouvait dans la même pièce elle fuit et mon père se sent humilié à cause du mariage. Ils pensent tous les deux que leur charmante petite fille modèle a fait une bêtise car pour eux je suis responsable de tout ça. C'est ce qu'ils ont dit à mon frère. Holden est le seul qui pense que je n'ai rien fait de mal. Bon ils pensent que je suis ici pour le boulot seulement et pour me changer les idées. Comme si je faisais un caprice d'enfant."

Dans ma famille on est assez traditionnel et si je me retrouve dans cette situation c'est parce que je n'avais pas fait ce qu'il fallait. Ca je le pensais aussi. C'était d'ailleurs ce qui m'empêchait de dormir la nuit. Puis je me demandais s'il n'était pas partir voir une autre fille, il avait toujours été un coureur de jupons et je me sentais idiote en lui faisant penser le contraire. Mes larmes ne cessaient plus de couler sur mes joues. Il fallait bien que je craque, je ne l'ai pas fait au moment de la cérémonie, ni quand je suis partie de la ville et je ne voulais pas le faire devant mon ex. Ex... c'était encore difficile à assimiler comme terme. Mon cousin au moins savait rester neutre dans cette histoire, à ne prendre partie ni pour l'un ni pour l'autre. De toute façon il n'avait pas rencontré Aaron, donc il n'avait pas pu s'attacher à lui et il ne me sortait pas des phrases du genre un de perdu dix de retrouvés. Oui j'y ai eu le droit.

"J'ai essayé avec le téléphone d'un ami à nous mais aucune réponse. En même temps, avec ses parents qui le harcèlent d'appel pour qu'il s'explique et le connaissant il a obligatoirement jeté son téléphone dans une poubelle après l'avoir jeté contre un mur. Puis j'ai pas envie que l'on s'explique au téléphone, je veux qu'il me l'explique les yeux dans les yeux pour au moins essayer de passer à autre chose."

Si j'étais en face de lui, je saurais détecter ses mensonges, savoir si il y avait quelqu'un d'autre. Si j'avais gâché notre relation je le verrais dans son regard. Puis il me parla de la première hypothèse qui trottait dans mon esprit. J'eus un léger rire quand j'entendis ses mots avec un mouchoir à la main pour sécher mes larmes. Il était bien placé pour savoir que l'on pouvait avoir peur quand la situation devenait trop sérieuse. Je me plaignais mais Ulrich s'est retrouvé seul avec un enfant à charge. A croire que se faire abandonner par ce qu'on aime est un truc de famille. Sauf que dans notre famille on se serre les coudes, enfin ceux qui se sont fait rejeter. Puis son aide était la bienvenue car mis à part le boulot, je ne connaissais personne en ville

"Je pense aussi mais ce que je comprends pas c'est pourquoi il n'a pas voulu décaler le mariage. On en parlait souvent et moi aussi je flippais totalement mais il me rassurait à chaque fois, en me disant que pour rien au monde il ne fuirait... Mon œil! Au moins je sais à quoi m'en tenir avec lui. A croire que c'est un truc de famille de tomber amoureux de lâches. "

Je le regardais avec un léger sourire aux lèvres. Je ne comprendrais jamais comment il avait faire pour ne pas retrouver la mère de son fils pour lui dire ses quatre vérités. Je me levais pour me prendre un café avant de retourner à ma place initiale

"Pour la cigarette on verra avec le temps, je suis hyper stressée en ce moment. En tout cas merci pour ton aide, je pense que je vais en avoir grandement besoin et promis j'arrête de fumer. Maintenant tu m'expliques ce qui ne va pas, tu sais que tu ne peux rien me cacher. Enzo va bien? Quelqu'un a osé lui faire du mal parce que si c'est le cas je le poursuivrais pour lui régler son compte. Tu veux un café?"

Je le regardais avec un léger rire, si j'étais capable de poursuivre mon ancien fiancé pour régler mes comptes alors imaginez si quelqu'un se prenait à mon petit ange.

On avait peut-être ne pas avoir les meilleurs parents du monde mais on était toujours là l'un pour l'autre. Toujours à se soutenir et si je n'avais pas été mise dehors, j'étais partie de mon plein gré. Mon cousin me rappelait toujours ce qui était bon pour moi. La moindre once de bonté pouvait rejaillir sous la plus grande des noirceurs grâce à un de ses conseils.

"Tu as raison, nos parents sont peut-être ridicules à être trop exigeants mais au moins j'ai le meilleur cousin de cette planète."

Ulrich au moins était un homme et pouvait comprendre ses réactions mieux que moi. L'amour ça craignait et les hommes sont pour moins incompréhensibles. L'inverse était vrai, enfin je parlais pour les femmes. Il ne m'avait pas parlé de véritables relations sérieuses depuis qu'il était père et maintenant je le comprenais. Le grand amour ça craint et tomber amoureux nous ramène à une souffrance qui nous prend tout l'estomac et nous fait perdre tout ce qui est joie de vivre. Je devais m'expliquer, lui dire mes quatre vérités et tout simplement profiter de la vie et de la nouvelle ville dans laquelle j'avais emménagé.

"Oui mais toi comme moi savons que ce n'est pas si simple que ça! La prochaine fois que je tombe amoureuse d'un crétin, rends moi un service et jette moi par la fenêtre."

Je me remis de nouveau à rire car je savais que j'allais retomber amoureuse et qu'il me le rappelait en temps venu. Mais on ne pouvait rien faire ni contre le destin, ni contre l'amour. Deux adversaires qui jusque là sont restés invaincus. Le sujet découla alors sur son petit garçon, sur la raison pour laquelle il n'allait pas très bien. Quand je l'écoutais, j'avais l'impression qu'à lui aussi on venait de nous retirer une grosse part de nous. Le connaissant il était tout sauf coupable, mais je ne comprenais pas pourquoi on allait jusqu'à empêcher de le voir. Ca me rendait folle pour lui et j'étais prête à faire tout pour que son fils soit auprès de lui.

"Comment ça se fait? Il y a eu un problème particulier.... Je ne te juge pas mais je ne comprends pas comment on peut t'empêcher de voir ton propre enfant. Tu as agi comme un bon père en l'amenant dans cette famille d'accueil... N'oublies pas que je suis avocate alors s'il faut que je démolisse toute une administration juste pour que tu puisses le voir tu sais que je suis capable."


J'étais capable de tout pour protéger ma famille et surtout ceux avec qui j'étais très proche. Savoir que son fils était chez des inconnus me mettait sur les nerfs. Je sirotais alors mon café en lui faisant un léger sourire.

"Et l'assistante sociale elle en dit quoi? Elle doit bien se bouger les fesses pour que tu puisses au moins le voir."

 

L'amour dans notre famille ce n'était pas une spécialité. Lui était tombé amoureux d'une femme incapable de gérer la maternité et moi d'un homme qui a décidé de me larguer le jour de notre mariage. Pourtant mes parents avaient beaucoup de défauts mais ils étaient toujours fous amoureux l'un de l'autre. Au moins je l'avais prévenu de m'empêcher de retomber amoureux d'un crétin. De toute façon, mon cousin me protégerait des crétins qui s'approcheraient un peu trop près de moi. Je ne pouvais m'empêcher de rire à sa remarque.

"Evites de trop m'amocher je suis quand même le seul avocat ayant un minimum de coeur dans cette famille."

Je lui tirais légèrement la langue comprenant bien que je faisais référence à mon père. Maintenant qu'il était sénateur il pouvait prouver à quel point il n'avait pas de coeur. J'en profitais pour poser ma tasse de café vide sur la table avant de me rasseoir pour écouter son histoire. Je ne voulais pas le couper mais plus je l'écoutais et moins j'avais envie de rester calme. Si je retrouvais cette "amie" j'allais lui faire passer un sale quart d'heure. Tant de procédure alors qu'au final il voulait juste être bienveillant envers cette personne. Comme quoi être bon et bien élevé ne rapportait rien d'autre que des problèmes.

"Oui je comprends parfaitement, ils n'ont pas essayé de savoir les raisons de l'arrivée de cette fille.... Classique."

Je tentais de me concentrer pour essayer de trouver une solution pour régler son problème. Hors de question que je le laisse dans cet état, l'empêcher de voir son enfant devait être une torture plus qu'insoutenable. L'assistante sociale quant à elle semblait être une incompétente finie. Elle pensait que mon cousin devait être un crétin avec un antécédent long comme le bras. Un homme qui avait abandonné son enfant pour profiter de sa jeunesse.

" J'ai l'impression que c'est une débutante, cette amie t'a bien mis la tête dans les problèmes."

Je le regardais un moment et il me semblait aussi déprimé que moi. Tout comme lui je ne savais pas comment faire pour qu'il aille mieux. Je pris alors un morceau de papier pour lui écrire une lettre de référence que je lui tendis.

"Tiens, ça c'est une lettre précisant que s'il le fallait je me portais garant pour toi. Le seul avantage à être une Stanford c'est d'avoir une excellente image aux yeux de tous. Et si elle est trop stupide pour comprendre, elle apprendra qu'on ne touche pas à ma famille sans qu'il n'y ait de conséquences."

Je lui fis un sourire à la fois sincère et rassurant. Il fallait bien qu'il tienne le choc et je me devais d'être là pour lui. Je voyais des situations comme la sienne beaucoup trop souvent mais des gens qui avaient son honnêteté beaucoup moins.

"Tu as un bon boulot au moins? Parce que, et malheureusement c'est la vérité, même si tu es le meilleur des pères ils te refuseront la garde si tu ne travailles pas."