ne me dis pas que tu ne vois aucun beau mec dans cette salle! je m'amusais beaucoup avec Kathoune. Oui, c'était son petit nom, et alors? On ne s'était pas rencontré il y a longtemps, et pourtant c'était tout comme. Elle m'avait vite expliqué alors que je la coachais pour l'art martial qu'elle venait d'une famille où elle n'avait pas pu vivre grand chose comme les autres. Du coup, j'avais l'impression qu'elle découvrait tout, avec moi qui suis si simple d'esprit concernant les choses de la vie. Elle ne comprenait pas le sentiment d'attirance physique, par exemple. Je trouvais ça très bizzare, surtout que moi j'étais carrément l'opposé. Il fut un temps où je ne pensais qu'à ça. Katoune savait tout ça, d'ailleurs. Dans nos moments confidences, qui sont dans la voiture quand je la raccompagne chez elle après les cours, on se racontait énormément de choses. Puis, notre voyage d'un mois autour du monde avait pas mal aidé aussi. Elle savait mon histoire familial et conjuguale. Elle savait presque déjà toute ma vie en fait. Moi, je lui faisais découvrir des tas de choses qu'elle ne connaissait pas. Là, je passais la séance à lui montrer des gars que perso je pensais attirant pour les nanas et elle les regardait comme s'ils étaient des aliens. Elle me faisait trop rire. Elle était si naïve, si innocente que s'en était adorable. normalement je pense que quand une meuf trouve un mec attirant, ça fait un truc dans le bide un peu. tu ressens rien en les voyant, toi? tu aimes peut-être pas les mecs musclés... dis-je avec humour pour l'embêter. j'aimais les moments que je passais avec elle. Je savais que j'allais penser à autre chose qu'à Elle. Puis, comme Katoune savait pour Elle, elle n'en parlait pas non plus. Je trouvais mes quelques minutes à ne pas souffrir, finalement. on ira au club d'échec cet après-midi.. les ado boutonneux à lunettes carrés c'est p'tete plus ton truc. ajoutais-je alors avec un sourire malicieux. bon cette attaque elle vient, la vielle? dis-je en me mettant en position. Je n'oubliais pas qu'on s'entraînait, là.

Aussi souvent que je le pouvais je me rendais à la salle pour perfectionner ma pratique en arts martiaux. Cette pratique était importante à mes yeux car elle me rassurait dans ma vie. J’avais souvent peur que l’on revienne me chercher pour me ramener d’où je venais et savoir que je pourrais me défendre si ce jour arrivait, cela apaiser cette peur qui ne me quittait presque jamais. J’étais devenue plutôt bonne au fil des mois. Il fallait dire que j’avais un très bon coach. Nous étions devenus amis très vites. C’était un des rares que je m’étais fait depuis mon arrivée en ville.

« Ne me dis pas que tu ne vois aucun beau mec dans cette salle ! » me lanca-t-il alors que je m’étais arrêté cinq minutes pour boire à ma gourde. J’esquissai un sourire amusé en regardant les hommes qui nous entourait. J’haussai les épaules en reposant mon eau. « Franchement, sans plus. » Chad ne cessait de me taquiner avec les hommes depuis que notre amitié évoluait. Je ne comprenais pas cette obsession que tout le monde faisait de l’apparence physique et de ce besoin d’être avec une personne. Dans cette salle aucun homme ne m’attirait particulièrement. Après je ne disais pas que j’étais totalement insensible à leur charme mais pas au point de vouloir me jeter dessus pour les entrainer dans mon lit. Chad était carrément mon contraire sur ce point. Lui il avait toujours les yeux qui trainaient sur les filles qui fréquentaient son cours ou bien même en dehors. Il était amoureux d’une fille mais cela ne l’empêchait pas de regarder et d’apprécier la vue.

Il me demanda si je ne ressentais rien à la vue de ces hommes, que normalement il se passait un petit quelque chose au niveau du ventre quand une fille croisait un mec qui lui plaisait. Je le regardai alors qu’il émit hypothèse que c’était certainement le style de ces hommes, un peu trop musclés, qui ne me convenait pas. « Non je ressens pas ce que tu dis là. » répondis-je en réfléchissant. Sans doute ça m’étais déjà arrivé mais pas récemment en tout cas. Peut-être que l’éducation que j’avais reçue m’avait vraiment lobotomisé mon cerveau ainsi que ma libido ? Chad ajouta qu’il m’emmènerait au club d’échec pour voir si un autre type d’homme serait plus à mon goût. Je fis une mine de dégout face au portrait qu’il me décrivait. « Je ressens peut-être pas de l’excitation pour les types qui se promènent torse-nu dans la salle, mais je sais encore reconnaitre un gars attirant ou dégoutant. » Je me mis à rire. Je trouverais certainement un mec un jour qui me ferait avoir des papillons dans le ventre et qui ferait battre mon cœur à la chamade, mais pas aujourd’hui. Il me ramena à ce pourquoi j’étais ici, reprenant son rôle de coach.

Sans prévenir je lui lançai ma main vers sa poitrine, qu’il esquiva avec une grande adresse. Ne voulant pas m’arrêter sur un échec je continuai à lui donner des coups. « Je comprends pas … » J’inspirai et expirai avant de reprendre ma phrase : « … pourquoi c’est si important l’attirance physique ? » Je me reculai d’un pas de Chad et mit ma main entre nous pour lui signifier de faire une pause. Oui encore. Mais ces histoires de garçons et d’attirance ça m’intriguait quand même. Je voulais comprendre son point de vue. « Celui qui me fera papillonner mon ventre comme tu dis, il le fera pas juste parce qu’il est beau, si ? » Je passai une main dans mes cheveux pour relever ma queue de cheval et m’aérer le cou au passage. « A quoi ca sert de fantasmer sur quelqu’un de beau mais qui, ça se trouve, est chiant au possible et con ? » C’était une réelle question que je me posais là. A quoi bon draguer quelqu’un si c’était pour être déçu dans la majorité des cas ? Et puis je trouvais cela un peu réducteur de ne plaire que pour son physique … Même si cette question attendait une réponse de la part de Chad, je ne l’en lui laissa pas le temps et l’attaqua en traitre. Je le sentis vaciller et profita de cette déstabilisation pour lui donner un second coup qui le fit tomber à terre, moi également.

Décidément, Katoune était bien trop mignonne pour être ignorée. Je lui parlais de gars autour de nous et elle faisait mine que rien ne l'attirait. Elle me faisait trop rire. C'était tellement innocent et choupi. Je l'embêtais sans cesse avec ça et elle ne semblait pas trop s'en plaindre. Faut dire, je lui en apprenais pas mal des choses. Parfois, j'essayais d'imaginer l'enfance qu'elle avait pu avoir, avec ses parents trop strictes. J'avais eu une enfance aussi horrible, d'une autre manière. N'empêche que je remercie ces cons-là de ne pas m'avoir privé au moins de connaître les choses de la vie. Parfois, elle me répondait de manière à me dire "non mais je suis pas bête je sais" ou alors c'était un regard intrigué qu'elle me lançait genre "développe steup". J'essayais d'anticiper à chaque fois, mais ce n'était pas évident. écoute je ne suis pas censé savoir ton genre d'homme, on l'a pas encore trouvé! déconnais-je alors qu'elle me disait qu'elle saurait aisément reconnaître au moins un homme beau d'un homme moche. mais tu peux le dire que tu me trouves moche, j'ai compris. fis-je avec une fausse moue, le regard dans le vide comme si j'étais triste avant de lui sourire. Y'en a pas un pour rattraper l'autre.

Je reprenais mon rôle en lui disant de relancer le coup, que la pause était finie. J'esquivais facilement son prochain coup et elle continuait. Depuis qu'on avait commencé, elle avait très bien progressé. J'aimais bien apprendre aux femmes à se battre.. ça a quelque chose de je sais pas.. rassurant. Je sais que quelque part, si quelqu'un veut s'en prendre à elles, elles sauront répondre. Les mecs qui s'en prennent à des femmes sont tellement des fiottes.. ils méritent qu'elles leur cassent la gueule. Je lui apprenais beaucoup, le plus possible qu'elle sache répondre. Mais rapidement elle se reculait en reprenant la parole, me faisant signe de pause. Je levais les bras en l'air car il n'était pas l'heure de la pause mais sa question était tellement adorable, encore une fois, que je voulais y répondre. Elle développait sa question au fur et à mesure qu'elle pensait, passant sa main dans ses cheveux. Je souriais en coin, comme quand on trouve qu'un enfant a fait quelque chose d'adorable. Je riais même quand elle me disait que le mec pourrait être très beau mais con, elle n'avait pas tort. Je reprenais mon sérieux pour lui expliquer la chose. Je ne sais pas comment t'expliquer ça... Je sais pas comment ça se passe mais souvent, quand tu ressens ce truc dans le ventre là, c'est évident qu'il va te plaire même dans sa personnalité. Déjà, c'est dans l'attitude. Tu remarques rien que de loin si quelqu'un est complètement débile ou plutôt raffiné, non? C'est des détails comme ça qui te plaisent chez quelqu'un. Y'a sa beauté évidemment mais y'a aussi son charme. Sa façon de marcher, de rire, de sourire, de parler, de.. boire son verre. Ouai ça a l'air con mais ça joue! C'est tout ça qui va faire que tu vas te retourner sur quelqu'un et que tu sauras en une moitié de seconde s'il te plaît ou pas. lui dis-je alors. Je pensais m'en être pas mal bien sorti dans mon explication. Après évidemment y'a la conversation, voir si vous avez des choses en commun. T'as raison, ça ne passe pas que par le physique. Mais c'est quand même une bonne partie. Les gens qui diront le contraire n'ont jamais rien ressenti de leur vie. lui dis-je avec un sourire complètement sincère. Elle profitait de mon moment de faiblesse pour me foncer dessus et nous faire tomber en passant. non mais t'es dingue toi! dis-je avant de la mettre à mon tour sur le sol. T'as vraiment cru que tu aurais le dessus sur moi? je me relevais, lui tendant la main pour l'aider à le faire à son tour. A peine était-elle sur ses pieds que je la remettais sur le sol. ça t'apprendra! dis-je avant de rire doucement. Bon! Tu veux aller manger un truc? Je t'invite. dis-je prenant la bouteille d'eau pour la descendre d'une traite.

Parler de garçons avec Chad c’était à la fois simple et compliqué. Simple parce qu’il ne me jugeait pour mon innocence à la matière ais compliqué car nous n’avions pas les mêmes points de vus. Je ne comprenais pas bien comment on pouvait tomber sous le charme d’un garçon juste pour son physique. Moi je pensais que quelqu’un nous plaisait avant tout pour sa personnalité. Je ne dis pas que le physique ne compte pas mais cela n’est pas un critère essentiel. Quand on aime une personne on l’aime en entière non ? Chad m’expliqua que le physique était important aussi pour connaitre la personnalité d’une personne. Il me dit que l’on pouvait reconnaitre qu’une personne était bête ou assez intelligente rien qu’en la regardant. C’était pas faux ce qu’il disait là. Il me parla aussi de ce que je traduisais par le charisme. En effet, une personne avec du charisme avait plus de chances de plaire mais personnellement je ne m’arrêtais pas à cela et j’avais même tendance à m’en méfier un peu. Dans mon monde à moi, les gens avec du charisme c’était les gens qui avaient le pouvoir et qui n’avait pas que du bien en eux. Le charisme pouvait servir à dissimuler le pire d’une personne.

« Je comprends ce que tu veux dire » répondis-je avec un hochement de tête « mais je reste quand même persuadé que le physique n’est pas aussi important que tu le dis. » Il continua ses explications en me rejoignant mes propos et s’accordant avec moi pour dire que la conversation avec une personne était une chose importante à prendre en compte. Il termina par dire que ceux qui pensaient le contraire de ce qu’il venait de dire étaient des personnes qui n’avaient jamais rien ressentis de leur vie. Peut-être n’avais-je jamais été touché par l’attirance physique d’une personne jusque-là, ou peut-être est-ce que par rapport à mon éducation, je me l’interdisais et que je n’avais pas voulu reconnaitre ce que je ressentais dans le passé ?

Sentant que je sombrais trop dans des pensées fixées sur le passé, je revins au présent et combat que nous menions quelques minutes plus tôt. Je le mis à terre alors qu’il ne s’y attendait pas. Il protesta. « Mauvais joueur ? » lui lançai-je avec un sourire taquin. Je n’avais pas été très fair-play mais je m’en fichais. Il prit le dessus sur moi bien évidemment. Il avait plus de pratique que moi et je n’arrivais pas encore à parer tous ces coups et à anticiper toutes ces attaques. « T'as vraiment cru que tu aurais le dessus sur moi ? » me demanda-t-il alors qu’il se relevait, me tendant la main pour m’aider à me relever à mon tour. Je le remerciai d’un sourire avant de dire : « Je pensais que je pourrais augmenter mes chances de gagner pour une fois. » A peine je fus sur mes deux pieds qu’il me fit tomber à nouveau sur le sol. Je me rattrapai tant bien que mal mais ma chute fut lourde. Je le fusillai du regard avant de sourire en levant les yeux au ciel. Une fois debout je lui donnai un petit coup de coude.

Chad me demanda ensuite si je voulais aller manger car il avait faim. Sur mes lèvres, un sourire bien large s’afficha. Pas parce qu’il m’invitait mais parce que j’avais trop les crocs. « Je sais que c’est mal, surtout après avoir dépensé autant de calories mais … » Je fis une petite grimace « J’ai envie d’un bon burger avec une tonne de frites, t’en dis quoi ? » Je faisais attention à manger équilibré en règle général mais de temps en temps j’aimais faire de petits, gros, écarts dans mon alimentation. Je ne me privais pas avec des régimes à la con je trouvais cela vraiment trop dommage de se priver de manger de bonnes choses même si elles étaient des fois trop sucrées, trop salées ou trop grasses. Je mangerais plus de salade verte dans la semaine et puis c’est tout ! Je pris mes affaires que j’avais posées à côté de nous. « Je vais à la douche et on se rejoint dehors, okay ? » Sans vraiment attendre de réponses de sa part, parce que ce n’était pas négociable que je sorte de la salle de sport sans avoir pris ma douche, je me précipitai aux vestiaires. Après un petit coup de rafraichissement avec une douche bien fraiche et un après m’être rhabillé en vitesse, je regagnai la sortie de la salle de sport. Chad m’attendait déjà, dos à la sortie. Il s’était assis sur les barrières devant la salle.

Je m’approchai de lui et le poussa du bout du doigt pour qu’il tombe doucement de la barrière. Je lui adressai un sourire malicieux. « Je t’ai pas fait trop attendre ? Pourtant j’ai essayé de faire vite ! » Je ne comprenais pas comment il faisait pour passer à la douche et se changer aussi rapidement. Pourtant je ne me pomponnais pas, je ne prenais même pas le temps de me recoiffer. Je les attachais simplement en chignon sur ma tête pour éviter que l’eau ne coule de mes cheveux sur mes épaules et mon dos. « Ça te dis que l’on y aille à pied ? Enfin si tu pensais aller au burger qui est à quelques pâtés d’ici ? » Au moins on continuait sur notre lancée sportive et cela nous ferait digérer au retour. J’attendis sa réponse pour savoir que faire.

Notre séance était bien entamée et je lui proposais d'y mettre fin, d'aller manger quelque part. J'aimais passer du temps avec Katoune. Je ne me sentais ni jugé, ni mal à l'aise. Pour une fois, ça faisait du bien je dois dire de m'entendre comme cela avec quelqu'un qui de plus n'était pas de ma famille. Puis, elle était adorable. Parfois, je me demandais si elle était vraiment naïve ou si c'était juste un manque de connaissance des choses de la vie. En tout cas, ça lui allait bien. Avoir parlé de comment être séduit par un mec m'avait bien fait rire. Je me disais qu'elle verrait bien quand ça lui arriverait, elle me dirait le contraire. Elle me proposait un plat bien gras pour le déjeuner. Je lui fis la grimace, elle n'était pas possible. tu me cherches toi.. déjà tu essaies de me mettre au sol et après tu me demandes d'annuler tout ce qu'on vient de faire avec une tonne de graisse! l'embêtais-je. tu as de la chance, j'ai pitié, allez va te changer. lui dis-je alors en prenant ma bouteille vide pour me diriger vers les vestiaires. Ni une ni deux, j'étais déjà dehors à l'attendre assis sur le banc. Je traîne pas, faut dire. Je prends une petite douche un coup de gel douche et j'enfile mes vêtements propres. Les filles elles font toujours un tas de trucs. Je ne lui en veux pas, je m'y attendais. Katoune sortit pourtant cinq minutes après moi. Non je trouve même que tu as été vite, en fait. la rassurais-je en souriant, me levant. Elle proposait d'y aller à pied. Ah bah j'espère bien qu'on va y aller à pieds, allez oust mon enfant on galope! Faut la mériter sa graisse. dis-je pour rire, encore une fois. Je riais et on prenait la route. et sinon, tu as décidé ce que tu voulais faire de tes journées? lui demandais-je. Je savais qu'elle cherchait du boulot mais je ne savais pas dans quoi, peut-être que je pouvais l'aider. en tout cas, quand tu auras trouvé, n'essaies pasde me dire "oh non j'ai trop de boulot je vais pas pouvoir venir" parce que je viens te chercher par la peau des fesses! ajoutais-je en riant. Dix minutes plus tard, nous étions arrivés au fast food. Pas difficile à trouver, on le sentait depuis l'autre bout de la rue. Il y avait un peu de queue pour commander. Je tapais doucement Katoune au bras de manière affectueuse, lui faisant un signe de tête vers le serveur. on va reprendre le cours de tout à l'heure, comment tu le trouves, lui? lui demandais-je alors. Ouai, je suis pas mal entêté.

Après notre séance de sport, Chad proposa de m’inviter à manger ce que je ne refusa pas car mon ventre commencait à crier famine. Une fois changée et dehors en présence de mon ami, je lui proposai qu’on s’y rende à pieds pour ne pas ternir tous nos efforts sportifs précédemment faits. Nous primes donc la route jusqu’au fast-food d’à côté tout en discutant. Chad me demanda si j’avais trouvé ce que je voulais faire de ma vie, si j’avais des plans d’avenir. Je soupirai doucement. Cette question était au centre de mes préoccupations en ce moment. Je n’avais aucune formation pour me dégoter un job et ma vie passée faisait de moi une quasi-fantôme. Je n’avais jamais fait de bénévolat, je n’avais jamais fréquenté de club sportif ou culturel, je n’avais jamais eu de petit boulot étudiant … rien qui pourrait me faire avoir un cv valorisant. Je ne voulais pas me présenter non plus à un entretien et me présenter comme étant une ancienne membre de secte. Je savais que cela pouvait en faire fuir plus d’un. « Je ne sais pas trop encore. » répondis-je à sa première question. Chad enchaina rapidement en me disant que lorsque j’aurais trouvé un job il serait hors de question pour moi de lui dire que j’avais trop de boulot et de louper les entrainements. Je me mis à rire doucement en lui donnant un petit coup de coude dans les côtes. « J’ai trop besoin de nos séances de sports pour en rater une seule. Promis même si je suis à bout de force à cause de mon travail, je viendrais. » Je lui souris amusé. Ce que je venais de lui dire était vrai. Le sport était pour moi comme une sorte de thérapie. Il me permettait d’extérioriser ce que je gardais profondément enfouis et me permettait d’acquérir de la confiance. Confiance à vivre sans craindre le danger qui pouvait me tomber dessus un jour ou l’autre.
 
Une fois au fast-food, dans la file d’attente pour commander, Chad me relança sur un sujet précédemment abordé à la salle. Je le fusillai du regard quand il me parla du serveur qui se tenait à la caisse en face de nous. « Et toi comment tu le trouves ? » répliquai-je avec un sourire amusé. Je regardai le serveur un instant pour le détaillé de haut en bas, du moins de ce que je pouvais apercevoir car le comptoir cachait pas mal. « Vu son air renfrogné, soit il a passé une très mauvaise journée, soit c’est un con donc ça casse tout le charme qu’il pourrait avoir. » La file avança et je me retrouvai un peu plus près du serveur. « Ok il a de beaux yeux, mais il reste un gars comme un autre. » Peut-être avais-je un souci avec les hommes. Pourquoi n’arrivai-je pas à trouver un homme plus sexy qu’un autre ? Peut-être parce qu’émotionnellement j’étais bloquée … « Tu sais, plus jeune, j’ai eu quelques flirts, je ne suis pas non plus si innocente que ça, mais je ne me souviens pas que ce soit pour le physique. »
 
Les petits-amis, si je pouvais les appeler comme ça, que j’avais eu dans ma jeunesse, pouvait se compter sur les doigts d’une seule main. Je n’avais jamais vécu de grands frissons avec eux. C’était surtout le faite de se cacher pour se fréquenter qui était agréable, car oui nous n’avions pas le droit d’avoir de petits-amis. Les amourettes étaient tolérées mais pas acceptées alors les jeunes se voyaient toujours en cachette. Je pense que comme tout ados de notre âge, même avec un crâne bourré d’âneries plus ou moins vraies sur la religion, nous avions besoin d’un contact physique, d’une relation qui ressemblait à une histoire d’amour sans en être une. Cependant, je n’avais jamais rien ressentis d’extraordinaire pour aucun des garçons, sans doute parce que dans mon esprit, déjà à ce moment-là, je ne voulais pas m’attacher. Je voulais quitter le complexe et je savais que si je m’attachais à trop de personnes, il me serait difficile de leur tourner le dos.
 
Nous arrivâmes au comptoir où nous commandâmes nos menus. Je ne me privai en calories. Je préférais faire plaisir à mon esprit qu’à mon corps pour une fois. Je faisais toujours attention à ce que je mangeais habituellement, mais pour une fois un petit écart ne ferait pas de mal. Une fois les commandes payées et nos plateaux récupérés, nous nous installâmes à une table. L’odeur qui s’échappait des différents emballages me mettait l’eau à la bouche. Que j’avais faim ! Je pris mon sandwich et croqua une bouchée dedans. « Franchement … J’ai aucun regrets à détruire tous mes efforts physiques ! » dis-je en blaguant entre deux mastications. Je reposai mon sandwich et bu une gorgée de mon jus d’orange. Le fast-food, une chose que j’avais découvert à ma sortie du complexe et qui me manquerait certainement si un jour je ne pouvais plus y avoir accès. « Chad, ta sœur elle tiens bien un petit restau ? » lui demandai-je subitement. Je pensais que c’était le bon moment pour lui en parler. J’avais eu une idée de carière dans laquelle je pourrais me lancer mais je savais que ce ne serait pas facile sans contact. Je n’avais pas d’expérience et je ne savais pas comment me valoriser auprès d’un patron. « J’adore cuisiner et Lina me dit toujours que je cuisine très bien, du coup j’aurais voulu savoir si ta sœur serait pas intéresser pour me prendre à l’essai, enfin si elle a besoin de quelqu’un … » Je regardai mon ami un instant avec un petit sourire timide. Je ne voulais pas le forcer à quoi ce soit et je comprendrais s’il ne voulait pas m’aider auprès de sa sœur ou bien que la réponse soit négative. Mais au moins je tentais ma chance. « Je suis prête à commencer par la plonge s’il le faut, même si elle n’a que ca à m’offrir ca me va parfaitement. J’aimerais vraiment me lancer dans la restauration et je prendrais n’importe quoi pour débuter. »

A peine le sport terminé que Kathoune m'emmenait manger une bonne frite pour perdre tout l'effort qu'on venait d'accomplir. Elle n'en loupait pas une. Malgré tout, je ne pouvais pas lui refuser. On papotait, on parlait des mecs autour, je la taquinais et elle le faisait en retour. Ouai bah mange pas trop vite tu vas t'étouffer dis-je en la voyant mettre toutes les frites dans sa bouche comme s'il s'agissait d'oxygène. Je riais en la voyant faire. En tout cas c'était sûr, elle cherchait pas à me draguer moi. Elle était adorable. Après, je sentis qu'elle voulait dire quelque chose qui la mettait mal à l'aise. Je fronçais les sourcils. Elle commençait par me demander si ma soeur travaillait toujours dans le snack. Je fis oui de la tête avant qu'elle ne continue. J'avais l'impression qu'elle me demandait le ciel. Je la laissais finir, parce que c'était trop drôle. J'avais l'impression qu'elle me lècherait les pieds pour que je vienne à sa requête. Je souris avant qu'elle ne relève la tête vers moi je fis mine d'hésiter. bah franchement, je vais être honnête avec toi.. tu fais tellement peu d'efforts pour le sport que.. bah je sais pas si je peux lui conseiller quelqu'un comme toi. J'veux dire il lui faut quelqu'un de motivé, de fort... toi bon... dis-je sérieusement avant de sourire doucement. mais respire évidemment que je vais lui parler de toi elle va même t'appeler demain matin tu vas voir lui dis-je alors en prenant dans sa part pour encore plus l'embêter. fais pas ça avec tes patrons plus tard parce qu'ils vont te faire faire des trucs que tu vas pas aimer faire... faut que tu restes forte tu vois. Faut que tu demandes, évidemment, que tu poses tes candidatures. Mais reste digne, le menton levé. Parle pas de vaisselle ou de poubelle.. Vends toi comme tu vendrais.. tes frites! Allez réessaie je t'écoute. lui dis-je alors, posant mon menton contre ma main appuyée sur la table. Je la regardais, concentré. fais comme si j'avais le boulot ede tes rêves et que tu me demandais une place pour toi. allez je t'écoute, sois fière de qui tu es. lui dis-je pour l'encourager. Ouai, je trouvais que sa façon de me demander allait un peu trahir sa façon d'être avec les inconnus. Je ne voulais pas que mon amie soit ainsi, je voulais qu'elle garde la tête haute, elle a de quoi.

Après une séance de sport quoi que de meilleur qu’un bon petit repas bien gras ? Même si ca ne faisait pas forcément du bien aux calories dépensées précédemment, ca faisiat du bien au moral et ca c’était cool. J’avais tellement une grande faim que je ne pris pas le temps de respirer entre deux bouchées. Cela amusa Chad qui me recommanda de manger moins vite au risque de m’étouffer. Je souris la bouche bien fermée pour ne pas faire tomber le contenu. J’avalais ce que j’avais avant de m’adresser à lui pour lui demander s’il était possible que sa sœur me trouve un petit job dans son restau. Je lâchai mon sandwich que je tenais en main et m’essuya les doigts sur ma serviette alors que le visage de mon ami devenait bien sérieux. « bah franchement, je vais être honnête avec toi.. tu fais tellement peu d'efforts pour le sport que.. bah je sais pas si je peux lui conseiller quelqu'un comme toi. J'veux dire il lui faut quelqu'un de motivé, de fort... toi bon... » Mon cœur se serra dans ma poitrine et je sentis une vague de chaleur monter en moi. Mon cœur se mit à palpiter un peu plus fort dans ma poitrine également. Je le regardai avec de grands yeux écarquillés. Etait-il sérieux ? Il semblait l’être. Moi qui semblait si sûre d’avoir une réponse positive de sa part pourtant. « Mais … je … je suis très motivée … » bredouillai-je. Je vis un sourire se former sur les lèvres du jeune homme, un sourire amusé et taquin. Je ne comprenais plus. Il me dit de respirer ajoutant qu’il allait parler de moi à sa sœur, lui demandant de m’appeler carrément demain matin. Je m’enfonçai dans ma chaise comme si un énorme poids venait de s’enlever de mes épaules. Je soufflai rassurée par ce qu’il venait de me dire. Il piqua une frite dans sur mon plateau. D’une tape de la main je l’arrêta. « Hey ! C’est moi qui devrait de piquer des frites ! J’ai vraiment cru que tu étais sérieux, c’est vraiment pas sympa. » Je pris une frite sur le plateau de mon ami avant de le remercie. « C’est vraiment gentil en tout cas d’accepter. Surtout dis-lui bien que je suis prête à commencer par n’importe quel poste. Je veux débuter quelque part au moins. » Chad n’était pas d’accord avec ce que je venais de dire. Il me fit la leçon en me disant que je devais me vendre pour le poste auquel j’aspirais, vise directement en haut plutôt que de commencer par le bas. Il n’avait pas tords. Si je tentais pas de décrocher le poste qui me tenais vraiment à cœur je ne saurais pas si j’aurais pu l’avoir. « Là maintenant ? Dans ce fast-food, t’es sérieux ? » lui demandai-je surprise alors qu’il me disait de lui faire une démonstration d’entretien. Il acquiesça en me regardant, essayant de me motiver. Je pris une inspiration, bu une gorgée de ma boisson avant de me redresser sur ma chaise et me lancer dans mon discours. « Je souhaiterais décrocher un poste dans la cuisine car c’est vraiment quelque chose pour laquelle je suis douée, enfin j’espère... » Je regardai Chad qui restait immobile et attentif. Qu’est-ce que je pouvais ajouter d’autre ? « Depuis que j’ai eu l’âge de faire de la cuisine, je me lance dans la confection de toutes sortes de petits plats maisons. J’apprends très vite. Je n’ai pas de diplôme dans la cuisine et pas d’expérience professionnelle mais je pense que je peux être tout autant capable qu’un autre de travailler chez vous. » Je levai mes mains un peu en l’air. « Quelque chose comme ça ? » demandai-je à mon ami. Je pris quelques frites que je mis dans ma bouche. Je ne savais pas ce que je pouvais dire d’autre pour me valoriser. Je n’avais jamais travaillé dans un restau et les seuls plats que je confectionnais c’était pour la maison. Je n’avais eu que des bons retours de mes proches et de mon propre sens. « Me met pas la pression comme ça, je vais regarder sur internet des vidéos et m’entrainer avant de rencontrer ta sœur. Je te promets que je me valoriserais avant tout pour un poste en cuisine ! » Je pris mon sandwich et termina ce que j’avais commencé. C’était vraiment trop bon. Les fast-food c’était vraiment la meilleure chose que j’avais découvert en arrivant ici. Je regardais Chad qui semblait un peu perdu dans ses pensées. « Tu vas bien ? Un petit coup de mou ? » Je n’abordais jamais le sujet de la fille qu’il aimait car je savais que c’était un sujet sensible mais s’il voulait m’en parler mes oreilles étaient là pour écouter.

Autant quelqu'un de lambda qui se rabaisserait je m'en ficherait totalement... Autant là il s'agissait de Kathoune, de mon amie. Au début, je déconnais en lui disant que je ne savais pas si je pouvais conseiller à ma soeur quelqu'un de si peu motivé - faisant référence à nos séances de sport - mais évidemment que je déconnais. Elle, elle mordait à l'hameçon. Je n'y croyais pas. Quand enfin j'annonçais qu'il s'agissait d'une blague, elle râlait. Comme si je dirais ça de toi, t'es grave d'y croire! lui dis-je alors en souriant. Bon, qu'elle ait mordu à l'hameçon prouvait d'autant plus qu'elle pensait ça d'elle. Je ne voulais pas de ça. Alors, je lui improvisait un exercice, là, sur le tas. Je lui disais de faire comme si j'étais un employeur et qu'elle devait me convaincre de la recruter. Au début, elle hésita. Rapidement elle se mit à l'essai. Je restai impassible pour ne pas qu'elle sache où elle s'y prenait mal sur le coup. Elle me regardait toujours pour avoir mon approbation, et il ne fallait pas. A la fin, elle me demandait si c'était bon ce qu'elle m'avait dit. bah écoute bof. Y'a des trucs que tu ne dois pas dire. Tu peux le sous entendre mais avant même que ton recruteur y pense il faut que tu aies effacé cette idée là de sa tête. Je parle par exemple de ton inexpérience. Ne dis pas "je n'ai pas d'expérience mais". tu peux dire un truc du genre "j'adorais apprendre ce métier avec votre équipe et m'épanouir au quotidien" un truc du genre. Faut toujours que tu mettes ça à ton avantage. Tu dois penser qu'à tes qualités, même si tu dois exagérer. Le plus important tu veux savoir ce que c'est? La patate. Tu as toujours le sourire toi, tu pourrais te faire embaucher partout! Il te manque juste de l'aplomb. lui dis-je alors en souriant. Je pensais sincèrement ce que je disais. de toute façon, je ne suis pas le genre de personne à avancer quelque chose qu'il ne pense pas. des vidéos sur YouTube, sérieux? NON tu te regardes dans le miroir, à l'ancienne, et tu hurles que tu vaux le meilleur. Voilà. dis-je en prenant mon verre pour boire une goutte. Ma soeur de toute façon si elle a besoin de quelqu'un, elle te dira oui, ne stresse pas pour ça. lui annonçais-je alors. Il suffisait que je lui dise de la prendre et elle le ferait. Je pouvais m'avancer, il s'agissait de mon amie et je savais fort bien qu'elle ferait du très bon boulot. Tout à coup, mes pensées partirent vers autre chose. A peine Kathoune laissait un blanc que c'était parti, j'étais perdu dans mes pensées. C'est très rapidement qu'elle m'en sortait, en me demandant si j'allais bien. hmm? fis-je alors sorti de mon "rêve". oh oui, ça va, désolé. je lui fis un sourire limite forcé. Elle savait très bien de quoi il s'agissait. Je n'en parlais jamais, mais je lui avais déjà fais le topo au cas où un de ces blancs arrivaient, elle sache pourquoi. Elle n'était pas de mauvaises attentions, elle voulait être de bonne oreille. Le truc c'est que, je n'assumais pas vraiment ce que je ressentais ces derniers mois. Je ne pensais déjà pas qu'un jour ça puisse m'arriver, mais alors comme ça... encore moins. C'était assez difficile pour moi de vivre tout ça, alors d'en parler c'était pire. Mais oui, ça m'arrive souvent ces "petits coups de mou". Tu as raison de ne pas être attiré par les mecs, après tu finis dans le même état que moi. déconnais-je alors, faisant référence à ce qu'on disait plus tôt. Je levais les épaules. ça va me passer, c'est pas très grave. dis-je alors comme pour me persuader. Avant, j'y croyais un peu, mais maintenant qu'il s'était passé des mois entiers, des histoires de toutes sortes, je n'y croyais plus tellement à vrai dire. y'a des gens qui sont fait pour ça, comme toi, et des gens non, comme moi. L'important c'est que j'ai des personnes comme toi, ma soeur ou ma meilleure amie pour ne pas trop y penser! lui dis-je alors avec un sourire. tu veux un dessert? lui demandais-je. EH oui, je changeais de sujet. Je n'aimais pas du tout en parler. Y penser, c'était caché, alors qu'en parler c'était assumer tout ce que je pouvais enfouir en moi.

Chad avait voulu m’aider à bien me présenter lors d’un entretien d’embauche. Sans prévenir il m’avait ordonné de faire comme si j’étais en présence d’un futur employeur que je voulais convaincre. Je tentai de faire de mon mieux mais sans préparation c’était assez difficile. Stressée et je lui avais présenter ma pseudo candidature. Apparemment cela ne l’avait pas convaincu mais avec bienveillance il me donna des conseils pour que je m’améliore. Je l’écoutai attentivement en essayant de retenir ce qu’il me disait. Il était e bons conseils. Même si je savais que je n’étais pas très douée pour me vendre avec le peu d’expérience que j’avais, cela blessa un peu mon égo. Je lui dis alors que j’allais regarder des vidéos pour me perfectionner et cela sembla choquer mon ami. Je lui souris timidement alors qu’il me disait que le mieux à faire était de se regarder dans un miroir en se convaincant d’être la meilleure. « J’essaierais chez moi, mais je suis pas sûre que j’arrive à me convaincre … » Je connaissais mes capacités mais j’avais toujours ce problème de manque de confiance en moi. Il me rassura ensuite pour sa sœur que s’il me conseilla à elle il y avait de forte chance qu’elle accepte de m’embaucher. Je ne voulais pas non plus qu’on me prenne si je n’avais pas la capacité à avoir un poste dans son entreprise. « Je veux pas qu’elle me prenne juste parce que je suis ton amie quand même. Mais merci, ca me rassure. T’es vraiment de bons conseils. » Je piochai dans mes frites pour terminer mon repas.
 
Un silence s’installa et quand je levai la tête de mon sandwich je m’aperçus que Chad avait l’air un peu préoccupé. Je lui demandai si ca allait un peu inquiète. Il s’excusa en me dit que ca allait mais je voyais bien qu’il était préoccupé. Ce qui me dit ensuite me fit un pincement au cœur. Il ne m’avait peut-être pas dit clairement à quoi il pensait mais je l’avais deviné. Je posais ma main sur la sienne avec un petit sourire. « Il ne faut pas perdre espoir … » dis-je simplement. Ce n’était pas parce qu’on faisait face à une peine de cœur qu’il fallait dire que l’amour n’était que douleur. Il me dit que ça allait passer et je n’insistai pas. Je savais que c’était douloureux pour lui d’en parler. S’il souhaitait me confier il le ferait de lui-même. « Tous le monde mérite de connaitre et de recevoir de l’amour. Toi aussi. C’est juste que des fois c’est … compliqué ? » Je lui souris. Je n’y connaissais pas grand-chose en amour mais ce que je disais n’était pas faux. Même si personnellement je n’avais pas été très impliquée dans des histoires d’amour, j’avais pu en voir autour de moi. Chaque histoire d’amour avait ses lots de complications et de facilités. Il fallait juste tenir bon ou savoir lâcher prise si nécessaire. Chad me demanda si je voulais un dessert et j’acquiesçai d’un hochement de tête, le tout accompagné d’un grand sourire. « Surprends-moi ! » Il me laissa seul avec mon plateau quasiment vide. Le regard perdu je me mis à penser à ce que venait de dire Chad sur le fait que les garçons ne m’intéressaient pas. Si seulement c’était que ça. Je ne m’autorisais que très peu à m’imaginer avec un homme car j’avais peur. Peur que cet homme me juge, peur que mon passé ne vienne tout compliqué, peur de souffrir. Il me semblait alors plus facile de ne pas me projeter dans une histoire avec quelqu’un.
 
Très vite Chad revint avec un plateau sur lequel se trouvait un Sunday au caramel ! « T’es un amour. » Je pris ma glace et la petite cuillère qui l’accompagnait. « Tu pourras me donner le numéro de ta sœur au cas où elle m’appellerait que je sache que c’est elle et que je ne panique pas … même si je vais surement paniquer en voyant son numéro s’afficher ! » Je me mis à rire avant de prendre une bouchée de ma glace. Quel délice ce petite morceau de sucre après ce repas remplis de gras. « Tu sais ce qui te ferais du bien ? » Je regardai mon ami avec une petite idée en tête. « Sortir de Miami et voir autre chose. Tu rappelles de notre voyage ? On s’était vraiment bien amusés cette fois-là. On devrait repartir, voir un peu de pays, sans forcément aller au bout du pays mais juste nous éloignés de Miami et se couper de tout. Genre se paumer dans un chalet en pleine montagne sans réseau. » Je me mis à rire face à cette idée farfelue que je présentais.