Drake résonne dans mes oreilles et le rythme colle à ma démarche. Les mains rangés dans mon bomber, les visages défilent sous mes yeux et je trace ma route hochant la tête à chaque banger. L’air marin m’aère l’esprit et le paysage me remplit les yeux de couleurs. Mes pensées colériques et mélancoliques s’absentent lorsque la sonnerie de mon téléphone retentit. Je jette un œil sur l’écran, la vieille ganache de Brady apparaît et ce con me fait décrocher un sourire sans même qu’il soit présent. Je décroche et rapproche mes écouteurs de ma bouche

- J’écoute .. Ouais j’ai ce qu’il te faut. Ramènes un pack et retrouves moi en face du phare près de la plage

Je raccroche et ma direction prends un cap, celui du phare à l’autre bout de la plage. Je décide d’enlever mes baskets pour marcher pied nue sur le sable. Cette sensation que j’oublie trop souvent pour un gosse n’est dans cette putain de ville. J’approche à la vitesse ou le soleil se couche sur la baie de Miami. Il reste peu de gens sur la plage et la plupart des arrivants sont équipés d’enceintes de musique et de packs de bière. C’était la période ou la plage servait de before géant pour tous les jeunes de la ville. J’aperçois plusieurs missiles qui remarquent mon regard inquisiteur. J’arrive près du phare et m’installe sur une de ces fameuses cabane de maître nagueur qui me sert de QG trop souvent avec Brady pour passer nos soirées défoncent. L’appart c’est cool mais avec Shayling en coloc c’est trop souvent la merde car on peut pas parler de tout, et surtout d’elle.

J’me roule un joint attendant la venue de mon pote que je connais depuis plus de 10 ans. Brady c’est le genre de mec que je côtoie et un des seuls que je me permets d’appeler frère. On est pas de la même famille mais c’est tout comme, je ferais tout pour lui. Combien de fois je me suis pris des patates dans la gueule à cause de ses tendances à choper des filles déjà en couple en boîte. Mais c’est le premier à m’aider quand rien ne va. Le seul qui connait mon passé et qui ne me jugera jamais. D’un coup de pouce j’allume mon joint tirant la première taffe voyant la tignasse de l’étudiant en école de commerce arriver. Lui montrant le joint de loin j’hausse la voix pour qu’il entende ce que je dis sur son chemin vers moi « je t’ai pas attendu frère »

La veille, j'avais passer une soirée MERDIQUE ! J'avais eu envie de tout casser, d'encastrer ma caisse dans le premier mur venu et tout ça à cause d'un putain de coup de téléphone. Shayling et moi on était pas au mieux, en ce moment. Il y a quelques jours, madame avait décider qu'elle avait besoin d'un break. J'étais habituée à ses petites crises, à ses ruptures qui ne duraient pas plus d'une demi-semaine, mais cette fois elle m'avait ignorer complètement. Elle avait filtrer mes appels et snober mes textos, pas un mot de sa part. Comme à chaque fois, je jouais le bonhomme qui s'en tape pas mal... La vérité étant qu'à chaque nouvelle rupture, j'avais peur qu'elle prenne finalement la force de tourner la page de notre histoire et qu'elle ne décide de pas revenir. je sais pas pourquoi ça me foutais autant les j'tons ! C'est vrai quoi, c'est à ce demander si je le cherche pas qu'elle me largue pour de bon avec tout ce que je lui ait fait voir depuis l'âge de quinze ans ! J'arrivait simplement pas à me faire à l'idée qu'il était possible qu'un jour ou l'autre elle ne décide de se trouver un mec "bien." Un mec capable de s'installer avec elle, de la demander en mariage et de lui rester fidèle. Pas possible parce que c'est moi qu'elle aimait et moi qu'elle aimerait jusqu'à la fin de sa vie, elle avait pas le choix. Enfin bref, hier je l'avait appeler pour la centième fois et c'est une voix masculine qui m'avait répondu. Autant dire que mes nerfs n'ont fait qu'un tour, un seul ! A peine un quart d'heure plus tard j'était débouler à son boulot pour lui faire un carnage ! Aujourd'hui, la colère était un peu descendue mais je restais crisper et j'avais besoin de me vider la tête. Alors je décidait de sortir, c'était la fin de journée et après avoir passer ma journée entière enfermée à l'appart je me dis que la meilleure des choses à faire était de m'aérer l'esprit. J'appelait mon meilleur pote, Rayane, parce qu'avec Shay il n'y avait que sur lui que je pouvait réellement compter. Plus qu'un meilleur pote, il était comme un frère et ce depuis l'adolescence. A nous trois, on formait un trio de choc, Rayane, Shayling et moi c'était pour la vie. Je pouvait pas les perdre ses deux là, ils étaient irremplaçables. « J'ai besoin de me détendre, mais genre à plein tube poto ! .... D'acc, j'arrive. » Je raccrochais et fourrait mon Iphone dans ma poche puis entrait dans la première épicerie venue. Je pris un gros pack de bières et pris la direction de la plage, notre plage. Un peu comme un QG, Rayane et moi on pouvait passer des nuits ici à refaire le monde autour de desperados et de joints. Mon frangin, qu'est-ce que je ferait sans lui pour de vrai ? Je serait rien. A la vie à la mort lui et moi. Quand j'arrivait finalement, monsieur était déjà entrain de fumer et sa remarque me fit esquisser un sourire en coin, j'attendis cependant d'arriver à sa hauteur pour lui répondre : « T'inquiète ma poule, tu es tout excuser ! » Je posait le pack dans le sable et après avoir tcheker puis enlacer rapidement celui à qui je confiait tout, je laissait tomber mon cul sur le sable à son tour. Il fit tourner le joint et je tirait une longue taffe avant de bloquer le bédo entre mes lèvres et d'attraper deux bières. J'en tendait une à Rayane puis décapsulait la mienne, retirant le bédo pour en souffler la fumé. « Il est chargé, y a pas à dire t'es le meilleur docteur au monde. » Souriais-je en admirant l'océan. « Comment tu va mon vieux ? »

Entre Shay et Brad c’était la personnification même de l’adage fuis moi je te suis, suis moi je te fuis. Toujours fou l’un envers l’autre mais les tromperies répétitives de Brad envers Shay poussait ma coloc à rompre les ponts avec lui. Je la comprenais mais en même temps qui étais-je pour juger mon meilleur pote alors que moi-même je suis adepte des courbes féminines et des coucheries sans lendemain. Je l’avais toujours poussé à ne pas se mettre en couple c’était des emmerdes assurés. C’était mon cas, je me prenais pas la tête car l’amour te torture et j’ai déjà connu ça pour ne pas avoir envie de le revivre. Vivant avec Shay et trainant avec Brady j’étais souvent au courant de leurs histoires et quelques fois on me prenait en porte à faux ce que je détestais. Me prenant la tête plusieurs fois avec eux leur demandant de régler leurs histoires entre eux et de ne pas me foutre là-dedans.

Tirant sur mon joint j’aperçois la tignasse de mon frère approcher, un pack de despe à bout de bras. Mon sourire que je lui lance signifie qu’on allait passer une bonne soirée défonce à raconter de la merde, une vraie soirée entre frère quoi ! On se check, on s’enlace et il s’installe à mes côtés. Je lui tend le joint pour qu’il se détende. C’est ce qu’il m’avait dit au téléphone, il avait besoin de souffler. Posant mes coudes sur mes genoux, la tête relevé je regarde les vagues se briser sur la plage. Ma casquette casse la brise contre mes yeux et certaines mèches de mes cheveux bloqués derrière l’oreille se font la malle. Prenant la bière que mon tend Brady je la décapsule prenant une gorgée de cette bière bien fraîche. « Shay ? » pas besoin de se faire de phrase on se comprenait en quelques mots. C’était surement le souci qui le poussait à vouloir se défoncer la tête ce soir.

L’odeur de la weed remplit mes poumons et je regarde mon meilleur pote cracher sa fumée. J’en profite pour sortir de ma poche un sac hermétique avec une douceur vertes à l’intérieur, le déposant sur le sable entre nous deux « on a de quoi faire pour oublier nos soucis » contemplant également l’océan il me donne comment je me porte. Haussant délicatement les épaules je porte ma bière vers la sienne pour entendre le bruit du verre s’écraser contre la sienne « aux femmes qui nous rendent fou » on allait boire à ça ce soir et surtout à toutes ses putes qui jouent avec nos cœurs. Faut savoir jouer mieux qu’elles. « Les journées passent on va dire, j’essaye de bosser sur mes écrits mais manque d’inspi en ce moment » ouais j’arrivais à rien, mes textes étaient plats et sans messages si ce n’est ma dernière baise. Je rajoute « et toi vieille branche, t’as encore merdé avec shay ! »

« Shay ? » Rien que ce prénom prononcer me fit lâcher un soupire las. J'en pouvait plus de ses crises, de ses prises de têtes à répétition. J'étais conscient d'en être la cause, mais je savait simplement pas comment y mettre fin. Ou si je savait, mais j'en avait pas envie car ça voudrait dire abandonner une grande part de ma vie. « J'sais pas ce qu'elle fous avec le fils de pute pour qui elle bosse, ça me met la rage. » Lâchais-je simplement. Il plaçait entre nous un sachet énorme qui me fit esquisser un léger sourire. Je savait très bien et il savait très bien que c'était tout ce dont j'avais besoin ce soir : Me défoncer la gueule à n'en plus penser à ma nana, ou à n'importe qu'elle autre nana d'ailleurs parce que ses petits bouts de femmes avaient l'habitude de me bousiller le cerveau. « Rien de mieux que la bonne vielle Marie Jeanne pour nous faire oublier toutes les autres. » Déclarais-je alors qu'il portait un toast en entre-choquant nos bouteilles. « Amen ! » Je m'étais ensuite mis à enchaîner gorgée de bière et taffe de joint comme naturellement, demandant à mon poto de toujours comment lui se sentais. Il me fit alors part de son manque d'inspiration face à ses textes ses derniers temps, Rayane était une bête d'artiste ! C'était une des choses qui nous avait rapprocher ça, la musique. Rayane il écrivait les textes et moi je prenait mon pied à grater ma guitare quand j'me sentais l'âme d'un musicien. J'étais pas non plus aussi doué que mon meilleur pote, mais ses paroles à lui étaient toujours si réalistes et bien tournée qu'il m'inspirait à mon tour. « Faut te trouver une muse, comme un de ses putains de grands artistes. Ils avaient toujours une nana à poil quand ils ont écrit leur meilleurs papiers. » Annonçais-je en lui mettant un coup d'épaule. Ouais, parce que même si j'enchaînait les minettes j'avais Shay en base, mon pote lui je crois pas l'avoir vu avec une nana de façon sérieuse ou du moins pas que je me souvienne. L'amour ça fait sacrément chier et ça fait aussi sacrément mal, mais y a rien de tel pour nous faire ressortir nos sentiments et c'est ce dont il avait besoin pour écrire, des sentiments. Quand il me fit remarquer que moi j'avais encore merder avec Shay, j'hochais les épaules et soufflait la fumer de mon joint en plissant les yeux. « Elle reviendra, elle revient toujours. » J'essayais de rester confiant, alors qu'au fond de flippait ma race que cette fois elle ne revienne pas. « Je sais pas trop ce qu'elle me fait à ce la jouer femme bafouée d'un coup, si elle devait prendre se rôle elle aurait dû le prendre à quinze ans, pas maintenant. Je pensait qu'on était rôder. »

Mon regard exprime l’incompréhension. Je connaissais la vie de mes meilleurs potes par cœur et pourtant je reste estomaquer devant la révélation que me fait mon bro. « whaaaaat ? » avalant de travers la gorgée de bière. Shay se tapait son boss. L’image qui m’arrive en tête me met sacrément mal à l’aise. Je pouvais pas croire qu’elle serait du genre à se taper son patron. Même si par vengeance par rapport aux infidélités de Brady ça pouvait se comprendre. Je fronce les sourcils essayant de remarquer une quelconque allusion que Shay aurait pu faire par rapport à ça mais rien ne me vient en tête. Je questionne Brady « t’es sur qu’elle se l’est tapé ? » comme si mon inconscient me poussait à ne pas y croire. Voire mon meilleur pote la tromper c’était presque devenu une habitude. Mais apprendre que Shay faisait de même me décevait un peu, surement une réaction de mec.

Je me roule un deuxième spliff le temps que j’explique à mon meilleur pote comment je galérais dans l’écriture et il me dit que j’ai besoin d’une muse. Je me mets à rire, il sait très bien mon opinion face à l’amour. Il connait mon histoire d’amour qui s’est mal finit et cette femme que j’aime toujours pourtant je me lâche pour l’oublier, tirant coup sur coup sans penser au lendemain. C’était ma façon d’oublier les cris de mon âme face à la douleur du manque d’amour. Finissant mon collage je porte le joint à mes lèvres que j’allume d’un coup de briquet avant de tirer dessus. « en même temps tu me donnes une mauvaise image de l’amour, ça me donne pas envie de me remettre en couple » lui avouais je sincèrement. Quand je vois mes deux meilleurs potes souffrirent autant alors qu’ils s’aiment me faisaient douloureusement repenser à mon ex petite amie.

J’allume un joint j’m’évade, nique la routine on vit au jour le jour. C’était ça ma devise, ne pas se prendre la tête et profiter de chaque jour comme si c’était le dernier. Et face aux problèmes de couples de mon frère la seule issue possible pour le moment, c’était d’oublier et de se péter le crâne. « En tous les cas elle est sur les nerfs, plus que d’habitude je trouve. Même envers moi elle me fait payer tes conneries » balançais je sur un léger rire « elle essaye de savoir qui est la meuf que t’as tiré, elle me travail au corps j’en peux plus » mais Brady sait qu’il aura toujours ma confiance et ma fidélité c’était la base même de notre amitié.