Un peu plus tôt aujourd'hui, j'ai demandé à Sky si je pouvais voir notre fils avant mon départ pour l'été. Elle a accepté et elle m'a demandé si elle pouvait emmener les enfants au parc et manger une glace après le souper. J'ai accepté parce que je me voyais mal lui refuser une telle chose. Je ne veux pas envenimer les choses entre nous déjà que c'est assez compliqué comme ça. Partir jusqu'à la fin du mois d'août avec mes trois plus vieux me fera du bien. J'ai besoin de prendre l'air. Nous allons passer quelques semaines chez mes parents à Boston avant que je quitte seul pour l'Australie et la Nouvelle-Zélande avant de retourner chercher les enfants et de quitter tous les quatre pour l'Autriche et possiblement même la Suisse.

J'ai d'ailleurs décidé de mettre ma carrière en pause pour pouvoir me consacrer à ma vie et à mes enfants. Ça fait dix ans que je joue dans la même série, je commence un peu à en avoir assez. Je peux bien me permettre de prendre une pause, non?! De penser à moi et de me reposer un peu. Mes enfants ont besoin de moi et j'ai besoin de mes enfants. Les seules personnes au courant pour ma séparation ce sont les parents de Julia, mon frère et ma soeur. Les parents de Julia sont comme mes parents. Mes parents ne le savent pas encore parce que je ne sais pas comment leur dire. Comment est-ce que je suis supposé annoncer une telle chose à mes parents? Comment suis-je supposé annoncer à mes parents que leur fils parfait est en train de virer sur le top?

Les enfants ont terminé de manger il y a environ quarante minutes et ils sont au salon en train de regarder la télévision. Je leur ai dit qu'ils allaient manger une glace avec Sky et leur petit frère Eliott. Ils étaient tout heureux. J'espère que Sky tiendra vraiment sa promesse et qu'elle viendra réellement.

XAVIER : « Elle arrive papa, elle arrive! »

Dit Xavier en allant ouvrir la porte sans me demander la permission. Je pars à courir après Xavier et je l'attrape par le bras assez fermement.

COLTON : « XAVIER! Je t'ai dit 100 fois que je ne veux pas que tu ouvres la porte tant que je ne suis pas là! Maintenant, tu vas dans ta chambre jusqu'à ce que je te dise quand sortir, COMPRIS?! »

Xavier se met à pleurer et part dans sa chambre alors que je regarde Sky qui est là, devant moi avec Eliott. Je me penche à la hauteur du petit et j'ouvre les bras.

COLTON : « Allo mon grand, viens-tu me voir? »

Dernièrement, ça n’a pas été facile. En fait, ça fait plusieurs mois que ce l’est pas. Depuis que j’avais tout avoué à Colton concernant ma nuit avec Chad - et bien qu’il ne me croyait pas sur mon état - j’étais continuellement déprimée. La seule chose petite personne qui me donnait la force de me lever avec le sourire et me dire tout au fond que tout n’était pas perdu, c’était mon fils. J’avais une réelle chance de l’avoir dans ma vie et surtout présentement, où il était un vrai petit bonheur sur deux pattes. Le voir grandir et être heureux était pour moi, la plus grande fierté du monde. Je le regardais et je me disais qu’à défaut d’avoir échoué dans mon devoir d’être une bonne personne, j’allais toujours faire en sorte que mon coco lui, soit la meilleure version de lui-même en l’encadrant du mieux que je le pouvais, chose que je n’avais pas forcément eu moi, de mon côté de la part de mes parents toujours bien occupés par leurs boulots respectifs.

Nous étions tout juste de retour de voyage, Eliott et moi d’ailleurs. Un beau petit voyage à Londres pour aller voir ma famille et sortir un peu de Miami, me permettant de décompresser également. Mon fils avait été un vrai amour tout au long de cette semaine et j’aurais tellement aimé y rester plus longtemps mais la vie reprenait son cours et je devais me remettre sur pieds. Pas plus tard que la veille, j’avais signé pour avoir ma propre petite maison au sud de la ville, une charmante Villa, pas trop grande mais bien jolie où nous allions être bien Eliott et moi. On était plus que deux maintenant… mais n’empêche, les autres me manquaient terriblement. D’ailleurs, Colton m’avait envoyé un SMS, voulant voir notre fils avant de partir une bonne partie de l’été en voyage, chose qu’il n’avait jamais voulu faire avec moi autrefois et qui me laissa un goût amer dans la bouche. Je n’en fis pas tout un plat toutefois, j’étais pas trop en mesure d’argumenter. À la place, je lui demandai si je pouvais passer un peu de temps avec les enfants, car ils me manquaient et je ne savais même pas quand j’allais les revoir. Je ne les avais peut-être pas accouché, mais j’avais été présente dans les quatres années de leur vie et ils étaient comme mes enfants, au final.

On s’était donc rendu à notre ancienne maison - et à sa demi-maison à Eliott - question de retrouver l’autre partie de notre famille - ou plutôt que de SA famille maintenant que Colton voulait plus rien savoir de moi. Aussitôt surtout de l’auto, je vis le beau Xavier ouvrir la porte, bien heureux de nous voir, avant que son père ne l’attrappe par le bras pour le faire entrer de nouveau à l’intérieur (comportement pas très habituel de la part de mon mari, d’ailleurs) Je fis le tour de la voiture pour détacher mon bonhomme, lui prenant la main jusqu’à ce qu’il s’écrit :

ELIOTT - Paapaaaaaa!!!!

En voyant Colton. Je lâchai sa main pour qu’il se mettre à courir en direction de ce dernier question de lui offrir un gros câlin. Je ne pouvais que sourire devant ce spectacle. À leur tour, Cassandra et Loïc sortirent de la maison et j’eus le droit à ce même genre de salutation - je fus surprise de la part du plus vieux des enfants qui n’était généralement pas très affectueux à mon égard. J’en profitais, c’était surement parce que ça faisait bien longtemps.

SKY - Mes amours!!!!! Comme je suis heureuse de vous voir!!!
CASSANDRA - Moi aussi maman!!! Est-ce que tu restes longtemps?
SKY - Eh bien je suis justement venue vous proposer d’aller jouer un peu au parc et aller manger une glace après. Vous avez déjà soupé? demandais-je en relevant le regard vers Colton, c’était surtout à lui que je posais la question, disons que j’étais arrivée relativement tôt.

J'ai besoin de partir d'ici, d'aller loin, de me changer les idées le plus possible. Je vis des moments difficiles, mes enfants vivent des moments difficiles, nous vivons tous des moments difficiles, mais j'imagine que nous allons s'en sortir un jour. Après tout si j'ai réussi à passer au travers de la mort tragique de ma première femme, plus rien ne devrait m'affecter. Enfin, je dis que j'ai passé au travers de la mort de Julia, mais je n'en suis pas si certain honnêtement. Je ne pourrai jamais l'oublier, je ne pourrai jamais oublier le moment où la police est arrivée à la maison pour m'annoncer la terrible nouvelle. Je ne pourrai jamais oublier cet appel téléphonique de l'hôpital quelques jours après sa mort pour son rendez-vous d'avortement alors que je ne savais même pas qu'elle était enceinte. Cassandra avait à peine trois mois et Julia était enceinte de nouveau. Est-ce qu'elle me l'aurait dit ou est-ce qu'elle aurait fait tout cela dans mon dos? Est-ce que ce bébé était vraiment de moi? Après tout, notre vie intime n'était pas ce qu'il y avait de plus fabuleux... c'est limite si nous avions des relations pendant qu'elle était enceinte de Cassandra et après la naissance de Cassandra. Tant de questions auxquelles je n'aurai malheureusement jamais de réponse.

Ces derniers temps, j'ai les nerfs à vifs, les enfants me tombent royalement sur les nerfs. J'ai toujours été patient avec mes enfants, mais depuis quelque temps je m'emporte beaucoup et facilement, comme en ce moment alors que j'attrape Xavier par le bras de manière assez brusque en l'envoyant dans sa chambre. Il sait que je ne veux pas qu'il ouvre la porte de la maison, mais il le fait souvent. C'est d'ailleurs en levant le ton que je l'envoie dans sa chambre. Je sais qu'il est content de voir Sky et son petit frère, mais ce n'est pas une raison pour ouvrir la porte comme il le fait. Je ne sais pas s'il comprendra un jour.

Étant en petit bonhomme et ouvrant les bras, je souris à mon petit Eliott qui arrive en courant vers moi. Je le serre dans mes bras avant de le prendre et de me redresser. Je suis content de le voir mon petit bonhomme, il m'a beaucoup manqué. Je suis d'ailleurs convaincu qu'il a fait un beau voyage à Londres et qu'il s'est bien amusé en avion à regarder les nuages.

COLTON : « Je suis content de te voir mon petit champion. Tu as aimé prendre l'avion? Tu n'as pas eu peur? »

Le petit bonhomme fait "non" de la tête et je souris avant de reposer mon regard sur Sky qui me pose une question.

COLTON : « Oui, ils ont déjà mangé. Allez mettre vos vestes les enfants, Sky n'attendra pas éternellement. »

C’était particulier de retourner chez nous, dans notre maison que Colton et moi avions acheté ENSEMBLE, il y a quelques années. Là où les enfants avaient grandi tous ensemble dans le bonheur, où nous avions vécus tellement de beaux moments maintenant derrière nous à jamais et ce, à cause de moi et de mon erreur avec laquelle j’allais devoir vivre toute ma vie. Quoi qu’il en soit, c’était pas pour autant que nos enfants devaient être victimes de ce qui se passait dans notre vie de couple. C’est pourquoi Eliott allait passer le weekend avec son papa et moi, j’avais le droit de voir les autres enfants pour la soirée et le dessert. J’en étais d'ailleurs très heureuse et à avoir la réaction de mes petits humains préférés, c’était la même chose de leur côté. J’avais d’ailleurs donné le petit sac à dos d’Eliott avec un peu de vêtements à lui, même s’il en avait encore ici. Ce dernier secouait vigoureusement la tête à son papa qui lui posait des questions sur notre voyage, voyage qu’il avait voulu nous empêcher - ou du moins, laisser sous entendre. Alors que mon mari demanda à Cassandra et LoÏc d’aller enfiler quelque chose de chaud, je fronçai un peu les sourcils.

SKY : « J’imagine que quelqu’un va avertir Xavier également? »

Je ne vais tout de même pas apporter Cassandra et Loïc sans Xavier. Oui, il a été gronder mais ça serait exagéré de le retenir prisonnier dans sa chambre pendant que les autres mangent de la crème-glacée. Colton demande donc à Loïc d’aller dire à son frère de descendre, j’en suis bien heureuse car j’ai bien hâte de le revoir ce petit amour! En tournant un peu la tête, je vois Eliott retirer son chapeau, je le retiens donc par le bras en me penchant à sa hauteur pour lui remettre sa casquette sur la tête.

SKY : « Eliott? Qu’est-ce que maman a dit avec le chapeau? C’est sur la tête! » Je lui remet aussitôt avant de regarder mon mari. « Il commence à tester l’autorité ces temps-ci… faut l’avoir à l’oeil. »

Eliott était un bébé facile, vraiment… mais il avait ses petites périodes “terrible two” comme s’il voulait voir jusqu'où sa petite liberté d’enfant de 2 ans allait. Valait mieux que j’informe Colton car il semblait avoir les nerfs à vifs dernièrement - et je ne pouvais que m’en tenir indirectement responsable. J’espérais juste que ça n’affecte pas trop les enfants, tout ce qui se passait dans nos vies. D’ailleurs, les trois autres sortirent de la maison, une petite veste sur le dos en sautillant jusqu’à nous. J’eus le droit au plus beau câlin du monde entier que Xavier qui s’était finalement joint à nous. Il nous restait plus qu’à partir mais, j’avais l’impression qu’il nous manquait tous quelque chose et je savais bien ce que c’était. Je regardai Colton un instant et malgré les SMS échangés, je lui demandai :

SKY : « Tu viens avec nous? »
XAVIER : « Ohhhh dis oui PAPA!!!! »

Sky n'a pas à s'en faire, l'agent immobilier vient demain pour installer la pancarte à vendre. Je ne peux pas rester dans cette maison en faisant comme si rien n'était parce que je sais que si je veux avancer que je dois rendre mon environnement meilleur et ce n'est pas en restant dans un environnement qui me rappelle Sky qui fera en sorte que mon avenir soit meilleur. Je n'oublierai jamais Sky et mon but n'est pas de l'oublier totalement parce que nous avons un fils ensemble.

J'aime mon fils autant que j'aime mes trois autres enfants. J'aime tous mes enfants également même si les gens ont l'impression parfois que j'aime moins Eliott. Mes quatre enfants sont importants pour moi et le seront toujours. Bref, mon fiston bouge vigoureusement la tête, il n'a pas eu peur dans l'avion. C'est un vrai petit champion. Je lui souris avant que je demande aux enfants de se mettre une petite veste avant de partir. C'est Loïc qui va avertir son jeune frère de venir, qu'ils partent maintenant avec Sky.

Je souris en voyant le petit Eliott retirer son chapeau. Ça ne fait que commencer, Sky n'a pas terminé d'assister à de telles choses. Elle devra être patiente parce qu'il risque de faire des choses bien pires.  Fiston me fait penser à mes fils lorsqu'ils voulaient mette leurs casquettes à l'envers et que je ne voulais pas parce qu'une casquette à l'envers ça ne protège pas les yeux du soleil et qu'une casquette ce n'est pas faite pour être portée tout croche.

COLTON : « Tu n'as pas terminé d'en voir, crois-moi. »

Dis-je en souriant alors que Xavier et Loïc arrivent. Je regarde Sky qui me demande si je me joins à eux. C'est une bonne question. Je ne sais pas si à c'est une bonne idée, mais comme les enfants semblent vouloir, je vais accepter.

COLTON : « Bon d'accord. »

Je me joins ainsi à eux et nous partons tous les six à la crémerie en marchant puisque ce n'est pas bien loin d'ici. Je prends la main de Cassandra qui est toujours après moi. Je l'aime ma fille, elle est la plus facile des quatre, elle est toujours gentille et ses frères la font toujours pleurer malheureusement bien que Loïc soit très attaché à sa petite soeur et qu'il veut toujours l'aider. Loïc et Cassandra ont une belle fraternité, chose que je n'ai pas connue avec mon frère et ma soeur.

En route vers la crémerie, je glisse ma main libre dans ma poche pour en sortir en billet de 20$, mais en le sortant de ma poche un petit sachet de poudre blanche tombe au sol. Je me penche pour le ramasser comme si rien n'était et je ne redresse en regardant Sky sans rien dire. Pourquoi dire quelque chose?! Ça ne la regarde pas. Ce que je fais ne la regarde plus maintenant. Bref, je remets le sachet dans ma poche et je donne le billet à Sky.

COLTON : « Tiens, pour les cornets des enfants. »

SKY : « Merci, c’est très encourageant! » lâchais-je avec un petit sourire en coin.

Parce que bon, même s’il me dit ça, je sais très bien que ce n’est pas facile à cet âge là mais c’est un passage obligatoire. Tous les parents passent par là et réussissent donc je devrais bien y arriver aussi hein! Colton sait de quoi je parle, il en a eu trois avant donc il a de la pratique alor que moi, eh bien, j’ai vu Cassandra dans son terrible two mais elle est tellement facile cette petite que ce n’est pas du tout comparable. Justement, les enfants reviennent à nous bien habillés, et avec Xavier en prime, mon petit coco que je suis bien heureux de voir et qui semble partager ma joie également. Juste avant de partir, je regarde mon mari, me sentant mal de le laisser ici alors que nous allons tous ailleurs. Je tente le plus possible d’être gentille avec lui, car après tout ce que j’ai fais, il mérite au moins ça. Je lui propose de venir et comme je me doutais, il accepte. On quitte donc la maison, direction crèmerie. En marchant, je tiens la main d’Eliott qui marche tout doucement et Xavier arrive près de moi.

XAVIER : « Est-ce que tu peux être toujours là comme avant? »

Comment briser mon coeur en deux avec cette demande. Je me pince les lèvres, réfléchissant à comment je peux dire les choses sans que ça ne soit trop négatif.

SKY : « Tu sais Xav, t’as qu’à demander à Papa et tu peux me voir quand tu veux! »

Je pense que c’est une réponse assez approprié, non? Et puis, ils quittent tous pendant des mois donc bon, ça va rendre les choses un peu compliqué. Je me demande d’ailleurs si Colton leur en a déjà parlé de ses fameux plans de partir loin d’ici. Je ne suis pas pour, mais je ne peux malheureusement pas être contre, je n'ai plus mon mot à dire dans leur vie désormais! On arrive finalement à la crèmerie où nous devons faire la ligne, il fait beau et assez chaud donc tout le monde souhaitent se rafraîchir un peu dans le voisinage. Je suis en train de rattacher le soulier détaché d’Eliott lorsqu’un truc tombe de la poche de Colton juste à mes côtés. Comme je me tourne pour le ramasser, je me rends compte qu’il s’agit d’un petit sachet de poudre blanche. Je m’arrête, je fige sur place avant que Colton ne s’empresse de le mettre dans sa poche. Je me redresse donc à mon tour, bien sous le choc par la situation alors qu’il me donne un 20$.

SKY : « Non, c’est moi qui offre. »  dis-je soudainement bien froidement en tournant la tête pour rejoindre les enfants qui regardent le menu en se demandant ce qu’ils vont prendre, je n’ai même plus envie de regarder Colton.

J’ai le coeur qui bat tellement vite et j’écoute à peine ce qu’ils me répondent. Je fixe le menu en me demandant si j’ai bien vu… et pourtant, c’est le cas. Ça vient de gâcher complètement le moment avec les enfants là. J’ai l’impression que je vais être malade tellement ça m’ébranle tout ça. Je ne peux pas croire que Colton est là-dedans, qu’il est rendu à consommer. C’est tellement pas lui que ça me semble irréel et pourtant, pourquoi aurait-il ça dans ses poches et puis bon sang, je suis pas stupide… qu’il ne vienne pas me dire que c’est un sac de farine non plus. Je reprends un peu sur moi, puisque c’est à notre tour de passer pour tout dire la commande des enfants à la gentille petite fille présente, je me tourne ensuite vers Colton.

SKY : « Tu veux quelque chose ou bien t’as tout ce qu’il te faut? »

Après tout, quand on se poudre le nez, les autres petits plaisirs doivent bien devenir ennuyants. J’avoue, c’est une pique que je lance comme ça mais je peux pas croire qu’il se fait ça… qu’il fait ça aux enfants aussi. Après je dois lui laisser Eliott? Pas question!

Elle n'a pas terminé d'en voir et je sais de quoi je parle puisque j'en ai élevé trois avant Eliott. Ce qui me fait le plus peur c'est l'adolescence, mais bon je n'y pense pas trop pour le moment parce que ce n'est pas demain qu'ils seront des adolescents qui m'enverront chier et qui me remettront sous le nez plein de choses alors que j'ai toujours tout fait pour mes enfants. J'ai toujours tout fait pour mes enfants, faisant passer leur bonheur avant mon propre bonheur. Je ne suis pas un père parfait, mais je fais ce que je crois qui est le mieux à faire. Perdre son épouse tragiquement n'est jamais quelque chose de joyeux et encore moins lorsque nous avons de jeunes enfants qui ne comprennent pas ce qui se passe réellement.

Sky ne voulait pas vraiment que je vienne avec eux lorsque nous avons échangé par messagerie texte, mais finalement j'accepte de venir parce que je peux bien faire un effort et offrir à mes enfants un semblant de moment en famille. Nous marchons tous en direction de la crèmerie et c'est en chemin que j'entends mon fils demander à Sky si elle peut être toujours avec nous comme avant. Malheureusement, nous ne sommes plus une vraie famille et Sky ne sera plus jamais avec nous toujours comme ce fut le temps à l'époque où je crois que nous étions heureux. Je ne dis rien, je fais comme si je n'avais rien entendu, regardant ce que Cassandra me pointe au loin.

Arrivés à destination, nous attendons en file comme tout le monde. Nous ne sommes visiblement pas les seuls à avoir eu l'idée de venir ici pour se "rafraichir" un peu. Il y a relativement beaucoup de gens en ce moment. Sans réellement le vouloir, je fais tomber cette substance illégale et je vois bien que Sky l'a remarquée. Je ramasse le petit sachet et je fais, encore une fois, comme si rien n'était. Sky n'a pas à payer pour mes enfants. Je suis capable de payer leurs cornets.

COLTON : « Je te le donne, prends-le. Je te dis de le prendre. »

Dis-je en lui tendant alors qu'elle ne me regarde pas. Je soupire et je range le billet parce qu'elle veut faire à sa tête. Elle et sa maudite tête dure d'anglaise! Je ne demande encore pourquoi je l'aime. Bref, il vient le temps de commander et à la remarque de Sky, je la regarde sérieusement.

COLTON : « Je n'ai pas faim. »

Dis-je avant que la jeune dame à la caisse va préparer le tout avec l'un de ses collègues. Ce n'était pas supposé tomber de ma poche, elle n'était pas supposée de le savoir. De toute manière, je n'ai pas de compte à lui rendre parce que nous n'avons plus rien en commun à l'exception de notre fils.

C’était comme si je ne voulais pas croire ce que je venais de voir. C’était impossible que l’homme que j’avais marié, le père de mon fils, l’homme le plus bon que je connaissais, consommait de la cocaïne. Et pourtant, je l’avais vu de mes propres yeux, sans pour autant passer de commentaire. Je me rectifiai à faire ce que je faisais. Colton s'obstina un peu par la suite à me donner de l’argent mais je lui vite comprendre que je comptais payer. C’était mon idée et c’était pas comme si j’étais dans le besoin non plus. J’étais capable de payer de la crème glacée à mes enfants! Je demandai même à ce dernier s’il souhaitait quelque chose, même si je me doutais bien que sa réponse allait être négative… et comme de fait!

SKY : « C’est bien ce que je pensais. »

Parce quand on prenait cette merde, on avait jamais faim. On était toujours sur un high et on oubliait les besoins primaires. Wayne en consommait et pendant que je le fréquentais, c’était arrivé que j’en prenne aussi mais sans jamais en être accro comme que Colton semblait l’être. Je disais ça car généralement, on se promène pas avec un sachet près à être utilisé dans les poches. Je voulais pas sauter aux conclusions trop rapidement mais ça me avait l’air assez évident. Bref, je m’occupai de distribuer les glaces aux enfants, payer et nous allâmes sur une petite table pique-nique question de manger tranquillement. J’avais pris un milkshake, c’était plus facile pour aider mon fils en cas de besoin.

SKY : « Alors, c’est bon? Ça l’air en tout cas, vous en avez partout! » dis-je en riant en regardant leur contour de bouche bien beurré.

Eliott étant le plus beurré avec son petit pot et sa cuillère. Monsieur aimait bien manger par lui même mais c’était jamais très proprement. Une bonne quinzaine de minutes plus tard, ce fut terminé. Je n’avais pas adressé la parole à Colton du tout, préférant m’entretenir avec les enfants et prendre de leurs nouvelles. Cependant, pendant qu’on se rendait au parc, je m’approchai de mon mari pour lui glisser quelques mots.

SKY : « Quand les enfants seront couchés, on doit parler. »

Et je ne lui laissais même pas le choix.

Je n'ai pas faim, j'ai le droit de ne pas avoir faim, non? De toute manière c'est plein de sucre et je ne peux pas manger de sucre si je veux avoir un corps de Dieu grec. Il paraît qu'il faut souffrir pour être beau. Je ne serai jamais beau, mais si je peux avoir un beau corps alors ce sera un pas dans la bonne direction. Ce n'est pas parce que j'ai un sachet sur moi que je suis accro à cela. D'ailleurs rien ne dit que j'en ai déjà pris. Sky aime bien sauter aux conclusions trop vite. Que j'en prenne ou non ça ne la regarde pas. Je n'ai pas d'explication à lui rendre puisqu'elle ne sera plus ma femme sous peu.

Comme elle ne me parle pas, je reste silencieux en prenant place à une table. Je ne la regarde pas et elle ne me regarde pas, s'occupant uniquement des enfants. L'atmosphère est lourde, j'aurais dû rester à la maison et rien de tout cela serait arrivé. Que voulez-vous que je dise? Je laisse les enfants parler et déguster leur sucrerie tranquillement jusqu'à ce que nous allions au parc.

Les mains dans les poches, je regarde les enfants qui grimpent dans les jeux et je tourne la tête en direction de Sky qui m'adresse enfin la parole. Je me doutais bien qu'elle ne sortirait quelque chose dans ce genre. Je n'ai rien à dire, alors je ne vois pas de quoi nous allons parler. En fait je le sais bien et je la connais trop bien. Elle risque de me menacer, de m'empêcher de voir mon fils. Je la connais, je sais de quoi elle est capable.

COLTON : « Je ne vois pas de quoi tu veux qu'on parle parce que je n'ai rien à dire. »

Je n’en revenais pas de ce que j’avais vu. C’était pas possible que Colton consomme, c’était impossible de faire ce lien dans ma tête et pourtant, j’étais pas aveugle.. et je n’hallucinais pas non plus. C’était bien de la poudre blanche que j’avais vu sortir de la poche de son jeans. Je lui fis part du fait qu’on allait parler plus tard lui et moi et je n’allais pas revenir sur cette décision, c’était important.

SKY : « Tant mieux alors, ça va me donner l'opportunité de parle plus, parce que moi je sais clairement quoi te dire. » Je le regardai droit dans les yeux pendant quelques secondes, il me niaisait, c’était clair… il savait très bien de quoi j’allais lui parler. « Parle-moi plus pour l’instant, je veux profiter des enfants. »

Ils ne méritaient pas que je sois de mauvaise humeur à cause de lui présentement. Je ne savais pas quand j’allais revoir mes amours, bien que là, j’avais pas envie de les laisser seuls avec leur père parce que oui, pour la toute première fois, je doutais de mon mari et de leur possible sécurité. Je fis donc comme si de rien n’était en allant jouer avec eux dans le parc, les aidant à se balancer, à glisser… bref, ça me changeai les idées et je me concentrais entièrement à eux et à profiter du moment présent pendant que Colton boudait dans son coin aussi.. Le temps passa beaucoup trop vite et déjà, le soleil commençait à se coucher, il fallait donc rentrer car l’heure du dodo approchait. On retourna donc tous ensemble à la maison, comme autrefois, mais mes pensées étaient ailleurs complètement. J’aidai Colton avec le bain des enfants et nous les couchèrent tous en leur souhaitant à tour de rôle, une belle nuit. J’avais le coeur gros, car je ne voulais pas que ça soit la dernière fois avant longtemps que je les voyais. Je descendis la première au salon pendant que Colton bordait Loïc pour venir me rejoindre quelques instants ensuite. C’était lourd, l’atmosphère… et c’était silencieux surtout mais je me gênai pas pour rompre le tout.

SKY : « Allons dehors. »

Je ne voulais pas que les enfants entendent ce qu’on disait. Je passai donc la première par la porte patio, fermant uniquement le moustiquaire pour entendre les enfants au cas où. Les bras croisés sur mon ventre, je regardai Colton quelques secondes avant de me lancer :

SKY : « Dis-moi qu’il y a une explication logique derrière ce que j’ai vu tout à l’heure et que c'est pas ce que je pense, stp… »