Edward? Panique pas… mais, est-ce que tu peux venir me chercher? Et évidemment, il remarquait que ma voix se faisait tremblante, que je paniquais même pas mal. Il me demandait où j’étais, si j’allais bien et pourquoi j’appelais avec un numéro inconnu et non pas mon téléphone. Je soupirai, j’étais honteuse, il n’allait pas être fier de moi, vraiment pas. Je… je suis au poste de police, j’ai… j’ai été arrêté. Les larmes que je tentais de contenir depuis le début de l’appel me revint aux yeux, inévitablement. Je pleurais depuis qu’on m’avait arrêté et j’avais tenté d’être forte pour ne pas l’inquiéter mais c’était peine perdu de toute façon. Je t’expliquerai… peux-tu juste… juste venir stp? J’aimais pas ça ici… et en plus de ça, il allait devoir payer ma caution pour sortir, j’espérais que ce n’était pas trop cher, on avait pas d’argent, on en avait tellement pas que c’était pour cette raison que j’avais volé. C’était la deuxième fois que je le faisais, il n’était pas au courant mais je me disais que si on pouvait sauver de l’argent en ne payant pas l’épicerie, ça serait au moins ça. J’étais pas honnête de voler ainsi, je le savais bien.. je me considérais pas comme quelqu’un de mauvais, juste une bonne personne qui prenait des mauvaises décisions pour le bien de sa famille. Cette fois-ci, je n’avais pas été aussi chanceuse par contre. À peine avais-je passé la porte avec mes sacs que le gardien de sécurité m’attendait pour m’amener dans son bureau et appeler la police. On me disait que j’allais probablement avoir un dossier criminel, que c’était pas intelligent de faire ça, on me disait tout et n’importe quoi et moi je pleurais, je me sentais vraiment merdique. Qu’est-ce qui s’était passé pour que j’en arrive là? Je me reconnaissais à peine!
J’étais assise au poste de police, au moins, on m’avait pas mise derrière les barreaux, et on avait pas jugé bon de me passer les menottes non plus. Ils avaient bien vu que j’étais assez docile. On m’avait donné la chance d’appeler la personne de mon choix et évidemment, qui aurais-je pu appeler à part Edward? Nerveuse, je tapais du pied… et mon coeur s’emballa en le voyant passer la porte du poste de police. Évidemment, il ne pouvait pas venir me voir maintenant, il devait signer des papiers et payer la caution… j’avais juste envie de me fondre dans le sol, j’appréhendais la discussion qu’on allait avoir tous les deux.
Dès que j'entendis la voix d'Elizabeth, je sentis immédiatement qu'il s'était passé quelque chose de grave. Je m'étais rapidement redressé du canapé où je m'étais installé pour regarder la télévision et maintenant j'entendais les battements de mon coeur qui déballaient à toute vitesse.
- Qu'est-ce qui se passe? Tu es où?
Elle m'annonça qu'elle était au poste de police! Je fus d'abord surpris, mais en même temps je me disais aussi que c'était sans aucun doute ma faute si elle en était arriver là.
- Pourquoi t'es là?
Bien entendu, je savais déjà la réponse, elle devait avoir tenté de volé quelque chose. J'entendis Elizabeth pleuré, alors c'était tout mon corps qui commença à stresser. Il fallait que je la sorte de là et au plus vite. Il y avait Juliette, je devais l'amener. Je n'avais pas le choix. Je lui mentionnai alors que j'arrivais tout de suite pour la rassurer, mais dans le fond, je ne pense pas que c'était suffisant, j'avais juste hâte de la retrouver et pouvoir la serrer dans mes bras. Je réveillai Juliette, elle n'était pas très heureuse de se faire réveiller à toute vitesse, mais je ne pouvais pas faire autrement. Je sortis rapidement de l'appartement et je me dirigeai vers ma voiture pour y installer ma fille. Elle sommeillait toujours. La pauvre. Une fois arrivé au poste, je dirais que mon coeur était toujours à son plus fort dans ma poitrine. Je n'aimais pas cet endroit autant que les hôpitaux je dirais. Je pris ma fille dans mes bras et je rentrai... Tout de suite je vis Eli au loin le regard fuyant, mais qui semblait me dire qu'elle voulait quitter immédiatement. Je me présentai donc à l'accueil comme étant son mari et je dû signer quelques papiers. Bon sang... Je ne voulais pas qu'elle ait de casier judiciaire pour un vol. Ma fille était contre moi et n'avait aucunement conscience de se qui se passait vraiment, mais elle était contente de voir maman. Un policier laissa partir ma femme et elle vint vers moi immédiatement. Nous n'allions pas rester là bien longtemps. Notre fille sauta dans ses bras aussitôt. Je ne savais pas quoi lui dire... Et puis devant Juliette ce n'était pas l'idéal non plus. Une fois dans la voiture, j'ouvris la bouche pour enlever le silence pesant qui y planait. - Qu'est-ce que tu as fait Eli? Pourquoi?
Je pensais que nos vols dans les maisons étaient suffisants, mais là clairement, elle ne m'en avait pas parlé et je ne savais toujours pas ce qu'elle avait essayé de faire. Elle m'avait dit qu'elle allait faire l'épicerie, avait-elle menti?
Si on m’avait dit un jour que j’allais me faire arrêter et que j’allais devoir appeler Edward pour me sortir de là, je ne l’aurais jamais cru. J’avais toujours, toute ma vie, essayer d’être la petite fille exemplaire qui ne ferait même pas de mal à un mouche et voilà que j’avais des antécédents de cambriolage et probablement un dossier criminel si l’épicerie décidait de maintenir les charges contre moi. Je me trouvais tellement stupide d’avoir des répercussion comme ça pour 120$ d’épicerie. Sur le coup, j’avais vraiment pensé que j’allais pouvoir passer comme si de rien n’était, comme la première fois que je l'avais fait… mais malheureusement, j’étais là… à ne pas vouloir regarder mon mari et ma fille qui venaient d’entrer pour me sortir enfin. Ma petite Juliette qui me sauta dans les bras attendrit mon coeur mais me fit un peu pleurer aussi. C’était pas le genre d’exemple que je voulais donner à mon enfant… je me sentais comme une mauvaise mère. C’était plus que silence entre Edward et moi, et ce, jusqu’à la voiture… et c’est ce dernier qui décida finalement de rompre le tout en me demandant des explications. Je lui en devais bien, mais j’avais pas envie non plus d’en parler plus qu’il faut. C’était assez difficile car j’étais plutôt bien honteuse.
« Je… je voulais économiser de l’argent d’épicerie… j’ai sortie sans payer, je faisais pas ça pour mal faire je… »
Bon, je pouvais bien imaginer que c’était difficile de voir un vol comme étant quelque chose de futile mais c’était pas comme si j’étais entrée seule chez quelqu’un, j’avais volé une épicerie qui faisait déjà des centaines de milliers par année!? Bon ok, rien finalement justifiait réellement mon geste.
« S’il te plaît Edward, me regarde pas comme ça, je me sens déjà assez merdique comme ça… »
J’étais pas fière de moi, et de savoir que mon mari aussi était déçu, voir même en colère, ça n’aidait pas du tout à mon état d’esprit. Je tournai donc la tête vers la fenêtre pour regarder l’extérieur défilé, du moins… regardé le tout bien floué par mes larmes silencieuses.
Pauvre Elizabeth, elle se sentait vraiment mal et ça se voyait. Je ne comprends pas vraiment ce qui s'était passé et pourquoi on ne lui laissait pas une chance de se reprendre. Je la questionnai pour savoir ce qui s'était passé et elle me répondit qu'elle avait voulu sortir de l'épicerie sans payer... Pourquoi??? Je ne comprenais pas trop, payer pour nos achats, on l'a toujours fait. Il y a une grande différence entrer voler chez les gens et voler les lieux publics. Il fallait faire très attention... J'avais tellement de chose qui me venaient en tête et je savais bien que si je parlais, j'allais lui faire encore plus de la peine alors je préférais me taire là-dessus. Je ne voulais pas en rajouter une couche, mais c'est certain que mon regard en disait pas mal plus que je ne l'aurais voulu.
- Arrête ne dit pas ça... Je... Je ne sais pas trop pourquoi tu as fait ça, mais sache que je t'aime toujours et que je sais que tu apprendras de cette erreur.
Je ne pouvais que la soutenir dans tout ça... Oublier et passer au dessus de ça. Un silence pesant s'installa entre nous deux et je ne pouvais pas dire que j'appréciais. J'avais de la peine pour elle, mais j'étais aussi en colère. On ne pouvait pas faire n'importe quoi, nous étions une famille. Si elle recommence et se fait prendre c'est une peine de prison qu'elle aura... Je ne veux pas la perdre à nouveau. Plus j'avançais vers notre appartement plus les soupirs grandissaient. Juliette s'était rendormie dans la voiture une fois rendu à destination. Je pris son petit corps dans mes bras contre moi et je la conduisis directement dans sa chambre, dans son lit. Elizabeth s'était enfermée dans la salle de bain pour aller se laver tandis que moi j'étais dans le salon en train de poireauter. J'étais un peu sonné par tout ça, je m'en voulais beaucoup de lui avoir parlé de mes vols... Quand la jeune femme ressortie, elle m'évita une fois de plus. Je décidai donc d'aller la rejoindre dans notre chambre. - Eli... tu veux qu'on parle?
Je me sentais coupable et je voulais exprimer que je me sentais mal de l'avoir lancé vers le mal.
Comment est-ce que je ne pouvais pas me sentir mal? Je venais de me faire arrêter pour vol à l’étage et mon mari devait non seulement venir me chercher, mais avec ma fille dans les bras en plus. Heureusement, Juliette était encore petite donc elle ne comprenait pas ce que maman pouvait faire ici mais n’empêche, je me sentais comme une moins que rien. C’est la mine très basse que j’avais suivi Ed jusqu’à la voiture. J’étais silencieuse pas mal mais lui, lui il voulait parler. Je ne pouvais pas lui en vouloir pour ça, c’était normal. La situation aurait été inversée, j'aurais eu la même réaction que lui.
« Je sais pas non plus… »
Je regardais dehors mais en fait, je ne savais pas pourquoi je disais ça, je savais amplement pourquoi. Je voulais sauver de l’argent, tout simplement. Le restant du trajet se fit dans le silence total. Il n’y avait que Juliette qui parlait en fait, mais c’était pour rien dire pas mal au moins, elle changeait un peu mes idées. Une fois à la maison, on fit comme si de rien n’était avant que la petite soit couchée.. c’est là que Ed voulu continuer la conversation, je l’évitai un peu, allant à la chambre pour me changer mais il me suivit.
« Tu veux qu’on parle de quoi? » lui répondis-je, aussitôt, d’une manière beaucoup plus sèche que je le voulais. En voyant sa réaction de visage changer, je soupirai. « Je m’excuse je voulais pas… te parler comme ça! »
Il ne méritait pas ça. Je devais mettre la faute sur l’émotion, la peur que j’avais eu… et puis la honte aussi que je pouvais ressentir. Comment est-ce qu’il pouvait rester toujours aussi calme? C’était grave que je venais de faire et il trouvait encore quelque chose en moi, en lui… bref, en nous pour continuer à me regarder avec les mêmes yeux amoureux que dans les dernières années.
« C’est pas la première fois que je fait ça… c’est juste, juste la première fois que je me fait prendre. » lui avouais-je. « Je me disais que c’était trois fois rien au début, et que c’était quand même beaucoup d’argent par semaine qu’on pouvait sauver… je voulais pas faire ça pour mal faire Eddy… » lui répétais-je en fixant le sol. « Tu crois que je suis en train de devenir une mauvaise personne? »
Je n’aurais jamais fait ça auparavant, jamais de la vie même! Moi qui stressait à l’idée de me faire arrêter en traversant la rue au mauvais endroit! Du coup, j’avais une folle envie de me punir pour ça. Je méritais de me punir. À cette pensée, mes ongles s’enfoncèrent dans mon avant-bras assez fortement mais discrètement, pour ne pas alarmer Edward.
[size=13]Difficile de comprendre ce qui se passait dans la tête d'Elizabeth en ce moment même, mais ce que je pouvais dire c'est qu'elle était en train de fuir la conversation et je n'aimais pas ça du tout. On se disait pourtant tout, nous étions mariés et nous avions quand même commis l'irréparable l'autre fois ensemble, mais là, c'était différent. Je la suivi dans la chambre pour lui parler, mais sa réponse me surpris parce qu'elle était sèche et surtout agressive. Elle s'excusa sans doute après avoir vu mon visage... Elle m'expliqua que ce n'était pas la première fois que ça arrivait, mais bien la première à se faire prendre... Elle croyait être devenue une mauvaise personne. - Oh... Eli... Ne dit pas ça! Tu restes pour moi la plus belle et la plus gentille des femmes que j'ai rencontré, mon opinion sur toi ne change pas, tu es une bonne personne.
Je me rapprochai d'elle pour la prendre dans mes bras et la serrer contre moi. Je l'aimais tellement, elle ne pouvait pas croire qu'elle était mauvaise, j'étais sans aucun doute le plus mauvais des deux. On était pas les plus méchants, mais on savait bien que certaines de nos décisions faisaient en sorte que nous étions moins de bonnes personnes. - Ne pleure pas Eli... Je pense juste que tu ne devrais pas faire ça... On est parent maintenant, on doit montrer le bon exemple. Il faut se retrousser les manches comme on fait toujours et surtout ne pas perdre de vue les comptes à payer. On trouvera autre chose.
Ce n'était pas évident et on va se le dire être médium et détective, ça ne rapportait pas assez. Il fallait que je reprenne du service dans une cuisine.
- Je vais trouver un autre boulot, ça nous donnera plus de lousse, mais je ne veux pas que tu t'en fasses okay. Juliette ne manquera de rien. J'y veillerai!
Bien entendu avoir un autre travail, c'est passé du temps hors de l'appartement. C'était difficile pour nous de la laisser. Il fallait se trouver une garderie. - Je pense qu'il est temps qu'on l'envoie à la garderie. Ça ne me fait pas vraiment plaisir, mais on doit pouvoir aller travailler...
On savait déjà qu'on pourrait pas se payer une garderie de luxe, mais quand même... On pourrait quand même bien trouver dans le coin, je ne peux pas croire. Je n'étais pas vraiment prêt à ça, mais là... avec cette situation, je pense que Elizabeth se sentirait mieux. Plus d'argent pour payer toutes nos dettes et ensuite économiser pour du luxe comme j'appelle.
J’étais pas dans le meilleur des états après ce qui venait de se passer à l’épicerie, au poste de police et tout et malgré tout, mon mari essayait de me rassurer, il voulait parler mais aussi me faire comprendre que je n’étais pas une mauvaise personne… pourtant, c’était comme ça que je me sentais à 100%. Il me prit dans ses bras pour me serrer, je me laissais faire mais c’était facile de devenir bien émotive et évidemment, je m’étais mise à pleurer.
« On est parents et on est même pas capable de lui offrir une vie normale, j’aimerais ça être en mesure de pouvoir la gâter plus et ça me brise le coeur… nous qui voulons plusieurs enfants en plus… j’y pense à ça aussi et je me dis que finalement, c’est pas réaliste, on a pas les ressources pour en avoir d’autres. »
Et ça, ça me faisait d’autant plus de peine. On avait du mal à rejoindre les deux bouts avec Juliette, comment est-ce qu’on pouvait penser agrandir encore plus la famille? C’était inconcevable mais c’était un projet de vie qu’on avait tous les deux et qu’on devait clairement revoir. Bien que Ed me disait que notre fille n’allait jamais manquer de rien… je voulais tellement être en mesure de lui donner plus que le minimum. Il fallait aussi considérer l’amener à la garderie.
« Oui… mais ça coûte de l’argent la garderie et pour l’instant, avec la COVID c’est difficile de se trouver du boulot, y’a pleins de gens qui n’ont rien car il y a eu pleins de renvoie! » dis-je en soupirant. « On dirait que je ne vois plus le bout… je suis découragée Ed! »
J’étais peut-être pessimiste, en fait, je l’étais probablement mais comment est-ce qu’on pouvait être optimiste dans ce genre de situation? Je n’y arrivais tout simplement pas. Je soupirai de nouveau en laissant ma serviette tombée au sol pour me changer. J’étais toujours enroulée dans celle-ci depuis le début de la conversation quoi! Immédiatement, Edward se colla dans mon dos pour déposer des baisers sur mon épaule nue… puis jusqu’à mon cou. Je fermai les yeux à son contact.
« Mais qu’est-ce que j’ai bien pu faire pour que tu m’aimes autant? C’est pas normal!!!!!!!! Tu m’aimes plus que je m’aime moi-même! »
Et c’était l’exaspération de toute la situation qui me faisait dire quelque chose comme ça car si je pensais juste un peu plus loin que ça, je pouvais clairement me dire que moi aussi, je l’aimais à l’infini. C’était tellement bizarre quand y pensait : l’amour.
Dès que j'entendis la voix d'Elizabeth, je sentis immédiatement qu'il s'était passé quelque chose de grave. Je m'étais rapidement redressé du canapé où je m'étais installé pour regarder la télévision et maintenant j'entendais les battements de mon coeur qui déballaient à toute vitesse. 
