Cela faisait un bout de temps qu'elle et Kathelyn avaient parlé de partir quelques jours pour voir autre chose que Miami. Antey le faisait souvent, et c'était facile pour elle, avec sa vie sans attaches et où sa seule responsabilité était son chien qu'elle confiait lorsqu'il le fallait. Mais Kathelyn avait été un peu plus réticente, et il avait évidemment fallu accorder les emplois du temps. Mais voilà, elles s'étaient décidées sur les dates, la destination, l'organisation, et ça allait être une putain d'expédition. Kathelyn était une fille un peu particulière, mais Anteynara l'aimait bien, elle la trouvait cool, et facile à fréquenter. Elles avaient toujours réussi à bien s'amuser toutes les deux, et la jeune femme s'intéressait à beaucoup de choses qui plaisaient aussi à Antey. Après lui avoir parlé au fil de quelques conversations des voyages qu'elle avait pu faire, c'était devenu évident que Kathelyn rêvait de voir autre chose que Miami, de partir à l'aventure, et honnêtement... qui de mieux qu'Anteynara pour l'accompagner et l'initier ? L'idée première, ça avait été de partir faire de l'escalade, un sport qu'Anteynara pratiquait depuis plusieurs années. Si Antey était plutôt habituée, ce n'était pas le cas de Kathelyn, et elles avaient donc choisi une destination plutôt accessible, dans les Appalaches. Ce n'était pas trop loin de Miami, elles iraient en voiture et y seraient en une dizaine d'heures. Anteynara connaissait le coin, et la grimpe là-bas était un petit challenge, mais un bon endroit pour commencer. Ca mêlait un peu escalade et rando, et il y avait de quoi faire de belles photos, quelques restaurants de montagne qui avaient de la gueule, et tout un tas de choses à voir à certains endroits. Suivant les préférences de Kathelyn, elles pourraient camper à la belle étoile, et Antey avait tout prévu, ou dormir dans une auberge. Et voilà que tout était prêt, alors elle alla chercher Kathelyn chez elle à l'heure convenue, sa voiture chargée de ce dont elles auraient besoin. Elles avaient choisi de rouler de nuit, et Anteynara s'arrêta quelques petites heures pour dormir et reprendre la route, si bien qu'elles arrivèrent le lendemain en milieu de matinée. La voiture enfin garée sur le parking de montagne d'où partaient beaucoup de grimpeurs, elle soupira un bon coup et retira les clés du contact. « Alors, t'es prête pour le camping à la belle étoile ? Ou tu préfères un lit dans un hôtel de montagne pour cette fois ? » elle demanda avec un petit sourire. Antey personnellement s'en fichait un peu. Une chambre ne coûterait pas cher, et elle ne tenait pas absolument à dormir dehors. L'avantage, ce serait aussi que ça les allègerait, ce qui était une bonne chose pour Kathelyn surtout, qui n'avait peut-être pas envie de se trimballer un sac ultra-lourd et de faire de ce weekend une expérience désagréable.

Anteynara était différente des personnes de mon entourage. Elle était très extravertie et spontanée mais ce n’était pas ca qui la différenciait des autres. C’était une femme très indépendante qui n’avait pas peur de se lancer des défis et de les exécuter sur des coups de tête. Je n’avais jamais rencontré une telle spontanéité chez personne je pense. On dit que les opposés s’attirent, avec Anteynara je voulais bien le croire. Cette jeune femme était tout mon contraire et ce n’était pas pour me déplaire.
 
Encore une fois, Nara m’avait emmenée avec elle en vadrouille après plusieurs négociations. Je n’étais pas vraiment du genre à partir sur un coup de tête mais elle savait toujours me convaincre de l’accompagner dans ses expéditions. Cette fois-ci nous partions quelques jours en randonnée dans la montagne afin de faire de l’escalade. Je n’en avais jamais fait de ma vie et j’avais un peu peur de me ridiculiser devant mon amie mais celle-ci m’avait rassurée que ce ne serait pas bien difficile. Elle était venue me chercher chez moi dans la soirée pour prendre la route toute la nuit et arriver à destination le lendemain matin. Quand la voiture s’arrêta, j’observai les montagnes qui s’étendaient à perte de vue devant nous. Le décor était réellement magnifique. Je me sentis partagée entre plusieurs émotions à cet instant : la peur de ne pas être à la hauteur et l’impatience de découvrir de nouvelles sensations. La jeune femme me demanda si j’étais prête à dormir à la belle étoile ou bien si je préférais dormir à l’hôtel. Dormir à la belle étoile voulait dire se trimballer le sac à dos hyper encombrant tous le temps … le choix était vite fait : « L’hôtel ! Même si le camping ne m’aurait pas déplu, mais plutôt pour une prochaine fois. » Nous descendîmes de la voiture pour alors nous rendre dans le hall de l’hôtel. C’était très joli et l’ambiance montagne donnait envie d’y rester toute la journée pelotonnée dans une couverture et devant un bon feu de cheminée. Nara nous réserva une chambre à laquelle on nous conduit immédiatement. La différence entre elle et moi, c’était qu’elle était riche et moi assez pauvre en ce moment. Je détestais vivre sur le dos des gens alors même si la plupart du temps, quand on partait en vadrouille, c’était elle qui payait tout, je m’arrangeais toujours pour débourser au moins pour quelque chose. Un restaurant dans mes moyens, une visite, un gouter … Quelque chose qui me rendrait moins coupable de me laisser entretenir. Je savais que pour Nara la question d’argent n’était pas un problème, nous en avions discutés à plusieurs reprises, mais tout de même je n’aimais pas trop ca. Quand le majordome ouvrit la porte de notre chambre je laissais un « Waaaaouh ! » d’admiration. « T’as encore pris la plus belle chambre ! » dis-je à l’intention de mon amie. Bien que je lui avais répété encore et encore que je pouvais me contenter de la chambre bas de gamme, elle ne pouvait s’empêcher de taper dans le luxe. Je donnai un pourboire à l’homme qui quitta la chambre. Je laissais tomber mon sac à dos par terre et fit le tour de la chambre. « Finalement je veux plus faire d’escalade, je préfère faire mon week-end ici ! » Je me mis à rire doucement. Jamais je n’aurais pu mettre les pieds dans une telle pièce sans elle, du moins pas à l’heure actuelle où mon compte en banque ne dépassait pas les deux chiffres avant la virgule. Je me laissai tomber sur le lit qui m’accueilli avec douceur. Qu’on allait bien dormir ici. Je restai quelques secondes allongée avant de reprendre mes esprits et revenir à la réalité : l’escalade qui nous attendait. Je regardai ma tenue avant de regarder mon amie. « Il faut s’habiller comment ? » J’avais mis un jean avec un t-shirt et des chaussures de randonnées. Je ne savais pas si c’était approprié alors je préférais demander.

Kathelyn n'était pas aussi aventurière qu'elle, mais Antey se doutait un peu que son amie se contenait pour ne pas faire de bêtises, pour rester sagement dans le cadre. Au fond, c'était clair qu'elle ne rêvait que d'une chose : vivre librement et se laisser aller. Mais elle s'imposait des limites à elle-même, pour... une raison obscure. Peut-être par peur du danger, de l'incertitude, ou pour ne pas se faire remarquer. Anteynara n'en savait rien, mais elle savait cependant qu'avec un peu d'insistance, Kathelyn se laissait souvent aller, réalisant que c'était inutile de s'opposer à des choses alors qu'elle en avait envie. Comme cette expédition, par exemple. Partir toutes les deux, dans les Appalaches, pour un weekend d'aventure. De la rando, de l'escalade, un tas de trucs sympas à faire. Antey connaissait bien ce coin, même si avec le temps elle avait commencé à fréquenter des sentiers moins communs, des routes plus complexes, mais pour son amie qui débutait, elle ne voulait pas non plus que ce soit trop éprouvant. Le challenge n'avait rien d'excitant s'il n'y avait pas de plaisir. Alors après avoir roulé toute la nuit, elles arrivèrent. Anteynara n'avait pas énormément dormi, mais elle avait l'habitude, et n'avait pas besoin de beaucoup d'heures de sommeil pour être opérationnelle. Au contraire, trop de repos avait tendance à endormir ses sens. Elle était plus éveillée ainsi. Quand elle partait seule, elle avait tendance à ne rien prévoir et à vivre tout ça sur l'instant, avec ce qu'il y avait de plus simple. Camping, casse-croûte, etc... Mais pour ne pas embêter Kath, elle lui proposa tout de même de prendre une chambre, pour un minimum de confort et ne pas avoir à porter trop de kilos sur le dos. « L’hôtel ! Même si le camping ne m’aurait pas déplu, mais plutôt pour une prochaine fois. » Ca fit rire un peu Anteynara, parce qu'elle comprenait tout de même que pour commencer, l'hôtel était rassurant. « Va pour l'hôtel. » Elles sortirent de la voiture et prirent leurs sacs, et il fallut marcher un peu sur un petit sentier pour arriver à l'auberge en question. C'était un petit chalet de montagne, vraiment confortable, et Anteynara avait du y dormir une ou deux fois, pas plus. Elle savait que des gens se rendaient ici pour passer leurs journées à l'hôtel, entre bonne bouffe et thalasso. D'autres étaient juste de passage. C'était relativement leur cas, mais elle se disait qu'un petit tour dans un bain à bulles après une dure journée d'expédition, ça ne ferait de mal ni à Kathelyn, ni à elle-même. Elle traça vers la réception sans se préoccuper du décor, laissant Kathelyn un peu plus loin, alors qu'elle regardait autour d'elle. Elle paya pour la chambre, et les deux jeunes femmes furent dirigées vers celle-ci. Antey avait choisi rapidement, demandant quelque chose de confortable et ayant accepté lorsqu'on lui proposa leur petite suite. Un salon très mignon et confortable, une chambre avec deux lit simples accolés qu'elles pourraient séparer si besoin, et une salle de bain. Ce n'était pas immense, et dans l'esprit de l'hôtel, mais c'était tout le confort dont elles avaient besoin. « T’as encore pris la plus belle chambre ! » lui lança son amie après s'être émerveillée. Elle lui sourit en haussant les épaules. Si elles dormaient à l'hôtel, autant payer pour quelque chose de vraiment bien, et ça lui faisait plaisir, tout simplement. Pendant que la jeune femme faisait un tour de la chambre, Anteynara posa ses affaires. Elles n'avaient pas vraiment de valises chargées, et n'étaient là que pour deux nuits, alors les bagages se limitaient à quelques fringues, des produits de toilette, et quelques autres accessoires. Le reste, ce dont elles auraient besoin en journée, c'était dans le sac de rando d'Anteynara. Du coup, il n'y avait même pas de valise à défaire, et une fois son sac déposé, elle se laissa tomber sur le canapé et regarda un peu les brochures qui se trouvaient sur la table basse. Une présentation des diverses offres de l'hôtel, le menu du restaurant et du petit-déjeuner, quelques plans du coin et pubs pour différentes visites... « Finalement je veux plus faire d’escalade, je préfère faire mon week-end ici ! » lui lança son amie. Elle éclata de rire en balançant le prospectus qu'elle avait en main sur la table. « Rêve ! Y'a trop de trucs géniaux à faire, puis on s'emmerderait au bout de deux heures. Mais n'empêche qu'on pourra aller profiter de la piscine et des jacuzzi en rentrant » elle lui dit, glissant vers elle le dépliant qui présentait l'espace détente de l'hôtel. Ca ne leur ferait pas de mal, histoire de calmer les courbatures... « Il faut s’habiller comment ? » demanda alors Kathelyn. Anteynara avait prévu de ne pas trop sortir des sentiers battus, pour une première fois. Evidemment, elle ne comptait pas emprunter les routes touristiques pour se retrouver avec des groupes de voyageurs qui les embêteraient plus qu'autre chose. Et où était l'aventure dans tout ça ? Mais pour autant, elle allait plutôt emmener Kath sur des pistes pour des grimpeurs qui connaissaient un peu le coin, elles y seraient libres et autonomes, mais les points de ravitaillement et le reste de la civilisation ne serait jamais bien loin. « Un pantalon dans lequel tu peux bouger, mais c'est mieux que ce soit long, pour protéger tes jambes... Un t-shirt, un gilet ou quelque chose parce qu'il peut faire frais là-haut. Des chaussures solides et confortables. Puis, c'est mieux de t'attacher les cheveux et d'enlever les trucs genre boucles d'oreilles... » elle inventoria. « J'ai emmené des chaussures d'escalades pour toi, elles devraient t'aller. Tiens, essaye » elle dit en sortant la paire de son sac et la lançant pour qu'elle arrive juste devant Kathelyn. « On va les emmener, c'est plus agréable pour grimper. J'te donnerai un casque aussi, puis une partie de matériel, ça devrait pas être trop trop lourd » elle commenta. Elle avait préparé un sac à dos pour son amie, avec ce qu'il fallait comme matériel, et elle aurait juste à y rajouter ses affaires, à boire et à manger. « On a trois quarts d'heure de marche avant de grimper vraiment. Mais tu verras, c'est cool » Avec ça, elle se leva et tendit à Kathelyn le sac à dos dans lequel elle avait mis un peu de matériel, et il y restait de la place pour ses affaires. « Voilà... Quand tu seras prête, on pourra y aller » dit-elle avec un sourire, plutôt excitée à l'idée de partir à l'aventure.

La chambre dans laquelle nous allions passer nos quelques nuits était tout à fait splendide. Je plaisantais en disant que finalement mon week-end se passerait à rester cloitrer ici. Le lieu sur lequel j’étais posé était tellement moelleux qu’on avait envie d’y rester des heures entières. Nara n’était pas d’accord bien entendu et elle me dit que je pouvais toujours rêver pour que l’on change notre programme. Cependant, elle me dit que nous pourrions peut-être profiter de la piscine et des jacuzzis. Un large sourire s’afficha sur mon visage. Ça c’était une excellente idée. Je demandais ensuite à mon amie experte de la rando et de l’escalade comment il fallait que je m’habille. J’avais bien choisis ma tenue dans l’ensemble. Je décrochai mes petites boucles d’oreilles et les posai sur la table de nuit sous ses bons conseils. Je pris la paire de chaussures qu’elle me tendait et les enfila aussitôt. « Merci beaucoup ! » J’enfonçai mes pieds dans les chaussures pour voir si elles m’allaient. J’appuya sur le bout de la chaussure avec mon index pour tâter mes orteils. Je me levai ensuite pour faire quelques pas afin de voir si cela me convenait aussi au niveau de mes chevilles. Une fois les tests terminés, je levais les bras avec un sourire et dit : « Elles sont parfaites ! » Nara me tendit un sac dans lequel elle me dit avoir mis du matériel. Je l’ouvris et regardai à l’intérieur. J’apercevais des cordes avec des mousquetons et aussi un baudrier. Je m’avançai vers mes affaires pour en sortir de mon propre sac à dos quelques petites choses pour compléter mon attirail. Nara m’informa que nous avions quarante-cinq minutes de marche. « Oh mon dieu ! Mais tu veux me tuer ?! » Heureusement que j’avais une bonne condition physique. Je savais que je pouvais largement tenir ce temps de trajet mais en montagne quelque chose me disait que ça allait être plus ardue. Je sortis quelques affaires pour les transvaser dans le sac qui allait partir avec moi : Une bouteille d’eau, des petits gâteaux, sans oublier un petit paquet de bonbons pour se donner du courage en cas de faiblesse. Je sortis également un gilet que j’accrochais autour de ma taille puis refermai le sac à dos de Nara. « Je suis prête ! Enfin je crois … » Je repassais en revue ce que j’avais pris et ce que Nara m’avait dit précédemment. Je regardais mon amie avec un sourire en mettant mon sac à dos sur mes épaules. Il pesait quand même un peu son poids ce sac. Je sentis une petite poussée d’adrénaline me donner un coup d’énergie. Cette aventure dans la montagne m’angoissait un peu. Grimper sur des falaises au milieu de nulle part c’était quand même quelque chose de risquer, mais d’un autre côté je savais que je pouvais faire confiance à mon amie et je savais que ca allait être chouette. Nara pris ses affaires et nous sortîmes de la chambre d’hôtel pour nous rendre à l’extérieur. Il n’était pas très tard dans la matinée mais je pouvais déjà sentir que ça allait être une journée chaude. « On ne devrait pas laisser notre itinéraire à quelqu’un, au cas où il nous arriverait quelque chose ? Comme ca on nous retrouvera plus vite tu vois. » Okay j’étais peut-être un peu plus angoissée que je ne le penser par cette expédition. Mais sait-on jamais … « Imagine qu’on se fasse manger par un ours ! » Je regardais mon amie qui avait l’air de se foutre de moi. La montagne c’était dangereux il fallait pas minimiser les choses. Peut-être qu’il n’y avait pas d’ours mais peut-être y avait-il des loups ? Et une avalanche de pierre, ca ne prévenait pas non plus. Je pris une grande inspiration pour essayer de me déstresser et commencer notre marche dans de bonnes conditions. En tout cas rien n’avait l’air d’inquiéter Nara et cela me rassurait. C’était une pro, il fallait que je me fie à son jugement. « Bon allez on y va sinon je vais angoisser pour rien. » Je pris la tête de la marche sans vraiment trop savoir si c’était par là qu’il fallait aller. La montagne était devant j’en avais conclu qu’il fallait prendre cette direction.

Rester ici n'était pas une option. Au contraire, Antey avait prévu un tas de choses à faire, et ça n'incluait pas lézarder à l'hôtel. Evidemment, en rentrant le soir, pour se détendre, elle se ferait une joie d'accompagner Kathelyn dans les différents bains. Mais en attendant, elles avaient d'autres choses à faire. Sur la demande de son amie, Anteynara lui fit un petit inventaire de ce dont elle allait avoir besoin, en terme de fringues pour commencer. Elle valida les chaussures de rando et lui fit simplement comprendre qu'elle devait être à l'aise et ne rien avoir qui puisse être dangereux, comme des boucles d'oreilles par exemple qui risquaient de s'accrocher dans la corde. Puis elle sortit une paire de chaussures d'escalade, qu'elle proposa à Kathelyn. Pour marcher, ce n'était pas l'idéal, mais il n'y avait rien de mieux pour la grimpe. « Elles sont parfaites ! » lui dit la jeune femme après avoir essayé les chaussures. Génial, au moins, elles n'auraient pas besoin de se soucier de ça. « Cool. Du coup tu vas pouvoir les mettre dans le sac et re-mettre tes chaussures de rando, on changera quand on sera au pied du mur » Anteynara avait prévu la même chose pour elle, une paire de chaussures solides pour marcher, avec de quoi amortir et une semelle épaisse, et pour grimper des chaussures d'escalade. Elle lui passa le sac qui serait le sien, et lui annonça qu'avant la grimpe, il y aurait près de quarante-cinq minutes de marche. « Oh mon dieu ! Mais tu veux me tuer ?! » Antey lâcha un rire. « Si je pensais pas que t'en étais capable, je t'aurais pas emmenée ici » elle lui assura en espérant que ça servirait à la rassurer. C'était la vérité en tous cas, et Antey savait que cette marche ne serait pas bien terrible. C'était un sentier, et la vue était à tomber. Le temps passerait vite. Tandis que Kathelyn faisait son petit arrangement, Antey passa vite en revue ses propres affaires et en conclut que tout était bien en place. Elle était un peu plus chargée, l'avait fait exprès pour que son amie puisse au moins profiter de cette première expérience sans être alourdie. Quand Kathelyn annonça enfin qu'elle était prête, Anteynara se leva et mit son sac sur son dos. Elles quittèrent la chambre, Antey ferma derrière elles et glissa la clé dans une poche intérieure où elle avait mis tout ce qui était particulièrement important. Et elles se retrouvèrent à l'extérieur. « On ne devrait pas laisser notre itinéraire à quelqu’un, au cas où il nous arriverait quelque chose ? Comme ca on nous retrouvera plus vite tu vois. » Okay, Kathelyn avait l'air un peu stressée, et Antey riait mais se sentait vaguement coupable de l'entraîner dans tout ça. C'était bien de pousser les gens, mais elle ne voulait pas pousser au point d'embarquer qui que ce soit dans des aventures qui n'étaient pas réjouissantes. « J'ai dis à la réception sur quel parcours on part » elle s'empressa de lui répondre. C'était vrai, et elle avait pensé à le faire parce que sur ce coup-là elle n'était pas seule. Elle avait entièrement confiance en elle-même, mais tout de même, s'il arrivait quelque chose, elle n'était pas seule et elle ne pouvait pas prendre de risques de ce genre pour Kathelyn. « Imagine qu’on se fasse manger par un ours ! » lui lança encore son amie. C'était un peu tiré par les cheveux, et Anteynara lui lança un regard à la fois amusé et un peu exaspéré par toute cette énergie gaspillée dans une angoisse infondée. « Bon allez on y va sinon je vais angoisser pour rien. » décida-t-elle finalement, et se mit à marcher. Antey resta plantée quelques secondes à la regarder avec un sourire, avant de secouer la tête et de se mettre en marche, d'abord rapidement pour la rattraper, puis se calant sur son rythme. Les premières minutes furent assez silencieuses et calmes. Il n'y avait personne d'autre, et très vite, elles tournèrent pour quitter le chemin principal et prendre un sentier un peu plus discret. Au bout d'un moment, elles commencèrent à entretenir une petite conversation, rien de bien spécial, et à s'amuser en se prenant en photo. Lorsque Antey réalisa qu'elles seraient bientôt au pied du mur, elle décida quand même de parler un peu plus sérieusement. « Bon. On devrait y être dans genre... dix minutes. Alors tu verras le mur est franchement pas difficile, peut-être même plus simple que celui sur lequel on s'est entraînées en salle » Parce que oui, avant de partir à l'aventure, elles avaient passé quelques heures dans une salle d'escalade de Miami pour que Kathelyn prenne ses marques, se familiarise avec le matériel et surtout, qu'elle apprenne à assurer. « J'vais monter en tête et tu vas m'assurer, comme on a fait, pas d'angoisse. Puis tu pourras grimper » elle expliqua encore. Elle avait confiance en Kathelyn pour l'assurage, et sincèrement, si elle n'avait pas senti son amie prête, elle n'aurait pas organisé ce voyage. Elles poursuivirent leur marche, et rapidement, arrivèrent face à cette roche qui se dressait devant elles. C'était assez impressionnant, mais une fois qu'elles seraient dessus, ça semblerait bien moins insurmontable. « Okay » lâcha Antey en virant son sac pour le poser au sol et l'ouvrir. « Alooors on va faire ça bien et mettre nos casques et nos chaussures » elle dit en riant un peu, mais tendant à Kathelyn le casque qui lui revenait. Elle sortit ensuite deux cordes, les baudriers, mousquetons et tout le reste. « Allez, enfile-moi ça » elle lança avec un sourire en tendant à son amie le baudrier.

Avant de partir à l’aventure avec mon amie, je fus prise d’un peu de panique. Je demandais à Anteynara si nous ne devions pas donner notre itinéraire à quelqu’un au cas où il nous arriverait quelque chose. Celle-ci, prévoyante, avait déjà prévenue la réception. Je fus un peu soulagée mais très vite l’idée de rencontrer un ours germa dans ma tête. La rando en montagne m’angoissait quelque peu mais je ne voulais pas me dégonfler. De toute manière ma coéquipière ne me laisserait sans doute pas faire la connaissant. Je pris la tête de notre marche avant que ma motivation ne disparaisse. Nous marchâmes quelques minutes, nous arrêtâmes pour prendre des photos et faire quelques selfies devant ce décors à couper le souffle. Nous étions seules et cela faisait un bien fou. Je ne regrettais pas d’avoir acceptée ce petit week-end loin de la ville. J’avais besoin de ca en ce moment pour souffler et me couper de mes petits problèmes du quotidien. Mon amie interrompit notre marche en regardant en direction d’une falaise qui se situait à quelques minutes de nous. Elle m’expliqua que le mur n’était pas difficile et que j’y arriverait. « J’espère pour toi, sinon tu vas devoir me tirer. » Plaisantai-je à demi. Je m’étais entrainer à la salle d’escalade pendant quelques jours avant de partir en expédition. Cela n’avait pas été facile mais j’avais persévérer jusqu’à maitriser les bases. Il faut dire que mon amie avait été très patiente et pédagogue avec moi ce qui avait beaucoup aidé. Nara m’expliqua qu’elle prendrait la tête et que je l’assurerais pour sa montée. Je sentis un poids s’abattre sur mes épaules. Je savais que je pouvais le faire, je l’avais déjà fait, mais c’était quelque chose de très sérieux.  J’hochai la tête pour lui signifier que j’avais compris. Nous reprîmes notre marche. J’essayais de me détendre comme je pouvais, me disant qu’une fois cette grimpe faite je serais fière de moi. Une fois en bas de la falaise nous ouvrîmes nos sacs à dos pour y sortir le matériel adéquat. Casque, chaussures et baudrier mit, nous étions parés à gravir la falaise ! « Faut à tout prix que l’on prenne une photo. Franchement on est magnifique ! » Je pris mon amie par l’épaule et nous pris en photos avec la nature qui s’étendait à perte de vue. Je sautillai sur place toute excitée de me lancer dans cette grande aventure inconnue. Je savais que ça allait être différent que de grimper en salle et j’avais grandement hâte de le faire, même si l’appréhension persistait toujours quelque part au fond de moi. « T’as confiance en moi ? » lui demandai-je pour me rassurer dans mes capacités. Je connaissais sa réponse mais j’avais besoin de l’entendre. Elle prépara les cordes et une fois le tout mit en place, elle me donna quelques consignes de dernières minutes. Je l’écoutai attentivement. « Promis je vais essayer de pas te lâcher. » Je me mis à rire pour me détendre un peu. Elle s’élança sur la falaise avec facilité. Je serrais la corde tellement fort dans mes mains que j’en avais une légère crampe. Mais la peur de la laisser tomber en faisant glisser la corde entre mes mains était tellement grande que je ne voulais pas desserrer mon étreinte. « CA VA ? » m’exclamai-je alors que mon amie atteignait la moitié de falaise. Ma tête était levée en sa direction. L’escalade me semblait tellement facile en la voyant faire mais en réalité tellement pas. Elle atteignit le sommet et me cria que je pouvais commencer à grimper. Je posa mon pied sur un petit creux de la roche pour me hisser d’un mètre. Avec précaution, je posai mon second pied un peu plus en hauteur afin de grimper encore un peu. Mes mains s’agrippaient à ce qu’elles pouvaient au plus près de mon corps. Les quelques premiers mètres furent franchis avec facilités mais un moment donné, cela coinça. Mon regard parcourra la falaise à la recherche d’une prise pour ma main. Je n’en voyais pas. Je commençai à paniquer et j’eu alors la mauvaise idée de regarder en bas. Soudain mon corps se raidit et mes yeux se fixèrent droit devant moi. « JE TROUVE PAS DE PRISE ! » criai-je à Anteynara qui m’attendait au sommet. Elle me donna quelques instructions. Je repérai une prise qui sembla très éloigné de ma main et de mon pied droit. « JE PEUX PAS C’EST TROP LOIN ! » J’avais peur de tomber si jamais je lâchai la paroi pour m’élancer vers la prise qui était à un mètre de moi. Je ne voulais pas tomber dans le vide. « JE VAIS MOURIR SUR LA FALAISE ET ME FAIRE MANGER PAR LES MOUETTES ! » me mis-je à geindre. Un rire nerveux s’échappa de ma bouche. Je pris une grande inspiration et m’élança vers la prise. Je sentis mon corps être retenu par la corde qu’assurait mon amie du haut de la falaise. Pendant un instant j’eu l’impression de faire une crise cardiaque, même si réellement je ne savais pas ce que cela faisait. Je levais ma tête vers Nara et lui souris même si celle-ci ne pouvait sans doute pas me voir de là où elle était. Je repris mes esprits et me chuchota à moi-même : « Tu peux le faire, il reste la moitié et Nara te laisseras pas tomber ! Aller ! » Je me relanca à la conquête du sommet. Tant bien que mal, avec plus ou moins de difficultés j’atteignis le sommet. Une fois là je me sentis soudainement épuisée. Je m’assis sur le sol avant de m’allonger carrément sur les petits cailloux inconfortables. « C’est du sport ! » Je regardai Nara dont le visage s’était penché au-dessus du mien. Je me relevai pour m’assoir face à paysage que m’offrait la vue. « C’est magnifique ! C’est juste trop beau. Merci Nara ! »

Anteynara avait entièrement confiance en Kathelyn, et elle était certaine que tout irait bien. Peut-être que c'était son côté intrépide qui parlait, qui lui faisait penser ça, et peut-être que quelqu'un d'autre aurait considéré que la situation n'était pas très sécuritaire. Kathelyn n'était pas très très expérimentée, et même si en salle, Antey l'avait entraînée, son aisance allait certainement faiblir un peu une fois au pied de la falaise. Anteynara ne doutait pas, et elle se faisait aussi confiance à elle-même. Elles arrivèrent devant le mur, et Antey déballa donc le matériel pour donner à Kath ce qu'elle avait à enfiler. Chaussures, baudrier, casque. « Faut à tout prix que l’on prenne une photo. Franchement on est magnifique ! » lança Kath, ce qui fit rire un peu Antey. Elle ne se trouvait pas spécialement magnifique avec ce foutu casque, et décida donc de rapidement l'enlever pour la photo. Elles étaient là, côte à côte, souriantes, avec en arrière-plan le paysage sublime des Appalaches. C'était cool. Une fois le cliché pris et le téléphone soigneusement rangé, elles terminèrent de s'équiper. Kathelyn était surexcitée, ce qui lui valut quelques regards amusés de la part d'Antey. « T’as confiance en moi ? » elle demanda soudain. « Bien sûr » Si ça n'avait pas été le cas, elle aurait attendu quelques temps encore avant d'organiser ce weekend. Ca paraissait évident. Anteynara s'encorda et passa la corde à Kath pour qu'elle fasse de même. « Donc tu te rappelles ? "Sec" c'est que tu dois ravaler la corde. "Mou" c'est que tu dois m'en donner pour que j'puisse grimper, ok ? » elle lui dit, remettant au clair le code, étant donné qu'au-delà de quelques mots elles auraient du mal à communiquer. « Promis je vais essayer de pas te lâcher. » plaisanta Kathelyn, ce qui attira un léger rire de la part d'Anteynara. Cette dernière ne perdit alors pas plus de temps, et elle commença à grimper. Elle monta rapidement, pour ne pas trop s'épuiser, s'amusa à chercher de nouvelles prises sur une voie qu'elle connaissait. Elle passa les premières dégaines et s'encorda à chaque fois, communiquant avec Kathelyn quand il le fallait. « CA VA ? » lui cria Kath à un moment, alors qu'elle était environ à la moitié. « Ouais ! » et elle continua à grimper pour arriver au sommet quelques minutes plus tard. Après un peu de communication entre elles, Antey se sécurisa au relais et prépara la corde avec laquelle elle allait assurer Kathelyn, et une fois que tout était ok, elles s'échangèrent un « Go. » et Kathelyn se mit à grimper. De là où elle était, bien attachée au relais et calée contre le bord, elle suivait du regard l'avancement de Kathelyn. Au début tout allait parfaitement bien, Kathelyn cherchait les prises et les trouvait sans problème, puis soudain... « JE TROUVE PAS DE PRISE ! » lui hurla-t-elle subitement, l'air un peu paniquée. Anteynara jeta un oeil. « Sur ta droite ! Faut que tu pousses avec ta jambe pour te donner un élan et l'attraper ! » elle lui conseilla. « JE PEUX PAS C’EST TROP LOIN ! » lui répliqua son amie, clairement paniquée. Antey retint un petit rire. « Mais si tu peux ! T'as grimpé des voies plus difficiles en salle, fais pas ta chochotte » elle lui répondit en plaisantant un peu. « JE VAIS MOURIR SUR LA FALAISE ET ME FAIRE MANGER PAR LES MOUETTES ! » Anteynara souriait, amusée, parce que clairement, il n'y avait aucun risque. On disait peut-être parfois que le risque zéro n'existait pas en escalade, mais là, dans cette situation, Kathelyn ne risquait rien. « Les mouettes sûrement pas. Peut-être les vautours » elle lui lança. Et finalement, Kathelyn se décida à faire le grand saut. Anteynara se chargea d'avaler un peu la corde, pour que son amie se sente maintenue et qu'elle ne panique pas. Et évidemment, elle parvint à attraper la prise. Et voilà, elle était à nouveau lancée, et reprit la grimpe. Elle arriva sans trop d'incidents en-haut de la falaise, prenant un peu d'assurance en cours de route, et une fois arrivée, elle se laissa tomber au sol et s'allongea. Antey s'approcha pour se pencher un peu au-dessus d'elle, un sourire en coin sur le visage. « Ca va ... ? » elle demanda. Kathelyn semblait épuisée, les mains couvrant un peu son visage. « C’est du sport ! » Effectivement, et Antey n'avait jamais dit le contraire. Elle se recula un peu pour récupérer le matériel et tout ranger. Enrouler les cordes, ce qui était plutôt chiant à faire. « C’est magnifique ! C’est juste trop beau. Merci Nara ! » lança alors Kathelyn, et Anteynara s'assit à côté d'elle, face aux montagnes et à la vallée. Elle ne savait pas trop quoi répondre à ça, se contenta de sourire à son amie, et sortit son portable pour prendre Kath en photo devant le paysage. « Voilà, une belle photo de profil pour toi. Quel canon. » elle commenta en souriant, et rangea son portable. Après quelques minutes, de grosses gorgées d'eau, et un moment à rester là simplement, le ventre d'Antey grogna. Le son perça bien le silence, et elle se demanda si c'était le moment de dévorer une des barres de céréales qu'elle avait emmenées. « T'as faim ? » elle demanda à Kathelyn. Il était treize heures, et il y avait un petit restaurant de montagne pas loin de là. C'était peut-être mieux d'en profiter pour s'offrir un vrai repas. « Je connais un endroit sympa » elle précisa. Il fut rapidement décidé que le restaurant était une bonne option, et elles se mirent donc en marche. « Pour redescendre, on pourra le faire en rappel, ou bien prendre le sentier de rando. C'est largement plus long par contre » elle expliqua, juste avant qu'elles n'arrivent devant le restaurant. Elles regardèrent la carte affichée devant la porte, où étaient proposés toutes sortes de plats chauds, servis à table ou à emporter, ainsi que des sandwichs. « On mange ici ou bien on prend à emporter et on se pose plus loin ? » elle demanda à son amie en entrant, histoire de savoir si elles demandaient à se faire placer à table, ou si elles allaient directement passer commande au comptoir.

J’étais fière de moi. Oui j’avais réussis à grimper au sommet de cette falaise sans laisser tomber malgré la peur qui m’avait envahie le temps d’un instant. La vue qui s’offrait à nous était juste splendide. Je savais que quitter le complexe ne serait pas une erreur et c’était des choses comme celle-là qui me confortait dans le choix que j’avais fait. Avec Nara nous primes quelques photos pour immortaliser le moment même si j’étais bien persuadée que ce moment restait gravé assez longtemps dans ma mémoire. Je me mis à rire quand le ventre de mon amie se mit à gronder. Elle me demanda alors si j’avais faim. « C’était plutôt moi qui devrait te poser la question ! Mais oui j’ai faim aussi ! » Je souris alors qu’elle m’informa connaitre un endroit sympa pour remplir nos estomacs. « Alors allons-y ! J’ai pas envie de te ramasser parce que tu auras fait une crise d’hypoglycémie. » Même si je savais que nous avions prévus quelques barres de céréales qui servirait de regain d’énergie en cas de petit coup de mou. Le matériel ramasser nous reprîmes donc notre route et cette fois en direction du restaurant de montagne. Nara m’expliqua que pour le retour on pourrait redescendre par la falaise en rappel ou prendre le sentier qui serait plus long. J’haussai les épaules. « On avisera le moment venu. Mais je pense que le rappel pour être beaucoup plus sympa ! » Très vite nous arrivâmes au restaurant. La carte afficher à l’entrée donnait l’eau à la bouche. Même leur gamme de sandwich pourtant simple, me donnait envie. Sans doute avais-je plus faim que je ne l’avais imaginé. Je détachai mes cheveux et mit mon élastique dans ma bouche pendant que je me refaisais une couette plus correcte. Mon amie me demanda si je souhaitais manger ici ou bien plus loin à l’extérieur. « Ce serait sympa de manger au niveau du point de vue qu’on vient de passer, qu’est-ce t’en dis ? » répondis-je en même temps que je terminai de me rattacher les cheveux. Nous avions une nature sauvage magnifique qui s’étendait tout autour de nous, autant profiter de ce décor avant de retrouver la civilisation moderne où la nature avait peu sa place. Elle acquiesça et nous rentrâmes donc dans le restaurant pour nous commander à manger. Pour ma part c’était une canette de jus d’orange avec un sandwich jambon fromage crudité, un sandwich qui me semblait assez bien pour remplir le vide qui prenait place dans mon estomac. Par gourmandise, je pris aussi un petit cookie aux noix de macadamia. Une fois notre commande récupérée nous nous dirigeâmes vers l’endroit que j’avais proposé. Je déposai le sac de sandwich et mon sac à dos sur le sol et m’affala sur l’herbe sauvage et les petits cailloux. « Comment t’as connu ce coin ? » demandais-je à la jeune femme qui me tendait mon sandwich. Je la remerciai et récupéra une serviette qui manquait de s’envoler. « Quel est l’endroit le plus magnifique que tu as vu dans toute ta vie ? » Je voulais savoir ce qui lui avait coupé souffle, ce qui l’avait émerveillée. Je voulais voir le monde même si je savais que jamais je ne pourrais voir tout, tellement il y avait de choses extraordinaire. Je croquai à pleine dents dans mon sandwich en écoutant mon amie me répondre et me faire rêver par la même occasion. « J’admire cette façon que tu as de vivre aussi spontanément. Vraiment des fois j’aimerais pouvoir être plus comme toi. » Je la regardai avec un faible sourire. J’étais contente d’avoir rencontrée Nara car elle me poussait à être quelqu’un que j’aurais aimé être, à plus me lâcher. J’avais toujours eu cette difficulté à lâcher prise et à me lancer droit vers l’inconnu. Sans doute parce que toute ma vie on m’avait retenu dans une cage où je savais que je ne risquais de ne pas voir autre chose que mon quotidien. J’avais toujours su comment les journées allaient se déroulaient et rien, jamais, ne venaient perturber le rythme ennuyeux au sein du complexe.

Après la grimpe, elles se retrouvèrent en-haut de cette falaise avec une vue magnifique... et le ventre grognant d'Anteynara. Elle avait embarqué quelques barres de céréales, mais vu l'heure, elle proposa plutôt à son amie d'aller se faire un vrai repas, et lui demanda du coup si elle avait faim. Ca la fit rire, étant donné que l'estomac d'Anteynara s'était manifesté sans se gêner. Du coup, connaissant un peu le coin pour y être montée quelques fois, elle proposa à Kathelyn de se rendre dans un petit restaurant de montagne qui servait des plats vraiment délicieux et bien adaptés aux sportifs qui passaient par ici. Une cuisine légère, mais nourrissante. « Alors allons-y ! J’ai pas envie de te ramasser parce que tu auras fait une crise d’hypoglycémie. » lui lança Kathelyn alors qu'elles se levaient, et la remarqua fit lever les yeux au ciel à Antey. Elle était bien loin de l'hypoglycémie, était parfaitement apte à se passer de nourriture. Ca lui était déjà arrivé de ne pas pouvoir manger pendant plusieurs jours, lorsqu'elle était sur un job particulièrement compliqué. Ca avait été éprouvant, et le retour à la normale avait été particulier, mais elle pouvait le faire. Enfin, ça n'arriverait clairement pas ici, avec Kathelyn. Mais tout ça pour dire qu'elle avait une fierté, et qu'elle n'était pas fragile au point de tomber dans les pommes. « Pfff, t'inquiète pas pour moi, ça ira très bien » elle répliqua avec un sourire, mais faisant tout de même entendre que ça lui importait qu'on ne la prenne pas pour une petite fille fragile. Après ça, elles se mirent en marche direction le restaurant, et Anteynara expliqua rapidement à son amie les options pour le retour. « On avisera le moment venu. Mais je pense que le rappel pour être beaucoup plus sympa ! » Antey hocha vivement la tête. « C'est clair » C'était plus ou moins décidé, à moins qu'elles changent d'avis d'ici là. Mais pour l'instant, c'était le repas qui importait, et elles arrivaient donc devant le restaurant. Avant d'entrer, Anteynara demanda si Kathelyn préférait manger sur place, ou prendre à emporter et aller plus loin. Ce fut décidé rapidement de ne pas s'enfermer ici, et de se poser à l'extérieur. Elles entrèrent dans le restaurant et firent la queue brièvement pour ensuite passer leur commande. Antey avait envie de quelque chose de chaud, et elle opta pour des gnocchis chèvre-épinards, qui après quelques minutes lui furent servis dans un cup en carton, ainsi que pour un coca et un muffin tout choco. La serveuse mit toute leur commande dans un sac en papier, et elles quittèrent l'endroit pour s'installer dehors, face à la vallée. « Comment t’as connu ce coin ? » lui demanda Kathelyn alors qu'elle se chargeait de sortir du sac leurs plats, lui tendant au même moment son sandwich. Il lui fallut un court moment de réflexion, pendant qu'elle ouvrait son cup de pâtes. « Uhmm avec mon mec... y'a longtemps, quand j'ai appris à grimper. Il m'a emmenée sur la plupart des bonnes pistes du pays, on est passés par ici » elle raconta tout e commençant à manger, impatiente et pas nécessairement bien élevée, ne se gênant pas pour parler tout en mâchant. Elle n'était pas du genre du tout à faire des manières. « Quel est l’endroit le plus magnifique que tu as vu dans toute ta vie ? » Et ça, c'était une question compliquée. Comment est-ce qu'elle pouvait répondre à ça ? Anteynara avait énormément voyagé, pas forcément pour de bonnes raisons, pas pour le tourisme la plupart du temps... Mais elle avait vu le monde entier. « Le Taj Mahal, c'est sublime. Le Machu Picchu aussi... Mais j'pense que le truc le plus magnifique, c'était en Norvège... j'y étais seule, dans les montagnes, loin du monde entier, et je te jure... les aurores boréales » elle avait un peu de mal à expliquer, et sortit son téléphone tout en parlant pour retrouver des photos, et les montrer à Kathelyn. Des clichés du ciel coloré, mais aussi de grottes où s'étendaient des champs de stalagmites. Elle laissa son amie regarder les photos, se perdant un peu dans ses pensées. Tout ça, c'était grâce à une seule personne : Jay. Sans lui, elle n'aurait jamais eu la chance de faire tout ça, découvrir le monde, se retrouver lancée dans cette vie-là et sur ce chemin. Et depuis tout ça, elle avait tellement grandi et changé... « J’admire cette façon que tu as de vivre aussi spontanément. Vraiment des fois j’aimerais pouvoir être plus comme toi. » lui lança subitement Kathelyn. A ça, elle ne savait pas trop quoi répondre. Evidemment, elle aimait bien sa vie, même si elle avait pas mal d'emmerdes, de galères, de problèmes en tous genres. Comme tout le monde. Mais elle vivait bien, et elle était fière de ce qu'elle avait construit et de qui elle était devenue. Elle haussa un peu les épaules. « C'est pas très difficile, t'sais. Suffit de... se laisser aller, et après, ça te viendra tout seul, d'avoir envie de faire des trucs et de réaliser que rien ne t'en empêche vraiment, tu vois » elle tenta de dire, avec sincérité. Evidemment, tout ça changeait suivant les personnes, et les choses ne seraient pas pareil pour Kathelyn comparé à ses expériences à elle. « Mais, si t'as envie, je pourrais t'emmener faire des trucs vraiment géniaux et extrêmes. Genre une semaine de trek au Pérou et en Bolivie, ou autre chose... » elle proposa. « Un vrai truc d'aventure » Puis elle fourra des gnocchis dans sa bouche et se remit à manger, le regard vers le paysage devant elle. Elle mâcha tout ça un moment avant d'avaler pour se remettre à parler. « J’ai grandi dans un quartier un peu pourrave de New York, j'avais une vie vraiment... banale. Mes parents m'avaient jamais emmenée en vacances, alors je connaissais rien du monde, mais j'étais plutôt débrouillarde et indépendante, tu vois. Je traînais dehors, je faisais ma vie. Quand ils sont morts j'avais seize ans, j'ai pris un sac à dos et un ticket de bus pour Chicago, et... voilà. Après ça a été le hasard et juste l'envie de faire des choses. Donc rien t'empêche, à part toi-même et tes propres limites » elle lui dit avec un sourire en coin, et c'était vrai, elle en était certaine. Les seules limites qu'on avait, c'était celles qu'on s'imposait, dans ce cas-là.

Assise face à un décors splendide nous déjeunions tranquillement, savourant de tout ce qui pouvait éveiller nos sens, du moins les miens. La vue pour la beauté du paysage, l’odorat pour les essences naturelles de la montagne, l’ouïe pour les bruits des animaux cachés dans les arbres et enfin le goût pour ce qui entrait dans ma bouche en cet instant même. Je la questionnai sur l’endroit où nous étions, comment l’avait-elle connu. J’étais presque sûre qu’on ne tombait pas sur ce genre de lieu par hasard et on ne partait certainement pas à l’aventure seul sans rien connaitre … quoi qu’Anteynara aurait été capable de le faire. Elle me répondit que c’était avec son copain qu’elle avait découvert cet endroit et qu’il lui avait fait visité pleins d’autres pistes. Je trouvais ça cool d’avoir un petit-ami aussi motivant que le sien le paraissait. Je lui demandai ensuite qu’est-ce qu’elle avait vu de plus beau dans toute sa vie. J’avais soif de découvrir le monde. Les reportages que je voyais à la télé me montraient de merveilleuses choses mais entendre ce qui pouvait y avoir de plus beau de la bouche de mon amie me donnait encore plus du rêve. « Le Taj Mahal, c'est sublime. Le Machu Picchu aussi... Mais j'pense que le truc le plus magnifique, c'était en Norvège... j'y étais seule, dans les montagnes, loin du monde entier, et je te jure... les aurores boréales » Tellement de pays ! Elle avait vu tellement de choses dans sa vie, alors que moi je n’avais encore rien découvert du monde. Depuis son téléphone, elle me montra ce qu’elle avait vu de ses yeux. « Whaou ! Ca à l’air tellement beau ! » Je passais de photos en photos m’imaginant moi aussi un jour en haut de Fjords à contempler de la neige qui s’étendrait à perte de vue. La neige rien que ça … Je n’en avais jamais vu jusque-là. Disons que le Texas c’était pas la meilleure région pour en voir tomber. Des fois j’avais l’impression d’avoir vraiment perdu vingt-sept années de vie … vingt-sept années de vie qui se résumait vivre près de la religion, sans grandes distractions. J’avoua ensuite à Anteynara que ca façon d’être était quelque chose que j’admirais. J’étais loin d’être aussi spontanée qu’elle et des fois cela me faisait regretter des choses. Mais j’étais comme ca et je l’acceptais. « C'est pas très difficile, t'sais. Suffit de... se laisser aller, et après, ça te viendra tout seul, d'avoir envie de faire des trucs et de réaliser que rien ne t'en empêche vraiment, tu vois » Cela semblait si facile à l’entendre dire, sans doute pour elle, mais pour moi c’était une autre histoire. Des fois je partais avec le mental préparé au changement puis au dernier moment ma personnalité reprenait le dessus sans que je ne puisse rien y faire. « Me laisser aller … Je dois manquer de courage pour faire ça je pense. » Je ne savais pas s’il était réellement question de courage ou non mais c’était un peu comme ça que je justifiais le fait que je n’arrivais pas toujours à foncer droit devant moi vers ce que j’aimerais faire. Sans doute parce que toute ma vie on m’avait interdit de faire ce que je voulais, me rappelant sans cesse qu’il y avait des règles et qu’on devait les respecter. Enfreindre les règles s’était s’exposer à du danger, alors mieux valait s’en tenir à sa zone de confort. Je mangeai un morceau de mon sandwich avec avidité tandis que mon amie me répondait. J’ouvris grand les yeux quand Nara me proposa de m’emmener avec elle en vadrouille dans des pays étrangers. « C’est vraiment … ce serait vraiment trop cool ! » Un large sourire s’afficha sur mes lèvres. Je ne savais pas quoi dire. Elle était vraiment une amie géniale. Elle comprenait mes envies de voyager mais qui était refreinées par la peur de me lancer dans l’inconnu. C’était vraiment ce genre de personne dont j’avais besoin dans ma vie, des gens qui n’avaient pas froids aux yeux et qui étaient prêt à vivre pleinement leur vie. Elle me raconta sa vie pas très gaie qui l’avait amenée à être celle qu’elle était aujourd’hui, insistant sur le faite que rien ne pouvait nous empêchait de faire ce que l’on voulait sauf nous-même. Je fis un hochement de tête en avalant ma bouchée. « C’est dingue de se dire que tu es parti de rien pour devenir celle que tu es aujourd’hui. Ta force de caractère m’impressionne, vraiment. » Aujourd’hui elle était une femme d’affaire affirmée avec beaucoup d’argent mais elle restait tout de même très humble, du moins avec moi. Nara n’était pas une femme snobinarde, non elle était resté les pieds sur terre même si quelque fois elle avait la tête dans les étoiles si je pouvais dire … « Est-ce que c’est grave si j’essaie de te copier ? T’aurais pas un livre spécial, genre un guide pour devenir comme toi ? » dis-je en plaisantant. C’est vrai qu’elle avait beaucoup de choses que j’enviais. Je ne parlais pas du matérialisme, non ca je m’en fichait un peu. J’avais toujours vécu simplement et on m’avait appris à savoir profiter de ce que l’on avait, mais sa personnalité ca je l’enviai. « Je suis celle que je suis et je m’aime comme je suis mais si je pouvais apporter des améliorations je dis pas non ! » Je souris avant de manger une énième bouchée de pain. Ca me faisait du bien de manger. Je me levais pour faire quelque pat au bord de la falaise. Lorsque je jetai un coup d’œil en bas ma tête me tourna légèrement. Je n’avais pas le vertige mais de voir le vide aussi grand en dessous ça me mettait pas très à l’aise. Je me reculai d’un pas. « Quelle est la suite du programme ? » demandais-je à mon amie en froissant le papier qui avait protéger mon sandwich jusque-là. J’avais hâte d’en découvrir encore plus et de savoir ce que m’avait concocté Nara comme excursion sauvage.