Né d'un père ivrogne et d'une mère accro à l'héroïne, Brady était dès le jour de sa naissance destiné à une vie misérable. Il vivra durant les quatre premières années de sa vie avec ses gens là, qu'il a encore au jour d'aujourd'hui beaucoup de mal à appeler ses parents. Son foyer n'était autre qu'un vieux mobile-home délabré sur un terrain vague dans le fin fond du Mississippi. Il fut enfant unique, fort heureusement. Il allait certainement grandir et finir comme eux, comme ceux qui lui avaient donné la vie sans avoir aucune envie de s'occuper de lui. Il deviendrait très rapidement accro lui aussi à une certaine drogue qui lui détruirait la santé et se ferait jeter des centaines de petits jobs jusqu'à finir par faire la manche dans les rues presque désertes d'une ville éteinte. Mais le malheur des uns fait le bonheur des autres, n'est-ce pas ? Quand son père se fit arrêter pour vol à main armée, la vie du petit Brady prit un tournant bien inattendu. La police se rend au domicile de Teddy Andrews, déjà bien connu de leurs services et se rend témoin des conditions pitoyables dans lesquels le pauvre enfant vit. On place Brady au sein des services sociaux très rapidement...Vous savez, il y a deux sortes de gosses dans les orphelinats ; les chanceux et les poissards. La majeure partie des gamins dans ces endroits-là passeront leur enfance et attendront leur majorité sans être adoptés par la moindre famille. Ou alors ils se baladent de famille d'accueil en famille d'accueil, essuyant les déboires et les méchancetés que cela peut entraîner. La vie dans les orphelinats n'est pas toute rose, et pourtant une poignée de gosses ont la chance d'être choisis par une famille. Qui aurait pu se douter que le petit blondinet aux grands yeux bleus ferait partie de ses rares chanceux ? Il fit adopter quelques mois à peine après son arrivée à l'orphelinat par un riche couple de Floride. Ils avaient tenté des années durant d'avoir un enfant, sans grand succès. Quand finalement ils se sont décidés à adopter, Brady fut comme une évidence pour eux. Ils étaient attentionnés, aimants, ils choyaient cet enfant comme un véritable petit prince et il grandit dans cette immense propriété avec gouvernante, femmes de ménages et autres employés. Et c'est comme ça que le petit Brady Andrews s'extirpa d'une vie de moins que rien pour devenir l'héritier d'une des plus grandes fortunes du sud.

Et malheureusement, c'est aussi comme ça qu'on transforme un gamin innocent en petit-fils à papa imbu de lui-même. À l'âge de seize ans, le souvenir de son enfance était loin derrière lui. Brady avait enfermé ses origines dans une cage qu'il avait laissée sombré au fin fond des océans. Il avait embrasé à grand bras cette nouvelle vie qui lui était offerte, le jeune homme s'entendait à la perfection avec ses parents. Il n'était autre que le fils prodigue aux yeux de son père et l'enfant chéri à ceux de sa mère. Dans la moyenne à l'école, c'est au basket que le jeune homme se faisait remarquer ; capitaine de son équipe et star du lycée il avait tout de l'enfant-modèle. Un avenir prometteur dans une grande université, puis une place dans les affaires familiales, sa vie tout entière était tracée. Jusqu'à sa petite amie, devait être parfaite. Ils se connaissaient depuis le jardin d'enfants, elle venait elle aussi d'une bonne famille et était bonne élève. Depuis leur entrée au secondaire ils formaient le couple parfait, on les destinait déjà à se fiancer à la fac et sauter le pas une fois leurs diplômes en poches. Madame Carmichael, la mère adoptive de Brady se renseignait déjà pour les préparatifs de mariage. Brady avait tout pour faire, tout pour être heureux et rendre les gens autour de lui tout aussi heureux... Mais ça, c'était sans compter le sang qui coulait dans ses veines.

L'argent qui coulait à flots n'était qu'une raison de plus à la beuverie et à la défonce. Il passait la plupart de ses week-ends complètement stone et compagnie de ses potes et de plusieurs minettes ne pouvant pas résister à son charme. Brady aimait plaire, il aimait également sa copine... Mais il aimait se prouver qu'il plaisait encore plus. À l'époque de la remise de diplômes du secondaire, la rumeur avait déjà circulé dans la bulle de luxe dans laquelle il vivait. Tout le monde savait parfaitement que Brady Andrews faisait de sa chère et tendre petite amie la nana la plus cocu de la région. Tout le monde savait pour son penchant pour l'alcool et les drogues en tous genres, pour ses fréquentations douteuses et sa manie de frôler la mort ; que ce soit à 200 à l'heure en voiture ou en sautant ivre mort d'une des plus grandes falaises de Miami. Pourtant il entrait à l'université comme prévu et commençait ses études comme prévues. Ses parents n'osaient pas vraiment le confronter à ses rumeurs, parce que Brady avait toujours été un enfant susceptible. Le moindre reproche et il en faisait des caisses, se braquait et faisait encore pire. Les Carmichael espéraient que la fac l'aiderait à devenir plus responsable, qu'il cesserait ses folies. Ils comptaient même sur sa petite amie pour le remettre sur le bon chemin. Mais jusqu'à aujourd'hui en tout cas, ce ne fut pas le cas. Il continue à suivre ses cours, certes, pour faire plaisir à papa, maman. Il garde la face devant ses parents et sa copine, du moins il essaie. La réalité était qu'en fait, même s'il l'a toujours nié et le niera toujours Brady a souffert et souffre encore de l'abandon de ses parents. Du fait qu'ils n'ont jamais cherché à le récupérer, à ne serait-ce que le revoir. Il n'arrive tout simplement pas à admettre à cause de ça que quiconque soit capable de l'aimer véritablement. Au contraire de ce qu'il fait croire, il a très peu d'estime de soi et cherche tellement l'attention parce qu'il a peur que les gens le laissent tomber s'il ne se fait pas remarquer. En gros, Brady est un vrai connard, il est méprisable, méchant, arrogant, il ne se souci pas des sentiments des autres. Il est profiteur et ne pense qu'à sa sale petite gueule...Ou alors, c'est ce qu'il se tue à vous faire croire. Afin que personne ne réalise un jour qu'en fait... Il a la trouille incontrôlable d'être abandonné une nouvelle fois.