let's spend some time together

emma ft, joe.

Ça faisait quelques temps maintenant que je n’avais pas vu ma Joe. On se parlait souvent sur portable mais j’étais vachement occupée avec le boulot et tout mais là, on avait décidé de d’organiser un petit truc, passer du temps ensemble quoi! Il s’était passé quelques trucs depuis la dernière fois qu’on s’était vu toutes les deux, j’imagine bien qu’on allait en profiter aussi pour rattrapper le temps perdu. Elle me disait qu’elle allait mieux depuis que ce foutu connard lui avait envoyé une balle dans le bras mais je préférais attendre de la voir carrément pour voir si elle me disait vrai. Elle était comme moi là-dessus : une orgueilleuse incapable d’avouer quand ça va pas. J’étais certaine qu’elle pourrait être sur son lit de mort qu’elle serait encore en train d’essayer de me convaincre qu’elle serait prête à aller s’enfiler des shooters au bar du coin. Bref, je m’étais levée relativement tôt - trop tôt pour la soirée que j’avais eu la veille mais c’est après une bonne douche et une bonne boisson énergisante que je quittai mon appartement, la tête un peu lourde et avec un grand manque de sommeil dans le corps. C’était toutefois pas ça qui allait m’empêcher de passer du temps avec ma meilleure-amie… elle pouvait pas dire après ça que je ne l’aimais pas! Une fois garée devant chez, je klaxonnai un bon coup pour la voir sortir de chez elle, quelques secondes plus tard. Puis, ça me fit un choc soudain… Putain, il lui manquait du poids là, il s’était passé quoi merde? Je la regardai entrer dans la voiture en me disant qu’il valait peut-être mieux que je ferme ma gueule mais comme je me connaissais, c’était impossible de voir ma meilleure-amie avec un air de cadavre devant moi sans dire quoi que ce soit. Elle ressemblait presque à un enfant du tier monde là! J’avais envie de lui foutre pleins de gateaux dans la bouche d’une traite. Cette dernière ouvrit la portière de ma Tesla, grimpant rapidement à l’intérieur.

« Heeeeeeeeey! Ça va? » demandais-je, la voix rauque puisque techniquement, c’était la première fois que je parlais depuis mon réveil.

Je restai toutefois là, suite à sa réponse et elle remarqua bien vite qu’il y avait quelque chose. Je soupirai.

« T’as pas l’impression d’avoir perdu quelque chose? Genre… quelques kilos depuis la dernière fois? »  Bon ok, c'était pas délicat mais je l'étais pas et je me sentais soudainement bien émotive et inquiète. « Fuck Joe… il se passe quoi là? »

J’étais soudainement très inquiète et tant qu’elle me disait rien, j’avais pas envie de démarrer la voiture. Je savais pas comment elle allait prendre le truc mais c’était plus fort que moi, je devais savoir.

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emma ft, joe.

Bon, bonne nouvelle j'allais enfin sortir avec Emma, chose que je n'avais pas fait depuis belle lurette, mais l'important était qu'on communique toujours avec le téléphone. Encore plus bonne nouvelle; mon bras était libéré, délivré! C'était vachement cool, pour la sortie de prévue. Alors, de mon appartement j'entendis le klaxon de sa voiture retentir et dévalait les escaliers comme je pouvais avant d'arriver dehors. J'entre rapidement dans sa voiture, montrant mon enthousiasme, comme j'avais peu l'habitude de le faire, surtout ces temps-ci. « Eeeeeeh, la plus belle est enfin présente, avec ses deux bras, s'il vous plaît! » Cependant, mon sourire s'effaça assez rapidement lorsque, une fois ma ceinture bouclée, je sentais son regard persistant sur moi. C'était pas qu'un simple regard banal, non! Elle était entrain de me reluquer, et dans le mauvais sens du terme! Je n'appréciais pas son regard mais fut rapidement au courant de la cause de ce malaise. Mon poids. Ouais, bah c'est vrai que ces dernières semaines j'avais perdu énormément de poids, ça en frôlait l'anorexie, j'en étais persuadée, mais je n'avais absolument plus faim, je m'abreuvais seulement d'alcool et de pizza lorsque l'envie me prenait (rarement). Je soupire longuement en levant les yeux au ciel, posant mon coude sur la vitre, la paume de ma main sur mon front. « Raconte pas de conneries, j'ai du perdre qu'un ou deux kilos. » Je détestais raconter ma vie, encore moins lorsqu'il s'agissait de ma santé. J'étais au courant que j'allais clairement à ma perte si je continuais comme ça, j'avais pas l'envie de me faire aider. Et je commençais déjà à regretter d'être montée dans cette voiture car je sentais ce jugement certain dans ses yeux. « Allez, roule. J'vais bien. » Elle n'allait sûrement pas m'écouter, la connaissant. Mais au moins, je le tentais car j'étais foutrement mal à l'aise. C'était déjà assez dur pour moi d'afficher ce corps en décomposition, alors m'expliquer sur la cause, ça allait être pire.

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Passer du temps avec Joe, c’était définitivement mon activité préféré. Elle devait bien être la seule personne avec qui je passais du temps, pour le plaisir, sans me forcer quoi. J’avais quelques connaissances, quelques amis de sortie, de boite mais ils me tapaient plus souvent sur les nerfs qu’autre choses. Et puis, il y avait les plans culs… voilà où s’arrêtait mon entourage. Rien de plus bien glorieux mais j’avais du mal à endurer les gens de manière générale et en revanche, j’étais pas facile à vivre non plus donc tout le monde était content dans l’histoire. Ma joie s’arrêta toutefois à la minute où je vis la petite Healy, incroyablement heureuse malgré ses joues creuses embarquer dans la voiture. Automatiquement, je savais que je n’allais pas me la fermer. J’étais incapable de ne pas en faire mention et comme de faire, à peine quelques paroles échangés plus tard, toujours stationné devant chez elle, je lui parla de son poids à la baisse. Aussitôt, elle soupira, levant les yeux en l’air comme une petite ado frustré à qui on posait trop de question. Elle fit genre que j’abusais, qu’elle avait pas perdu grand chose alors que bon hein… j’avais pas souvent de jugement mais la vue elle, je l’aimais encore très bien! « Multiplié par deux-trois, facilement, me prends pas pour une débile stp. » Il n’y avait rien qui me frustrait plus que lorsqu’elle prenait pas soin d’elle et qu’elle faisait comme si c’était trois fois rien. Fidèle à son caractère de merde - au final, elle pouvait dire ce qu’elle voulait : elle était pas mieux que moi à ce niveau là, elle me demanda de rouler. Oh à quel point elle allait pas me donner des ordres celle-là! « J’veux bien rouler mais j’sais pas où on va donc en attendant, on va parler. »  dis-je en verrouillant les portes de ma voiture… on allait éviter une fuite en plus hein! De toute façon, avec le peu de force et d’énergie qu’elle devait avoir, elle allait se mettre à courir et casser en deux. Bref, Bref, elle m’avait toujours pas dit c’était quoi les plans qu’elle en avait en tête mais pour l’instant, je m’en contre fichais royalement. Ma meilleure-amie était devenue un squelette merde! Je voyais bien que la saoulait et qu’elle voulait écourter la conversation, je la connaissais bien ma Joe mais j’allais pas laisser ça ainsi, pas pour quelque chose d’aussi alarmant. Je m’en faisais pour elle, qu’elle le veuille ou non… elle faisait partie de ces personnes, ces quelques personnes pour qui la présence sur terre était importante à ma vie. Elle allait donc devoir vivre avec. « Il s’est passé quoi? T’as foutu quoi pour en arriver jusque là? Pas la peine de faire genre que c’est trois fois rien là! Merde, tu t’es vu? Un combat à main nue entre toi et un cure dent, j’hésiterais avant de miser…  » Ouais bon ok, elle devait pas avoir avaler quoi que ce soit depuis plusieurs semaines mais encore? On arrête pas de manger juste comme ça, elle devait bien savoir quoi…

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Un long soupire se dégage de ma gorge avec impatience. J'aurai sûrement du refuser cette sortie, plutôt rester chez moi, avachie sur mon canapé ou mon lit, à soit m'enfoncer un gode ou picoler devant mes séries. Et encore, ma libido était en chute libre ces derniers temps. Parce que clairement, devoir supporter ses remontrances, c'était beaucoup trop. J'étais déjà carrément mal dans ma peau et absolument honteuse de l'image que j'affichais. Fût un temps où j'en avais rien à faire du regard des autres, aujourd'hui c'était totalement différent. Et le pire, c'est que quand elle me parlait, j'avais l'impression qu'elle me rabaissait alors qu'en réalité, elle s'inquiétait et voulait savoir le pourquoi du comment. Autant Emma que moi étions munie d'une grosse fierté qui prenait toujours le dessus. Et puis, à quoi ça servait de m'expliquer sur ce changement flagrant et inattendu. J'entendis qu'elle enclenchait le bouton pour verrouiller les portières. Ok alors en plus de ça elle me séquestre. Elle était vraiment déterminée à savoir. Je me pince l'arrête du nez en fermant les yeux si fort que lorsque je les ouvris de nouveau, je voyais trouble. Et ses paroles me blessèrent au plus haut point. J'allais pas chialer non plus mais se prendre la réalité en pleine gueule, surtout venant de ta meilleure amie qui n'a pas pour habitude de mâcher ses mots, c'était intense. « Merci, c'est pas comme si que j'm'étais pas vue! » Je commence à hausser la voix à mon tour en tournant mon visage vers elle, les yeux humides. « Puis à quoi ça sert que j'te dise le pourquoi du comment j'suis dans cet état, t'es médecin, tu crois que tu vas pouvoir m'aider peut-être? » Je m'emporte bêtement, ne supportant pas ses réflexions. Parce qu'en plus d'être devenue maigrichonne, j'étais aussi devenue encore plus susceptible et émotive. Je ne lui en voulais pas de s'inquiéter, je savais qu'elle tenait à moi, j'aurais espéré peut-être moins de forme, plus de compassion que son franc parlé habituel. Mais il est vrai que dans le fond, ses paroles si réelles me firent comme un electro choc. Pas assez puissant pour me dire de rebouffer à ma faim, mais assez pour me faire encore plus culpabiliser. « Je suis comme ça, c'est tout... » Je souffle, perdant toute colère, me ratatinant sur moi-même, les yeux dans le vide.

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Notre belle petite journée BFF tournait au vinaigre à la minute où je vis ma très chère amie embarquer dans ma voiture… du moins, le paquet d’os qui me servait d’amie désormais. C’était à ne rien y comprendre. Comment pouvait-elle avoir perdu autant de poids en si peu de temps? C’était clairement pas sain… ça faisait peur! Surtout qu’elle n’avait pas à perdre un seul kilo, elle était très bien comme elle était avant. Je savais pas trop comment gérer tout ça. En fait, je paniquais un peu et naturellement, n’étant pas la meilleure des communicatrices, je fis un commentaire qui pouvait ressembler à une attaque, j’en conviens. Bon, je pouvais comprendre que c’était soudainement intense, que c'était pas rien ce que je venais de lui dire mais merde, elle foutait quoi avec son corps là? C’était la cata! Naturellement, mes paroles vinrent rapidement la chercher puisque je la vis perdre patience sous mes yeux, venant m’affirmer qu’elle était bien consciente de ce dont elle avait l’air. Bon ok? « Alors tu attends quoi pour te prendre en main? » Bon ok, c’était pas aussi facile mais j’espérais pas qu’elle en était rendu à une véritable obsession, je voulais voir qu’elle voulait s'aider, au moins et pas simplement jouer les entêtées. Bon, mon commentaire sembla l’affecter beaucoup plus que je l’avais pensé. Mon but était de la réveiller, oui… mais pas de la faire pleurer! Je me sentais soudainement très mal car elle s’était mise à hausser le ton. Je fronçai les sourcils. « Non, j’suis pas doc mais je suis ton amie et je m’inquiète pour toi. Je veux juste t’aider bon sang! » dis-je à mon tour en levant un peu plus la voix. « Deal with it! » ajoutais-je, dans un souffle en la regardant un instant, un silence plana dans la voiture, silence qu’elle coupa en mentionnant qu’elle était comme ça, c’est tout. « Non, c’est pas toi ça Joe! » Je connaissais une Joe en forme, en vie et tout ce qui vient avec ça. Pas une petite femme tout maigre et amorphe qui semblait désespérée de son existence. Ça faisait limite peur là! Je démarrai donc la voiture en vitesse, quittant les lieux de son appartement en crissant les pneus. Cette dernière devait se demander où on allait, elle le découvrit bien assez rapidement lorsque je tournai pour entrer dans le stationnement du McDonald’s, faisant le tour pour passer au service au volant. « J’te paye à manger… et j’te jure, tu vas pas quitter cette voiture tant et aussi longtemps que tu bouffes pas tout! J’vais te rentrer ton BigMac par le cul s’il le faut Joe, j’rigole pas! » J’optais pour les grands moyens, rien de moins!

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Je me sentais tellement attaquée en cet instant précis que je perdais tout mes moyens. Déjà qu'en temps normal j'étais loin d'être d'un calme absolu, je ne pouvais que me renfrogner et m'énerver contre ma meilleure amie, malheureusement. « Ouais c'est ça, c'est tellement facile à dire quand tu l'vis pas. » Je roule des yeux et croise mes bras sur ma poitrine. C'était pas comme si j'étais déjà dans une phase stressante de ma vie qu'il fallait qu'elle en rajoute. Je ne la blâmais pas au fond de moi de réagir comme ça, elle tenait à moi et je le savais, dans le cas contraire il est certain que j'aurai réagis de la même manière, je lui aurais même enfoncé un paquet de donuts dans la bouche, la gaver comme les oies pour faire du bon foie gras. « M'attaquer dès que je monte dans ta voiture ne m'aidera en rien, Emma! J'ai conscience de ce que j'suis devenue, un putain de sac d'os qui frôle la mort à chaque fois qu'elle saute un repas, ouais! Crois-moi, je me charge déjà moi-même de me rabaisser à chaque fois que j'vois mon corps nu. » Et non, j'allais pas commencer à chialer, surtout pas devant elle, surtout pas devant qui que ce soit. Je ravale mes larmes comme je le peux, reniflant, levant les yeux en l'air pour tenter à ce qu'elles rentrent d'où elles étaient sorties. « Et le pire dans tout ça c'est que j'ai plus aucune putain de libido, merde! » Je crache cette phrase comme si elle était d'une importance capitale, le truc qui n'avait pas franchement sa place dans ce sujet, mais qui dans le fond me saoulait le plus. Très étrange, d'ailleurs. Pourtant, je vois Emma démarrer la voiture pour me dire que s'il le fallait, elle allait m'enfoncer un BigMac au fond du cul. Clairement, il vaudrait mieux l'écouter pour le coup, Emma était capable de beaucoup de choses, j'avais appris ça durant mes années à la convoiter. Et même si ses paroles m'amusaient, j'essayais de ne rien montrer, toujours autant remontée. « Très bien!! Mais je t'interdis de me gueuler dessus quand je vomirai ton repas sur ton tableau de bord, ok?! » Je me ronge la peau des doigts jusqu'au sang lorsque nous arrivions au drive. Moi qui bouffais comme deux dans les fast food, je redoutais ce moment pour la première fois de ma vie. Ce n'était pas par idée de grossir, oh ça, je m'en foutais toujours autant. C'était la peur du ridicule, celle de vomir et de ne jamais m'en sortir. J'avais vraiment pas faim et rien que l'odeur du McDo dans l'air me donnait la nausée. Si je le faisais, c'était pour elle, pour la rassurer bien que j'étais convaincue ne pas pouvoir garder le repas dans mon ventre jusqu'à sa digestion.

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Bon, ce fut rapidement la panique. Ça ne me plaisait pas du tout de voir mon amie comme ça. Elle admettait un changement, mais elle parlait comme si c’était trois fois rien, comme si au final, elle allait se lever le lendemain avec les belles formes qu’elle avait autrefois. Je paniquais, j’aimais pas beaucoup d’humain sur cette terre alors je tenais à ce que ces derniers se tiennent bien. Là, elle perdait complètement le contrôle, ça se voyait… et moi aussi, par ma réaction à tout ça. Je savais que j’étais pas la meilleure pour communiquer mais j’me disais qu’elle pouvait bien comprendre qu’à travers tout ça, c’était surtout de l’inquiétude. Mais bon, je voyais bien que ça l’avait énervé… et la voir énervé, ça m’énervait encore plus. On était pas toujours bonne l’une pour l’autre, dans ce genre de situation, disons que ça devait assez rapidement explosif. « Bah si tu vois que t’es comme ça… qu’est-ce que tu attends, merde? Tu sais quoi… continue Joe! Perds connaissance, pète toi la tête quelque part dans ta chute, c’est peut-être ça qu’il te faut pour te faire juste assez peur pour reprendre le dessus! » Je la trouvais faible, je la reconnaissais pas d’être ainsi, elle qui était si dure de caractère habituellement! J’avais juste envie de lui prendre les épaules et les brassées bien comme il faut pour la réveiller un peu. Elle passa un petit commentaire sur sa libido qui me fait lever les yeux au ciel. « Ouais bah c’pas surprenant. Si tu le fais pas pour ta santé, fais-le pour les bonnes baises que tu manques présentement en préférant t’affaiblir! » Le sens des priorités? Totalement! Je décidai de quitter le devant de son appartement avec une idée bien en tête qu’elle découvrit bien rapidement. Elle voulait pas manger? Eh bien moi j’allais m’assurer que ça soit le cas : rien de mieux que du bon McDo. Ma meilleure-amie ne semblait toutefois pas trop d’accord avec l’idée, elle affichait un visage de dégoût. « Tu vas pas vomir quand même… » C’était comme si je ne voulais pas réellement y croire. Je préférais rendre ça futile que d’admettre que Joe n’allait pas bien. Je savais que c’était terrible mais ça me faisait de la peine de la voir ainsi, je ne voulais pas qu’il lui arrive quoi que ce soit. Je préférais me dire qu’elle exagérait, voilà! Je me chargeai de nous prendre de bons trucs à manger, l’odeur était alléchante, on avait l’habitude de finir nos soirées bien arrosées à ce fast-food en plus. « Tu avais pensé faire quoi au juste aujourd’hui? » Parce que bon, le but premier de se voir était de faire un truc, pas simplement de se gueuler dessus par inquiétude et souligner à bons nombres de reprise à quel point Joe était maigre. Je me stationnai pour qu’on puisse commencer à manger. J’y allai de bon coeur tandis que Joe elle, mangeait comme un petit oiseau… mais au moins, elle mangeait. « Tu devrais peut-être passer chez le doc, non? Il aurait peut-être des trucs ou des conseils pour te redonner l’appétit! » J’étais un peu moins agressive dans mon approche, j’avais laissé tomber les grands reproches, j’essayais de trouver des solutions… parce qu’au final, il y avait un problème, et il fallait à tout prix le régler avant qu’elle ne crève en cassant en deux.

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C'était clairement fatiguant d'entendre ça. J'ai déconné et je ne sais même pas quel a été le vrai élément déclencheur dans tout ça. Ma perte de poids avait été si subite que je n'avais rien vu venir. Y'a encore deux mois j'étais bien, mais là j'étais méconnaissable et je pouvais comprendre l'inquiétude d'Emma, mais il y avait l'art et la manière d'en parler. Je n'avais pas juste perdu du poids dans l'histoire, j'avais perdu mon moral, le peu de patience qu'il me restait. Je prenais tout mal c'est simple, et se sentir agressée et jugée comme une merde lorsque t'es dans cet état, c'est tout sauf bon. « Mais attends t'as vraiment cru que ça m'plaît d'être comme ça? Que c'est facile et que j'vais m'dire "mais allez Joe, bouffe donc des burgers, des plats en sauces!" et que ça va marcher? La seule chose que je gerbe pas c'est l'alcool! » Et je ne savais pas si c'était ça le plus grave dans l'histoire. Boire à foison sans rien manger à côté de ça. D'ailleurs, ça m'avait aussi bloqué niveau sexe; je ne ressentais plus aucune excitation. Je m'étais mise d'ailleurs à flipper à un moment puisque je n'ai pas eu mes règles depuis un moment, mais de ce côté là, j'ai été soulagée d'apprendre que c'était une fausse alerte et que tout ça était sûrement du à mon état du moment. « Je garderais ce que j'ai dans la bouche pour la mettre dans la tienne t'inquiètes. » Je roule des yeux, me sentant de plus en plus mal à mesure où l'on se rapprochait du Macdo. J'allais manger, pour elle. Mais ça se compterait en bouchée car j'étais certaine de ne pas réussir à finir mon menu. Je prenais d'ailleurs un temps fou à manger ne serait-ce qu'une seule frite et ça me saoulait déjà de devoir prendre sur moi pour ne pas ressentir tout ce dégoût qui émanait. J'avais envie de me coller un poing dans la gueule ou de m'encastrer la tête dans son pare-brise jusqu'à ce que je perde connaissance tellement cette situation était gênante. « J'comptais aller au supermarché pour essayer de retrouver un os que j'ai perdu en route. » Je tourne mon regard vers elle et tente un sourire. Au moins, parler me permettait de digérer un temps soit peu et surtout d'éviter de finir mon menu. Mais la voir elle manger son burger me retournait l'estomac alors que mon regard dévia devant nous. « J'sais pas, peut-être à la patinoire? Ca doit faire au moins.... toute ma vie que j'ai pas patiné. À moins que tu ais une idée. » Puis apparemment, là bas tout le monde riait alors peut-être que ça nous permettrait de mettre de côté cette querelle et de s'amuser. Je fus d'ailleurs soulagée d'entendre que son ton était plus léger qu'au tout début, ce qui m'encourageait à me calmer aussi de mon côté. J'ai surtout appris depuis que je réagissait exactement comme les gens le font avec moi. S'ils sont énervés, je le serai automatiquement, s'ils sont triste, ça me plombait le moral et ainsi de suite. « Bah, j'y suis allée y'a quelques semaines pour mon bras, j'ai du parler aussi de ma perte de poids mais ça n'avait pas l'air de l'alarmer plus que ça alors.. J'm'en fais pas trop, j'me dis que ça passera sûrement. Il m'a fait une prise de sang et j'ai toujours pas de nouvelles, donc ça doit être bon signe je pense! » Je regarde mon burger, prend une grand inspiration et me décide à y croquer à pleine dent. Les joues gonflées part l'aliment, je mâche lentement avant d'avaler, non sans un haut de coeur. « Et si je vais voir un nutritionniste, tu penses que ça peut m'aider ou faut que j'aille voir un spécialiste? » Je lui demande. Je ne savais pas encore s'il fallait que je règle mon problème par moi-même ou s'il fallait systématiquement que je passe par un spécialiste.

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Ma plus grande amitié était maintenant avec un sac d’os à la tête dure comme pas possible. Joe était probablement en train de mourir à petit feu et le mieux qu’elle pouvait me dire c’était qu’elle était au courant… c’était tellement con comme raisonnement que rapidement, ça m’avait rendu émotive. Et quand Emma est émotive : Emma perds ses moyens et devient un peu méchant… c’était plus fort que moi. Ok je pouvais comprendre que c’était pas facile mais elle en parlait même pas, elle restait dans son coin à se saouler la gueule en pendant quoi? Qu’elle allait crever et que tout irait bien ensuite? Fuck merde! Maintenant que je savais, ça allait clairement pas continuer ainsi et c’est pourquoi  je l’avais conduite directement au mcdo pour la forcer à manger. Je savais que ça faisait pas son bonheur mais fallait faire quelque chose là! « T’es grave! Essaie d’avaler quelques bouchées au moins! » Je la voyais bien me regarder avec dégoûts. En vrai, j’avais l’impression d’avoir une gamine capricieuse à mes côtés mais peut-être que le problème était beaucoup plus réel que je voulais me l’avouer. Je décidai de changer le sujet quelque peu pour la questionner à propos des plans qu’elle avait pour nous deux aujourd’hui. Lorsqu’elle me répondit son truc d’os au supermarché, un sourire ce dessina sur mes lèvres, c’était pas drôle mais tellement en même temps. « Oublie ça! Une vieille dame qui passait par-là l’a probablement donné à son chien. T’auras peut-être la colone molle pour le restant de tes jours mais t’as fais un toutou heureux. » Je lui rendis un sourire tout aussi ironique sur le sien avant d’attendre le vrai plan. La patinoire? C’était bizarre! « Ok… mais si je tombe sur le cul tu m’connais, j’vais vouloir foutre le camp! » lâchais-je en lâchant un petit rire, j’étais orgueilleuse comme pas deux! Je ne pouvais que me demander tout à l’intérieur de moi si elle allait avoir la force de patiner bien longtemps… et si elle tombait? Elle allait se casser quelque chose à coup sur non? Cette fois-ci, cette pensée, je la gardai pour moi… eh oui, miracle!

Je croquai dans mon burger beaucoup trop gras et délicieux pendant que cette dernière ramenait un peu sur le tapis le sujet de son alimentation mais en proposant des solutions. Tiens tiens, c’était un bon début là! « Bah déjà, tu peux aller voir un nutritionniste et puis s’il lui juge que tu devrais voir quelqu’un d’autre, bah j’imagine qu’il va te référer ou quoi que ce soit… c’est leur boulot de t’aider quoi! » Il allait pas la laisser avec la peau sur les os! J’étais pas mal prête à tout pour qu’elle ait mieux, si elle manquait de fric pour couvrir les soins et tout, j’allais débourser sans problème. « Je viendrai avec toi… » ajoutais-je en haussant les épaules. Je savais que des fois j’étais assez dure mais je voulais m’assurer qu’elle y ait aussi. On était pas mal du genre à dire à l’autre ce qu’on jugeait qu’elle voulait entendre juste pour la rassurer et pas faire quoi que ce soit de ce qu’on disait. Mais là, c’était sérieux… c’était sa santé qui était en jeu. « Bref, tu me diras quand tu aurais pris rendez-vous… et j’oublierai pas hein! Tu vas le faire! » J’allais lui demander chaque jour s’il le fallait. Je lui lançai un petit regard menaçant en apportant ma paille à mes lèvres. « Ok, changeons de sujet là… on a fait largement le tour et je crois pas que t’as envie qu’on continue à parler de ça! » C’était foutument déprimant. Je démarrai la voiture, si elle voulait aller à la patinoire, on irait! « C’est quoi le truc avec Nightmare qui parle de Brooke avec ses deux bébés en même temps là? Tu sais que ça m’a aidé à comprendre pourquoi tu l’aimes autant finalement… elle a deux vagins, c’est ça? T’as genre l’impression de baiser deux chatte en même temps? Ça permet à tout tes doigts de partir à l’aventure en même temps, tu dois kiffer grave! » lâchais-je en riant.

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Me forçant à croquer un gros croc à mon Big Mac, j'entendis Emma, d'un air exaspéré me dire d'avaler quelques bouchées. Les sourcils froncés, je tourne ma tête vers elle, les joues gonflées par l'aliment dans ma bouche. « C'est c'que j'fais! » Parler la bouche pleine n'était pas vraiment facile mais j'avais réussie à me faire comprendre. Vraiment, j'étais obliger de mâcher pendant cinq bonnes grosses minutes pour avaler petit à petit. On aurait dit de la bouillie déjà mastiquée par quelqu'un d'autre et qu'on me l'aurait foutu dans la gueule juste après. Rien que cette idée me donnait un haut de coeur, mimant un renvoie avec ma bouche. Non, vraiment je ne pouvais pas bouffer ça alors j'ouvre sa portière et crache par terre le restant dans ma bouche, lâchant un rot de dégueulis. Je respire profondément pour m'empêcher de vomir et prendre un bol d'air avant de refermer la porte et m'essuyer la bouche avec une des serviettes. « Putain fait chier. » Soufflais-je en refermant la boite de mon burger, contenant un peu moins de la moitié et le remettre dans un des sacs. Et je me permet de rire suite aux dires de ma meilleure amie. Y'avait pas à chier cent ans pour dire qu'elle était l'une des seuls à me redonner le sourire lorsque ça n'allait pas. Même si ça ne durait que quelques secondes, c'était déjà un exploit en soit. Parce que Emma, je la connaissais depuis des années et je savais qu'elle était une personne sensible au fond, sauf qu'évidemment, elle ne le montrait pas, elle s'était forgée une carapace si grande que même un maçon ne réussirait à la percer. Et puis, si quelqu'un avait le malheur de le lui dire, elle pourrait très bien lui foutre son poing dans la gueule et lui cracher au visage. Elle était atypique et passait ses émotions généralement dans la colère, tu l'avais appris au fil du temps et même si quelques fois son caractère peut t'énerver, jamais il ne sera la cause de la fin de votre amitié. Tout simplement parce qu'une amitié comme celle-ci ne peut se briser. J'ai confiance. Alors, proposant la patinoire comme distraction, j'hochais la tête positivement lorsqu'elle me prévenait qu'elle se barrerait possiblement si elle chute. « J'ferai une photo avant pour immortaliser le truc, et j'te suivrais après avoir bien rit. » Au moins, nous étions d'accord sur une chose; si l'une d'entre nous tombe, on se barrerait immédiatement, non sans les moqueries de l'autre, évidemment. Et vu que je n'avais jamais patiné de ma vie, par des parents trop occupés par leur passe-temps favoris (la drogue et l'alcool) ça me permettait au moins de tenter une expérience bien que je n'étais pas confiante quant à la stabilité de mon corps sur une surface froide et glissante.
Je devais surtout me rendre à l'évidence sur une chose; j'allais droit dans le mur et dans les bras de Lucifer si je continuais comme ça. J'étais pas certaine d'avoir envie de consulter incessamment sous peu, mais si je voulais vivre un peu plus vieille que vingt-six ans, fallait que je prenne conscience des choses. Et j'étais heureuse de voir que Emma me soutiendrait et qu'elle ne m'abandonnera pas dans ma tâche. Parce que même si je le nie ou ne le montre, j'avais peur et je ne voulais pas faire ces démarches seule. « Merci, vraiment. J'sais pas si je serai capable de m'y rendre seule. Ouais.. j'te tiendrais au courant. » Je lui souffle, lui envoyant un regard plein de reconnaissance. Heureusement qu'elle comprenait aussi que la discussion avait été assez rallongée pour passer à autre chose. D'ailleurs, son sujet suivant méritait d'être plus étudié que mon état. Cependant, je roulais des yeux à l'entente de Brooke étant enceinte de deux gosses, fait par deux pères différents. J'avais été totalement larguée lorsqu'elle me l'avait apprit alors aujourd'hui encore j'étais pas certaine d'être apte à l'expliquer à Emma. De plus, j'étais pas pour qu'elle garde les gosses, je lui avais pourtant dit d'avorter mais cette optique semblait la choquer. « M'en parle pas, j'y comprend rien non plus! J'crois qu'elle a du avoir une sorte de mutation ou j'sais pas quoi parce que clairement, c'est loin d'arriver à tout le monde ce truc, hein! » Je passe ma main sur mon visage et rit devant son imagination. « Eh, on est pas dans un de tes films de cul fétiche là! J'ai.. pas souvenir d'avoir mis ma main dans deux vagins en un seul. » Après tout, si l'idée était réelle, ça aurait été bien sympa d'expérimenter ça. Mais je n'avais jamais eu de mauvaises surprises lors de nos ébats avec Brooke. « DONC... Si j'comprend bien, tu l'aimes aussi? » Je tente, sait-on jamais.