Je m’appelle Piper, mais depuis toujours mes amis et ma famille me surnomment Pip’s. On ne peut pas dire que j’aime mon prénom, je l’ai toujours trouvé étrange, mais passons. Puisque c’est celui que l’on m’a donné, je le garde, de toute façon, je n’ai pas vraiment le choix. Vous saviez qu’il faut payer pour changer de prénom . Et encore, on n’est pas certain de pouvoir le changer, il faut vraiment qu’il soit comment dire … vraiment dévalorisant. Et comme ce n’est pas le cas de Piper, autant que je ne perde pas mon temps à le changer. Enfin voilà, c’est comme ça que je m’appelle mais je préfère qu’on utilise mon surnom, donc ne vous en priver surtout pas. J’ai un frère et une sœur plus âgée, et après moi, il y avait aussi une autre sœur, malheureusement, nous n’avons pas grandi ensemble. La pauvre est née avec une malformation cardiaque et elle avait à peine six mois lorsque la mort à décider de l’emporter. Un coup dur pour la famille. Emma ; c’est son prénom ; était un peu l’enfant de la dernière chance, car mes parents avaient de plus en plus de mal à s’entendre. Et finalement, son décès à eut raison de leur coupe. J’avais neuf ans lorsqu’ils ont divorcé. Je l’ai plutôt mal vécu, ce divorce, car j’étais la préférée de papa, alors ne plus l’avoir auprès de moi au quotidien, c’était difficile pour moi. Très difficile. Tant et si bien que finalement, j’ai demandé si je pouvais vivre avec lui. Maman a eu du mal à me laisser partir, elle ne voulait pas perdre une autre fille, mais elle a vite compris qu’elle n’avait pas le choix, car j’étais vraiment mal. C’est comme ça que j’ai quitté la ville ou je suis née pour suivre mon père à l’autre bout du monde. Je ne revenais qu’une fois par an, pour Noël. Avec mon père, nous nous sommes installés en Australie, ou je me suis très vite fait de nouveaux amis. Je crois que le fait d’être une étrangère dans ce patelin a fait que j’ai été vite acceptée et donc intégrée. C’est étrange, car là où je vivais avant, c’était tout le contraire. Enfin, je ne m’en suis jamais plainte, c’était génial.

Au bout d’un an, papa s’est remarié. Au départ, j’avais un peu de mal avec cette femme, mais j’ai fini par l’apprécier elle aussi. J’ai bien grandi. Enfin, bien, c’est vite dit. Disons que je n’étais pas une adolescente facile. Je faisais beaucoup de conneries, comme on dit. Sécher les cours, c’était une activité à laquelle je m’adonnais très régulièrement et je ne compte plus le nombre de fois où papa a été convoqué par la direction du lycée. Il me menaçait alors de me renvoyer chez ma mère et ça me calmait. Pendant quelques semaines. Et puis, je recommençais. Dans le fond, je n’aimais pas vraiment l’école et c’est bien pour cette raison que je n’ai pas poursuivi mes études. Enfin bref, au lycée, j’ai fait la connaissance d'Aiden, un jeune homme séduisant, avec qui je me suis liée d’amitié. Une amitié qui s’est vite transformé en histoire d’amour. Mais c’est là tout le problème et je ne le savais pas à l’époque. Car Aiden, n’est pas un garçon comme les autres. Oh, il est normal, il a deux bras, deux jambes, il marche, il parle, il rit, ce genre de chose. Par « pas comme les autres », j’entends par là qu’il a le sang royal. Voilà. Il n’est pas destiné à régner sur un pays ou quoi que ce soit, mais il est prince malgré tout. Alors, quand nous avons commencé à sortir ensemble, sa famille s’en est mêlé et avant que je ne comprenne quoi que ce soit, j’étais fiancée. Merde alors. À ce moment-là, j’étais plutôt contente, même si je me trouvais très jeune ; à peine dix-neuf ans ; alors, j’en profitais. Notre histoire était belle, mais je ne pensais pas qu’elle irait jusque-là. Un premier amour doit-il durer toujours ?

Le mariage était prévu pour l’année suivante, soit l’année de mes vingt ans. C’est cette année-là que j’ai perdu mon père. Un accident. Ça m’a totalement bouleversée, mais je ne me voyais pas retourner auprès de ma mère et de mon frère et ma sœur. J’avais un fiancé, une famille à construire. Même si papa n’était plus là, pour quelle raison je m’en irais . Mais voilà, au fur et à mesure que le mariage approchait, je me rendais compte que je me trompais sur toute la ligne. Pourtant, je n’ai pas osé dire quoi que ce soit. Je ne voulais pas faire de peine à Aiden ou à sa famille. J’étais prête à l’épouser, car je me disais que c’était seulement de la peur et que bien vite, je me rendrais compte qu’il était vraiment l’homme de ma vie. Seulement, le jour des noces, lorsque le pasteur m’a posé l’ultime question, c’est un nom qui a franchi mes lèvres. Et j’ai profité de la stupeur dans l’église pour prendre la fuite. Une heure après, encore vêtue de ma robe de mariée, je sautais dans un avion, sans bagage et sans le sou en poche, pour revenir auprès des autres membres de ma famille. Si Aiden a su où j’étais partie, il n’a jamais cherché à me contacter et j’ai appris il y a quelques mois, qu’il s’était marié avec son amie d’enfance. Et moi dans tout ça ? J’ai un petit appartement et je bosse comme caissière dans un supermarché. Le soir, je chante dans un cabaret, parce que je rêve de devenir chanteuse. Je suis toujours célibataire. J’ai eu quelques conquêtes, mais rien de bien sérieux. Ma mère me demande souvent ce qui m’a pris de dire le jour même de mon mariage, mais je suis bien incapable de l’expliquer. J’ai juste compris que je ne pouvais pas faire ma vie avec Aiden. Je suis célibataire, mais il y a un client qui vient très souvent au cabaret, et qui ne me laisse pas indifférente …