Je pris mon téléphone, je le redéposa. J'apporta mes ongles à ma bouche pour les ronger, puis me résigna en soupirant. J'étais nerveuse, très nerveuse. Trop. Je passai une mèche de cheveux derrière mon oreille et me laissa tomber sur mon lit. « Come on Leyla, ressaisis-toi. » me dis-je à moi-même. Je me redressa d'un coup et ouvrit le tiroir de la petite table de chevet à gauche de mon lit. J'y plongea ma main et sorti un petit carnet de photos. La première photo du carnet était une de Will et moi. Évidemment que je l'avais gardé. Cette photo datait de quelques années. En fait, c'était la première photo que Will et moi avions pris ensemble, c'était sur la plage. Dire que j'avais seulement 19 ans à l'époque. C'était il y a 5 ans. Nous n'étions qu'amis à ce moment là et j'étais un peu une mauvaise influence pour lui. Il était jeune aussi, encore aux études. J'esquissais un sourire. Je tournai la page et vit une photo de Will et moi à Vegas. C'était la première fois qu'on faisait un truc ensemble depuis notre première rupture. Un petit truc relax quoi, aller à Las Vegas. C'était avec Nate et Alexie, on avait eu vraiment beaucoup de plaisir en tant qu'amis... Mais y'avait toujours un plus en même temps. J'adorais ces moments avec Will. Ça avait toujours sa petite touche spéciale. Comme la fois où il m'avait amener à Paris pour mon 22e anniversaire. Gosh. Il était incroyable. J'veux dire... Paris! On avait vécu tellement de bons moments ensemble. Les fêtes auxquelles on étaient allés, la soirée au mariage de ma tante. Oui bon, c'était un peu malaisant vu ce qui était arrivé entre lui et ma soeur, mais au final, lui et moi on avait passé une belle soirée. On avait vécu de moments intenses aussi... Il avait été présent pour moi à la mort de ma mère, présent lors de mon overdose il y a quelques années, présent lors de ma rupture avec Wayne. Il était parfait et j'avais merdé. J'avais merdé trop de fois avec lui. Avec tout ce qui s'était passé, avec tout ce que j'avais vécu. J'ose croire que maintenant, à 24 ans, j'avais évolué, pris de la maturité, m'étais amélioré comme personne. J'espérais. Sauf qu'il était aussi temps que je prenne responsabilité pour mes actes. Je me leva de mon lit, déterminée, convaincu que j'étais capable de le faire, puis la sonnette retenti et je me retrouva à avoir beaucoup de courage finalement.

Je montai à l'étage et ouvrit la porte. Je me retrouvai face à Will. Face à face. Pour la première fois depuis plus d'un an. Je me figea, ma respiration s'arrêta, ma bouche oublia comment parler. Panique, pa-ni-que. « Will! Quelle surprise! Enfin... Non.. Tu m'avais dit que tu allais passer. » répondis-je. Gosh ce côté de moi n'avait absolument pas évolué. Je fis un petit rire et mit ma main sur mon visage, embarrassée. « Excuse moi. Entre! » lui dis-je en ouvrant la porte un peu plus grand. Sky n'était pas là, donc on avait la maison à nous pour parler. Comme ce n'était tout de même pas chez moi, je me limitais à la cuisine. « Tu...veux un truc à boire? » lui demandai-je? Je n'étais pas trop à l'aise parce que je ne savais pas trop à quoi m'attendre de la part de Will. M'en voulait-il encore? M'avait-il pardonné? Était-il passé complètement à autre chose? C'était dur à savoir et j'avais un peu l'impression de marcher sur des oeufs. En même temps, c'était lui qui m'avait approché en me souhaitant un bon anniversaire. C'était positif?


       
       

       
       

J
e lui avais envoyé sans trop savoir si mon message de joyeux anniversaire allait se rendre. Pourtant, j’avais continué à regarder mon téléphone - comme si j’espérais à la fois qu’elle n’avait pas changé de numéro, mais en espérant aussi que ça ne soit pas le cas, j’me disais que ça serait plus facile. Déjà que c’était un choc depuis que Nathaniel m’avait dit que Leyla était de retour en ville. Je paranoïais un peu à vrai dire, j’avais comme  peur de la croiser à tout moment, j’étais pas prêt, je savais pas quoi lui dire mais un côté de moi était tellement curieux. Je voulais savoir comment elle allait, je voulais savoir ce qui s’était passé dans sa vie, si tout était sous contrôle mais aussi pourquoi elle avait quitté sans me le dire. Je savais bien qu’à ce moment, nous étions dans une fâcheuse situation mais jamais je n'aurais osé faire ce qu’elle avait fait. Je l’aimais, on ne fait pas ce genre de chose aux gens qu’on aime. Quoi qu’il en soit, je pense bien que mon coeur s’était arrêté à la minute où j’avais eu la réponse à mon SMS. C’était bien elle… qui s’adressait à moi et j’avais du mal à bien gérer l’affaire. Je voulais pas en faire trop… ni même pas assez. Coudonc, je savais que c’était compliqué les relations mais je le réalisais encore plus. En plus de ça, j’étais même pas devant elle… tout le long, je me trouvais ridicule.

Et puis merde… la conversation alla puis, elle proposa de se voir. Je fis genre que j’avais aucun problème, que j’étais en contrôle de la situation. En vrai, j’étais dans mon salon à faire les 100 pas en lui répondant. Au moins, je pouvais toujours me dire que c’était pas maintenant… je préférais pas penser que demain n’était pas le jour où j’allais la revoir… et POURTANT! Ça passa tellement vite qu’on était rendu là, la journée où je me retrouvais devant chez Sky, sa meilleure-amie avec ce foutu sac rempli de ses trucs. Je pris une grande respiration… puis une deuxième pour le courage avant de cogner à la porte. J’étais nerveux, c’était tellement bizarre comme situation qu’au final, j’aurais probablement préféré la croisé par hasard, comme enlever un pansement d’un coup plutôt que de l’arracher tranquillement. À la va-vite, la porte de la maison s’ouvrit, se dressant devant moi une Leyla magnifique, comme à son habitude. Mais c’était probablement le temps sans la voir qui la rendait encore plus éblouissante. « Hey… est-ce que je te dérange? » Sa réaction me faisait comprendre qu’elle se souvenait peut-être plus que je devais passer? Je jetai un coup d’oeil derrière elle, elle semblait seule, au moins. Finalement, elle me fit entrer et honnêtement, mon coeur battait tellement vite que sur le coup, j’avais presque peur qu’elle l’entende… heureusement que c’était physiquement impossible. Dans un petit silence - légèrement malaisant - je la suivis à l’intérieur de chez son amie. C’était sympa comme endroit. Je jetai un coup d’oeil, l’air intéressé à la décoration alors que c’était pas le cas du tout. Je voulais juste me trouver quelque chose d’autre à regarder qu’elle car j’avais juste envie de poser mes yeux sur elle tellement ça me semblait irréel mais je voulais pas avoir l’air bizarre. « Euh, ouais merci… j’te prendrai de l’eau s’il te plaît. » Je lui fis un petit sourire en coin, me pinçant les lèvres un bref instant pendant qu’elle se tournait pour aller à la cuisine. Je restai un peu con au bout milieu de la pièce à jouer nerveusement avec le sac dans mes mains. « Au fait, ça te va bien les cheveux comme ça… ça vraiment été l’année des changements pour toi j’imagine. » Après tout, nouvelle ville, nouvelle coupe nouvelle… elle? C’était un peu ce que j’essayais de voir. Elle ne semblait pas avoir changé tant que ça, elle restait toujours aussi awkward mais j’adorais ça. J’avais toujours trouvé ça tellement cute. Cette dernière revint vers moi pour me tendre mon verre que j’acceptai en la remerciant. « Au fait tiens c’est le sac dont je t’avais parlé. Je sais plus si… c’est encore à la mode ou je sais pas trop mais bon… c’est à toi donc ça te reviens! » J’allongeai le bras dans sa direction en croisant son regard un bref instant, lâchant un long soupire. « Ok… c’est moi ou c’est awkward là? » lâchais-je en riant quelque peu. Fallait se l’avouer… et l’avouer, je trouvais que ça rendait la situation un peu moins bizarre. Non?


       
       

       
       

Ça me stressait tellement de revoir William. Nous n'étions plus ensemble lorsque j'avais décidé de partir, mais en même temps... Étions-nous vraiment séparé? Peut-on vraiment dire que deux personnes qui s'aimaient autant avaient mis de côté leur relation? J'sais pas. Je ne pense pas. Enfin bref, le fait était tout de même que j'étais partie sans rien dire. Il méritait des explications. Il méritait tellement plus que juste des explications, il méritait toute l'histoire, toute la vérité, mais ça, c'était impossible. Je ne pouvais certainement pas me résoudre à avouer la vérité à qui que ce soit et encore moins à Will. Je n'avais pas l'impression que ça nous mènerait quelque part, le fait qu'il sache, encore moins un an après. Ça le blesserait, ça me remémorerait des mauvais souvenirs, bref valait mieux ne pas en parler. Ça me stressait tout de même parce que je ne voulais pas qu'il pose trop de questions non plus.

Bref, j'attendais qu'il arrive et je n'étais même plus certaine si c'était une bonne idée. Qu'est-ce qu'on allait bien pouvoir se dire, hein? N'étais-ce pas seulement de tourner le couteau dans la plaie? Gosh je détestais ça. Lorsque la sonnette retentit, le petit peu de courage que j'avais s'évapora. Je pense que ça se voyait vu ma réaction à son arrivée. Lui, il semblait si calme. Tellement en moyen. Oh mon dieu, il était totalement passé à autre chose. Cette pensée brisa évidemment un peu mon coeur, même si je m'y attendais. En fait, je l'espérais. Je ne pouvais pas continuer à lui faire du mal comme ça. Je tentai un sourire. « Non tu ne dérange pas. Je savais que t'allais passer, c'était con. » mentionnai-je. Je l'invitai à entrer, ce petit moment malaisant dans l'entrée avait été suffisamment long. Je le vis scruter un peu la maison, regarder tout... Sauf moi. Il m'évitait. Il évitait mon regard. Cela voulait TOUT dire, il me détestait. Enfin.. Il me détestait gentiment. Après tout, il avait accepté de me voir. Il en avait probablement marre de mon petit sac de choses qui traînaient chez lui. On restait un peu comme des cons planté dans la cuisine à se ''regarder'' sans vraiment que ce soit le cas. «Oh... Merci, c'est gentil. Mmh... Oui disons le comme ça... Un changement nécessaire mettons. » répondis-je pas trop certaine de quoi dire. Est-ce que son commentaire avait un double sens? Devais-je interpréter quelque chose d'autre? J'étais nulle pour ça. En même temps, tout ces changements avaient vraiment été nécessaire. J'avais eu un peu besoin de dire aurevoir à l'ancienne Leyla. Celle qui avait vraiment trop souffert. La nouvelle Leyla se devait de faire quelque chose à ce propos, de faire en sorte que ça n'arrive plus.  « Et voilà. »dis-je. Je lui servis un verre d'eau et tenta de croiser son regard mais... Toujours rien. Je le vis regarder le sac qu'il tenait dans ses mains et me le tendre. J'étirai mon bras et le prit. « Merci, c'est gentil. J'en reviens pas que tu aies gardé ça aussi longtemps. » répliquai-je. Je le déposai sur une chaise et revint vers Will. Je lâchai un petit soupir lorsqu'il répliqua que c'était awkward. « My god, tellement. » répondis-je en riant. « Je m'excuse, je ne sais pas trop comment agir. » lui avouai-je. En même temps, c'était normal je pense. En tout cas, au moins là je sentais la tension descendre un peu.

Je lui fis un petit signe de me suivre et alla m'installer à la table de la cuisine. L'heure en était maintenant aux choses sérieuses. « Ok... Faisons ce pourquoi tu es ici... Parlons. » annonçai-je. J'avalai ma salive nerveusement, fit craquer mes doigts ensemble et releva la tête bien haute. Ce n'était pas évident. « Bon... D'abord, j'aimerais te présenter mes excuses. Mes plus sincères excuses. Les plus sincères du monde. Oh my goddd... Écoute, je suis désolé. Tellement désolé Will. » finis-je par dire. Juste ça fit en sorte que j'avais comme le moton. Je leva les yeux en l'air parce qu'ils se remplissaient un peu d'eau, puis les redirigea sur mon ex petit-ami. « Je... J'aimerais avoir un p'tit discours tout prêt avec des explications bien détaillées à te donner mais... Ce n'est pas le cas. Je sais que c'est difficile à te demander, mais j'ai besoin que tu me crois sur le fait qu'il était nécessaire que je parte d'ici, de cette ville. » dis-je simplement. Qu'est-ce que j'étais supposé dire? « J'ai été absolument injuste avec toi et méchante aussi et à ce jour, je comprends pourquoi tu as mis fin à notre relation et je sais que c'était ce qu'il y avait de mieux, tu as pris soin de toi et je suis soulagée, tellement soulagée que tu aies bien aujourd'hui. » lui répondis-je avec un mince sourire, les yeux dans l'eau. Ce n'était tellement pas sensé se passer comme ça, je n'étais pas sensé devenir émotive et me perdre dans mes mots. Je devais m'excuser, assumer le blâme et voilà. « Excuse moi, j'sais pas ce qu'il me prend. Je voulais juste... Je voulais juste m'excuser voilà. » terminai-je. Voyons donc Leyla. Il devait te prendre pour une fille complètement instable là.



       
       

       
       

Les cheveux avaient été un changement nécessaire ou bien le changement de ville en avait été un? Ça restait flou… mais il faut dire que je l’avais été également. J’étais partagé entre l’envie d’être sympathique et l’envie d’être aussi fâché. Je pensais que j’avais le droit de l’être mais c’était pas facile, encore moins avec Leyla. Un verre d’eau plus tard et un sac rempli de vêtement rendu, on était là à se dire des phrases maladroites qui voulaient rien dire, à se regarder dans les yeux qu’une demi-seconde avant de contourner le regard. C’était pas nous ça, ça frôlait le ridicule et malgré tout, je voulais pas qu’on soit rendu là. À défaut de ne plus être ensemble, est-ce qu’on pouvait avoir l’air un peu plus apte socialement, s’il vous plaît? Pour détendre l’atmosphère, je lui fis la remarque comme quoi c’était awkward et… elle était entièrement d’accord. Comment ne pas sourire à ça? Au moins, c’était réglé et d’avouer que ce l’était, ça annulait l’affaire à mon avis. « Je sais pas plus comment agir. J’ai fais des recherches sur internet de comment agir pendant des retrouvailles avec son ex… mais c’était jamais rien de très concluant! » lâchais-je à la blague. Je la suivis au salon en prenant une grosse gorgée de mon verre on était là pour parler et c’était ce qu’on allait faire. J’étais prêt… en fait, non je l’étais pas… mais j’étais prêt à ne pas l’être donc on pouvait commencer. Je sentais que ça allait faire mal, je retenais un peu mon souffle à moitié alors qu’elle prenait parole, qu’elle était là à s’excuser de toutes les façons possibles. Elle avait beau le dire 15 fois, c’était pas ça qui comptait, ce qui était important, c’était que je voyais dans ses yeux qu’elle semblait sincère. Il était là mon soulagement dans tout ça, celui que j’attendais depuis longtemps pour faire la paix avec cette histoire.

Elle était là, à chercher ses mots sur comment m’expliquer le pourquoi du comment de son départ. À me dire qu’elle avait été méchante, à s’excuser encore et moi, je la regardais, je l’écoutais rien dire pendant qu’elle s’en ésoufflait à parler rapidement, à gesticuler comme si elle devait absolument tout déballer en même temps. Comme si sa bouche n’allait pas assez vite pour ce que son coeur avait envie de me crier. « Je te crois… mais j'aurais juste aimé savoir. » arrivais-je à glisser à travers tout ça. C’était important que je le dise, c’était important pour moi qu’elle sache que je savais qu’elle ne faisait pas les choses pour rien. C’était même probablement réfléchie mais ça enlevait rien au fait que j’aurais aimé être avertie et que je ne savais pas réellement la raison réelle de son départ. Je continuais de me faire des idées. « J’ai juste besoin de savoir… » Je pris une grande respiration, avalant difficilement avant de me lancer : « Est-ce… est-ce que c’était de ma faute? » J’avais longtemps pensé que c’était le cas. Je l’avais blessé à ce point, au point où elle n’avait plus envie de me revoir, de me recroiser. Il faut dire que c’était le genre à Leyla : de partir lorsque les étapes sont difficiles à surmonter et je ne jugeais pas ça, ça pouvait faire du bien de décrocher de notre réalité lorsque les complications arrivent pour leurs faire mieux face ensuite. Mais moi dans tout ça, j’avais été pris sans réponse, sans même savoir si j’étais encore en couple, si elle m’aimait toujours. Ça n’avait pas été facile et aujourd’hui, même après un an, c’était pas plus facile d’en parler avec elle mais je savais toutefois que d’avoir enfin des réponses à mes questions, eh bien c’était un pas de plus vers l’avant. « ...parce que je sais que j’ai été un vrai salaud juste avant que tu partes et je m’excuse aussi pour ça. J’allais pas bien et je pensais que te tenir à l’écart de ma vie pendant un bref moment allait faire en sorte de t’épargner des choses que tu ne méritais pas de vivre. Je voulais juste pas te faire de la peine encore plus… » J’avais du mal à l'époque de me gérer moi-même alors de devoir prendre soin de quelqu’un d’autre aussi, j’en étais incapable. Elle avait été remplie de bonnes intentions mais dans des moments comme ceux-là, tu ne vois pas ça… tu penses que tout le monde te juge, que tout le monde te voit d’un mauvais oeil. Y repenser, ça faisait monter l’émotion, déjà que c’était assez présent merci là, j’avais les larmes aux yeux et c’était assez impossible de le cacher. « J’ai jamais voulu que tu partes, ça non… » déclarais-je en secouant la tête. J’étais pathétique, là… à pleurer. Mais des fois, ça faisait du bien d’en arriver là. Je gardais ça depuis longtemps en dedans. Je reniflai avant de croiser son regard pendant quelques secondes. Mais la question la plus essentielle n’avait pas encore été posé, celle que je voulais réellement savoir... « Est-ce que t’es heureuse? »



       
       

       
       

Je.voulais.mourir. Je pense que même dans les films j'avais jamais vu de retrouvailles aussi malaisante. Pourquoi fallait vivre ça? Je pense que la vie m'en voulait et ils se sont dit, ils étant quiconque qui dirige ma petite vie, tiens... Punissons là, la petite criss. Punissons là de quoi au juste? C'EST BIEN CE QUE JE ME DEMANDE, LA VIE. Il me semble que j'avais suffisamment été punis. Eh ben, faut croire que non. Bon, c'était là, ça se passait... Fallait dealer avec. Will fini justement par admettre à voix haute que c'était awkward et c'est comme si juste ça... Ça avait détendu l'atmosphère. Il fit même une blague. Blague qui me fit rire, mais le pire était à venir. Il fallait parler. Je n'étais pas bonne pour ça. Will le savait. La plupart des filles partaient à +10 points lorsque venait le temps de communiquer, mais moi j'étais comme un p'tit mec. J'étais à -10. Ça me stressait donc beaucoup. Pourtant, j'avais fait beaucoup d'efforts pour corriger tout ça. J'avais travailler comme une dingue pour améliorer ce côté de moi. Surtout pendant mon entraînement au FBI. La communication, c'était la clé. J'espérais au moins que Will allait voir ce petit effort de ma part. 3..2..1.. Je me lançais. Dans le vide, sans parachute. Je me dévoilais un peu trop même. Je semblais dire n'importe quoi, ma tête n'avait même pas le temps d'analyser, c'était place à mon coeur. Gros spotlight dessus et tout. Peut être même que Will se disait '' Mais qu'est-ce qu'elle tente de faire au juste? '' Mais c'était comme une petite diarrhée verbale. Hop, ça sortait.

Lorsque je m'arrêtai finalement, je tentai de respirer. J'avais oublié ce détail durant mon discours. Et bien au moins... C'était dit. Il glissa une phrase. Une simple phrase et elle eut l'effet d'un coup de poing. C'était si simple ce qu'il demandait. À ce que je le mette au courant. « Je sais... Je sais je suis désolé. » dis-je en secouant la tête. « J'ai rien dit pour ton bien, t'avais pas besoin de ça, pas besoin de plus sur tes épaules. » dis-je simplement. Je me rendis compte que ça en disait peut être un peu trop sans même en dire assez donc je m'arrêtai là. Sa question suivante me brisa également le coeur. Je le fixais, triste, les yeux dans l'eau. Comment avait-il pu penser une seule seconde que c'était sa faute? Il était parfait. Je ne répondis rien, j'étais un peu sous le choc. Étais-ce vraiment ce qu'il s'était imaginé? Je l'avais laissé un an dans l'ignorance le laissant penser que c'était sa faute? Mais quel genre de monstre est-ce que j'étais? Cette pensée me fit tellement de peine. Deux, trois petites larmes coulaient sur mes joues alors qu'il continuait. Je mis mes petites mains sur ses poignets, l'arrêtant immédiatement après son discours. « Non. » répondis-je subitement. Je le regardais dans les yeux, voulant qu'il me croit du plus profond de mon coeur. « Non, ce n'est pas de ta faute Will. Tellement pas. Tu as été parfait de A a Z et si quelqu'un doit être à blâmer, c'est moi et uniquement moi. » lui répondis-je le plus sérieusement du monde. J'veux dire, j'avais mes raisons pour être partie et elles ne concernaient pas Will le moins du monde, mais je ne voulais pas en parler. Je préférais juste passer pour une mauviette incapable d'affronter la vie. C'était plus simple.

Je lâchais ses poignets, revenant à mes sens, puis me recula sur ma chaise. Ça me faisait de la peine de voir Will comme ça. Complètement ouvert à moi, comme il l'avait déjà été. Je pense qu'on peut dire que j'étais complètement ouverte à lui aussi. C'était un moment nécessaire, un moment mérité aussi. Plus mérité pour lui que pour moi, mais tout de même. Ça faisait du bien d'enfin en parler. « Je sais...» lui répondis-je simplement. « Si j'avais pu rester... Je serais resté. » dis-je en baissant les yeux. Sa question suivante me força à remonter les yeux vers lui. Aouch. Sa question faisait mal. Il méritait tout de même que je sois honnête j'imagine. Je fis un mince sourire et prit un deux trois secondes avant de répondre. « Un jour je le serai. » dis-je simplement en hochant la tête. Je ne pouvais pas mentir, pas là dessus. Je ne l'étais pas en ce moment. Si mon temps à New York avait fait du bien, il n'avait pas réparer les dommages. J'étais absolument brisée et j'avais besoin de trouver comment me réparer. D'ici là, comment pouvais-je être heureuse? Je vivais dans l'angoisse, je me tapais des crises d'anxiété la nuit. Mon job était devenu ma raison de vivre. Le silence, le fait de tout garder pour moi me détruisait par en dedans, mais en parler serait probablement pire. De toute façon, je ne pouvais pas vivre avec le fait que mon entourage me prenne en pitié constamment. Ou qu'ils me voient comme quelqu'un de faible. Je me repris et fit un sourire à Will. « Toi, j'ai entendu dire que tu allais bien. Que tu étais heureux... C'est vrai? » lui demandai-je.



       
       

       
       

La conversation était devenue franchement très rapidement émotive. Je me doutais bien que que ça serait le cas et même si j’aimais bien être en contrôle, je ne cachais pas que j’étais quelqu’un d’assez émotif, près de ses sentiments. L’histoire avec Leyla m’avait énormément affecté. Mon but premier avait été de la protéger de la pourriture que j’étais en train de devenir mais au final, je m’étais bien vite rendu compte que j’avais fais une erreur. Trop tard, malheureusement puisqu’elle avait quitté la ville. J’avais longtemps pensé que c’était de ma faute et dans ma tête, mon dieu qu’un simple message me semblait pas grand chose, ça m’aurait tellement soulagé… mais ça, il n’y avait pas pensé et pendant une longue année, j’étais resté dans l’incompréhension et le doute. « Au final, j’avais juste besoin de toi… et même moi à ce moment là, je le savais pas. » C’était avec le recul qu’on réalisait ce genre de chose. Mais je ne voulais pas qu’elle s’en veuille pour ça, j’avais été le premier à lui dire qu’il vaudrait mieux qu’elle s’éloigne… je ne pensais juste pas que ça serait à ce point là… et aussi longtemps également. C’était plus fort que moi, je lui posai la question qui me brulait les lèvres depuis tellement longtemps. J’avais laissé tomber quelques larmes de mes yeux qui continuaient leur chemin à mes joues. Ses petites mains vinrent se poser sur mes poignets et sa réponse se fit entendre rapidement. Non… non, c’était pas de ma faute ce départ, non j’étais pas responsable de tout ça. Elle se mit le blâme sur les épaules, automatiquement, je secouai la tête en tournant la paumes de mes mains vers le haut afin de capturer les siennes. « Je t’interdis de mettre tout ça sur tes épaules Leyla… » On était deux dans cette histoire, peut-être qu’il y avait plus également mais ça, je n’étais pas au courant. Et ça me tuais aussi quelque part.

Pour ma part des responsabilités, c’était le temps de m’excuser des erreurs que j’avais pu faire à son égard. J’étais bien conscient que je n’étais pas le seul à avoir souffert dans cette histoire, elle aussi. Bien sûr, lorsqu’elle m’indiqua que si elle aurait pu rester, elle l’aurait fait… je fronçai les sourcils. J’avais tellement l’impression qu’elle cachait une grande partie de son histoire… « Pourquoi est-ce que tu devais partir à ce point? » Quelqu’un l’avait obligé? C’était intriguant! Mais peu importe tout ce qui aurait pu s’être passé ou tout ce qui allait arriver ensuite, je voulais savoir si elle était bien, si elle était heureuse. Naturellement, sa réponse n’était pas celle que j’espérais… mais c’était mieux que rien puisqu’elle laissait entrevoir de l'optimisme de sa part. « C’est tout ce que je demande… et j’ose espérer que ce jour arrivera bientôt. » Je souhaitais pas de mal à Leyla, jamais au grand jamais je serais capable de lui en souhaiter. Elle avait été la fille que j’avais aimé le plus dans ma vie, si ce n’était pas la seule, d’ailleurs. Elle avait été mon vrai premier amour, mon dernier à ce jour également. Si c’était pas près de moi qu’elle allait vivre son bonheur, j’avais fini par accepter que c’était correct de la regarder vivre ce bonheur de loin car au final, c’était tout ce qui était important et c’est ce qu’on souhaite aux gens qu’on aime. Je la regardai un instant, alors que son regard lui pointait vers le bas avant de remonter doucement vers le mien. Elle me fit un petit sourire auquel je lui répondis. « T’as entendu ça où? » demandais-je, surpris en haussant les sourcils. Elle avait donc prit des nouvelles de moi? À qui? Pourquoi? Bon, voilà que je m’emportais avec un petit rien! Suffisait qu’elle revienne là, devant moi à me dire un tout petit truc pour que je m’enflamme. Avec tout ça, je réalisai que je n’avais pas répondu à sa vraie question. « Je vais bien oui… on peut dire ça. J’ai réussi à traverser cette passe difficile, j’ai repris les choses en mains et j’ai un poste permanent à l’hôpital. Je travaille énormément, même peut-être un peu trop… mais c’est ce qui me rend heureux présentement donc j’y vais à fond! »  C’était pas mal juste ça que j’avais aussi, avouons-le. Je voyais Nathaniel avoir sa vie de famille et ça commençait à me travailler un peu de l’intérieur à me demander si moi aussi, j’aurais le droit à ça éventuellement. J’avais rencontré Kathelyn mais ça allait très doucement entre elle et moi et je ne savais même pas encore ce qu’elle attendait réellement de ma part. Ça serait bizarre de parler de ça avec mon ex petite-amie. « Et alors… il va se passer quoi maintenant pour toi? » J’étais curieux : Elle restait longtemps? Elle allait faire quoi à Miami?