I can't save you but i wanna be by your side when you're gonna save yourself

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Je pouvais pas encore croire que je venais de vivre cette situation complètement ridicule. Je me trouvais bien tranquille avec Matt - bon pas si tranquille que ça hein - quand Joe était arrivée d’abord pour me parler. J’avais bin vu dans son visage que ça allait pas mais disons que la situation avait rapidement changé lorsqu’elle avait entendu cet éternuement dans mon placard… où Matt était caché, bien évidemment. Là, ce fut la grosse crise immédiatement, à nou envoyer balader chacun notre tour, nous laissant à peine le temps de placer quelques paroles et… les paroles placées, je devais bien l’avouer : avait été assez poignantes. Le genre de choses gratuitement méchantes qu’on regrette aussitôt dîtes mais sur le moment de la colère, sont incontrôlables à gérer. Je m’étais sentie tellement vulnérable, tellement exposé face à mes mauvaises décisions que cette attaque à mes personnes avait fait sortir le méchant de moi-même. Je me sentais prise entre mon ex et ma meilleure-amie. C’est Joe qui me quitta la première, fâchée mais à peine quelques minutes plus tard, c’est un Matthew visiblement… triste? contrarié? Qui me laissa tomber aussi. Je m’étais retrouvée toute seule, l’émotion avait prit le dessus et quelques larmes s’en était résultées.

Pour me calmer un peu, j’étais passée sous la douche et c’est en sortant que je remarquai avoir reçu un SMS de Joe assez violent merci. Elle parlait de mort dans 6 mois ou je ne sais pas trop quoi. Elle avait pas le droit de m’envoyer ce genre de message sans explication, sans rien. Elle venait de m’énerver de nouveau et j’avais besoin d’en savoir plus. Puisque ma soirée était tombée à l’eau en plus, je m’étais habillée à la va-vite, laissant mes cheveux encore humide pour embarquer dans ma voiture en direction de son appartement. Là-bas, je me gênai pas pour cogner plusieurs fois assez fortement à sa porte. Je ne savais pas trop si elle se doutait que j’allais me pointer aussi rapidement mais voilà, j’étais là. La porte s’ouvrit assez rapidement, se dressant devant moi une Joe, toujours aussi mal en point. « C’est quoi ce message? » demandais-je en brandissant mon téléphone pour lui montrer. Puis comme elle vint pour impoliment me fermer la porte au visage, je mis mon pieds pour retenir le tout et entrer dans son appartement. Ça sentait mauvais, elle avait pas fait le ménage depuis combien de temps ici? Eurk! « Pourquoi tu m’envoies ce genre de chose là? C’est pas drôle là! T’as pas le droit de lancer des bombes comme ça...» C’était ça qu’elle avait voulu m’annoncer en venant chez moi? Je pouvais pas croire… limite je préférais croire qu’elle était juste folle et qu’elle me faisait des menaces que parce qu’elle était en colère et qu’elle voulait me faire chier quoi!

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Avoir eu cette vision de ma meilleure amie entrain de me cacher qu'elle remettait le couvercle avec son ex petit ami m'avait mit hors de moi. Ce n'était pas tant qu'il soit son ex le problème, c'était toutes les conséquences qu'il y avait eu à cause de lui, sur sa personne à elle! Et j'avais dis des choses horribles, des choses que j'allais regretter à l'instant où je serai sortie de chez elle mais je voyais qu'elle me mentait, qu'elle avait été malhonnête avec moi. Alors pour pouvoir lui enfoncer le couteau dans la plaie, histoire de bien la faire culpabiliser et flipper, je lui envoyais ce message, celui qui devait explicitement lui indiquer qu'il ne me restait malheureusement que quelques mois à vivre si je n'arrêtais pas de boire maintenant. Et puisque je n'étais clairement pas décidée à prendre une telle décision sur l'instant, ce message n'était donc pas des paroles en l'air. Moi qui voulais le lui dire face à face, c'était bien la raison de ma venue chez elle cet après-midi, pas pour jouer aux billes. Mais en ne voyant aucune réponse arriver, j'avais balancé mon téléphone contre le canapé et partie m'ouvrir une bouteille de vodka. La boisson et la drogue étaient les seules choses qui me permettaient de me calmer considérablement. On sonne à la porte, je l'ouvre avec ma bouteille dans la main et aperçois Emma. Je la dévisage lorsqu'elle me montre son téléphone en me demandant des explications. J'avais pas envie de la voir et encore moins de lui parler alors voulant lui claquer la porte au nez, je soupirais longuement lorsque celle-ci fut bloquée par son pied. Je retourne au salon, buvant une gorgée au goulot en regardant par la fenêtre. « Non Emma, c'est pas drôle, t'as raison! » Je me retourne brusquement, laissant quelques gouttes couler de la bouteille avant de la poser sur la table. « Tu crois que j'suis venue chez toi pour quoi? T'as pas été capable de voir sur mon visage que ça allait pas, que j'avais quelque chose à te dire? Oh non pardon... ta priorité avait été de te faire mal baiser avec Matt. » Je lui lance un sourire mauvais, plein de rancune. Et pour une fois depuis longtemps, je craquais. Parce que même au téléphone avec le médecin, bien que mes larmes étaient apparentes, n'avaient pas coulées. J'hausse les épaules et hoche la tête. « Il me reste six mois à vivre, Emma. » Au moins, c'était dit, et comme ça je ne tournerais pas autour du pot. À quoi bon faire durer le suspens à nous déchirer toutes les deux.

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Je pouvais pas rester une seconde de plus chez moi suite au SMS de ma meilleure-amie. C’était pas une message d’insulte où elle continuait de m’envoyer balade et me dire à quel point j’étais conne d’ouvrir les cuisses à mon ex. Là non, elle m’envoyait tout bonnement qu’elle était venue me dire qu’elle allait crever. J’étais donc débarquée en mode : je veux des réponses - mais je suis quand même encore vachement en colère contre toi - chez elle. Bon, ma présence spontanée ne lui faisait visiblement pas plaisir puisqu’elle tenta de me fermer la porte au visage en grosse impolie qu’elle était. Heureusement, j’avais prévu le coup - on était pas amis depuis 10 ans pour rien hein - et mon petit pied s’était faufilé à l’intérieur de son appartement pour arrêter le truc. Je m’invitais, ouais… mais c’était la moindre des choses après ce qu’elle m’avait dit. Elle était d’accord, c’était pas drôle, alors pourquoi est-ce qu’elle me faisait un truc pareil? Je la regardai, les bras croisés contre mon ventre pendant qu’elle prenait une bonne grosse gorgée de sa bouteille d’alcool. Bon au moins, elle mangeait peut-être plus mais c’est pas de déshydratation qu’elle allait crever hein. Comme je l’avais pensé, elle ne manquait pas une chance de me remettre au visage ce que j’avais fait avec Matt. Je secouai la tête. « J’ai bien vu que ça allait pas mais j’ai pas eu le temps de faire quoi que ce soit que t’as fais ta crise merde! Tu voulais que je gère ça comment hein? » J’aurais aimé la rectifier sur le fait que j’étais pas mal baisée mais parfois - oui oui - je sais fermer ma gueule quand c’est le temps. Ça me brisa littéralement le coeur de la voir soudainement aussi émotive, et ça me fit comprendre aussi l’ampleur de la situation. Elle était là, au beau milieu du salon à me dire qu’il lui restait 6 mois à vivre. C’était quelque chose de recevoir un SMS disant ça mais c’était encore plus percutant de l’entendre de vive voix, de la pauvre bouche de la personne qu’on aime le plus au monde. Je secouai négativement la tête immédiatement. « Mais tu sors ça d’où ? » la questionnais-je en m’approchant d’elle pour installer une petite proximité. « C’est impossible Joe! » Elle pouvait bien voir l’inquiétude dans mon visage là… et l’interrogation aussi. Elle savait ça depuis quand? Je savais qu’elle allait pas bien mais pas à ce point là. Elle avait les larmes aux yeux et moi, c’était une vraie bataille intérieure pour ne pas en avoir aussi. « Explique-moi stp là… c’est à cause de ton problème de poids? T’as été voir le spécialiste comme tu m’as dis? Car tu m’as jamais donné de nouvelle pour que je t’accompagne… »

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Je regarde ma meilleure amie avec incompréhension. Comment devait-elle gérer ça? Je ne voyais pourtant pas mille et une solution pour ça, ça semblait si logique que ça en devenait presque ridicule. « Oh, j'sais pas moi... Pourquoi pas le virer de chez toi au lieu de t'accrocher à ses pieds pour pas qu'il se casse? » Le nez retroussé, j'avais la mine colérique, prête à encore exploser à tout moment mais je prenais sur moi. Parce que s'il y avait bien une personne dans ce putain de monde avec qui je ne voulais pour rien au monde me déchirer, c'était bien elle. Parce qu'elle avait marqué ma vie à jamais et que nous voir dans cet état me brisait en mille morceaux. Ce devait sûrement être la dispute la plus violente en plus de dix ans d'amitié. On en a connue pourtant des embrouilles où on s'amusait à savoir qui allait gueuler le plus fort, mais là c'était différent car je m'étais sentie trahie et laissée à l'abandon pour un homme qui a complètement brisé sa réputation du lycée. Et une fois la bombe lancée, plus aucune rancoeur n'émanait de mon être, mais de la tristesse, et surtout.. de la peur. J'avais peur de cette situation, j'en étais même effrayée. La mort était dans le fond la continuité de la vie, c'était indéniable que tout le monde allait y passer, mais j'étais effrayée, je n'avais pas l'âge pour mourir maintenant. Je ne l'avais dis à personne, je l'avais appris l'après-midi même alors que j'étais entrain de boire une bière. Génial. Je secoue la tête de gauche à droite comme pour répondre à l'interrogation d'Emma, je voyais son visage se décomposer, voir l'inquiétude se poser sur son visage. « Ca n'a rien à voir avec mon poids, enfin je pense, j'en sais rien mais j'ai été voir personne encore tu sais bien que je t'aurai prévenue pour que tu viennes avec moi. » Je souffle et lève les yeux au ciel pour lutter contre l'eau qui menaçait à présent de couler alors qu'ils étaient bien remplis. « Le médecin qui m'a suivit pour mon bras m'a fait faire une prise de sang et il m'a dit que mon foie est dans un très mauvais état. Il m'a dit mot pour mot "d'ici pas plus de 6 mois, votre foie ne fonctionnera plus du tout". » Et en disant ces mots à voix haute, je ne pouvais m'empêcher d'éclater en sanglots. Bordel je n'allais pas bien du tout et là je perdais totalement mes moyens. Je m'assied par terre, le visage entre mes mains tentant de retrouver ma respiration. « J'ai peur Emma... J'veux pas mourir, pas maintenant!! » Et là, tout se remettait en question dans ma tête. Il fallait que j'arrête de boire, que j'aille dans un centre spécialisé pour que je sois aidée, suivie. Ca allait faire quinze ans que je buvais, je ne pouvais pas y arriver seule. Moi qui, quelques mois auparavant se fichait de mourir, je tenais un tout autre discours ce soir.

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« J’étais déstabilisée, OK? » Eh ouais, j’avouais ma vulnérabilité. Elle ne pouvait pas comprendre que c’était assez déstabilisant comme situation ce qui s’était passé? Je m’étais sentis prise entre les deux… j’avais dis des choses que je regrettais dans les deux cas et là, j’essayais de rattraper les pots brisés du mieux que je le pouvais car on va se l’avouer : j’étais clairement pas la meilleure en relations interpersonnelles. Mais là, je voulais mettre tout ça de côté, surtout après la bombe que Joe m’avait lancé par SMS. Elle allait donc mourir… mais je ne comprenais pas et je voulais des explications, c’était la moindre des choses. J’étais tellement inquiète et c’était impossible de le cacher, je la regardai sans arrêt avec insistance. « Je sais bien… mais faudrait y aller là! » Ça avait assez duré. Je lui avais donné le temps de prendre courage de faire le pas mais… plus on attendait, moins elle mangeait et plus c’était dangereux quoi! Je voyais bien ses yeux se remplir d’eau… et c’était la même chose de mon côté. Pas facile de garder son calme dans ce genre de moment, avouons-le. On était pas particulièrement des filles proche de leurs émotions, mais il y avait tout de même bien des limites à ce qu’on pouvait supporter. Ça, ça en était une. D’ailleurs, je voulais plus d’explication. Elle se mit donc à m’expliquer que le médecin qui avait passé des tests pour son bras était revenu avec des résultats assez alarmant sur son foie. J’avais froncé les sourcils. « Ton foie? Mais… je comprends pas… c’est à cause de l’alcool? C’est… c’est à ce point? » Soudainement, je me sentais vraiment merdique. Oui, j’avais vu qu’elle consommait plus que d’autres mais de là à avoir un problème… ça ne m’avait jamais alarmé, je la pensais en contrôle quoi. Qu’elle faisait juste boire car elle aimait ça mais qu’elle pouvait bien s’en passer… genre qu’elle buvait pas seule dans son appartement le soir de semaine comme une ivrogne. Je bougeais pas depuis un moment, j’étais là… debout à la regarder sans trop savoir quoi dire, quoi faire. Je pouvais pas croire que c’était réellement le verdict final quoi, c’était juste impossible à mes yeux. Puis, sous le trop plein d’émotion, Joe se laissa tomber au sol, les mains devant le visage à broyer du noir. Je m’empressai de me foutre à genoux devant elle enlevant ses mains pour qu’elle me regarde. « Tu vas pas mourir! Pas maintenant, ni même avant longtemps! Je t'interdis de dire ça! » Je secouai la tête avant de la prendre dans mes bras et la serrer bien longtemps, sans rien dire… juste avoir ce contact physique qui devait lui faire autant de bien qu’à moi. J’étais pas affectueuse… sauf avec elle et même encore, ça n’arrivait pas souvent. Au bout d’un petit moment, je me reculai pour la regarder de nouveau. « Il faut faire quoi? Il t’a bien donné des conseils pour améliorer tes conditions de vie non? Je veux dire… on dit jamais à quelqu’un qui lui reste 6 mois sans amener des solutions, non? » Genre… est-ce qu’elle avait des chances quelques part? Je voulais y croire!

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Je décide de ne pas répondre à ce qu'elle venait de me dire. Dans tous les cas, ça n'avait plus grand intérêt maintenant. Tu m'étonnes qu'elle soit déstabilisée en couchant avec son ex, elle ne pensait sûrement pas que sa meilleure amie allait débarquer. Un point pour elle, elle avait raison. Je m'emportais spécialement pour pouvoir lui retourner la faute dessus alors qu'elle n'y était absolument pour rien. J'avais souvent tendance à accuser les autres de mon malheur alors que j'étais la seule et unique responsable. J'hochais simplement la tête quand elle me signifiait devoir y aller à ce fichu rendez-vous. Je le savais, et je crois qu'à cause de la nouvelle que j'avais appris par téléphone, j'allais sans doute avoir envie de me battre pour rester en vie. Mais Emma n'avait pas l'air de comprendre pourquoi mon foie était plus atteint que d'autres. Parce qu'elle ne savait pas que chez moi, je pouvais m'entamer plus d'une bouteille à moi toute seule et ce en une seule soirée. Que je me levais le matin en buvant deux bières avant de prendre ma douche, avant même d'aller pisser. Que j'emportais même un flash dans mon sac pour la pause du midi. S'en devenait grave et ça, peu de gens pouvaient se douter que c'était autant. Que c'était tout le temps. J'avais moi-même mis du temps à me rendre compte de mon problème d'alcool alors j'allais pas la blâmer de ne pas avoir vu que je tout ce que je pouvais m'enfiler seule. « J'suis alcoolique.. Je m'en suis rendue compte y'a seulement quelques mois, enfin j'ai toujours pensé ça mais j'ai jamais voulu l'assumer... J'bois constamment, et pas que quand je suis avec des gens. » Et le dire à haute voix revenait à de l'effort surhumain. Parce que c'était pas facile d'assumer ses problèmes aux autres. Parce que mes problèmes, je faisais mieux de les garder pour moi-même, par peur d'emmerder mon entourage, par peur de me perdre moi-même et pas peur surtout de me montrer vulnérable. Je m'effondrais littéralement, me mettant à pleurer et à répéter que je ne voulais pas mourir. Pour une fois dans ma pauvre vie, je me rendais compte que je ne voulais pas la perdre, que j'avais fais énormément de gâchis et dans le fond, je ne pouvais que me jeter la pierre. Mon regard croise celui d'Emma qui me force à enlever mes mains de mon visage, m'ordonnant d'arrêter de répéter ça. Mais comment voulait-elle que je sois optimiste? C'était pas le genre de nouvelle que je pouvais balayer d'un revers de main. Enfin, j'aurai pu. J'aurai pu aussi ne rien dire, remercier le médecin, lui raccrocher au nez et vivre mes six derniers mois en continuant de boire, en faisant ce que j'avais l'habitude de faire. Je serre Emma aussi fort que je peux lorsqu'elle me rejoint pour me prendre dans ses bras, et je me lâche, sans retenue. Je laisse les larmes qui ont longtemps refusés de sortir et ça en faisait beaucoup. J'aurai sûrement repoussé celle qui aurait fait ce qu'Emma venait de faire, mais son réconfort à elle me faisait du bien, j'avais surtout besoin d'elle en ce moment, parce que j'étais certaine qu'elle n'allait pas pleurer sur mon sort en me laissant crever mais me bousculer, m'agresser même s'il le fallait pour que je reprenne du poil de la bête. « J'en sais rien, il m'a dit que si j'arrête de boire immédiatement, y'aurait sûrement un espoir. Mais... Être sobre pendant six mois, c'est pas assez! Puis qui dis que je vais réussir, j'ai baigné dans l'alcool et la drogue toute ma vie! Puis de toute façon, que j'arrête de boire maintenant ou pas, j'aurai encore des problèmes de foie si j'vis assez vieille. » Je soupire après avoir reniflé, passant mon pull de laine sur mes yeux pour essuyer mes larmes avec un frottement qui me laissait les yeux rouges. « J'ai déjà du mal avec mon corps en carton, alors m'occuper de deux problèmes en même temps... j'suis pas assez organisée pour là. » J'essayais de faire passer mon émotion en disant tout et n'importe quoi. J'allais avoir besoin d'aide et ça, c'était la chose la plus difficile à s'encrer dans la tête quand t'es le genre de personne à vouloir dépendre de personne.

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Ça avait l’effet d’une foutue masse sur ma tête de l’entendre me parler de son problème. Je me trouvais tellement stupide, tellement ridicule de ne pas avoir tilter tout ça. Oui, elle buvait beaucoup mais moi aussi et puis, quand on se voyait, on buvait de la bière et tout mais la nuance était que moi, quand j’étais chez moi, je me saoulait pas à chaque soir… contrairement à elle, visiblement. J’avais immédiatement énormément de peine, non pas seulement car elle venait de m’annoncer ça, mais parce qu’elle avait des chances d’en perdre la vie et que je n’avais pas été là pour la remettre sur pieds, après toutes ses années à la côtoyer. Je savais que j’étais pas la plus géniale des amies sur terre mais bon,sang… là… je me sentais encore plus conne et j’en culpabilisais, grave. « Et t’en a jamais parlé à personne? » Elle vivait donc avec ce problème depuis un bout de temps, sans même en glisser un mot à qui que ce soit ?! Wow! Je pouvais comprendre cette entêtement à se dire qu’on était capable de s’en sortir sans l’aide de personne, là-dessus… on se rejoignait elle et moi. Mais là, il fallait qu’elle fasse face au mur qui se dressait devant elle, elle n’aurait pas le choix de se laisser aider pour escalader le tout et parvenir à passer par-dessus.

Prise toutes les deux par l’émotion du moment, j’allai la serrer dans mes bras, comme pour lui montrer mon support et lui faire comprendre que je n’allais pas laisser tomber, loin de là. Elle était probablement la personne que j’aimais le plus au monde et ses problèmes devenaient les miens… Nous étions toutes les deux des femmes fortes et entêtées, avec la motivation nécessaire, on pouvait déplacer des montagnes. Et disons que lorsqu’une vie était en danger, c’était assez motivant, merci. Du moins… pour moi. Les paroles de Joe restait bien négatives, malgré le fait que le médecin avait quand même mentionné de l’espoir pour la suite, qu’elle devait juste reprendre du poil de la bête. « Bah, tu n’auras pas le choix de t’organiser car sinon tu vas crever et on veut pas ça. » Je la questionnai du regard, à moins que elle, ça soit ça qu’elle veut? Bien sur que non, elle m’avait dit plus tôt en larme qu’elle ne voulait pas mourir, bien évidemment. Elle était pas une suicidaire, elle avait juste de gros problèmes à régler. « Si tu veux mettre toutes tes chances de ton côté, tu vas devoir commencer dès maintenant et crois-moi, je vais veiller à ce que tu sois sur le bon chemin. » Bon j’étais clairement pas le meilleur exemple de vie saine mais bon sang, j’allais pas crever de mauvaise santé dans ma vingtaine moi! Elle devait avoir le foie d’un vieil ivrogne de 70 ans là! « En commençant par ça! » déclarais-je en prenant la bouteille d’alcool encore à moitié pleine qui régnait sur la table basse du salon. Je comptais pas irradier l'entièreté de son alcool ici. Naturellement, le fait que je m'empare de son précieux la fit réagir. Je me tournai vers elle, bouteille à la main. « Tu veux t’aider ou pas? Faut faire le nécessaire là et ça inclut des sacrifices! Vois ça comme si j'étais en train de t'enlever le flingue que tu te fous sur la tempe à chaque foutues gorgées. »

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Avouer à quelqu'un son problème avec l'alcool était difficile. L'avoue à sa meilleure amie l'était encore plus. Mais j'avais passé plus de dix ans de ma vie à le cacher à tout le monde, à me la jouer personne que je n'étais pas. Et tout ça m'avait valu le fait de voir ma vie s'écourter de quelques années. D'ici juillet je pourrais finir six pieds sous terre et ça... ça faisait bien chier. J'hausse les épaules, totalement perdue. « Non, personne. T'es la première. » Et je ne lui en voulais pas. J'en voulais à personne de ne pas avoir vu mon problème car si j'avais pris soin de le cacher à tout le monde, ce n'était pas pour qu'ils le découvrent par eux même. Parce que, de toute façon, quand nous nous voyons, nous buvions alors il n'y avait clairement pas de questions à se poser de ce côté.
Et grand Dieu que ses bras enlacés autour de moi me firent du bien. Je ne me sentais plus seule, plus isolée du reste du monde. J'avais Emma à mes côtés et ça valait bien toutes les batailles du monde. Je la regarde, hochant la tête de droite à gauche pour lui soutenir l'idée que ce n'était pas ce qu'on voulait, non, je voulais vivre. J'en étais bien décidée même si j'étais certaine que le chemin allait être long et semé d'embûches. Et peut-être même que j'y arriverais pas mais au moins, j'aurai essayé. J'écoute la jeune femme, me certifiant vouloir m'aider et que je ne serai pas seule dans cette étape qui je suis certaine, allait être éprouvante. Mais je n'avais pas pensé à ce qu'elle prenne ma bouteille encore pleine posée sur la table basse quelques minutes avant. Je me levais immédiatement, prête à réagir pour reprendre mon du, payé cher en plus. « Tu veux t’aider ou pas? Faut faire le nécessaire là et ça inclut des sacrifices! Vois ça comme si j'étais en train de t'enlever le flingue que tu te fous sur la tempe à chaque foutues gorgées. » Alors je me ravise. J'ouvre et ferme la bouche, ne trouvant plus rien à redire. Elle avait raison. Evidemment! Mais c'était comme si on m'enlevait quelque chose à quoi je tenais, quelque chose d'important à ma vie. Parce qu'une addiction restait forte, parce que je me sentais comme démunie à présent. Je suis Emma alors qu'elle se dirige vers la cuisine, vidant le contenu dans l'évier. Je me sentais conne à cet instant, mais mes larmes recommencèrent à couler alors que je restais silencieuse. Ce n'est qu'une fois la bouteille vide et le regard de ma meilleure amie retourné vers moi que je retrouvais la parole. « Tu sais que je risque d'être encore moins facile à vivre pendant le temps de mon "sevrage"? » Je mime les guillemets avec mes doigts. J'avais vu beaucoup de films où les alcooliques qui se soignaient avaient des crises, des étapes où ça n'allait pas du tout, où ils étaient à deux doigts de retomber dans leurs travers. Je ne voulais pas risquer de perdre ma meilleure amie pour ça. Je lui prend la bouteille vide des mains, regarde le verre un instant et le jette dans la poubelle. J'ouvre mon frigidaire pour y sortir toutes mes bouteilles de bières, de vins blancs, dans mes placards pour y sortir mes bouteilles de whisky et tequila, posant le tout sur le plan de travail. « Tu peux décemment pas me laisser vivre avec ces bouteilles sous mon toit. Parce que la moitié sera partie à la fin de la semaine. » Je soupire et me rend compte, en voyant toutes les bouteilles de verres posées l'une à côté de l'autre à quel point j'avais l'air d'une pochtron. « Alors prends les ou jette les mais faut pas qu'elles soient là. » Je regrettais déjà, parce que ça me faisait mal au coeur.

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J’étais la seule au courant du sort qu’attendait ma meilleure-amie si elle ne se prenait pas en main. C’était une grosse pression car soudainement, je me sentais responsable d’elle et je voulais être là pour l’aider. Mais j’étais tellement pas douée pour être raisonnable moi-même comment je pourrais être un exemple à suivre pour elle? Je me disais toutefois que je devais le faire, car elle était importante et je voulais que tout soit mieux pour elle, que cette foutue période noire soit chose du passé. J’avais donc décidé de prendre les choses en mains en agrippant la bouteille qui reposait sur la petite table basse devant elle. Naturellement, ça le fit réagir. Un peu comme une maman ours sur un de ses bébés quoi. Limite, je me demandais si elle allait me frapper. Mais elle s’arrêta, remarquant bien à quel point sa réaction était exagérée. Je tournai les talons pour me rendre jusqu’à l’évier et vider l'entièreté de son contenu. Quel gaspillage! Mais bon, il le fallait. Une fois le tout terminé, je me tournai vers elle pour croiser son regard couvert de larmes… gosh que j’aimais pas la voir ainsi, elle qui était toujours si forte, à qui ça prenait tout pour laisser entrevoir ses émotions. « Est-ce que tu penses que ça me fait peur? » demandais-je en soulevant les sourcils. On s’en faisait vivre des choses l’une à l’autre donc j’avais pas trop peur d’affronter la lionne augmentée qu’elle allait devenir, à ses dires. Au final, je pensais que c’était une bonne chose que je m’occupe d’elle, je pensais être la bonne personne pour le faire puisque j’avais les nerfs et le caractère pour lui tenir tête mieux que personne d’autre. Je tenais toujours la bouteille dans les mains jusqu’à ce qu’elle se décide à la prendre pour la regarder et la jeter à la poubelle, se tournant ensuite vers son frigo pour en sortir une tonne ainsi que dans ses armoires. J’étais vachement impressionnée de la quantité. « Euh ok… je te débarrasse de tout ça… t’es certaine qu’il reste plus rien nul part? Tu veux que je fasse le tour au cas où? » J’ouvris d’abord les bouteilles de vins déjà ouvertes pour les vider dans l’évier, même chose pour les bières que je balançai dans un sac poubelle. J’allais même pas laisser trainer ça devant chez elle, j’allais m’assurer de les jeter bien ailleurs. « Fuck, t’as de quoi t’ouvrir une boite de nuit ici! Par contre, je vais garder ça! » Du Whisky encore neuf, on allait pas gaspiller ça hein! « Mais t’es certaine que tu veux rester ici toute seule? Tu sais… depuis que Brady n’est plus là, j’ai encore une chambre de libre dans mon appartement… t’es la bienvenue en attendant de reprendre sur toi. » Après tout, peut-être qu’un peu de compagnie allait mieux faire passer le truc quoi.

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Il fallait passer par là, c'était inévitable si je voulais m'en sortir. Et Emma semblait être la meilleure personne pour être au courant. Certes ça ne s'était pas fait dans les meilleures auspices, mais au moins elle était au courant. Je n'avais pas envie de tenir d'autres personnes au courant, encore moins Chad et Brooke. Je soupire en la regardant, non, elle était prête à subir mes sauts d'humeurs beaucoup plus élevés que la normale. C'était même la seule car dans le fond, elle ne serait pas blessée par mes dires, par mon comportement comparé à mes deux autres meilleurs amis. Elle avait les épaules pour. Et heureusement que je l'avais dans ma vie celle-là autrement, je ne sais pas ce que je serai devenue. Je commence à lui sortir toutes les bouteilles que j'avais, tout ce dont j'avais besoin. L'idée même de ne pas pouvoir aller me coucher avec une bonne grosse gorgée de tequila me rendait malade intérieurement. Encore plus lorsque je savais que le lendemain matin, j'aurai pas le droit à ma bière habituelle. « Non c'est bon, tout est là. » Elle me regarde, l'air peu certaine. Elle avait raison d'être comme ça mais pour le coup, j'étais sincère et ça me frustrait un peu qu'elle n'en soit pas si sûre. « Croix d'bois, croix d'fer. » Pour lui assurer. Je me frotte les bras avec mes mains en la regardant faire, en la regardant vider tout le liquide qui se trouvait dans chaque bouteille et c'est à cet instant que je me rendais compte à quel point c'était pas normal d'avoir tout ça chez soit. Je baisse les yeux vers le sol alors qu'elle me dit garder la bouteille de whisky neuve pour elle, si ça lui faisait plaisir, de toute façon elle ne me servirait plus à rien. « Euh.. » Je me mord la lèvre inférieur suite à sa demande. C'était tentant, je l'avoue. Mais ça me freinait aussi. Allais-je devenir dépendante d'elle maintenant? Mais je ne pouvais décemment pas rester seule à l'appartement, du moins pour le moment. « Okay j'accepte mais j'veux pas que tu m'épis ou pire, que tu fouilles la chambre pour voir si j'ai pas fais de réserve, ok? » Le comble, j'impliquais mes propres règles dans son propre chez-elle. L'hôpital qui se foutait de la charité. Alors que j'étais juste censée la remercier pour ce qu'elle faisait pour moi. « Pardon, ok.. Merci Emma, ça me touche. » Je devais bien laisser cette fierté de côté, je venais après tout de chialer ouvertement devant elle. Je la regarde alors que les bouteilles vides étaient entassées sur le plan de travail et décide de la prendre dans mes bras, sans raisons apparentes, juste pour la sentir contre moi. Parce que nous n'étions pas si tactiles de base, mise à part pour une autre activité précise. « Et ça va pas te déranger, t'es certaine? »

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