Ce n'était plus possible. Il ne pouvait pas faire semblant que tout allait bien et que Chris n'était pas allé signer un accord avec son patron, avec celui qui tenait Erwan enchaîné. Peut-être que son tortionnaire avait été Sawyer, et que c'était lui qu'Erwan voulait fuir avant tout, mais sans son boss, il n'y aurait jamais eu Sawyer. S'il n'avait pas eu ces stupides lundis soirs, si toutes ses nuits il les avait simplement passées ici. Au lieu de faire le trottoir pour satisfaire quelque chose chez son boss. Il n'aurait alors jamais connu Sawyer. Et Chris, au lieu d'être loyal, au lieu de se cmporter comme un ami, il avait préféré pactiser avec le diable. Erwan ne pouvait pas le lui pardonner. Alors là tu rêves! Tu reste Mon ami que tu le veux ou non et je vais veiller sur toi-même si tu n'en à pas envie! Après tu veux plus me parler, bien, mais tu va vite te lasser! Evidemment. Parce que Chris ne comprenait rien à rien, et Erwan avait beau le lui répéter, Chris ne comprenait pas. Ou alors il n'écoutait pas. La raison de son mal, c'était l'emprise que les autres avaient sur lui, et voilà que comme tous ces autres hommes, Chris lui imposait ses choix en lui répétant bien qu'il n'en avait aucun. C'était désespérant et légèrement dégoûtant. Il secoua simplement la tête avec cette même expression, et ne répondit pas. Ca ne servait à rien. Il lui restait juste à subir, encaisser, et attendre qu'une occasion se présente. Il laissa Chris s'amuser à faire les courses pour eux deux, poser ses questions idiotes, comme si cela importait à Erwan. Il se contentait de hausser les épaules ou de l'ignorer simplement. Ils finirent les courses, Erwan ne pouvant s'empêcher de zieuter le caddie et de se dire que tout ça était clairement pathétique, puis ils allèrent chez Chris. Erwan n'avait pas été ici depuis une éternité, avec tout ce qui était arrivé récemment. Il aurait cru que passer la porte lui ferait quelque chose, mais non, il se sentait terriblement vide. Chris abandonna les sacs de courses pour aller faire le tour de la maison, Erwan comprit très vite pourquoi. C'était pitoyable. Il était ici, dans cette maison immense, et il ne savait pas quoi faire de lui-même. Il resta planté dans l'entrée, jusqu'à ce que Chris ait fini son petit numéro et qu'il se rende dans la cuisine. Erwan monta alors à l'étage, alla au fond du long couloir sombre, et s'assit par terre, adossé contre le mur, les jambes repliées. Erwan, tu veux manger quelque chose de spéciale ce soir? il entendit quelques minutes plus tard. Il ne répondit pas. Quand Chris apparut au bout du couloir, lui reposant la question, il secoua la tête sans même le regarder. Il n'avait envie de rien, il ne savait pas pourquoi c'était si difficile à comprendre. Il n'y avait plus rien pour lui ici, et le seul espoir qu'il avait, c'était celui que Chris finisse par comprendre que le seul bien qu'il pouvait lui faire, c'était le laisser partir.