La semaine avait été très longue et en même temps très courte. Je n'avais pratiquement pas dormis, entre le boulot, les insomnies et mes séances de dialyse. Dimanche était enfin arrivé et avec lui mon jour de repos, mais à Miami rien ne dort. Sur un coup de tête j'étais donc parti à la fourrière pour y adopter un adorable petit chien. Je ne voulais pas d'un chiot qui fasse pipi partout, qui mordille mes pieds de chaise ou qui me réveille toute les nuits pour que je joue avec lui. Non. J'avais donc décidé de prendre un chien un peu plus âgé, un bâtard dont personne ne voulait car il était la depuis presque un an. Il était adorable, bien qu'un peu cracra mais tant pis, un bon bain et il serait tout propre. En rentrant chez moi je lui avais donc fais prendre un bain, chose qu'il avait adoré puis c'est ensemble que nous sommes allez à l'animalerie lui acheter tout le nécessaire, un panier, des croquettes, des os, pleins de jouets... pire qu'un gosse. A cette pensée mon sourire s’effaça un peu mais Coocky, oui c'est bien son nom se mit à me sauter dessus, comme pour me réconforter.

En rentrant chez moi je vis un trousseau de clef posé sur mon meuble d'entrée. C'était les clefs de voitures de Tim et à chaque fois je me disais que j'allais lui rapporter mais je me ravisais bien vite, de peur de sa réaction. Cette fois ci c'était décidé, j'allais lui ramener, mais ou le trouver ? Peut être à la caserne des pompiers, je ne voyais que cet endroit car je ne savais même pas ou il habitait. Prenant mon courage à deux mains je pris la route de la caserne laissant Coocky chez moi pour qu'il se repose un peu, après tout c'était beaucoup d'émotion pour lui aussi. Au moins lui avait trouvé une famille... La caserne n'était pas tellement loin et lorsque je fus arrivé devant je n'avais qu'une envie, prendre mes jambes à mon cou. Un homme s'approcha de moi, j'avais sûrement l'air perdue à attendre ainsi devant l'énorme bâtiment. « Je peux vous aider ? » me demanda t'il en s'approchant encore plus. « Je cherche un certain Timothy... » dis je d'une voix basse. Il m'invita à le suivre et me laissa à l'accueil avant de prendre les escaliers pour aller le chercher. Les minutes passèrent et ma bouche s'asséchait de plus en plus jusqu'à ce que quelqu'un redescende. C'était lui... Je soufflais, attendant de voir sa réaction. Une semaine c'était passé depuis notre rencontre et peut être n'avait il pas envie de me voir, peut être que je lui rappelais de mauvais souvenirs. Un silence pesant s'installa et voyant qu'il ne bougeait pas je m'approchais de lui et une fois à sa hauteur lui tendit ses clefs. « Je voulais juste te ramener ceci, tu les avais oublié... » dis je en lui déposant ses clefs dans sa main.
Que devais je faire ? Partir, rester ? Voyant qu'il ne disait rien je fis demi tour pour prendre la direction de la sortie. S'il ne voulait pas me parler je ne pouvais pas le forcer.
 

La semaine m’avait sembler durer une éternité ! Je n’avais d’ailleurs jamais trouvé le temps aussi long. Les images d’Ashley ou d’Isabella revenaient sans cesse. Je tentais de me persuader que sa survie était impossible et pourtant, j’arrivais toujours à la même conclusion. Ashley n’était pas morte il ya 5 ans ! Elle avait survécu et je l’avais retrouvée…avant de lâcher comme une merde. Je n’étais pas fier de moi pour le coup mais… je n’avais rien trouvé de mieux à faire.  Je m’étais résigner à prendre mon courage à deux mains pour aller lui parler mais… comment m’y prendre ? Je ne savais rien d’elle si ce n’est qu’elle venait se faire dyaliser plusieurs fois par semaine. Et là encore, je me voyais mal me pointer à l’hôpital pour lui parler…

Du coup, voilà une semaine que je laissais trainer cette histoire, sans pour autant parvenir à m’enlever ça de la tête. Heureusement, je travaillais beaucoup cette semaine. Cela me permettait de me détendre, bizarrement….

J’étais en train de ranger des dossiers quand un de mes collègues vint m’interpeller. Quelqu’un était là pour moi. C’était plutôt bizarre. Personne ne venait me voir sur mn lieu de travail. Même pas ma mère. Je descendis les marches qui menaient à l’entrée de la caserne et tomba sur elle… Mon cœur rata un battement. C’était tellement bizarre comme situation. Je m’approchai d’elle et la salua d’un léger sourire, probablement crispé. « Hum … merci. » dis-je en récupérant mes clés. Je mis un instant avant de reprendre la parole. « Je suis désolé d’avoir pris la fuite l’autre jour… C’est tellement bizarre. » avouais-je avant de lui faire signe de me suivre. Parler dehors serait plus agréable et probablement plus intime vu toutes les oreilles indiscrètes qui trainaient ici.

 

J'allais partir lorsqu'il ouvrit la bouche. Ses paroles résonnèrent en moi comme un soulagement. Il était désolé, il s'excusait d'avoir prit la fuite et pour ce justifier il me dit juste que c'était bizarre. Ce jour la j'avais bien crus que c'était à cause de moi, qu'il ne voulait pas me revoir et encore maintenant peut être voulait il simplement que je lui lâche les baskets et c'est pour cela qu'il m'entraînait dehors. S'en dire un mot je le suivit donc jusque dehors et quand il s'arrêta je restais derrière lui, attendant qu'il se retourne. J'appréhendais qu'il me dise de repartir, de rentrer chez moi alors que j'avais tellement envie d'en savoir plus, de savoir comment s’appelait mes parents, ou j'avais vécu, si j'avais des frères et sœurs adoptifs... « Je... je ne voulais pas réveiller en toi de mauvais souvenir, je ne sais pas comment j'aurais réagit si j'avais été à ta place. » Cela devait être assez compliqué de passer du "ma meilleure amie est morte" à "ma meilleure amie est vivante mais elle m'a complétement oublié".  Mais j'avais aussi de bonne raison d'être en colère après lui. Si vraiment j'avais été sa meilleure amie durant notre adolescence il aurait dut m’appeler, venir me voir, je ne sais pas mais au moins donner signe de vie durant toute cette semaine. Il n'y avait pas que pour lui que cette situation était difficile à gérer. Ça en plus de mes allez retour à l'hôpital j'étais complétement épuisé. Mes nuits étaient entrecoupés de cauchemars, tout du moins quand j'arrivais à dormir car la plupart du temps j'étais prise d'insomnie. « Je veux juste savoir... pourquoi tu ne t'es pas manifesté durant toute cette semaine ? Si tu ne veux rien à voir à faire avec moi je m'y résignerais mais... » mais j'avais envie d'en savoir plus sur lui, sur moi, sur nous. Il était peut être la clef d'un secret que je gardais bien enfoui au fond de moi. « Mais je n'ai pas envie de me dire que l'on vient de se retrouver pour mieux se quitter » dis je en baissant les yeux, honteuse d'être aussi faible face à cette situation.

Une nouvelle fois, la situation était des plus bizarres. Je ne m’étais pas préparé à ce qu’Ashley face le tour des casernes  de la ville et débarque ici, mais elle l’avait fait et je me sentais encore plus bête de ne pas avoir fait le premier pas. Je ne savais pas quoi dire. Ce n’était pas évident à encaisser. Oui, elle était vivante et je devrais être le plus heureux des hommes. Seulement voilà, elle ne se souvenait même pas de moi. Après tout ce que nous avions vécu ensemble, j’étais un total inconnu à ces yeux. Autant dire que cela faisait mal.

Quoi qu’il en soit, maintenant qu’elle était là. Il était temps de parler et peut-être que lui parler de son passé l’aiderait à se souvenir. Du moins, je l’espérais. Après l’avoir remercié pour les clés, je lui fis signe de me suivre dehors. Là-bas, il n’y aurait personne pour nous écouter.  Elle prit la parole et je me sentis une nouvelle fois bête face à cette question. Je sortis un paquet de cigarette et en porta une à ma bouche. Je l’allumai et après avoir pris une bouffé, je pris la parole. « C’est pas ça Ash’, au contraire… C’est juste que comme tu l’as si bien souligné, beaucoup de mauvais souvenirs remontent à la surface… J’ai eu beaucoup de mal à faire mon deuil… C’était déjà pas facile entre la mort de mon père et le coma de mon frère… Et voilà que j’apprends ta mort et que ta mère  m’accuse d’être fautif de tout ça… j’étais très mal ouais…. Ca a pris du temps, mais je m’en suis remis et… voilà que tu débarques de nulle part… Il me faut un peu de temps avant de réaliser vraiment. » dis-je simplement avant de reporter la cigarette à ma bouche. « Hum, ça me regarde pas mais… je pense que tu devrais appeler tes parents… Ma mère est toujours en contact avec eux. Je peux leur demander leur numéro, si tu veux. »

J'avais trouvé l'endroit ou travaillait Tim et je n'avais qu'une crainte, qu'il me dise de partir, de ne jamais revenir. Il était le seul à connaître ma famille adoptive, à connaître une partie de ma vie que moi même j'avais oublié. Et à ses côtés je ne sais pourquoi mais les souvenirs revenaient un à un, comme s'il était un déclic pour ma mémoire. Lorsqu'il se mit à parler je l'écoutais sans dire un mot et de plus en plus je me sentais mal à l'aise. « Je suis vraiment désolé »dis en l'écoutant me parler de sa vie. Il avait perdu son père, son frère était ou avait été dans le coma et... ma mère lui reprochait ma soit disant mort.... Mais pourquoi ? Je n'eus pas le temps de lui poser la question qu'il me parla de mes parents, du fait qu'il pouvait avoir leur numéro et que je devrai peut être les appeler. « Je ne sais pas si c'est une très bonne idée... » Après tout la Ashley qu'ils avaient connus n'existait plus, maintenant c'était Isabella et on ne peut pas dire que j'étais une fille très.... fréquentable, même pour Tim. « Je ne l'ai reconnaitrais même pas et... enfin pour l'instant je ne peux pas » dis je en secouant la tête. Une question me restait à l'esprit, pourquoi ma mère avait reproché ma mort à Tim, il n'y était pour rien si le train avait eu un accident. C'est la qu'un coup de massue s’abattit sur ma tête. Et si c'était à propos de l'enfant ? Cela voudrait dire que lui et moi on aurait... enfin vous voyez quoi. Il fallait que je sache et moi qui étais habituellement si directe et franche devant lui j'étais toute intimidé de lui parler de ça. « Ça va peut être te paraître déplacé mais... enfin je veux savoir si... enfin si toi et moi on a déjà... coucher ensemble » dis je en ayant du mal à terminer ma phrase. Tout aller dépendre de sa réponse. Si c'était oui alors cela voulez dire que ce bébé qui avait survécu dans mon ventre,  ce petit être que j'avais mis au monde, c'était aussi l'enfant de Tim... Lorsqu'il me répondit je sentis mes jambes vaciller et ma respiration s'accélérer. Je me revoyais avec ma mère, me disputant à propos de cette grossesse. Elle me disputait, me disant que j'aurais dut leur dire plus tôt, que maintenant que je ne pouvais plus avorter j'allais devoir l'abandonner. Je la revoyais aussi me forçant à monter dans ce train. Tout me revint à l'esprit. Mes parents m'avaient envoyé à l'autre bout du pays, chez une tante pour que j'y termine ma grossesse à l’abri des regards. Avoir un bébé à 16ans c'était une honte pour eux. Sauf que je n'étais jamais arrivé à destination. « Il faut que je m’assieds un instant » dis je en m'installant dans l'herbe non loin de là. Devais je lui dire ? Il était déjà tout chamboulé de m'avoir retrouver alors si je lui annonçait ça sans prendre de gant il allait surement me détester pour le reste de sa vie.

Un deuil est toujours long et difficile à faire. Ashley ou Isabella, n'avait pas échappé à la règle. D'autant plus que nous étions très proche et que seulement 2 ans ½ auparavant, j'avais déjà perdu mon père. Autant dire que mon adolescence n'avait pas était très facile. Pourtant, je tentais toujours de ne garder que les bons souvenirs et malgré tout, il y en avait. « Il n'y a pas à être désolé. C'est la vie et on y peut rien. » Il faut simplement la prendre comme elle vient.

Maintenant que je savais qu'elle était en vie, il fallait qu'elle le dise à ses parents. Ils avaient énormément souffert. La preuve est que sa mère m'avait toujours tenue responsable de ce malheur. Je n'avais jamais vraiment compris pourquoi mais... je ne lui en avais jamais vraiment tenu rigueur. Elle avait perdu sa fille et c'était bien normal d'être dans le déni et de chercher absolument un coupable. Seulement, j'aurais préféré que ce ne soit pas moi. Ashley avait du mal à se projeter avec ses parents. C'était normal et je ne pouvais que respecter son choix. Il était peut-être encore trop tôt pour cela.

Ces propos suivants eurent le don de me gêner quelque peu. Ce n'était pas les propos en eux-même qui me gênaient mais plutôt la situation. J'allais parlais de ça à une fille qui ne s'en souvenait plus... génial... « Oui... On était plus ou moins ensemble avant ton décès, enfin l'accident plutôt... Ca a jamais vraiment été clair entre nous et... quand j'ai voulu que cela le soit, tu m'as ignoré. En fait... au moment de l'accident, on ne se parlait plus depuis déjà des semaines. J'ai jamais compris pourquoi et … je ne pense pas que ce soit maintenant que j'obtienne une réponse. » dis-je dans un léger rire. Non, son amnésie ne nous aiderait pas.

Tout à coup, son teint se blêmit et je compris que j'avais dit quelque chose de déplacé. « Ca va ?! » m'inquiétais-je. Peut-être l'avais-je fait culpabilisé ? Elle s'installa sur l'herbe et je jetai ma cigarette avant d'aller la rejoindre. Je m'accroupis rapidement face à elle et pris la parole. « Euh, je voulais pas te faire culpabiliser en quoi que ce soit hein ! C'est du passé. C'était une amourette d'adolescent, on va pas en faire toute une histoire, hein !? Même si tu t'en rappelles pas, tu n'as pas à te reprocher quoi que ce soit ! » Depuis tout ce temps, j'avais eu le temps de tourner la page ! « Je vais te chercher un verre d'eau. Bouge pas. » Je repartis dans la caserne en courant et revint presque aussitôt avec un verre d'eau à la main. « Ca va mieux ? » demandais-je un fois le verre vide.

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La situation devenait de plus en plus compliqué. Tim m'expliqua alors qu'autrefois on avait été ensemble, enfin plus ou moins. Je me souvenais de tout, de la dispute avec ma mère, le billet de train alors que je voulais tout dire à Tim, les menaces, les pleurs de ma mère me disant que j'avais déshonoré ma famille... Devais je lui dire que je me souvenais d'absolument tout ? Devait il savoir que quelque part à Miami il avait un enfant de presque 6 ans ? Le choix était très compliqué mais je ne pouvais pas gâcher ce tel moment, je venais juste de le retrouver et si je lui disais une chose comme ça j'étais sur et certaine qu'il m'en voudrait à vie, même si les coupables dans l'histoire ce sont mes parents. Tim s'excusa en voyant ma réaction mais il ne pouvait pas comprendre. Il partit me chercher un verre d'eau et quand il revint je le bus d'une traite, essayant de dénouer le nœud qui s'était fait au fond de ma gorge.  « Oui merci.... » dis je en lui rendant le verre. Jamais je n'aurais pensé que je retrouverais le père de mon enfant, moi qui pensait que j'avais surement eut une amourette d'un soir. Alors qu'en faite j'avais gâché ma jeunesse à cause de mes parents. C'était eux qui m'avait éloigné de lui, qui m’avais empêché de tout lui dire. Et maintenant j'étais coincé, prise entre deux feu. Celui de lui dire la vérité et de le voir partir pour de bon ou alors lui mentir et continuer à être son amie, celle qu'il avait connu autrefois. « Tu as raison c'est du passé... profitons du présent. » C'était la pire décision que je venais de prendre de ma vie mais c'était pour notre bien à tout les deux, enfin c'est ce que je pensais. « Tu termine à quel heure aujourd'hui ? Je me disais qu'on aurait put aller prendre un verre quelque part après ton travail... » C'était peut être égoïste de ma part mais je n'avais pas envie de lui quitter maintenant. Je voulais rattraper le temps perdu maintenant que mes souvenirs refaisaient surface. Surtout qu'aujourd'hui j'étais en pleine forme, n'ayant pas eu de séance de dialyse.
Tim m'annonça qu'il termine à 18h alors lui faisant un petit bisou sur la joue je lui donnais rendez vous devant chez moi a 19h30. J'espérais simplement qu'il n'allait pas se désister au dernier moment.
J'étais donc rentré chez moi, un mélange de joie et de tristesse me noué l'estomac. J'étais très heureuse de l'avoir retrouvé mais en même temps toutes ces révélations étaient un véritable choc à encaisser. Pour l'occasion j'avais sortit une robe bustier que je ne mettais presque jamais ainsi que des talons. Les cheveux noués en un chignon et une touche de maquillage vinrent parfaire le tout et lorsque j'entendis sonner je me précipitais pour ouvrir la porte, mes chaussures encore dans les mains. Tim était très ponctuel et tout en ouvrant la porte je voulu enfiler une de mes chaussures mais l'équilibre me fit défaut et je me retrouvais dans ces bras. « Pile à l'heure » dis je dans un sourire nerveux alors qu'il m'aidait à me redresser.

Elle m’avait posé une simple question à laquelle j’avais tenté de répondre le plus honnêtement possible. Ce n’était peut-être pas facile à digérer pour elle, mais oui, elle avait mis de la distance entre nous juste avant son accident. Néanmoins, ce n’était pas une raison pour se mettre dans cet état-là. C’était il y a presque 6 ans, il y avait prescription depuis ! J’avais eu le temps de tourner la page et je ne lui en voulais pas. Je n’étais pas comme. Après un verre d’eau, elle parvint à se ressaisir. Tant mieux car je n’aurais pas su quoi faire pour la calmer.

Elle me proposa de nous retrouver le soir pour discuter. Après tout en 6 ans, nous en avions des choses à nous dire. Et puis, évoquer le passé, lui permettrait peut-être de se remémorer des choses. Du moins, je l’espérai sincèrement. Même si elle ne se souvenait pas trop de moi, il fallait qu’elle se rappelle de ses parents, c’était essentiel. Le rendez-vous était donc pris après mon boulot.

Le reste de la journée fut calme, une seule mission et peu grave. Un femme avait perdu connaissance à cause de la chaleur. J’étais donc rentré chez moi à l’heure. Le temps de sortir Cookie, de prendre une douche, d’enfiler des vêtements propres qu’il était déjà l’heure de partir chez Ashley. Je trouvai rapidement l’adresse qu’elle m’avait indiquée. Lorsqu’elle ouvrit la porte, je me rendis compte que je faisais totalement tâche à côté d’elle. J’avais enfilé jean et un tee-shirt blanc. C’était clairement trop décontracté face à sa jolie robe et ses talons. D’ailleurs, en voulant enfiler un de ses talons, elle perdit l’équilibre et je la rattrapai au vol. « Toujours. » dis-je dans un léger sourire avant de la lâcher. « Désolé, je fais clairement tâche là ! » dis-je en comparant ma tenue à la sienne.

On sortit alors de sa résidence et nous rendîmes dans un bar non loin de là. On s’installa à une table, attendant que le serveur nous voit. « Alors, … qu’est ce que tu deviens ? »

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Le reste de la journée avait été très compliqué. Le petit diable sur mon épaule me disait de ne rien dire, de faire comme ci de rien était alors que le petit ange de l'autre côté voulait que j'avoue la vérité. J'avais donc décidé de suivre le côté du mal, de ne rien dire et de tout garder pour moi. Tim arriva pile à l'heure et en perdant l'équilibre je me retrouvais dans ses bras. Il m'aida à me redresser avant de comparer nos deux tenues. Moi je le trouvais très bien ainsi, pas trop sophistiquer mais pas non plus trop cool. « Tu es très bien ainsi, ne t'inquiète pas » lui dis je en sortant de chez moi et fermant la porte à clef. C'est vrai que j'avais tendance à trop en faire mais c'était la première fois que je sortais avec un ami alors je voulais marquer le coup. La plupart du temps je sortais avec des hommes qui avait autre chose en tête que de simplement boire un verre. Du coup mes tenues allaient en conséquences et en général elles étaient beaucoup plus sexy que cette robe.

Arrivés au bar nous nous installions donc à une table en attendant qu'on vienne prendre notre commande et c'est là que la question fatidique arriva. Qu'est ce que je devenais ? Je me voyais mal lui dire "Eh bien tu vois, je suis barmaid et gogo danseuse et avant je faisais les trottoir pour pouvoir manger et payer mon loyer." Je réfléchis à toute vitesse pour trouver quoi lui dire mais à part lui dire la vérité je ne voyais pas d'autre choix, je lui mentais déjà assez pour en plus lui mentir sur ma vie présente. « Je travail dans un bar, je suis le plus souvent derrière le bar mais il m'arrive aussi de faire des extra... » dis je en lui faisant un petit sourire gêné. Je n'avais pas honte de moi, de mon travail n'y de ce que j'avais du faire pour arriver jusque la mais ça me gêné de parler de ça à Tim, lui qui devait avoir une image de l'ancienne Ashley assez calme, simple et courageuse, pas d'une fille qui couche avec n'importe qui pour de l'argent et qui déhanche son corps devant des dizaines de mecs pour quelques billets.
Heureusement le serveur vint me sauver en apportant la carte des boissons et je me cachais derrière, évitant soigneusement de croiser le regard de Tim. J'essayais de me concentrer sur toutes les sortes de cocktails et autres choses à boire mais je n'y arrivais pas, sentant le regard de Tim posait sur moi. Je levais lentement les yeux au dessus de la carte et voyant qu'il me regardait  je l'abaissais donc, sachant que je ne pourrais pas me dérober une nouvelle fois. « En faite je danse pour de l'argent, j'en ai besoin pour payer mes séances de dialyse, » dis je ne soupirant. Sans ça il me serait impossible de me soigner et je serais morte depuis longtemps. Et puis je devais économiser si un jour on me trouvait un rein je devais payer l'opération de ma poche et ce n'était pas donné. Voulant à tout prix changer de conversation je pris un mojito avant de poser mon regard perçant sur Tim. « Et toi, pourquoi pompier ? » demandais je en croisant les jambes et m'installer dans le fond de ma chaise.

Arrivé devant chez elle, je me demandai ce dont nous allions bien pouvoir parler. Du bon vieux temps ? Ca serait bizarre, sachant que je se serai le seul à m’en souvenir. De nos vies actuelles peut-être ? Pour ma part, on aurait vite fait le tour ! Ces après quelques instants, perdus dans mes pensées, que je me décidai à sonner. C’est une tout autre Ashley qui se présenta devant moi. Bien loin de celle que j’avais connue ! Du coup, je me sentis gêné de ma tenue. Certes, je n’étais pas venu en tenue de sport, mais… j’étais quand même super décontracté pour le coup. Elle tenta de me rassurer, mais j’étais persuadé qu’elle disait cela simplement pour me faire plaisir.

Nous arrivâmes rapidement au bar et nous installâmes à une table. En attendant le serveur, je la questionnai sur son boulot. Il fallait bien commencer par quelque chose. Nous allions pas passer la soirée à nous regarder dans le blanc des yeux ! Elle était apparemment bermaid et faisait parfois des extra. Mais apparemment, elle nous voulait pas approfondir ce qu’elle appelait extra. C’était plutôt louche, mais je respectai son choix et ne lui en demandai pas plus. Puis même, peut-être qu’il était préférable que je ne sache pas. « T’as bien du courage ! Je suppose que ça ne doit pas être évident surtout à 3 heures du matin quand les seules clients qui restent sont bourrés et remplis de testostérone ! » plaisantais-je. Enfin, la vérité ne devait pas être si éloignée !

Ce n’est que quelques instants après qu’elle me parla des extras. C’était clairement moins pire que ce que j’imaginais. Pourtant, la raison me révoltait. Danser pour se soigner. « Je trouve ça fou quand même qu’au jour d’aujourd’hui on soit obligé de se démerder pour se soigner. » Ce n’était pas comme si Ashley avait le choix ! C’était dialyse ou mort ! L’état était clairement mal foutu !

« Et bien, ça va te paraître très cliché mais… Ca m’a paru être une évidence » riais-je alors qu’elle me demandai pourquoi j’étais pompier. « En fait, quand j’ai débarqué ici, j’ai d’abord fait une année en fac de droit. Mon père était avocat » ajoutais-je, me rappelant qu’elle ne devait plus s’en souvenir. « Du coup, j’ai voulu faire comme lui. Je n’étais pas mauvais, juste pas passionné. Je sais pas, j’avais envie d’aider les gens mais pas en apprenant toutes les lois qui peuvent exister ! Puis avec l’état de mon frère, je sais pas, ça m’a paru être une évidence. » ajoutais-je.


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