Les petits poissons dans l’eau

Je n’allais que très rarement à la piscine et pourtant à chaque fois que j’y allais j’adorais ça. Mais comme je ne savais pas très bien nager, j’avais toujours besoin d’être accompagnée. C’était pas toujours facile de trouver quelqu’un prêt à se motiver pour aller piquer une tête mais de temps à autre j’arrivais à convaincre un de mes amis comme aujourd’hui avec Tim. Ça pouvait paraitre un peu étrange que du haut de mes nombreuses années de vie, je ne sache pas très bien nager. Mais en même en temps, lorsqu’on vivait dans un complexe enfermé sur lui-même et en plein milieu d’un désert, la mer ou la piscine n’était pas ce que j’avais sous la main. Tim connaissait mon histoire, il était l’une des rares personnes à savoir cela de moi et ça en faisait un bon ami en qui je pouvais avoir confiance. D’ailleurs, en parlant de confiance, je lui avais confié mon éducation de petit poisson et à chaque fois que l’on se voyait à la piscine il me donnait quelques petits tuyaux pour m’améliorer.

De bonne heure, pour éviter la foule dans les bassins, j’avais donc pris la direction de la piscine municipale, mon petit sac de sport sur le dos. Il faisait chaud. On sentait que l’était avait posé ses bagages. A Miami le temps était très souvent très clément, mais là il y avait une nette augmentation des températures. Prendre les transports en commun commençait à être un peu désagréable sans l’air conditionné dans les véhicules et avec l’entassement des uns et des autres. Quand je pouvais je prenais mes deux petites jambes et je marchais, comme aujourd’hui. Une fois arrivée à la piscine, je me dirigeai vers le guichet pour acheter une entrée en attendant mon ami. Celui-ci ne tarda pas. Quand je me détournai de la caissière je le vis derrière moi. Je lui fis un sourire et m’approcha de lui pour le saluer.

« Tim ! Comment ça va ? » dis-je en lui faisant la bise.

Cela faisait un petit moment que je ne l’avais pas vu. Entre nos boulots respectifs et nos vies personnelles prenantes par moment, nous avions eu du mal à nous caler un moment pour se voir. Mais on y était arrivé. J’étais contente de passer quelques heures en sa compagnie. Je le laissai payer son entrée et puis nous rentrâmes ensemble dans le hall commun aux deux vestiaires.

« On se rejoint au bassin comme d’habitude ? »

Je pris la direction des vestiaires des femmes tandis que lui s’en allait vers celui des hommes. J’enfila mon maillot de bain rapidement. Comme j’étais venu à pied, je ne l’avais pas enfilé avant, ne voulant pas risque de mourir de chaud sur le trajet. Je rangeai mes petites affaires dans mon sac, récupéra mes lunettes de piscine, ma serviette et mon bonnet que j’enfila sur le haut de mon crâne. Quelle classe ! J’enferma ensuite mes affaires dans un casier avant de me rendre aux douches. Je ne comprendrais jamais pourquoi l’eau des douches étaient toujours aussi froide. J’aperçu mon ami au bord du grand bassin qui m’attendait patiemment. Je m’enroulai dans ma serviette, pas trop à l’aise que les gens puissent voir mon corps. A petits pas rapide je me dirigeai vers lui. J’avais hâte de plonger dans l’eau pour m’y cacher. Je déposai ma serviette sur le banc près du bassin et plongea vite fait dans l’eau, n’attendant pas le signal de mon ami.

« Arrête d’exhiber ton corps et vient dans l’eau petite crevette. » le taquinai-je.

Je me mis à rire en enfilant mes lunettes de plongées sur mon front. Je me sentais tellement bien dans l’eau. C’était tellement si apaisant je trouvais. Quand je saurais un peu mieux nager, je m’étais promis de venir régulièrement en plus de mon footing habituel et de ma fréquentation à la salle.

« J’espère que tu es motivé, parce que moi je suis pleine d’énergie ! »

Je me laissai flotter légèrement par l’eau en regardant le jeune homme, tout heureuse. Depuis que je fréquentais William je me sentais beaucoup mieux dans ma vie. Je ne savais pas pourquoi, mais je savais que ça me faisait du bien.

nagent, nagent, nagent, nagent, nagent!

Je pratiquais pas mal de sports différents et vu mon boulot, c’était nécessaire. Après bien sûr, je ne les pratiquais pas tous au même niveau. Par exemple, je ne faisais que très peu de basket. Au contraire, j’adorais le foot ! Bref, la nage se situait entre les deux. J’étais plutôt bon nageur mais ce n’était pas mon sport favoris ! J’allais souvent à la piscine pour me détendre et aussi pour donner des cours particuliers à Kathy’. A cause de son passé, elle n’avait jamais appris à nager alors je m’étais nommé professeur particulier de nage ! Classe, non ? Dans tous les cas, c’était notre petit moment à nous !

Je n’avais pas vu Kathy depuis un bon moment et j’espérais ne pas la retrouver en train de couler au premier plongeon ! J’arrivai à la piscine après la jeune femme. Elle était à l’intérieur en train de payer son entrée. De l’extérieur, pas la fenêtre, je lui fis signe que je terminai ma cigarette et que j’arrivai. En même temps, elle l’aurait probablement compris toute seule ! A la hâte, je pris une dernière taffe avant d’écraser ma cigarette dans le cendrier prévu à cet effet. Je rentrai dans le bâtiment et me rapprochai de la jeune femme pour la saluer. « Oui, je sais, ça me tuera un jour. Mais faut bien mourir de quelque chose, non ? » souriais-je avant de payer mon entrée. « Sinon, ça va très bien et toi ? Ca fait un bail qu’on s’est pas fait un session. Tu vas pas te noyer au moins. ? » plaisantais-je.

Dans le hall, nous avançâmes ensemble jusqu’à la séparation des vestiaires Hommes/ Femmes. Je lui fis signe de la tête avant de me rendre dans le vestiaire des garçons. Le changement fut rapide. Je rangeai mes affaires en boule dans le sac avant de mettre le tout dans un casier. Bien sûr, Kathy n’était pas prête. Ah les femmes je vous jure !! Je m’installai au bord du grand bassin et Kathy me rejoint 5 bonnes minutes après . « Que veux-tu, il faut bien que je trouve une occupation en t’attendant ! » Sans attendre plus longtemps, je me jetai à l’eau. Mon amie était plus que motivé et bien entendu, cela cacher quelque chose ! « Hum… qu’est ce qu’il te met de si bonne humeur. Et pas de « Oh rien. Il fait juste beau » et blahblahblah et blahblahblah hein ! Je veux et j’exige la vérité ! »
 

Les petits poissons dans l’eau

J’étais plus que ravie de pouvoir faire cette sortie piscine avec Tim. Cela m’avait manqué. C’était toujours un agréable moment passé en sa compagnie. Après s’être rapidement salués, nous nous rejoignîmes au bord du bassin. Le jeune homme m’avait demandé si je n’allais pas me noyer car cela faisait un moment qu’on avait pas fait d’entrainement. J’avais levé les yeux au ciel et lui avait répondu : « T’inquiètes pas, je vais être un petit poisson dans l’eau. Au pire, tu me sauveras ! »  J’étais plein d’énergie et j’avais hâte de commencer ma leçon du jour. Je faisais des progrès au fil de nos séances et c’était vraiment très motivant. Pour moi la piscine c’était quelque chose de complémentaire au sport quotidien que je faisais. Mais tant que je ne savais pas me débrouiller vraiment bien toute seule, je préférais y venir accompagnée. A peine arrivée au bord du bassin, je me jetai dans l’eau avant de taquiner mon ami qui était resté sur la terre ferme. « Que veux-tu, il faut bien que je trouve une occupation en t’attendant ! » m’avait-il répondu. Je me mis à rire doucement alors qu’il e rejoignais dans l’eau. A la vue de ma grande motivation et à ma bonne humeur, le jeune homme ne put s’empêcher de me questionner sur ce qui me mettait autant en joie.
 
J’haussai les épaules avec un petit sourire. « Je ne sais pas, de te voir peut-être ? » Mais Tim ne se contenta pas de cette réponse, il me connaissait assez bien pour savoir qu’il y avait bien plus derrière cette fausse réponse. Enfin pas si fausse que ça non plus car j’étais vraiment ravie de le voir après tout ce temps. Je me mis à faire quelques semblant de brasses autour de mon entraineur en lui répondant. « J’ai peut-être un copain … » J’avais dit cela sur un ton faussement détaché comme si cela n’était pas d’une grande importance, mais ça en avait, du moins pour moi. Tim me questionna pour avoir plus de détails sur cette relation que j’entretenais apparemment avec un garçon. Je ne pu m’empêcher de me redresser dans l’eau, mes orteils touchant le fond du bassin. « Il s’appelle William, il est médecin, très beau garçon et très gentil et je crois que … j’en suis peut-être un peu amoureuse. » Cela me faisait bizarre de dire cela à voix haute. Je ne l’avais encore jamais dit à personne jusque-là. Je m’étais longuement questionné sur le sujet, en essayant de comprendre ce que je pouvais ressentir pour lui. Finalement il m’était apparu que j’avais sans doute des sentiments assez importants pour ce jeune homme. Je ne lui avais pas encore dit, et je ne savais pas trop quand, comment le faire et si je devais le faire d’ailleurs.
 

nagent, nagent, nagent, nagent, nagent!

Venir à la piscine était devenu régulier pour tous les deux, mais il est vrai que nous avions pas fait de séance depuis longtemps. Nos emplois du temps incompatibles nous l’empêchaient. Du coup, j’espérai que mon amie n’ait pas perdu les bases. C’est moi qui lui avais appris à nager. Je n’en étais pas peu fière, je dois l’avouer. Je la charriai donc à ce sujet, et elle me rendit la pareille. « Rêve ! Je travaille pas aujourd’hui, c’est pas pour sauver des vies ailleurs ! » plaisantais-je. On savait tous deux que c’était de l’humour. Une personne se sentirait mal ici, je serais le premier à accourir.

Nous commençâmes alors une longueur et je remarquai que Kathy était rayonnante aujourd’hui. Bien sûr, elle était toujours d’humeur joyeuse mais là, c’était différent ! Il y avait autre chose. «Je sais que je suis un mec extraordinaire » plaisantais-je « mais, non, Ce n’est pas moi qui fait cet effet-là. Je suis assez lucide. » riais-je. J’avais bien entendu raison ! Je me stoppai net, surpris de la nouvelle. « Genre tu m’annonces ça comme ça ! » dis-je un peu trop fort. Les regards se tournèrent vers nous et je baissai instantanément le volume sonore. « Puis « peut-être », ça marche pas ici, soit tu en as un, sois tu en as pas. » En réalité le « peut-être » signifiait que oui elle avait quelqu’un. Et vu son air, elle était vraiment éprise de cette personne. J’étais heureux pour elle. Elle méritait d’être heureuse. « Un peu ? Je dirais même beaucoup, oui ! » riais-je avant de reprendre. « Je suis très heureux pour toi ! En plus, t’as choisi du haut niveau. Médecin quoi !! » Kathy n’avait pas eu une vie très facile et qu’elle s’ouvre ainsi à quelqu’un était déjà une grande victoire. J’espérai simplement qu’elle ne soit pas déçue par la suite, qu’il ne se moque pas d’elle.

En la voyant aussi heureuse, je devais avouer que j’étais quelque peu jaloux. C’était quelque chose que je m’étais interdit. C’était parfois pesant mais bien mieux pour tout le monde. Pour éviter de ruminer plus longtemps à ce sujet, je m’intéressai à ce fameux William. « Et comment vous vous êtes rencontré ? Si tu me dis que c’est ton gynécologue, je te jure, je ris. » plaisantais-je. Après tout, s’il était docteur, il y avait de fortes chances qu’elle l’ait rencontré pendant une consultation, quelle qu’elle soit !

 

Les petits poissons dans l’eau

C’était facile de passer du temps avec Tim. Il était simple et je pouvais lui parler librement. Cela faisait un certain temps que nous nous connaissions maintenant, peut-être peu de temps en comparaison à d’autres amitiés, mais assez pour se connaitre l’un l’autre. Et le jeune homme avait bien aperçu chez moi que quelque chose me mettait en joie aujourd’hui. Tout d’abord, je lui répondis que c’était sa présence, mais il ne fut pas dupe et je lui avouai avoir un garçon dans ma vie. « Je suis très heureux pour toi ! En plus, t’as choisi du haut niveau. Médecin quoi !! » Je lui souris un peu timidement, gêné par les mots de mon ami. Je secouai la tête légèrement avant de répondre : « Je l’ai pas choisis pour sa carrière tu sais. » Je me mis à rire doucement. C’était vrai que je ne m’étais jamais arrêté à ce qu’il faisait dans la vie. Je n’étais pas une de ces filles qui faisait passer le superficiel en priorité. Il m’avait plu parce qu’il avait de nombreuses qualités que j’appréciais. « Il est vraiment adorable avec moi, des fois je me demande même ce que je fais pour mériter tant de gentillesse de sa part. » William savait faire preuve de patience avec moi, de bienveillance, de tendresse … Des choses qui me faisait m’attacher à lui de plus en plus à chaque fois. Tim, curieux, voulut savoir comment je l’avais rencontré. Il plaisanta en me disant qu’il espérait que ce bon docteur ne soit pas mon gynécologue. Je le regardai avec de grands yeux en éclatant de rire. Ce serait vraiment trop étrange comme situation. « Bien heureusement que non ! C’est déjà assez malaisant d’écarter les jambes devant un docteur, alors si en plus il était devenu mon petit-ami … Trop bizarre. » Je fis quelques brasses autour de mon ami avant de lui expliquer notre rencontre. « Je l’ai bien rencontré à une consultation médicale, mais ça n’avait rien à voir avec mes organes génitaux. Quand je suis sortie de l’hôpital je me suis retrouvée un peu en difficulté pour rentrer chez moi. Avec les travaux je trouvais plus la bonne ligne de bus. Il m’a gentiment raccompagné chez moi où je l’ai invité à boire un café. Ensuite il m’a invité à diner et puis après plusieurs rendez-vous … voilà ! » Je souris à mon ami, heureuse par ce souvenir. Ça avait été une chouette rencontre. J’étais assez contente de ne pas avoir refusé son aide ou bien même de ne pas lui avoir offert un café. Qui sait si nous en serions là aujourd’hui sans ça ? Certainement pas. « Je te le ferais rencontrer un jour, tu verras il est super sympa ! »
 
Je me mis en piquet dans l’eau, battant des jambes pour me maintenir à la surface. J’avais besoin de me dépenser dans la nage maintenant. « Allez vient on fait quelques longueurs et ensuite je t’interroge sur ta vie sentimentale. Ça te laisse le temps de me préparer un beau discours et de compter toutes les filles que tu as fréquenté depuis la dernière fois. » Je me mis à rire et commença par faire la brasse. C’était la nage que je savais le mieux maitriser dans le bassin et en guise d’échauffement c’était pas mal. Je fis deux allers-retours avant de regagner le bord ou Tim m’attendait patiemment. J’étais lente comme un petit têtard mais je m’en fichais. Le but c’était que je prenne un peu plus confiance en moi au niveau de la nage. « Alors, qu’est-ce que ta vie sentimentale a de bien croustillant à raconter ? » lui demandais-je avec un sourire alors que je m’accrochais au bord du bassin. Il était beau garcon, il était gentil et en plus de ça il était pompier. Trop de belles et bonnes choses en lui pour le laisser sans conquêtes !
 

Les petits poissons dans l’eau

J’étais assez perspicace quand il s’agissait de cerner les gens, et j’avais bien remarqué que Katy était joyeuse. Elle l’était tout le temps, c’est vrai, mais là, c’était différent. Son sourire qui montait jusqu’aux oreilles ne me trompait pas ! Je ne mis pas longtemps à la cuisiner, pas besoin ! Elle mourrait d’envie de tout m’avouer ! Elle était amoureuse, tout simplement. J’aurai dû le deviner plutôt. En y repensant, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure. J’étais vraiment content pour elle. Elle méritait d’être heureuse. « Je me doute, mais c’est quand même mieux que si c’était un alcoolique au chômage, non ? Enfin… il peut tout aussi bien être docteur et alcoolique . » plaisantais-je dans un léger rire. Elle me parlai un peu de lui et je pouvais ses yeux briller. « Oh arrête ! T’es la fille la plus adorable que je connaisse ! Je t’ai jamais vu t’énerver. T’es toujours douce et gentille. Tu te couperais un bras si ça pouvait aider un ami. Alors franchement, moi je vois ce qu’il te trouve et je comprends qu’il soit gentil avec toi! » Oui, elle n’avait pas à se rabaisser ! C’était une fille géniale ! « De toute façon, il n’a pas le choix ! Sinon, il aura affaire à moi ! »

Je plaisantais ensuite sur leur rencontre. Il était son docteur et je riais déjà à l’idée que ce soit son gynécologue. Heureusement pour elle, ce n’était pas le cas. Beurk ! « Oh mais gentleman en plus ! » rajoutais-je quand elle m’informa qu’il l’avait raccompagnée chez elle un soir. « Beh j’espère bien oui ! En tant que ton ami, je me dois de vérifier si ce gars est assez bien pour toi et de ce fait, je dois lui faire passer un test ! T’inquiète pas, je sais être discret parfois ! » souriais-je. Je plaisantais bien sûr, mais qu’à moitié… Je n’allais probablement pas lui faire passer un interrogatoire, mais vérifier qu’il est assez bien pour Kathy, ah ça oui !

Sa vie sentimentale était bien plus trépidante que la mienne. En même temps, on ne pouvait pas faire pire que moi… Je levai donc les yeux au ciel à l’écoute de ses propos . Elle s’avait très bien à quoi s’en tenir avec moi… Depuis mes actes de l’année passée, je n’étais pas sorti avec une seule fille. C’était bien mieux comme ça. Alors forcément, Kathy devait s’attendre à ma réponse ! En attendant cette discussion, nous reprîmes nos longueurs. Après tout nous étions là pour ça. Je dus en faire le même nombre que Kathy mais étant plus expérimenté qu’elle, je terminai en premier. Après quelques minutes, elle me rejoint au bord et me demanda où j’en étais niveau sentimental. « Tu allongerais plus tes bras, tu pourrais facilement me rattraper. » tentais-je. Echec immédiat, bien évidemment. « Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? C’est le néant de ce côté-là et tu sais comme moi que c’est bien mieux… »

 

Les petits poissons dans l’eau

Tim me flatta un peu lorsque je lui dis que je ne comprenais pas bien ce que William pouvait bien me trouver. Ses compliments me firent légèrement rougir et lorsque je sentis le feu me monter aux joues, j’essayai de l’estomper avec l’eau fraiche de la piscine. Mon ami me mit en garde que si mon petit-ami ne me traitait pas bien, il aurait à faire à lui. J’esquissai un sourire et il me demanda de lui raconter notre rencontre. C’était une histoire pas tellement romantique dans le fond, mais elle était la notre et je l’aimais bien. Je lui promis de lui faire rencontrer mon fameux docteur afin qu’il se fasse une idée de l’homme qui l’était. Si mon frère l’avait approuvé Tim le ferait également, je ne voyais pas quel gros défaut pourrait être rédhibitoire. Nous partîmes ensuite faire quelques longueurs dans la piscine, parce que oui nous étions quand même là pour nager avant tout ! Tim arriva en premier au bord du bassin. Il était un excellent nageur contrairement à moi. Mon ami essaya d’échapper à ma question en me donnant des conseils sur ma nage, mais je ne me laissai pas avoir par cela. « Hey ! Tu crois que tu vas t’en tirer comme ça ? On a parlé de moi, parlons de toi maintenant. Mais merci du conseil, pour les prochaines nages j’y penserais ! » Je le regardai en appuyant de mon regard pour qu’il se livre à moi. Timothy était un chouette garçon qui méritais d’avoir quelqu’un dans sa vie avec qui partager des choses. « Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? C’est le néant de ce côté-là et tu sais comme moi que c’est bien mieux… » Je soupirai en levant légèrement les yeux au ciel. « Timothy Wells, tu n’as pas à te punir éternellement à cause d’une faute commise il y a un an. Tu n’es pas défini que par cette soirée-là. Tu as le droit de vivre ta vie et d’en profiter. Ce qui est fait et fait et personne n’y changera rien. Mais aujourd’hui tu peux te prouver que tu vaux mieux que ça ! » Je croyais au pardon. Même si le jeune homme avait fauté par le passé, je croyais au faite qu’il pouvait être pardonné. Je l’avais connu l’an passé, alors qu’il était au plus mal et depuis j’avais appris découvrir un garçon au grand cœur, attention et à l’écoute. Je ne m’étais pas arrêté à une seule chose et bien heureusement. « C’est dommage j’ai pas beaucoup d’amies, et je crois que je n’en ai même pas qui soit célibataire. Mais si je croise le chemin d’une belle demoiselle, gentille et prête à te confier son cœur, je lui donnerais ton numéro, qu’en dis-tu ? » Je souris à mon entraineur. Ce que je disais là était à demi-vrai. Je savais que même s’il essayait de me laisser entendre qu’il se sentait bien seul, ce n’était pas vrai. Personne n’aspirait à rester seul toute sa vie. Je pense qu’on avait tous envie de partager des moments de vécus avec quelqu’un. Que cette personne ce soit établit avec vous dans une relation sérieuse ou non. « Au faite, ma meilleure amie est enceinte. Tu sais Lina … Et elle va se marier avec son copain. Ça me fait bizarre de la savoir prochainement maman. Je serais tellement pas prête à assumer ce rôle personnellement. » J’étais encore à des kilomètres de penser à fonder une famille. Tant que je n’avais pas une situation professionnelle stable, il en était hors de question. 

Je profitais de cette conversation pour sauter subitement sur Tim et le couler un petit peu dans l’eau. Bien entendu ses excellents réflexes m’avaient venu arriver à des kilomètres et il me rattrapa de façon à ce que je ne puisse pas lui mettre la tête sous l’eau. J’éclata de rire en ne perdant pas espoir de gagner cette petite bataille contre lui. Mes mains vers se loger sur son visage pour essayer de le repousser vers le fond. Un de mes doigts, dans cette petite chamaillerie, vint se glisser au niveau de son œil arrachant un cri de douleur à mon ami. « Oh je suis désolée ! Ça va ? Je t’ai fait mal ? Pardon, pardon … » m’excusai-je rapidement en regardant le visage de mon ami. Je me reculai un peu de lui tandis qu’il se frottait son œil. « Jeu de mains, jeu de vilains. » soupirai-je avec un petit sourire. J’attendis que mon ami me rassure sur l’état de son œil pour m’adresser de nouveau à lui. « Tu sais que je t’aime bien toi ? Je suis vraiment contente de t’avoir ramassé sur ce banc. » Je me mis à rire face à mes mots. Je m’avança vers Tim pour lui déposer un baiser sur la joue. Sans doute par crainte que je recommence ma petite guerre, le jeune homme détourna sa tête et mes lèvres vinrent se plaquer sur les siennes. Je resta un peu consternée par ce qui venait de se passer que je ne rompis pas immédiatement le baiser. Ce fut Tim qui se décolla de mes lèvres. Je me reculai un peu gênée, les joues rouges et me racla la gorge. Avant qu’un profond malaise ne s’installe entre nous, je décida de rompre le silence qui commençait à prendre place. « Bon allez petit poisson, si on se mettait sérieusement à nager ? Tu connais la chanson des petits poissons ? » J’attendis sa réponse avant de me lancer dans quelques paroles. « Les petits poissons dans l’eau, nagent nagent nagent nagent, les petits poissons dans l’eau nagent comme il faut ! » Cet air de comptine pour enfant me restaient à chaque fois dans la tête et j’espérais bien embêter gentiment mon ami avec cela.

Les petits poissons dans l’eau

C’était bien un truc de fille de dire « oh je sais pas ce qu’il me trouve », alors qu’il ne fallait pas chercher bien loin pour trouver les qualités ! Kathy était très belle physiquement, personne ne pouvait le nier, mais il y avait plus que ça. Elle était sincère et incroyablement gentille. Forcément, quel mec ne lui tomberait pas dans les bras ? Même moi, dans d’autres conditions, j’aurais pu ! Alors forcément, oui, je voyais très bien ce que William pouvait lui trouver ! Kathy semblait amoureuse et oui, j’étais un peu jaloux de sa situation. Moi, c’était le néant depuis plus d’un an et même avant ça, ça avait toujours été compliqué avec les filles. Elles avaient du mal à comprendre que je passe tant de temps avec mon frère. En fait, elles avaient clairement du mal à accepter Liam et pour moi, c’était rédhibitoire ! Il était inconcevable que je doive choisir entre elles ou mon frère et pourtant, cet ultimatum m’a été posé plus d’une fois. « Mais je vaux pas mieux que ça Kathy et je suis sûr qu’au fond de toi tu le sais. Tu es juste trop gentille pour l’avouer. Je… j’ai pas envie que ça se reproduise à nouveau et … ça pourrait clairement être le cas… Tu sais, j’adorerai avoir quelqu’un dans ma vie, vraiment, il y a même des fois où je me dis que c’est possible mais quand j’y réfléchis un peu plus, je me dis que non… C’est trop risqué. Je veux plus faire souffrir une femme comme j’ai pu le faire avec elle. C’est hors de question ! » Bien sûr, Kathy était trop têtue pour s’avouer vaincu et n’importe qui aurait apprécié ce geste et au fond, moi aussi je l’appréciais, mais… je ne l’acceptais pas. « J’en dis que c’est une très mauvaise idée. » répondis-je simplement avant de repartir faire une longueur.

Je voulais éviter cette discussion une fois de plus, et j’y parvins puisqu’en revenant, elle changea de sujet. « En même temps, tu viens de te mettre avec Will. C’est pas comme si tout cela était pour tout de suite. » riais-je. Quoi qu’on ne pouvait jamais vraiment prévoir pour un enfant. Un accident était si vite arrivé ! Personnellement, je ne voulais pas d’enfant et non pas parce que je ne les appréciais pas, au contraire. On pourrait aussi croire que la raison était lié ce qu’il s’était passé il y a plus d’un an mais… ça remontait à bien plus longtemps que ça. Ca remontait au jour où mon frère s’était réveillé dans le corps d’un gamin de 9 ans mais avec un cerveau d’un de 6 ans. La vie est faite de bonheur oui, mais elle est aussi faite de drame et au vu de mon passé, je me disais que ça n’en valait pas vraiment la peine. « T’en veux toi des enfants ? Plus tard je veux dire, hein. » Je supposais que oui. Elle avait l’air de les apprécier.

Alors que j’étais tranquillement dans l’eau, mon amie me sauta dessus. Elle espérait probablement pouvoir me faire couler, mais vu son poids plume, c’était peine perdue ! Je l’attrapai et la maintenu. Du moins, jusqu’à qu’un de ses doigts vienne rendre une petite visite à mon œil. Je la lâchai alors subitement. « Tu m’as crevé l’œil je crois » dis-je en le massant à travers la paupière. Bien sûr, je n’exagérais pas du tout…. « Si tu payes une glace en sortant, mon œil devrait s’en remettre. » dis-je dans un léger sourire. Ca allait déjà beaucoup mieux. « Ouais enfin, j’aurais clairement préféré qu’on se rencontre autrement, mais moi aussi je t’aime bien ma Kathy. » souriais-je sincère. Et alors qu’elle s’approchai de moi pour déposer un baiser sur ma joue, je tournai subitement la tête. En réalité, je ne l’avais pas vu venir et la suite non plus. On se retrouva bouche à bouche. Ce ne dura pas bien longtemps puisque je reculai le premier. Je n’étais pas vraiment gêné, ce n’était pas volontaire et je le savais. Pas de quoi en faire un drame ! « C’est pas ça la vrai version ! » m’indignais-je en reprenant la longueur « C’est : les petits poissons dans l’eau, nagent, nagent, nagent, nagent, nagent. Les petits poissons dans l’eau, nagent aussi bien que les gros ! Les petits, les gros, nagent comme il faut ! Les gros les petits, nagent bien aussi ! » C’était du haut niveau, oui, oui !