Who are you...?

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Helena& Timothy

Cela avait été plus fort que moi. Il avait fallu que je pose la question. Et sa réponse était loin de me satisfaire. Elle mentait et je ne comprenais pas pourquoi elle faisait ça. Elle ne me connaissait pas après tout ! Alors pourquoi ne pas simplement me dire qu’elle l’avait trouvé par terre ou qu’on le lui avait donné ? Cela aurait été une réponse plus plausible que ce qu’elle me donnait. Il était impossible qu’elle porte ce bijou depuis 10 ans ! Bijou fait à la chaine… bien sûr ! «Oh mais oui, que je suis bête ! Et toutes les gamines en question ont reçu ce bijou d’un certain Timmy, hein ?! » lâchais-je en lui attrapant le poignant, montrant l’inscription. Comment pouvait-elle encore osé mentir à ce sujet. C’est fou de s’enfoncer à ce point ! « Votre comportement est complètement puéril ! » lâchais-je dans un léger rire alors qu’elle décidait de repartir chez elle !

Et ce qui devait arriver, arriva ! La jeune femme s’écroula sur le sol ! Je n’eus pas le temps de la rattraper mais par chance, sa tête ne tapa le sol. « Génial! Vous avez raison ! Je ne vais pas vous empêcher de rentrer chez vous! Vous le faite très bien toute seule ! » dis-je alors que je savais pertinemment qu’elle ne pouvait pas m’entendre ! Le camion arriva rapidement et on transporta la jeune fille à l’hôpital. L’heure de la fin de mon service était largement dépassée, voilà pourquoi je prétendis, rentrer directement de l’hôpital. Ce n’était pas très légal, mais qu’importe. Je me devais de rester et de savoir !

Sur place, je m’installai sur un siège, près du lit qui avait été attribué à la jeune femme. J’espérai qu’elle ne tarde pas trop à se réveiller et ce fut le cas ! L’infirmière posa les premières questions de routine dont une sur ses antécédents. C’est là, qu’en une fraction de seconde, mon monde s’écroula. Je n’aurais pas été debout, je me serais probablement effondré sur le sol. Les indices s’accumulaient et pourtant mon cerveau refusait d’y croire. C’était impossible ! Voilà ce que je ne cessais de me répéter ! Mon cœur battait la chamade et je me sentais vraiment mal. Ce n’était pas Britany… ce n’était pas elle. Cela ne pouvait pas être elle. Impossible.

Lorsqu’elle remarqua enfin ma présence, elle n’avait l’air ravie. « Britany est morte dans cet accident, c’est impossible. » lâchais-je finalement en me lavant brusquement. « Elle est morte, enterrée, ça ne peut pas être vous ! C’est impossible ! C’est impossible ! » dis-je en faisant les 100 pas.

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La mémoire, comme les livres qui restent longtemps enfermés dans la poussière, demande à être déroulée de temps en temps. Il faut, pour ainsi dire, secouer tous les feuillets, afin de les trouver en état au besoin.

Après avoir donné quelque informations complémentaires à mon sujet à l’infirmière, je me rendis compte que le pompier était toujours à mes côtés. Maintenant que j’étais à l’hôpital il aurait pu me lâcher la grappe quand même … mais apparemment non. Toujours très énervée contre lui, je l’envoyai paitre sur un ton inamical. Cela ne parut pas l’offusquer parce qu’il commença à me parler d’une fille dénommée Britanny censée être morte dans un accident. Il paraissait sous le choc. « Je ne connais pas de Britanny. Si c’est pour me dire maintenant que vous prenez pour une usurpatrice en plus d’une voleuse, vous pouvez quittez mon chevet. Je me passerais de votre présence. » Il marmonna, plus pour lui que pour moi sans doute, que la situation était impossible. Je soufflai en enfonçant ma tête contre le dossier du lit. Il me donnait le tournis à faire les cent devant moi. Je commençai à me poser des questions sur mon passé et sur un éventuel lien avec ce jeune homme. Mais cela était vraiment peu probable. On avait deviné, au vu de la destination du train, de mon accent, que j’étais anglaise. Comment aurais-je pu retrouver un de mes proche à des milliers de kilomètres. Je ne croyais pas tellement au destin. Pour moi il était pas mal inexistant dans ma vie en faite. « Est-ce que je pourrais avoir des explications ? Ou bien tu vas continuer de paraitre pour hystéro ? » le questionnai-je en passant du vouvoiement au tutoiement sous l’exaspération. Je le regardai en fronçant les sourcils et attendis qu’il revienne vers moi pour reprendre la parole. Peut-être que lui poser des questions éclaireraient la situation pour nous deux et que j’allais retrouver un semblant de calme dans ma vie après cela ? « Bon … Qui est cette Britanny ? Parce que je ne suis pas elle … Même si tu me prends pour une menteuse, je peux t’assurer que je dis la vérité ! » Je passai une main dans mes cheveux, releva quelques mèches qui avaient glissés sur mon visage. « J’ai eu un accident de train en 2010. Un train en partance de Londres pour Paris. Ce bracelet je l’avais le jour de mon accident et c’est le seul vestige de mon passé avant cela. Je ne suis pas une menteuse, ni une voleuse. » Je plongeai mes yeux dans les siens comme pour le convaincre et alourdir mes mots.

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Oui, j’étais resté à l’hôpital alors que je n’avais strictement rien à y faire. En théorie du moins… En pratique, je me devais de résoudre le mystère du bracelet de Brit’. Je voulais juste la questionner à son réveil, en essayant d’être plus sympathique que précédemment, mais je n’en eu pas le temps. Sans me voir, elle déballa son histoire à l’infirmière. C’était l’électrochoc pour moi. Les pièces du puzzle étaient en train de se rassembler et tout cela prenait son sens. Seulement, je ne voulais pas le voir. J’en étais incapable. Cela m’avait pris un temps fou de faire le deuil de mon premier amour alors, savoir qu’elle était peut-être en vie, et se trouvait juste devant moi, c’était simplement inacceptable pour mon esprit.

Je me levais du siège sur lequel j’étais installé. J’avais besoin de bouger, ça m’aiderait peut-être à réfléchir. Je parlais pour moi-même, pour me convaincre et bien entendu la jeune femme qui se trouvait devant moi, ne comprenait rien ! Tant bien que mal, la jeune femme tenta de se justifier. Et si j’avais pu douter d’elle, ce n’était plus le cas. Elle était sincère. Ce n’était pas la vérité, mais c’était la sienne. Elle continua dans sa lancée, me parlant brièvement de son accident. « J’ai offert ce bracelet à Britany le jour de son quinzième anniversaire… » expliquais-je. C’était autant incompréhensible pour elle que pour moi. Soudain, je me rappelai d’un détail que seul Britany pouvait posséder : une tâche de naissance derrière son genoux droit. « Britany avait une tâche de naissance, juste derrière le genou droit. » A mes paroles, le visage de la jeune femme changea de couleur. « Tu l’as toi aussi… » concluais-je. Elle avait cette tâche de naissance. Seulement, j’avais besoin de vérifier. Mon regard se posa donc sur le fameux genou. Par chance, elle portait une robe. Je m’approchai d’elle et sans aucune autorisation de sa part, soulevai ce genou. Putain, c’était elle… « C’est pas possible, ce n’est pas possible… » répétais-je « Tu es morte… tu ne peux pas être là. » Ma respiration était saccadée et ma vision se troublait. J’étais à deux doigts de m’effondrer. Il fallait que je sorte de là. « Faut que j’aille prendre l’air. »

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La mémoire, comme les livres qui restent longtemps enfermés dans la poussière, demande à être déroulée de temps en temps. Il faut, pour ainsi dire, secouer tous les feuillets, afin de les trouver en état au besoin.

Je ne comprenais pas bien toute cette histoire de malentendu qui semblait s’installer entre le pompier et moi. Il était persuadé que j’avais pris ce bracelet, unique, à cette Britany. C’était bien vrai que le bracelet ne pouvait pas réellement être fabriqué à la chaine étant donné qu’il était annoté du nom d’un jeune homme, et d’après ce que j’avais pu comprendre entre les lignes ce serait son nom. Timothy Wells faisait-il réellement partis de mon passé ? Il m’expliqua d’ailleurs qu’il avait offert ce bracelet pour le quinzième anniversaire de la jeune femme. « J’avais seize ans quand j’ai eu mon accident, enfin c’est ce qu’on a pensé après l’examen médical… » En faite comme je n’avais plus aucune identité, on m’avait accordé cet âge-là, mais s’il fallait j’avais quinze ans ou bien même dix-sept. Cette information je l’avais dit à haute voix parce que je réfléchissais en même temps à la possible concordance entre nos deus histoires. Le jeune homme me dit ensuite que son amie avait une tâche de naissance à un endroit particulier. Je le regardai avec un air surpris et passa ma main machinalement vers l’arrière de mon genou droit. Sans même me demander la permission de regarde, le pompier vérifia si je la possédais aussi. Combien de preuves fallait-il encore pour prouver que cette ressemblance était peut-être entrain de révéler mon histoire ? Cela faisait tellement longtemps maintenant que j’avais cessé de chercher qui j’étais que je n’arrivais pas vraiment à me faire à cette idée. Pour moi ma vie avait commencé après le train, ce qui existait avant n’était rien. Je repliai ma jambe vers moi pour cacher l’intérieur de mon genou tandis que le jeune homme essayait de comprendre ce qu’il se passait. « Apparemment je ne le suis pas … » lachai-je dans un murmure. Est-ce que je pouvais être cette Britany ? Cela me semblait complètement irréel, complètement fou. Moi qui ne croyais pas au destin, je me refusais de croire qu’il m’était possible d’avoir retrouvé un morceau de mon passé par hasard au beau milieu d’une rue de Miami. Alors que j’avais mené des recherches pendant des années en Angleterre mais sans aucun succès ? Non c’était complètement fou ! Je voyais bien que le jeune homme n’encaissait pas très bien la nouvelle. Il avait blêmi et me dit qu’il avait besoin de prendre l’air. Je le regardai s’en aller, quittant les urgences. Je ne savais pas si je devais lui courir après, ou bien juste le laisser partir. Est-ce que je devais saisir la chance qui se présentait à moi de connaitre mon identité ? Avais-je réellement envie de connaitre la fille que j’étais avant ? Et si elle ne me plaisait pas ? Si mon passé me décevait ? Peut-être étais-je une horrible personne ? Enfin peut-être pas autant que ça sinon ce Timothy m’avait offert un bracelet signifiant un engagement …

Un médecin arriva avec les résultats de mes analyses faites. Il m’indiqua que j’avais eu une petite baisse d’hypoglycémie et qu’une bonne dose de sucre et une bonne hydratation me remettrait sur pied. J’étais à présent libre de partir et rentrer chez moi, mais pas avant avoir bu mon verre d’eau avec la dose de sucre. J’écouta les conseils et fit ce que l’on me demandait. Je ne voulais pas remettre les pieds ici en m’évanouissant de nouveau une fois sur le perron de l’hôpital.

Une fois l’extérieur, je regardai autour de moi avec l’espoir de retrouver le jeune homme. J’espérais qu’il ne s’était pas à son tour évanoui quelque part sous le choc de cette possible révélation. Je fis quelques pas en directions de la grande avenue et le trouva assis sur un banc, la tête dans ses mains. Il avait l’air bouleversé. Je m’approchai de lui et posa ma main doucement sur son épaule. « Timothy … C’est ça, Timothy ? » lui demandai-je pour confirmer ma théorie. Je regardai mon poignet auquel le bracelet était accroché. Je m’assis à ses côtés sur le banc sans trop savoir quoi lui dire. « Est-ce que tu penses vraiment que je pourrais être ton amie ? » Je ne savais pas qui j’étais. Je ne savais pas comment l’aider. Cela m’affectait sans doute moins que lui cette histoire car moi je n’avais aucun souvenir du passé, alors que lui si. Quelle relation avions-nous tous les deux pour que ma mort l’ait autant affecté ?

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Helena& Timothy

Une journée si normal se transformait carrément en cauchemar. Oui en cauchemar. J’aurai dû être content que Britany soit en vie et au fond de moi, je l’étais mais pour l’instant, tout le reste prenait le dessus. J’avais tant souffert par sa mort, que je n’arrivai pas à me réjouir qu’elle soit bien vivante. De toute façon, à première vue, elle n’était en rien la Britany que j’avais connue : autant physiquement que mentalement. Elle ne se rappelait pas de moi. Je n’avais jamais existé pour elle.

Toute cette révélation était dure à encaisser et je me sentais défaillir. J’avais besoin de prendre l’air et de me retrouver loin d’elle. J’étais sorti de l’hôpital et m’étais affalé sur le premier banc que j’avais trouvé. Tout un tas d’images me revenaient à l’esprit, de notre enfance à notre adolescence. On se connaissait depuis notre naissance. Nos mères étaient amies et nous étions voisins, alors forcément nous étions à notre tour devenu amis.

J’avais besoin de passer mes nerfs sur quelque chose et quoi de mieux que la cigarette dans ces cas là ? Rien, bien évidemment. D’ailleurs, j’en fuma deux en moins de cinq minutes. Je n’étais pas un grand fumeur, mais aujourd’hui, je le devenais. J’avais besoin d’évacuer toute cette tension et j’avais l’impression que cela m’aidait. Le temps s’écoula sans que je ne puisse le mesurer. J’étais bloqué sur ce banc, dans un temps ou Britany était encore là et où on se planquait dans la cabane qui se trouvait au fond de mon jardin. A cette époque, nous étions seulement des gamins innocents. Aujourd’hui tout avait bien changés. Nous étions adultes.

Alors que j’étais encore perdu dans mes pensées, une voix me ramena à la réalité : Britany ou plutôt Helena. « C’est ça. » dis-je simplement, toujours la tête dans mes mains. Je ne savais pas quoi dire d’autre. Personnellement, je n’avais plus vraiment de doute sur son identité, même si l’idée pouvait paraitre absurde. « Trop de choses, pour qu’on puisse les ignorer… » oui, bien trop de choses. Je relevai enfin la tête et me tournai vers elle. « Tu te souviens vraiment de rien ? Même pas de tes parents ? » Je savais que la réponse était non… Elle avait perdu la mémoire, donc forcément, elle ne se souvenait même pas ses parents. Je sortis alors mon téléphone portable. Je gardais toujours des photos anciennes là-dessus et j’étais persuadé d’en avoir une avec elle dedans. Je fouillai un peu et tomba enfin sur la dite photo. Je ne l’avais pas revu depuis un moment. C’était quelques temps avant son accident. Nous étions assis à une table et nous étions en train de rire face à un jeux de société. C’est ma mère qui avait pris la photo et à l’époque, c’était assez rare de me voir joyeux. Mon père venait de mourir, mon frère était dans le coma et au vu des béquilles que je voyais posés derrière moi, j’étais loin de mettre remis de l’accident. « Tiens, c’est toi. Enfin, c’était toi. » dis-je simplement en lui tendant mon téléphone.

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Timothy & Helena

La mémoire, comme les livres qui restent longtemps enfermés dans la poussière, demande à être déroulée de temps en temps. Il faut, pour ainsi dire, secouer tous les feuillets, afin de les trouver en état au besoin.

Ce qui se passait là était digne d’un téléfilm d’après-midi pluvieux qu’on regardait sous sa couette accompagné d’un paquet de petits chocolats et d’une bonne tasse de thé. En effet, l’histoire de la fille dont la mémoire a été perdue et qui par un heureux hasard retrouve un personnage de son passé après tant d’années à ce demander qui elle avait pu être, c’était tout bonnement incroyable non ? Et bien c’est ce qui était entrain de se passer pour moi. Cela faisait presque une dizaine d’années que je vivais avec des interrogations, et voilà qu’aujourd’hui je croisais le chemin d’un jeune homme qui semblait détenir toutes les réponses. Je n’arrivais pas tellement à y croire mais Timothy le pompier lui avait l’air convaincu de notre lien. J’avais quitté l’hôpital et rejoins le jeune homme, qui paraissait bouleversé par ce qu’il venait de comprendre. Je ne savais pas vraiment comment agir à son égard. Sans doute que pour moi c’était plus facile parce que je ne me souvenais de rien et je n’avais pas d’affectif qui se mêlait à cette découverte. Sans mémoire, sans souvenirs, je ne pouvais pas ressentir les mêmes choses que le jeune homme. Pour moi il n’était rien ni personne, alors qu’au contraire moi je semblais être une personne proche. Enfin, du moins, je l’avais été. Je lui demandai s’il pensait réellement que je puisse être la jeune femme qu’il pensait. C’était quand même extraordinaire de pouvoir se retrouver après ses années et surtout sur un autre continent sur lequel j’avais possiblement vécue. Il me répondit avant de me demander si je me souvenais vraiment de rien. Je secouai la tête négativement en m’asseyant à ses côtés sur le banc. « Non. C’est comme si ma vie avait commencé le jour de mon réveil à l’hôpital. Avant ça, je n’ai aucun souvenir de rien … » L’accident avait causé beaucoup de blessures en moi, tant psychologiques que physiques. Ça n’avait pas été facile au début de recommencer une vie sans savoir qui j’étais. De plus, j’étais enceinte et je ne pouvais apporter aucunes réponses à ma fille. Il me montra des photos sur son téléphone portable. Je les regardai comme si je regardais des inconnus, parce que pour moi, c’était ce qu’ils étaient. Il y avait Timothy et une jeune femme à ses côtés. Je la regardai fixement et lorsque le jeune homme me dit que c’était moi, moi dans un passé lointain, je sentis mon cœur faire un bond dans ma poitrine. Je pris le téléphone dans mes mains sans détacher mon regard de la jeune femme que je ne reconnaissais pas. Je croisai mon regard avec le sien et plongea quelques instants dans ses yeux, mes yeux. Qui avait-elle été dans le passé ? Cette fille paraissait avoir une vie heureuse, elle semblait si insouciante … « Je ne pense pas que cette fille existe toujours. Ça fait trop longtemps qu’elle est partie. » dis-je d’une voix neutre en rendant le portable au jeune homme. Mon cœur était serré à bloc dans ma poitrine, de même que mon estomac qui faisait des nœuds. Cela faisait longtemps que j’avais cessé de croire que je trouverais des réponses à mes questions, que je découvrirais qui j’étais. J’avais très vite appris que vivre dans le passé ne m’aiderait pas à construire mon futur. Il valait mieux que je me contente du présent pour pouvoir avancer. Aujourd’hui que j’avais la possibilité d’avoir des réponses, je sentais que je prenais peur. Est-ce que je serais satisfaite de ce que le jeune homme allait me dire ? Est-ce qu’il allait me décevoir ? Peut-être est-ce moi qui allait le décevoir … Je ne me reconnaissais pas dans l’insouciance de cette jeune fille. Je regardai le jeune homme. « C’est étrange tout ça pour moi … et pour toi aussi sans doute … J’ai un tas de questions d’un côté, mais de l’autre je ne sais pas si je veux des réponses. J’ai peur de ce que tu pourrais me dire. » Je souris faiblement au jeune homme. « Est-ce qu’au moins j’étais une fille bien ? Et pas une peste détestable ? » Je me mis à rire. S’il était mon ami dans le passé, il n’allait sans doute pas me dire que j’étais une fille ingrate. « Dis-moi, pourquoi je suis partie pour la France ? Apparemment j’étais originaire de Grande-Bretagne, mais qu’est-ce que j’allais faire en France ? » La plus grande question de ma vie, celle qui avait bouleversée ma vie à jamais. Aurait-il une réponse à m’apporter ?

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Retrouver quelqu’un de mort m’avait toujours semblé impossible. En fait je m’étais habitué à la mort. D’abord mon père, puis Britany : deux personnes qui avaient été cher à mes yeux. Sauf que finalement Britany n’était pas morte. On pourrait croire à une mauvaise blague, mais non. C’est comme si le destin l’avait mis à nouveau sur mon chemin en lui faisant faire un malaise juste en face de la maison où j’étais… Je ne croyais pourtant pas au destin, comme je n’avais jamais cru jusqu’à présent que Britany puisse être en vie… Enfin Britany n’étais plus vraiment là. C’était son corps simplement… A côté de moi, j’avais affaire à une parfaite inconnue pour qui j’étais aussi un inconnu.
J’avais demandé, avec un mince espoir, si elle n’avait quelques petits souvenirs, au moins sur ses parents. La réponse était sans appel : elle avait oublié les 16 premières années de sa vie. Alors, avec un nouveau petit espoir, je lui montrai une photo d’elle. Peut-être que se voir déclencherait un mécanisme dans son cerveau et que pouf, tous ses souvenirs reviendraient. Hélas, je vivais trop dans le monde des bisounours ! Rien ne se passa. Elle regarda le visage de cette inconnue sans qu’aucun souvenir ne remonte à la surface. Ses propos suivants eurent le don de me briser une nouvelle fois le cœur, comme la fois où ma mère m’avait annoncé sa mort, en plein milieu de la nuit. Elle ne se rappellerait jamais de moi, de nous… j’étais un inconnu pour elle, ça s’arrêtait là.
Quelques instants après, elle reprit la parole. Elle avait peur de ce que je pourrais lui apprendre. « Tu n’as pas à avoir peur, t’étais une chouette fille. » dis-je dans un léger sourire et je le pensais vraiment. On se connaissait depuis notre naissance et elle n’avait jamais été une peste détestable. « T’étais loin d’être une peste détestable. Crois moi ! » souriais-je avant qu’elle ne me demande pourquoi elle devait se rendre en France. Seulement là, je n’avais aucune réponse à lui apporter. Je ne savais rien à ce sujet. « J’en sais trop rien… »avouais-je avant de reprendre pour compléter mes propos. « Tu avais ta grand-mère là-bas, mais on était en pleine période scolaire alors pourquoi tu serais allée là-bas à ce moment là, je n’en sais rien. Pour tout te dire… on ne se parlait plus… En fait, tu m’évitais depuis plusieurs semaines. Ne me demande pas pourquoi, je ne l’ai jamais su et je suppose que je ne le saurais jamais. Mais, … pour que tu en arrives là, c’est que j’avais probablement fait quelque chose de mal. » J’avais beau y repenser, je n’arrivais pas à savoir quoi. Tout s’était enchainé si vite ! Le soir, on était les deux adolescents les plus amoureux de la Terre et le lendemain, plus rien… S’était-elle jouée de mes sentiments ? J’avais du mal à l’envisager, car ça ne lui ressemblait pas. « Je sais juste que ta mère ne me l'a jamais pardonné... »

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J’étais à la fois curieuse et effrayée par le jeune homme que j’avais devant moi, lui qui détenait toute la vérité à mon propos. Je lui confia que j’avais des craintes quant à ce qu’il pouvait me dire sur mon ancienne moi. Le jeune homme me rassura en me disant que j’avais été une fille sympathique et que j’étais loin d’être une fille détestable. Je l’interrogeais sur la raison de mon trajet en train, ce trajet qui avait bouleversé ma vie à jamais. Il ne savait pas, il n’avait pas de réponses à m’apporter. Je sentais dans sa voix qu’il était peiné par mon comportement assez flou de l’époque. Je lui avais tourné le dos du jour au lendemain et était partie pour la France sans aucune raison apparente. « J’avais peut-être des soucis d’ordre familial tout simplement ? Peut-être que ça n’avait rien avoir avec toi. » Si j’étais partie voir ma grand-mère, c’était l’explication la plus probable à mes yeux. Quoi que … Je ne pouvais pas non plus ignorer le faite que j’étais aussi enceinte à ce moment-là. Peut-être que ma famille avait voulut m’éloigner le temps de ma grossesse ? Tim ajouta tristement que ma mère ne lui avait jamais pardonné que ma mort. « Pourquoi ? Quel rapport avec toi ? » Je ne comprenais pas bien pourquoi ma mère lui en aurait voulu, à lui un jeune adolescent. M’avait-il réellement fait quelque chose que ma mère avait su ? Quelque chose dont lui-même ne se serait pas rendu compte ? C’était tout de même étrange. « Quel genre de relation avions-nous dans le passé ? Est-ce que tu étais mon meilleur ami ou … un peu plus qu’un ami ? » lui demandai-je. J’avais besoin de savoir s’il y avait une possibilité que le jeune homme qui se trouvait en face de moi pouvait être le père de Charlotte. Je devais savoir pour moi mais aussi pour ma fille qui commençait à vouloir avoir des réponses sur sa génétique. La réponse qui me parvint fut négative. Nous étions de proches amis. Il ne me semblait alors pas important d’évoquer le faite que j’avais une fille, du moins pour le moment. Je voulais en apprendre davantage sur le jeune homme avant d’impliquer Charlotte là-dedans. D’ailleurs en pensant à ma fille … Je regardai mon portable et l’heure inscrit dessus. Je me levai du banc. « Je dois y aller, je dois rentrer. » Je le regardai quelques instants avant de tendre ma main en lui demandant son portable. « Je vais inscrire mon numéro, tu n’auras qu’à m’envoyer un message pour que j’ai le tiens. Je crois qu’il est évident que nous devons nous revoir Timothy Wells. » Je pianotai sur mon téléphone mon numéro de téléphone et y inscrivit mon prénom avant de lui rendre dans sa main. Je commandai un Uber qui devait arriver dans moins de cinq minutes. A croire qu’ils attendaient les sorties de l’hôpital pour se faire du fric ! « On se capte au plus vite. Je serais ravie de faire ta connaissance, ou bien refaire ta connaissance. » Je souris au jeune homme avant de poser ma main sur sa main avec douceur. Je le quittai avant de me rendre au point de rendez-vous de mon chauffeur, la tête chamboulée par plein de questions.

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